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Drame de Millas : « Mais toi continu de danser et danser encore là haut »

La collision le 14 décembre 2017 entre un car scolaire et un TER au passage à niveau de Millas dans les Pyrénées-Orientales, causant six morts et six blessés graves, a profondément traumatisé une large partie de la société.

La question de savoir si le passage à niveau était fermé ou non lors du passage du bus est ainsi devenue un thème d’actualité dans la vie populaire. Plus de 50 000 personnes ont signé une pétition en faveur de la conductrice du bus, considérant qu’aucune personne n’aurait sciemment défoncé une barrière abaissée et qu’elle est accusée car la SNCF cherche à se dédouaner de toute responsabilité.

On oscille ici entre critique de l’opacité et de la mauvaise foi de l’Etat, de son mépris des gens, et complotisme. Il y a beaucoup d’aspects dans ces sentiments et ressentiments.

Un message écrit par la mère d’un enfant tué a également beaucoup marqué les esprits. Le voici, les lignes ont été sautées, le message étant normalement publié d’un bloc sur facebook.

Mon Teddy Dlple

💔Ce jour là, nous devions fêter mon anniversaire à ton retour. Je t’ai déposé comme chaque matin à l’arrêt de bus pour partir au Collège.

Tu m’as fais un grand sourire et signe de la main et nous avons passé notre journée chacun de notre côté. Puis……..tu n’es jamais revenu.

Je devais te récupérer à l’arrêt du bus. Tu finissais à 16h. J’ai attendu. Pensant qu’il y avait du retard j’ai attendu encore puisque c’était déjà arrivé. Inquiète ensuite ne voyant pas le bus arriver, j’ai téléphoné au Collège pour savoir s’il y avait du retard et ils m’ont répondu que le bus avait eu un accident et qu’il fallait que je rejoigne.

Arrivée à mi chemin la gendarmerie avait bloquée l’accès et ils m’ont demandé de me ranger sur le côté. Je leur ai dit que tu devais prendre ce bus.

Ils ont commencé à prendre toutes les coordonnées mais je ne savais pas encore ce qu’il se passait. Lorsque j’ai voulu prévenir ton frère, je suis tombé sur un article disant qu’un train avait percuté un bus scolaire et la photo montrait cette scène du bus éventré.

J’ai entendu les hélicoptères (tu étais dans l’un d’eux…je ne le savais pas encore) et toutes sortes de sirènes et là j’ai compris.

L’horreur, l’impensable, l’inimaginable. Puis tout s’est enchaîné…………et lorsque j’ai pu te retrouver enfin très tôt le lendemain, tu étais méconnaissable, tellement abîmé.

Comment un petit corp aurait pu supporter un tel choc. C’est horrible. Mais tu t’es battu. Arrêt cardiaque. Tu étais dans un coma profond et ton cerveau était littéralement endommagé.

Ton corps meurtri de coupures et erraflures, les tibias cassés, la mâchoire fracturée…je n’ose imaginer l’impact. Et cette image du bus dans ma tête….comment supporter ça.

Apparemment tu n’as pas souffert. Mais ce n’est pas dans l’ordre des choses. Tu n’avais que 11 ans.

Ta vie était bien remplie mais elle ne faisait que commencer. Tu aimais aller au Collège, tu travaillais bien, tu avais beaucoup d’amis. Toujours souriant, les yeux pétillants, joyeux, farçeur, plein de vie.

Et ta passion pour la Danse. Tu aimais tellement, tellement danser, rejoindre cette autre famille, ta partenaire, les pistes et les compétitions.

Tu voulais aller loin dans la danse, tu étais toujours partant, tu disais souvent en rigolant que tu voulais beaucoup d’enfants et qu’il fallait profiter de la vie. Comment profiter de la vie maintenant que je t’ai perdu?!

Tout s’est écroulé alors que tu sortais de Collège pour rentrer à la maison à 4km de chez nous.

Je suis restée avec toi et je t’ai vu te battre jusqu’à ton dernier souffle. Maintenant la vie n’a plus de sens sans toi. Je suis dévastée. Perdre son enfant c’est tragique mais dans de telles conditions c’est insoutenable. Je suis dévastée. La vie n’a plus de sens.

Mais je dois moi aussi me battre car ton frère est détruit par ce qu’il t’ai arrivé. Pourquoi toi? Ce jour là? A ce moment là? De cette façon?

Noël aussi n’a plus de sens. Il te tardait tant. Il n’y a pas pire souffrance que de vivre une telle épreuve. Je t’aime fort mon coeur, de tout mon coeur. Je souffre à un point si tu savais…

Mais toi continu de danser et danser encore là haut. De rire et t’amuser.

Ne t’arrêtes surtout pas. Rien ne te ramènera je sais mais on connaitra un jour la vérité. Cette vérité. Je me battrais pour ça. Le destin a frappé ce jour là. Comment vivre après ça?

Bisoux mon coeur, mon titi d’amour. Je t’aime fort. On t’aime tous et on pense à toi et à tous tes copains.💫💕