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Société

Piotr Pavlenski, le héraut de la postmodernité

Pseudo opposant russe et vraie figure de l’art contemporain, Piotr Pavlenski a joué, dans l’affaire Benjamin Griveaux, un rôle motivé par l’idéologie postmoderne. Pour lui, puisque La République En Marche assume le libéralisme libertaire, il faudrait aller au bout. En cela, il est simplement en avance.

Piotr Pavlenski est un hurluberlu libéral libertaire qui, par définition, est l’ennemi juré de la Gauche historique. Pour lui, la morale n’existe pas, les normes sont à rejeter par définition. Ses propos au quotidien Libération, où il explique son action contre Benjamin Griveaux, sont à vomir :

« C’est quelqu’un qui s’appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire.

Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu’ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis parisien, c’est important pour moi. »

Après avoir échoué à diffuser son idéologie libérale-libertaire en Russie – un pays pour le coup prisonnier de son frère jumeau, le nationalisme traditionaliste – Piotr Pavlenski tente donc de jouer le coup à fond en France.

On parle d’une personne qui en Russie s’est cousu la bouche, cloué la peau de ses testicules sur la place Rouge, enroulé nu dans du fil barbelé devant l’Assemblée législative de Saint-Pétersbourg, s’est coupé un bout d’oreille devant un institut psychiatrique à Moscou, a mis le feu aux portes du siège du FSB (la sécurité intérieure russe).

Installé en France, il a mis le feu, en 2017, à l’entrée d’un bâtiment de la Banque de France à Paris. Le tout au nom bien entendu d’une sorte de pseudo révolte existentialiste de type libéral libertaire, qu’on retrouve dans son site « pornopolitique.com » qui a immédiatement fermé une fois l’affaire Benjamin Griveaux lancée.

Voici la présentation du site :

« pornopolitique est la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques créée par Piotr Pavlenski en 2020.

Notre rédaction invite tous ceux qui ont une histoire, une correspondance, des photographies ou vidéos dans lesquelles des fonctionnaires et représentants politiques interviennent en tant qu’acteurs et créateurs de contenu à caractère sexuel ou pornographique à nous contacter pour publication sur pornopolitique.

Vous pouvez envoyer vos contributions à: x@x

Seuls les fonctionnaires et représentants politiques qui mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu’ils le méprisent eux-mêmes, intéressent pornopolitique.

Ainsi le contenu pornographique diffusé n’est-il pas lié à la personnalité ni aux opinions politiques des fonctionnaires et représentants politiques mais à leur hypocrisie, devenue le fondement habituel du carriérisme politique et la cause de l’obscurantisme monstrueux dans lequel notre société s’est enlisée.

La confiance de nos sources est la première de nos deux priorités inconditionnelles. Par conséquent, l’identité de chaque contributeur restera anonyme s’il ne souhaite pas rendre son nom public.

La deuxième, mais non la moindre, de nos priorités inconditionnelles est la confiance que nos lecteurs nous accordent. Par conséquent, la ressource contient une rubrique « Doutes », dans laquelle nous publions tous les documents dont notre rédaction doute de la source et de la fiabilité. En cas de confirmation de sa fiabilité, le matériel est extrait de cette rubrique pour prendre dignement sa place parmi le contenu pornographique vérifié.

Ces deux priorités inconditionnelles forment le socle de notre réputation.

Nous comptons sur le soutien financier de nos lecteurs. Dons, crowdfunding ou toute autre forme de soutien sont les bienvenus. Nous excluons fondamentalement tout financement public afin de ne pas être soupçonné de partialité quant au contenu publié.

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Citoyens de France et d’autres pays ! Correspondez ! Faites, inspirez le porno !

Politiciens, fonctionnaires, représentants politiques – ils sont parmi nous, et ils sont nombreux !

Aujourd’hui, chacun de nous peut être auteur et réalisateur.

Bien ou mal, seul le temps sera juge. N’ayez peur de rien.

C’est notre seul moyen de sortir des marécages du puritanisme et de l’hypocrisie ! »

On reconnaît là les principes du « happening » postmoderne, censé être à la fois artistique et libérateur, alors qu’en réalité c’est du subjectivisme pur et simple, un egotrip de faux artiste prétendant « remuer » les choses.

Qui plus est, ce discours n’a été qu’un prétexte pour amener la chute de Benjamin Griveaux. Piotr Pavlenski est ainsi l’exemple même du crétin anti-démocratique, de l’idiot postmoderne au service de l’effondrement des valeurs – ce qui accélère la montée en puissance du Fascisme comme force de « régénération ».

> Lire également : Benjamin Griveaux ou la décadence du personnel bourgeois

Entre les nationalistes et les postmodernes, la démocratie et le peuple sont pris en étau. La Gauche doit briser cet étau, développer la démocratie du peuple, pour ne pas que la civilisation même soit broyée par le libéralisme post-moderne et le traditionalisme réactionnaire !

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Culture

Incendie d’une installation d’«art» contemporain dans un quartier HLM de Nantes

Dans la nuit de mardi à mercredi, une installation prétendument artistique sur une grande place d’un quartier HLM de Nantes a été brûlée. Il s’agissait d’une voiture installée autour d’un arbre de manière à donner l’impression qu’il est encastré dedans. Cette œuvre était non-seulement une insulte à la nature, mais également d’une grande stupidité sur le plan culturel, comme tout l’« art » contemporain. Le rejet était inévitable.

Auparavant, les prétendues œuvres d’« art » contemporain étaient restreintes aux sphères les plus hautes de la bourgeoisie, surtout dans les grandes villes. Cependant, cela a aussi été une idéologie « moderniste » largement utilisée par la Gauche gouvernementale pour souligner sa rupture avec le passé.

Les bâtiments construits sous l’égide de François Mitterrand en témoignent. Un exemple connu sont les « colonnes de Buren » à Paris, dont le projet avait été stoppé par la Commission supérieure des monuments historiques, le ministre de la culture Jack Lang passant ensuite en force.

De l’eau a coulé sous les ponts et beaucoup d’argent dans l’« art » contemporain, désormais un art tout à fait officiel assumé par les institutions. Il est même vecteur de projets pour véhiculer une image moderniste, particulièrement dans la métropole nantaise. Cela fait quasiment partie de l’identité de la ville depuis un peu moins de 10 ans, avec chaque été un certain nombre d’installations dans le cadre du « voyage à Nantes ».

À ce titre, la marque de fabrique locale, la « touche » nantaise, c’est le loufoque. L’idée est de donner une image vivante et jeune, de prétendre à une vie culturelle. L’important serait de « suggérer » quelque-chose, chacun y voyant ce qu’il souhaite y voir, etc.

Tout cela est naturellement entièrement étranger au peuple, qui s’oppose fondamentalement à l’« art » contemporain, qu’il méprise. Il y a cette fameuse scène du film Intouchables où le grand bourgeois fait la leçon à un prolétaire « incapable » de cerner la prétendue profondeur de cet « art ». On peut même dire que les prolétaires portent en horreur ce genre d’installations par définition dis-harmonieuses, élitaires et intellectualisantes sur un mode individualiste subjectif.

La voiture autour d’un arbre dans le quartier HLM de Bellevue à Nantes était ainsi une sorte de happening dans le cadre d’un programme destiné aux écoliers qui dure depuis plusieurs mois… Mais aussi une terrible provocation.

D’un côté, il y avait la naïveté, la candeur propre à une activité « artistique » censée être amenée aux gens. Des personnages loufoques ont ainsi été inventés avec toute une mise en scène avec des courriers lus aux enfants, etc. Une voiture et une toile de tente géante avec un acteur dedans avaient même été installés sur deux immeubles du quartier au printemps dernier.

De l’autre, il y a la réalité concrète, totalement hermétique à ces initiatives stupides, sans valeur culturelle historique. Les tenants de l’« art » contemporain le savaient bien, d’ailleurs, et ont ainsi mené une action pour faire « peuple » – tels qu’ils imaginent le peuple, bien sûr. Mardi, le jour précédent la nuit de l’incendie, une « mémé rodéo » a ainsi débarqué sur la place du marché sur un scooter « en Y », c’est-à-dire en roulant sur la roue arrière…

Le résultat de cette dialectique fut l’incendie de cette « œuvre » qu’était le Renault Scénic blanc transpercé par un arbre. Deux hommes sont venus en voiture, se filmant, se débarrassant du vigile – car il y avait un vigile pour « protéger » cette horreur –, cassant une vitre de la voiture pour mettre le feu à l’intérieur, tout en disant des grossièretés. On a ici un mélange de patriarcat et de rejet populaire d’une conquête « spirituelle » par ce qui est extérieur.

Car tout cela est le marqueur d’une grande tensions sociale à notre époque, s’exprimant ici sur le plan culturel, en assumant une grande détermination. C’est, à n’en point douter, un épisode de la lutte des classes, de manière déformée en raison de l’absence de conscience. Mais on ne peut pas se revendiquer de la Gauche historique et ne pas voir le caractère de conquête intellectuelle que représente le grand vide qu’est l’« art »contemporain.

Il suffit par ailleurs de lire le communiqué de la Maire de Nantes pour voir en quoi ce genre d’installations est un instrument de lessivage des exigences culturelles au profit d’un divertissement stupide :

« Aujourd’hui les habitants de Bellevue sont tristes et en colère. Je veux leur dire que nous ne renoncerons ni à la culture sur l’espace public, ni à la sécurité. Oui la magie de Royal de Luxe a le droit de cité à Bellevue et au cœur de la place Mendès-France. Nous ne comptons sûrement pas renoncer ! »

La mairie bourgeoise veut imposer sa « magie » à un quartier où vit le peuple. De force ! Cela veut tout dire.

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Culture

Debaser des Pixies

› Debaser a été enregistré en 1988 et est sorti sur l’album Doolittle. C’est un morceau du groupe de musique rock indé Pixies, principalement connu pour leur titre « Where is my mind ».

Debaser pourrait se traduire par « rabaisseur », « un snob ». La chanson parle d’un bourgeois qui tente d’impressionner une fille qui lui plaît en lui parlant d’un film surréaliste.

« Got me a movie                 Tu m’as donné/fait voir un film
I want you to know              Je veux que tu le saches
Slicing up eyeballs             Globes oculaires tranchés [référence à l’une des scènes de « un chien andalou »]
I want you to know              Je veux que tu le saches
Girlie so groovy                Jeune fille sensationnelle
I want you to know              Je veux que tu le saches
Don’t know about you            Je ne te connais pas
But I am un chien andalusia     Mais je suis un chien andalousie

Wanna grow up to be             Je veux grandir pour être
Be a debaser… »                être un rabaisseur…

Cette chanson est intéressante car elle joue véritablement avec le côté inutile du surréalisme et de l’attitude qui en découle. À première vu on se dit que c’est de l’art pour de l’art cette chanson, mais pas du tout !

Dans la manière dont est chanté la chanson, on ressent bien que c’est pour se moquer de la bourgeoisie qui se pense intellectuellement supérieure !

C’est donc un homme qui pour tenter de séduire une femme, fais le snob « je veux que tu le saches », se pose en faux appréciateur de l’art « mais je suis un chien d’andalousie » en référence au film surréaliste de Dali Un chien andalou.

Debaser se moque donc de l’esprit arrogant de la bourgeoisie appréciant l’art contemporain.

En moins de deux minutes, il y a une critique de l’esprit viriliste, de l’art contemporain et de son absurdité, de l’arrogance de la bourgeoisie « debaser .

En plus de cela, la musique est très entraînante.

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Culture

L’esprit aristocratique de l’art contemporain

S’il fallait une preuve que l’art contemporain n’est qu’une lubie d’artiste déconnecté pour des riches en quête de métaphysique du vide, on la trouve dans la posture aristocratique qui l’accompagne. Les gens méprisent l’art contemporain ou bien s’en désintéressent, tout simplement. Cela ne dérange pas du tout les tenants de l’art contemporain.

« fontaine »

Il existe de très nombreux ouvrages sur l’art, les artistes et il est tout à fait nécessaire pour un appartement bourgeois, comme il faut, de disposer de deux choses : une bibliothèque avec des romans classiques ou bien à la mode, qui ne seront jamais lus, et des ouvrages épais sur l’art, disposés ici et là. C’est à cela qu’on reconnaît qu’on est chez des gens pour qui la culture serait établie.

Aussi paradoxal que cela soit, ces ouvrages d’art ne portent pas sur l’art contemporain, ils vont au maximum jusqu’à l’art moderne, s’arrêtant autour de Picasso, ou bien s’il va plus loin, en reste toujours à quelque chose de figuratif. Dans tous les cas, des ouvrages d’art sur l’architecture indienne, le peinture japonaise classique ou bien Van Gogh sont plus estimés que les ouvrages prenant les dernières expositions « contemporaines ». Dans tous les cas, et heureusement, il est reconnu que la couleur et surtout la représentation de quelque chose est ce qui a de la valeur, par rapport au vide de l’art contemporain.

Les artistes relevant de l’art contemporain s’en moquent totalement et c’est cela qui est intéressant, car foncièrement révélateur. Ils n’ont aucun esprit démocratique, aucune tendance à se lier à la culture de leur pays. Ils flottent dans un espèce de nuage cosmopolite propre aux très grandes villes et aux cartes de crédit des ultra-connectés. Plus leurs œuvres sont floues, plus elles obtiennent une aura métaphysique sur un marché valant des milliards d’euros, et c’est cela qui compte.

Les artistes de l’art contemporain ne cherchent même plus à se justifier par des écrits théoriques, des manifestes, d’ailleurs ils ne peuvent plus, car ils sont à la fois dans l’instinctif et dans l’ultra-individualisme. Même si Jeff Koons emploie un personnel très nombreux pour réaliser ses œuvres – il faudrait parler de méfaits -, jamais il n’aurait l’idée de concevoir son activité comme quelque chose de collectif. Avec l’art contemporain, ce n’est même pas le pays qui est remis en cause, c’est le principe même de collectivité. On se limite au prétendu goût de chacun, et chaque goût serait unique.

Comme on est loin ici des artistes du 19e siècle qui, même s’ils étaient parfois farfelus et hautains, n’en étaient pas moins des gens considérant que l’art devait être répandu. Même lorsqu’il y avait la considération que l’art était « pur », « céleste », « mystique » – qu’on pense au délire symboliste à Paris avec le Sâr Péladan et la mode des Rose-Croix à laquelle avait cédé le « tout Paris » – il y avait la considération qu’il était du devoir de chaque être éduqué d’y accéder.

Il n’y a rien de tout cela dans l’art contemporain qui, il faut le dire, s’en fout. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des gens éduqués cherchant à faire passer la culture et à faire connaître l’art contemporain, mais ils doivent bien reconnaître que leur effort a un souci fondamental : l’absence totale d’aide de la part des artistes « contemporains » qui vivent dans leur bulle et méprisent ce qui n’en relève pas.

Cet esprit aristocratique de l’art contemporain n’est, au sens strict d’ailleurs, qu’un individualisme, puisque les artistes « contemporains » ne se veulent pas une élite, pas plus qu’ils n’aspirent qu’à guider ou diriger ou commander les gens. Mais on aurait tort de croire qu’un tel esprit aristocratique, propre à l’esclavagisme des temps passés ou au féodalisme, ne se soit pas transformé, modernisé, répondant à des besoins nouveaux.

Le mépris de l’artiste « contemporain », en effet, n’est que le pendant du mépris aristocratique authentique de couches sociales dominantes portant un regard métaphysique sur le monde, formant une sorte d’élite agressive et hautaine au possible, dédaignant le peuple non pas comme simplement arriéré ou stupide, mais comme inexistant, impalpable, abstrait.

Il ne faut pas ici tomber dans le raccourci facile et y voir une « oligarchie », c’est toute la bourgeoisie qui apprécie l’art contemporain, même quand elle ne met pas dans son salon un Basquiat ou un tableau blanc sur blanc avec des liserés de blanc. Elle a même ici sa représentation dans la pièce de Yasmina Reza, Art, une pièce de théâtre avec des CSP++, destinée à des CSP++, avec comme morale que, qu’on aime l’art contemporain ou pas, il fait partie du paysage car chacun a ses goûts, comme le principe du libéralisme l’exige.

Ce qui correspond bien à la fonction de l’art contemporain : bien mettre les masses, avec leur attention sur le concret, le réel, de côté. Qu’on pense simplement au film Intouchables, où le riche bien élevé donne une véritable leçon de métaphysique au prolétaire inculte et pragmatique. C’est une scène qui se veut un portrait mais indique bien la fonction à l’arrière-plan de l’art contemporain, ce snobisme métaphysique pour des gens aisés déconnectés de la réalité et vivant dans une bulle d’aisance matérielle, pleine de vide intellectuelle, morale et culturelle.

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Culture

« Être moderne le MoMA à Paris » à la Fondation Louis Vuitton

Ce sont les dernières semaines de la grande exposition « Être moderne le MoMA à Paris », qui se tient à la Fondation Louis Vuitton à Paris : elle finira au tout début du mois de mars 2018.

Cela doit être prétexte à réflexion, parce que le « MoMA », c’est-à-dire le Musée d’art moderne de New York, est une puissante institution, qui depuis 1929 joue un grand rôle dans la diffusion de l’art moderne, puis de l’art contemporain.

Or, les gens n’aiment pas l’art contemporain. Tout le monde apprécie la tentative d’exprimer quelque chose de manière artistique, et par tolérance les gens se forcent à être ouvert d’esprit de manière parfois absurde.

Mais l’art contemporain, cela ne passe pas. Les couches sociales les plus aisées, par contre, vouent un véritable culte à l’art contemporain. Et culturellement, plus la gauche a été corrompue sur le plan matériel, plus elle a basculé elle-même dans la valorisation de l’art contemporain.

Pourtant, n’y a-t-il pas quelque chose de problématique à voir que l’art contemporain est systématiquement valorisé par les couches les plus privilégiées du monde entier ?

La Fondation Louis Vuitton, créée par le groupe LVMH, qui fait venir des œuvres du MoMA, qu’y a-t-il de plus symbolique dans l’idée, si l’on pense à une bataille culturelle ?

Surtout que l’exposition consiste à souligner le passage naturel entre art moderne et art contemporain. On passe de Cézanne, Picasso, Dali, Malevitch et son carré blanc sur fond blanc, aux œuvres contemporaines les plus étranges, consistant en un cercle dessiné sur un mur, en des mots illuminés sous la forme de néons, une pile de bonbons aux emballages rouge ou bleu et qu’on peut prendre, etc.

L’exposition se veut également marquée à gauche ou plus exactement, et c’est très intéressant, « progressiste », avec une insistance sur les « remises en question artistiques, politiques et sociétales formulées par les artistes à partir de la fin des années 1960 ». On a un drapeau LGBT  hissé sur un mur, une œuvre d’art consistant en un drapeau américain aux couleurs afro-américaines, bref toute la modernité qui prétend remplacer la gauche historique, au profit du progrès.

Mais on est en droit de ne pas considérer cela comme un progrès, pas plus que les poupées Barbie voilées ou LGBT qui viennent de sortir dans les magasins. La gauche défend des valeurs, la culture, pas la conquête de marché sur une mode identitaire ou communautaire.

On peut même dire ici que tant que la gauche n’aura pas réglé son compte à l’art contemporain, la gauche subira l’hégémonie de gens liés aux classes sociales supérieures, fort de toute une culture qui, en réalité, est la simple diffusion de thèmes et d’approches totalement opposés à ce que la gauche a porté historiquement comme contenu.

Tant qu’il y aura un découplage entre libéralisme économique et libéralisme politique – découplage que ne faisait pas la gauche historique – tout est forcément perdu. Le libéralisme politique présuppose le libéralisme économique et inversement.

L’art contemporain célèbre justement le libéralisme. Peut-être qu’aller à l’exposition de la Fondation Louis Vuitton est alors utile – 16 euros, quand même – pour s’en apercevoir. On ne peut pas ne pas être sceptique devant des œuvres consistant en des couleurs jetées les unes sur les autres ou bien en des traits griffonnés n’importe comment.

On ne peut pas de dire autre chose que : il y a un problème, ces machins, ces trucs, valent des centaines de milliers d’euros, voire des millions, voire des dizaines de millions. Or, on n’y voit rien à part le nombrilisme de l’auteur de chaque œuvre. Pourtant, l’art ne peut pas consister en la célébration des egos… et des comptes en banque des gens les plus aisés !

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Culture

Les oiseaux enfermés au musée d’art contemporain de Rochechouart

Le Canard enchaîné de cette semaine publie les propos de Jean-Marc Bustamante, directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, chevalier de la Légion d’honneur, commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres, membre de l’Académie des Beaux-Arts section peinture.

Celui-ci connaît en effet une plainte déposée par l’association CLAMA de Limoges, en raison de la condition des animaux employés pour ce qui est censé être une œuvre d’art.

Jean-Marc Bustamante a créé en effet une installation avec sept oiseaux, des pinsons mandarins, enfermés chacun dans une cage.

Ce n’est pas de l’art, c’est de la cruauté et la responsable de l’association CLAMA dit à juste titre que :

« Cette œuvre pose un problème de principe, celui de se servir d’êtres dotés de sensibilité comme des objets de décoration. De plus les mandarins sont des animaux grégaires. Ils ont besoin de contacts physiques avec leurs congénères. Seuls dans leurs cages, ils peuvent être stressés. »

Le musée d’art contemporain de Rochechouart, dans la Haute-Vienne, feint de s’étonner, expliquant que cette installation est là depuis 20 ans… L’artiste s’étonne aussi, expliquant que de nombreux musées l’ont exposée, dont le Guggenheim de Bilbao.

Le Canard enchaîné relate même son inquiétude :

« Sous prétexte de défendre la cause animale, ne sommes-nous pas face à des gens qui rejettent l’art contemporain ? »

Cela en dit long sur la mentalité de ces « artistes ». Mettons entre guillemets, car on a là affaire à de simples nombrilistes, qui trop pressés de vendre une fortune leurs tableaux, leurs « installations » à des gens riches, n’ont plus aucun rapport avec la réalité.

Enfermer des oiseaux est déjà une bien triste démarche, mais qui plus est les séparer, exhiber leur souffrance, quel intérêt, si ce n’est une mentalité faisant de l’art une sorte de magie mêlé à de l’égocentrisme, à un sentiment de toute puissance ?

En quoi les oiseaux auraient-ils à souffrir d’un attachement à une « perception mentale voire psychologique du monde »?

Et quel intérêt à un charabia comme le suivant, commis par Jean-Marc Bustamante :

« La présence ne renvoie qu’à elle-même, rien vous empêche de passer sans la voir, rien ne vous empêche d’y stationner. »

Jean-Marc Bustamante peut bien exposer au Musée national d’art moderne (Centre Pompidou), au Musée National Reina Sofia Madrid, au Musée d’ art contemporain de Barcelone, au Tate Modern de Londres, au musée d’art contemporain de Vienne, au Stedelijk Museum d’Amsterdam…

Il ne fait que montrer que l’art contemporain est une lecture « psychologique » du monde qui est coupée de la réalité, qui n’est là que pour satisfaire les goûts abstraits ou morbides de gens tellement riches qu’ils en arrivent à nier que des oiseaux soient des oiseaux.