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Décès du dirigeant maoïste péruvien Gonzalo

Il a dirigé ce que la presse internationale appelait le « sentier lumineux ».

Abimael Guzmán est mort à l’âge de 86 ans au Pérou, sur une île-prison militaire où il purgeait une peine de prison à vie pour son rôle de dirigeant du « sentier lumineux » au sujet duquel, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la presse internationale saturait d’informations, présentant ce qui serait une structure péruvienne à la fois fanatique et sanglante.

C’est que le régime péruvien vacillait très largement face à ce qui était en réalité une organisation politique se revendiquant de Mao Zedong, le « Parti Communiste du Pérou ». Sa particularité est ici d’émerger tardivement: les mouvements maoïstes apparaissent dans les années 1960 et se lancent dans les années 1970, le Parti Communiste du Pérou apparaissant lui en tant que tel en 1980 en ayant un succès retentissant dans les Andes au moyen d’un soulèvement armé, posant ensuite un véritable défi national. L’interview de son dirigeant, Abimaël Guzmán connu sous le nom de Gonzalo, a d’ailleurs été particulièrement diffusé à travers le pays.

Arrêté en 1992, Abimaël Guzmán avait été enfermé dans une cage pour être exposé à la presse; il en profita alors pour prononcer un discours appelant à continuer la lutte armée pour le régime. Cela eut à l’époque un énorme impact et on retrouve cela dans une vidéo de Rage against the machine, un groupe de musique emblématique alors pour la Gauche. La vidéo de « Bombtrack » est un appui totalement ouvert à Gonzalo.

En 1993, le président péruvien Alberto Fujimori présenta des lettres censées être d’Abimaël Guzmán et appelant à la cessation de la lutte; il n’y a jamais eu aucune preuve de la véracité de ses lettres, mais le Parti Communiste du Pérou s’effondra cependant sur lui-même.

Abimaël Guzmán resta cependant très connu tant au Pérou qu’à l’international pour deux raisons. La première, c’est que tout comme la France, l’Allemagne et l’Italie en Europe, le Pérou est un bastion du marxisme, en raison de l’activité de José Carlos Mariátegui dans les années 1920. La seconde, c’est qu’Abimaël Guzmán a le premier fourni en détail la définition du « maoïsme », qui serait ici une troisième étape du marxisme après le léninisme. S’il y a eu des maoïstes avant Abimaël Guzmán , il a été le premier à en fournir une définition pointue.

En ce sens, les maoïstes péruviens ont réalisé jusqu’au bout ce que les maoïstes français de la Gauche Prolétarienne avaient commencé, c’est-à-dire une systématisation idéologique et programmatique. Tel est le poids de la tradition syndicaliste révolutionnaire française qu’elle est capable de torpiller, jusqu’à présent du moins, toute tentative d’élaboration approfondie de quelque chose de radical à Gauche.

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La gauche du PCF totalement dans l’orbite chinoise, quitte à usurper Mao

Une incohérence révélant beaucoup de choses.

C’est à la fois anecdotique et très important, parce que deux choses sont concernées. La première concerne l’histoire des idées. Le maoïsme, c’est Mao Zedong et c’est une opposition complète à l’URSS des années 1960-1970. Pourquoi donc la gauche du PCF, fascinée par l’URSS de la même période, valorise-t-elle subitement Mao Zedong ? C’est totalement incohérent avec toute son histoire et ses valeurs (voir La vision du monde du PCF pour son centenaire: les sympathisants).

La seconde, c’est le rapport à la Chine, qui comme on le sait vise à devenir la puissance hégémonique en remplacement des États-Unis. Or, toute la gauche du PCF est devenue pro-chinoise ces dernières années, de manière ouverte. Mao Zedong est en fait intégré comme référence fictive pour gagner en prestige « révolutionnaire » et justifier de valoriser une Chine populaire autrefois honnie.

Comprenons ce qu’il en est, en commençant avec une interview de Georges Gastaud, co-secrétaire national du PRCF par Initiative Communiste, le média internet du PRCF.

Le PRCF, c’est la gauche du PCF et de la CGT, avec une valorisation complète de l’URSS jusqu’à 1991. Et comme on le sait, les maoïstes apparaissent en France dans les années 1960, considérant que le PCF a trahi, que la CGT s’est intégrée au capitalisme, que l’URSS est social-impérialiste et même la première menace de guerre pour le monde. Inversement, le PCF et l’URSS considéraient la Chine maoïste comme une dictature militaire, un pays monstrueux, etc. Rien de plus opposé, donc.

Pourtant, dans l’interview, en date du 2 juillet, Georges Gastaud dit la chose suivante :

« Le sombre tableau que je viens de brosser serait cependant erroné et désespérant si l’on omettait de voir que, comme le disait Mao, « là où il y a oppression, il y aura résistance » : bref, si l’on oubliait ce que Hegel appelait le « patient travail du négatif » et l’existence incontournable de la contradiction dialectique. » 

On croirait lire le PCF(MLM), certainement pas le PRCF. Le PRCF n’utilise jamais le matérialisme dialectique comme référence idéologique pour ses points de vue, encore moins avec Mao Zedong. Car le matérialisme dialectique est une idéologie « totale », de type « stalinienne », ce que rejette formellement le PRCF, qui se revendique d’un matérialisme à la « méthode » dialectique sur le mode « soviétique » version années 1970-1980.

Pourquoi la référence à Mao alors ? Déjà, parce que le PRCF cherche à racoler, en se donnant une image qui ne soit pas anti-maoïste, malgré que sur le plan des idées ou de la culture cela n’ait strictement rien à voir (et ce depuis plus de cinquante ans, tout de même). Il profite par ailleurs dans cette tentative d’une tentative d’un petit groupe n’existant plus, le « parti communiste maoïste », de mener un coup de force sur un forum internet du PRCF (sur Discord) après avoir feint un rapprochement. Le PRCF s’est dit qu’il y avait un coup à jouer, un style dont on pouvait profiter, etc.

C’est là une mauvaise tambouille politicienne de la part du PRCF. Mais c’est là qu’on tombe sur un aspect bien inquiétant. La Chine actuelle, que les maoïstes rejettent totalement au nom de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne » démantelée en 1976 à la mort de Mao, est devenue une référence incontournable au sein de la gauche du PCF, et jusque dans le PCF. Même la revue du PCF Cause commune a fait un éloge de la Chine (n° 22 • mars/avril 2021, à lire ici avec les autres articles en suggestion sur le côté) : il y aurait tout à apprendre de l’expérience chinoise.

Mao a alors vite fait d’être intégré dans cette valorisation chinoise, même si dans la pratique il était totalement contre une telle évolution. C’est une sorte de vaste opération de récupération, de formation d’une nouvelle idéologie… en se mettant de manière assumée dans l’orbite des ambitions chinoises. C’est une sorte de « gauche » française qui veut progresser en affirmant que les progrès des ambitions chinoises seraient des avancées contre le capitalisme.

Autrement dit, Mao et la Chine n’existaient pas auparavant pour la gauche du PCF, il faut donc renverser absolument toutes les positions et subitement les intégrer dans un dispositif idéologique bricolé dont la seule fonction est de se placer comme satellite de la Chine visant l’hégémonie mondiale.

Même le Rassemblement communiste, qui vient comme le PRCF de la gauche du PCF des années 1990, qui est historiquement on ne peut plus anti-maoïste, se lance dans une telle opération. Le document qu’elle a produit est vraiment exemplaire d’une aberration intellectuelle. Mao Zedong y est assimilé à Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, alors que n’importe qui s’intéressant à la question sait que la révolution culturelle chinoise reflète justement leur affrontement complet à tous les niveaux.

L’éloge du régime chinois est complet, totale, absolu. C’est l’idéologie de l’État chinois qu’on retrouve ici, littéralement :

« Parti Communiste Chinois: 100 ans de combat pour le développement et le socialisme !
à l’occasion du centenaire du PCC

Le premier juillet 1921 le PCC convoquait son premier Congrès fondateur à l’initiative des premiers communistes chinois inspirés par l’exemple de la Révolution d’Octobre 1917 qui a engendré l’URSS. Les Communistes chinois étaient 13 à la fondation, puis 58.000 au moment du massacre de la Commune de Shanghai en 1927 par la bourgeoisie antipatriotique du Kuomintang et 92 millions aujourd’hui pour poursuivre l’œuvre d’édification du « socialisme à la chinoise » conçu comme une étape vers le Communisme.

C’est vers le milieu du 19éme siècle que la Chine féodale a perdu sa souveraineté nationale pour être mise sous domination impérialiste suite aux deux guerres de l’opium.

En 1911, la Révolution bourgeoise renversa la monarchie féodale mais échoua à débarrasser la Chine des seigneurs de guerres féodaux et des occupations territoriales des impérialistes anglais, français, allemands, japonais et états-uniens.

L’alliance du PCC et du Kuomintang avait pour objectif de sortir le pays du semi-féodalisme et du semi-colonialisme. A la mort du leader de la Révolution et de la République bourgeoise, Sun Yat Sen, son Parti le Kuomintang mit fin à l’alliance avec le PCC pour stopper son influence grandissante.

Le PCC théorisa « l’encerclement des villes par les campagnes » et lança la longue marche sur 9.000 km en établissant des Soviets paysans et soldats dans les différentes provinces chinoises libérées pour y appliquer la liquidation des régimes semi-féodal et semi-colonial par la mise en pratique du slogan « la terre à ceux et celles qui la travaillent. »

Une fois l’occupation militaire japonaise vaincue suite à la seconde guerre mondiale antifasciste gagnée principalement par l’URSS, le PCC continua la lutte révolutionnaire contre le Kuomintang jusqu’à la Révolution d’Octobre 1949 qui élargissait ainsi le camp socialiste à l’Asie.

La Démocratie Nouvelle chinoise était ainsi partie prenante des Démocraties Populaires qui constituaient avec l’URSS le camp socialiste qui sera rejoint ensuite par la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba.

L’aide internationaliste de l’URSS à la Chine prit fin après le Grand Bond en Avant dans un contexte de divergences idéologiques sur les questions de l’appréciation de Staline par le rejet de la « déstalinisation » considérée comme une trahison, de la « coexistence pacifique » considérée comme un abandon de la lutte des classes et de l’anti-impérialisme, de la « dictature du prolétariat » considérée comme un opportunisme anti-marxiste-léniniste, etc.

Bien que signataires comme le PCUS de l’URSS des deux déclarations de Moscou de 1957 et de 1960, le PCC par le biais de la lettre en 25 points rédigée par Mao Ze Dong développa une ligne générale du MCI critique du « révisionnisme khrouchtchévien » avec le soutien solidaire du Parti du Travail d’Albanie (PTA).

C’est aussi dans ce contexte que sous la houlette de Mao lui même fut lancée la « Grande Révolution Culturelle (GRCP) » dont l’objectif affiché était de faire régler par la « base » ouvrière, paysanne et intellectuelle les « contradictions antagoniques » manifestées par la bureaucratisation et l’embourgeoisement minant le parti et l’Etat. La « base » était appelée à « bombarder le quartier général » pour assainir le parti et l’Etat.

Toutefois, mis à part les cas Lui Shao Shi, Lin Biao et de la « bande des quatre », les « contradictions » internes au PCC furent le plus souvent traitées comme des « contradictions non antagoniques au sein du peuple. »

La théorie des « contradictions antagoniques et non antagoniques » est une permanence dans l’histoire du PCC et de la Révolution Nationale Démocratique Populaire. C’est ainsi que l’alliance avec le Kuomintang fut d’abord définie comme « contradiction non antagonique au sein du peuple » qui doit se régler par la méthode de « l’unité, critique, unité ». Après le massacre de la Commune de Shanghai la contradiction avec le Kuomintang devint « antagonique », puis après l’attaque et l’occupation nippone de 1937, cette contradiction principale contraint à une nouvelle alliance temporaire que le PCC géra avec vigilance avant de lancer l’assaut final qui vit la fuite de la bourgeoisie pro-impérialiste du Kuomintang sur l’Île de Taïwan.

Par contre le PCC a toujours considéré les fractions patriotiques de la bourgeoisie comme parties prenantes de la Démocratie Nouvelle. C’est ainsi que les classes sociales porteuses de cette forme d’Etat révolutionnaire transitoire sont la classe ouvrière, la paysannerie, les Intellectuels et la bourgeoisie nationale par opposition à la bourgeoisie compradore.

Le PCC est à l’avant-garde de ces classes sociales dans le processus de l’émancipation anti-féodale, de la libération nationale et même de l’édification du socialisme vers le communisme. Tous les dirigeants historiques du PCC, de l’Etat de Démocratie Nouvelle et de l’édification du socialisme chinois sont d’accord sur ces quatre classes sociales révolutionnaires, sur la coexistence de longue durée des secteurs économiques socialistes, capitalistes, des moyennes et des petites entreprises privées et familiales, etc. Ce consensus va de Mao Ze Dong, Zhou En Laï, Deng Xiao Ping et Xi Jinping pour ne citer que les plus illustres dirigeants du PCC et de l’Etat.

Liu Shao Shi a clairement synthétisé la base théorique consensuelle de ces choix stratégiques de tous les dirigeants du PCC : « En raison des particularités du développement social et historique de la Chine et de son retard scientifique, c’est une tâche unique et difficile d’appliquer systématiquement le marxisme à la Chine et de le transformer de sa forme européenne en une forme chinoise… Nombre de ces problèmes n’ont jamais été résolus ou soulevés par les marxistes du monde, car ici, en Chine, la principale section des masses n’est pas constituée d’ouvriers mais de paysans, et la lutte est dirigée contre l’oppression impérialiste étrangère et les survivances médiévales, et non contre le capitalisme intérieur » (Liu Shaoqi).

Pour tous les dirigeants successifs du PCC, l’application du Marxisme-Léninisme à la Chine doit se faire d’abord pour vaincre les survivances du féodalisme et le retard économique, scientifique et technique consécutif au joug impérialiste pour jeter ainsi les fondements du socialisme vers le communisme.

On peut vérifier cela dans ces propos de Deng Xiaoping : « Le marxisme attache la plus grande importance au développement des forces productives… [Aller vers le communisme] exige des forces productives hautement développées et une abondance écrasante de richesses matérielles. Par conséquent, la tâche fondamentale de l’étape socialiste est de développer les forces productives. La supériorité du système socialiste est démontrée, en dernière analyse, par un développement plus rapide et plus important de ces forces que dans le système capitaliste. À mesure qu’elles se développent, la vie matérielle et culturelle du peuple s’améliore constamment… Le socialisme signifie l’élimination de la pauvreté. Le paupérisme n’est pas le socialisme, et encore moins le communisme. »

Même logique chez Mao lui même qui, dès 1949, fait ce lien dialectique entre développement des forces productives et élévation du niveau de vie sociale des travailleurs et du peuple : « Si nous sommes ignorants en matière de production, si nous ne pouvons pas saisir rapidement le travail de production … afin d’améliorer les moyens de subsistance des travailleurs d’abord, puis ceux des autres personnes ordinaires, nous ne serons certainement pas en mesure de maintenir notre pouvoir politique : nous perdrons notre position et nous échouerons. » Le pragmatisme de cette démarche est synthétisé par Deng Xiaoping ainsi : « Peu importe la couleur du chat, l’essentielle est qu’il attrape les souris. »

On retrouve enfin le même raisonnement chez Xi Jinping, l’actuel Secrétaire Général du PCC, lorsqu’il invite l’ensemble du PCC à faire preuve de créativité et d’innovation dans l’application du Marxisme – Léninisme aux réalités évolutives nationales chinoises : « Le marxisme se développe toujours en même temps que les réalités sociales et la technologie de l’époque. Le marxisme ne peut pas stagner. Après le début de l’ouverture, le socialisme n’a fait que continuer à progresser. Soutenir le développement du socialisme aux caractéristiques chinoises, c’est un peu comme un grand livre. Pour établir les principes et les idées fondamentales, le camarade Deng Xiaoping y a gravé sa part. La troisième génération du Comité central du Parti, avec le camarade Jiang Zemin comme noyau et le camarade Hu Jintao comme secrétaire général, a ajouté ses propres chapitres brillants à ce livre. La responsabilité de cette génération de membres du Parti communiste est d’écrire le prochain chapitre de ce grand ouvrage.

Pendant une période assez longue encore, le socialisme à son stade primaire existera aux côtés d’un système capitaliste plus productif et plus développé. Au cours de cette longue période de coopération et de conflit, le socialisme doit tirer les leçons des bienfaits que le capitalisme a apportés à la civilisation. Nous devons faire face à la réalité que les gens utiliseront les forces des pays occidentaux développés pour dénoncer le développement socialiste de notre pays. Nous devons faire preuve ici d’une grande détermination stratégique, en rejetant résolument tous les faux arguments selon lesquels nous devrions abandonner le socialisme. Nous devons corriger consciemment les différentes idées qui ne correspondent pas à notre stade actuel. Plus important encore, nous devons concentrer nos efforts sur l’amélioration de nos propres affaires, sur l’élargissement continu de notre puissance nationale globale, sur l’amélioration de la vie de notre peuple, sur la construction d’un socialisme supérieur au capitalisme, et sur l’établissement des bases d’un avenir où nous gagnerons l’initiative et aurons la position dominante.

Cette analyse nous permet de mieux apprécier le fait que la voie idéologique que nous choisissons de suivre est le problème central qui déterminera la victoire ou la défaite du travail de notre Parti, le destin même du Parti. Comme le camarade Mao Zedong l’a dit un jour : «Un parti révolutionnaire est le guide des masses. Dans les révolutions, il n’y a jamais eu de parti révolutionnaire qui ait conduit son peuple sur la mauvaise route et dont la révolution n’ait pas échoué. »

Les faits montrent que la longue marche planifiée du socialisme de marché dirigé par le PCC a engendré une puissante Chine Populaire économique, scientifique, technique, écologique, culturelle et sociale. La longue NEP chinoise qui rappelle celle courte de l’URSS apparaît de plus en plus comme l’antithèse des diktats libéraux du capitalisme impérialiste broyeurs des conquis sociaux, démocratiques et fascisants.

Les impérialistes qui ne cessent de propager qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme impérialiste se confrontent de plus en plus à l’alternative du « socialisme chinois » alors que leur système prédateur prend l’eau de toutes parts.

Alors que les pays rescapés camp socialiste que sont la Chine, Cuba véritable puissance médicale, la Corée du Nord puissance nucléaire défensive, Vietnam puissance économique et sociale en devenir, font la démonstration de l’efficacité économique, scientifique, écologique et sociale du choix socialiste. La pandémie du covid accélère la prise de conscience planétaire de la barbarie sociale inhumaine, anti-démocratique et anti-environnementale du capitalisme impérialiste.

Les révolutions populaires et socialistes du XXéme siècle nées de la matrice qu’est la Révolution socialiste d’Octobre 1917 sont en train de faire la démonstration que la solution alternative au capitalisme impérialiste est le socialisme scientifique appliqué comme guide de l’action des communistes organisés en Parti aux conditions et particularités nationales nationales.

Les Communistes doivent partout œuvrer à réévaluer leur appréciations du PCC et de la Chine populaire, de l’ensemble des pays rescapés du camp socialiste (Cuba, Corée, Vietnam, Laos) à la lumière des faits, des rapports des forces évolutifs, de la lutte des classes et des peuples contre le capitalisme impérialiste au plan national et international. »

Le bricolage est évident. Au lieu de réfléchir sur la société française et le capitalisme, la gauche du PCF a trouvé le moyen de remplacer l’URSS des années 1980 par la Chine des années 2020. C’est un décalque pur et simple. Et vu le caractère de la Chine actuelle, peut-on encore considérer la gauche du PCF comme relevant de la Gauche ? Ou faut-il simplement en voir les représentants français des ambitions chinoises, les satellites de l’État chinois dans sa lutte pour remplacer les États-Unis comme puissance hégémonique ?

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Décès de Jaques Jurquet, fondateur du PCMLF

Jacques Jurquet a été une importante figure politique en France et une très importante figure politique de la Gauche. Il avait fondé et dirigé le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, actif en mai 1968 et durant toutes les années 1970.

Jacques Jurquet et Chou-En-Lai lors d’une visite en Chine

Jaques Jurquet, né en avril 1922 et décédé en novembre 2020, avait fait partie du PCF dans les années 1960, où il a fini par soutenir les thèses dites « pro-chinoises ». Il a fait partie du noyau dur des « marxistes-léninistes » et est devenu à ce titre le dirigeant du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France (PCMLF), fondé en 1967. Le PCMLF, qui a toujours rejeté le qualificatif de « maoïste », s’opposait de manière virulente à l’UJCML et à la Gauche Prolétarienne qui correspondent quant à eux à ce qu’on a appelé en France les « maos ».

Le PCMLF entendait reformer le PCF, en restant dans la même perspective et sans en modifier culturellement ou idéologiquement les fondements. Il a obtenu un certain succès et fut tout au long des années suivant immédiatement 1968, devenant l’une des principales organisations de la gauche de la Gauche, avec plusieurs milliers de membres.

Jacques Jurquet

Son élan fut cependant brisé par étapes. Déjà, le PCMLF ne supporta pas vraiment le choc de mai 1968, car il fit partie des organisations interdites. Or, au lieu de simplement changer le nom car cette interdiction n’était que symbolique, il maintint une sorte de double organisation qui l’épuisa. Qui plus est, cette sorte de clandestinité relativement fictive poussa une partie des étudiants l’ayant rejoint après 1968 à le pourrir de l’intérieur et à provoquer une importante scission, donnant le Parti Communiste Révolutionnaire (marxiste-léniniste). Le PCMLF eut toutefois l’avantage d’avoir d’excellentes relations avec la Chine populaire de Mao Zedong et avec l’Albanie d’Enver Hoxha.

Ces excellentes relations se transformèrent cependant en catastrophe. La mort de Mao Zedong en 1976 amena en effet un retournement total de situation en Chine et il était hors de question de valoriser la révolution culturelle. Jacques Jurquet modifia ses propres écrits au sujet de mai 1968, gommant ainsi la révolution culturelle tout en devenant, jusqu’à sa mort, un ardent défenseur du « socialisme chinois ».

Ce courant qui considère encore la Chine comme socialiste, tout en se revendiquant de Mao Zedong, existe encore de manière marginal, notamment avec les Éditions Prolétariennes (il est à noter que cette tendance à voir la Chine comme socialiste est également réapparue dans des courants oppositionnels du PCF ces dernières années).

Le tournant chinois de 1976 affaiblit évidemment le PCMLF, qui dut également endurer une nouvelle scission, puisqu’une partie importante, à partir de sa base de Strasbourg, se tourna à la fin des années 1970 vers l’Albanie comme modèle. Il faut ici savoir qu’après la mort de Mao Zedong, l’Albanie d’Enver Hoxha, pourtant alliée auparavant à la Chine populaire, changea entièrement de ligne, expliquant que Mao Zedong n’avait été qu’un démocrate bourgeois. Elle fut très largement suivie par les « marxistes-léninistes » en Europe, notamment en France et en Espagne.

Ce courant pro-albanais du PCMLF donna naissance en 1979 au Parti Communiste des Ouvriers de France, qui existe encore (et dont l’un des membres fut Pierre, connu pour être présent dans pratiquement toutes les manifestations parisiennes pour vendre son petit journal « Drapeau rouge » et décédé en 2017 en tombant dans un escalier du métro en quittant justement une manifestation).

Le PCMLF avait de son côté assumé la légalité complète en 1978 en devenant le PCML, puis en 1985 le Parti pour une Alternative Communiste (PAC), qui disparut rapidement. Jacques Jurquet continua ses activités sociales et politiques à Marseille ; on trouvera sa biographie (détaillée mais formelle) sur le Maîtron en ligne.

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UJCML : Un camarade est mort (Gilles Tautin)

L’annonce de la mort de Gilles Tautin, membre de l’Union de la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste, fut l’un des événéments marquants du soulèvement de mai 1968.

Un camarade est mort. Un jeune lycéen, Gilles TAUTIN du lycée Mallarmé. Un militant du mouvement de soutien aux luttes du Peuple. Un militant de l’Union des Jeunesses Communistes (marxiste- léniniste).

Il est mort à FLINS. Il est mort matraqué par les flics, noyé. D’autres camarades ne sont pas encore revenus. Des centaines de jeunes toute la journée ont été pourchassés, traqués, arrêtés.

Et le prolétaire de FLINS, oui ou non a-t-il été tué? Nous le saurons. Des centaines de prolétaires blessés. Gilles témoigne pour tous.

Qui a tué notre camarade ?

Les flics, la dictature Gaulliste. Ce gouvernement d’assassins fait horreur a peuple. Fondé de pouvoir des exploiteurs, ce gouvernement est honni par les ouvriers, les paysans, les intellectuels, par toute la population laborieuse.

Notre Peuple s’est soulevé contre ce gouvernement. La force des millions de prolétaires se rendant maîtres des usines a ébranlé le pouvoir des exploiteurs : les capitalistes ont tremblé.

Aujourd’hui leur gouvernement voudrait faire payer le peuple, lui faire oublier qu’il est une force invincible, il voudrait le diviser, le réprimer. Il ne le pourra pas.

Le gouvernement gaulliste espérait que tout rentrerait dans « l’ordre », N’avait-il pas promis des élections législatives ? Oui, des élections pour que la travail reprenne. Pour que le travail reprenne avant LA SATISFACTION DES REVENDICATIONS OUVRIERES.

Des élections pour que les ouvriers rentrant dans leurs usines sous la pression des jaunes, des flics, des C.D.R.

Des élections pour vaincre le peuple. Et quand les ouvriers résistent comme à CITROEN, à RENAULT, le gouvernement d’assassins envoie ses C.R.S..

Mais comme tous les réactionnaires, le gouvernement gaulliste sous- estime la force du peuple : la classe ouvrière résiste et le jeunesse, la population, soutiennent les bastions de la résistance prolétarienne.

A FLINS, ouvriers, étudiants, et toute la population sont unis, unis pour la victoire d’une même cause, le cause du peuple. Qui a aidé le gouvernement dans sa besogne de division et de répression? Les politiciens anti-ouvriers et anti-populaires.

Les larges masses de notre pays les ont vus à l’oeuvre : la direction de FO, léchant les bottes des ministres, la direction de le CFDT., qui signait tous les accords de capitulation et trouvait le moyen, quand la classe ouvrière se battait pour la satisfaction de toutes ses revendications et pour un gouvernement populaire, de présenter SON candidat, un politicien anti-communiste à la retraite, MENDES-FRANCE.

Enfin, la DIRECTION CONFEDERALE de le CGT, et la clique de politiciens du PCF. L’attitude de le direction confédérale de la CGT a été IGNOBLE.

Elle a appelé è la reprise du travail à coups de votes à bulletins secrets et de mensonges.

Elle a saboté l’auto-défense des usines.

Elle a ouvert les portes de FLINS aux CRS POUR QUE LES ELECTIONS se DEROULENT, ELLE A DESARME LA CLASSE OUVRIERE. ET ELLE A ARME LES BRAS DES ASSASSINS à FLINS.

Que disait le bureau confédéral de la CGT et l’HUMANITE, le 7 Juin 1968 ? « Le gouvernement a omis de désigner les véritables fauteurs de troubles et de provocations dont les agissements, y compris contre la reprise du traveil, sont couverts par une singulière complaisance du pouvoir ».

Le gouvernement a répondu à cet appel il a tué notre camarade. Notre camarade est mort.

Les responsables de son assassinat sont le gouvernement gaulliste et SES COMPLICES DU BUREAU CONFEDERAL de la CGT et de le DIRECTION du PCF.

Notre camarade est mort pour SERVIR LE PEUPLE.

Pour l’Union du Mouvement de le Jeunesse et du Mouvement Ouvrier. Il est allé à FLINS se mettre sous l’autorité des travailleurs et des syndicalistes prolétariens de la CGT.

Perce qu’il faisait partie d’une organisation politique qui naît au coeur des masses ouvrières.

L’organisation est fière de compter parmi ses membres les défenseurs de la CGT des prolétaires.

C’était un jeune militant qui défendait la cause ouvrière et la cause de la grande CGT de lutte de classes, indissolublement liées.

Il ne confondait pas les traîtres du bureau confédéral et les centaines de milliers de militants cégétistes ardents défenseurs de la cause ouvrière.

Il faut savoir POUR QUOI, POUR QUI, il est mort : POUR LA CLASSE OUVRIERE, POUR LA C.G.T. de LUTTE DE CLASSES, POUR LE PARTI des REVOLUTIONNAIRES PROLETARIENS qu’il aidait à édifier, POUR LE PEUPLE.

Dans son esprit il avait gravé l’instruction du grand guide de le Révolution mondiale, le camarade Mao Tsé-toung : SERVIR LE PEUPLE.

CAMARADE, ton nom est désarmais inséparable de la révolution populaire, du printemps de notre peuple !

Nous te faisons le serment de suivre la voie que tu as tracée de ton sang.

Le sang des prolétaires, le sang de notre camarade lycéen, de ceux qui sont morts SANS QUE LE PEUPLE LE SACHE, est pour nous tous LE SANG des MARTYRS.

Des martyrs de la REVOLUTION POPULAIRE. Il soulève notre haine qui est immense, à la mesure des souffrances infligées au peuple par ses exploiteurs.

Camarades, autour du drapeau rouge de le résistance prolétarienne, de le Révolution Populaire, du communisme, UNIS JUSOU’A LA VICTOIRE!

– Syndicalistes prolétariens C.G.T.
– Mouvement de Soutien aux Luttes du Peuple.
– Union des Jeunesses Communistes (marxiste-léniniste) et Organisations sur la ligne de SERVIR LE PEUPLE.

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Le film « La chinoise » de Jean-Luc Godard (1967)

La fraîcheur du film La chinoise de Jean-Luc Godard ne tient pas seulement à la candeur des acteurs et actrices représentant des jeunes engagés dans les rangs « marxistes-léninistes » en mars 1967, ni à leur discours sur le blocage de l’université pour remettre en cause le régime annonçant directement mai 1968.

Il y a aussi une sorte de pureté graphique qui ressort de chaque image et de l’association de l’ensemble des petites saynètes, qui sont à la fois irrévérencieuses et surprenantes, authentiques dans la dignité de la révolte et en même temps ouvertement critiques quant à l’origine sociale des révoltés.

Car, et c’est un phénomène tout à fait français ou plus précisément parisien, une partie significative des meilleurs étudiants parisiens, issus alors des familles les plus aisées, ont fait le choix dans la période 1967-1969 de s’identifier avec la révolution culturelle en Chine, avec le style de travail « marxiste-léniniste ».

D’où les innombrables citations de Mao Zedong dans le film, associées à la représentation parfois très humoristique et jamais prétentieuse des principales valeurs partagées, allant du refus catégorique de l’Union Soviétique à la volonté d’ouvrir la voie au soulèvement armé.

Jean-Luc Godard, avec ce collage, ce patchwork de moments où l’on discute et l’on fume, où l’on pose sa fragilité sentimentale et sa volonté d’aller de l’avant dans la révolution, où l’on revendique son besoin d’art, où l’on pose véritablement une identité en rupture tout en se sachant souvent soi-même d’origine bourgeoise, fait une véritable capture graphique d’un moment historique de grande signification.

En un certain sens, on ne peut pas comprendre mai 1968 sans voir La chinoise, à moins de réduire cet épisode historique à une logique iconoclaste anarchiste – situationniste. Ce qui caractérise en effet les marxistes-léninistes, c’est-à-dire les maoïstes de l’Union de la Jeunesse Communiste (marxiste-léniniste), c’est le souci profond de la question esthétique, au sens d’une vision du monde cohérente et allant dans le sens d’une beauté totale.

C’est, bien entendu, l’esprit de la révolution culturelle sur le modèle chinois; cela se fait dans le film de manière revendicative, assumée, au moyen de grandes tirades sous forme de sentences :

« Ce que j’ai à vous dire, c’est que c’est pareil dans l’enseignement aussi bien littéraire que scientifique. Le colloque de Caen a proposé des réformes, la gauche propose des réformes.

Mais tant que Racine peindra les hommes tels qu’ils sont, tant que Sade sera interdit à l’affichage, tant qu’on n’enseignera pas les mathématiques élémentaires dès le jardin d’enfants, tant qu’on subventionnera dix fois plus les homosexuels de la Comédie-Française que Roger Planchon ou Antoine Bourseiller, ces réformes resteront lettre morte, parce qu’elles appartiennent à un langage mort, à une culture qui est une culture de classe, qui est un enseignement de classe, une culture qui appartient à une classe déterminée et qui suit une politique déterminée. »

La beauté, vivante et productive, est ici au cœur des exigences, mais on sait comment après mai 1968 le système profitera d’une vaste logique modernisatrice, où d’ailleurs Sade, Roger Planchon et Antoine Bourseiller auront plus que leur place !

C’est ce qui fait d’ailleurs la grande faiblesse du film que de se tourner vers tout ce qui est moderne, expérimental, quitte à ne pas voir que le contenu visé – un éloge du marxisme-léninisme et de l’engagement – est inévitablement en opposition finalement frontale avec ce goût incongru et fétichiste du montage rythmé allant jusqu’à la mise en abîme, selon le principe de la nouvelle vague entendant toujours rappeler que ce n’est qu’un film, d’où les moments où l’on voit les cameramans par exemple.

Et pourquoi avoir intégré dans La chinoise une sorte de scénario, qui plus est emprunté au roman Les Démons de Fiodor Dostoïevski qui va à l’opposé du sens de l’engagement révolutionnaire ? Tout le film se focalise d’ailleurs sur un appartement bourgeois récupéré par des bourgeois.

C’est là encore l’un de ces mystères des raisonnements tortueux de Jean-Luc Godard; heureusement, La chinoise reste comme intouchable par rapport à ces erreurs significatives. On est dans un souffle continu, un chemin long et fastidieux, mais apparaissant finalement comme lumineux pour paraphraser Mao Zedong. Comme il est dit à la fin, « Je croyais avoir fait un grand bond en avant, je n’ai fait que les premiers pas d’une longue marche. »

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PCMLF : « En avant pour un pouvoir populaire révolutionnaire »

Participant de plein-pied à mai 1968, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France voyait dans la situation la possibilité de démasquer le Parti Communiste Français devenu à ses yeux révisionniste et de s’affirmer comme nouveau pôle communiste. Voici son communiqué du 20 mai 1968

EN AVANT POUR UN POUVOIR POPULAIRE RÉVOLUTIONNAIRE

Déjouons les manoeuvres des politiciens au service de la bourgeoisie,

Arrachons leur le pouvoir à la base dans les entreprises, dans les universités.

ORGANISONS NOUS A LA BASE ET DANS L’ACTION

 » Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire.

Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires à la victoire dans leur lutte contre l’impérialisme et ses valets. » Mao Tsé toung

Au troisième jour du grand mouvement révolutionnaire contre le pouvoir des monopoles, la grève paralyse toutes les industries, toutes les administrations et services publics, toute l’université.

Malgré le refus des états-major syndicaux de lancer le mot d’ordre de grève générale illimitée, les travailleurs unis à la base et dans l’action, débordent largement tous ceux qui s’emploient à freiner le développement de la lutte.

Malgré les consignes bureaucratiques et autoritaires de Georges Seguy, secrétaire général de la C.G.T., les Ouvriers pratiquent des formes nouvelles de lutte des classes plus dures et plus efficaces que celles déjà expérimentées en 1936 et en 1947 : par exemple, ils enferment dans leurs bureaux les directeurs et présidents-directeurs généraux.

Au surplus, ils se refusent à limiter leurs objectifs de combat à des revendications seulement sociales, comme le voudraient Seguy et Descamps, et politisent spontanément le mouvement en posant comme exigence prioritaire le renversement du POUVOIR DES MONOPOLES.

De tels faits attestent d’une très grande combativité des masses laborieuses.

Les adhérents et militants de base de la C.G.T. comme du P. »C ».F. agissent souvent de façon positive contrairement aux directives qu’ils reçoivent de leurs plus hauts dirigeants et qu’ils désapprouvent en de nombreux cas.

Face à cette situation dont ils n’ont pas eu l’initiative et qui les a débordés, les dirigeants révisionnistes et réformistes des « grandes centrales », C.G.T. entête, essayent de tenir avec habilité et souplesse leur rôle historique de défenseurs de la société capitaliste, infiltrés dans les rangs de la classe ouvrière.

C’est pourquoi ils multiplient leurs efforts pour empêcher tout contact entre les ouvriers en grève et les étudiants qui ont allumé les premiers, et au prix de leur sang, l’étincelle de la révolte contre le régime qu’incarne le directeur de banque Pompidou.

Ils tentent également d’isoler les grévistes les uns des autres.

Dans ces entreprises, ils reçoivent l’appui actif et intéressé de tous les organes de la bourgeoisie affolée : grande presse, radio et télévision, qui reprennent hâtivement les calomnies et arguties du bureau politique du parti de Waldeck Rochet ou du bureau confédéral de Georges Séguy, et qui utilisent abondamment l’actif soutien apporté à De Gaulle tant par les ultra-révisionnistes de Roumanie que par la clique dirigeante de l’Union Soviétique.

LES TROIS ASPECTS PRINCIPAUX DE LA SITUATION

La situation ainsi créée se caractérise donc :

l°- par la volonté révolutionnaire des travailleurs manuels et intellectuels auxquels vont se joindre les masses paysannes. L’ensemble de ces couches sociales représente l’immense majorité des forces productives de la nation, aspirant au socialisme.

2°- par la résistance du pouvoir des monopoles, que manifestent les nombreuses réunions tenues par Pompidou et ses ministres avec De Gaulle revenu précipitamment de Roumanie en présence des plus hauts responsables des organes répressifs de l’état bourgeois; armée, police, gendarmerie et par l’alliance ouverte dans la rue des groupes activistes gaullistes et fascistes.

3°- par les manoeuvres des dirigeants révisionnistes et réformistes des syndicats, du faux parti communiste, et de la social-démocratie, tous ces politiciens sclérosés et corrompus annonçant à grand tapage qu’ils sont prêts à « assumer leurs responsabilités » et à « s’emparer du pouvoir » tout en s’efforçant de rassurer la bourgeoisie qu’ils entendent sauver et servir une fois de plus.

UNITE A LA BASE ET DANS L’ACTION !

Dans ces conditions, le comité central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, traduisant la volonté profonde des travailleurs de notre pays, lance un appel solennel pour que se réalise, à la base et dans l’action, la plus solide unité de combat révolutionnaire entre ouvriers, paysans et étudiants.

Seule une telle unité, solidement implantée dans les usines, sur les chantiers, dans les administrations et services publics, dans les campagnes, dans les facultés, lycées et collèges, peut parvenir au renversement du pouvoir des monopoles, empêcher que la bourgeoisie ne recoure, pour préserver ses intérêts et privilèges de classe, au service des politiciens sociaux -démocrates et révisionnistes, stopper net enfin toute tentative de putch de caractère fasciste.

COMMENT REALISER L’UNITE DU COMBAT REVOLUTIONNAIRE ?

Cette unité est possible à la condition que les masses agissent conformément à la volonté des ouvriers les plus exploités, des paysans les plus pauvres, des étudiants les plus avancés.

Pour permettre à cette volonté de s’exprimer et de se consolider, les masses en mouvement doivent constituer d’urgence et partout, des comités de base, conseils ouvriers, paysans ou étudiants, plaçant sous leur contrôle permanent tout dirigeant qu’elles désignent et qui reste susceptible d’être immédiatement remplacé s’il trahit.

Au surplus, ces comités de base doivent établir immédiatement des liaisons entre eux pour coordonner leur combat.

Si le pouvoir des monopoles est contraint à se démettre, la bourgeoisie essayera de le remplacer par des formes parlementaires qui ont déjà fait la preuve de leur nocivité.

Mitterand, Mendès-France, Waldeck Rochet, et Georges Séguy lui offrent déjà leurs services dans ce but.

Le pouvoir devra rester aux masses populaires dont la vigilance devra s’exercer avec intensité pour empêcher que ne soit usurpée leur victoire révolutionnaire.

Il convient tout spécialement de déjouer les manoeuvres de la social-démocratie qui sont appuyées en sous-main par l’impérialisme américain et de ce fait bénéficient des faveurs des centristes Lecanuet, Giscard d’Estaing et autres réactionnaires de tous poils.

VIVE LE POUVOIR OUVRIER DANS LES USINES !

VIVE LE POUVOIR DES PAYSANS PAUVRES A LA CAMPAGNE !

VIVE LE POUVOIR DES ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES A L’UNIVERSITE !

VIVE LE POUVOIR POPULAIRE ET REVOLUTIONNAIRE !

Paris, le 20 Mai 1968 – 14 heures

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PCMLF : « Travailleurs et étudiants unissez-vous »

Issu en partie du Parti Communiste Français et reconnu officiellement par la Chine, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France était l’une des deux principales organisations se revendiquant de Mao Zedong alors qu’arrive mai 1968. Voici son tract du 6 mai 1968.

TRAVAILLEURS ET ÉTUDIANTS

UNISSEZ – VOUS CONTRE LE POUVOIR DES MONOPOLES ET CONTRE LE FASCISME!

VIVE LA JUSTE LUTTE DES ÉTUDIANTS !

« Le monde est autant le vôtre que le nôtre, mais au fond c’est à vous qu’il appartient. Vous les jeunes, vous êtes dynamiques, en plein épanouissement comme le soleil à 8 ou 9 heures du matin. C’est en vous que réside l’espoir. »
MAO TSE-TOUNG

Le système capitaliste mondial est entré dans une période de crise économique, politique et idéologique dont il ne se relèvera pas.

La guerre victorieuse du peuple vietnamien ébranle jusque dans ses fondements l’impérialisme américain et stimule les luttes des peuples du monde entier.

Un monde nouveau se lève à l’Orient. La République Populaire de Chine, sous la direction de Mao Tsé-toung, Lénine de notre époque, indique le chemin à suivre pour tous les révolutionnaires.

Les régimes monopolistes des U.S.A. et d’Europe occidentale sentent leur fin prochaine. Pour eux, la seule issue, c’est le recours aux méthodes terroristes de gouvernement, à la violence permanente contre la classe ouvrière et le peuple, c’est-à-dire au fascisme.

La recrudescence de l’activité des groupuscules fascistes du type « occident  » est un signe de cette décadence.

Le journal fasciste « Minute » a ouvertement appelé au meurtre des étudiants, en les désignant sous les termes d' »enragés rouges ».

Il a été suivi en cela, par toute la presse et les moyens de propagande au service des monopoles.

La direction du P.  » C.  » F. est venue au secours du chœur des réactionnaires, en reprenant les mêmes arguments, en appelant à la répression contre les étudiants en lutte, en essayant de dresser la classe ouvrière contre eux.

Leurs manœuvres ont lamentablement échoué devant le soutien actif d’un nombre toujours plus grand de travailleurs aux luttes et manifestations des étudiants.
La faillite de la direction révisionniste du P.  » C.  » F. parmi les intellectuels révolutionnaires annonce sa faillite totale dans la classe ouvrière.

La classe ouvrière, de plus en plus exploitée et opprimée, voit grandir sa colère et envisage de plus en plus l’action directe contre le capitalisme.
L’accueil chaleureux que les travailleurs ont réservé aux marxistes-léninistes le 1er mai, de la République à la Bastille, le prouve assez.

Nos justes mots d’ordre:

o  » Unité à la base et dans l’action « ,

o  » A bas les monopoles « ,

o  » Vive la victorieuse guerre du peuple vietnamien « ,

o les chants révolutionnaires de l' » Internationale – et de la « Jeune Garde » ont été repris tout au long du
parcours par des milliers de voix sans que les permanents révisionnistes aux ordres de Waldeck-Rochet puissent nous empêcher de défiler avec tous les autres travailleurs, et obtenir leur soutien.
Les intellectuels et les étudiants, en particulier les étudiants d’origine pauvre ouvrière et paysanne, ressentent particulièrement la crise qui déferle sur notre société décadente.

ILS ONT RAISON DE SE REVOLTER !

Le plan Fouchet, réforme ultra-réactionnaire de l’enseignement, au service exclusif des monopoles, les touche dans leurs intérêts les plus profonds puisqu’il vise à rejeter la majorité et en premier lieu ceux issus des classes laborieuses de l’Université, à les mettre à la disposition des intérêts capitalistes les plus vils.

TRAVAILLEURS ET ETUDIANTS, UNISSEZ-VOUS DANS LE MEME COMBAT CONTRE LE POUVOIR DES MONOPOLES ET LA MONTEE DU FASCISME !

Les intérêts des étudiants progressistes rejoignent ceux des travailleurs. Il ne peut y avoir d’Université démocratique dans le cadre de la fausse démocratie de la bourgeoisie.

Seul le socialisme permettra la réalisation d’un système nouveau d’enseignement qui réponde aux aspirations légitimes des intellectuels progressistes.

Toutes les solutions réformistes propagées par la fausse gauche  » (Mitterrand et Cie) et par la direction du P.  » C.  » F. ne sont que poudre aux yeux visant à mieux préparer la soumission des intellectuels au système monopoliste d’Etat, en les berçant d’illusions pour qu’ils abandonnent la lutte.

La lutte des étudiants après les grands combats ouvriers de ces dernières années annonce les grands bouleversements qui vont avoir lieu dans les pays capitalistes.
Elle annonce les luttes révolutionnaires de la classe ouvrière et du peuple, luttes qui balaieront le système capitaliste.

C’est pourquoi les étudiants révolutionnaires doivent résolument rejoindre le combat de la classe ouvrière et se placer sous sa direction politique.
Les étudiants en lutte contre les monopoles ne pourront triompher qu’à cette condition C’est pourquoi les militants du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France participent au coude à coude aux manifestations des étudiants et se battent résolument à leurs côtés contre le pouvoir des monopoles.

C’est pourquoi le P.C.M.LF. lutte résolument pour lier le combat des jeunes intellectuels a celui des travailleurs, pour expliquer aux travailleurs le sens profond de la lutte des étudiants, afin de briser l’isolement dans lequel la bourgeoisie et la direction révisionniste du P.  » C.  » F. tente de les enfermer. Il compte également pour cela sur l’aide de tous les anti-monopolistes sincères.

6 mai 1968 – Le Comité central du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France.

– Travailleurs, étudiants, luttons tous ensemble, mobilisons-nous en permanence
contre le pouvoir des monopoles, contre la montée du fascisme !

– Peyrefitte et Fouchet à la porte !

– Grimaud (préfet de police), Roche (recteur) démission !

– Libérez les emprisonnés ! Levez les sanctions !

– Travailleurs, étudiants révolutionnaires, rejoignez le P.C.M.L.F., le seul Parti communiste véritable.

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UJCML : Vive les étudiants de Nanterre et de Paris

Voici le tract du 4 mai 1968 de l’Union de la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste, une des deux organisations maoïstes de 1968, qui est née dans le mouvement étudiant et qui s’est notamment caractérisé par une politique d’établissement dans les usines, ainsi que par une intense activité de soutien au Vietnam avec les Comités Vietnam de Base. Les images sont tirées du film de 1967 La Chinoise, de Jean-Luc Godard, lié à l’UJCML et à son prolongement, la Gauche Prolétarienne.

Depuis plus d’un mois, un nombre grandissant d’étudiants et de jeunes se révoltent et luttent contre la bourgeoisie. Les étudiants de Nanterre ont dans cette révolte joué un rôle d’avant-garde.

Toutes les forces répressives de la bourgeoisie se sont mobilisées pour écraser ce mouvement; elles ont utilisé la presse, les bandes fascistes, l’intimidation par l’administration universitaire, les arrestations et enfin l’agression de forces policières massives.

Tous les réactionnaires (y compris la clique dirigeante révisionniste), pris de panique, ont constitué un front uni et fomenté un vaste complot contre les étudiants : calomnier les étudiants progressistes, déverser un flot de mensonges, tout mettre en oeuvre pour les isoler de la population et permettre ainsi leur écrasement par les bandes fascistes et les troupes d’agression policière.

Mais cette offensive de la réaction, loin d’intimider les étudiants, a renforcé leur résolution.

Le mouvement des étudiants progressistes s’est impétueusement développé.

Malgré les contre-courants la masse des étudiants progressistes a brisé les manoeuvres d’encerclement et s’est orientée vers le peuple, vers les larges masses de la classe ouvrière, des travailleurs et de la population.

LE MOUVEMENT DE SOUTIEN AUX LUTTES DU PEUPLE CONNAIT UN GRAND ESSOR.

Le 3 mai, pendant près de 6 heures, de 17 heures à 23 heures environ, la masse des étudiants du Quartier Latin s’est bravement dressée contre les C. R. S. et la répression.

Comptant sur leurs propres forces et bénéficiant de l’appui de la population, ils se sont spontanément organisés et ont sévèrement châtié les provocations policières.

Déjà le mouvement de résistance aux brutalités policières se développe parmi les masses populaires.

Le 3 mai, une partie de la population s’est elle-même portée aux côtés des étudiants pour les aider à résister à la violence.

Les C. R. S. se sont comportés à l’égard de la population comme des troupes d’occupation en territoire ennemi, s’en prenant brutalement aux masses sans aucune distinction.

Ils ont suscité ainsi une grande colère dans la population.

Des masses populaires de plus en plus larges sont frappées depuis des mois et des années par la répression et la violence contre-révolutionnaire. Ces derniers temps les C. R. S. et autres troupes d’agression contre la population se sont livrés à des attaques brutales à l’égard des paysans de Redon, puis à l’égard des ouvriers et des masses populaires du Mans, de Caen, de Redon qui ont vaillamment combattu et châtié les agresseurs.

Ainsi des masses de plus en plus grandes d’ouvriers, de paysans, et d’étudiants prennent conscience de la nécessité de mettre un terme aux agressions policières, de faire cesser la répression.

Dans leur lutte contre la répression, les étudiants doivent résolument s’unir avec les larges masses populaires, et en particulier de la classe ouvrière, qui combattent depuis longtemps le même ennemi.

Ils doivent se mettre au service des travailleurs, force principale de la révolution.

Ouvriers, paysans, étudiants doivent s’entraider et se soutenir mutuellement pour défendre la liberté populaire et mettre en échec la violence policière.

Si les larges masses populaires des ouvriers, des paysans, des étudiants, persévèrent dans la lutte, conquièrent leur unité et forment un vaste front contre la répression policière, elles briseront inéluctablement les plans d’agression de la bourgeoisie.