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Génération.s et le tirage au sort de son « Conseil des Membres »

La modernité à tout prix n’est pas une bonne chose si cela signifie perdre toute caractère accessible, démocratique, surtout pour suivre la mode. Comment faut-il écrire par exemple le mouvement fondé par Benoît Hamon : « génération.s », « génération-s » ?

Ce serait une anecdote si cela ne reflétait pas une fascination pour le « moderne », le « en mouvement », au mépris des traditions historiques du mouvement ouvrier. Hier s’est réuni ainsi « le Conseil des Membres » de « génération.s », ou « génération-s », comme on le voudra.

Mais ces membres n’ont pas été élus, ils ont été tirés au sort, ce qui est présenté comme « la démocratie en mouvement ». La démocratie en mouvement, c’est donc l’absence de démocratie ! Car normalement, des membres représentant un mouvement sont élus, après des échanges, des débats, un vote, une majorité.

La forme répond au contenu, alors que là, le tirage au sort laisse au hasard ce qui relève de la démocratie dans un cas normal.

On pourrait arguer que c’est là un souci de renouvellement de la part d’un mouvement jeune. Sauf qu’une liste de critères est venue pondérer le tirage au sort, comme lorsqu’une coupe du monde de football avec les coefficients de victoires, les zones géographiques, etc.

On a eu ainsi, pour pondérer le tirage au sort de « génération.s », les critères suivants pris en compte :

– la parité entre femmes et hommes ;

– la mixité des âges ;

– la représentation territoriale ;

– la diversité des catégories socio-professionnelles.

Tous ces critères sont absurdes. Tout d’abord parce qu’il est évident qu’un mouvement de gauche est, ou plutôt devrait, être surtout composé d’ouvriers. A moins de nier les classes sociales et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est une évidence.

Tout le monde sait très bien en plus que, malheureusement, il y a une grande différence de conscience de gauche selon les territoires. Des gens de gauche de Bretagne ou du Nord représentent davantage de choses que des gens à Lyon ou Bordeaux, par exemple.

La mixité des âges est absurde également, parce que normalement un mouvement de contestation de valeurs du passé a toujours davantage de jeunes que de gens plus âgés, par esprit de rupture faisant défaut chez ceux ayant fini par accepter les règles.

Enfin, la parité entre hommes et femmes ne se décrète pas, elle se conquiert et un grand travail est à mener sur ce plan. Tout le monde sait bien que les femmes évitent largement l’engagement politique, tout en étant plus que largement majoritaires en certains domaines, comme par exemple la protection des animaux.

Alors, bien sûr, le tirage au sort est là surtout pour masquer que génération.s » n’est qu’une coquille vide sur le plan des idées. Ayant quitté le Parti socialiste, Benoît Hamon a choisi de rompre avec toute la tradition historique de la gauche et de passer dans camp de la « modernité ».

Mais cette modernité, c’est celle du monde des entreprises, avec le choix des consommateurs et l’apparence comptant plus que tout. C’est le refus du principe d’organisation, de conscience, d’idées, du principe de responsabilité.

Au lieu d’en revenir à ces fondamentaux – qu’on peut résumer comme la forme démocratique pour de réels débats d’idées comme fond – « génération.s » s’avère être un dépassement moderne qui est plus proche d’Emmanuel Macron qu’autre chose dans son style. C’est un échec.