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UNEF: la grande polémique

La crise politique autour de l’UNEF reflète un immense problème de fond à Gauche.

Il y a cinquante ans, en mars 1971, l’Union nationale des étudiants de France était marquée par une scission produisant deux UNEF concurrentes. Une sorte de réunification bancale a eu lieu en 2001 et depuis l’UNEF ne cesse de sombrer qualitativement et quantitativement. L’affaire politique de ces derniers jours témoigne d’une crise toujours plus profonde.

Tout part de propos de Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, lors de son passage sur la radio Europe 1 le 17 mars 2021. Elle y déclarait qu’il y avait au sein de l’UNEF des réunions « non mixtes racisées ». L’idée est, on l’aura compris, de combattre le racisme en donnant la parole aux gens victimes de racisme dans un cadre rassurant, mais l’approche va également dans le sens d’une logique identitaire-communautaire.

Cela a provoqué une vague de critiques de la part du gouvernement et de la Droite. Le soir même le député des Alpes-Maritimes (Les Républicains), Eric Ciotti, appelait à la dissolution de l’UNEF. Le 19 mars, sur BFMTV, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait que de telles réunions étaient « racistes », alors que François-Xavier Bellamy parlait de « dérive raciste assumée » et appelle à la dissolution de l’UNEF, etc.

Le 22 mars Le Figaro lance ensuite une offensive anti-UNEF, avec notamment à plusieurs reprises la question de la possibilité de la dissolution de l’UNEF, parlant de « décadence idéologique » de la Gauche ; le même jour Le Monde lance inversement la mission il faut sauver le soldat UNEF avec différents articles, ainsi que la publication d’un appel anti-dissolution de 300 figures de la Gauche (un article en accès payant, l’appel date du week-end et a été lancé par un adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo).

Cet appel anti-dissolution est signé par des gens relevant de l’UNEF d’avant 1971, des deux UNEF nées en 1971 (celle liée au PCF, celle liée aux trotskistes dits lambertistes puis au Parti socialiste), ainsi que de l’UNEF réunifiée de 2001.

Cependant, l’UNEF actuelle n’a rien à avoir avec ces UNEF passées. L’UNEF est aujourd’hui un mouvement de jeunesse, qui porte des luttes sociales et « sociétales », avec des individus plus ou moins impliqués.

Avant, l’UNEF était un conglomérat des activistes de gauche, qui agissaient de manière unie mais en se bataillant à travers des tendances et des fractions. Aujourd’hui, l’UNEF c’est un simple lieu de passage de gens « en lutte ». Et comme on est en France, les luttes sont conçues dans une perspective « syndicaliste révolutionnaire », c’est-à-dire sur la base de la minorité agissante, dans une démarche substitutiste où une pseudo assemblée générale parle au nom de tout le monde, etc.

Dans une interview au Figaro, Jean-Christophe Cambadélis tient d’ailleurs des propos assez hallucinés à ce sujet. Lui-même a été président d’une des deux UNEF, l’UNEF-ID, de 1980 à 1984 (il représente le passage des étudiants trotskistes dits lambertistes au Parti socialiste). Il pense que l’UNEF d’aujourd’hui a une mentalité de « gardes rouges » chinois avec l’idée de rédemption par l’exemple.

C’est totalement faux et on se demande où il va chercher cela. Il y a eu des scissions de l’UNEF en mode maoïste dans les années 1980, elles étaient hyper structurées et insistaient sur le travail de masse pour élever le niveau de conscience politique. Cela n’a rien à voir avec l’UNEF actuelle qui récuse les idéologies au nom des principes de la « déconstruction ».

Il est vrai qu’on peut avoir l’illusion que l’UNEF est hyper-activiste et cette illusion est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de l’ultra-gauche française. Mais enfin poster sur les réseaux sociaux des images de slogans écrits sur les murs ou d’une table de presse n’est pas une preuve de réel activisme. Il faut être naïf pour suivre l’auto-intoxication de gens s’imaginant « militer » alors qu’ils ne font que brasser du vent.

Et c’est là la vraie question de la polémique autour de l’UNEF, du point de vue de la Gauche. Quels doivent être les critères pour évaluer les luttes, les phénomènes ? Faut-il partir de la Gauche historique ou accepter les conceptions post-modernes de la « gauche » à l’américaine ?

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Tribune des anciens de l’UNEF disant «non à la dissolution»

Voici la tribune initiée par l’association « les anciens de l’UNEF« , qui a été signée par énormément de personnalités liées historiquement ou même très récemment à l’UNEF.

« Non à la dissolution de l’UNEF

Il y a quelques jours, des parlementaires de droite demandaient la dissolution de l’UNEF. Désormais c’est le ministre de l’Education nationale qui parle de « pente fasciste » pour qualifier son activité.

Quels seraient les actes justifiant ces attaques ? L’organisation de quelques groupes de paroles non-mixtes pour les étudiant.e.s victimes de discriminations. Cette pratique intéresse, interroge, inquiète. Elle bouscule et fait débat.

Nous ne pouvons accepter que des députés proposent la dissolution de cette organisation. Nous ne pouvons encore moins admettre l’idée que l’UNEF soit renvoyée dos à dos avec un groupuscule d’extrême droite, condamné pour incitation à la haine raciale. Nous ne pouvons tolérer les propos d’un ministre qui banalisent le fascisme et participent ainsi à la confusion idéologique ambiante.

Militant.e.s, dirigeant.e.s, avec des diversités de parcours, nous avons été par le passé des acteurs et actrices engagé.e.s de cette organisation. L’idéal émancipateur, républicain, laïque, antiraciste et féministe a toujours été notre boussole, un idéal au service des intérêts sociaux et moraux de tous les étudiant.e.s. Au cours de ses 110 ans d’histoire, quelle qu’ait été la tendance dirigeante, l’UNEF a toujours été en tête des batailles relatives au budget de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle a su porter un discours anti-colonial dans une société française qui était loin d’y souscrire. Elle s’est engagée en mai 68, dans ce mouvement qui a conduit aux changements sociaux et moraux que nul ne conteste aujourd’hui. L’UNEF, c’est aussi un mouvement décisif contre la sélection en 1986 et la mobilisation historique contre le CPE qui n’avait d’autre ambition que de précariser encore et encore, les jeunes de notre pays.

Signataires de ce texte, pour certain.e.s avec des désaccords parfois profonds avec des pratiques et des orientations syndicales et idéologiques de l’UNEF, nous pensons que, par son histoire et les valeurs issues de la Charte de Grenoble qu’elle incarne, l’UNEF a toute sa place dans le débat public.

A l’heure où les étudiant.e.s et la jeunesse sont particulièrement touchés par la pauvreté et la précarité, le gouvernement se doit d’être à l’écoute des organisations représentatives des étudiant.e.s. Cette exigence nous paraît d’autant plus incontournable que nous avons sous nos yeux, ces dizaines de milliers de jeunes qui basculent dans une précarité insupportable, renoncent à poursuivre leurs études abandonnant ainsi leurs projets d’avenir.

Aussi, nous condamnons l’outrance injurieuse des termes employés et nous opposons à toute volonté de dissolution d’une organisation de jeunesse telle que l’UNEF. »

Voici la longue liste des signataires :

L’Association des anciens de l’UNEF, fondée en 1938, Pouria AMIRSHAHI, Président UNEF-ID 1994-1998, Xavier AKNINE, Président UNEF-SE1986-1988, Nicolas ASKEVIS, UNEF ID 1990-1995, Cyprien ASTIER, UNEF 2014, Frédéric AUGENDRE, UNEF ID Secrétaire général 1983-1986, Clementine AUTAIN UNEF SE 1991-1994, Gilles ALFONSI, UNEF 1989-1991, Tania ASSOULINE, Secrétaire générale UNEF 2001-2003, Sebastien BACHOLET UNEF-SE 1980-1983, Patrice BADARD, UNEF ID 1992-1998 ,Guillaume BALAS, Vice-Président UNEF-ID 1994-1995, Loic BASSINO, Secrétaire national UNEF 1991-1994, Mathieu BARBERIS, UNEF 2016-2018, Olivier BARBEROUSSE, PSA UNEF-ID 1986-1990, Johanna BARRASZ, UNEF 1993-1996, Emilie BELLIN, UNEF 2015-2016, Sarah BENICHOU UNEF ID 1993-1999, Ugo BERNALICIS, UNEF 2008-2011, Jean Pascal BERNARD, BN UNEF-ID 1993-1997, Céline BERQUER, UNEF ID, BN 1994-1997, Marie Noëlle BERTRAND UNEF Secrétaire générale, Nicolas BERTRAND, Secrétaire général UNEG 1989-1991, Tina BIARD, BN UNEF 2010-2012, Alexandre BILOUS 1964-1968, Sophie BINET, Vice Présidente UNEF 2007-2008, Nina BITOUN, UNEF ID Paris 1 1993-1998, Romain BLACHIER, UNEF 1995-2002, Frédéric BOCCARA, BN UNEF 1981-1985, Pascal BOISSEL, UNEF ID 1979-1982, Romain BOIX, LMDE Président 2015-2018, Frédéric BONNOT, UNEF-ID Trésorier National 1994-1999, Florian BORG, UNEF-ID, 1997-1999, Delphine BORGEL, PSA UNEF-ID 1993-1997, Frédéric BORRAS, UNEF-ID 1984-1988, Serge BOSC, FGEL 1964-1968, Amine BOUABBAS, UNEF 2004-2007, Jean-Marcel BOUGUEREAU, FGEL 1964-1968, Jean Baptiste BOURDELLON, BN UNEF 2012-2014, Emilie BOURDON, UNEF, 2016-2018, Gerard BOURGOIN FGEL 1963-1969, Gwenolé BUCK, UNEF 2005-2010, Gérard BRIANT, UNEF 1992-1996, Colombe BROSSEL UNEF ID 1989-1992, Mickaël BRUEL UNEF ID 1999 2000, Louis-Jean CALVET VP UNEF 1964-1965, Magali CAMPA, UNEF Secrétaire Générale 2016-2018, Franck CARBONNEL, FNEMS UNEF 1980-1985, Pierre-Alain CARDONA, UNEF ID 1994-1995, Fanélie CARREY-CONTE, BN UNEF 2000-2005, Philippe CASIER, BN UNEF-ID, Christophe CASTAING, BN UNEF ID 1981-1985, Sébastien CHAILLOU, Trésorier National UNEF 2012-2013, Fabrice CHAMBON, BN UNEF 2001-2005, Arnauld CHAMPREMIER-TRIGANO Vice-Président UNEF-ID 1994-1997, Claudine CHAPRON, UNEF 1984-1989, Vincent CHARBONNIER, UNEF-ID, 1990-1993, Julian CHARTON, UNEF BN 2012-2015, Magalie CHASTAGNER, Secrétaire national UNEF 1999-2002, Norbert CHAZAUD, UNEF BN 1979-1983, Pascal CHERKI, BN UNEF-ID 1988-1993, Théo CHEVALLIER BN UNEF 2014-2016, Chahra CHIBATI, UNEF 2006-2009, Mélanie COLLET, UNEF 2003-2006, Eric COQUEREL, UNEF-ID 1983-1988, Alexis CORBIERE, Vice-Président UNEF-ID 1994-1995, Sergio CORONADO UNEF ID 1992-1994, Annie COUEDEL 1962-1966, Aliaume COUCHARD, UNEF 2011-2013, Jean Francçois COURTILLE, BN UNEF 1987-1988, Joëlle COULON, UNEF 1962-1964, Pierre COURS-SALIES, UNEF 1962-1967, Cendrine DALLET, UNEF ID 1995-2000, Pierre DARDOT, UNEF-ID, 1980-1986, Olivier DARONNAT Secrétaire Général UNEF ID 1994-1997, Philippe DARRIULAT, Président UNEF-ID 1986-1988, Caroline DE HAAS, Secrétaire générale UNEF 2007-2009, Pierre DEJEAN, UNEF 1968-1970, Laëtitia DEKNUDT, UNEF ID BN 1981-1984, Laure DELAIR, Vice-Présidente UNEF 2013-2015, Anne DELBENDE, Secrétaire Générale UNEF 2003-2006, Karine DELPAS, Présidente de l’UNEF 1997-2000, Stéphane DELPEYRAT, UNEF-ID 1986-1988, Jacques DELPY, Secrétaire général UNEF 1955-1957, Emir DENIZ, UNEF 2000-2002, Clémence DOLLE, UNEF BN 2018-2020, Laurent DOUCET, UNEF-ID 1986-1989, Maryse DUMAS, BN UNEF 1972-1976, Isabelle DUMESTRE, BN UNEF 2000-2005, Tifen DUCHARNE, BN UNEF  1993-1999, Capucine EDOU, UNEF ID BN 1995-1999, Julie EL MOKRANI TOMASSONE, BN UNEF 2013-2016, Annie ERNAUX 1960-1964, Amandine ESCHERICH, BN UNEF 2012-2014, Magali ESCOT, UNEF-ID 1992-1996, Valérie ESTOURNES, BN UNEF-ID 1991-1993, Gwenaelle EVIN, UNEF ID 1989-1997, Vanessa FAVARO, LMDE Présidente 2012-2014, Luis FAVRE, UNEF US 1975-1979, Laurent FAURE, UNEF-ID 1983-1987, Sacha FEIERABEND, Secrétaire Général UNEF 2014-2017, Gérard FILOCHE, UNEF 1968, Germain FILOCHE, BN UNEF 2005-2009, Léa FILOCHE, BN UNEF 2001-2004, Damien FLAMENT, UNEF 2004-2007, Astrid FRANCOIS-HIGELE, UNEF ID 1995-1998, Gweltaz FRIGOUT, BN UNEF 1999-2003, Laurent GARROUSTE, BN UNEF-ID 1987-1995, Raquel GARRIDO, BN UNEF-ID 1994-1997, Frédéric GENEVEE, UNEF 1986-1988, Dominique GERARDIN FGEL 1963-1967, Olivier GIRARDIN, Secrétaire général UNEF 1993-1994, Lionel GIRAUD UNEF ID 1995-2001, Nicolas GIRAUD, UNEF ID 1982-1988, Brice GIRAUDET, UNEF 2012-2014, Pierre-François GROND, BN 1987-1992, Stéphanie GOURDOL, BN UNEF 2002-2005, Juliette GRIFFOND, BN UNEF 2006-2009, Thibaut GUINE, UNEF 2014-2017, Nordine HATI UNEF ID 1995-2000, Benoît HAMON, 1986-1990, Mathieu HANOTIN, BN UNEF 2001-2005, Jean-Jacques HAZAN, BN UNEF-ID 1977-1985, Carole HAZE, BN UNEF-ID 1995-1998, Jean-Pascal HIGELE, UNEF ID, 1997-1998, Frédéric HOCQUARD, BN UNEF-ID 1993-1998, Jean-Jacques HOCQUARD Vice-Président 1960-1964, Farid HOUSNI, UNEF, 2000-2006, David HUYNH, BN UNEF 2001-2005, Guillaume HOIBIAN, BN UNEF 1988-1990, Bob INJEY, Président UNEF 1992-1994, Laurent JACQUEMIN, BN UNEF-ID, 1987-1991, Pauline JAGU- DAVID, BN 2012-2015, Charly JANODET, BN UNEF 2010-2012, Vincent JAROUSSEAU, Mila JEUDY BN UNEF 2004-2008, Babette JOSHUA 1963-1964, Samy JOSHUA, UNEF 1963-1964, Régis JUANICO, UNEF ID 1990-1996, Laurent KANDEL, UNEF 1984-1991, Pierre KANUTY, UNEF-ID 1990-1995, Gaëlle KERGUTUIL, UNEF 2005-2008, Nicolas KHALETZKY UNEF ID 2001-2002, Anne KOROBELNIK UNEF BN 1993-1995, Pierre Henri LAB, UNEF 1996-1999, Jean LABIB UNEF 1965, Fabrice LABROILLE UNEF ID 1996-2000, Bastien LACHAUD, BN UNEF 2001-2003, Laurent LALIBERTE, UNEF ID, 1987-1991, Mathieu LAPPRAND, BN 1999-2002, Malik LARABI BN UNEF-ID 1983-1987, Lilà Le BAS, UNEF Présidente 2016 2019, Sylviane LEJEUNE, UNEF, 1979-1981, Patrice LECLERC, Président UNEF-SE 1986-1988, Thierry LECRAS, Vice-Président UNEF 2008-2010, Alex LEGROS, UNEF ID 1987-1992, Didier LEVY, UNEF-UGE  1966-1970, Isabelle LORAND, UNEF 1986, Marianne LOUIS, UNEF ID 1989-1985, Silvère MAGNON, Secrétaire général UNEF 1998-2000, Emmanuel MAHEU UNEF 1976-1978, Joëlle MALVY BN UNEF-SE 1984 1986, Julie MANDELBAUM, Secrétaire Générale UNEF 2011-2014, Nathalie MAQUOI, UNEF 1997-2001, Raoul MARMOZ  UNEF-ID 1989-1996, Bastien MARCHINA, UNEF 2003-2011, Myriam MARTIN, UNEF-ID 1987-1993, William MARTINET, Président UNEF 2013-2016, Céline MARTINEZ, UNEF ID BN 1998-2001, Présidente de l’Association des Anciens de l’UNEF., Laurent MAUDUIT, Secrétaire général UNEF US 1975, Marianne MAXIMI, UNEF 2008-2011, Delphine MAYRARGUE, Vice-Présidente UNEF ID 1993, Jean-Luc MELENCHON, UNEF 1972, Anna MELIN, Secrétaire Générale UNEF 2008-2012, Olivier MEIER, UNEF 1988-1992, Nicolas MERIGOT, BN UNEF 2009-2015, Jean-Claude MERLE,  Vice-Président UNEF 1962-1963, Pierre MERY, BN UNEF 2011-2014, Camille MICLOT, BN UNEF 2004-2007, Franck MILLOT, BN UNEF-ID 1993-1994, Alain MONCHABLON, FGEL 1966-1967, Robi MORDER, UNEF ID BN 1980-1984, Cyril MOREL, BN 1990-1993, Nicolas MORVAN, UNEF ID, 1996-1998, Adeline NOURY, UNEF-ID 1999-2001, Lennie NICOLLET, UNEF 2010-2011, Florence OSTIER, UNEF 1977-1982, Emmanuelle PARADIS, BN UNEF-ID 994, Sébastien PARIS, UNEF 1992-1998, Yvan PAVIS, UNEF ID 1979-1985, Hélène PASQUIER, BN UNEF 2007-2009, Isabelle PAUTRAT, BN UNEF 1988-1991, Malvina PELAY, BN UNEF 2009-2012, Antoine PELLETIER, BN UNEF 2002-2005, Loïc PEN, Sécrétaire général UNEF 1992-1994, Mao PENINOU, BN UNEF-ID 1986-1993, Morand PERRIN, BN UNEF 2010-2012, Thomas PEREZ-VITORIA, BN UNEF ID 1991-1996, Raphael PEREZ, UNEF 1977-1979, Bertrand PERISSE, UNEF ID 1980-1982, Delphine PETIT, UNEF SE 1990-1994, Bernard PIGNEROL, UNEF ID Paris 1, Regis PIQUEMAL President UNEF-SE 1984-1986, Éric POLIAN, UNEF ID BN 1994-1999, Jean-Claude POLACK UNEF 1961-1962, Anaïg PIEDERRIERE, BN UNEF 2007-2010, Anne QUERRIEN, UNEF 1963-1966, Ali RABEY, UNEF 2003-2007, Pauline RAUFASTE, UNEF Vice présidente 2016-2018, Judith RAYMOND QUENTEL, UNEF 1988-1984, Patrick RAYNAL UNEF 1967-1968, Jacques REMY FGEL 1963-1964, Raphaëlle REMY-LELEU, 2011-2013, Eléonore REAL BN UNEF-ID 1994-2000, Lise RIBEAUD, Déléguée Générale de l’UNEF 2015-2016, Hervé RIGAUD, UNEF ID 1982-1985, Tiphain ROBERT, UNEF 2003-2009, Olivier ROUGIER, BN UNEF 2001-2005, Jean-Claude ROURE, Président UNEF 1962-1963, Danilo ROSALES, 1991-1993, Marc ROZENBLAT, Président de l’UNEF ID 1984-1986, Jean-Marc SALMON, Secrétaire Général UNEF 1964, Agnès SAURAT, UNEF 1985-1988, Elsa SEYS, BN UNEF-ID 1996-1998, Michel SERAC, Président UNEF US 1971-1975, Sayna SHAHRYARI, BN UNEF 2010-2013, Daniel SHAPIRA, Vice-Président UNEF US 1971-1975, Sylvie SCHERRER, BN UNEF ID 1986-1991, Eric SCHULTZ, UNEF 1992-1997, Denis SIEFFERT, Président UNEF US 1975-1978, Danielle SIMONNET, UNEF ID BN 1989-1995, Louis SOUCHIERE, BN UNEF 2014-2015, Antony SMITH, BN 1994-1997, Benjamin STORA, UNEF, 1970-1976, Philippe STIERLING, 1984-1986, Gabriel SZEFTEL, BN UNEF 2005-2008, Aurélien TACHE, UNEF 2006-2010, Sophie TAILLE POLIAN, UNEF ID, Jean François·TEALDI,, Leyla TEMEL, BN 2005-2006, Emmanuel TERRAY Cartel ENS 1956-1961, Georges TERRIER, BN UNEF ID 1982-1986, Laurent TERK, UNEF ID 1979 1985, Guillaume TESTA, BN UNEF ID 1996-1998, Marie-Noëlle THIBAULT FGEL 1960-1966, Alexandre THIEBAULT, Trésorier National UNEF 1999-2003, Isabelle THOMAS, Vice présidente de l’UNEF ID 1986, Mijo THOMAS, BN UNEF 1969-1970, Chloé TRIVIDIC, UNEF 2003-2006, Didier TZWANGUE UNEF ID 1980-1981, Antoine VALBON, BN UNEF 1981-1985, Benjamin VETELE, Vice-Président UNEF 2005-2007, Victor VIDILLES, Trésorier National UNEF 2006-2008, Marie-Pierre VIEU, UNEF SE Présidente 1994-1997, Frédéric VIGOUROUX, BN UNEF, 2001-2005, Jean VIGREUX UNEF-ID 1982-1986, WAHL Thierry, UNEF Renouveau, 1978-1979, Lauranne WITT, BN UNEF 2012-2015, Karel YON, UNEF ID BN 1997-2004, Jean-Claude ZANCARINI, UNEF 1966-1969, Michèle ZANCARINI-FOURNEL, UNEF 1964, Laurent ZAPPI BN UNEF-ID 1980-1982, Emmanuel ZEMMOUR, Président UNEF 2011-2014

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«Un 24 massif et déterminé pour le retrait»

Voici le communiqué des organisation syndicales CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaire, Fidel, MNL, UNEF, UNL pour la grève de ce vendredi 24 janvier 2020 :

« Un 24 massif et déterminé pour le retrait

Le Président de la République a donné son feu vert à l’examen en Conseil des ministres du projet de loi sur les retraites le 24 janvier 2020. Ce projet renvoie à de nombreuses ordonnances et décrets qui définiront ultérieurement et sans débat les dispositions structurantes du régime prétendu universel qui impliqueraient des conséquences désastreuses pour toute la population. Nous sommes donc face à un projet qui est toujours totalement flou mais dont l’analyse des grandes lignes, y compris par des experts indépendants, montre qu’à l’opposé de la communication gouvernementale sur une réforme de justice sociale, son objectif est de nous faire travailler plus longtemps et de baisser les pensions. La population n’est pas dupe et continue à être opposée à cette réforme et à soutenir majoritairement la mobilisation contre ce projet absurde et injuste.

L’absence de transparence du Gouvernement sur les impacts individuels et globaux est inadmissible. Après un simulacre de dialogue social de 2 ans avec les organisations syndicales, le gouvernement méprise les salarié-e-s, les grévistes, la population et la jeunesse et maintenant les prérogatives du Parlement.

Les actions et les grèves se multiplient sur l’ensemble du territoire. Nos organisations se félicitent du succès annoncé des nombreuses mobilisations organisées jeudi 23 au soir, notamment des retraites aux flambeaux. Nos organisations appellent à une mobilisation maximale le 24 janvier par la grève et les manifestations massives pour rejeter cette réforme, pour obtenir le retrait de ce projet de Loi et de véritables négociations sur la base des revendications portées par l’intersyndicale majoritaire.

Le Parlement devrait commencer à discuter du projet de Loi. D’ici là nos organisations appellent à poursuivre et amplifier les actions, y compris en multipliant les arrêts de travail, en interpellant les parlementaires et en organisant des actions de dépôt des outils de travail dans des lieux symboliques.

La détermination à faire retirer ce projet de loi est entière. Nos organisations décident de se revoir dès le 24 janvier matin pour décider ensemble des suites. »

 

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Le 86e congrès de l’UNEF du 6 au 8 décembre 2019

Le syndicat étudiant UNEF, historiquement une véritable usine à cadres pour la Gauche, va tenir son 86e congrès alors qu’elle est à un tournant. Elle a perdu en effet son approche historique d’organisation de masse pour devenir pratiquement une structure politique de la « Gauche » postmoderne, avec une démarche très sectaire.

Le 86e congrès de l’UNEF a lieu du 6 au 8 décembre 2019 à Lille, alors que l’organisation est en perte de vitesse dans la jeunesse depuis plusieurs années et est même passée au second plan dans les institutions étudiantes derrière la FAGE.

L’UNEF a rompu en effet avec la tradition de la Gauche historique – avec ses innombrables débats de tendance et ses liaisons avec les partis politiques – et ses militants agissent littéralement comme ceux d’une organisation politique avec des revendications ultra-minoritaires et sectaires.

Si les éléments les plus radicaux allant en ce sens sont parties – formant en mai 2019 la Fédération syndicale étudiante l’orientation de ce type reste hégémonique et l’organisation risque pas moins que l’auto-destruction.

Les seules réponses à la crise qui sont proposées par les quatre tendances en prévision du congrès sont en effet la fuite en avant dans les thématiques « minoritaires » propres à la « Gauche » postmoderne ainsi qu’une puissante décentralisation.

La Tendance Action Syndicale (TAS), la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE) et la Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) ne parviennent de toutes façons pas à peser sur la Tendance Majorité Nationale. Celle-ci dispose de la majorité depuis 2001 et provient même de la fraction majoritaire dans l’UNEF-ID, lié au Parti socialiste, depuis 1994.

Pour comprendre à quel point c’est l’échec, il suffit de regarder le programme de la Tendance Action Syndicale (TAS). Rien que la première page dispose d’une demi-page de notes en petits caractères pour expliquer des concepts comme crise du capitalisme, matérialisme dialectique, fascisme, capitalistes, État, crise politique/économique.

Tout cela est indéniablement important, intéressant, on ne peut pas en disconvenir. Mais s’imaginer que c’est le lieu pour cela ou que des notes en petits caractères vont élever le niveau idéologique, politique, c’est de l’ultra-gauchisme, purement et simplement.

Il en va de même pour la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE), liée au NPA, qui nie totalement que la poignée d’activistes étudiants est totalement marginalisée chez les étudiants et s’imagine représenter une minorité politique à deux doigts de la prise du pouvoir :

« Nous avons donc une responsabilité, celle d’être une génération forgée à la chaleur de l’affrontement à ces attaques et à ce gouvernement capitaliste. Une génération militante formée, forgée et construite dans les Assemblées Générales massives contre la loi ORE, dans les grèves, dans les blocages, dans les manifestations massives, dans les actions coups de poing. »

La Tendance Majorité Nationale n’échappe à cette lecture fantasmée et décalée ; voici les premières lignes de son document :

« «La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute»

Nelson Mandela

Introduction: Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Inde, Italie… Les forces réactionnaires et d’extrême-droite n’ont cessées de gagner du terrain ces dernières années aussi bien par la voie 8électorale que sur le plan des idées.

Pendant que le Brésil de Bolsonaro se referme sur lui-même, sacrifie l’Amazonie au nom de sa politique, coupe drastiquement sur le financement de l’enseignement supérieur et impose des lois homophobes, l’Inde persécute les personnes musulmanes de la région du Cashemir.

Néanmoins les populations mondiales ne restent pas silencieuses, et s’élèvent pour exiger démocratie et justice sociale: Algérie,Soudan, Hong Kong, Turquie etc. ici aussi la liste est longue. »

La Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) propose quant à elle l’abandon de tout projet global et un fédéralisme permettant une autonomie complète.

« Adopter une approche Bottom-Up : décentraliser

Notre organisation se doit d’être plus humble et de revenir à une structure décisionnelle locale, avec le développement de tracts locaux, de chartes graphiques locales. L’Unef se réalisera pleinement lorsqu’elle fera la somme de ses racines en un tronc commun et non pas en imposant à une multitude de branchages une seul voie. C’est l’appauvrissement des idées et des moyens d’actions qui nous touche par l’incapacité à renouveler nos méthodes militantes.Il faut accorder un poids plus important aux sections locales en leur accordant une autonomie accrue. »

On l’a compris : la majorité veut faire comme avant, les autres tendances exigent l’autonomie des sections, alors que dans tous les cas les seules valeurs communes sont un activisme estudiantin avec des thématiques telles l’écriture inclusive, les revendications « LGBT+ », etc.

Alors que la seule solution, pour que l’UNEF se maintienne et se reconstruise, est un retour aux fondamentaux, aux enseignements de l’UNEF-ID et de l’UNEF (dite « SE ») des années 1980, avec une cessation de la prétention à être ce qu’elle n’est pas : une organisation politique.

L’UNEF ne peut exister que comme mouvement de masse ; qu’il y soit parlé politique et que la politique décide, tant mieux, car le syndicalisme en soi n’aboutit à rien. Mais la négation du syndicalisme, sa transformation en un jeu « hyper-révolutionnaire » ultra-minoritaire se mettant sur le même plan que le monde du travail, c’est de la simple vanité et surtout un suicide.

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Le suicide n’est pas une forme politique

La tentative de suicide d’un jeune est une chose horrible, c’est un drame qui est une expression de désespoir. Cela ne saurait être autre chose. Y voir un caractère politique, comme avec la tentative de suicide d’un syndicaliste étudiant à Lyon, c’est accorder une valeur à l’autodestruction, ce qui est totalement étranger historiquement au mouvement ouvrier.

Le syndicalisme étudiant, en cherchant à mobiliser autour de ce drame, témoigne qu’il est définitivement passé dans le camp de la « Gauche » postmoderne et qu’il n’a aucune considération pour les classes sociales.

La Gauche a des responsabilités et il faut être absolument clair : le suicide et la grève de la faim sont des formes totalement étrangères au mouvement ouvrier. C’est une autodestruction, qui a toujours été réfuté comme étrangère au mouvement de l’Histoire. Il faut donc absolument tout faire pour éviter que des gens, par désespoir, par impression de se heurter à un mur, contourne le patient travail politique de gauche au profit d’une action autodestructrice « spectaculaire ».

En ces temps troublés, de faiblesse sur le plan des idées, ce genre d’actions est d’autant plus « fascinante », sans parler des réseaux sociaux qui en amplifie « l’écho ». Il y a donc lieu pour la Gauche de réfuter catégoriquement ce genre d’approches, d’empêcher que cela devienne une forme « acceptable ».

Il y a donc beaucoup de légèreté de la part de syndicalistes étudiants de la « Gauche » postmoderne à profiter d’un acte de désespoir pour récupérer la chose politiquement et tenter de faire du bruit au sujet de la précarité étudiante. Plusieurs jours après la tentative de suicide, ils cherchent à profiter de la juste émotion pour mobiliser. C’est là un jeu extrêmement dangereux, qui peut avoir des conséquences atroces. Intégrer un acte irrationnel comme le suicide dans un dispositif à prétention politique, c’est banaliser l’acte.

En agissant ainsi, on donne de la valeur à un tel acte, on reconnaît qu’il aurait été déclencheur, révélateur. On le reconnaît comme jouant un rôle socialement, ou sur le plan des idées. C’est une véritable catastrophe, un déni total de la raison.

Surtout que dans le peuple la règle est très claire : quand on a une famille, on ne se suicide pas. Dans le peuple on assume ses responsabilités, quitte à souffrir, toute sa vie. C’est ce que font 35% d’Argentins vivant dans le dénuement, pour qui la moindre chose est un luxe, dont 10 % qui ont basculé dans cette misère d’un coup ces dernières semaines. Et c’est ce que font des millions et des millions de personnes en France également, dans des conditions moins difficiles matériellement mais avec autant de souffrance morale.

Car la vie quotidienne dans cette société est, objectivement, un cauchemar. Et la réponse n’est jamais le suicide, toujours la lutte. La classe ouvrière ne se suicide pas. Qui dans le monde accordera un sens au suicide d’une personne jeune, qui a des parents qui peuvent l’héberger, qui a une petite amie, qui a la sécurité sociale grâce aux avantages sociaux, qui a disposé d’une bourse les années précédentes ? Qui plus est dans l’un des pays les plus riches du monde… Non ce n’est pas possible d’accorder une valeur à un tel acte. Il ne faut pas valoriser des actes aussi destructeurs ; rien ne peut en sortir de bon.

Et il ne s’agit pas de « précarité » étudiante ou de passer au 32 heures pour supprimer le chômage. C’est de toute la société qu’il s’agit, dans son rapport au travail, à la nature, à la vie elle-même. Cela va bien plus loin que de voir en la source des problèmes François Hollande. Ce dernier devait être présent à Lille et des étudiants de la « Gauche » post-moderne en ont profité pour déchirer les exemplaires de son dernier livre. Déchirer un livre ! Comment peut-on, en France, déchirer un livre ? Mais qui sont ces gens !

Il est vraiment terrible de voir comment en ce moment la France refuse la lutte des classes, comment on demande à l’État d’améliorer les choses et comment on trouve dans quelques gouvernants des bouc-émissaires. Les gilets jaunes sont un terrible exemple et les suicides « argumentés » récents  – comme celui d’une directrice de maternelle à Pantin – en sont un autre exemple, dramatique.

Il faut impérativement une sortie par en haut, ce que seuls les ouvriers peuvent apporter en rentrant dans la bataille. Sans eux, rien ne peut bloquer cette spirale du négatif.

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Politique

La tribune des «organisations de jeunesse» liées à la Gauche contre «l’islamophobie»

Dans une tribune publiée dimanche 10 novembre 2019, des dirigeants de la plupart des « organisations de jeunesse » liées à la Gauche appelaient à se joindre à la marche du jour contre « l’islamophobie ». La dirigeante de l’UNEF Mélanie Luce était d’ailleurs au premier rang du cortège derrière la banderole, au milieu de militants politique de l’islam.

La tribune, publiée sur le très bobo-libéral huffingtonpost.fr, est typique de ces propos qui divisent profondément la Gauche. Les « organisations de jeunesse » liées à la Gauche ( à l’exception notable des « jeunes communistes », qui appelaient toutefois à la manifestation ) ont fait le choix de jouer à fond cette carte de « l’islamophobie » en dénonçant une situation « d’une gravité extrême ».

Le panorama qu’elles dressent décrit un pays qui serait complètement arriéré sur le plan des mentalités, avec un racisme omniprésent et une guerre quasiment officielle menée contre les musulmans. On serait à les croire à l’aube d’un nouveau massacre de la Saint-Barthélemy.

C’est grandiloquent, mais tellement typique d’une partie des « organisations de jeunesse » liées à la Gauche, totalement petite-bourgeoises dans leur style, qui ont pour habitude de jouer la sur-enchère sur tout un tas de sujet, en espérant peser ainsi.

Il est donc affirmé qu’il y aurait une montée sans précédent de « l’islamophobie » et que leurs organisations exprimeraient la colère de leur génération disant « STOP » à cela. La « laïcité » serait instrumentalisée avec pour « simple objectif d’exclure petit à petit les femmes voilées de l’espace public. »

Les Jeunes Socialistes, les Jeunes Génération-s, les Jeunes Ecologistes, les Jeunes insoumis.es ou encore l’UNEF donc, ont un discours tellement auto-intoxiqué, pour ne pas dire saboté, ôté de toute substance de gauche, qu’ils en arrivent à écrire dans cette tribune une énormité populiste comme :

« Nous, organisations de jeunesse, rassemblons l’ensemble des jeunes quelles que soient leurs convictions et refusons les amalgames. »

Cela n’a aucun sens de dire que des organisations censées être de gauche rassemblent l’ensemble des jeunes. C’est une négation complète de la politique, de la bataille politico-culturelle de la Gauche contre la Droite d’une part et du grand travail de fond de la Gauche vis-à-vis des conceptions erronées au sein du peuple d’autre part.

Cette fausse Gauche, totalement convertie au post-modernisme, n’a plus aucun repère, car sa seule boussole est la quête unilatérale de l’extension infinie des « droits » individuels. Le voile, particulièrement mis en avant comme symbole de « l’islamophobie », est considéré dans cette optique comme une option parmi les autres à laquelle il faudrait avoir libre accès dans le grand supermarché des identités.

Voici la tribune :

« Notre génération ne sera pas celle de votre islamophobie!

A nos gouvernant·e·s, à tou·te·s ceux·elles qui alimentent l’islamophobie ambiante.

Notre génération est le témoin d’une montée sans précédent de l’islamophobie à laquelle nous disons STOP ensemble! Violence, discours islamophobe, stigmatisation, amalgame sont devenus progressivement notre quotidien. Nous avons grandi dans cette violence morale, physique et symbolique qui n’a cessé de croître ces dernières années et les quatre semaines qui viennent de s’écouler auront marqué un tournant.

Quatre semaines durant lesquels Emmanuel Macron a appelé à la construction d’une “société de vigilance” pour combattre l’“hydre islamiste”, quatre semaines durant lesquels Christophe Castaner et l’Université de Cergy ont établi le port de la barbe, le fait de ne pas faire la bise ou encore tout simplement certaines pratiques spécifiques à la religion musulmane (comme une pratique rigoriste durant le ramadan) comme des “signes de radicalisation”. Quatre semaines d’émissions titrant “Réformer l’islam ou le combattre?”, “Faut-il interdire le voile dans l’espace public?” etc. Quatre semaines pendant lesquelles une mère accompagnatrice de sortie scolaire a été humiliée et enjointe à sortir d’un conseil municipal simplement parce qu’elle porte le voile. Quatre semaines durant lequel Jean-Michel Blanquer a annoncé le besoin de signaler les “petits garçons” musulmans qui ne souhaiteraient pas tenir la main à des filles… Quatre semaines ayant abouti non seulement à l’adoption d’une loi par le Sénat interdisant le port de signes religieux par les parents accompagnateur·rice·s de sorties scolaires mais aussi à un attentat islamophobe à la mosquée de Bayonne blessant deux personnes.

Alors que certain·e·s disent défendre la fraternité de la société française, dans le même temps, il·elle·s stigmatisent les personnes musulman·e·s ou perçues comme telles. La situation que nous vivons est d’une gravité extrême.

Nous, organisations de jeunesse, rassemblons l’ensemble des jeunes quelles que soient leurs convictions et refusons les amalgames. Nous exprimons la colère de notre génération. Une colère contre l’instrumentalisation de la laïcité à des fins islamophobes. Une colère de voir certaines d’entre nous stigmatisées, humiliées, enjointes à se dévêtir au nom du féminisme. Être féministe c’est défendre le libre choix des femmes de leurs convictions, de leurs habits, de leur vie. Être féministe c’est défendre l’émancipation des femmes et revendiquer une égalité réelle. Être féministe c’est un combat à plein temps et pas uniquement quand cela vous arrange.

Nous refusons de nous voir divisé.e.s entre les bon·ne·s et les mauvais·e·s citoyen·ne·s, nous refusons l’exclusion d’une partie d’entre nous de l’espace public, nous refusons d’être pris à parti pour participer à l’amplification de la haine que subissent les musulman·e·s, nous refusons de vivre dans une “société de vigilance”.

À l’inverse de la société qui nous est promise, les jeunes aspirent à une société inclusive, où chacun·e a sa place et où l’on ne dicte pas aux femmes comment s’habiller, où on ne les oblige ni à se couvrir ni à se découvrir. Nous défendons une société laïque au sens de la loi de 1905 reposant sur deux principes: la neutralité de l’état et la liberté de culte des individus. Nous nous opposons donc à l’instrumentalisation en cours de la laïcité à des fins islamophobes ayant pour simple objectif d’exclure petit à petit les femmes voilées de l’espace public. Nous refusons toutes modifications législatives visant à restreindre la liberté de culte. Nous lutterons par tous les moyens à notre disposition pour rejeter l’islamophobie.

L’islamophobie n’est pas un débat de société, c’est une discrimination qui doit cesser.

Nous appelons à participer à la marche du 10 novembre à Paris et aux actions menées partout en France afin de dire, ensemble, STOP à l’islamophobie et aux messages de haine.

Les signataires:
Nathan Abou, Jeunes Socialistes
Alice Bosler, Jeunes Génération-s
Maxime Carpentier & Claire Lejeune, Jeunes Ecologistes
Aline Coutarel, Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC)
Aurélien Le Coq, Jeunes insoumis.es
Mélanie Luce, Union Nationale des étudiants de France (UNEF)
Héloïse Moreau, Union National Lycéenne (UNL)
Taylan Tuzlu, Didf-jeunes
Damien Chartes, Solidaires étudiant-e-s
Radia Bakkouch, Coexister »

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Société

L’enquête annuelle de l’Unef sur le coût de la vie étudiante

Comme chaque année, l’Unef publie un étude portant sur le coût de la vie pour les étudiants. D’après leur enquête, la hausse du coût de la vie étudiante est deux fois supérieure à l’inflation, soit une augmentation de 2,83%. Les difficultés concernent surtout le logement, car les prix se sont envolés dans les grandes villes ces dernières années et continuent d’augmenter.

Voici l’étude, qui est très détaillée et accompagnée des revendications de l’organisation étudiante :

Dossier-panier-social-3

L’Unef propose également un étude comparative du coût de la vie pour les étudiants dans les différentes villes :

classement-des-villes-universitaires-2019

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Politique

La réponse de la présidente de l’Unef Mélanie Luce à la scission

Dans un article publié sur un blog Médiapart, la présidente de l’Unef Mélanie Luce répond à l’importante minorité qui a quitté la structure récemment pour en former une nouvelle. Elle leur reproche de « jeter l’éponge », alors que le congrès se profile pour le mois de décembre et qu’elle propose de reconstruire le syndicat de manière unitaire.

Ce qu’elle dit va cependant dans le même sens apolitique que ces derniers, qui disaient refuser « d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. »

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

Elle propose pour sa part d’assumer un syndicalisme apolitique, quasiment corporatiste.

On retrouve le même état d’esprit dans les deux longs documents bilan et projet publiés hier en vu des élections au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, où l’Unef assument totalement sa participation institutionnelle et entends accroître son rôle au sein des institutions universitaires .

Voici l’article de Mélanie Luce :

« De l’urgence de renouveler le syndicalisme étudiant

L’éducation, et ainsi l’enseignement supérieur, constitue un pilier central de notre société. Pourtant celui-ci est dans un état déplorable. Nos universités censées permettre à chaque jeune, quelle que soit son origine sociale son genre ou identité de genre, sa couleur de peau ou encore son orientation sexuelle, de se former et de s’émanciper continuent de reproduire les inégalités. Seul∙e∙s 7% des étudiant·e·s en master sont enfant d’ouvrier·e·s. Si nos universités se sont un temps massifiées, nous constatons depuis de trop nombreuses années que l’ascenseur social est en panne. Pire, la politique mise en œuvre par le gouvernement actuel ne fait qu’alimenter cette crise de l’élévation sociale. En rupture avec l’objectif même de notre enseignement supérieur, Emmanuel Macron ne cesse de fermer progressivement les portes de nos établissements sans jamais répondre aux véritables enjeux auxquels nos universités sont confrontées (manque de budget, refonte nécessaire de nos pédagogies, concurrence entre des établissements censés avoir un seul et même objectif : former les générations de demain). A l’inverse, il fait des étudiant·e·s la variable d’ajustement d’une politique néfaste pour nos universités et notre société.

A l’heure où beaucoup remettent en cause le rôle des organisations syndicales, je suis convaincue qu’elles restent le meilleur outil pour organiser les populations qu’elles représentent. En effet, à l’heure où les jeunes sont taxés d’individualisme exacerbé, ne s’engageraient pas assez d’après certain·e·s, de manière trop extrême d’après d’autres, seul un syndicat à leur image peut capter ces nouvelles formes d’engagement. A l’heure où les étudiant·e·s voient leurs droits s’amenuiser et la précarité étudiante progresser et face à un gouvernement qui a tourné le dos à la démocratisation de l’enseignement supérieur sans l’assumer et qui refuse d’écouter toute contestation, le meilleur outil pour faire avancer et défendre nos droits, c’est un syndicat étudiant fort qui rassemble autour d’un projet.,

Le syndicalisme étudiant est en pleine évolution. Nous devons nous demander : quel type de syndicalisme pour agir au mieux ? Quelles instances démocratiques ? Quelle place à chacun·e en son sein ? L’UNEF a traversé de nombreuses périodes difficiles, elle est affaiblie par sa place de deuxième organisation étudiante et ses crises internes. Dans ce contexte certain·e·s font le choix d’abandonner et de morceler le mouvement étudiant en imaginant qu’un nouvel organe résoudra tout. Pourtant le morcellement est la pire des solutions. Une nouvelle organisation ne change rien si nous ne faisons pas évoluer nos pratiques. Si certain·e·s préfère jeter l’éponge et se rassurer derrière l’artefact de la nouveauté, je me refuse à accepter la prétendue fatalité d’une fuite en avant, à accepter qu’il faille être toujours plus radical pour se faire entendre, à accepter la résignation et l’action individuelle comme seules issues face au gouvernement. Je refuse de renier la bannière syndicale, outil historique de lutte pour nos droits. Je suis à l’inverse convaincue que nous devons le reconstruire, le faire avancer.

Pour reconstruire le syndicalisme étudiant, nous devons nous appuyer sur un syndicat qui a des bases solides. La première : celle de n’avoir qu’une boussole, l’intérêt des étudiant∙e∙s, qu’un seul propriétaire, ses adhérent·e·s. L’UNEF doit s’appuyer sur ses fondations, ce qui fait sa force, c’est-à-dire, un projet : garantir l’accès et la réussite de tou·te·s dans les études supérieures quel que soit les déterminismes sociaux qui nous touchent et permettre l’émancipation de chacun·e, une volonté : rassembler les étudiant·e·s derrière ce projet, et une démarche : utiliser tous les outils pour nous faire entendre (aussi bien la mobilisation que notre place dans les instances).

D’après certain·e·s, nous devrions renier ces mêmes fondations. Nous ne devrions plus être la « maison commune de tou·te·s les étudiant·e·s » et ainsi nous adresser qu’à certain∙e∙s d’entre nous. Au contraire, je dis que c’est la seule issue. Notre condition sociale, nos aspirations nous unissent, ne laissons pas les divisions s’installer ! Acceptons les débats internes tant que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise ! Ce qui fait la force de l’UNEF, c’est aussi notre capacité à nous saisir de tous les cadres pour nous faire entendre (aussi bien de la mobilisation que de notre place dans les instances et ainsi des élections) et notre indépendance vis-à-vis des partis politiques, des syndicats professionnels, de l’administration. Ces éléments sont la clef de voute d’un syndicat qui n’appartient qu’à ses adhérent·e·s.

Au-delà de nos fondations, reconstruire le syndicalisme étudiant passe également par regarder vers l’avenir. Nous devons nous poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses. Notre défi est celui de redonner envie aux étudiant·e·s de s’engager dans le syndicalisme et de donner leur avis sur ce qui se passe dans leurs universités, nous devons redonner confiance dans l’efficacité et la force que nous avons quand nous agissons tou·te·s ensemble. Il devient essentiel de démontrer l’utilité concrète de l’action syndicale, de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s de se saisir du syndicat pour défendre leurs droits, d’adapter nos modes d’actions aux enjeux actuels et de répondre à l’envie croissante de démocratie dans l’ensemble des pans de notre société. Voilà les défis que nous avons à relever !

Faire avancer les droits des étudiant·e·s, lutter contre la précarité et pour l’accès de tou·te·s aux études supérieur, lutter pour une société et un enseignement supérieur qui s’engage pour la transition écologique, lutter contre les discriminations doit passer par ces réflexions si nous voulons être efficace. Ces questions transcendent l’ensemble du mouvement social et nous n’avons pas la prétention d’y répondre seul·e·s. C’est un processus long et un travail que nous avons engagé depuis longtemps et auquel chacun·e doit pouvoir participer. Le congrès de l’UNEF qui aura lieu en décembre doit nous permettre d’apporter certaines réponses, de repenser nos pratiques syndicales et de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s qui le souhaitent d’avoir voix au c

«

hapitre. Dans cet objectif nous permettrons à chaque militant·e·s, adhérent·e·s, étudiant·e·s membres de l’UNEF ou non de s’exprimer sur la feuille de route que doit avoir l’UNEF pendant les deux prochaines années dans le cadre de notre congrès.

Les enjeux sont nombreux. Nous sommes dans une période charnières, nous ne pouvons laisser le gouvernement détricoter nos droits, nos universités se dégrader, leurs portes se refermer et continuer à regarder celles-ci passer à côté de l’enjeux essentiel qu’est la transition écologique. C’est notre quotidien et notre droit à l’avenir qui sont en jeu : ce combat est celui de tou·te·s les étudiant·e·s !

Mélanie Luce, Présidente de l’UNEF »

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La scission au sein de l’UNEF

Les syndicalistes étudiants, toujours plus minoritaires chez les étudiants et toujours plus décalés par rapport à la société, croient en leurs propres mensonges. Ils pensent que la démarche portée entre autres par l’écriture inclusive représente l’avenir. En réalité, ils servent à la démolition de la Gauche historique et raisonnent en termes de factions. C’est l’origine de la scission dans l’UNEF.

Cela fait plusieurs années que l’UNEF, historiquement le grand syndicat étudiant de la Gauche (divisé longtemps en « ID » et « SE », c’est-à-dire lié au PS ou au PCF), connaît un processus d’effondrement, strictement parallèle à la dépolitisation toujours plus massive de la société française. Au sein des conseils d’administration des Crous, c’est même la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), corporatiste, qui est passé en tête, en décembre 2018, avec 46 % des voix, contre 30 % à l’UNEF.

Or, on sait que la Gauche post-industrielle, post-moderne, connaît un succès réel dans les universités, de par l’influence massive des conceptions importées des universités américaines (écriture inclusive, « oppressions systémiques », « décolonisation », « validisme », « transphobie », LGBTI+, etc.) Ses méthodes sont celles d’un activisme dans tous les sens. Il y a donc une contradiction insoluble par rapport au syndicalisme étudiant lié à la Gauche politique.

Une scission des éléments les plus radicalisés, les plus auto-intoxiqués, était donc inévitable. Cela vient de se produire, une importante minorité comptant se séparer de la « majorité nationale » sur le plan de l’organisation. Cela se déroule juste avant le prochain congrès, que la majorité a placé sous le signe d’une relative dépolitisation.

Au centre de l’initiative, on a la Tendance unité et action syndicale (TUAS), représentant un peu plus de 20 % des membres de l’UNEF. Le moyen est un long texte explicatif écrit par un peu moins d’une centaine de signataires.

Les contestataires, partisans d’un appui ouvert à la gauche post-industrielle, post-moderne, ne voient pas pourquoi :

– ils accepteraient un soutien aux institutions universitaires qui se réduisant à peau de chagrin, n’a plus guère d’intérêt ;

– ils accepteraient la pratique du droit de tendance, en mode « grande famille de la Gauche », alors que sa démarche est fondamentalement différente.

Si on regarde les choses avec le regard d’hier, on se dit que c’est la réapparition d’un courant proche de l’esprit de l’UNEF-SE, qui rejetait le droit de tendance et avait un positionnement social plus offensif que l’UNEF-ID. Surtout que tout cela est revendiqué au nom du syndicalisme de classe, de la classe ouvrière.

Mais c’est en réalité de la mythomanie typique du milieu étudiant « gauchiste », puisque la conclusion faite est qu’il faudrait faire du syndicalisme étudiant, et non pas rejoindre la Gauche politique ! Quand on voit cela, tout est dit, surtout quand on sait que le grand bastion de ces « contestataires », c’est Sciences-Po Paris…

On assiste en fait à l’apogée de l’activisme des étudiants post-industriels, post-modernes, qui pensent réellement avoir les moyens de poser un levier sur la société, alors qu’ils n’ont jamais été autant décalé. Ils croient en leur propre mensonge, et vont jusqu’au bout.

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« Lettre aux camarades de l’UNEF »

[Cette lettre expose les griefs d’une minorité du syndicat étudiant UNEF, qui quitte la structure pour en monter une autre. Sa base est la Tendance unité et action syndicale.]

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

 

« Lettre aux camarades de l’UNEF

Issu-e-s principalement de la TUAS, ainsi que de la Majorité nationale de l’UNEF, nous faisons le choix aujourd’hui de quitter l’organisation. Ainsi, nous comptons bien expliquer une dernière fois notre démarche et retranscrire ici nos points d’analyse sur ce qu’est l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) aujourd’hui, ce qu’est le mouvement étudiant, et enfin ce qu’est et n’est pas l’UNEF, les impasses dans lesquelles elle ne cesse de sombrer, et pourquoi il nous semble aujourd’hui nécessaire d’en finir.

Ce texte se veut un outil permettant d’amorcer ou d’approfondir les réflexions de l’ensemble des camarades du syndicat : quels sont les impératifs qui nous sont posés par l’évolution de l’ESR ? Comment doit s’adapter et répondre le syndicalisme étudiant ? Quel est notre rôle et notre devoir de syndicalistes aujourd’hui ? Depuis plusieurs années, ce sont l’ensemble des organisations syndicales, et globalement des organisations du mouvement social qui sont en déclin.

Cela se constate aussi bien pour le monde étudiant que pour le syndicalisme professionnel, ou encore dans le monde politique. Cette année universitaire est marquée par un contexte social inédit : le mouvement des Gilets jaunes. Bien que ses organisations traditionnelles soient affaiblies et n’aient pas été à l’initiative de ce mouvement, ce sont bien les classes populaires qui en sont actrices. Cette forme de lutte prolongée est inédite tant par sa durée que par ses formes d’organisation.

Ainsi, elle a ses atouts et ses faiblesses : massive et régulière, assumant un rapport de force en rupture avec la traditionnelle méthode du “dialogue social”, mais n’arrivant pas à mettre la question de la grève et d’un impact économique de masse véritable. Cette situation est révélatrice d’une nécessité de remise en question, d’autocritique profonde, et d’adaptation des structures syndicales.

1) L’Enseignement Supérieur d’aujourd’hui : Depuis les années 1980, et particulièrement les réformes suivant le processus de Bologne, l’ESR est soumis à un processus de libéralisation permettant à la bourgeoisie d’avoir des travailleurs et travailleuses mieux formé-e-s.

Ainsi, l’ESR passe progressivement d’un rôle de transmission et d’accroissement global des savoirs, a un rôle d’acquisition de compétences précises. La libéralisation s’est également accompagnée d’un processus de bipolarisation dans l’ESR avec d’un côté les grandes écoles et les universités élitistes, et d’un autre des facs de sciences humaines et sociales ou des universités de proximité sous financées car jugées non rentables, et des cursus courts et professionnalisant assurant un accès rapide au marché du travail.

Ainsi, l’ESR permet aux élites bourgeoises et petites bourgeoises d’accéder à des lieux de formation les amenant à des positions dominantes (écoles, prépas…), et les élèves et bachelier-e-s issu-e-s des classes populaires l’accès à des diplômes à dévaluation rapide, quand il ne sont pas simplement privé-e-s d’un accès à l’ESR.

Les questions de la formation professionnelle et de l’acquisition de compétence sont donc de moins en moins prises en charge par le patronat, mais directement par le service public de l’ESR, au détriment de la transmission pédagogique. Ainsi, les coupes budgétaires, l’autonomie des établissements, malgré le nombre croissant de bachelier-e-s, ne cessent de précariser nos formations, ne cessent de remettre en question des conditions d’études et de vie digne pour les étudiant-e-s.

Au delà des structures d’enseignements mises en danger, le système d’aides sociales directes et indirectes (CROUS) est fragilisé toujours plus chaque année. Le nombre d’étudiant-e-s salarié-e-s est toujours faramineux, le salariat étant toujours la première cause d’échec dans l’enseignement supérieur. 2) Le mouvement étudiant d’aujourd’hui : L’affaiblissement général du mouvement étudiant lors des 30 dernières années s’est également accompagné d’une perte d’hégémonie de l’UNEF dans ce dernier.

On s’attarde beaucoup sur le fait que l’UNEF n’ai plus le leadership de la représentation étudiante dans les différents conseils de l’ESR, mais beaucoup moins de la réduction de son rôle lors des mobilisations et de sa pertinence en tant qu’outil de lutte.

Ainsi, l’UNEF a de moins en moins de place dans le mouvement étudiant, aussi bien d’un point de vue institutionnel que sur les campus universitaire, tant dans l’animation de la vie étudiante et la solidarité, que dans les mobilisations. Le milieu étudiant, à l’image de notre société, connaît un virage à droite et une grande dépolitisation.

Le syndicalisme est aujourd’hui représenté par trois type de structures : l’UNEF, dont nous posons aujourd’hui une analyse extrêmement critique ; Solidaires étudiant-e-s qui, bien qu’ayant une démarche syndicale s’inscrivant dans les luttes étudiantes est freiné par son fonctionnement autogestionnaire ; et enfin les syndicats locaux, présent-e-s dans les mobilisations et dans la vie étudiante mais dont la vision de l’ESR ne peut être que partielle ce qui implique mécaniquement des manquements dans les pratiques.

En plus de ce paysage syndical de plus en plus restreint, le mouvement étudiant laisse du terrain au corporatisme et à la dépolitisation : jamais la FAGE n’a été aussi forte, cette dernière continue de grandir et d’étendre son réseau, est reconnue comme première interlocutrice du gouvernement, et bien souvent couvée par les différentes administrations.

3) L’importance d’un réel syndicalisme étudiant : Notre place dans l’UNEF doit nous interroger sur le sens de notre engagement : le syndicalisme étudiant.

Qu’est ce que le syndicalisme de manière générale, qu’est ce que la spécificité du syndicalisme étudiant ? Historiquement, l’UNEF prend ses sources dans le corporatisme, avant de se revendiquer d’une identité syndicale après-guerre. Dans les faits, l’organisation est un cartel des différentes familles de la gauche présentes sur les universités, soumises à des jeux de pouvoirs permanents.

C’est d’ailleurs la source de la structuration en tendances du syndicat : trouver des règles communes permettant de faire cohabiter ces groupes, parfois avec succès, parfois sans y parvenir, soumettant l’organisation à des risques de fractions internes ou de scissions.

Nous, syndicalistes étudiant-e-s, pensons qu’il est grand temps de traduire notre vision du syndicalisme par la pratique et dans le mode de structuration que nous nous donnons. Ainsi, nous nous refusons d’avoir pour rôle d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. Pour nous, l’identité syndicale est avant tout une identité de classe. Le syndicalisme est né dans le besoin de la classe ouvrière de s’organiser et lutter pour dépasser sa condition d’exploitée.

Le rôle des syndicalistes est donc d’élever le niveau de conscience, dans la solidarité de classe et les luttes, du milieu qu’elles et ils organisent. Le syndicalisme étudiant connaît une particularité : il n’organise pas une classe sociale, mais un groupe relativement hétérogène socialement.

Cependant, la lutte des classes impacte grandement l’ESR depuis le début des réformes de libéralisation qui y sont menées, les classes populaires y ayant un accès de plus en plus restreint, ou se voyant envoyées très tôt sur le marché du travail dans des contrats courts et précaires lorsqu’elles n’y ont plus accès. La lutte des classes traverse ainsi les structures de l’ESR, nécessitant l’existence d’une organisation syndicale de lutte, apte à défendre une vision populaire et ouverte de l’ESR.

C’est là que se trouve les sources du syndicalisme étudiant, s’organiser et lutter pour l’accès du plus grand nombre à un enseignement émancipateur et critique, non soumis aux logiques de rentabilités et aux intérêts bourgeois. Ainsi, le syndicalisme étudiant prend sa place dans le mouvement social, dans la lutte des classes, c’est là le sens de notre engagement.

Aujourd’hui, c’est un rôle que l’UNEF ne sait assumer, tant dans ses pratiques que par le cadre de sa structure, mais aussi dans l’analyse de son rôle, confondant la défense d’une classe sociale de l’organisation d’une “classe d’âge”, se revendiquant à la fois “syndicat étudiant” et “organisation de jeunesse”. L’UNEF n’est pas à la hauteur et ne se donne pas les moyens pour mener à bien cette mission syndicale.

4) Le rapport aux instances représentatives : L’activité de l’UNEF et la majeure partie de l’investissement de ses membres s’établissent en fonction de l’enjeu électoral.

Ainsi, deux semestres sur quatre, l’activité se concentre uniquement sur la préparation des élections, des dispos extérieurs afin d’assurer une présence du syndicat même sur les universités où nous n’avons pas ou plus d’équipes. Au delà des cycles de CROUS et de centraux “classiques” qui se concentrent sur 2 semestres l’UNEF joue aussi toutes les élections universitaires qui se tiennent hors de ces périodes et fait gravité une grande partie de son activité et de son énergie militante autour des cycles électoraux (UFR, Comue…). Dans le discours, la direction de l’UNEF parle d’une stratégie des deux jambes : une jambe dans la mobilisation, et une jambe dans les institutions.

Dans les faits, l’UNEF n’assure plus aucune mobilisation de manière sérieuse dans la plupart des universités. Et lorsqu’elle a des élu-e-s sa présence dans les conseils est réduite, voire nulle étant donné qu’une large partie des élu-e-s n’est issue que d’actes de couloirs et n’ont aucunes réelles volontés de siéger. Les cycles centraux sont consommateurs d’une énergie militante énorme pour des résultats minimes sur le milieu étudiant.

Théorisés comme étant un outil d’élévation de conscience, les élections ne permettent pas de remplir les objectifs syndicaux qu’on leur prétend. Il serait malhonnête d’affirmer que quelques jours de campagne (J-7, J-1) basés sur des dispos extérieurs et qu’une journée de dispo intense comme on peut connaître les jours de vote permettent aux étudiant-e-s de se conscientiser sur la question de la précarité, du salariat étudiant, de l’accès à la santé etc.

Cette attention disproportionnée accordée aux élections et aux conseils étudiants est d’autant plus embêtante qu’elle est ridicule. Les conseils étudiants ont été créés afin d’absorber les contestations et revendications étudiantes en leur accordant un accès factice à l’appareil décisionnaire des universités.

Aujourd’hui, les élu-e-s de l’UNEF correspondent à une minorité au sein des élu-e-s étudiants, eux mêmes minoritaires au sein des conseils. C’est d’autant plus d’éléments qui nous permettent de dire que notre impact via les conseils et l’importance qu’on leur accorde est démesurée. Ce positionnement vis-à-vis des institutions et des organes représentatifs est révélateur d’un rapport électoraliste et opportuniste à la représentation étudiante, malgré la bonne volonté que peuvent y mettre les camarades.

En effet, celui-ci puisqu’il s’explique par la dépendance du syndicat vis-à-vis des subventions ministérielles, résultant du nombre d’élu-e-s CNESER, dépendant directement du nombre d’élu-e-s dans les conseils de chaque université. Ce constat est d’autant plus problématique qu’il va à l’encontre du principe d’indépendance revendiqué par de nombreux syndicats, notamment l’UNEF. Car si le bon fonctionnement de l’UNEF repose essentiellement sur les subventions de l’état, l’UNEF est dépendante des intérêts de l’Etat qui sont contraires aux nôtres.

Or, cette indépendance est primordiale et doit être un des objectifs structurels prioritaire à atteindre et doit orienter notre manière de faire du syndicalisme. Il est important d’analyser la pertinence de mener des élections quand une section locale n’a pas les apports effectifs et militants pour être visible quotidiennement sur la fac via son action concrète, qui donne son sens premier à l’action syndicale.

L’argumentaire est purement hypocrite lorsqu’on pose les pieds pour la première fois dans un IUT, dans le seul but d’aller racler des voix chez les étudiant-e-s les plus exclu-e-s des services du CROUS. La faiblesse structurelle du syndicat observée depuis maintenant 5 ans creuse une contradiction entre la nécessité de maintenir le nombre d’élu-e-s assurant les subventions, et son affaiblissement sur de nombreuses sections locales.

Cette réalité amène à un décalage entre une absence de l’UNEF dans le quotidien des étudiant-e-s tout au long de l’année, et une sur-représentation assurée par des dispos extérieurs lors des élections, dans l’intérêt de la structure, les élu-e-s étant soit absents, soit ayant des initiatives et une volonté d’agir, mais découlant sur un impact très limité car n’étant pas appuyée par un travail de terrain.

5) Notre place dans les luttes étudiantes : La stratégie des “deux jambes”, comme nous l’avons vu, est largement biaisée.

Le caractère électoraliste et bureaucratique de l’organisation, existant pour son intérêt propre et cherchant principalement une légitimité auprès d’institutions plus qu’auprès des étudiant-e-s directement, fait que la question de la mobilisation étudiante est complètement éludée.

Ne pouvant plus compter sur des équipes syndicales fortes sur la majorité des facs, l’UNEF ne se concentre que dans la représentation politique et médiatique, et des rendez-vous ministériels pour négocier des miettes et se donner artificiellement de la légitimité.

Le positionnement institutionnel du syndicat, pousse aujourd’hui les sections locales à prioriser de manière mécanique les négociations en conseils ou auprès des administrations.

Cela pose problème quand les débouchés de ces négociations tapent à côté des revendications et des méthodes d’action des mobilisations et amène les militant-e-s à être en décalage avec le reste du mouvement étudiants. L’UNEF, par sa construction est aussi en incapacité de mener des mouvements sociaux en propre dans pleins de villes universitaires puisqu’elle n’a plus assez de sections locales en capacité de le faire par son nombre trop réduit de militant-e-s.

Ayant un prestance médiatique héritée du passé et de la renommée de l’organisation, elle capte souvent l’attention des médias et véhicule des positions au nom du mouvement social alors que ces dernières sont de plus en plus souvent minoritaires au sein du paysage contestataire et même de sa propre organisation. L’UNEF n’est plus motrice des mobilisations sociales ou à l’avant-garde des contestations comme elle le prétend.

Même si l’organisation peut être réactive sur plusieurs sujets, et même si elle avait la volonté de créer de réels rapports de forces, elle n’en a pas les capacités et ne s’en donne pas les moyens. Des sections locales, parfois très réduites, se retrouvent à devoir gérer entre le nom d’une organisation dotée d’un historique en demi-teinte et son attitude imbue d’elle même lorsqu’elle agit sans concerter le reste des acteur-trice-s alors qu’elle n’a plus le rapport de force de son côté depuis des années.

Ainsi, elle se rend détestable de tout le milieu étudiant et se fait souvent jetée des mobilisations naissantes. C’est une grande perte puisque ce sont les militant-e-s sur le terrain, parfois sans connaissance de tous ces éléments qui en pâtissent (notamment les nouvelles et nouveaux camarades), et à qui rencontre des limites dans leur progression sur des bases immatérielles.

6) Le réel impact de l’UNEF sur le milieu étudiant : Afin que nous puissions avoir un impact sur le milieu étudiant, il faudrait que l’UNEF soit construite.

Aujourd’hui l’UNEF n’est construite que très partiellement sur le territoire français et continue pourtant d’agir comme si elle était hégémonique. Elle cherche juste à faire tourner sa machine comme elle le fait depuis 30 ans sans se préoccuper de son affaiblissement structurel et militant pour deux raisons : d’un côté la direction n’a aucune vision sur ce qu’il se passe précisément en interne, de l’autre elle n’assume pas s’être autant affaiblie. La multiplication des déserts syndicaux, autrefois occupés par l’UNEF, n’est que symptomatique des fonctionnements décrits plus haut et de la détérioration interne et externe de l’UNEF.

On a revu à la baisse nos exigences sur les structures. C’est ce qui a conduit l’UNEF à se satisfaire d’AGE-individus jusqu’à leur fixer des objectifs du même acabits qu’à des AGE construites.

Le fonctionnement même de l’UNEF empêche à ses sections locales de relever la tête : en effet, lorsqu’un ou plusieurs cadres devient capable de faire fonctionner sa section locale, la structure a tendance à les mobiliser rapidement pour répondre à des besoins bureaucratiques internes ou externes (gérer les clashs entre tendances, gérer des élections, diverses commissions et conseils). Cela peut ou non se faire par une montée au bureau national mais qui, dans tous les cas, déstabilise la section locale.

Aussi, le besoin fort en cadres nationaux, elles et eux-même mobilisé-e-s pour effectuer les même tâches bureaucratiques sans impact réel sur le milieu étudiant ne sont que des illustrations supplémentaires de l’aspect court-termiste des réflexions.

En effet, plutôt que de chercher à pérenniser leurs sections locales en laissant les cadres efficaces progresser individuellement, développer leur section locale et ainsi faire du syndicalisme étudiant au quotidien, l’UNEF fait le choix de renforcer en soi sa structure par le biais de montées au BN ou la délégation de tâches vides de sens afin de remplir des objectifs immédiats de préservation de la structure.

Les effectifs militants sur des AGE sont très disparates et la tendance est de ne pas apprendre de l’expérience des AGE qui ont pu se construire en produisant une analyse poussée des succès et échecs de leur stratégie de construction. Bien au contraire, par manque d’autocritique, qui est un outil primordial à l’amélioration de l’activité locale, et par des choix précipités et déconnectés de la réalité militante et étudiante, des AGE se sont vu déstabilisées là où elles auraient pu progresser.

Ces besoins de la structure, ainsi que les cycles habituels et rapide de l’UNEF, entre rentrées universitaires, élections CROUS, élections centraux, et congrès, ne font que freiner la construction et le renforcement des sections locales. L’impact sur le milieu est limité, car naturellement conditionné par la santé des AGE et leur état. Ainsi, l’UNEF est absente d’une part beaucoup trop importante des campus de France et il s’agit de le reconnaître, elle n’a qu’un impact minime sur le monde étudiant.

Or, si on suit l’état des mobilisations, aujourd’hui déjà très polarisées sur quelque bastions, l’UNEF n’a que très peu, voire pas du tout, de visibilité puisque très peu d’impact concret. La construction et l’activité d’une AGE ne peut pas reposer sur la bonne volonté et la discipline d’un seul individu.

7) Le système en tendances : La première contradiction qui opère dans le fonctionnement de l’organisation découle du fait même de sa structuration interne.

L’UNEF est sclérosée et divisée par son système en tendances, qui alimente et fige les clivages et éloigne les individus des objectifs communs de l’organisation. Cette structuration se justifie par la volonté du syndicat de se revendiquer comme étant la “maison commune de la gauche”, un agglomérat de groupes politiques ayant pour vocation de tirer le syndicat vers sa ligne propre. Ce système est l’héritage d’une organisation centenaire, s’étant composée et recomposée en interne après une forte politisation, et la nécessité de faire cohabiter des groupes politiques forts au sein du monde étudiant.
Les contradictions d’un tel système ont déjà été exacerbées jusqu’au point de rupture de nombreuses fois dans l’histoire de l’UNEF, mais la situation actuelle est sans précédent, avec une direction qui s’acharne à vouloir maintenir un système qui divise, dans une UNEF affaiblie comme elle ne l’a jamais été auparavant, et dans un contexte de recomposition et d’effondrement de la gauche française qui ne prête plus de sens à un système qui en était déjà vidé.

Dans cet espèce de théâtre étudiant de la gauche, la direction se veut naturellement d’en incarner le centre pour pouvoir se maintenir en place, de s’illustrer comme étant le choix le plus “raisonnable”.

Elle a donc besoin d’une gauche (actuellement incarnée par UAS et de manière encore plus marginale par la TACLE) et d’une droite (incarnée par la TASER). C’est là qu’on décèle la fumisterie du système en tendance: plusieurs fois, la majorité nationale, étant juge et parti dans ce jeu, fait le choix de maintenir en vie artificiellement des tendances dont l’existence justifie sa propre légitimité.

En période de congrès, elle leur offre des signatures de présidences d’AGE de la TMN pour statutairement maintenir la TACLE (en faisant signer le PAGE TMN de Valenciennes avant le congrès de 2017, sans aucunement leur accorder le moindre respect sur les AGE où ils construisent réellement le syndicalisme étudiant comme Nanterre, leur légitimité étant déterminée par des scores de congrès), ou encore en produisant des fausses voix pour gonfler les scores nationaux de la TASER (une trentaine de voix sur l’AGE TMN de Toulouse pour une TASER localement inexistante).

Ainsi, pour asseoir sa place de direction politique, la majorité nationale doit se maintenir une gauche, mais surtout une droite qui la blanchit aux yeux de la base, et n’hésite pas à la maintenir coûte que coûte, qu’importe à quel point la “droite” de l’UNEF se montre profondément réactionnaire et libérale.

C’est le cas de la TASER actuelle, qui n’adopte pas des positionnements dits de la droite de la gauche, mais juste réactionnaires et dans les intérêts de la bourgeoisie, en revendiquant l’entrée des intérêts privés dans le service public de l’ESR, et en assumant des positionnements réactionnaires sur les questions de laïcité, de racisme et plus globalement d’oppressions systémiques.

Inutile de rappeler les nombreux témoignages de ces positionnements, ou les actes dangereux auxquels ils ont prit part, sans jamais que leur existence dans un syndicat qui se dit progressiste, féministe et antiraciste ne soit remise en question par la direction, ni que des sanctions soient appliquées.

Cette attitude de la part de la direction ne se justifie que par la nécessité pour se maintenir, de maintenir sa droite, peu importe celle ci. Le système en tendances permet donc à des groupes néfastes à l’organisation d’y exister, et ouvre la porte à tous les opportunismes.

Les deux dernières années de l’organisation ont particulièrement prouvées l’essoufflement de ce système, à travers les différentes implosions qui ont prit la forme de fractions internes aux tendances.

Ces fractions, qu’importe leurs revendications ou leur projet syndical et/ou politique découlent de manière naturelle de la logique de tendances : chaque désaccord interne à l’orga (ou aux tendances qui fonctionnent comme des orgas dans l’orga) se cristallisent dans la création d’un nouveau groupe, qui aura de fait une place et un droit d’existence, sans jamais laisser place à une possibilité de dépasser ses désaccords et d’avancer ensemble.

Ces fractions ne sont aucunement une dérive du système en tendances, elles en sont la nature même, et les enjeux de pouvoirs internes nous prennent toujours plus dans la division stérile. De fait, le système en tendances implique l’existence naturelle des opportunistes dans le syndicat, qui s’en saisissent pour avancer leur agenda personnel ou politique.

Mais le système en tendances, c’est avant tout un fonctionnement qui impacte profondément le militantisme sur les sections locales qui en subissent les effets. Matériellement, les camarades dans une section locale qui n’appartiennent pas à la tendance en direction localement se retrouvent en quasi incapacité de mener une activité militante de manière saine, et sont assujettis à des rapports de force figés lors des congrès.

Ils n’ont pas accès aux locaux la plupart du temps, n’ont aucun impact décisionnaire, et se voient attribués des lieux et des horaires où ils et elles ont le droit ou pas de militer.

C’est encore une autre limite de cette structuration du syndicat : localement, c’est une bataille constante entre les membres d’une même AGE, qui entrave l’application d’une activité militante pérenne et efficace. Ce fonctionnement pousse tous les groupes au sein de l’UNEF à s’illustrer dans des postures en permanence. Sans arrêt pris dans les enjeux de pouvoirs, les groupes syndicaux au sein de l’UNEF sont dans l’incapacité de se présenter tels qu’ils sont réellement sans mettre en danger leur place ou leur rapport de force au sein du syndicat.

On se retrouve dans une situation où personne dans l’UNEF n’a une vision claire sur comment se porte vraiment notre organisation. Cette opacité que produit le système en tendance empêche d’établir un véritable bilan des forces du syndicat, et nous rend incapable d’enclencher la moindre évolution dans nos pratiques, chacun-e des camarades engagé-e-s dans l’organisation étant sommé de faire passer l’intérêt de son groupe syndical avant celui de la structure syndicale.

Nos gueguerres internes n’ont eu de cesse que d’affaiblir l’organisation, et de manière plus générale le mouvement social étudiant, pourtant la structuration même du syndicat en dépend. Mais l’ampleur néfaste de ce système ne prend réellement son sens que lors des cycles les plus autodestructeurs pour l’organisation et ses membres : les congrès.

8) Le congrès de l’UNEF : Le congrès de l’UNEF se résume en trois choses : Perte de temps, perte d’argent, perte de militant-e-s.

Ainsi, dans toute organisation nationale, le congrès est l’occasion pour les associations membres de discuter du projet de l’organisation et de renouveler l’équipe dirigeante.

A l’UNEF, le congrès n’est pas un temps démocratique, ce n’est même pas un temps de débat. Le congrès de l’UNEF est le moment qui institutionnalise une guerre ouverte entre les différents groupes internes de l’UNEF, où chacun-e fait adhérer le plus de monde possible pour les faire voter.

Le nombre d’adhésion en période de congrès explose, et la plupart de ces adhérent-e-s de congrès ne connaissent pas réellement l’UNEF, et ne savent même pas pourquoi ils et elles votent. Le semestre du congrès, aucune activité syndicale n’est réellement possible, tant la préparation de celui-ci prend du temps à l’ensemble de ses cadres. Les nombreuses adhésions sont uniquement et entièrement payées par les tendances minoritaires, représentant alors un véritable gouffre financier.

Des centaines d’adhésions sont ainsi faites dans des universités où le nombre de militant-e-s est en temps normal très restreint. Pendant deux semaines, les congrès locaux sont organisés et sont un moment de vote (ouvert et par émargement) de l’ensemble des gens ayant adhéré. Sur un, deux, ou trois jours, ce sont tou-te-s les étudiant-e-s des campus de France qui sont arrêté-e-s pour leur demander “est ce que tu es adhérent-e à l’UNEF?”, si la réponse est négative, tant pis, si c’est positif, chaque tendance cherche à argumenter et contre argumenter dans la minute, et amener l’étudiant-e voter directement pour elle.

Des rendez vous secrets sont donc pris en amont pour des centaines de personnes, dans des cafets, des couloirs, etc, pour “sectariser” les adhérent-e-s et expliquer précisément la procédure de vote afin qu’il ne puisse pas être “retourné-e-s” par une autre tendance, et donc avoir “investi” dans une carte pour rien. Au moment du congrès, la contradiction entre direction du syndicat et tendance majoritaire est plus ouverte que jamais.

Ainsi la tendance majoritaire utilise l’ensemble des instances du syndicat à son profit afin de se maintenir majoritaire dans le syndicat les deux années à venir (temps entre deux congrès). Étant majoritaire dans les instances de contrôle, les décisions prises par ces dernières se font toujours dans son intérêt. Par exemple, la CNVM (commission nationale de validation des mandats) est chargée de régler les litiges concernant les votes : composée à la proportionnelle des tendances, la TMN fait valider les votes en sa faveur, et invalider les votes des tendances minoritaires lorsque celles-ci sont en passe de devenir majoritaires sur une AGE (Lille en 2017, Reims en 2015, etc.).

Enfin, le congrès de l’UNEF est un moment d’une grande violence, où le mot de camarade est proscrit. La suspicion, les insultes, les comportements oppressifs, etc sont légion. A chaque congrès, de nombreux-ses camarades, souvent prometteurs-ses, démissionnent et quittent l’organisation, car ils ou elles ne se sont pas engagé-e-s pour subir et faire subir de la violence au sein de l’organisation.

Le dernier congrès, le 85ème, a été un moment traumatisant pour beaucoup d’entre nous, un investissement en énergie et une perte de camarades faisant face aux insultes, aux mensonges, aux abus de pouvoir, etc. Beaucoup d’entre nous, ne sont pas parvenu-e-s à reconsidérer une grande partie des camarades du syndicat comme des allié-e-s après ça. Occupées à gérer le congrès, les sections locales ne peuvent s’atteler à maintenir une activité dite traditionnelle sur leur fac.

Cette passivité en terme d’action concrète mène beaucoup de militant-e-s à être déçu-e-s par le syndicalisme au sein de l’UNEF, ne comprenant pas le sens des priorités de la section locale: privilégier un temps de congrès, perçu de manière absurde par l’extérieur, à la résolution de PDI ou le militantisme quotidien.

Sur le cas spécifique des oppressions, les tensions générées par le congrès et ses affrontements poussent les différentes tendances du syndicat à couvrir des cas de violences physiques et psychologiques faites par ses militant-e-s sur d’autres membres, ainsi que des profils que l’on sait dangereux (harceleurs-euses, agresseurs-sseuses sexuels).

Nous pensons que dans chaque cadre d’organisation, les structures de domination (racisme, patriarcat, etc.) sont l’unique cause des oppressions vécues en interne. Contre cela, les cadres mis en place peuvent aussi bien résoudre une partie de ces contradictions et améliorer la situation, tout comme ils peuvent participer à les exacerber et les pousser à leur paroxysme. C’est le cas du système en tendances en poussant aux affrontements violents et frontaux, et au fait que chaque individu défende son groupe coute que coute.

Contre cela, une résolution (article du règlement intérieur du congrès) a été mise en place pour lutter contre les comportements oppressifs lors des congrès locaux, obligeant les membres ayant des comportements oppressifs à seulement quitter le campus (généralement pour aller faire le congrès sur le campus d’à côté).

Racisme, sexisme, homophobie, transphobie, validisme sont ainsi monnaie courante. Le meilleur exemple est certainement la réaction de la direction du syndicat au dernier congrès, en 2017, contre l’action symbolique de plusieurs dizaines de femmes de l’organisation.

Celles-ci ont organisé le fait de se réunir à la tribune du congrès pour lire un texte dénonçant les comportements sexistes pendant le congrès : elles en ont été empêchées physiquement sur ordre de la direction, certaines ont été frappées et insultées par des hommes du bureau national, jusqu’à ce que ces dernières réussissent à passer malgré tout. Les réformes annoncées par la direction pour remédier aux problématiques soulevées et vécues par les militant-e-s sont décevantes et ne permettent en rien d’y répondre.

En effet, il ne s’agit que de réformes à la marge, le système en tendance ne pouvant être réformé sans être aboli. La direction du syndicat utilise ainsi cet argument de la réforme sans que ce qui est proposé ne change réellement les problèmes structurels du syndicat.

La possibilité de quitter le syndicat est ainsi en réflexion depuis maintenant plusieurs années chez de nombreux et nombreuses camarades. Nous avons ici pris la décision de quitter l’organisation avant le 86ème congrès entre autres pour ne pas avoir à assumer une guerre nous coûtant des équipes. Nous ne sommes pas syndicalistes pour assumer des temporalités comme celles-ci, aussi dures d’un point de vue structurel et humain. le 86ème congrès aurait grandement affaiblit nos équipes syndicales pour de purs enjeux de pouvoirs internes, et nous nous sommes refusé-e-s à cela.

9) La situation interne de la Tendance majorité nationale (TMN) : Si l’opacité et la culture du silence qui règnent au sein de l’UNEF découle de son système en tendances de manière globale, il s’immisce aussi au sein de la majo elle même.

En effet, le constat est que les sections locales ne savent qu’en surface et de manière déformé ce qui se passe dans les autres AGEs et le transfert se fait surtout par des biais affinitaires donc très différenciés en fonction des degrés d’intégration sociale des camarades. Cette opacité de l’information ne se limite pas à la sphère des responsabilités locales puisque les mêmes mécanismes sont présents au sein du BN.

A titre d’exemple, la secrétaire générale et l’équipe statutaire en général n’ont aucune vision sur ce qu’il se passe précisément dans l’UNEF, étant donné que chaque tendance ne laisse pas transparaître la réalité de ses sections, et que la pression et le manque de confiance au sein de la majo fait que les autres BN ne donnent pas les vrais éléments sur le suivi effectué, les campagnes, etc. Souvent, la commission province découvrait en rappelant les AGE le weekend que les BN ne s’étaient pas rendu-e-s sur leurs suivis alors qu’ils ou elles l’avaient déclaré au secrétariat général.

Cet artifice qu’est la démocratie interne que revendique la majorité nationale n’est en fait que le maintien d’une pensée unique au sein de l’organisation. Les responsables locaux mais aussi nationaux n’ont pas de prises de décisions stratégiques sur l’activité du syndicat qui est théorisée et proposée uniquement par la direction nationale.

Ainsi, un désaccord posé de manière publique revient à s’exposer à une marginalisation dont des militant-e-s ont fait les frais. De plus, les raisons des départs de membres du BN qui ont posé de forts désaccords sur le fonctionnement interne sont camouflés afin que la remise en question soit mise sous le tapis et ne puisse pas être dévoilée au grand jour.

Ces départs prématurés se sont multipliés ces dernières années, résultant d’une absence totale de cadres de critique, et d’autocritiques, beaucoup de membres pensent pouvoir pourtant changer l’UNEF en interne par leur volonté et action propre.

Malheureusement, penser pouvoir procéder efficacement de cette manière serait surestimer le poids de la structure sur les individus, celle-ci ayant tendance à transformer les individus qui l’intègrent, et non l’inverse. Ainsi, une minorité de cadres de la majorité nationale sont réellement convaincu-e-s des pratiques et théorisations de la tendance, une grande partie la défend par défaut, pensant pouvoir agir sur elles pour les transformer, sans y parvenir.

Enfin, le nombre d’individus et d’AGEs se retrouvant dans la majorité nationale par défaut est très grand : cette dernière fuyant les discussions et les cadres de critiques avec les autres tendances, elle ne parle que très tardivement de l’existence des tendances à ses membres, ces dernier-e-s se retrouvant là sans jamais l’avoir réellement souhaité et sans en être convaincu-e-s.

Toute forme de promotion du bien être militant devient factice dès lors que le modèle du moine soldat n’est pas remis en question. Alors que la discipline permet une efficacité non négligeable, une discipline qui n’est ni théorisée, ni consciente ne peut être réellement efficace.

Elle ne s’illustre plus que par une sélection et par la loi du ou de la plus fort-e qui est au mieux improductive, au pire purement destructrice aussi bien individuellement que structurellement. Baser tout son mode de construction sur un modèle d’individu soldat-e devant gérer tout institutionnellement et s’épuisent en dispo extérieur.

En plus de l’impact de ce mode de fonctionnement sur les individus et le bien-être, fonctionner de cette manière créé de fait une déconnexion entre militant-e-s de l’UNEF et le monde étudiant.

En effet, ce syndicalisme “d’avant-garde” ne permet pas de saisir la spécificité de chaque campus, chaque filière, etc. Cela creuse une déconnexion dans le militantisme, tant dans les pratiques militantes que dans le mode de vie des syndicalistes, à des années lumière d’un mode de vie étudiant “lambda” (rapport aux cours, à la vie étudiante, etc.). La théorisation de l’action syndicale menée nationalement est révélateur d’un décalage avec les réalités vécues sur les AGE.

En effet, on constate une volonté dérisoire et idéaliste que l’UNEF soit présente sur tous les fronts simultanément alors que la capacité effective militante ne suit pas, découlant de nombreuses fois sur une incapacité à gérer ses différents champs d’action. Ainsi chaque action, y compris purement bureaucratique, est théorisée comme une “mobilisation” : d’un dépôt de motion dans une instance à une interview donnée à un média.

Dans le discours de la direction de l’UNEF il n’y a pas de différenciation entre des actions qui ont un véritable impact sur le milieu étudiant et celles qui sont uniquement nécessaires pour exister institutionnellement mais qui n’ont pas d’impact concret. Le fait de se concentrer sur le deuxième mode d’action mène aussi à une dépolitisation du milieu étudiant qui se mobilise donc de moins en moins et ne permet pas de mettre en place un véritable rapport de force face à des réformes réactionnaires.

Ainsi, les campagnes nationales totalement hors sol et peu réfléchies dans leur transcription dans leur réalité s’avère infructueuse avec un impact minime même dans leur objectif de conscientisation du milieu étudiant. On se retrouve avec des campagnes nationales où des camarades seul-e-s sur leur AGE doivent mener l’activité en soi, mais qui ne reçoivent aucunes aides.

Plus généralement, le fonctionnement de la majorité nationale a des impacts sur le développement des sections locales. Malgré toute la volonté et les efforts que peuvent mettre en oeuvre les camarades des sections locales l’appartenance de celles-ci à la TMN freine de fait leur développement structurel pérenne.

En effet au lieu d’établir une stratégie de développement sur chaque AGE qui prenne en compte les spécificités locales, la majorité nationale fait reposer sur un faible nombre d’individus ultra investis le fait de remplir les objectifs syndicaux (notamment électoraux). En terme de développement ces individus se concentrent consciemment ou non sur le fait de recruter la future génération de moines soldats.

Il n’y a aucune réflexion sur la théorisation d’un CAS comme un lieu cohérent de vie et d’étude ou sur la ramification des structures locales afin de permettre un meilleur développement de celles-ci par exemple. Les sections locales bénéficient de très peu d’autonomie dans la gestion de leur activité syndicale.

Des campagnes nationales souvent déconnectées des situations locales sont obligatoirement mises en place par les AGE, sous peine de s’exposer à des remontrances de la direction. Si les initiatives de campagnes locales ne sont pas forcément refusées par les suivis, les dirigeant-e-s locaux-ales ne sont pas formé-e-s ni encouragé-e-s à réfléchir sur leur activité syndicale localement et à produire des campagnes locales.

Ces initiatives, bien que largement mises en avant lors des bilans en CN, sont donc marginales et souvent fortuites. La répartition des suivis sur les AGE n’échappe pas au manque de réflexion interne sur le développement de l’UNEF.

Au lieu d’établir des critères pertinents pour permettre de remplir les objectifs syndicaux et développer l’organisation (besoins des AGE, capacités et marges de progression des membres du BN, cohérence géographique), le schéma de suivi est réfléchi en fonction de critères individuels.

Ainsi les éléments pris en compte sont notamment le degré d’implication des membres du BN (est-ce que la personne va sur ses suivis et répond au téléphone ou pas), le fait qu’il y ait des objectifs électoraux sur le court terme ou pas et sa capacité à maintenir des gens dans la ligne.

Par exemple un suivi qui a tendance à ne pas se rendre sur ses suivis (par ses responsabilités comme les statutaires nationaux, ou par le fait qu’ils ou elles ne veulent juste pas y aller) et à ne pas l’accompagner sera assigné à une section locale qui peut se débrouiller toute seule ou bien qui n’a pas d’objectifs électoraux sur le court terme.

En revanche, les suivis réputés compétent-e-s peuvent enchaîner le suivi de plusieurs AGE en quelques mois le temps de gérer les échéances électorales, sans permettre de réelle construction de l’AGE.

10) L’absence de critique et d’autocritique : Le système en tendances est à la base de tout dans le fonctionnement de l’UNEF (on ne peut pas exister en dehors d’une tendance, les sites universitaires appartiennent à des tendances, les temps nationaux sont des affrontements entre tendances etc.).

Pour fonctionner, la direction de l’UNEF doit donc gérer en permanence l’équilibre entre les tendances. L’ensemble du syndicat concentre donc énormément d’énergie sur le fait de gérer les rapports entre les tendances et notamment entre les minos et la majo. Les intérêts de la majo face à une autre tendance se fait même souvent contre l’intérêt des étudiant-e-s et du syndicalisme.

A titre d’exemple, dans plusieurs AGE, comme Bordeaux et Rennes, la tendance majoritaire n’est pas présente réellement, malgré l’existence d’une équipe minoritaire localement, et les camarades locaux-ales n’ont aucunes marges de manoeuvre en terme de représentation, de trésorerie, parfois de militantisme, bloqué-e-s par ce fonctionnement figé en dehors de toute réalité militante.

Le fonctionnement en tendances pousse donc à servir des intérêts de tendances. Chaque action de chaque tendance est à la fois motivée par sa stratégie syndicale dans le milieu étudiant et dans l’UNEF et elles peuvent être contradictoires.

Ainsi, le besoin vital de défendre sa tendance pour exister dans l’UNEF pousse les débats internes à être sclérosés, à ne se résumer qu’à des débats de posture. Les tendances ne cherchent pas à se convaincre ou à être convaincues, mais à défendre coûte que coûte leur modèle de syndicalisme pratique et théorique afin de garder la face et maintenir leur place dans l’organisation. Cette gestion en tendances pousse également à une forte centralisation puisque les rapports entre tendances sont gérés depuis l’échelon national.

Chaque tendance devant avoir une stratégie cohérente. Etant donné la concurrence et le rapport de force permanent, chaque tendance tente de donner une vision idéale d’elle même aux autres, jusqu’à mentir sur sa propre réalité, sur ses équipes syndicales, et la bonne santé des ses AGEs.

11) Et maintenant ?L’UNEF a développé sa structure sans remise en question depuis des années, et se trouve dans un état de paralysie et de verrouillage bureaucratique important qui empêche une possible réforme de l’intérieur.

Elle s’est trouvée embourbée dans ses contradictions sans jamais tenter d’y remédier et qui lui pose une difficulté de rétropédalage, cette dernière joint à une capacité de la direction à s’y complaire. Le décalage avec la réalité est si fort et a passé un tel cap de non retour, que dans l’état actuel des choses le travail de réforme serait herculéen.

Avant même de s’étendre sur chaque université à la manière de l’UNEF, notre organisation se donne comme objectif de renforcer et reconstruire les sections locales existantes, et échapper dans un premier temps au schéma de construction/destruction lié aux fonctionnement en cycle de l’UNEF.

Se poser la question de la pertinence et légitimité de chaque action est prioritaire dans la mesure où il est primordial d’assurer la stabilité des sections locales. Pour répondre à des objectifs de long terme établis et décrits plus bas, nous comptons prendre le temps de nous reconstruire, aller plus loin en terme de structuration et renouer avec l’action syndicale comme elle a pu l’être par le passé.

L’important est de ne pas se précipiter, et de consolider nos sections locales. En se dégageant des décisions court termistes liées aux intérêts de structure nationale et qui poussent à faire des choix précipités, nous nous engageons à adapter notre méthode de structuration en réponse aux intérêts étudiants et en adéquation avec la théorisation originelle du syndicalisme étudiant.

En quittant aujourd’hui l’UNEF, nous comptons participer à la construction d’une nouvelle organisation nationale, un syndicat qui soit un véritable outil de solidarité et de lutte pour les étudiant-e-s, permettant de réellement construire un rapport de force national pour gagner des droits. Issu-e-s de plusieurs tendances de l’UNEF, nous défendons ici une vision de l’organisation syndicale réellement efficace, démocratique et transparente, décentralisée, où les étudiant-e-s puissent se saisir des enjeux syndicaux de leur campus et de leur établissement de manière régulière.

Cette vision décentralisée doit permettre de répondre aux besoins syndicaux dans des enjeux locaux concrets permettant de convaincre le plus grand nombre de la nécessité d’organisation pour obtenir des changements concrets.

Cette vision doit pouvoir se conjuguer avec une cohérence nationale faisant le lien entre les différents types d’établissements et les enjeux propres à chaque formation, ainsi qu’une solidarité entre différents secteurs, nos intérêts concernant la formation et du monde du travail étant étroitement liés. Nous faisons aujourd’hui ce choix historique, assumant de porter un coup très dur à l’organisation centenaire des étudiant-e-s.

Nous assumons ce choix, l’UNEF s’enfonçant de jours en jours dans ses contradictions et continuant sans cesse sa descente aux enfers. Nous refusons de voir mourir le syndicalisme étudiant avec cette organisation et faisons ce choix consciemment, dans l’intérêt des étudiant-e-s.

Nous faisons le choix aujourd’hui de partager ces réflexions à un grand nombre de camarades de l’UNEF, toutes tendances confondues, afin de favoriser ces réflexions et de lancer l’alerte sur la gravité de la situation et le refus permanente de la direction de l’UNEF de reconnaître son rôle dans cette situation désastreuse.

Pour conclure, Le choix de quitter le syndicat n’ai aucunement basé sur le fait de privilégier les intérêts d’une tendance aux dépens des autres. Il ne découle pas d’un ego-trip dans une conjoncture qui nous est favorable, mais bien d’une analyse de l’état actuel du syndicalisme étudiant en France et des besoins auxquels l’UNEF ne répond pas du fait des éléments internes et externes décrits plus haut.

C’est avant tout des militant-e-s de l’UNEF qui ont débattu et réfléchi à la pertinence de l’outil que représente l’UNEF en tant que syndicat et sur la possibilité d’en créer un nouveau, plus efficace. Chaque membre y ayant prit part est prêt-e à répondre de ce choix et est ouvert-e à la discussion avec quiconque aura des questionnements quant aux tenants et aboutissants de ce départ.

En effet, il est naturel que des questionnements et des positions non tranchées ressortent de cette lecture et nous invitons chaque militant-e, à chaque strats du syndicat, à s’en saisir. Il est important de comprendre que ce choix n’est animé par aucune animosité envers l’UNEF, puisqu’il n’est pas possible d’en vouloir à une structure.

Au contraire, il est de notre devoir de reconnaître lorsqu’un outil ne remplit pas ses fonctionnalités et de se poser les questions adéquates : Peut-on l’améliorer ?

Est-il obsolète ? Faut-il en changer ? Notre constat nous a poussé à répondre favorablement à la dernière question. Nous comprenons que des camarades portent l’espoir d’une réforme profonde et soient convaincu-e-s que l’UNEF soit améliorable. De part notre longue expérience au sein de l’organisation, nous pensons l’inverse, et cela ne se rapproche en rien de la résignation mais bien d’une réponse aux défauts du syndicalisme étudiant sur nos facs, c’est en ce sens que nous vous tendons la main et souhaitons ouvrir le débat.

Il est de notre responsabilité d’assumer ce débat, il est de la responsabilité de chaque syndicaliste étudiant sincère de s’y investir.

Signataires :Thibaud Moreau, Responsable National de Tendance UAS, Élu CNOUS Stanislas Loeuilliette, BN TUAS Annaelle Mounié, BN TUAS Margaux Thellier, BN TUAS Adèle Labich, BN TUAS Hafsa Askar, BN TUAS Edouard Le Bert, BN TUAS [suivent toute une liste de noms, nous ne mentionnons que les premiers, cadres à l’échelle nationale.] »

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Communiqué des organisations syndicales et étudiantes pour le premier mai

« Le 1er mai 2019, ensemble, résolus et engagés dans les mobilisations

Le 1er mai est une journée d’action et de mobilisation internationale pour les droits des travailleur-se-s, le progrès social, la paix et la solidarité.

Dans la continuité des nombreuses luttes menées, il s’agit de poursuivre et amplifier les batailles pour que les urgences sociales et climatiques soient enfin prises en compte par le gouvernement et le patronat.

Aujourd’hui, 9 millions de personnes vivent avec des revenus en dessous du seuil de pauvreté dont 6 millions sont privé-e-s d’emploi, et de nombreux-ses jeunes sont en situation de précarité. Dans le même temps des dividendes de plus en plus importants sont versés aux actionnaires.

C’est une autre répartition des richesses qu’il faut mettre en œuvre ainsi qu’une fiscalité plus juste et plus progressive. A l’inverse des choix politiques actuels, il est urgent de revaloriser les salaires du privé et du public, les minimas sociaux et les pensions, développer des services publics de qualité sur tout le territoire, gages de cohésion sociale et de plus d’égalité, d’établir une protection sociale de haut niveau, socle de notre modèle social basé sur la solidarité, créer des emplois de qualité dans le privé comme dans le public et assurer l’égalité professionnelle, permettre la réussite de tous les jeunes et l’accès à un haut niveau de qualification à toutes et tous ainsi que l’autonomie de la jeunesse, une éducation émancipatrice, gratuite sans restriction de nationalité.

Les injustices sociales explosent et sont étroitement liées aux risques environnementaux que personne ne peut plus ignorer et qu’il faut prendre en compte. Réchauffement climatique, perte considérable de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles, pollutions des océans, usage immodéré de produits phytosanitaires, dissémination de perturbateurs endocriniens…

Les dégradations sont nombreuses et atteignent souvent des seuils d’irréversibilité à court terme. Les conséquences pour les populations sont de plus en plus dramatiques. Il est urgent de prendre les mesures nécessaires pour permettre une transition environnementale juste socialement.

Le gouvernement doit agir sans délai et à grande échelle pour permettre la construction d’une société plus juste, plus solidaire, non discriminante qui réponde aux questions environnementales, sociales et de santé sans les dissocier.Les organisations s’engagent à lutter, avec la même force, au renforcement des libertés publiques et contre toute restriction du droit à manifester, à s’exprimer et à s’organiser.

Elles condamnent les répressions syndicales envers les salarié-e-s et les jeunes organisées par le patronat et le gouvernement. Elles dénoncent fortement les mesures répressives et parfois violentes déployées par le gouvernement dans le but de faire taire le fort mécontentement et la grande exaspération du plus grand nombre.

Décidées à construire les mobilisations unitaires afin d’obtenir des avancées et cesser toutes les régressions sociales et environnementales, lutter contre la montée de l’extrême droite, ensemble et dans l’unité, les organisations CGT, FSU, SOLIDAIRES, UNEF et UNL appellent à une forte journée de mobilisation ce 1er mai sur l’ensemble du territoire, pour l’amélioration des droits des travailleur-se-s, pour le progrès social, la paix et la solidarité internationale.

Les Lilas, 10 avril 2019 »

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Tribune du Président de l’UEJF : « D’où parles-tu, camarade ? 

Le Président de l’Union des étudiants juifs de France a publié un Tribune dans l’Express dans laquelle il fustige les dérives du syndicats étudiant Unef, qui organisait le weekend dernier des Assises nationales jeunes contre le racisme.

Sacha Ghozlan reproche en quelque sorte à l’Unef d’abandonner ses traditions de gauche en passant de la lutte des classes à la « lutte des races » :

« Je t’ai rencontré à l’Université. Tu militais pour défendre les droits de tous les étudiants. Nous assumions des désaccords politiques mais républicains en conseil universitaire ou au sujet de la politique nationale.

Je t’ai connu laïc et farouchement républicain, universaliste et de tous les combats pour les opprimés, pour la justice et pour l’égalité. Je t’ai trouvé à nos côtés en Pologne et au Rwanda pour préserver les Mémoires, en Israël à la rencontre d’une société civile porteuse d’espoir de paix, à Lyon III et à Assas pour combattre l’extrême droite. Ta présence à nos côtés était alors si précieuse.

Quelques années se sont écoulées et tu t’es éloigné. Je ne te reconnais plus.

Ton bureau national se réunit en non-mixité raciale quand il ne méprise pas l’incendie de Notre-Dame de Paris dont il estime qu’il s’agit d’une histoire de « Français blancs ». Tu adoptes le vocabulaire des Indigènes de la République, tu demandes à censurer Charb et Eschyle à l’Université, tu restes muet quand nos locaux sont vandalisés à Tolbiac ou à Dauphine sur fond d’antisémitisme et tes sections locales appellent au boycott d’Israël. Et si tout cela pourrait sembler anecdotique, tu ponctues désormais chacune de tes phrases de qualificatifs raciaux : « blancs » et « racisés ». Par-delà l’Université, les Français entendent ce grand basculement idéologique.

D’où parles-tu, camarade ?

Si tu posais cette question dans une logique marxiste pour démontrer que tout orateur expose ses thèses selon sa construction sociale, tu la déplaces aujourd’hui vers une construction raciale. Et je crains que, de la lutte des classes, tu ne deviennes aujourd’hui que le sombre héraut d’une lutte des races. Tu te coupes de la société, des victimes de racisme mais aussi de ceux dont l’identité plurielle, mouvante et complexe ne peut se réduire à une intersectionnalité dont on voit bien qu’elle produit elle-même une violence symbolique.

Ton Union organise cette semaine des Assises contre le racisme. Dans la vidéo officielle de lancement, tu le dis avec certitude « les dominants sont les blancs, tandis que les racisés sont les personnes non-blanches. Il existe un racisme systémique ».

Le racisme doit être combattu sous toutes ses formes – discrimination à l’embauche, au logement, rumeurs visant les Roms, racisme anti-musulmans, xénophobie visant les migrants -, mais il emprunte des chemins plus complexes que cette suma divisio aussi hasardeuse que nauséabonde. Elle porte en elle les germes d’une société fragmentée selon des critères raciaux et génère une dangereuse assignation identitaire. Les réunions en non-mixité raciale sont des pratiques discriminatoires, et quand elles se déroulent à l’Université, c’est une circonstance aggravante.

Les victimes d’actes racistes souffrent une première fois des actes de leurs agresseurs, faut-il y ajouter un verrou identitaire et communautariste ?

Que dois-je en conclure, moi qui suis un étudiant juif ? D’où voudrais-tu que je parle, camarade ? Ou plutôt, où souhaiterais-tu m’assigner ?

Suis-je du côté des dominants, prêtant ainsi le flanc aux thèses antisémites de Dieudonné qui qualifie les juifs « de négriers reconvertis dans la banque et la finance » ? Suis-je du côté des racisés, m’enfermant ainsi dans une posture victimaire dans laquelle Alain Soral veut acculer les juifs, les accusant d’utiliser la Shoah ou l’antisémitisme pour se hisser dans la société ? L’une ou l’autre de ces assignations me sont insupportables, et mon identité juive française est bien plus complexe que cet enfermement qui m’est proposé.

Notre génération est phagocytée par des individus malveillants qui entretiennent volontiers la concurrence victimaire dans le débat public, par des propagandistes haineux qui dénaturent les réseaux sociaux, par des pseudo-humoristes qui veulent prendre en otage l’humour pour propager la haine et par des identitaires qui veulent imposer un agenda politique qui agit en miroir de l’extrême droite comme les deux faces d’une même pièce.

L’UNEF fut un rédacteur de la charte de Grenoble en 1946 qui a structuré le syndicalisme étudiant au sortir de la guerre, en donnant aux étudiants le rôle de vigie de la société. Par-delà l’UNEF, quand un grand syndicat étudiant abandonne ses valeurs fondatrices, c’est toute notre génération, et toute la société qui en sort déboussolée.

Les étudiants ont besoin de l’UNEF pour porter des combats universalistes. Nous avons besoin de toi, camarade ! »

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Communiqué des organisations syndicales et de jeunesse CGT, FO, Solidaires, UNEF, UNL, UNL SD

Le communiqué de la journée d’action, de mobilisations et de grève de ce 19 mars par la CGT, FO, Solidaires, l’UNEF, l’UNL et l’UNL SD :

« La situation sociale en France est marquée par l’expression diverse et multiple d’un mécontentement social grandissant, par l’aspiration à une véritable justice sociale et fiscale, par la dénonciation des reculs sur les libertés publiques comme individuelles.

Le mouvement des gilets jaunes est l’expression récente de cette profonde crise sociale.

Alors que les annonces faites par le président de la République ou son gouvernement n’ont pas répondu aux attentes, alors que des lois portant atteinte aux libertés syndicales et de manifester sont votées, que les prix des produits de consommation courante continuent à la hausse, que la suppression de l’ISF n’est pas remise en cause, que le chômage progresse… Le « grand débat national » ne peut ni se substituer, ni contourner, encore moins être opposé aux revendications sociales et syndicales.
Pour les jeunes, les difficultés ne cessent de croitre : sélection, réforme du lycée et de la voie professionnelle, hausse des frais d’inscription des étudiant-es étranger-ères hors UE, progression de la précarité étudiante et gel des prestations sociales, ne font qu’attaquer le droit d’étudier.

En parallèle, le patronat, particulièrement celui des grands groupes, porte lui aussi une grande responsabilité dans l’exaspération sociale. C’est dans les entreprises et dans les services publics que les salarié-es sont considéré-es comme un coût et non pour ce qu’ils/elles sont : une richesse. C’est là que les conditions de travail se dégradent.

C’est partout que la précarité s’aggrave…

Dans ce contexte, il s’agit de gagner l’augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, l’égalité femmes-hommes et un véritable droit à l’éducation et à la formation. Il s’agit aussi de renforcer notre protection sociale et notre système solidaire de retraite par répartition. Il s’agit enfin de répondre aux enjeux climatiques et environnementaux, tout en développant des emplois de qualité… C’est dans ce but que nos organisations appellent à l’élargissement et l’amplification de la mobilisation sociale.

Partout sur le territoire, nos organisations engagent un travail en ce sens via des initiatives diverses dans les entreprises, dans les services publics et en prise directe avec les salarié-es, les retraité-es, les privé-es d’emploi et la jeunesse. Ainsi, nous placerons le débat là où il doit être.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la construction d’une nouvelle journée d’action, de mobilisation et de grève le 19 mars prochain. Nos organisations -CGT, FO, Solidaires, UNEF, UNL- s’engagent à poursuivre un travail commun donnant des perspectives à la mobilisation sociale. Nos organisations appellent à une puissante journée d’action, de mobilisations et de grève le 19 mars ! »

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Retour critique sur la «marée humaine» du 26 mai 2018

La France connaît une vague de populisme sans précédent, un populisme qui est en train de balayer la Gauche dans toutes ses valeurs historiques, si ce n’est déjà fait.

C’est l’alliance de l’esprit individualiste et du corporatisme, avec un sens aigu de la paranoïa, un goût assumé pour les simplifications et les explications délirantes.

A chaque fois qu’on lit les discours anarchistes ou de la France Insoumise, on croit que la France est à deux doigts de l’insurrection, que la police matraque, torture et tue, que l’apartheid aurait été instauré, qu’il n’y aurait plus de droits sociaux.

La photographie suivante du 26 mai 2018, où Emmanuel Macron est présenté comme un SS, avec les « S » utilisant le logo du dollar, témoigne tout à fait de cela ; c’est le prolongement populiste de la pendaison de l’effigie d’Emmanuel Macron, de la mise au feu de sa marionnette, lors de précédentes manifestations.

Ce relativisme des crimes nazis est inacceptable ; il reflète bien d’une hystérie de gens des couches sociales intermédiaires utilisant un discours outrancier pour prétendre être les victimes absolues et les vrais protagonistes de l’Histoire.

On remarquera aussi ce qui semble bien être le drapeau israélien sur le bras droit, une allusion désormais classique dans la mouvance d’ultra-gauche et de la France Insoumise, avec cet antisémitisme classique comme socialisme des imbéciles.

C’est là en rupture avec toutes les valeurs historiques de la Gauche, et on ne s’étonnera donc pas que Jean-Luc Mélenchon, dans une interview accordée à Libération, récuse le terme de gauche.

– Pourquoi ne voulez-vous plus revendiquer le mot «gauche» ?

Il a été tellement faussé par la période Hollande…

– L’enjeu n’est-il pas alors de le réinvestir ?

Il est réinvesti par les contenus que nous mettons sur la table : planification écologique, Constituante, partage des richesses. Les idées sont des matières vivantes, elles deviennent des forces matérielles si les gens s’en emparent. Tant que le mot «gauche» signifiera «la bande à Hollande», il repoussera plus qu’il n’agrégera.

– Le mot «gauche» ne se réduit pas à Hollande ! Pour beaucoup de gens, la gauche, ça veut encore dire quelque chose…

Je suis un homme issu de la gauche. Tout notre groupe parlementaire de même. Parmi les responsables politiques, je suis sûrement celui qui a le plus écrit sur l’idée de gauche et qui l’a le plus nourrie. Je n’ai jamais dit que ça ne voulait plus rien dire !

Mais dans le combat que nous menons, il faut laisser de côté la fausse monnaie. La gauche, ça n’a jamais été la politique de l’offre ou la soumission aux traités libéraux de l’Union européenne. L’enjeu majeur de 1789 à aujourd’hui, c’est la souveraineté politique du peuple. Le mot «gauche» est né de cela ! Notre stratégie révolutionnaire, c’est la révolution citoyenne par la Constituante.

La Gauche, c’est le mouvement ouvrier, et certainement pas François Hollande… On ne raye pas plus de cent ans d’histoire, d’expériences, de lerçons comme cela! Jean-Luc Mélenchon est un démolisseur, un liquidateur, un fossoyeur.

Et il est terrible qu’il y a une capitulation face à lui, comme en témoigne la très longue liste des soutiens à son initiative de prétendue marée humaine :

Alternative et autogestion – Alternative libertaire – EPEIS -ATTAC – Climat social – Collectif des Associations Citoyennes – Collectif National pour les Droits des Femmes – Collectif La Fête à Macron – CGT – Coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité – Convergence nationale de défense des services publics – DIDF – DIEM25 – Droit au Logement – Ecologie sociale – EELV – Les effronté.es – Ensemble – Femmes Egalité – Fondation Copernic – France Insoumise – Gauche Démocratique et Sociale – MJCF – Mouvement Ecolo – Mouvement National des Chômeurs et Précaires – Nouvelle Donne – NPA – PCF – PG – Parti Ouvrier Indépendant Démocratique – PCOF – PCRF – République et Socialisme – Résistance Sociale – Snesup-FSU – Solidaires  – Syndicat des Avocats de France  – Syndicat de la Magistrature – UEC – UNEF – Union Nationale Lycéenne (ont également appelé la FCPE et la FSU)

Mais de cela, tout le monde se fout, à part les gens liés aux syndicats et à leur corporatisme, ou bien à une sorte de romantisme anarchiste totalement hors sol. Le résultat est ainsi très clair pour la pseudo marée humaine.

La police a compté 21 000 personnes à Paris, le cabinet Occurrence travaillant pour des médias institutionnels en a dénombré 31 700, la CGT 80 000.

A l’échelle du pays, la CGT a revendiqué 250 000 personnes, le ministère de l’intérieur en a compté 93 315 (on remarquera le souci de précision).

En clair, la population française a totalement boudé cette pseudo révolte, ayant très bien compris de quoi il en retournait. Malgré le printemps et la grève des cheminots, la sauce ne prend pas, car personne n’est dupe : c’est le populisme et le corporatisme qui sont à l’oeuvre.

Ainsi que, ne l’oublions pas, le néo-libéralisme culturel, que cette photo de la sénatrice Esther Benbassa résume parfaitement. La nouvelle pseudo gauche prend entièrement l’ancienne Gauche à contre-pied sur le plan des valeurs culturelles.

C’est à cause de cela que de jeunes ouvriers vont chez les nazis, s’imaginant que la Gauche ce serait juste un néo-libéralisme où chacun peut faire ce qu’il veut, sans responsabilités ni devoirs, sans morale ni valeurs.

Une autre photographie est également emblématique : celle où un manifestant tient une pancarte où il est écrit qu’un poulet serait mieux grillé. C’est bien entendu une allusion aux policiers, avec un goût sinistrement morbide.

Cet anarchisme de pacotille – très ironique quand on voit la drapeau d’air France, depuis quand un travailleur assume le drapeau de son entreprise ? – prêterait au mieux à sourire (cela ne sera pas notre cas) si désormais la condition animale n’était connue de tous.

Culturellement, là aussi on voit bien la faillite morale et intellectuelle, au profit de la posture.

Ce populisme, cette négation du contenu, est intolérable et montre bien la nécessité d’en revenir aux fondamentaux du mouvement ouvrier.

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27 mai 1968 : le meeting de Charléty

Le 27 mai 1968 est une journée importante pour la gauche qui n’est ni celle du PCF, ni celle des regroupements révolutionnaires (anarchistes, marxistes-léninistes c’est-à-dire maoïstes, trotskystes).

Cette gauche ne veut pas la révolution mais un socialisme modernisateur, elle est portée par l’UNEF, le PSU, la CFDT (qui peu de temps auparavant était encore le syndicat chrétien).

C’est ce qui historiquement nommé la seconde gauche.

Elle parvient, le 27 mai, à rassembler 30 000 personnes au stade Charléty. Pierre Mendès France est présent, mais il ne prend pas la parole. Cette figure historique de la gauche réformiste, membre alors de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, cautionne donc le meeting, mais en ne prenant pas la parole se présente comme recours possible, garant d’un ancrage au centre-gauche.

Voici l’appel de l’UNEF fait le 25 mai pour mobiliser le 27, puis des vidéos du meeting de Charléty.

Déclaration de l’U.N.E.F.

A la suite des événements qui se sont déroulés depuis trois semaines, et particuliçrement ces derniers jours dans toutes les villes universitaires de France et notamment à Paris, compte tenu de la situation présente, des déformations apportées par l’information officielle ou contrôlée par le gouvernement nous tenons à préciser les points suivants :

I. – LES FORCES DE L’ORDRE ET LE GOUVERNEMENT PORTENT L’ENTIERE RESPONSABILITE DES INCIDENTS QUI VIENNENT DE SE PRODUIRE ET L’U.N.E.F. SE DECLARE SOLIDAIRE DE TOUTES LES VICTIMES DES FORCES DE REPRESSION

Les incidents proviennent de la volonté du pouvoir tendant à créer une situation objectivement explosive et provocatrice pour les étudiants et les travailleurs luttant à leurs côtés :l’U.N.E.F. se déclare entièrement solidaire des victimes de la répression policière, quel que soit le moment où elle s’est exercée.

II – L’U.N.E.F. PROPOSE DE FAIRE DE LA JOURNEE DU LUNDI 27 MAI UNE GRANDE JOURNEE NATIONALE DE MANIFESTATIONS L’attitude de la police rend celle-ci entièrement responsable de tous les affrontements.

Particulièrement aujourd’hui et demain, la présence de forces importantes dans le quartier latin, leurs mouvements incessants, la façon dont ils dispersent les groupes sont autant de provocations : si des incidents se produisent, que le gouvernement sache qu’il est à l’origine de ceux-ci.

L’U.N.E.F. n’appelle pas à manifester aujourd’hui et demain. En revanche, elle propose à tous les militants de Paris et de province, de faire du lundi 27 mai une journée nationale de manifestations, celles-ci se tenant à partir de 17 heures.

III. – LES LUTTES UNIVERSITAIRES N’ONT DE SENS QUE S’INTEGRANT DANS LES LUTTES D’ENSEMBLE; LE GOUVERNEMENT QUI REFUSE DE VOIR LE SENS DE CE COMBAT COMMUN NE PEUT ETRE UN INTERLOCUTEUR

Depuis longtemps l’U.N.E.F. souligne que les luttes universitaires n’ont de sens que lorsqu’elles s’intègrent dans le cadre d’une contestation et d’une lutte contre le régime capitaliste : la démocratisation de l’enseignement ne peut être réelle qu’en liaison avec un renversement des rapports de production et la transformation des structures économiques par et pour les travailleurs.

Il est bien évident que sur tous ces points le gouvernement et le général de Gaulle n’acceptent pas de prendre en considération la nature de notre combat et qu’ils ne se placent que dans une optique de préservation du système actuel. Aussi considérons-nous que le régime n’est pas un interlocuteur.

IV. – L’UNIVERSITE, DE TOUTE FAçON, PREND EN MAIN SES PROPRES AFFAIRES Le 17 mai 1968, l’U.N.E.F. proposait à l’ensemble des étudiants et des enseignants quatre points précis d’intervention sur la situation.

Les décisions prises librement par l’ensemble des étudiants vont très largement dans le sens des propositions faites par l’U.N.E.F. Il faut maintenant conclure et réaliser, là où cela est possible, en particulier dans les Facultés d’ores et déjà en gestion paritaire (Enseignants Etudiants), l’inauguration de fait du droit de veto sur les décisions prises. Seul le contrôle des décisions permet en effet d’assurer la contestation permanente de l’Université.

Là où les Universités sont autonomes il faut combattre toute déviation vers une espèce de gestion privée des facultés. L’autonomie, cela veut dire aussi l’ouverture très large de l’Université aux travailleurs. L’U.N.E.F. appelle donc l’ensemble de ses militants, et l’ensemble des étudiants à appliquer dçs maintenant leurs propres décisions. Elle appelle aussi à repousser l’ensemble des examens en septembre.

V. – POUR UNE LIAISON PLUS SOLIDE ENCORE DES LUTTES UNIVERSITAIRES, DES LUTTES OUVRIÈRES ET PAYSANNES L’U.N.E.F. se réjouit de la jonction effective des ouvriers en grève avec les étudiants : elle s’est faite à Paris le 24 mai, en province dans beaucoup de villes universitaires, dans les usines et les facultés. Dans tous ces cas des dizaines de milliers d’ouvriers en grève se sont joints aux étudiants.

L’U.N.E.F. adresse son salut chaleureux à tous les travailleurs engagés dans la bataille avec leurs syndicats.

Parce qu’elle estime qu’il est important de garder un front uni étudiants-travailleurs, elle demande aux syndicats ouvriers – de garder le même front sans faille face à la répression gouvernementale, or, l’interdiction de séjour de Daniel Cohn-Bendit est justement un élément décisif de cette répression – de se rappeler qu’elle reste sur une position simple : jamais, et en aucune façon elle n’entend donner de leçons aux organisations de la classe ouvrière, mais en revanche elle n’en acceptera aucune pour les luttes étudiantes..

Le débat permanent existe à la base entre étudiants et ouvriers, l’U.N.E.F., dans la mesure où les points précédents seront bien compris, propose que les mêmes débats s’instaurent à tous les échelons avec les organisations syndicales des travailleurs C’est dans la mesure où l’action menée à Paris a rencontré de larges échos en province, que l’extension au secteur ouvrier a été possible.

A l’heure actuelle, et dans le même souci de développement du mouvement, l’U.N.E.F. appelle tous les étudiants de toutes les villes universitaires à intensifier leur action :

– pour la poursuite de notre combat universitaire,

– pour l’unité des étudiants et des travailleurs,

– pour leur victoire commune.

Bureau National de I’U.N.E.F. 25 mai 1968.

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La lutte corporatiste de l’UNEF contre la sélection universitaire

Le syndicat étudiant UNEF a mis en ligne un site afin de critiquer la sélection universitaire. Le choix du nom de domaine de ce site en dit long sur le populisme, puisqu’il s’agit de sélection-université.lol.

L’absence de contenu n’étonnera pas quand on sait que le congrès d’Aubervilliers du Parti socialiste se tient bientôt et que les partisans de Benoît Hamon et de son mouvement génération-s s’agitent beaucoup pour obtenir une certaine influence.

Voici d’ailleurs l’argumentaire mis en avant sur le site produit par l’UNEF pour dénoncer la sélection. On y voit une argumentation particulièrement bornée, utilisant l’écriture inclusive pour revendiquer les droits étudiants, sans jamais mettre en perspective le sens de la réforme par rapport au capitalisme et à ses exigences.

C’est une vision corporatiste, défendant les seuls intérêts des étudiants en tant qu’individus ayant le droit, par définition, de faire ce qu’ils veulent. C’est une déformation complète du principe de la lutte pour une éducation populaire, accessible, mais donc avec un certain contenu.

Ce n’est pas sans rappeler les récents propos de Hervé Christofol, le secrétaire général du principal syndicat d’enseignants du supérieur, le Snesup. Un sénateur de droite demandait en effet il y a dix jours que le nombre de postes à l’université soit corrélé aux emplois disponibles suite à ces études.

La réaction de Hervé Christofol a été de dire :

« C’est l’Etat qui planifierait les carrières des gens ? On se croirait en RDA du temps des soviétiques ! »

C’est une vision libérale, qui nie que les études, les emplois, sont définis par le capitalisme, et qui déforme la gauche pour la transformer en service après-vente du capitalisme, ainsi qu’en Père Noël venant agrandir la possibilité des souhaits individuels.

La mise en place de la sélection à l’entrée des filières “en tension”

Cette réforme remet en cause le principe de libre accès à l’université qui garantit à chaque titulaire du baccalauréat de pouvoir poursuivre les études, dans la filière de son choix à l’université.

Désormais, lorsque les demandes seront supérieures au nombre de places dans une filière, les universités trieront les étudiant-e-s sur dossier, et en fonction de l’avis du conseil de classe du lycée, entre ceux qui pourront accéder à cette filière, et ceux à qui on répondra “non”, en les empêchant de poursuivre leur projet d’étude.

Cette sélection ne concernera pas uniquement les quelques filières en tension citées habituellement (droit, santé, psycho, staps). Pour rappel, cette année ce sont 169 filières qui ont été “en tension” à la rentrée 2017 : ce serait donc d’ors et déjà ces 169 filières qui pourraient avec cette disposition de la loi sélectionner l’année prochaine. Pire, face au manque de moyens budgétaires et à la hausse des effectifs étudiants, le nombre de filières en tension va certainement s’accroître.

Ainsi, à court terme, ce sont la majorité des filières qui pourraient sélectionner à l’entrée de l’université, et fermer la porte à des milliers de jeunes.

Le “oui, si” : les universités imposeront une année supplémentaire à certain-e-s étudiant-e-s

Le constat est partagé, il est urgent de remédier aux 60% d’échec en licence. Pourtant les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de cette ambition puisque l’on nous fait croire qu’il faudrait changer les étudiant-e-s plutôt que l’université.

En effet, la réforme de l’accès au premier cycle universitaire mettra en place une nouvelle réponse possible sur APB : « oui,si ». Les universités pourront sélectionner sur dossier d’un côté les étudiant-e-s qui pourront faire leur licence normalement, en trois ans, et de l’autre côté, les étudiant-e-s à qui l’on imposera une année de remise à niveau, qui rallongera leur cursus universitaire, et entraînera des coûts financiers inabordable pour de nombreux-ses étudiant-e-s.

Au lieu de mettre en place des dispositifs pédagogiques pour tou-te-s les étudiant-e-s sur la base du volontariat, le gouvernement fait encore une fois le choix d’imposer des dispositifs particuliers et d’entériner un enseignement supérieur à multiples vitesses.

Nos bourses en danger avec la mise en place d’un “contrat pédagogique”.

Un “contrat de réussite pédagogique” sera désormais signé entre les universités et chaque étudiant-e. En fonction de la réussite ou non de l’étudiant-e durant ses examens, des années d’études ou des modules supplémentaires seront imposées à l’étudiant-e, ce qui accentuera un peu plus l’individualisation des diplômes, et ses bourses pourraient même lui être retirées.

Derrière ce contrat, une logique : si l’on échoue à l’université, c’est de notre responsabilité en tant qu’étudiant-e, et il faudrait ainsi mettre en place des sanctions supplémentaires. Cette logique nie la responsabilité de l’Etat et des universités, qui ne mettent pas en place des conditions d’études de qualité, nous permettant de réussir et de progresser.

Nos droits étudiants en danger avec la mise en place de licences à la carte

Le gouvernement souhaite créer des licences à la carte: dans une même filière d’un même établissement les étudiant-e-s n’auront pas les mêmes cours, le même nombre d’heures d’enseignement. Le gouvernement souhaite en profiter de cette individualisation des diplômes pour supprimer les rattrapages et la compensation des matières, des droits fondamentaux aujourd’hui pour les étudiant-e-s pour nous permettre de réussir.

Au-delà de supprimer des droits fondamentaux, cela va créer des inégalités entre les étudiant-e-s d’une même filière, car nos diplômes ne seront pas les mêmes! Ainsi, nos chances d’avoir une insertion professionnelle  de qualité ne seront pas les mêmes car nos diplômes n’auront pas la même valeur.

Par ailleurs, tous les établissements ne pourront pas mettre en place les mêmes enseignements, ce qui va accentuer les inégalités qui existent déjà entre les universités.

La réduction des voeux sur APB: des milliers de bachelier-e-s seront sans affectation

Le gouvernement souhaite limiter le nombre de vœux qu’il est possible de faire sur APB et d’enlever la possibilité de les hiérarchiser. Cette mesure, combinée à la possibilité pour les universités de sélectionner à l’entrée des filières “en tension”, va aggraver le nombre d’étudiant-e-s orienté-e-s dans des filières par défaut ou bien sans proposition d’inscription.

Cette mesure ne permettra donc pas « un accès plus juste et plus transparent dans le supérieur », comme le prétends le ministère, mais empêchera à des milliers de jeunes l’accès à l’enseignement supérieur.

Prétendre vouloir accueillir tou-te-s les étudiant-e-s sans investissement budgetaire suffisant … De qui se moque-t-on ?

Alors que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche est débattu à l’assemblée nationale, celui-ci est en totale contradiction avec les objectifs affichés par le gouvernement.

Alors que plus de 15 établissements sont dans une situation budgétaire particulièrement difficile selon la Cours des Comptes, les locaux des universités sont vétustes, que les amphithéâtres sont surchargés et que des milliers de jeunes n’ont obtenu d’inscription à l’université en cette rentrée, l’augmentation prévisionnelle du budget des université est largement insuffisante.

En effet, le ministère prévoit d’investir 1 milliard d’euros ans l’enseignement supérieur durant la totalité du quinquennat, alors qu’il faudrait un investissement de deux milliards d’euros par ans aux universités pour pouvoir fonctionner et accueillir tou-te-s les étudiant-e-s!

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Réforme du baccalauréat et « Parcoursup » : communiqué autour de l’UNEF

Suite à la remise en cause du baccalauréat universel et à la mise en place dès cette année d’un nouveau système d’inscription pour les études supérieures, le syndicat UNEF a mobilisé ces derniers jours.

En voici le communiqué diffusé à l’occasion du premier février et signé par différentes autres mouvements de jeunesse liés à des partis ; on notera l’utilisation de l’écriture inclusive.

Suite au vote de la loi réformant l’accès à l’université en décembre à l’assemblée, le mois de janvier est celui de la mise en place de la sélection dans les universités via la nouvelle plateforme « Parcoursup ».

Afin de trier les dossiers des lycéen∙ne∙s, chaque université se fondera sur des attendus nationaux, déclinés en attendus locaux. Pour des milliers de jeunes, ces attendus auront pour effet de les décourager de poursuivre des études, de leur bloquer la possibilité d’accéder à la filière de leur choix, voire de l’université tout court.

En effet, l’augmentation du nombre de bachelier, combinée à la restriction du nombre de places disponibles dans les universités, vont à terme transformer la majorité des filières ouvertes, en filières « en tension », donc rendues sélectives par la loi.

Par ailleurs, la complexe procédure d’admission, parce qu’elle limite les bachelier∙e∙s à 10 vœux non hiérarchisés, risque de maintenir la plupart des jeunes sur liste d’attente jusqu’à la dernière phase de la procédure.

Pour tous les jeunes sans affectation à l’issue de la procédure, leur seule option sera de faire appel au rectorat, qui leur proposera une unique affectation dans une filière où demeurent des places vacantes, sans garantie que cette affectation soit en cohérence avec leur projet pédagogique et professionnel. Les jeunes n’auront que 24 heures pour répondre à cette proposition, sans quoi perdront toute chance d’accéder à l’enseignement supérieur.

Par ailleurs, le gouvernement souhaite, dans le cadre de cette réforme, remettre en cause l’arrêté licence, texte qui cadre nationalement les droits étudiants du cycle licence, sorte de code du travail et étudiant-e-s. En remettant en cause des protections fondamentales telles que les rattrapages ou encore la compensation entre les matières, et en souhaitant individualiser à outrance les parcours, c’est notre droit à la réussite qui est menacé.

Les étudiant-e-s devront signer un contrat de réussite avec leur établissement, et s’ils n’en respectent pas les termes, leurs bourses pourraient se voir supprimées. Alors que les mauvaises conditions d’études à l’université et la précarité financière sont les premiers facteurs d’échec dans l’enseignement supérieur, le gouvernement se trompe lorsqu’il estime que retirer les bourses des étudiant-e-s en difficulté, c’est-à-dire les sanctionner, les incitera à réussir, cela ne fera au contraire qu’augmenter un taux d’échec d’ors et déjà très élevé en licence.

Le gouvernement souhaite mettre en place une cotisation de 90 euros par étudiant∙e∙s, visant à financer les services de médecine préventive, de vie étudiante, culturels et sportifs des universités. La mise en place de cette cotisation fait un peu plus reposer le financement du service public de l’enseignement supérieur, en grande difficulté du fait du désengagement de l’Etat, sur les épaules de ses usager.e.s. Les contours de sa répartition ne sont par ailleurs toujours pas clairs, ne permettant pas d’avoir de certitude sur ses objectifs et son efficacité réelle.

Cette réforme de l’accès à l’enseignement supérieur se combinera avec la réforme du baccalauréat, qui risque d’entériner la fin du bac comme diplôme national. En mettant en place une modularisation des enseignements secondaires sans cadrage national, qui aggravera les inégalités territoriales entre lycées, il sera créé, de fait, une concurrence entre établissements. Cette concurrence sera d’autant plus grave qu’elle sera prise en compte dans les procédure d’admission à l’université, par l’étude des dossiers des candidat-e-s.

Alors que depuis son élection le président et son gouvernement font sans cesse le choix de politiques qui favorisent les plus riches et les puissants à l’image de la suppression de l’ISF, ici, ce sont une nouvelle fois les classes populaires qui sont visées. Cette sélection va toucher prioritairement les lycéen.ne.s issus des quartiers les plus populaires et les plus en difficulté. Elle laissera sur le carreau des milliers de lycéen.ne.s qui se retrouveront sans diplôme et sans avenir.

Alors que les jeunes ont déjà exprimé leur opposition à l’annonce du plan étudiant depuis plusieurs mois, nos organisations réitèrent leur refus de voir s’instaurer la sélection à l’entrée de l’université, nous réclamons le retrait du plan Vidal. Nous exigeons aussi l’abandon des projets de remise en cause des droits fondamentaux des étudiants, ainsi que la mise en place d’une réforme du bac qui engendrera de profondes inégalités territoriales et sociales.

Il est grand temps d’agir pour qu’un vrai service public de l’information et de l’orientation voit le jour et que des moyens soient injectés afin de permettre à chacune et chacun de maîtriser et de choisir son parcours de vie.

Nos organisations ont déjà formulées de nombreuses propositions alternatives et nous continuerons à les porter de toutes nos forces face à ces projets qui menacent notre avenir.

Nos organisations appellent les jeunes à se mobiliser le jeudi 1er février 2018, à se réunir, dès maintenant pour débattre des réformes, à se mobiliser sous toutes les formes décidées collectivement (grèves, blocages, manifestations, rassemblements, etc), pour alerter sur les dangers des réformes en cours.

Nous réclamons le droit pour toutes et tous (lycéen.ne.s, étudiant.e.s, salarié.e.s). de faire grève, et nous nous prononçons d’ores et déjà contre toute sanction, administrative ou policière, contre celles et ceux qui tenteront d’exercer ce droit légitime.

Une nouvelle réunion réunissant nos organisations se tiendra à la suite du 1er février pour proposer des suites à cette journée de mobilisation.

Signataires :

UNEF – UNL – Solidaires étudiant.e.s – FiDL

Mouvement Jeunes Communistes de France – Ensemble Jeunes – Jeunes Insoumis – Jeunes Générations – MJS Réseau jeune du PG – Union des étudiants Communistes – NPA Jeunes

JOC – MRJC – LMDE