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La décomposition du mouvement contre la réforme des retraites

Inévitable, elle est triste et sordide.

Nous avions dit le départ que le mouvement contre la réforme des retraites était d’une nature petite-bourgeoise, menant à l’échec. Il fallait être étudiant ou d’esprit syndicaliste pour s’imaginer que, sans culture, ni politique, on puisse arriver à quelque chose.

Un mouvement qui exprime le seul souhait de vivre comme avant, à l’instar des gilets jaunes, n’a pas de place dans l’Histoire. Il n’exprime qu’une décomposition : celle de la société occidentale et de ses acquis.

Alors que se profile une énième journée de mobilisation, déjà se profile l’amertume, le constat d’échec. Anasse Kazib, figure de « Révolution permanente », un mouvement surtout étudiant ayant été aux premières loges de ce lamentable cinéma, constate lui-même le 29 mars 2023 que tout est mal barré.

Naturellement ce constat est fait sur un réseau social, Twitter en l’occurrence, en phase avec la « post-modernité ».

Et il le fait en confondant mouvement social d’un pays riche et luttes des classes, en pleurnichant que l’intersyndicale serait ce qu’elle est, que la grève ce n’est pas évident, etc.

Il ne comprend pas que ni lui, ni les grévistes ne sont à la hauteur de rien. On improvise pas un mouvement de masse affrontant une décision gouvernementale de politique. Il faut du niveau !

Comme là il n’y a rien, il est cherché des boucs émissaires.

« Nous avons tous vu les deux temporalités du mouvement, celle du 19 janvier au 15 mars, des journées certes avec beaucoup de monde, mais avec une radicalité qui ne s’est pas exprimée, notamment du fait du contrôle par l’intersyndicale.

Et depuis le 49.3 nous sommes entrés dans une nouvelle séquence, du moment « Berger » au moment « pré-révolutionnaire ». Malgré la distance qu’à pris l’IS, par son silence médiatique ou encore sa condamnation des violences des manifestants. Le 23 mars a été le pic de la mob.

La journée du 28 mars même si elle a était plus faible, reste dans des niveaux de mobilisation important surtout avec 4 jours d’écart. Cela s’explique pour moi par le rythme en dent de scie, des dynamiques plus faibles de grève à cause de l’isolement des journées.

Néanmoins les cortèges restent très important et nous avons vu l’arrivée massive de la jeunesse depuis 1 semaine qui fait prendre un tout autre visage à la contestation, bien plus qu’une lutte contre une simple réforme des retraites, mais un caractère éminemment politique.

Tout cela témoigne du fait que ce n’est pas l’intersyndicale qui met le monde dans la rue, mais c’est parce qu’il y’a du monde en colère, une opposition massive que l’intersyndicale est contrainte d’appeler encore a des journées.

L’unité est de façade entre les syndicats plus combatifs et les syndicats de collaborations de classe. Ils sont uni car aucun n’aurait pu soutenir la réforme comme Berger l’a fait en 2019 avec la réforme Delevoye. Surtout quand des deputés RN et LR sont contre.

Imaginez vous le syndicat qui aurait osé soutenir la réforme et ne pas appeler à la grève alors que 94% des actifs sont opposés. Cela aurait été du suicide. Berger est contraint par la rue de suivre, mais aussi car il est fasse à un macronisme radicalisé.

La 2eme séquence que l’on connait est le résultat du passage au force mais également d’une forme de maturité du mouvement à comprendre que la passivité ne marché pas. Le fameux 7 mars « France à l’arrêt » était déjà une réponse de l’IS à la colére qui montait du terrain.

Mais à aucun moment l’IS n’a cherché à gagner le mouvement, elle a cherché à le contrôler et en tirer sa plus value pour espérer retrouver une place dans le système institutionnel. Ils n’ont pas arrêté d’envoyer des signaux d’affaiblissement alors que le mouvement est explosif.

Nous avons eu le droit à plein de parade, « attention on tiendra plus les troupes », la lettre à Macron, l’interpellation des députés, le refus de l’appel à la reconductible, le refus d’elargir les mots d’ordre à la question des salaires etc…

Depuis la deuxième phase du mouvement qui combine entré de la jeunesse, manif sauvage, blocage, action, grève reconductible, l’IS cherche à faire des pauses ou encore la parade de la médiation, afin de voir comment sortir de ce mouvement sans perdre des plumes.

Ils savent pertinemment que ce qui se joue aujourd’hui, fait entrer la France dans une crise profonde du régime, la possibilité réelle d’une généralisation de la grève et d’entrée dans une séquence révolutionnaire. C’est le mouvement le plus subversif depuis des décennies.

Berger et Martinez l’on dit, ils ne font pas de politique ( ce sont bien les seuls à le penser ), ils sont la pour parler des gobelets qui manque à la machine à café et aujourd’hui ce n’est plus le cas du mouvement, alors ils veulent tailler la route.

Mais comment faire ? Comment se casser sans voir son syndicat exploser et se faire déborder par la base. Vous aurez remarqué déjà que Martinez et Berger ne mettent plus leur tête dans l’IS depuis le 49.3. Avant ils etaient la à tous les communiqués…

Maintenant ils envoient les remplaçants que personne ne connait. Ils n’interviennent que très rarement dans les médias, sinon pour envoyer des appels de phare à Macron et dénoncer les manifestants. Pas une présence sur un piquet depuis 2 mois, ni même face aux réquisitions.

La méthode est d’éloigner la prochaine date, pour casser définitivement les grèves reconductibles, c’est ce qui est en train de se passer malheureusement dans certains secteurs si nous n’agissons pas. Je vous donne un exemple concret.

Avec mes collègues nous sommes en grève depuis le 7 mars, soit 23 jours au total, attendre le 6 avril cela veut dire de faire 9 jours de grève reconductible supplémentaire. Vous imaginez 9 jours seul avant la prochaine date interpro… C’est criminel quand on connait le terrain.

Alors moi et les militants nous tiendrons, mais comment faire tenir des salariés de base, 9j de plus avec des payes à 0 pour attendre 1 journée interpro sans savoir encore quand sera la prochaine, ptete le 16 avril etc… Comment faire tenir ?

Il y’a pas 36 solutions, la plus part vont reprendre car plus d’argent, d’autre grâce à leur caisse de grève maintiendront un peu les choses. Mais au final cela fait que pendant 10j, les grèves vont s’affaiblir et la dynamique va diminuer si nous ne faisons rien.

De plus le congrès de la CGT qui enlève des centaines de dirigeants syndicaux, de militants de terrain, empêche aussi la possibilité d’intervenir dans cette séquence, de discuter avec la base.Comment tenir un mouvement si les militants sont en train de débattre dans un congrès?

Voilà comment casser une dynamique à bon prix, d’un côté vous apparaissez toujours dans le coup en appelant à une date de grève, mais de l’autre vous l’a mettez assez loin pour que la dynamique se casse et que cela apparaissent comme un baroud d’honneur.

11 journées isolées qui si elles avaient été collé aurait changé le caractère des choses. Même 5j aurait eu plus d’efficacité. Mais l’IS a dit nous ne sommes pas pour le blocage de l’économie car Berger l’a dicté. De plus ils ont fragilisé l’auto-organisation à la base.

Avec l’attente des appels le soir de la manif interpro, ils ont vidé de leur sens les assemblées générale pour la reconduction. Comment discuter d’un plan de bataille en AG le matin, si vous devez attendre le soir quelle sera la prochaine date ?

Voila pourquoi aujourd’hui personne ne doit taire ce qu’il se passe, l’IS joue définitivement contre le mouvement et il faut le dénoncer HAUT et FORT, sinon toutes ces journées ces sacrifices financier n’auront servi à rien. La situation est GRAVE !!! »

La candeur de ce propos est quasi surprenante. On voit vraiment qu’on a affaire à des gens découvrant le monde. On est totalement en dehors de la moindre connaissance historique – et le type se prétend « marxiste ».

C’est comme chez les étudiants, c’est vide de contenu. C’est grotesque, baroque. Il n’y a plus aucun lien, sur aucun plan, avec le mouvement ouvrier historique.

Cette pancarte lamentable se veut même humoristique car reprenant la forme d’un « meme » d’extrême-Droite – une récupération typique chez des gens n’ayant rien à dire

La vérité, c’est que dans ce mouvement contre la réforme des retraites, il y a eu ceux qui ont menti en disant que ce serait simple, ceux qui se sont mentis à eux-mêmes en se disant que ce serait simple.

Sauf que rien n’est simple. Et pour comprendre les choses, il faut étudier Le capital de Marx, pas traîner sur les réseaux sociaux. Il faut organiser les gens avec comme critère le niveau de conscience, et pas pratiquer le spontanéisme des mouvements sociaux d’un pays parmi les plus riches du monde.

Et encore moins alors qu’on est dans le contexte de la 3e guerre mondiale s’érigeant en aspect principal dans tous les domaines.

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L’Assemblée nationale reconnaît « l’Holodomor »

La propagande de guerre, totale !

Aujourd’hui en Ukraine, dans une trentaine d’endroits différents dans le pays, vous pouvez prendre le bus pour aller… à Moscou. Le bus passe par la Pologne ou la Lituanie. Tels sont les liens si forts entre les Russes et les Ukrainiens.

Ce sont ces liens que l’alliance du nationalisme ukrainien et de la superpuissance américaine veut supprimer. Encore de nouvelles lois sont passées en Ukraine cette semaine pour supprimer tout ce qui a un rapport avec l’Empire russe dans l’espace public : noms de rues, de places, etc.

Cela va avec la destruction par millions d’ouvrages en russe, l’effacement de Pouchkine, la négation des liens historiques avec l’empire russe comme avec Catherine II, la dénonciation de Dostoïevski, le projet ouvert de démantèlement de la Russie, appelée « Moscovie ».

L’un des principaux vecteurs de cette narration, c’est l’Holodomor. C’est un concept élaboré dans le milieu universitaire américain et britannique durant la guerre froide. L’URSS aurait organisé une famine pour provoquer un génocide en Ukraine, durant les années 1930.

Cela ne tient pas debout une seule seconde, puisque c’est l’URSS qui a reconnu l’Ukraine et a procédé à son « ukrainisation »: reconnaissance et systémisation de la langue, développement de la culture nationale, etc.

Nous avions déjà parlé de la statue de Taras Chevtchenko, la grande figure nationale ukrainienne, protégée par des sacs de sable à Kharkiv… et mise en place en 1935 par l’URSS. Cela contredit totalement la thèse de « l’effacement » de l’Ukraine.

D’ailleurs, le président russe Vladimir Poutine dénonce à chaque fois l’Ukraine comme une « invention » soviétique.

Les nationalistes ukrainiens cherchent à nier cette réalité historique, et l’Holodomor est un outil en ce sens. Il a été conceptualisé aux États-Unis afin de soutenir les nationalistes ukrainiens pour affaiblir l’URSS (et depuis son effondrement, la Russie).

C’est un bourrage de crâne pour justifier les plans de conquête.

Forcément, les satellites occidentaux de la superpuissance américaine s’alignent sur cette narration. Le 28 mars 2023, l’Assemblée nationale en France a reconnu l’Holodomor.

Il y a 577 députés, même pas la moitié était présent. Voici les positions des 170 députés présents.

Les 53 députés du regroupement pro-président de la République « Renaissance » ont voté pour. L’ensemble des députés pro-Emmanuel Macron est signataire du texte proposé.

Les 25 députés centristes du Modem ont voté pour, ainsi que les 9 députés centristes de Horizons.

Les 29 députés du Rassemblement national ont tous voté pour. Cela exprime tout à fait leur alignement sur l’Otan et la superpuissance américaine réalisé en février 2023.

La députée de Droite dure Emmanuelle Ménard a voté pour.

Les 20 députés de la Droite classique, avec Les Républicains, ont voté pour.

La France insoumise a expliqué qu’elle était totalement d’accord avec l’esprit de la résolution, qu’elle soutenait entièrement le régime ukrainien. Elle considère toutefois que la définition de génocide est ici insuffisamment élaborée et que ce serait nuire à cette définition sur le plan international.

Les 74 députés LFI se sont donc abstenus, mais se sont focalisés sur la dénonciation absolue de la Russie, uniquement de la Russie, et revendiquent leur soumission à la ligne de l’Otan et de la superpuissance américaine !

Les 12 députés socialistes ont voté pour.

Les 8 députés EELV ont voté pour.

Les 11 députés du Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (centristes, régionalistes corses et réunionnais…) ont voté pour.

Les 2 députés PCF ont voté contre. Ils sont expliqué que l’Holodomor n’était pas un génocide, mais le fruit de la désorganisation du régime criminel de Staline. Ils pensent que c’est aux historiens d’analyser ça, que la mise en avant du vote obéit seulement à des impératifs politiques, et que c’est mal.

Mais ils ont participé à la dénonciation de la « folie furieuse » qui serait si typiquement russe, et qui relève du discours appelant à justifier la guerre contre la Russie pour la « décoloniser ».

Voilà où nous en sommes en France – ce vote exprime littéralement que nous sommes une province de l’empire américain.

Le but de la manœuvre : dénoncer la collectivisation d’une part, trouver des prétextes pour mobiliser dans la guerre « décoloniale » contre la Russie, d’autre part.

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

Voici le texte voté à l’Assemblée nationale.

– 1 –

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Entre 1930 et 1933, plusieurs régions agricoles de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) – parmi lesquelles le Kazakhstan, le Caucase du Nord et l’Ukraine – ont connu une effroyable famine. Celle‑ci a été à l’origine de la mort d’entre 7 et 8 millions de personnes.

En Ukraine, cette famine, causée artificiellement, s’est distinguée par son ampleur. Systématisée par les autorités soviétiques, elle faucha la vie d’environ 4 millions d’Ukrainiens, principalement des paysans.

L’épisode a débuté en novembre 1929, avec l’annonce par la Pravda de l’avènement du « Grand tournant », à l’origine de la collectivisation forcée et de la « dékoulakisation », décidées par Joseph Staline.

Leurs objectifs ? L’industrialisation rapide de l’URSS et le contrôle des campagnes.

La répression s’est alors mise en place : expropriations, arrestations et déportations massives des propriétaires terriens, désormais désignés sous l’appellation « koulak ». Des entreprises agricoles collectives ont été instaurées, et ont pris la forme de fermes nationalisées (sovkhozes) et de coopératives (kolkhozes). Placées sous l’autorité de l’État, environ 30 % de leurs récoltes étaient prélevées.

En Ukraine, en réponse à ces réquisitions démesurées et à une répression croissante, la paysannerie s’est soulevée dès le début de l’année 1930.

Craignant la résurgence d’un nationalisme ukrainien, les autorités soviétiques ont accusé les paysans révoltés d’être des saboteurs et des ennemis du prolétariat.

Des brigades ont alors été envoyées pour mater les émeutes, fouiller les fermes, et confisquer récoltes, bétails et semis, ce qui eut des conséquences désastreuses sur la récolte suivante.

Alors que des foyers isolés de « difficultés alimentaires » ont commencé à être répertoriés dès cette période, les autorités soviétiques ont réquisitionné près de 43 % de la récolte ukrainienne l’année suivante.

En 1932, face à une situation alimentaire aggravée, un exode rural de masse a débuté. Par ailleurs, les collectes n’ont plus atteint les niveaux fixés.

Entre fin octobre 1932 et janvier 1933, les autorités ont intensifié la répression, fermé les frontières et instauré un blocus. Des patrouilles ont ainsi été mises en place, condamnant les personnes à rentrer chez elles, à être emprisonnées ou déportées en Sibérie et dans les camps du Goulag.

La vente des billets de chemin de fer a été suspendue et les paysans privés de leur passeport. En outre, de nouvelles mesures ont été instaurées pour les districts « mis au tableau noir » : retrait des produits manufacturés et alimentaires, remboursement immédiat des crédits, arrêt du commerce, imposition exceptionnelle.

A la fin du mois de janvier 1933, la moitié des kolkhozes et villages ukrainiens – 11 000 sur 23 000 – étaient ciblés.

« Grenier de blé » devenu « terre de sang », le paroxysme de ce crime de masse a été atteint dans les premiers mois de 1933 : chaque jour, des milliers de paysans ukrainiens sont morts, affamés.

La famine instaurée artificiellement a alors pris l’appellation d’Holodomor : « l’extermination par la faim ».

En parallèle de cette tragédie, entre 1930 et 1933, plusieurs millions de tonnes de céréales ukrainiennes confisquées ont continué à être exportées. Les réserves de l’État soviétique, plusieurs millions de tonnes également, n’ont quant à elles pas été touchées.

En février 1933, les autorités soviétiques ont débloqué une aide dérisoire et destinée en priorité aux villes, également touchées par les disettes, afin d’éviter des émeutes d’ouvriers.

Bien que de rares témoignages parvinrent à l’Ouest à l’époque, la chute de l’URSS et l’ouverture de l’accès à certaines archives ont permis de lever le voile et le silence sur cette période dramatique.

Le 24 mars 2005, le ministère des Affaires étrangères français, interrogé par le sénateur Jean‑Pierre Vial sur l’absence de reconnaissance de ce crime contre la population ukrainienne, avait répondu qu’il appartenait aux États concernés de donner une interprétation historique, politique et juridique de ces événements tragiques.

Or, en 2006, le parlement de l’Ukraine a reconnu la famine ukrainienne de 1932‑1933 comme génocide contre le peuple ukrainien. Cette reconnaissance incarne le consensus au sein de la population concernant la qualification de ce crime de masse.

Le 21 octobre 2022, dans le contexte de la guerre menée par la Fédération de Russie en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, M. Dmytro Kuleba, a appelé les parlements des nations qui soutiennent l’Ukraine à reconnaître le caractère génocidaire de l’Holodomor.

Cet appel a été repris par le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, le 16 novembre 2022.

Le 15 décembre 2022, le Parlement européen, dans sa résolution « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide », a reconnu l’Holodomor comme un génocide du peuple ukrainien.

La présente résolution vise à la reconnaissance par les autorités françaises de cette famine forcée de la population ukrainienne comme génocide, et à la condamnation des actes commis, caractérisés par une extermination et des violations massives des droits humains et des libertés.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Vu la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948,

Vu la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950,

Vu la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948,

Vu l’article 6 de la Convention portant statut de la Cour pénale internationale, adoptée à Rome le 17 juillet 1998,

Vu les déclarations communes sur les anniversaires de l’Holodomor adoptées lors des sessions plénières de l’Assemblée générale des Nations unies,

Vu la loi ukrainienne relative à l’Holodomor de 1932‑1933 en Ukraine, adoptée le 28 novembre 2006,

Vu la résolution 1481 (2006) de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires,

Vu la déclaration du Président du Parlement européen, du 21 novembre 2007, à l’occasion du 75e anniversaire de la famine en Ukraine (Holodomor),

Vu la déclaration finale et les recommandations de la 10e réunion de la commission de coopération parlementaire UE‑Ukraine, adoptées le 27 février 2008,

Vu la résolution du Parlement européen du 23 octobre 2008 sur la commémoration de l’Holodomor, la famine artificiellement provoquée en Ukraine (1932‑1933) et la résolution du Parlement européen du 15 décembre 2022 « 90 ans après l’Holodomor : reconnaître que le massacre par la famine constitue un génocide » ;

Considérant que la collectivisation forcée imposée par le régime soviétique de Joseph Staline a entraîné la mort de millions de personnes, notamment parmi les minorités ethniques de l’ex‑Union soviétique ;

Considérant qu’en vertu de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, sont considérés comme des crimes de génocide les actes ci‑après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial et religieux : le meurtre de membres du groupe, l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ;

Considérant la mise en place par les autorités soviétiques d’une famine forcée en Ukraine, à l’origine de la mort de près de plusieurs millions d’Ukrainiens, pour imposer par la force et par la terreur leur politique de collectivisation ;

Constatant le caractère intentionnel de détruire en tout ou partie l’identité nationale et le peuple ukrainien, et plus particulièrement la paysannerie ukrainienne, en confisquant les récoltes et les semences, en intensifiant la répression, en fermant les frontières et en instaurant un blocus des villages ;

Considérant que les autorités soviétiques ont occulté, déformé ou supprimé des éléments d’information sur la famine et les crimes de masse perpétrés à l’encontre des Ukrainiens en 1932 et 1933, et que les autorités russes actuelles continuent de limiter l’accès aux archives mentionnant ces événements ;

Considérant que l’emploi du terme de « grande famine » passe sous silence la responsabilité du régime soviétique dans cette famine intentionnellement provoquée ;

Considérant que cette « grande famine » a été reconnue par le Parlement européen, les parlements ou d’autres institutions nationales représentatives de plus de 20 pays, comme un génocide ou comme un crime contre le peuple ukrainien et contre l’humanité ;

Considérant que la reconnaissance des génocides perpétrés au cours de l’histoire de l’Europe devrait permettre d’éviter la répétition de crimes semblables à l’avenir ;

Considérant le devoir d’honorer la mémoire des victimes de crimes de masse commis par des régimes totalitaires en reconnaissant leurs souffrances et la nature des actes commis ;

Considérant que les années 2022‑2023 consacrent le 90e anniversaire de l’un des plus grands crimes de masse du début du XXe siècle ;

Reconnaît officiellement le caractère génocidaire de la famine forcée et planifiée par les autorités soviétiques à l’encontre de la population ukrainienne en 1932 et 1933 ;

Condamne le génocide commis par les autorités soviétiques, connu sous le nom de l’Holodomor ;

Affirme son soutien au peuple ukrainien dans son aspiration à faire reconnaître les crimes de masse commis à son encontre par le régime soviétique ;

Invite le Gouvernement français à reconnaître officiellement et à condamner publiquement le caractère génocidaire de ces crimes de masse commis à l’encontre du peuple ukrainien et connus sous le nom d’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à rendre hommage à toutes les victimes de l’Holodomor et à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien qui a souffert de cette tragédie ;

Invite le Gouvernement français à poursuivre ses initiatives diplomatiques visant à la reconnaissance internationale de l’Holodomor ;

Invite le Gouvernement français à encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie, afin de permettre aux historiens de poursuivre leurs recherches visant à établir et documenter les faits.

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28 mars 2023: essoufflement contre la réforme des retraites

Il y avait moins de monde que la semaine précédente.

C’était, mardi 28 mars 2023, la 10e grande journée d’action contre la réforme des retraites. L’éternel et pathétique spectacle de syndicalistes ringards accompagnant quelques casseurs mettant à sac des centre-villes, sous les yeux des « forces de l’ordre » laissant faire tout en déversant des quantités ahurissantes de lacrymogène, s’est encore joué dans les grandes villes françaises.

Et les syndicats ont déjà annoncé qu’ils remettaient ça le jeudi 6 avril.

Tout cela va donc durer, avec inévitablement un long et lent pourrissement, accompagnant le délitement général de la société française. Il y avait mardi 28 mars, 740 000 manifestants en France selon le ministère de l’Intérieur, contre plus d’un million la semaine dernière. La CGT a vu quant à elle plus de deux millions de manifestants, contre 3,5 la semaine dernière.

C’est donc un recul, qui n’étonnera personne.

Si les gens en France sont « contre » la réforme, en réalité ils sont surtout « pas pour, mais bon ». Pour eux, hors de question pour autant de se mobiliser en masse dans un tel contexte, avec une telle démarche. Le mouvement contre la réforme des retraites est bien trop un vide intersidéral en termes de contenu, de vision du monde, de culture, d’utopie, et même de réalisme.

Autrement dit, c’est d’une nullité affligeante et il est déjà hallucinant de constater que ça parvienne à encore mobiliser autant de monde. Faut-il que la France soit à la ramasse!

Voyons les choses en face. Le décalage entre les syndicalistes (accompagnés des restes de la gauche) et la société française, est immense. Le décalage avec la réalité du monde, qui est la 3e guerre mondiale, est encore pire.

Reste à savoir maintenant ce qui pourra ressortir de ce décalage, qui débouchera forcément sur un effondrement, et donc un renouveau. Car tout ce qui se passe n’est qu’une expression de l’effondrement de l’occident.

Cet effondrement tant attendu par les masses mondiales!

Et terriblement craint par l’intersyndicale, dont voici le communiqué pleurnichard, qui assume ouvertement d’être là pour empêcher « l’explosion sociale ».

communique_intersyndicale_28_mars-1

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Réquisitions à Gonfreville-l’Orcher

Tout un symbole de l’échec.

Il faut bien vivre, et on fait avec ce qu’on a. Mais enfin il y a des limites. Même en France, un pays capitaliste parmi les plus riches du monde. Et parmi ces limites, on a Gonfreville-l’Orcher.

On est là en Seine-Maritime, près du Havre. On y trouve une raffinerie TotalEnergies et l’impact est juste insoutenable. Alors, bien sûr, il y a des organismes pour dire que la pollution de l’air ceci, les odeurs cela, tout va bien alors ne vous inquiétez pas.

Mais enfin ce n’est juste pas possible. Et les incidents sont réguliers, provoquant encore plus de pollution et d’odeurs. Tout cela est incroyablement passé sous silence depuis des années.

Il y a bien eu une tenative, toute récente, très polie d’ailleurs. C’est l’émission Vert de rage, avec début mars 2023 « Les damnés du pétrole« . Par très polie, il faut comprendre qu’au lieu d’appeler à tout casser, on rentre dans le rang dès le départ, tout en voulant que, quand même, on change les choses :

« Nos analyses montrent des pics de pollution qui sont parfois préoccupants : près de l’usine, et aussi d’une école, les niveaux de benzène sont les mêmes que ceux que l’on trouve dans un tunnel en Île-de-France alors que l’on est à l’air libre, décrit Martin Boudot. C’est vraiment problématique, ça doit poser question. »

Ce qui est problématique, c’est que les gens à Gonfreville-l’Orcher n’ont pas tout cassé. Voilà tout.

Bon, et ils en pensent quoi, quand même, là-bas ? Ils ne votent pas vraiment, mais quand ils le font, la majorité est de Gauche de manière tout à fait écrasante. Très bien ! Pour autant Gonfreville-l’Orcher n’est pas connu pour être le bastion de la Cause du Socialisme.

Ce qui est fou. Si même à Gonfreville-l’Orcher on ne veut pas fusiller les occupants de l’Elysée et de Matignon pour y placer le drapeau rouge, c’est que vraiment personne ne le veut dans notre pays.

Bon s’il y a des gens qui doivent vraiment être énervés contre la réforme des retraites, c’est à Gonfreville-l’Orcher. Deux ans de plus à bosser dans un tel contexte, c’est juste impossible.

Effectivement, cela s’énerve. Certains petits malins l’ont vu à Paris, appelant à y aller en bus, pour aider à empêcher les réquisitions des travailleurs pour faire tourner la raffinerie. Car l’oléduc va jusqu’à Paris et alimente l’aéroport Charles-de-Gaulle.

C’est Révolution permanente qui a été à l’initiative des bus, et qui raconte comme suit :

« Des centaines de travailleurs et d’étudiants ont répondu présent : des dockers et éboueurs du Havre, des travailleurs du dépôt pétrolier de la CIM, de la centrale nucléaire de Paluel, des militants de l’union locale CGT Harfleur et du Havre, de l’union départementale CGT de l’Eure, du personnel de l’éducation, des énergéticiens, des travailleurs de la CGT Sidel et de la CGT Chevron, ou encore le rappeur havrais Médine.

À eux se sont joints ajouté 150 étudiants et travailleurs venus avec deux bus affrétés depuis Paris par le réseau pour la grève générale. Parmi eux, des étudiants, des cheminots, des travailleurs de la RATP, des raffineurs du site Total de Grandpuits, mais aussi la comédienne Adèle Haenel et le philosophe Frédéric Lordon.

C’est triste à dire, mais les travailleurs français ont la défaite qu’ils méritent. Se dire qu’il faut faire grève en suivant les syndicats et en étant appuyés par des étudiants parisiens, lorsqu’on a une vie quotidienne mise à l’écart de l’épanouissement… C’est une servitude volontaire.

Elle a son sens : il faut bien vivre. Mais elle a une signification : l’aliénation, l’exploitation, l’écrasement de tout perspective culturelle, naturelle. L’acceptation de la guerre à venir et déjà installée, la soumission à la destruction de la Nature à l’échelle mondiale, la tolérance vis-à-vis de l’asservissement des animaux…

Il faut savoir ce qu’on veut, à un moment. Si on prend les gens un par un, personnellement, tout s’explique, la dignité l’emporte, d’une manière ou d’une autre.

Mais en 2023 là, collectivement, ce n’est juste pas possible!

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Lénine contre la grève générale

Un point de vue qui est celui de la Gauche historique.

Toute la gauche de la Gauche parle en ce moment en France de la grève générale comme grand espoir. Le mouvement contre la réforme des retraites aurait une perspective de victoire par la grève générale, qui ferait reculer le gouvernement.

Ce n’est pas le point de vue de la Gauche historique, avec raison.

La grève générale est une fiction anarchiste. Elle ne prend pas en compte la politique. Ce n’est pas par là que passe la victoire.

Le jeune Lénine, figure déjà éminente de la social-démocratie russe, résume cette conception de la Gauche historique de la manière suivante en 1899, dans son article A propos des grèves.

Les grèves apprennent aux ouvriers à s’unir ; elles leur montrent que c’est seulement en unissant leurs efforts qu’ils peuvent lutter contre les capitalistes ; les grèves apprennent aux ouvriers à penser à la lutte de toute la classe ouvrière contre toute la classe des patrons de fabrique et contre le gouvernement autocratique, le gouvernement policier.

C’est pour cette raison que les socialistes appellent les grèves « l’école de guerre », une école où les ouvriers apprennent à faire la guerre à leurs ennemis, afin d’affranchir l’ensemble du peuple et tous les travailleurs du joug des fonctionnaires et du capital.

Mais « l’école de guerre« , ce n’est pas encore la guerre elle-même.

Lorsque les grèves se propagent largement parmi les ouvriers, certains d’entre eux (et quelques socialistes) en viennent à s’imaginer que la classe ouvrière peut se borner à faire grève, à organiser des caisses et des associations pour les grèves, et que ces dernières à elles seules suffisent à la classe ouvrière pour arracher une amélioration sérieuse de sa situation, voire son émancipation.

Voyant la force que représentent l’union des ouvriers et leurs grèves, même de faible envergure, certains pensent qu’il suffirait aux ouvriers d’organiser une grève générale s’étendant à l’ensemble du pays pour obtenir des capitalistes et du gouvernement tout ce qu’ils désirent.

Cette opinion a été également celle d’ouvriers d’autres pays, lorsque le mouvement ouvrier n’en était qu’à ses débuts et manquait tout à fait d’expérience. 

Mais cette opinion est fausse.

Les grèves sont un des moyens de lutte de la classe ouvrière pour son affranchissement mais non le seul ; et si les ouvriers ne portent pas leur attention sur les autres moyens de lutte, ils ralentiront par là la croissance et les progrès de la classe ouvrière.

En effet, pour assurer le succès des grèves, il faut des caisses afin de faire vivre les ouvriers pendant la durée du mouvement.

Ces caisses, les ouvriers en organisent dans tous les pays (généralement dans le cadre d’une industrie donnée, d’une profession ou d’un atelier) ; mais chez nous, en Russie, la chose est extrêmement difficile car la police les traque, confisque l’argent et emprisonne les ouvriers.

Il va de soi que les ouvriers savent aussi déjouer la police, que la création de ces caisses est utile et nous n’entendons pas la déconseiller aux ouvriers.

Mais on ne peut espérer que ces caisses ouvrières, interdites par la loi, puissent attirer beaucoup de membres ; or, avec un nombre restreint d’adhérents, elles ne seront pas d’une très grande utilité.

Ensuite, même dans les pays où les associations ouvrières existent librement et disposent de fonds très importants, même dans ces pays la classe ouvrière ne saurait se borner à lutter uniquement par des grèves.

Il suffit d’un arrêt des affaires dans l’industrie (d’une crise comme celle qui se dessine actuellement en Russie) pour que les patrons des fabriques provoquent eux-mêmes des grèves, parce qu’ils ont parfois intérêt à faire cesser momentanément le travail, à ruiner les caisses ouvrières.

Aussi les ouvriers ne peuvent-ils se borner exclusivement aux grèves et aux formes d’organisation qu’elles impliquent.

En deuxième lieu, les grèves n’aboutissent que là où les ouvriers sont déjà assez conscients, où ils savent choisir le moment propice, formuler leurs revendications, où ils sont en liaison avec les socialistes pour se procurer ainsi des tracts et des brochures.

Or ces ouvriers sont encore peu nombreux en Russie et il est indispensable de tout faire pour en augmenter le nombre, pour initier la masse des ouvriers à la cause ouvrière, pour les initier au socialisme et à la lutte ouvrière.

Cette tâche doit être assumée en commun par les socialistes et les ouvriers conscients, qui forment à cet effet un parti ouvrier socialiste.

En troisième lieu, les grèves montrent aux ouvriers, nous l’avons vu, que le gouvernement est leur ennemi, qu’il faut lutter contre lui.

Et, dans tous les pays, les grèves ont en effet appris progressivement à la classe ouvrière à lutter contre les gouvernements pour les droits des ouvriers et du peuple tout entier.

Ainsi que nous venons de le dire, seul un parti ouvrier socialiste peut mener cette lutte, en diffusant parmi les ouvriers des notions justes sur le gouvernement et sur la cause ouvrière.

Nous parlerons plus spécialement une autre fois de la façon dont les grèves sont menées chez nous, en Russie, et de l’usage que doivent en faire les ouvriers conscients.

Pour le moment, il nous faut souligner que les grèves, comme on l’a dit ci-dessus, sont « l’école de guerre » et non la guerre elle-même, qu’elles sont seulement un des moyens de la lutte, une des formes du mouvement ouvrier.

Des grèves isolées les ouvriers peuvent et doivent passer et passent effectivement dans tous les pays à la lutte de la classe ouvrière tout entière pour l’émancipation de tous les travailleurs.

Lorsque tous les ouvriers conscients deviennent des socialistes, c’est-à-dire aspirent à cette émancipation, lorsqu’ils s’unissent à travers tout le pays pour propager le socialisme parmi les ouvriers, pour enseigner aux ouvriers tous les procédés de lutte contre leurs ennemis, lorsqu’ils forment un parti ouvrier socialiste luttant pour libérer tout le peuple du joug du gouvernement et pour libérer tous les travailleurs du joug du capital, alors seulement la classe ouvrière adhère sans réserve au grand mouvement des ouvriers de tous les pays, qui rassemble tous les ouvriers et arbore le drapeau rouge avec ces mots : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Tant que les travailleurs n’assumeront pas la politique, ce sera l’échec. Il ne sert à rien de pleurer que l’intersyndicale ne lutte pas assez, car une telle chose est normale. Les syndicats accompagnent le capitalisme. Ce qu’il faut comprendre, c’est le caractère central de la politique.

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23 mars 2023 : les syndicats continuent leur mouvement

Ils considèrent ne pas avoir perdu.

Les syndicats sont très contents d’eux-mêmes, considérant qu’ils ont réussi leur affaire. Malgré l’échec parlementaire, ils continuent d’exister et de faire la Une de l’actualité en s’opposant au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.

La CGT annonce 3,5 millions de manifestants dans toutes la France jeudi 23 mars 2023. Ce n’est pas plus que le maximum qui avait été atteint le 7 mars dernier, selon ses propres chiffres, mais c’est suffisamment beaucoup pour exister. Le ministère de l’Intérieur quant à lui fait état d’1,1 million de manifestants, soit un peu moins que les records des 31 janvier et 7 mars où environ 1,3 millions de manifestants avaient été annoncés.

Il n’y a donc aucun élargissement, aucune massification du mouvement, mais une base solide, qui persiste et signe. Dans le détail, cela donne des regroupements très importants surtout dans les grandes villes, dont plusieurs ont battu leur record de mobilisation d’après les préfectures.

Il y a Bordeaux (18 200 manifestants), Toulon (12 0000 manifestants), Rouen (14 800 manifestants), Strasbourg (12 400 manifestants). Ailleurs, c’est peu ou prou la même chose que d’habitude avec plusieurs milliers de manifestants.

C’est aussi le cas à Paris où le chiffre record de 119 000 manifestants est annoncé par la Préfecture. C’est plus que le 7 mars (81 000) et le précédent record du 11 février (93 000).

La CGT de son côté annonce le chiffre de 800 000 personnes à Paris, soit presque un quart de son total national ! Le chiffre donné par Le Monde et quelques autres médias ayant eu recourt à un cabinet privé est de seulement 83 000 personnes, soit dix fois moins…

On pourra trouver ce décalage anecdotique, mais c’est en tous cas typique de la situation en particulier et de l’esprit syndicaliste en général. On est dans l’esbroufe, le superficiel, avec la volonté de faire du bruit pour faire du bruit, mais avec un contenu absolument déplorable.

La palme du minable revient ici certainement aux syndicalistes de Perpignan qui ont trouvé cela intelligent de faire un Haka, la danse guerrière ultra-rétrograde des All Blacks, l’équipe de Rugby nationale néo-zélandaise.

Pour en arriver là, il faut plus que la méconnaissance de l’histoire ouvrière : on est carrément dans le nihilisme.

Le pire étant peut-être que ces gens ne comprendront même pas pourquoi ils sont critiqués.

Il faut mentionner également les violences et casses urbaines, qui ont été très nombreuses et participent de l’ambiance délétère dans le pays. En l’espèce, il s’agit de regroupement d’ultra-gauche agissant comme milices para-syndicales (si ce n’est officiellement, en tous cas objectivement), qui partagent des mots d’ordres communs et la même volonté de faire du bruit sans réel contenu ni politique, ni idéologique, ni culturel.

Cela donne des scènes spectaculaires, surtout avec ces feux de poubelles et des feux d’artifices, des vitrines cassées, des institutions vandalisées (le tribunal administratif à Nantes, l’hôtel de ville de Bordeaux, une mairie à Lyon, etc.), des policiers blessés.

On relativisera toutefois le degré de « violence » de ces milices qui en vérité ne font pas grand-chose à part se donner en spectacle pour des photos racoleuses prises par quelques journalistes. Il y aurait 149 policiers et gendarmes blessés, pour 200 interpellations.

L’intersyndicale entend ne rien lâcher et appel à une nouvelle mobilisation mardi 28 mars. Voici son communiqué.

Tous ces gens s’imaginent protagonistes de quelque chose, mais en réalité ils expriment la décomposition du capitalisme français, le déclassement de la puissance française, l’effondrement culturel et social de la société française.

Une époque meurt devant nos yeux et une autre s’ouvre déjà – celle de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !

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Macron, gestionnaire de la « crise politique »

Macron gère tant bien que mal la restructuration du capitalisme français.

Le discours d’Emmanuel Macron mercredi 22 mars a été l’illustration même de la crise. Non pas qu’il y ait un tournant historique qui se joue comme le prétendent certains, mais tout au contraire parce que le pays continue à s’enfoncer dans la décomposition sans que ni « en haut », ni « en bas », il n’y ait une quelconque perspective.

On notera ainsi le format de l’intervention qui n’a pas été un discours, comme cela avait pu être le cas lors de la pandémie de Covid-19, départ à la crise historique. L’heure ne fut pas non plus celle de grand écoute du 20h, mais à 13h.

De fait, son discours n’a ni servi à temporiser, ni servi à réprimer une quelconque protestation de masse, mais simplement à assumer la gestion d’une restructuration du capitalisme. Et quoi de mieux que de s’adresser à 13h, soit directement aux retraités en pantoufles, pour endosser le dossard du champion du conservatisme ?

Son discours n’a été rien d’autre qu’une répétition de ses grandes orientations, sans aucune grande annonce, car de grande annonce il n’y a en réalité nul besoin. La vérité c’est que les gens sont contre la réforme des retraites tout en ayant compris qu’ils s’étaient eux-mêmes piégés dans le mode de vie capitaliste fait de crédits en tout genre.

C’est pour cela d’ailleurs qu’Emmanuel Macron a rappelé que les choses avaient changé depuis 2019, avec la pandémie de Covid-19 qui a obligé l’État à s’endetter plus fortement. Le président de la République avait déjà déclaré il y a quelques jours que la réforme était une « nécessité absolue » et le Premier ministre Élisabeth Borne en avait préciser la raison au 20h de TF1 le jeudi 16 mars, celle de la protection du niveau de vie dans le capitalisme français :

« Quand on voit les sommes que l’on a mobilisé pour accompagner les français dans la crise covid, quand on voit ce qu’on mobilise pour les accompagner face à la flambée des prix de l’énergie, on ne peut pas faire croire aux français qu’on peut financer notre système de retraite par la dette […] Peut-être que certains veulent laisser croire que l’on peut tout financer par la dette, je pense que les français qui veulent acheter une maison, ils voient que les taux d’intérêts augmentent. C’est pareil pour l’État »

Et justement les gens se sont eux mêmes bloqués, veulent du capitalisme sans en vouloir. A ce titre, les contestataires ne représentent que l’apogée de la figure du petit-bourgeois pris de rage née en 2018 dans la crise des gilets jaunes. Macron le sait et peut se permettre d’enfoncer le clou en se déclarant prêt à « endosser l’impopularité » car il n’y a précisément aucune « majorité alternative ». Tout cela est vrai…et c’est très inquiétant car cela ne peut que servir cette vieille solution du sauveur suprême sorti des rangs de l’extrême-Droite capable d’assumer franchement le « tout changer pour ne rien changer ».

Macron endosse alors tout à la fois le parti de l’ordre et celui de la modernisation. Tout en appelant à l’augmentation de casernes de gendarmerie dans le pays et au personnel de justice, il vise à la « réindustrialisation » en profitant des réformes précédentes, comme la baisse des impôts de production ou bien encore la loi travail 2016, pour relancer le capitalisme français.

Macron navigue à vue : il est à un moment de l’Histoire où il se doit de sauvegarder le capitalisme français, ou plus exactement de le relancer sur une nouvelle base, tout en s’assurant de la paix sociale et civile. Une relance-restructuration qui se heurte non pas à une contestation intérieure mais à l’aiguisement de la compétition politico-militaire internationale le précipitant sous le parapluie des États-Unis.

Dans ces conditions, Macron se contente de gérer les choses en faisant passer une réforme qui rassure les investisseurs internationaux, condition seule à même de garantir la capacité de la France à lever sa dette et donc à conserver son niveau de vie actuel, donc à garantir la paix sociale.

Cela fonctionne pour l’instant car il n’y a précisément pas de contestation de masse du régime puisqu’il n’y a pas de Gauche historique travaillant à l’émergence d’une telle proposition. La bourgeoisie reste malgré tout bien inquiète de la situation car elle recèle objectivement toutes les conditions pour la renaissance d’une telle proposition…

Et l’on voit ici combien les opposants actuels sont de faux contestataires mais de vrais saboteurs de la seule prise de conscience nécessaire, celle du renversement d’un capitalisme français qui ne peut plus, dans cette époque de crise générale, payer l’addition sans se cracher lui-même…

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Emmanuel Macron rappelle aux français le prix du quoiqu’il en coûte

La facture sera salée.

Certains ont voulu croire que l’argent était réellement magique et que les richesses peuvent se créer ex-nihilo sans aucune conséquences. Nous avons dis dès l’origine que cela allait coûter aux français, et qu’il fallait la socialisation.

Emmanuel Macron s’est exprimé hier lors d’une interview visant à justifier le passage en force de la réforme des retraites et continuer à maintenir l’argument de la nécessité. Il n’a rien dit, rien annoncé qui aille dans le sens d’une modification d’approche compte tenu de la contestation actuelle.

Il n’a fait que rappeler que sa fonction était d’assurer une certaine continuité du capitalisme français, en limitant la casse de la crise déclenchée par le COVID19 et du quoiqu’il en coûte.

Il évoque cela ainsi lorsque les journalistes lui font remarquer sont changement de position sur les retraites :

« Journaliste : Vous disiez vous-même en 2019 « on ne peut pas demander aux gens de travailler jusqu’à 64 ans si à 55 ans ils ont déjà du mal à trouver du boulot. »

Emmanuel Macron : On a beaucoup repris ce passage. Je vais être clair avec vous car justement j’ai le sens de la démocratie et du mandat. Quand je m’exprime et que je dis cela en 2019 – on a lancé les ordonnances travail que depuis 18 mois, ça fait 6 ans maintenant qu’elles sont en œuvre avec les résultats que vous connaissez – je m’exprime dans une société qui est à plus de 8 % de taux de chômage. Le mandat que j’ai en 2017 c’est de créer un système universel des retraites, en aucun cas de bouger l’âge de départ parce que le rapport de concertation des retraites et tous les experts disaient « y’a pas de problème ».

Après cette expression que tout le monde nous ressert, qu’est-ce qui s’est passé dans notre pays ? Les gens vivaient dans quel monde ?

On a eu le Covid. On a eu la guerre. On a eu l’inflation. La Nation a dépensé des dizaines de milliards d’euros pour protéger, elle a donc construit une dette qu’on a amorti dans le temps et nos comptes se sont dégradés.

Au moment de la campagnes de 2022, la situation est drastiquement différente. »

Il parle de la guerre au passé, mais il serait plus juste de dire « on a la guerre en Ukraine ». Et la guerre n’est pas un sujet pour les français qui acceptent passivement que le complexe militaro-industriel français marche à plein régime pour envoyer des armes à crédit au régime ukrainien.

Il a été dit ici que le capitalisme avait provoqué sa propre crise de part la destruction généralisée de la planète qui a engendré la pandémie de COVID19 et que le confinement a été un moment de collectivisme forcé au sein du capitalisme. Une anomalie majeure dans le flux-tendu exigé par l’accumulation moderne.

La guerre est une conséquence de la crise, les conflits inter-impérialistes restent ce qu’ils étaient au XXè siècle et tels qu’ils étaient décrit par les intellectuels du mouvement ouvrier de l’époque : une nécessité pour les capitalismes nationaux pour maintenir leur rang dans le monde. Non pas de manière consciente mais de manière tout à fait inéluctable.

Alors Macron patauge, parce que son idéal turbo-capitaliste personne n’y croit plus et là où les français sont en mauvaise posture, c’est qu’ils veulent quand même le capitalisme. Ils ne veulent pas que leur niveau de vie baisse, ils ne veulent pas de la crise et tant que cela reste ainsi, cela nécessite la guerre.

C’est très concrètement le sens de « socialisme ou barbarie ».

Or, ils ne veulent pas du socialisme, ils ne veulent pas d’un ordre nouveau, ils veulent le rétablissement d’un ordre ancien fantasmé. Sans une remise en question générale dirigée par le mouvement ouvrier, il n’y aura ni ordre, ni paix, ni justice.

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La réforme des retraites passe dans la confusion

Une confusion indéniablement occidentale.

On dit aux gens qu’ils doivent travailler plus longtemps, alors forcément ils sont mécontents, ils ne veulent pas. Mais le gouvernement en place peut parvenir à réformer les retraites quand même, car les gens accompagnent de toutes façons le capitalisme.

Comme certains ne le comprennent pas, cela donne des petites révoltes éparses, bruyantes, médiatiques, cependant cela ne change rien à l’affaire.

Formulé différemment, cela donne : bien au chaud en occident, les gens peuvent faire les malins mais se plient de toutes façons aux adaptations du capitalisme.

Regardons la séquence qui vient de se terminer, pour y voir clair, et pour saisir ce qui va se passer ensuite.

Le gouvernement, avec à sa tête Élisabeth Borne, met en place une réforme des retraites, avec notamment le recul de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

La majorité des Français est contre, il y a toute une série de manifestations massives. Malgré toutefois la participation de millions de personnes, aucune critique du capitalisme n’émerge. Pareillement, le soutien militaire au régime ukrainien par l’intermédiaire de l’Otan et de l’Union européenne est passée sous silence.

L’ensemble reste d’esprit uniquement syndical. Il n’y a aucune effervescence politique ou culturelle sur une base de gauche.

C’est un simple constat : sur le plan des valeurs, de la culture, la France n’a connu aucun changement.

Continuons. Comme le gouvernement dispose d’une majorité relative, la réforme passe les 15 et 16 mars 2023.

Deux phénomènes parallèles s’enclenchent : du côté politique d’un côté, du côté protestataire de l’autre.

Les partis politiques d’opposition tentent en effet de profiter de l’aubaine. Une telle contradiction entre un gouvernement et l’opinion publique, ça ne se rate pas. Il y a alors le 20 mars 2023 deux motions de censure proposée pour faire tomber le gouvernement.

La première est proposée par le RN, elle n’obtient que 88 voix. La seconde est proposée par des centristes, du groupe « Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Elle obtient le soutien de tout le monde dans l’opposition : de la part des élus du RN, de LFI, du PS, d’EELV, du PCF, et également d’une partie de la Droite traditionnelle (Les Républicains).

Seulement il aurait fallu que tous les députés « Les Républicains » soient de la partie. La motion de censure a donc échoué, avec 278 votes contre 287 requis.

On a donc une perte de légitimité gouvernementale : la majorité des gens est contre la réforme, la majorité gouvernementale n’a pas de réelle stabilité. Pour autant, la réforme est passée.

On doit donc dire que ça passe, mais que ça casse en même temps. C’est typique d’une situation de crise. C’est conforme à notre affirmation comme quoi c’est la crise générale depuis 2020. L’instabilité gouvernementale est un critère de la crise générale, bien évidemment.

Quel est le second aspect ? Une telle situation produit, vu l’état de la France, l’assaut des forces populistes. Gilets jaunes, ultra gauche, syndicalistes… toutes ces forces « antiparlementaires », étrangères et hostiles aux valeurs de la Gauche historique, pensent que c’est leur heure.

Les heurts sont nombreux dans de nombreuses villes, avec des centaines d’interpellations. Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Rennes, Saint-Étienne, Amiens, Brest, Strasbourg…

Un bilan de ce phénomène est impérativement à mener. Ce qu’on peut et doit dire déjà pourtant, c’est que ces gens n’ont rien de gauche, ils ne sont que le produit de l’appel d’air de la crise gouvernementale.

L’instabilité produit toujours l’activation des « antiparlementaires ». Autrement dit, c’est fondamentalement réactionnaire.

Maintenant, quelle va être la suite?

Soit l’Histoire, cette vieille taupe, profite de ce moment de faiblesse du capitalisme occidental version française pour faire émerger une forme de lutte de classes, dont les contours nous surprendront…

Soit la décomposition politique française va conduire encore plus à l’aigreur et à l’apolitisme, avec des gens égoïstes prêts à tout accepter et à mettre le pays au service de la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie (et la superpuissance chinoise).

Naturellement, la dialectique de la réalité implique la coexistence de ces deux phénomènes.

Tel est le cours de l’Histoire et ses contradictions : il faut des déchirures internes pour que les choses apparaissent… et s’affrontent.

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La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.

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La crise politique déclenchée par le « 49.3 »

L’ambiance est délétère.

En annonçant jeudi 16 mars 2023 avoir recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites, le gouvernement français a mis le feu aux poudres. N’ayant pas une majorité solide au Parlement, en tous cas à l’Assemblée nationale, il tente le coup de force.

Sauf que le pays est instable. La dette plombe l’économie, la désindustrialisation le maintient au sol, l’insécurité mine le moral des gens et la guerre contre la Russie fait de la France un vassal américain avec très peu d’autonomie. Le recours au « 49.3 » est ainsi surtout un aveu de faiblesse, plutôt qu’un réel coup de force politique.

La France n’est plus une grande puissance mondiale du capitalisme, elle se retrouve incapable de faire passer une réforme structurelle indispensable du point de vue capitaliste (les tentatives durent depuis des années). Inversement, il n’y a pas en face un camp socialiste, une Gauche réelle, menant une lutte de classe pour contester le pouvoir à la bourgeoisie.

Alors il n’y a rien, à part de l’instabilité.

Ainsi les choses se sont immédiatement précipitées, enfonçant encore plus la situation de crise. Le soir même, dans les villes, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, avec dans les grandes villes des troubles violents.

Profitant des ordures jonchant les rues pour allumer des feux faciles et spectaculaires, les émeutiers s’en sont donnés à cœur joie et la police fût, relativement, débordée à Paris, Rennes, Marseille, Lyon Amiens, Dijon, Nantes, Lille. On parle d’arrestations par centaines, de jet de bouteilles incendiaires blessant les forces de l’ordre, de tirs tendus de mortier d’artifice, de vitrines et de mobilier urbain saccagés, de matériel de chantier anéanti et utilisé comme arme.

À Lyon et à Rennes, ce sont les Hôtels de ville qui ont été visés, non pas par des révolutionnaires s’imaginant prendre le pouvoir, mais par des bandes nihilistes s’en prenant à des symboles démocratiques, aussi relatifs soient-ils. Cela relève du fascisme et il faut s’en inquiéter.

Les mêmes scènes de chaos destructeur ont eu lieu dans la soirée du 17 mars et vont très probablement perdurer tout le weekend. De leur côté, les oppositions syndicales et politiques ont accentué la pression contre la réforme des retraites toute la journée, avec en arrière-plan la menace d’une motion de censure du gouvernement qui passerait et engendrerait une refonte du paysage politique.

Sur le plan politique, c’est un désastre. Les syndicats et la Nupes s’imaginent triomphants, obtenant le retrait de la réforme des retraites. Sauf que ce qu’ils sont en train d’obtenir, c’est un tapis rouge pour Marine Le Pen, qui profite allégrement de la situation. Elle est la seule, au nom de son groupe Rassemblement national, a avoir annoncé qu’elle voterait toutes les motions de censure pour faire tomber le gouvernement. Tout passe dorénavant par elle.

Car depuis le début, Marine Le Pen est comme eux tout à fait contre l’augmentation de l’âge de départ à la retraite voulue par le gouvernement. Elle a même promis qu’elle reviendra sur la loi si elle est élue. Cela n’a rien d’étonnant, tous ces gens veulent la même chose : un capitalisme qui tourne à plein régime et qui paie cher pour la paix sociale.

S’il n’y a pas de contenu socialiste à la contestation, alors celle-ci profite à l’extrême-droite, au nationalisme. C’est une leçon du 20e siècle que l’on connaît bien à Gauche. C’est exactement ce qui se passe sous nos yeux.

Il n’y a qu’une issue dans ce cas, c’est le nationalisme. A moins que la Gauche ne s’exprime et ne fasse vaciller l’édifice capitaliste lui-même. Sinon, c’est le rouleau compresseur.

Actuellement, depuis un an maintenant, tout passe par la guerre. L’Occident, le capitalisme occidental, joue sa survie en menant la guerre à la Russie (et bientôt à la Chine). Alors il faut l’aider à sombrer, en sabotant la guerre. C’est la clef.

Mais si la crise politique actuelle ne déstabilise pas la France dans son élan guerrier contre la Russie, alors c’est un échec cuisant pour toute perspective démocratique et populaire.

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L’intersyndicale pleurniche auprès d’Emmanuel Macron

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être…

Le mouvement syndical du 7 mars 2023 censé bloquer l’économie n’ayant été rien d’autre que traditionnel, c’est-à-dire gesticulatoire, il ne restait plus qu’une carte pour l’intersyndicale, vite abattue. Cela consiste à rappeler aux institutions étatiques que les syndicats sont eux-mêmes une partie de ces institutions, un appendice du capitalisme.

Sauvez-nous, disent les syndicats, ou bien les masses vont agir de manière autonome par rapport aux institutions, et là le capitalisme peut être remise en cause.

Les gens sont contre la réforme, disent les syndicats, et si nous n’aboutissons à rien nous n’aurons plus ni légitimité ni crédibilité, « la situation pourrait devenir explosive ». Donnez-nous au moins des miettes, pour sauver la face !

Et pour que cette soumission syndicale soit sans ambiguïtés, elle passe par une lettre envoyée au président de la République, qui comme on le sait est censé être, dans le régime de la Ve République, « au-delà » des intérêts partisans.

Cela révèle parfaitement la nature des syndicats, un appendice du capitalisme pour corrompre et neutraliser, accompagner un mode de vie beauf.

Il y a par ailleurs des idiots utiles du capitalisme qui depuis des mois (ou des années), surtout à gauche de la gauche, présentent la CGT comme un rempart populaire : c’est mensonger, et cette lettre de soumission complète qu’elle signe avec tous les autres en témoigne parfaitement.

Les syndicats sont simplement un aspect du 24 heures sur 24 du capitalisme, ils sont une partie du problème, certainement pas de la solution. C’est tout l’occident qui doit tomber, avec son mode de vie, avec ses institutions. Les syndicats de la cogestion ou de la prétendue cogestion de la richesse occidentale sont en opposition aux intérêts des masses mondiales !

Intersyndicale-Lettre-au-PR-8-mars-2023

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L’opportunisme du NPA sur l’Ukraine

Les perpétuelles contorsions de l’opportunisme.

Il existe deux « Nouveau Parti Anticapitaliste ». Celui représentant le canal historique, avec Philippe Poutou et Olivier Besancenot, est totalement favorable au régime ukrainien, et a été par exemple partie prenante de la récente « mobilisation » parisienne, aux côtés de LFI, d’EELV et des nationalistes ukrainiens actifs en France. La raison en est que ce NPA se veut « compatible » avec le populisme de « gauche » à prétention gouvernementale.

Le NPA représentant le canal habituel se veut un retour aux sources, aussi sa position sur l’Ukraine pouvait-elle être attendue. Il l’a exposé dans un article du 9 mars 2023 intitulé « Les révolutionnaires et la guerre en Ukraine : quelle voie pour les travailleurs et les peuples ?« .

Ce qu’on lit un monument d’opportunisme. Il tente tout d’abord de se la jouer à la française en mettant dos à dos les pro-régime ukrainien et ceux qui veulent la « paix » à tout prix. C’est le principe franco-français du « juste milieu ».

Puis, comprenant qu’agauche.org fait très mal à tout cet opportunisme en disant que l’ennemi est dans notre propre pays – ce que nous sommes les seuls à dire -, l’article du NPA cherche à imiter cette position. Voici ce que cela donne :

« La question qui se pose pour les révolutionnaires internationalistes en France, une métropole impérialiste occidentale, est celle de pouvoir faire émerger un mouvement qui, dans la rue, s’opposerait à la spirale militaire et guerrière dans laquelle les impérialistes entraînent l’humanité.

Un mouvement qui ne se contenterait pas de dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’affirmer sa solidarité avec les peuples d’Ukraine, et également de Russie, de Biélorussie, mais qui s’opposerait également, ici et maintenant, aux plans militaires de notre propre bourgeoisie, à la course aux armements à laquelle se livrent marchands d’armes et gouvernements occidentaux qui en profitent, dont celui de Macron. »

Est-ce à dire que le NPA considère que la France est en guerre contre la Russie ? Que le NPA fait de l’Otan et de la superpuissance américaine l’ennemi principal? Que le NPA va se positionner contre le soutien militaire occidental au régime ukrainien ?

Pas du tout ! Ce qui est reproché aux Etats occidentaux, c’est de livrer des armes… avec des arrière-pensées.

« C’est bien l’État russe qui est à l’œuvre directement militairement sur le sol ukrainien, et c’est pourquoi notre premier mot d’ordre, en tant que révolutionnaires internationalistes, doit être celui du retrait inconditionnel des troupes russes d’Ukraine.

Ce qui en découle, c’est la reconnaissance du droit à la population ukrainienne de se défendre, y compris avec les armes livrées par les impérialistes.

Tout autre chose est d’appeler à la livraison d’armes, et de ne rien dire sur la politique des impérialistes occidentaux.

Révolutionnaires des pays occidentaux, nous devons rappeler que « l’ennemi principal est dans notre pays », c’est pourquoi nous devons dénoncer la partition jouée par les impérialistes sur le dos du peuple ukrainien, le renforcement de la militarisation. 

Donc selon le NPA il faut soutenir les livraisons occidentales d’armes à l’Ukraine, mais être contre parce que cela renforce la militarisation, tout en soutenant le régime ukrainien sans le soutenir. L’article dit explicitement d’ailleurs qu’il n’y a rien de nazi dans le gouvernement ukrainien, c’est qui est tout de même un comble.

Et la raison de toute cette incohérence, c’est que de toutes façons il faut que tous les travailleurs du monde se donnent la main.

Voilà bien l’opportunisme, la manipulation ! On prétend être contre la guerre en général avec une grande rhétorique, pour ensuite justifier au nom de la réalité qu’il faut converger avec son propre capitalisme, tout en prétendant le critiquer.

Tout cela est faux, contre-productif. L’État ukrainien est un État fasciste servant de marionnette occidentale : combattre son propre capitalisme, c’est vouloir la défaite de son propre capitalisme, donc de l’État ukrainien bandériste.

Quant à la Russie, que l’article présente somme toute comme l’ennemi principal, ce n’est pas notre affaire. Nous sommes en occident, nous combattons de manière principale l’occident. Nous voulons la défaite de notre camp, pas la paix en général, pas le pacifisme en général.

Du point de vue occidental, quand on est réellement de gauche, on souhaite la défaite de toutes les entreprises de la superpuissance américaine, ainsi que de ses jouets que sont l’Otan et l’Union européenne !

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Les femmes doivent s’unir contre la guerre

Les acquis féministes disparaissent avec la guerre pour le repartage du monde.

Les femmes sont comme les hommes en France : elles pensent qu’elles vivent dans un îlot protégé du cours du reste du monde. L’occident serait une forteresse où les acquis progresseraient inéluctablement, comme le niveau de vie.

C’est une illusion. Toutes les puissances, grandes, moyennes et petites, vont à la bataille pour le repartage du monde. Cela passe par la guerre et la guerre, c’est la systématisation du patriarcat, parce que les armées des pays capitalistes sont ainsi faites.

Il suffit de voir le conflit en Ukraine pour voir comment, tant en Ukraine qu’en Russie, les valeurs patriarcales ont totalement triomphé, comment les femmes servent uniquement de support, de soutien, de faire-valoir.

L’impact sera dévastateur pour les années après la guerre – et après la guerre, on en est encore très loin ! Le conflit continue et il charrie chaque jour davantage de mise à l’écart des femmes. La guerre pour le repartage du monde est aussi une machine de guerre contre les femmes !

Une même tendance militariste sera forcément à l’œuvre en France, pays partie prenante de la guerre américaine contre la Russie. Le patriarcat en sortira indéniablement renforcé, à tous les niveaux.

Et il profitera de ce qui existe déjà partout. Car à côté du féminisme bourgeois « revendicatif » des réseaux sociaux, la situation des femmes dans le peuple est désastreuse. La chirurgie esthétique est devenue un véritable classique féminin, la psychologie féminine est façonnée par le souci de plaire aux hommes avec toute une consommation spécifique de différents produits (de beauté, habillement, etc.).

Jamais on aura atteint un tel degré d’aliénation, avec la femme réduite au niveau d’une femme-objet, d’une femme marchandise. C’est inévitable dans une société où tout devient marchandise, où les rapports humains sont façonnés dans leur plus grande mesure par les rapports capitalistes.

Il est juste de dire que c’est toute la psyché féminine qui doit se libérer, dans un processus historique millénaire. La guerre de repartage du monde qui se met en place se pose par conséquent comme le grand défi aux femmes du monde entier.

Si elles ne s’y confrontent pas, elles se feront historiquement encore mettre de côté. Il faut que les femmes deviennent protagonistes ! Il faut qu’elles assument leur différence, leur rapport différent aux animaux et à la Nature, qu’elles ne se laissent pas pourrir, ni par l’idéologie LGBT qui nie la différence hommes-femmes, ni par le conservatisme qui leur propose un rôle « rassurant » dans la soumission.

Les femmes portent les valeurs du monde à venir – mais elles ne peuvent les porter que si elles s’arrachent à leur approche de ne faire évoluer les choses, d’agir, d’avancer qu’indirectement ! Cette méthode de « l’indirect » est le fruit de milliers d’années de soumission des femmes forcées, par leur mise à l’écart, de tenter de changer les choses sans agir directement.

C’est avec cela qu’il faut rompre ! Les femmes doivent être en première ligne, contre la guerre, pour le Socialisme, pour les orientations de la société !

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La Gauche historique ne fantasme pas sur la « grève générale »

L’anarchisme, l’anarcho-syndicalisme : une plaie dans notre pays.

Ce 7 mars 2023, les syndicats visent à organiser en France une vaste grève. Cette grève n’est pas organisée selon les principes de la Gauche historique. Elle relève de l’économisme, du trade-unionisme, c’est-à-dire du réformisme, dans son alliance à l’anarcho-syndicalisme qui rêve qu’une « grève générale », soit le prélude du « grand soir ». On est là dans le mythe mobilisateur théorisé par Sorel et tous les « socialistes français » rejetant le marxisme.

Rosa Luxembourg rappelle, dans Grève de masse, parti et syndicat, écrit en 1905, que la Gauche historique ne conçoit le mouvement ouvrier qu’à travers le prisme de la conscience politique. Elle nous dit de la position historique de la social-démocratie, du marxisme :

« Elle est dirigée contre la théorie anarchiste de la grève générale qui oppose la grève générale, facteur de déclenchement de la révolution sociale, à la lutte politique quotidienne de la classe ouvrière.

Elle tient tout entière dans ce dilemme simple : ou bien le prolétariat dans son ensemble ne possède pas encore d’organisation ni de fonds considérables – et alors il ne peut réaliser la grève générale – ou bien il est déjà assez puissamment organisé – et alors il n’a pas besoin de la grève générale.

Cette argumentation est, à vrai dire, si simple et si inattaquable à première vue, que pendant un quart de siècle elle a rendu d’immenses services au mouvement ouvrier moderne, soit pour combattre au nom de la logique les chimères anarchistes, soit pour aider à porter l’idée de la lutte politique dans les couches les plus profondes de la classe ouvrière.

Les progrès immenses du mouvement ouvrier dans tous les pays modernes au cours des vingt-cinq dernières années vérifient de la manière la plus éclatante la tactique de la lutte politique préconisée par Marx et Engels, par opposition au bakouninisme : la social-démocratie allemande dans sa puissance actuelle, sa situation à l’avant-garde de tout mouvement ouvrier international est, pour une très grosse part, le produit direct de l’application conséquente et rigoureuse de cette tactique. »

Dans ce même ouvrage, Rosa Luxembourg constate qu’en Russie un nouveau phénomène est apparu, qui exige de recalibrer la notion de grève. Il y avait en effet, dans toute la période menant aux deux révolutions russes de 1917, de multiples grèves. Mais elles avaient un caractère contestataire visant le régime et c’est pourquoi Rosa Luxembourg parle de « grève politique de masse ».

Ce qui se passe en France n’a rien à voir avec un tel mouvement secouant le régime. On est dans le réformisme, purement et simplement.

La Gauche historique, celle qui s’appuie sur la social-démocratie et le marxisme, refuse d’accorder une valeur à un tel réformisme qui rejette le Socialisme comme objectif incontournable.

Elle n’accepte pas non plus une ligne populiste visant à « manipuler » les travailleurs pour qu’ils passent sans s’en apercevoir de revendications au camp du socialisme – comme si une telle chose était possible.

Cette conception d’amener les travailleurs comme malgré eux dans le camp du Socialisme est celle, trompeuse, mensongère, du réformisme à prétention « révolutionnaire », du trotskisme avec le « programme de transition ». C’est une négation de l’importance de la conscience, et ce d’autant plus dans un pays comme la France où règne le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La Gauche historique affirme que tout dépend du niveau de conscience. Dans son fameux ouvrage Que faire?, en 1902, Lénine salue comment le dirigeant de la social-démocratie Karl Kautsky valorise la conscience, lui reconnaissant le rôle central. Et il pose que :

« Du moment qu’il ne saurait être question d’une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement , le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.

Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes).

C’est pourquoi tout rapetissement de l’idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l’idéologie bourgeoise.

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l’idéologie bourgeoise, Il s’effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c’est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c’est justement l’asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.

C’est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu’a le trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie, et de l’attirer sous l’aile de la social-démocratie révolutionnaire. »

La question est politique, toute question est politique. Une grève sur une base économique peut exister, mais en dernier ressort elle dépend d’une orientation politique : les syndicats sont une courroie de transmission du Parti menant au Socialisme.

Sinon, tout se joue dans le cadre du capitalisme et, en dernier ressort, sert le capitalisme pour trouver des manières de se ré-impulser, de se relancer!

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Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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La Gauche Républicaine et Socialiste est atlantiste

Elle se range dans le camp de la superpuissance américaine.

Depuis le début de la guerre, la « Gauche Républicaine et Socialiste » (GRS) n’a pas changé de position : « Nous ne pouvons plus reculer. ».

La Gauche républicaine et socialiste est un parti issu d’une scission du Parti socialiste fin 2018. Il s’agit globalement de la gauche du PS de l’époque, regroupée autour d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann. Le parti s’était rallié en 2019, pour les élections européennes, avec la France Insoumise, et pour les élections de 2022 avait soutenu Fabien Roussel. 

Depuis le début de la guerre, la GRS a pris des positions tout à fait franches, dans le sens d’un soutien quasi-aveugle aux fauteurs de guerre américains. Si au 24 février 2022, il apparaissait comme censé d’apporter un soutien au peuple ukrainien, pour que celui ci puisse défendre son intégrité territoriale, la situation a depuis lors changé entièrement. La Russie a mené une guerre pour se sortir de ses propres contradictions, internes, cette guerre a renforcé le camp occidental et a davantage soumis le régime ukrainien aux puissances occidentales.

La GRS, le 24 février déclarait de la manière suivante sur son site internet dans un document au titre « Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à Poutine »:

«  Le Président russe justifie son « opération militaire » par une série de prétextes fallacieux : l’Ukraine serait « aux mains des nazis » et entreprendrait un « génocide » contre les russophones du Donbass…

Il réitère aussi ses arguments géostratégiques : l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine menace la Russie ; les accords de Minsk de 2015, validés par le Conseil de Sécurité pour régler le conflit au Donbass, ont été sabotés.

Mais l’heure n’est plus à la comptabilité des torts des uns et des autres. La responsabilité de la spirale guerrière repose à présent entièrement sur le maître du Kremlin.

Il faut tirer les conséquences de cette politique criminelle du fait accompli en aidant l’Ukraine, en soutenant toutes les sanctions

économiques adaptées à la situation, mais aussi en prenant des mesures de défense pour sécuriser la frontière Est de l’Union

européenne. Il faut aussi obtenir le plus large consensus à l’ONU pour faire respecter le droit international.

Vladimir POUTINE nous oblige à relever le rapport de forces, pour l’instant déséquilibré, qu’il a lui-même créé.

Les Européens et leurs alliés doivent faire comprendre maintenant à la Russie qu’elle ne sortira pas gagnante de cette confrontation. C’est la condition sine qua non pour la faire revenir à la raison, cesser les hostilités, se retirer Ukraine et s’asseoir à la table des négociations. 

Pour que la paix revienne durablement sur le continent, pour que la sécurité de tous soit assurée, nous ne pouvons plus reculer. »

Le passage le plus important est bien sûr la toute fin « nous ne pouvons plus reculer. ». Face à la Russie, présentée comme la seule fautive, il faudrait donc lui faire la guerre. Le 1er Mars 2022, Emmanuel Maurel réagit à propos de la résolution du parlement européen sur la guerre en Ukraine. Bien qu’il déclare dans ce texte des propos condamnant l’OTAN, il appelle directement à la guerre, et dénonce une nouvelle fois Vladimir Poutine comme étant le seul fautif, sans mentionner une seule fois le fait qu’il s’agissait (au début de la guerre), d’une guerre entre puissances pour le repartage du monde et dont la principale victime est le peuple ukrainien. Il déclare à ce sujet:

« À cet égard, et contrairement à la majorité des parlementaires européens, je maintiens que lOTAN nest pas un facteur de sécurité et de stabilité à long terme pour notre continent. Sa vocation défensive a été démentie par les faits plusieurs fois depuis la fin du siècle dernier ; et surtout, l’OTAN assoit notre sujétion aux États-Unis, puissance non européenne et politiquement volatile, comme l’a montré la présidence de Donald Trump. »

En octobre de la même année, la GRS qualifie le sabotage probablement, directement ou indirectement par la CIA, du gazoduc Nord Stream 2, comme étant « complotiste », les États-Unis ne pourraient en être les responsables ; et ce parce que la GRS raisonne en termes géopolitiques. Rien que le titre de l’article démontre clairement les intentions de la GRS « Le fantasme du complot américain pour remplacer le gaz russe en Europe ». Dans l’article la GRS prétend que cela est faux puisque l’Europe s’est tournée vers le Golfe (qui est en partie une colonie américaine).

« Lorsque l’Allemagne, confrontée à l’effondrement de la stratégie énergétique d’Angela Merkel, doit réagir, elle n’a pas couru à Washington, mais vers le golfe. C’est au Qatar que l’Allemagne s’approvisionne aujourd’hui, et compte sur ses deux terminaux flottants provisoires avec des capacités modiques mais nouvelles de gazéification, ouverture prévue début 2023, pour se passer et du gaz russe, et d’un gaz américain qui de toute façon n’existe pas dans les quantités nécessaires… »

Le 3 janvier dernier, la GRS, dans l’article «  “L’historien face à la Guerre en Ukraine” – réflexions d’un étudiant en histoire », déclare: 

« Les mots, car ils ont un sens, on ne peut les tordre. La réalité des choses, tordre le sens des mots revient à faire du Orwell, cela mène au totalitarisme. Les mots comme nazi ou génocide ne peuvent être employés à tout bout champs. Soyons vigilants, sur les fables, la réécriture et l’utilisation des mots erronés de la part de Poutine et/ou des médias russes. ».

Il y aurait donc nécessairement un camp du bien, qui ne dit que la vérité (l’Occident) et un camp du mal qui ne fait que mentir (la Russie), alors qu’évidemment que le régime ukrainien est un régime corrompu et bandériste. 

Le 4 février dernier, invité d’une émission sur France 24, Emmanuel Maurel déclare: « On l’aide comment ? On l’aide financièrement[…], il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire […] c’est qu’on aide les ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça c’était la position européenne jusqu’à maintenant, et moi je souhaite qu’on en reste là. » Même si dans les dires il ne veut pas d’escalade, cette position d’équilibriste est intenable: soit on participe au conflit d’une manière ou d’une autre soit on fait partie du camp de la paix.

Le communiqué pour le triste anniversaire de la guerre sur le territoire ukrainien est on ne peut plus clair; publié sous le titre « Un an de guerre de Poutine en Ukraine » il détaille :

« Une année s’est écoulée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une année terrible et meurtrière où des centaines de milliers de soldats et de civils ont péri et dont les dégâts se chiffrent déjà en centaines de milliards. Une année que Vladimir Poutine s’entête, au mépris des principes fondamentaux du droit international que la Russie avait pourtant participé à créer.

Mais dans leur hubris, Poutine et ses sbires ont rencontré un hiatus: la résistance du peuple ukrainien. Pour les Ukrainiens, l’enjeu est simple : s’ils arrêtent de se défendre, leur pays disparaît.

Pour faire cesser la guerre, la balle est dans le camp du Kremlin. Sa responsabilité est totale.

En apportant son aide pour la défense de l’Ukraine, la France applique le droit à la légitime défense du pays agressé face au pays agresseur. Jamais nous ne reconnaîtrons l’autorité de Moscou sur les territoires envahis et occupés, qui sont Ukrainiens et le resteront.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien à l’Ukraine et à son peuple. Elle appelle également à réfléchir dès maintenant à l’après et préparer la reconstruction des zones détruites. Cela passera dans un premier temps par l’annulation de la dette ukrainienne et l’octroi d’aides qui doivent permettre à l’Ukraine d’opérer sa transition vers une démocratie pleine et entière, débarrassée de la corruption.

C’est à ce prix que nous montrerons à l’Ukraine que nous nous tenons à ses côtés pour l’avenir.

La France doit agir de toutes ses forces pour l’arrêt de cette boucherie et le retour à une paix fondée non pas sur le fait accompli mais sur le droit international et visant à l’entente entre tous les peuples. »

La GRS a choisi son camp : celui de l’Occident décadent et va-t-en-guerre, si elle garde bien des termes de gauche et se positionne contre l’escalade, il ne s’agit que d’une position de principes. Dans les faits, la GRS est un agent de plus aux services des fauteurs de guerres, qui souhaitent soutenir sans retenue le régime ukrainien, contre son propre peuple.

Rien que le visuel utilisé pour illustrer l’article en date du 24 février est symptomatique de cette démarche, des drapeaux bandéristes sont présents sur l’image. Pas un mot sur les nazis, l’antisémitisme, l’anticommunisme,  le bandérisme en Ukraine, tout cela ne serait que des inventions poutiniennes. Si bien évidemment cela a facilité le travail du régime moscovite dans sa tentative de sortie de ses propres contradictions, dans la mobilisation des masses en Russie, il ne faut pas nier que cela reste une réalité. L’appareil d’Etat ukrainien est corrompu comme dans les années 1990, et il est intégralement bandériste. Le nationalisme belliciste ukrainien, de type pro-occidental et fanatiquement anti-slave, est l’idéologie officielle du pouvoir ukrainien.  L’Ukraine n’est pas un pays souverain, ni même vraiment indépendant, c’est une colonie occidentale, et qui en paye le lourd tribut ? Les peuples comme toujours. Alors que la GRS soutient activement et appelle à soutenir non pas seulement le peuple ukrainien mais l’Ukraine. Ce qui est tout à fait différent. Le peuple ukrainien est victime de son propre régime et de l’occident, tandis que l’Ukraine, en tant qu’État et appareil d’état, est un laquais des occidentaux. Et c’est cet État qui serait une grande résistance face à la méchante Russie, alors qu’en réalité c’est de la chair à canon fanatiquement antirusse, et c’est bien comme ça que le voient les occidentaux; ça n’est qu’un pion, et si l’Ukraine tombe ça n’est pas plus grave, les Polonais ou les Roumains prendront la relève.

En fait le problème principal est que la GRS croit profondément que l’Europe actuelle est démocratique et sincère, elle croit encore dans la propagande des années 1990 durant lesquelles l’Europe et l’OTAN devaient signifier la fin de l’Histoire, et la paix entre les peuples. Mais avec l’irruption de la crise générale du mode de production en 2020 les choses ont changé, les cartes sont redistribuées, et c’est le retour de la guerre aux peuples. La GRS n’a pas saisi de manière juste la séquence historique.

Lorsque l’on est de gauche, on ne peut pas accepter le néo-colonialisme, l’envoi des armes,  qui serviront à tuer frères et sœurs de classe et de culture, car lors des guerres injustes ce sont toujours les peuples qui dégustent. Et forts de l’expérience historique de la guerre de 1914-1918, forts de l’expérience de Rosa Luxembourg, de Lénine, et des autres pacifistes, l’on sait que l’ennemi se trouve dans notre pays, alors Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à l’Occident !

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Bien loin de l’occident

Loin des richesses de l’occident.

Si on parle parfois en occident des pays du tiers-monde en guerre, on oublie tout le temps que la vie quotidienne des masses mondiales est marquée par une grande violence. Un pays comme la Corée du Sud connaît un despotisme psychologique terrible, la lutte pour la vie quotidienne est affreuse au Nigéria, alors qu’en Amérique latine la violence des gangs provoque des dizaines, des centaines de milliers de morts.

Les gangs au Brésil font plus de morts que la guerre civile en Syrie, la violence est partout au Venezuela et à Haiti, le Mexique est partout aux mains des narcotrafiquants liés à la corruption des institutions…

Le tiers-monde mène une vie invivable, il ne peut pas rester serein, il veut bousculer l’ordre mondial. L’hégémonie de l’occident est immanquablement condamné et il faut choisir son camp !

La vidéo suivante est marquante à ce niveau, elle a été publiée par le président salvadorien, elle présente une nouvelle prison construite pour accueillir les gangs qui pullulent dans le pays, dans des cellules de 100m2 avec seulement deux toilettes et deux endroits pour se laver.

Violence, misère, militarisation… la majorité de l’humanité ne connaît pas les privilèges de l’occident.

C’est une vidéo littéralement terrible, qui peut hanter. Mais elle reflète la réalité, elle est la réalité, une autre réalité bien loin de l’occident !

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Manifestations pour le régime ukrainien avec LFI, le NPA…

Ils se rangent derrière les bandéristes.

Les manifestations en faveur du régime ukrainien en France le samedi 25 février 2023 n’ont pas donné grand-chose. Plusieurs centaines à Paris, quelques centaines ailleurs : à Montpellier, Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon, Nice, ou encore Brest. Ce n’était pas manque d’information : beaucoup de médias en ont parlé en ne disant que du bien.

Cela a été une vraie tentative de mobiliser, et France inter, première radio de France, a même fait une carte listant la vingtaine de rassemblements. Il y a également eu l’affiche réalisée par l’artiste parisien tendance du moment, « C215 ».

Donc, même en comptant le plus largement possible, en surestimant les chiffres à fond, il y a eu… 13 000 personnes qui se sont mobilisées.

Alors qu’il y a en France, rappelons-le, plus de 100 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, qui sont venues d’Ukraine à la suite déclenchement du conflit.

C’est donc un échec complet pour la mobilisation en faveur du régime ukrainien, un total fiasco. Il n’y a pas, malgré la propagande médiatico-politique acharnée contre la Russie et pour l’Otan, de mobilisation générale en ce sens en France. Même pas chez les Ukrainiens réfugiés.

On a uniquement affaire à des excités plus ou moins directement liés aux institutions et à ses initiatives, comme le fait de mettre la Tour Eiffel aux couleurs ukrainiennes.

Il n’en reste pas moins – et c’est là terrible – que quasiment tout ce qui est lié de prêt ou de loin à la Gauche ou au syndicalisme en France, soutenait ces rassemblements, y étant partie prenante au premier rang.

Ces gens, par soumission à l’occident et à ses intérêts, soutiennent dans les faits sans scrupule et unilatéralement le régime ukrainien, qui est ultra-nationaliste et interdit violemment la Gauche et tout ce qui se rapproche de la Gauche en Ukraine.

Tous ces gens, en Ukraine, seraient interdits, visés par une extrême-Droite armée omniprésente. Un sacré paradoxe. Car soutenir les nationalistes ukrainiens, les « bandéristes », que cela ne dérange pas les Etats-Unis et l’Union européenne en même temps pro-LGBT et plein d’idéologie « inclusive », c’est dans l’ordre des choses.

Mais que des gens se disant de Gauche manifestent à l’appel des bandéristes et en présence de l’ambassadeur d’Ukraine… là, tout de même….

Qui trouvait-on notamment pour soutenir le régime ukrainien, l’OTAN, la guerre américaine à la Russie?

La France Insoumise, le Parti Socialiste, le Nouveau Parti Anticapitaliste…

La Ligue des Droits de l’Homme, Mémorial 98 (association « contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme »), L’Alliance des femmes pour la démocratie…

ATTAC, Europe Écologie-Les Verts, Ensemble, La Gauche éco-socialiste, Génération écologie…

Les syndicats CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU.

Tout ce petit monde appelait à marcher « pour l’Ukraine », en réalité pour les plans américains en Ukraine contre la Russie. Voilà la vérité !

Ces gens se sont condamnés historiquement. Leur ligne est celle de l’alignement sur les intérêts du capitalisme américain. Ils parlent beaucoup, revendiquent du social, mais rentrent dans le rang dès que la bourgeoisie le leur demande.

Et cela alors que le même jour, en Allemagne, 50 000 personnes manifestaient contre les fournitures d’armes au régime ukrainien. Quelle différence !

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Le Rassemblement national s’aligne sur l’OTAN

C’est la soumission à la superpuissance américaine.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est en train de réaliser le même alignement sur l’OTAN que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Historiquement, ces deux formations insistent particulièrement sur la notion d’indépendance, comprise au sens nationaliste. La France serait une grande puissance et elle devrait elle-même décider de ses orientations.

Le déclenchement du conflit militaire en Ukraine en février 2022 a tout changé. Il a immédiatement mis KO debout Marine Le Pen et Eric Zemmour. La première voyait clairement la Russie comme un allié essentiel à une France nationaliste (et inversement), Eric Zemmour aurait profité du conservatisme russe tout en étant pro-américain.

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se sont de leur côté rapidement effacé, prônant encore une « solution » pacifique, mais votant à l’instar des députés européens en faveur du soutien militaire au régime ukrainien. Le refus de l’OTAN est passé à la trappe également.

Le Rassemblement national devait soit faire de même, soit assumer de représenter la fraction la plus agressive, la plus nationaliste de la haute bourgeoisie française. Cependant, cette dernière s’est faite marginalisée par le reste de la bourgeoisie, qui s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Alors, c’est le changement de ligne. Il a été officialisé par Jordan Bardella, 27 ans, président du Rassemblement national depuis novembre 2022. Le vecteur de ce changement a été L’Opinion. C’est un quotidien de droite libérale confidentiel, mais jouant un rôle auprès des « décideurs ». L’interview de Jordan Bardella publié le 23 février 2023 par ce quotidien correspond ainsi à une reconnaissance, une intronisation par la bourgeoisie.

Jordan Bardella reconnaît ainsi avoir été là le 9 février 2023 lorsque, au parlement européen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu une standing ovation (voire notre article – Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique).

Ses propos expriment la soumission à la ligne générale de la bourgeoisie :

« Nous avons dès le début du conflit émis une condamnation très claire, franche, et sans aucune retenue de cette agression. Je crois qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un État européen. »

« Il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. »

« Le réel est revenu frapper à nos portes et il est clair que le Vladimir Poutine d’il y a cinq ans n’est pas celui qui, cinq ans plus tard, décide d’envahir l’Ukraine et de commettre des crimes de guerre à Odessa ou à Marioupol. »

« Je suis favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières. »

« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. La cause ukrainienne a ému l’ensemble des opinions européennes. Et c’est peut-être là aussi ce qu’a sous-estimé Vladimir Poutine. Nous avons une proximité culturelle avec l’Ukraine. »

« Oui il y a entre la France et la Russie une guerre d’intérêt et une guerre d’influence qui s’étend jusqu’à l’Afrique (…). La Russie est un concurrent et un adversaire dangereux. »

On ne trouve naturellement pas un mot sur l’OTAN. Et, dans la foulée, Marine Le Pen a publié le 24 février 2023 un texte sur le conflit militaire en Ukraine qui a désormais un an. Le quotidien Libération a voulu voir un rappel à l’ordre fait à Jordan Bardella. Mais bien au contraire, Marine Le Pen conforte cette ligne.

Elle fait juste de la politique, avec la même ligne que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d’ailleurs : le gouvernement a raison dans le fond, mais il fait les choses mal, on les ferait mieux en veillant mieux aux intérêts de la France, etc.

Il n’est pas de hasard qu’il y a, strictement parallèle à cela, la déclaration d’une même soumission à l’OTAN, à la guerre américaine contre la Russie, de la part de l’intersyndicale menant la lutte contre la réforme des retraites.

C’est l’Union sacrée et tout le monde doit se soumettre. Et à Gauche, peu bien résistent et maintiennent leur opposition !