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50 ans après les Black Panthers, les trumpistes prennent le Capitole

En occupant le Capitole, les partisans de Donald Trump révèle la cassure entre l’État américain, corrompu et en faillite, et un peuple qui croit encore pourtant au complexe militaro-industriel.

Le Capitole des États-Unis est le siège du Congrès américain, à Washington ; il se situe à environ deux kilomètres de la Maison-Blanche, alors que deux kilomètres plus loin on trouve le Pentagone.

C’est un lieu essentiel de la gestion interne de la superpuissance américaine. Il est composé de 39 bâtiments, il a son propre métro (avec trois lignes et six stations) ainsi que sa propre police et pour cause : en raison de l’important nombre de secrétaires par élus, on a 30 000 personnes au cœur des magouilles et des arrangements au service du capitalisme américain, avec même cent salles secrètes répertoriées sur aucun plan.

Le Capitole des États-Unis

En l’occupant le 6 janvier 2021 pour empêcher la reconnaissance officielle de Joe Biden comme prochain président, les partisans de Donald Trump ont joué sur une contradiction du Congrès. C’est à la fois un organisme de l’État central et en même temps un représentant de la nature fédérale du régime américain.

En pratique, c’est un lieu de corruption et de décisions reposant sur une représentation des intérêts capitalistes américains, dans le cadre d’un régime très violemment opposé à la Gauche depuis le début du 20e siècle. Impossible pour les partisans de Donald Trump de le reconnaître, aussi ont-ils mené leur occupation en force, qui a duré plusieurs heures, au nom de l’appropriation de ce qui serait à eux. Les plébéiens prennent au sérieux les prétentions du régime capitaliste.

C’est l’incohérence de la révolte américaine : elle est populaire, mais de Droite, elle voit en l’affirmation plébéienne un moyen de secouer le joug d’un État corrompu, affairiste, en faillite, avec des démocrates et des républicains magouilleurs depuis cent ans, etc. Il est significatif que la femme tuée par la police du Capitole ait servi 14 ans dans l’armée américaine, tout autant que les gens présents mêlaient prolétaires déclassés et nazis folkloriques, dans un amalgame pittoresque. Ce sont l’équivalent de nos gilets jaunes, même si en France les révoltés se veulent beaucoup plus anti-politiques, conformément à la tradition anarchiste et syndicaliste révolutionnaire française.

Il est très étonnant en tout cas qu’aucun commentateur n’ait parlé du fait qu’en 1967, les Black Panthers avaient mené une opération contre le Capitole. Cela fit grand bruit et les cadres de la Droite plébéienne autour de Donald Trump ne peuvent pas ne pas connaître cet épisode. Symboliquement, leur occupation est le pendant de celle de 1967.

Tout part d’une loi californienne de 1967 visant à interdire de se promener avec des armes chargées, une action visant à empêcher les Black Panthers de mener des patrouilles à Oakland. Une trentaine de Black Panthers allèrent alors de manière armée au Capitole, la moitié d’entre eux parvenant à la salle de l’assemblée, où ils furent désarmés et arrêtés. Légalement, ils en avaient toutefois le droit et ils furent donc libérés, leurs armes rendues.

Les Black Panthers au capitole

La police procéda toutefois à un contrôle des armes à leur sortie, alors que Bobby Seale lut une déclaration disant notamment que :

« Le parti Black Panther pour l’auto-défense appelle le peuple américain en général et le peuple noir en particulier à prendre note avec attention de la législature raciste de Californie qui envisage une législation visant à rendre les gens noirs désarmés et sans pouvoir précisément alors que les agences racistes de police à travers le pays intensifient la terreur, la brutalité, le meurtre et la répression des gens noirs. »

On remarquera au passage que ce discours, tout à fait juste à l’époque aux États-Unis, est pratiquement repris aujourd’hui par l’ultra-gauche française, ce qui n’a aucun sens. En tout cas, donc, la loi passa tout de même en Californie et par la suite, tout se termina mal pour les Black Panthers. Ceux-ci témoignaient par cette occupation de leur volonté de rester dans le cadre de la légalité, or cela les amènera à se faire arrêter ou exécuter par le FBI dans le cadre du fameux COINTELPRO.

C’est qu’on ne contourne pas le peuple impunément. Et, dans les faits, avec cette histoire de Capitole, on est dans un substitutisme à l’américaine, dont l’équivalent est l’obsession des gilets jaunes pour la marche sur l’Élysée. On est dans le symbole, la course au symbole. C’est le reflet d’une vaste agitation petite-bourgeoise – comme dans les années 1920-1930. Des années de fascisation et de fascisme.

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Occupation du Capitole : Emmanuel Macron et le Parti socialiste en panique

C’est carrément devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a dénoncé l’occupation du Capitole, le Parti socialiste lui emboîtant le pas dans l’éloge de la superpuissance américaine.

La superpuissance américaine serait une « démocratie »… Que c’est ridicule ! Tout le monde sait à quel point c’est un régime corrompu, où les élections présidentielles sont prétextes aux dépenses de centaines de millions de dollars – la dernière élection présidentielle opposant Joe Biden à Donald Trump, c’est 14 milliards de dollars déversés ! Tout s’achète aux États-Unis, pays gangrené par le capitalisme à tous les niveaux.

Et c’est devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a raconté ce qu’aucun Français ne peut croire : la démocratie américaine serait un modèle.

Voici son discours :

« WHAT HAPPENED TODAY IN WASHINGTON DC IS NOT AMERICA, DEFINITELY.

7 JANVIER 2021 – SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Ce 6 janvier, alors que se tenait une session du Congrès américain devant confirmer la victoire du Président Biden aux élections de novembre 2020, quelques individus violents se sont introduits dans le temple séculaire de la démocratie américaine : le Capitole.

Une femme a été tuée.

Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un Président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche.

Depuis le XVIIIème siècle, les Etats Unis d’Amérique et la France sont liés par un pacte de liberté et de démocratie.

La France, avec La Fayette, a soutenu le peuple américain dans sa quête de liberté et d’indépendance.

La France, avec Alexis de Tocqueville, a reconnu les Etats Unis d’Amérique comme un emblème de la démocratie.

Les Etats Unis d’Amérique, durant le 20ème siècle, lors des deux guerres mondiales, se sont tenus aux côtés de la France à chaque fois que son indépendance, sa liberté, furent menacées. 

Alors aujourd’hui, la France se tient aux côtés du peuple américain avec force, ferveur et détermination, et aux côtés de tous les peuples qui entendent choisir leurs dirigeants, décider de leurs destins et de leurs vies, par ce choix libre et démocratique des élections. Et nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause cela.

C’est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l’autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd’hui menacé dans nos démocraties. 

C’est pourquoi ce soir, je veux dire notre confiance dans la force de la démocratie américaine.

Je veux dire notre amitié à l’égard du peuple et de la démocratie américaine.

Je veux dire notre lutte commune pour que nos démocraties sortent plus fortes de ce moment que nous vivons tous aujourd’hui.

I just wanted to express our friendship and our faith in the United States.

What happened today in Washington DC is not America, definitely.

We believe in the strength of our democracies. We believe in the strength of American democracy. »

Ce qui est grave, c’est que le Parti socialiste soit sur la même longueur d’onde. Au pouvoir, le Parti socialiste disait déjà tout cela. Mais là il s’aligne de lui-même, même hors des « responsabilités », sur un éloge délirant de la superpuissance américaine en perdition. Il montre qu’il ne comprend rien, qu’il est totalement hors-jeu…. Et qu’il a déjà en ligne de mire de proposer pour les prochaines présidentielles Anne Hidalgo, Christine Taubira ou François Hollande. Sa ligne, c’est celle des démocrates américains, avec la modernisation du capitalisme, les valeurs post-modernes, etc.

Voici son communiqué :

« États-Unis : le Parti socialiste salue la victoire de la démocratie contre la violence

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste

Jean-Marc Germain, secrétaire national aux Relations internationales

Après la consternation du monde démocratique devant les scènes d’insurrection qui ont interrompu hier au Congrès américain la certification des résultats du 3 novembre 2020, y compris de la double victoire des sénateurs en Géorgie ce 5 janvier 2021, le 46e président des États-Unis est officiellement désigné.
 
En ce jour où la démocratie américaine aura pu mener à son terme son processus électoral malgré le chaos et les violences instigués par le président sortant, le Parti socialiste réitère ses félicitations au président Joe Biden et à sa vice-présidente Kamala Harris. Ils incarnent à la fois la perspective d’un retour à l’apaisement ainsi qu’un nouveau souffle pour l’avenir de la société américaine. Il exprime aussi ses félicitations aux nouveaux élus de Géorgie, Raphaël Warnock et Jon Ossoff. Leur victoire offre à la Maison Blanche et au Parti démocrate les moyens politiques, économiques et législatifs de combattre efficacement les dégâts considérables de la pandémie causés par une gestion irresponsable, mais aussi de mettre en œuvre le programme ambitieux de progrès social et de cohésion sociétale des États-Unis.
 
Le Parti socialiste se réjouit également que l’ère nouvelle qui s’ouvre soit celle du retour de cette nation aux côtés de ses partenaires dans la résolution des grands défis du siècle, à commencer par le sauvetage de la planète face à la menace climatique. Il observe cependant qu’en dépit de la leçon de respect des institutions donnée ce jour à ceux qui souhaitent les abattre, la démocratie s’impose désormais parmi les grandes causes à défendre. Les actes insurrectionnels d’hier et l’investiture prochaine du président Joe Biden constituent ainsi un double message de responsabilité : le devoir de rétablir la confiance en la démocratie face aux mensonges qui la dégradent et l’espoir que les États-Unis reprennent leur place pour s’opposer aux forces qui veulent l’annihiler.

– Jeudi 7 janvier 2021« 

Dans tout cela on sent surtout la panique des bourgeois. Ceux-ci se doutent bien que derrière l’agitation petite-bourgeoise stérile, il y aura le rouleau compresseur prolétarien. Les années 2020 vont aller de crise en crise.

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Politique

Joe Biden président des États-Unis, à coup de milliards

Les États-Unis sont un monstre anti-démocratique aux mains des grandes entreprises et du complexe militaro-industriel. Joe Biden, le président élu, n’est qu’une marionnette de plus.

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Il suffit de voir les investissements dans la propagande électorale pour comprendre à quel point les élections américaines de 2020 relèvent de la face anti-démocratique. Les états-majors démocrate et républicain ont investi, pour les élections à la présidence et au congrès, quatorze milliards de dollars. Et encore parle-t-on ici de ce qui est légal.

On se doute en effet que – il suffit de voir l’histoire américaine pour s’en apercevoir – il faut ajouter à cela d’innombrables magouilles, notamment par l’intermédiaire des mafias. Si Donald Trump peut aussi facilement accuser les démocrates de tromperies, de bourrages d’urne, c’est en raison de cet arrière-plan, par ailleurs typiques des grands centres urbains où ne vivent pas les soutiens de Donald Trump et où ils ne veulent surtout pas vivre.

Là est bien le problème, d’ailleurs : les villes sont remplies de gens abrutis par le libéralisme libertaire, profitant d’une manière ou d’une autre de la « mondialisation », les campagnes sont elles remplies de gens terre à terre mais ayant basculé dans un style beauf pour tenir face à la pression de l’isolement. D’un côté, le relativisme, la décadence, les LGBTQ+… de l’autre, la Bible, le fusil et la mécanique des grosses voitures. D’un côté, le post-modernisme, de l’autre le patriarcat entre style redneck et hipster.

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Les États-Unis sont un excellent exemple de capitalisme entièrement libre dans son expansion et il n’est pas bien difficile de voir qu’on a en France quelque chose de toujours plus proches, même si heureusement la lutte des classes bien plus âpre a posé des frontières par endroits. Les États-Unis se précipitent d’autant plus massivement dans la crise qu’ils sont incapables de faire face à une crise sanitaire en raison de leur système de santé capitaliste et de leur société atomisée.

Joe Biden ne changera rien à cela et, de toutes façons, les décisions sont prises au niveau stratégique, pas simplement par un président qui ne représente qu’un style, une approche. Le Pentagone, voilà la véritable maison blanche et les États-Unis n’ont de toutes façons pas d’autre stratégie que d’aller au conflit avec son challenger, la Chine, avant que celle-ci n’ait les moyens de prendre sa place pour l’hégémonie mondiale.

Cela est tellement vrai que Donald Trump peut encore ajouter de l’huile sur le feu, car il sait que la tendance américaine est au militarisme, à la centralisation, à la mobilisation générale, au nationalisme. En fait, les États-Unis rencontrent pour la première fois de leur histoire une véritable crise, touchant tout le pays, toute la nature de ce pays. Le capitalisme mondial est en crise et son bastion depuis 1918, forcément, est aux premières loges.

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L’effondrement de l’empire américain est donc inévitable et malheureusement, il n’y a pas de Gauche. En soutenant Joe Biden, Bernie Sanders a littéralement tué la Gauche américaine, qui s’est mise définitivement à la remorque des Démocrates, qui sont l’équivalent de LREM avec Emmanuel Macron, en moins social encore. Les « postmodernes » ont joué ici un rôle extrêmement négatif, avec leur libéralisme libertaire happant toute une partie de la jeunesse s’imaginant œuvrer pour la bonne cause et contribuant en réalité à l’atomisation et à la négation de la lutte des classes.

Il va falloir pour la Gauche américaine parvenir à s’affirmer comme troisième force, comme elle a su le faire jusqu’au début du 20e siècle. Mais les efforts à fournir sont gigantesques et on est plutôt parti pour une implosion des États-Unis avant que cela n’arrive… On se dit alors qu’il ne faut pas attendre des États-Unis qu’il en ressorte quelque chose de positif pouvant contribuer à notre processus en France.

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Comment la crise emporte l’empire américain

Le peuple américain produit une vaste culture, mais il est emprisonné et aliéné par un capitalisme d’une terrible brutalité, avec en son cœur un complexe militaro-industriel et carcéral. Avec la crise s’étant ouverte en 2020, il va à un destin similaire à celui de l’URSS.

Dans les années 1970-1980, l’URSS était la principale force militaire mondiale, d’une incroyable agressivité, avec un complexe militaro-industriel engloutissant les richesses et réformant tout le pays pour le placer sur la ligne de la mobilisation générale pour l’expansion. De l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 à celle de l’Afghanistan en 1979, en passant par le soutien à l’invasion vietnamienne du Cambodge, l’URSS a mis tout en œuvre pour s’imposer mondialement.

On sait ce qu’il en advint. Et c’est pareil pour les États-Unis. La crise a montré que ce pays, dont le peuple est entreprenant, d’une grande richesse dans ses activités… est en déclin parce que sa base est totalement pourrie. Le personnel politique est totalement corrompu depuis un siècle, un long siècle où les États-Unis ont pu asseoir une hégémonie mondiale, sans contestation intérieure à part dans les années 1960-1970, et encore seulement dans certains secteurs, et en tout cas certainement pas de la part des ouvriers.

Gouverneurs vendus aux grandes entreprises, mafias largement présentes dans la société, ultra-violence avec les gangs et un immense système carcéral, complexe militaro-industriel omniprésent… le rêve américain est un cauchemar.

Les Etats-Unis, bastion du capitalisme modernisateur

Depuis l’écrasement du mouvement ouvrier par l’ultra-violence au début du 20e siècle, les États-Unis ont été le bastion du capitalisme se modernisant en permanence, systématisant l’expansion à de nouveaux domaines. Le travail à la chaîne des usines d’automobiles ne fait d’ailleurs que prolonger les immenses productions de viande qui forment l’un des premiers, si ce n’est le premier maillon d’une longue chaîne infernale.

Consommation élargie, aliénation élargie, soumission à cette aliénation au nom de l’acceptation d’un mode de vie beauf… Les ouvriers se sont fait entraînés dans un processus les brisant physiquement et moralement. Les États-Unis ont été le modèle de l’asservissement des larges masses par la consommation, de leur propre participation à leur exploitation.

Pense-t-on alors réellement que l’alternative Joe Biden ou Donald Trump change quelque chose avec un tel arrière-plan ? Comme si Barack Obama avait lui-même changé quoi que ce soit au fait que les États-Unis sont une puissance avec des bases militaires dans le monde entier, avec un capitalisme présent partout, le tout avec une démesure impériale !

Obama ou Trump, il y a Guantanamo. C’est cela la réalité, le reste est de la poudre aux yeux. En France on a également régulièrement dénoncé tel ou tel président américain en les traitant d’idiots, comme pour l’invasion de l’Irak. C’est là ne rien comprendre au fait que les États-Unis défendent leurs intérêts et que la question n’est pas l’intelligence ou la stupidité. Ce ne sont pas les présidents qui décident, mais des stratégies élaborées, notamment au Pentagone, que les présidents accompagnent.

La crise emporte les Etats-Unis

Tout cela apparaît d’autant plus clairement que la crise est en train d’emporter le capitalisme en général et l’empire américain en particulier. La crise a provoqué la fracturation du pays, donnant naissance à un antagonisme jamais vu depuis cent ans. Pour la première fois depuis cent ans, il y a deux visions du monde s’affrontant de manière frontale, reconnue, au lieu d’une pacification complète sur la base de la consommation généralisée et de la Bible, de l’expansionnisme et de l’aliénation.

Les États-Unis ne peuvent plus se sortir de cette situation. Leur seule orientation est de toutes façons l’affrontement avec la Chine, une superpuissance en devenir ayant l’ambition de prendre la place de numéro 1 pour les années 2030-2035. Profitant d’un capitalisme d’État exerçant une pression fasciste sur les gens, les ambitions chinoises sont agressives et militarisées, ouvertement conflictuelles malgré un discours pseudo-tiers-mondiste.

Les États-Unis sont donc obligés d’être toujours plus crispés, toujours plus agressifs, pour maintenir leur place hégémoniste dans le monde. Cela va accentuer leur effondrement : c’est la fin de l’empire américain.

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Guerre

Le plan de Trump pour le conflit israélo-palestinien

Donald Trump a présenté, en compagnie des dirigeants israéliens mais d’aucun palestinien, une solution dite à deux États pour la région. Dans les faits, les zones palestiniennes sont encore plus réduites géographiquement et avec comme seul horizon de pouvoir de servir de réserves de main d’œuvre et de consommation.

Depuis 1948, la Gauche oscille entre plusieurs positions au sujet du conflit israélo-palestinien. Que le sionisme soit une utopie identitaire séparée de l’idéal socialiste, cela a toujours été clair pour le mouvement ouvrier. Le fait qu’une partie significative du mouvement sioniste se soit défini comme une composante elle-même du mouvement ouvrier n’y a rien changé.

Puis, la Seconde Guerre mondiale et ses crimes antisémites a modifié la donne ; il y a eu un basculement concret. Ainsi, la reconnaissance de l’État d’Israël par l’ONU n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’appui de l’URSS et des pays de l’Est lui étant liés. L’URSS est d’ailleurs le premier pays à avoir reconnu Israël. C’est également la Tchécoslovaquie qui a vendu les armes permettant à l’État israélien de tenir dans la guerre commençant dès sa fondation.

Cette guerre ne s’est jamais terminée et d’autant moins qu’Israël a immédiatement choisi de se mettre sous direction américaine. Car derrière l’image des colons transformant le pays pour le fructifier, il y a une manne financière américaine énorme, et ce jusqu’à aujourd’hui. L’économie est d’ailleurs dans les mains d’une vingtaine de familles d’un côté, des entreprises américaines de l’autre, et cela pour le commerce, les services, l’agriculture, le transport, l’industrie comme la finance, etc.

Joseph Alpher : Settlements and Borders, Centre Jaffee d’études stratégiques, université de Tel-Aviv, 1994.

Le prix de ce qu’on y achète contient une part de 20-30 % allant droit dans les poches de ces entreprises de dimension monopolistique. Il s’agit d’ailleurs même souvent de conglomérats, tel IDB Holdings, regroupant une des deux compagnies d’assurance, la plus grande chaîne de la grande distribution, le plus grand opérateur de télécom, l’un des trois plus grands propriétaires dans l’immobilier, le monopole du ciment, le monopole du papier, etc.

De manière officielle, 1,8 millions d’Israéliens (sur 9 millions) vivent sous le seuil de pauvreté et ce alors que le revenu moyen a doublé en quinze ans. C’est que l’État israélien, loin de ses prétentions utopistes initiales, fonctionne à marche forcée. Une marche forcée dans la technologie militaire, dans l’élargissement territorial, avec un nationalisme à outrance désormais ouvertement allié à la religion.

Il n’y a aucune place possible pour la Gauche dans une telle situation, et ce depuis le départ, puisque le fondement même est une fuite en avant. Le plan de paix de Donald Trump en est d’ailleurs le prolongement assumé, puisqu’il s’agit de faire pleuvoir des milliards de dollars sur une sorte de micro-Palestine satellisée et divisée, afin de la rendre fonctionnelle pour l’État israélien.

Cela a une chance de réussir, malgré tout, parce que les Palestiniens sont dans une situation dramatique. Trompée par l’opinion internationale qui fait semblant de s’intéresser à eux – en particulier avec un antisionisme irrationnel, souvent masque de l’antisémitisme – les Palestiniens sont terriblement divisés et aux mains soit d’une OLP corrompue au maximum, soit d’islamistes. Leur capacité d’affirmation démocratique unitaire est pour cette raison terriblement faible. La résistance des années 1960 et 1970 avait permis l’émergence d’une conscience nationale, mais celle-ci déjà faible est désormais désagrégée, détournée.

Entre le sionisme (désormais religieux) étouffant toute perspective démocratique et un camp démocratique pratiquement inexistant du côté palestinien, c’est un véritable drame historique. C’est là dessus que veut jouer Donald Trump, aux dépens bien entendu de tous les réfugiés palestiniens qui sont trois millions dans des camps dans les pays voisins et qui sont censés disparaître comme par enchantement.

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Politique

Candace Owens à la convention de la Droite: le miroir inversé du «progressisme»

La jeune conservatrice américaine Candace Owens a été une invitée très appréciée lors de la Convention de la Droite. Elle est venue y prôner sa haine farouche du Socialisme et le nationalisme agressif de Donald Trump. Son populisme n’est qu’une réaction mécanique au « progressisme », comme un miroir inversé.

Candace Owens a été accueilli à la convention de la Droite sous un tonnerre d’applaudissements, présentée comme une « star américaine ». Elle est en effet une figure montante chez les conservateurs américains, de plus en plus mise en avant par Donald Trump lui-même.

Elle est surtout connue pour ses prises de position au sujet des afro-américains, qu’elle a évoquées lors de sa prise de parole à Paris. Son credo est le « Blexit », un jeu de mot en référence au Brexit signifiant « Black exit », pour « Black exit from the Democrat party » (sortie des noirs du Parti démocrate). C’est en fait, et surtout, un appel au nationalisme pour les afro-américains.

Son explication est toute simple, tout à fait populiste :

1/ le « progressisme » est une « prison mentale » pour les personnes noires, qui a pour but de « faire abandonner les droits individuels en faveurs du gouvernement » ;

2/ les oppressions sont « imaginaires » et fabriquées de toutes pièces, alors que le capitalisme est formidable pour tous les Américains, du moment qu’ils se replient sur eux-mêmes plutôt que de s’ouvrir au monde.

On ne rappellera jamais assez ici les dégâts immenses qu’ont causé les postmodernes, notamment aux États-Unis, en torpillant les questions démocratiques et les mouvements démocratiques de l’intérieur, avec des catalogues d’oppressions à la carte, extensibles à l’infinie de manière toujours plus irrationnelle.

Cela est insupportable et a favorisé l’expression populiste des conservateurs, qui n’ont plus qu’à dire l’inverse du « progressisme », afin de prétendre aller à l’encontre du « système ».

Voici le genre de propos qu’a tenu Candace Owens à la réunion de la Droite et de l’extrême-Droite française :

« « xénophobe » est maintenant le terme utilisé pour décrire les citoyens qui veulent savoir pourquoi nous priorisons les besoins des peuples étrangers à ceux des innombrables citoyens qui souffrent dans notre propre pays. »

« Et bien sûr, « raciste », (aujourd’hui l’injure préférée des journalistes), utilisée pour ceux qui, à juste titre, sont en colère contre le concept de frontières ouvertes, un concept qui aggraverait encore davantage le sort de nos minorités, déjà en difficulté, tout en punissant le contribuable américain.

Un concept que l’on développe au détriment des différences culturelles, au profit d’une idée imaginaire, utopique, relevant de la bien-pensance, selon laquelle nous serions tous les mêmes et pourrions parvenir à un accord planétaire magique sur la manière dont nous devrions être gouvernés. »

Elle a dit la même chose à propos du « sexisme » et on peut imaginer qu’elle a le même raisonnement pour toutes les questions démocratiques et sociales, conformément à ses idées de droite.

Quand elle critique un « accord planétaire magique », elle exprime exactement la même chose qu’Eric Zemmour à la même tribune, c’est-à-dire le refus de l’universalisme. Il ne faut pas être étonné d’ailleurs de voir que la campagne des conservateurs américains alignés derrière Donald Trump pour 2020, focalise déjà sur le spectre du Socialisme. C’est un thème historique pour la Droite américaine, tétanisée depuis toujours par l’idée même du Socialisme, ce totalitarisme universaliste.

C’est en fait une véritable obsession, à laquelle n’échappe pas Candace Owens. Elle a par exemple expliqué au sujet de la procédure de destitution contre Donald Trump :

« ils tentent de contester notre processus démocratique parce qu’ils sont des élitistes pourris qui se croient aptes à gouverner l’Amérique comme une oligarchie. Le rêve américain avait été compromis. Les états-unis étaient vendus, pièce par pièce, en faveur d’une vaste initiative mondialiste ».

La figure Candace Owens n’a donc rien de nouveau. Cela ne date pas d’aujourd’hui qu’il y a des afro-américains conservateurs, faisant partie de la bourgeoisie américaine ou aspirant à en faire partie. La série Le Prince de Bel-Air avec Will Smith traitait avec humour dans les années 1990 de cette question des bourgeois noirs niant la situation des noirs appartenant aux classes populaires.

Ce qui a changé par rapport aux années 1990 par contre, c’est que le capitalisme exige maintenant un repris national fort, pour tirer son épingle du jeu dans un contexte de crise mondiale menant tout droit à la guerre. La jeune conservatrice américaine, tout comme Marion Maréchal, ne représente que la nouvelle génération de ces gens pour qui le repli nationaliste est une bonne chose et qui demain assumeront ouvertement la guerre.

Elle est venue à Paris pour « favoriser la synergie » entre le « Make america great again » de Donald Trump et son équivalent français, exactement de la même manière que Marion Maréchal l’avait fait l’an dernier à la conférence des conservateurs américains (dont on a compris que la Conférence de la Droite devait être un équivalent français).

Ces jeunes femmes se considèrent fortes et portées par l’avenir, car elles ont en face d’elles des « leaders faibles », comme Justin Trudeau ou Emmanuel Macron, qui sont des « mondialistes ». Elles ne sont fortes que parce qu’en face le « progressisme » n’est qu’une pâle caricature bourgeoise des questions démocratiques initialement portées par la Gauche, dont elles n’ont qu’à dire l’inverse pour avoir un discours.

Elles ne feront par contre jamais le poids face à une véritable Gauche, emmenée par les classes populaires arborant de drapeau rouge de l’universalisme socialiste.

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États-Unis : fin du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire

Donald Trump a annoncé que les États-Unis annulaient le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. C’est un pas de plus vers une situation de crise militaire mondiale, avec en arrière-plan la compétition américaine avec la Chine, afin d’empêcher un repartage du monde.

Number of warheads / year (USA, USSR/Russia)

Les années 1980 ont été extrêmement difficiles sur le plan psychologique pour les populations européennes, car la menace d’une guerre était omniprésente, d’autant plus que des missiles atomiques étaient disposés de part et d’autres des deux camps en présence. L’URSS avait à l’est disposé des missiles SS-20, tandis que les États-Unis plaçaient à l’ouest des missiles Pershing ainsi que des camions porteurs de missiles, les BGM-109G Gryphon.

De très nombreux films, notamment de science-fiction, reflètent cette angoisse apocalyptique (2010 le premier contact, Abyss, Wargames…), alors que de nombreux pays connaissaient de très nombreux mouvements d’opposition. L’Angleterre notamment a connu un énorme mouvement anti-armes atomiques et l’Allemagne un énorme mouvement anti-guerre, alors qu’également des attentats anti-OTAN ou anti-guerre se multipliaient en Belgique, en Allemagne, en Italie, en France, etc.

La situation a connu une rupture totale avec le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui mit de côté ces missiles à partir de 1988. Cela correspondait à l’effondrement de l’URSS sous le poids économique monstrueux de son gigantesque complexe militaro-industriel ; le nombre de têtes atomiques soviétiques dépassait largement celui des États-Unis, par exemple.

En supprimant les missiles dont la portée était entre entre 500 et 5 500 km, on sortait de la confrontation violente offensive, pour en revenir à une ligne de friction et de menace nucléaire générale en cas de conflit ouvert. Cet équilibre de la terreur empêchait une confrontation franche, mais non totale.

En annonçant la fin de ce traité, Donald Trump retourne à la position offensive, visant de manière implicite la Chine. Celle-ci n’a jamais signé le traité, n’étant à l’époque pas du tout concerné. Comme l’affrontement américano-chinois est à l’ordre du jour, les États-Unis prennent l’initiative, même s’ils prennent comme prétexte que la Russie n’obéirait plus au traité.

D’ailleurs, on ne s’y est pas trompé il y a déjà un peu plus d’un mois, lors de l’université d’été de la défense. La ministre des armées Florence Parly a donné le ton lors du discours de clôture, à l’École militaire, résumant la question stratégique :

« Le doute s’est installé : pourrons-nous toujours compter, en tous lieux et en toutes circonstances, sur un soutien américain ? »

Car les États-Unis ont une obsession : empêcher l’émergence de la Chine, qui compte remplacer les États-Unis comme puissance dominante du capitalisme mondial. Les États-Unis veulent conserver leur hégémonie, la Chine veut un repartage du monde. C’est la guerre qui se profile.

Les capitalistes d’Europe s’inquiètent donc de tout cela. Le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, a qualifié d’urgent et de clair l’objectif d’une « autonomie stratégique européenne » ; la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, présente à l’ouverture, a appuyé cette exigence d’une « Europe souveraine ».

En arrière-plan, il y a l’idée de former un troisième bloc, capable d’avoir bien plus de puissance que des pays seuls. Tout dépend ici du « couple franco-allemand », dont Emmanuel Macron est un partisan absolu, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen étant les représentants de la ligne du « cavalier seul ».

La seule position de Gauche possible ici ne peut être que l’affirmation du refus catégorique de la guerre et du militarisme, des valeurs guerrières et de l’esprit expansionniste, depuis les jouets sous la forme d’armes au budget de l’armée. Les peuples du monde veulent la paix, le capitalisme amène la guerre : il faut choisir son camp.

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Guerre

Non à l’intervention militaire, aux bombardements en Syrie!

La guerre, la guerre et toujours la guerre ! A force de se tourner vers le protectionnisme et le nationalisme comme seules solutions « accessibles », les pays les plus développés assument la compétition « géopolitique », avec l’assentiment d’une partie significative de la population.

Ce que cela signifie, c’est simplement la guerre, il faut bien le dire. Et on est tellement dans un jeu malsain que c’est par un message Twitter que Donald Trump l’escalade, disant à la Russie de se tenir prête face à l’intervention américaine en Syrie.

« La Russie jure d’abattre n’importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et “intelligents” ! Vous ne devriez pas vous associer à un Animal qui Tue avec du Gaz, qui tue son peuple et aime cela. »

Il n’a pas hésité à écrire, pour en rajouter :

« Notre relation avec la Russie est pire maintenant qu’elle ne l’a jamais été, et cela inclut la Guerre froide. »

C’est là préparer l’opinion publique à la guerre, avec des cibles désignées : la Syrie tout d’abord, mais également l’Iran, ainsi que la Russie elle-même.

La visite du prince héritier saoudien,  Son Altesse Royale le prince Mohammed ben Salman ben Abdulaziz al-Saoud, à Paris ces derniers jours – il a pu manger son repas avec Emmanuel Macron devant le tableau « La liberté guidant le peuple », quelle honte – participe à ce mécano militariste, puisque l’Arabie Saoudite prône la guerre contre l’Iran.

L’Arabie Saoudite a même reconnu que les Israéliens avaient droit à un territoire, rompant avec sa position officielle traditionnelle, montrant qu’on est désormais dans le dur, dans le concret, dans la « realpolitik ».

La Grande-Bretagne l’a bien compris et Theresa May a ordonné l’envoi de sous-marins à proximité de la Syrie, alors qu’un autre sous-marin fait des manœuvres avec deux navires américains dans la zone arctique, pour la première fois depuis dix ans.

Cela va cogner et il faut avoir suffisamment de réseaux, d’alliances, de participations ici et là pour tenir. Ne pas comprendre que cela va cogner ou pire le nier est une faillite intellectuelle et morale – la guerre est inévitable, à moins de changements de régimes dans les pays concernés.

C’est bien pour cela, justement, que l’Europe comme projet politique a eu tellement de succès chez les peuples. L’Europe permet, en théorie, de dépasser les nationalismes, les patriotismes étriqués, et il y a 25 ans tous les Français pensaient qu’il y aurait à moyen terme un passeport européen, et bientôt un gouvernement européen, des États-Unis d’Europe.

C’est pour cela que beaucoup de gens croient encore en l’Union Européenne comme moyen d’éviter les conflits, tout en espérant souvent, en même temps, de manière directement impérialiste, que cela soit un empire face aux États-Unis et à la Chine.

Naturellement, c’est au nom des droits de l’homme encore une fois que les missiles sont présentés comme essentiels. L’hypothèse d’une attaque chimique en Syrie à Douma du 7 avril sert ici de prétexte à une immense campagne en faveur de la guerre, tout comme la question kurde pour l’intervention française annoncée il y a quelques jours.

Il ne s’agit pas ici, naturellement, de dédouaner la Syrie, l’Iran et la Russie. Ces régimes sont odieux. Cependant, l’ennemi c’est toujours notre propre nationalisme, notre propre chauvinisme, notre propre impérialisme. Les prétextes pour refuser cela ont permis la guerre de 1914-1918, alors qu’une révolte dans un pays aurait produit des révoltes dans les autres.

Il ne faut jamais accepter les initiatives militaires, militaristes, de la part de son propre pays !

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Politique

« Youpi j’ai compris ! » et l’existence d’Israël

Toute personne de gauche sait très bien que le peuple palestinien connaît une situation humainement extrêmement difficile, de par la raison de la politique de l’État israélien. Même la droite israélienne la plus cynique le reconnaît elle-même.

Le souci qu’il y a, c’est qu’avec l’histoire de l’antisémitisme, Israël est devenu un prétexte pour une sorte de folie furieuse, de véritable passion totalement déconnectée de la réalité.

Ainsi, lorsque Donald Trump a décidé de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, tous les médias se sont empressés de dire que le président américain avait reconnu cette ville comme capitale israélienne. Le titre du Monde est ainsi « Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël, une décision historique et unilatérale ».

La presse internationale a fait de même. Or, c’est entièrement faux, parce que cela fait bien longtemps que les États-Unis ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël.

Le congrès américain avait ainsi voté en 1995 un « Jerusalem Embassy Act » annonçant le transfert de l’ambassade américaine dans les quatre ans. Le vote avait été écrasant, tant au Sénat (93 voix contre 5) qu’à la Chambre des représentants (374 contre 37).

Barack Obama avait déjà affirmé que Jérusalem était la capitale d’Israël lors de sa candidature à la nomination comme candidat du parti démocrate, ainsi que lors de sa candidature aux présidentielles. C’était même déjà une promesse électorale de Bill Clinton en 1992.

On peut tout à fait critiquer cela, en disant que cela rentre en conflit avec le projet de partition de l’ONU fait en 1947.

La gauche a d’ailleurs historiquement soutenu cette partition et l’URSS sera le premier pays à reconnaître juridiquement l’État israélien.

Mais si critique il doit y avoir, alors il faut le faire de manière rationnelle, sans quoi, on est dans la mise en scène, pas dans une aide quelconque au peuple palestinien.

Ce qui se passe réellement n’intéresse pas des gens qui ont intérêt à se présenter comme faisant face à une ignominie immédiate, apparue de nulle part, eux-mêmes faisant office de justicier.

Les faits sont niés, pour apparaître comme « radical » – une démarche qui relève historiquement de l’extrême-droite, pas d’une gauche fondée sur les idées. Cela montre à quel point l’antisémitisme est si puissant qu’il se sert de la question israélo-palestinienne pour ses projections.

Un exemple significatif de cette course à l’échalote se trouve dans le dernier numéro du magazine pour enfant de 5-8 ans « Youpi j’ai compris ! », dont Bayard Presse – la grande maison d’édition catholique française, éditrice notamment de Babar, Pomme d’Api, Okapi, J’aime Lire, Phosphore, etc. – a annoncé hier le retrait devant des protestations.

La raison en est que l’existence de l’État israélien est niée, malgré sa reconnaissance par les Nations-Unies en 1948, dans la foulée de la réalisation du plan de partage de la Palestine du 29 novembre 1947.

Tout cela totalement absurde : on peut exiger un État nouveau sous la forme d’une fédération israélo-palestinienne, ou sous la forme d’une République laïque unifiée. Mais nier les faits en disant : cela n’existe pas, cela n’a pas de sens.

Les seuls qui ont adopté cette démarche, ce sont les partisans du panarabisme, du parti Baath comme en Syrie et en Irak, qui ont toujours parlé de « l’entité sioniste ». Avec les résultats que l’on sait : la manipulation démagogique des opinions publiques arabes, l’antisémitisme forcené.

Sans que rien ne change pour le peuple palestinien, qui perd chaque jour davantage du terrain depuis 1947, étant qui plus est dominés par les islamistes ou une OLP totalement corrompue.