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Société libérale et déserts médicaux

Le propre de la société libérale est de faire primer le choix individuel sur le besoin collectif en postulant que la somme de choix individuels débridés revient au bien être collectif.

C’est bien évidemment erroné, la mauvaise répartition de l’accès aux soins en est un bon exemple.

Les personnes qui ont la possibilité de faire des études partent de leur région d’origine pour rejoindre les villes et ce, pendant trois à dix ans. C’est le temps qu’il faut pour avoir un cercle d’amis, des habitudes, une vie en somme.

Les villes sont des espaces où l’on peut se faire très vite absorber par le rythme, le choix des activités. Elle concentre la culture et du même temps, aspire la vie des zones rurales et péri-urbaines.

Donc d’un point de vue strictement individuel, qui voudrait quitter la ville après y avoir construit quelque chose ? Peu de gens. L’individualisme prime alors sur la morale, la conscience collective.

Le cas de la médecine est particulièrement révélateur de la capacité d’absorption des villes, car c’est un corps de métier que l’on choisit, si on est sincère dans la démarche, avec un sentiment d’altruisme et de nécessité d’être utile, vital même, à la collectivité.

Pourtant, les jeunes diplômés en médecine ont tendance à suivre la même trajectoire individualiste libérale que le reste de la petite bourgeoisie intellectuelle, qui cherche à valoriser ses diplômes dans le cadre de la ville.

Ce problème est visible dans les campagnes et les zones péri-urbaines et particulièrement les quartiers populaires, où beaucoup de médecins généralistes ne prennent plus de nouveaux patients. Au phénomène qui oppose les villes aux campagnes, s’ajoute donc l’ostracisme, voire le racisme.

La moyenne d’âge des médecins en activité augmente, les départs en retraite sont non renouvelés.

Certains praticiens sacrifient énormément de leur temps pour tenter de ne laisser personne sans soins, comme l’exige le code de déontologie de la médecine et conformément à leurs aspirations.

Malheureusement cela ne suffit pas et il devient très compliqué d’obtenir des rendez-vous.

Dans le même temps, avec l’écocide généralisé, de plus en plus de maladies chroniques se déclarent. Il y a notamment des problèmes respiratoires chez les jeunes enfants une multiplication des cancers ou des problèmes de thyroïdes.

Il y a donc un besoin croissant de professionnels de la santé, pour soigner, mais aussi pour alerter et rendre publiques les vagues de pathologies liées à la destruction de la planète, de la biosphère.

Il est également courant de devoir travailler plusieurs jours ou semaines avec des traumatismes causés par l’activité professionnelle, faute de pouvoir consulter rapidement et être arrêté. Cela peut avoir des conséquences graves sur l’usure du corps, déjà éprouvé par les tâches répétitives.

Du fait qui plus est de rapports inégaux entre les pays et d’un esprit d’hégémonie, les déserts médicaux français tendent à se combler à l’aide de diplômés venant de Roumanie où les études de médecines sont de bonne qualité, mais sans ressource matérielle pour une réelle implantation locale.

Ainsi, on pare au plus urgent en renforçant un déséquilibre ailleurs, et sous prétexte que c’est dans un autre pays, on s’en moque.

Le cas des déserts médicaux n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du dysfonctionnement profond du modèle actuel. La seule issue est de placer réellement le collectif au centre des préoccupations de la société, pour le bien des individus.

Ces questions se résolvent au moyen de la planification démocratique, en soutenant des projets relevant d’un héritage authentique de gauche.