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Société

Pour quoi le Conseil Constitutionnel reconnaît-il la notion de « fraternité »?

La société française est-elle démocratique, un pays où des choix sont possibles sans dépendre des classes dominantes? Quand on est de Gauche, on ne peut pas penser que oui. Cela en dit long sur la nature de « gauche » de gens ayant salué une décision du Conseil Constitutionnel.

Dans son avis rendu le 6 juillet suite à son étude de la notion juridique de fraternité, celui-ci énonce que la fraternité est un principe à valeur constitutionnelle. Autrement dit, les lois et règlements ne peuvent déroger que de manière limitée et justifiée à ce principe.

A propos de la fraternité, le Conseil Constitutionnel énonce que :

« Il découle de ce principe la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national. »

Le Conseil Constitutionnel affirme ainsi la valeur juridique suprême de la fraternité, dans la mesure où elle s’exprime comme un choix individuel. C’est une victoire pour les avocats des deux personnes, considérées comme militant en faveur des droits des étrangers illégaux et dont le sort judiciaire dépendait de cette décision.

Mais la portée est plus générale. Le Conseil Constitutionnel considère que la loi doit être changée. Il maintient la limite de l’aide à l’entrée sur le territoire, qui elle, doit pouvoir être sanctionnée. Mais les juges ne doivent plus pouvoir sanctionner le soutien à des personnes se trouvant de manière illégale sur le territoire de la France.

C’est le triomphe du relativisme dans la loi, ce qui est contraire au principe d’une société civilisée. On reconnaît ici la négation du droit comme universel au profit du choix individuel.

C’est le triomphe de l’idéologie présentant la France comme « morale », le « pays des droits de l’Homme ». C’est aussi le triomphe de la migration comme principe reconnu et accepté, alors que c’est l’un des grands drames d’un capitalisme tellement développé qu’il pompe les gens diplômés des pays pauvres et attire des gens voulant connaître leur « rêve américain ».

La Gauche est ici coincée entre les libéraux libertaires faisant des migrants un sujet positif et l’extrême-droite en faisant un sujet négatif, alors qu’en réalité les migrants sont simplement les objets du capitalisme, étant déterminés par la situation mondiale.

Pour les partisans de l’ouverture des frontières aux migrants, les pays d’origine ne peuvent qu’être horribles, sans intérêt, ne valant rien culturellement : on a ici un néo-colonialisme au service des pays capitalistes présentés comme le paradis sur terre, au moins par rapport à l’enfer ailleurs.

La décision du Conseil Constitutionnel a donc bien sûr ravi Génération-s, qui a fait des migrants un thème essentiel à sa convention tout récemment. 

Les militants anarchistes « No Borders » et les juges du Syndicat de la Magistrature se retrouvent ainsi côte-à-côte sur la même barricade, celui du Conseil Constitutionnel, du président de la république, du gouvernement, de la mairie de Paris.

Il ne s’agit pas, de la part du Conseil Constitutionnel, de marquer la fraternité de la nation française envers les populations qui se trouvent dans l’impossibilité de vivre, voire de survivre, au point que des masses nombreuses sont contraintes de quitter leur pays, c’est-à-dire les réfugiés.

Ce qui est validé par les juges, c’est la liberté individuelle de chacun de pouvoir « faire de l’humanitaire » de se prendre, pour ainsi dire, pour Albert Schweitzer, d’agir dans l’esprit de l’Eglise catholique, sur la base de la supériorité du capitalisme, en direction des migrants.

On est là non pas dans l’internationalisme sur la base de la classe, mais dans la charité individuelle, avec en arrière-plan la valorisation du capitalisme à prétention démocratique.

On est là dans un abaissement de la loi qui a une valeur en termes de société au niveau de l’individu et de ses prétendus choix. Ce qui est conforme à l’idéologie du capitalisme, qui nie les classes sociales, le déterminisme faisant qu’un choix correspond à ces classes sociales.

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Politique

Discours de Benoît Hamon à la convention nationale de Génération•s

Génération-s a tenu sa première convention les 30 juin et 1er juillet 2018 à Grenoble. ; voici le discours de clôture de Benoît Hamon.

Les migrants en sont le grand thème, avec l’Union européenne et des revendications présentés comme relevant de l’écologie. Le mot capitalisme revient une fois, le mot ouvrier aucune fois, le mot travailleur une fois, le mot socialisme aucune fois,  le mot bourgeois une fois, le mot classe aucune fois, le mot prolétaire aucune fois, le mot gauche 30 fois.

Le discours de Benoît Hamon à la convention nationale de Génération•s le 1er juillet 2018

Cher.e.s ami.e.s,

Je vais vous parler de notre avenir mais l’actualité, et plus encore que l’actualité une forme de colère personnelle, m’incitent plutôt à commencer par vous dire un nombre.

34361.

34361, c’est un nombre à la fois à graver dans nos conscience et un nombre dont chacun doit avoir conscience qu’il continue en ce moment-même d’augmenter.

34361, c’est un nombre qui nous effraie et qui nous déshonore et qui nous déshonore encore davantage s’il ne nous effraie pas.

34361, c’est un nombre que l’Histoire retiendra comme une faute et, je le dis solennellement, comme un crime envers l’Humanité, un manquement impardonnable à nos devoirs les plus sacrés envers l’Humanité.

Ce nombre, publié par le Guardian il y a quelques jours, c’est celui des femmes, des hommes, des enfants morts en tentant de rejoindre l’Europe.
Amadou Taibou Diallo, 16 ans, noyé quand son embarcation a chaviré dans l’enclave de Mellila,
Binta Baldé, 21 ans, noyée, elle et tous ses rêves de jeune femme en Méditerranée,
L’adolescente Oumou Belle Bah, 16 ans, noyée quand son bateau a sombré sous le poids de ses passagers,
Le jeune Mengs Medhane, 16 ans, mort en tombant du camion à bord duquel il espérait quitter Calais pour rejoindre la Grande Bretagne.

Et dans cette interminable liste publiée par le Guardian, qui publie aussi les noms et les histoires de ces migrants, une mention revient, et notre regard s’arrête, au milieu de cette forêt d’humains décimés par l’égoïsme, sur cette mention-là : Bébé, 3 mois, nom inconnu, décédé de malnutrition et de fièvre sur le bateau de l’ONG lui portant secours entre la Libye et l’Italie.

Pour ce bébé, pour les nombreux autres, pour ces 34361 êtres humains qui étaient nos compatriotes citoyens du monde, je vous propose de leur témoigner notre fraternité en vous levant et en respectant une minute de silence.

Je vous remercie.

 

J’ai souhaité débuter par là parce que la question des migrants est un révélateur de l’époque et de nous-même.

C’est un révélateur de cette Europe qui n’a plus d’Union que le nom, où le fasciste Salvini et l’ultralibéral Macron se rejettent les 600 passagers de l’Aquarius comme de sinistres négociants une marchandise avariée.

C’est un révélateur de cette époque où l’on peut mentir impunément, faire de la communication en recevant le héros Mamoudou Gassama à l’Elysée quand il sauve un enfant et EN MÊME TEMPS, laisser des enfants qui sont les futurs Mamoudou Gassama à la dérive sur un bateau au milieu de la Méditerranée. C’est dans ces moment là que je me dis que notre différence irréductible avec Emmanuel Macron, c’est que définitivement, comme l’écrivait Guy Debord: Nous, contrairement à lui, “nous ne voulons plus travailler au spectacle de la fin du monde, mais à la fin du monde du spectacle”.

Oui, c’est un terrible révélateur de la lâcheté des gouvernants, cette étrange défaite intellectuelle et morale de nos élites, face aux peurs qui saisissent notre peuple.

On agite les sondages en nous disant “mais les Français sont majoritairement contre l’accueil de l’Aquarius”. Et alors ? Et alors ? Combien d’autres têtes tombées au pied de l’échafaud, si François Mitterrand et Robert Badinter avaient gouverné au gré des sondages et non de leur conscience ? Combien de femmes mutilées, opprimées dans leur chair, si Simone Veil avait cédé aux passions mauvaises ? Il faut être parfois un peu à la hauteur des femmes et hommes d’Etat qu’on prétend honorer ou imiter ! Et surtout il faut être parfois à la hauteur de notre peuple et de son histoire.

Il est temps que quelqu’un ose parler à l’intelligence d’un peuple qui n’a jamais été si grand que lorsqu’il était fraternel, quelqu’un doit résister à cette marée brune qui emporte tout, nos valeurs et avec elles notre honneur : “Française, français, grand peuple de la Révolution et de la Résistance, terre d’accueil des républicains espagnols et des boat-people vietnamiens, n’avez-vous, n’avons-nous pas honte ?

C’est mon devoir de le dire à chacun et chacune de nos compatriotes : j’aime passionnément notre pays, mais j’ai honte de nous lorsque nous ne sommes pas à la hauteur de notre tradition républicaine d’asile,

J’ai honte de nous lorsque certains sont obsédés par les racines chrétiennes de la France mais oublient soigneusement l’héritage du christianisme social,

J’ai honte de nous lorsque le Gouvernement dit que la France a pris sa part, voire que nous serions submergés, alors que l’Allemagne a délivré neuf fois plus de titres protecteurs que nous ces dernières années,

Honte à Gérard Collomb de placer en garde à vue les Français comme Cédric Herrou, comme Martine Landry, cette formidable grand-mère de 73 ans, poursuivis pour délit de solidarité, alors qu’il laisse les xénophobes de Génération Identitaire humilier des migrants épuisés en pleine montagne !

J’ai honte de nous quand ce gouvernement allonge la durée de rétention, y compris des enfants, y compris de mineurs isolés exactement comme chez M.Trump, ce n’est pas mon idée de la France.

 

Alors je sais que certains, à droite comme à gauche d’ailleurs, se taisent, mais moi je m’y refuse, peut-être parce que je viens de ce bout de terre où l’on connaît le prix déchirant du départ ou de l’exil,

Je dis aux Français : OUI, nous devions accueillir les femmes, les hommes et les enfants de l’Aquarius, oui c’était notre devoir moral et politique, envers eux et envers nous-même.

Et je vais plus loin : Française, français, vos gouvernants vous mentent et convoquent le pire de vous-même, je veux faire appel à ce qu’il y a de meilleur en chacun de vous. Osez entendre la vérité: nous devons prendre notre part d’hospitalité et d’accueil des migrants.

L’asile c’est 40 000 personnes l’an dernier. Dans un pays comme la France, cela se résume en une image simple, partagez-la avec vos amis, votre famille, vos collègues: c’est comme si, une fois par an, à une tablée où nous sommes 1500, ou dans cette pièce par exemple, nous ne pouvions accueillir 1 personne, UNE ! , qui a froid, qui a peur, qui a faim, qui a absolument tout perdu, sa liberté, son pays, sa famille. Voilà la réalité de l’asile aujourd’hui.

Ils vous parlent de submersion et de grand remplacement, de vague migratoire, de shopping de l’asile, je vous parle, moi, de cette fraternité universelle qui n’est rien de moins que notre raison d’être en tant que nation !

Ils ne rêvent que de murs et de barbelés ? Alors soyons, comme nous y invitait l’immense Edouard Glissant, “de part et d’autre de leurs murs et de toutes leurs barrières, les cent fois cent fois cent millions de lucioles ! — une seule pour maintenir l’espoir à la portée de tous, les autres pour garantir l’ampleur de cette beauté contre les forces contraires !”

Que sommes-nous si nous ne sommes plus la France fraternelle ? Renoncerons-nous, par égoïsme, à la voix historique de la France ? Que voulons-nous être, voilà la question qu’il faut que chacune et chacun se pose dans notre pays ? Quelle nation voulons-nous être ? Voulons-nous être un petit pays, aigri et replié, qui détourne les yeux au lieu de prendre ses responsabilités ? Ou une grande nation fière des valeurs ?

 

Cela nous dit aussi qui nous voulons être, nous, à Génération•s…

Ce n’est pas tout à fait un hasard si j’ai commencé en parlant des migrants, plutôt que de la vie du mouvement, même si c’est un très beau moment que nous vivons ici à Grenoble.

Voilà ce que nous sommes, voilà notre méthode, voilà la méthode Génération.s : parler du fond, faire passer nos valeurs et nos idées avant tout. Nous sommes un mouvement différent et nouveau parce que nous refusons de laisser l’accessoire prendre le pas sur l’essentiel, le court-termisme sur la vision de temps long, les petits intérêts particuliers sur l’intérêt général.
Nous assumons notre différence, nous assumons ce qui parfois suscite l’ironie dans leur si vieux “nouveau monde”:
Nous assumons cette exigence démocratique, qui est un respect élémentaire, de parler à l’intelligence de notre peuple, de croire en la politique, d’aimer à nouveau la politique quand, et uniquement quand, elle repose sur la raison des citoyens, leur pouvoir souverain, et des passions positives…
Nous assumons, disons-le, d’être le nouveau mouvement des valeurs, oui le mouvement des valeurs de la gauche et de l’écologie politique. La gauche régénérée, ressuscitée par l’écologie politique, voilà notre identité.

Mais je ne m’apesantirai pas trop sur notre identité. Car à force d’affirmation d’une identité on finit par exclure ou décourager tout ce qui n’est pas exactement comme nous. Dire ce que l’on est se résume souvent affirmer ce que l’on est pas, à prononcer des excommunications, des fins de non recevoir, des déclarations d’incompatibilité en tous genres. Le repli identitaire est le danger de notre époque. Un danger mortel pour la gauche et l’écologie politique.

 

La raison de cette situation est sous nos yeux. Les néolibéraux veulent convaincre les citoyens que tout ce qui relève de l’économie, du social, de l’écologie est trop complexe et trop puissant à la fois pour qu’on leur demande leur avis. D’ailleurs ils parlent une langue que personne ne parle, un sabir technocratique inventé pour tenir les citoyens à l’écart de la décision.

On assiste à une sacralisation de l’économie qui est entrée dans le domaine dangereux des dogmes irréfutables, c’est devenu la Loi naturelle, l’ordre incontestable du monde ! Ils saaaavent ! Eux, ce sont les gens qui savent, les gens sérieux ! Ce sont d’ailleurs les mêmes qui, pendant des siècles, vous envoyaient au bûcher sans sourciller si vous ne disiez pas amen à leur théorie très sérieuse selon laquelle la Terre était plate !

Aujourd’hui, ils voudraient nous faire croire que la règle de l’équilibre budgétaire est aussi indiscutable que la poussée d’Archimède !

Ainsi, on ne peut plus discuter le principe selon lequel un pays, pour faire des gens heureux, doit faire croître exponentiellement son PIB.

On ne peut plus discuter le principe selon lequel, pour être heureux, il faut être productif, COM-PE-TI-TIF et donc réduire à l’infini le coût du travail.

On ne peut plus discuter le principe selon lequel, délivrer une allocation à un pauvre est une mauvaise chose car cela l’encourage à préférer l’assistanat – C’EST LEUR MOT PREFERE CE SALE MOT D’ASSISTANAT MAIS EST-CE QUE QUAND LE PATRON DE CARREFOUR PART AVEC DES MILLIONS, EN SUPPRIMANT DES MILLIERS DE POSTES ET EN SE GAVANT DE CICE NOUS PARLONS, NOUS, DE “PARASITANAT” ? EST CE QUE NOUS PARLONS DE SUPERS-PROFITANAT ? DE FRAUDE FISCALANAT ? DU TRAVAIL AU NOIRANAT ? DU HARCELEMENTANAT ? PARCE QUE QUAND MEME, PARDON MAIS TOUT CA RIME QUAND MEME TERRIBLEMENT BIEN AVEC PATRONAT, N’EST CE PAS ! Etc etc…

Si on les écoute, le capitalisme, le consumérisme, sont aussi naturels – plus naturels même ! – que l’air que nous respirons, d’ailleurs ils finiront par essayer de nous le vendre après l’avoir pollué ! Cette naturalisation de l’économie conduit beaucoup de citoyens à croire qu’il est vain de vouloir changer de politique économique, écologique ou sociale.

Alors, il resterait l’identité, une espèce de refuge pour ceux que la démocratie exclue, c’est à dire de plus en plus de monde ! Ainsi on assiste à un repli identitaire généralisé partout où le néolibéralisme a soustrait à la délibération citoyenne les questions économiques, sociales et écologiques. La démocratie est malade, fatiguée, rabougrie. Allons-nous l’abîmer encore davantage, proposer encore davantage de petit repli identitaire à ceux qui s’angoissent chaque jour pour leurs droits, leur pouvoir d’achat, leurs services publics, leur retraite ou tout simplement leur espérance de vie ? Je crois moi que nous devons être le parti des solutions, un parti remède pour la démocratie, un parti antidote à cette ambiance morose et morbide !

 

Oui Génération-s est l’antidote à la peste néolibérale et à la lèpre nationaliste à la fois.

Génération est le remède à la nostalgie poussiéreuse du « reaganisme » ou du bonapartisme, au giscardisme 2.0 et au lepénisme quelque soit son prénom !

Nous sommes, avec notre diversité heureuse, la médecine contre la xénophobie brutale ou la haine bon chic bon genre envers nos compatriotes arabo-musulmans. Nous travaillons aux solutions avant tout. Vous voulez savoir qui nous sommes. Regardez ce que nous faisons.

En nous voyant travailler, hier et aujourd’hui et depuis un an maintenant avec cette formidable énergie, renouvelable évidemment – encore une mauvaise nouvelle pour eux – , avec désormais plus de 1000 comités, 60 000 membres, j’éprouvais une immense fierté.

Cette fierté éminemment collective d’appartenir à un mouvement de femmes et d’hommes qui n’ont pas renoncé et ne renonceront jamais à se battre pour leurs idées. Le temps est venu pour les femmes et hommes de gauche de ce pays de retrouver de la fierté !

La gauche est fière parce qu’elle est la gauche dans nos cortèges pour sauver le service public de la SNCF,
La gauche est fière parce qu’elle est la gauche lorsque les Jeunes Génération.s mènent la bataille, et nous avec eux, contre la sélection à l’Université, et cet été, partout en france en faveur des alternatives agricoles.
La gauche est fière quand nos membres accueillent des migrants chez eux, la gauche est fière quand nos élus au conseil régional de Nouvelle Aquitaine obtiennent d’ouvrir les ports de leur région aux bateaux des ONG.

 

Alors, ceux qui nous regardaient de haut commencent à nous regarder de travers…Ces derniers jours, un certain nombre d’articles erronés et d’attaques presque coordonnées de politiciens du siècle dernier ont achevé de m’en convaincre : ils ont enfin compris !

Ils croyaient que le mouvement du 1er juillet était la rêverie du promeneur solitaire alors que nous lançons la bataille de la multitude. Ils ont compris que nous sommes un mouvement incontournable. Une foule joyeuse, bruyante et surtout, surtout, déterminée.

Ils ont compris qu’une nouvelle force s’était levée. Et, mes ami.e.s, je vais parler haut et clair pour que le message passe bien au-delà de ces murs : ils ont enfin trouvé, face à l’offensive ultralibérale et aux populistes racistes une force politique qui ne fera plus aucune concession idéologique, qui n’accordera aucun point à l’adversaire, qui refusera de reculer sur ses valeurs.

Je veux, à ce moment, m’adresser à toutes celles et ceux qui se sentent orphelins de la gauche, qui s’étaient égarés et se réveillent groggy. A ceux-là, je leur dis, venez travailler, échanger, inventer avec nous l’après-Macron et l’après-carbone, parce que nous sommes le parti de la grande bataille culturelle à gauche.

Les vieux partis ont été emportés, mais vos idées, vos convictions, elles, sont bien là. Vous n’êtes pas seuls à ne plus vouloir être pris en tenaille entre la peste nationaliste et le choléra ultralibéral.
Vous n’êtes pas seuls à croire que l’urgence écologique et l’urgence sociale nous obligent à changer radicalement de modèle.
Vous n’êtes pas seuls à vouloir une autre Europe, mais ni l’Europe marché ni l’Europe bouc émissaire.
Vous n’êtes pas seuls à vouloir réformer le pays, mais à vouloir que réformer rime avec progrès et plus, comme depuis 30 ans de révolution néolibérale, avec casser,
Vous n’êtes pas seuls à être féministes, internationalistes, laïques. Vous êtes la gauche, vous n’avez plus à baisser la tête, vous êtes Jaurès et Occupy Wall Street !

Vous êtes la jeunesse assassinée de Guy Moquet et la sagesse indignée de Stéphane Hessel !
Vous êtes les pionniers et les résistants : ceux qui veulent la sortie du nucléaire, qui tenez tête à Monsanto et aux multinationales polluantes, qui dénoncez les tricheurs du dieselgate, vous avez secouru le vivant défiguré par l’Amoco et l’Erika, vous avez sauvé le Larzac et Notre Dame des landes.
Vous êtes le Front Populaire et le temps des cerises, vous êtes la voix métallique des adieux de Salvador Allende, vous êtes les manifestations pour libérer Mandela, vous êtes la Révolution des oeillets et la Rose au Poing, vous êtes la Fête de l’Huma et #BalanceTonPorc, vous êtes la retraite à 60 ans et l’abolition de la peine de mort, vous êtes Nuit Debout et Black Lives Matter, vous êtes les 99%, vous pouvez être fiers, vous pouvez redresser la tête !

La gauche est là, elle existe, elle vit comme le feu sous la cendre ! Le pays a moins besoin de Jean-Luc ou de moi que de vous, de votre colère, de votre révolte, de vos rêves, de vos idées et de votre invincible fraternité.

Et je dois vous faire une petite confidence qui ne vous surprendra peut-être pas… En tant que citoyen, en tant qu’homme de gauche, je rêve…et je rêve en grand ! Alors, je dois le confesser, ce n’est pas dans l’air du temps. Je dois bien le dire, mon grand rêve à moi, ce n’est pas une foule de nouveaux hamonistes, c’est une nation à nouveau humaniste !

Ensemble, nous serons plus forts, nous ne reculerons plus, nous ne renoncerons plus jamais à nos mots. Parce que la gauche ce sont des mots entrés comme une épiphanie dans la vie de tous, et notamment des plus fragiles. Les mots ce sont des conquêtes. Nos mots sont devenus des droits dans ce pays. Prendre ses RTT ou ses congés payés, le RMI, se PACSer, la CMU, il n’y a pas si longtemps, nous étions capables d’imposer notre imaginaire et ces sigles étonnants qui résonnaient comme des jours meilleurs. Et aujourd’hui ?

Nous avons, nous à Génération.s, osé prononcer les mots du futur pour préparer un autre futur. Ces mots ont fait irruption dans le débat public et ne l’ont pas quitté depuis. C’est sûr notre lexique n’est pas le petit bréviaire de la start up nation: nous, on ne disrupte pas les droits sociaux, on ne benchmarke pas les pauvres et les migrants, on ne fait pas de cost-killing à l’hôpital public !

Personne ne nous reconnaît à notre logo, à un slogan ou à une marque. On nous reconnait à nos propositions. Quelle incroyable force! Nous, nous disons “revenu universel d’existence”, nous disons “taxe sur la plus-value créée par les robots”, nous disons “burn-out reconnu comme maladie professionnelle”. Nous avons commencé à changer les mots, imaginez quelle tête ils feront quand nous changerons la vie !

D’autant que chaque jour, des leaders mondiaux, des articles de presse ou scientifiques, des citoyens que je rencontre dans le métro ou dans la rue disent : “ces idées sont les bonnes, il faut les regarder sérieusement”. Parfois, nous aurions pu mieux les expliquer, nous aurons encore à le faire. Car soyons clairs : avoir raison contre tout le monde ne nous intéresse pas, nous ne sommes pas la minorité éclairée et d’autant plus éclairée qu’elle reste toujours minoritaire…Nous croyons au pouvoir des idées et nous voulons porter nos idées au pouvoir. Parce que nous savons qu’il y a urgence.

 

Je vous parlais des mots auxquels nous tenons, des mots qui sont aussi nos combats, des mots que nous voulons faire entrer dans le réel. Si l’on vous demande comment résumer Génération.s, vous pouvez répondre trois jolis mots trop souvent malmenés : “Génération.s c’est l’Ecologie, l’Europe, l’Egalité”.

Nous sommes nés de l’urgence écologique. Nous venons, dans cette salle, d’horizons divers, mais nous avons réalisé le même cheminement vers l’écologie politique. Je vais même plus loin: lors de la dernière élection présidentielle, même si la bataille fut âpre et les trahisons nombreuses, nous avons remporté une immense victoire idéologique. Nous avons emmené la gauche vers sa révolution copernicienne écologique. C’était l’aboutissement d’une longue histoire commencée bien avant nous, notamment dès les années 1950 avec des penseurs de la technologie comme Jacques Ellul, ou encore la création des Verts dans les années 80. Ils ont ri lorsque nous parlions des perturbateurs endocriniens, des lobbys, du glyphosate déjà ! Aujourd’hui, plus personne ne rit. Et plus personne ne peut revenir sur cette transition écologique de la gauche.

L’écologie politique est la sève qui générera la gauche. Je ne crois pas à la sous-traitance d’une écologie dépolitisée par les vieux partis, ni au green-washing qui vient repeindre les vieilles idées climaticides, productivistes, qui ont déjà tant abîmé l’environnement et les humains. Nous ne croyons pas que la société sobre, décarbonée, doive s’accommoder du progrès humain. Nous croyons que c’est sa condition-même, et même la condition de la survie de l’espèce humaine. La gauche internationaliste ne peut pas se penser autrement qu’avec les millions de réfugiés climatiques menacés par le non-respect de l’objectif des 2°C. La gauche démocratique ne peut pas accepter le CETA, un énième accord contre les peuples, dangereux pour notre santé et notre agriculture. La gauche sociale doit défendre les discriminés énergétiques, les plus pauvres qui paient souvent la plus grosse facture environnementale, qu’ils paient leur essence, qu’ils soient exposés au glyphosate ou encore qu’ils travaillent dans les conditions ignobles de certains abattoirs.

Comme souvent ces derniers temps, on nous a cherché querelle, on a réduit cet engagement écologiste à des questions de listes et de postes. Alors je préfère être clair là encore: j’ai tiré toutes les leçons de l’élection présidentielle. Cela ne nous intéresse pas ! Nous ne croyons pas au repli identitaire sur les petites chapelles et les petits appareils. Nous sommes plus que jamais unitaires et nous disons à toutes les forces de gauche: “Le dialogue aujourd’hui est l’unité de demain et la victoire d’après-demain.” Une liste unie aux européennes placerait l’écologie politique en premier opposant à Macron. D’ici là, nous ferons face, en souriant s’il vous plaît, à la litanie des stratégies inavouables d’acteurs minuscules pour retarder le moment de cette unité. Mais je vous l’annonce, elle se fera cette unité en dépit des vieux appareils et de leurs professionnels de la vieille politique.

Une chose est sûre nous porterons de toutes nos forces les idées d’une nouvelle gauche écologique dans les mois qui viennent, avec des femmes et des hommes issus de tous les territoires, au trajectoires et aux cultures diverses, représentant sur le terrain les combats modernes de la gauche et des écologistes :
● contre la disparition de la biodiversité, pour un modèle agricole        écologique,
● contre la disparition des services publics, pour la reconnaissance des       biens communs,
● contre l’uberisation du travail, pour le revenu universel d’existence,
● contre les traités de libre échange, pour l’accueil des réfugiés,
● contre les discriminations, pour l’association des citoyens aux décisions qui les concernent,
● contre la souffrance animale, pour le respect de toutes les formes de vie sensible.
● contre le réchauffement climatique et pour une désintoxication urgente du dogme de la croissance.

Car il y a vraiment urgence.

Quand plus de 15 000 scientifiques lancent un appel parce qu’il y a urgence, nous ne nous occuperons pas de politique politicienne. Dans les prochains mois, nous serons toujours de ceux qui luttent contre la marchandisation du vivant et jamais de ceux qui s’occupent du marchandage des petites places. Nous préférons nous occuper de la disparition des abeilles que de rechercher le buzz ou de multiplier les piques. Quand Emmanuel Macron proclame Make the planet great again ET EN MEME TEMPS réduit les aides à l’agriculture biologique, nous avons le devoir d’être nous à la hauteur.

 

Nous proposerons donc un New Deal écologique en Europe.

Nous disons aux citoyens d’Europe : et si vous votiez enfin avec le sourire ? Depuis quand n’avez-vous pas voté pour ? Nous aimons l’Europe, moi j’aime l’Europe, et c’est une immense faute des dirigeants de l’UE d’avoir abîmé l’idée qui nous avait fait le plus vibrer depuis la Seconde guerre mondiale. Nous voulons sortir du tout-marché, mais nous ne voulons pas sortir de l’Europe, nous voulons une alter-Europe démocratique et sociale.

Les libéraux nous disent “chacun pour soi”, les souverainistes nous disent “chacun chez soi”. Nous, nous disons : nous voulons une grande gauche écologiste européenne. Pour citer à nouveau Glissant : “Agis dans ton lieu, pense avec le monde !”. Nous voulons une solution transnationale et nous la construisons;

Notre Europe, ce n’est pas vociférer contre le plombier polonais qui viendrait manger le pain du travailleur français. C’est se battre pour qu’il ait les mêmes droits sociaux, harmonisés par le haut ! C’est se battre aux côtés des femmes polonaises pour le droit à l’avortement ! C’est se battre contre le racisme et l’antisémitisme qui ressurgit, en Pologne, en Hongrie, comme chez nous ! Voilà nos combats européens !

Nous disons “Hope is back”, l’espoir est de retour. Nous voulons un processus de convention démocratique afin de réviser l’architecture européenne, y compris les traités, en y associant les citoyens européens et les corps intermédiaires. Nous laisserons-nous encore une fois, coincer entre les populistes fascistes, et les libéraux qui ont créé ces monstres. Parce que ce sont eux qui créent ces populistes par la désespérance démocratique que leurs politiques sèment au sein des peuples.

Nous voulons agir sans attendre. Avec le «Printemps européen», la nouvelle alliance européenne progressiste et écologiste que nous avons constituée avec Yánis Varoufákis, nous défendons donc un seul et même projet dans toute l’Europe. C’est le New deal écologique, pour réduire les inégalités, croissantes partout en Europe.

C’est aussi la condition pour être à nouveau entendus dans le monde. Les coups de menton d’Emmanuel Macron ne sont pas seulement ridicules: se prendre pour Louis XIV dans un monde aussi complexe ne produit aucun effet. Face à Salvini, il cède. Face à Poutine, il cède. Et j’ai bien peur que, si à l’Elysée on est très fier de communiquer sur le chien Nemo, M.Trump lui, ait choisi d’appeler son animal de compagnie Jupiter

 

La réalité, c’est qu’Emmanuel Macron n’est dur qu’envers les plus faibles.

Je le dis sans détour: je crois que le macronisme est avant tout et intrinsèquement un racisme social…Je l’ai répété plusieurs fois ces derniers jours, je veux le redire parce que le mirage n’est pas entièrement dissipé. La fête n’est pas encore achevée chez Gatsby le magnifique, ce héros trouble de Francis Scott Fitzgerald qui fascinait tant les élites.

Son idéologie peut paraître insaisissable aux Français. Il n’est évidemment pas de gauche, il le dit lui-même. Mais il n’est pas non plus gaulliste, obsédé qu’il est par la finance et les privatisations. Il n’est pas vraiment démocrate politiquement, vu son mépris du Parlement ou la loi asile-immigration.

En fait le seul fil rouge, la seule cohérence de sa pensée, c’est l’insupportable mépris des plus faibles, des pauvres, des illettrées, des sans-costards, des « riens ». Sa comparaison ignominieuse entre ceux qui se battent pour 50 euros d’APL et le sacrifice du colonel Beltrame. C’est sa politique toujours plus dure envers ceux qui sont déjà dans la difficulté: les personnes handicapées, les petits retraités, les chômeurs stigmatisés… Et je souhaite dire simplement ceci : M.Macron, quand on mange chaque jour, sur fonds publics, dans des assiettes dont chacune vaut un RSA, on évite l’indécence de critiquer le “pognon de dingu”e que coûte le RSA quand celui-ci ne permet même pas à des millions de français de manger à leur faim.

C’est un problème que le président de la France ne prononce jamais les mots de justice sociale, d’égalité, de fraternité, de redistribution. C’est pourtant simple, qu’il lève les yeux de son miroir et les pose sur le fronton d’une école ou d’une mairie ! C’est un problème que le président de la France n’aime que les riches, et se révèle en cela d’une terrible pauvreté morale. Emmanuel Macron aime les winners, c’est d’ailleurs sa caste, il la sert et avec lui elle se sert !

Nous le disions en 2017, la start up Macron n’avait pas de soutiens, elle avait des actionnaires et l’heure de la distribution de dividendes a sonné, sur fonds publics: suppression de l’ISF, de l’exit tax, des centaines de millions engloutis sans aucune contrepartie économique…il est le président d’une bourgeoisie réunifiée, qui ne fait plus semblant d’être de droite ou de gauche.

Nous serons nous, dans la patrie de l’égalité proclamée, le parti de l’égalité réelle. Encore un mot trop longtemps délaissé, renié, ignoré. Nous, nous aimons l’égalité, nous la porterons en panache. Égalité totale des femmes et des hommes, pas le féminisme cosmétique qui rend hommage à Simone Veil ET EN MÊME TEMPS bloque le congé parental en Europe. Egalité des territoires, parce que Parcoursup vient encore de nous montrer à quel point un enfant né en banlieue est discriminé dès le plus jeune âge malgré son travail et son mérite. Déjà condamné à attendre le ruissellement des places que les privilégiés lui auront laissées ! Et puisqu’on célèbre cette année Mai 68, n’oublions que la situation n’a pas beaucoup changé depuis que Pierre Bourdieu écrivait, à la même époque, les Héritiers et la Reproduction ! Egalité de formation, égalité de sécurité, égalité de logement, égalité dans l’accès à l’emploi….Egalité, évidemment, entre les générations ! Egalité, égalité, égalité, nous ne nous en lasserons jamais, parce qu’il faut bien que quelqu’un en parle, la défende, la célébre dans cette période où l’inégalité est devenue la norme !

Je terminerai par un mot sur notre avenir. Génération-s s’est dotée d’une charte, d’une démocratie interne et d’un manifeste. Il est maintenant l’heure de nous tourner entièrement, totalement, vers la société française. L’histoire que nous voulons partager avec nos concitoyens est celle de la société qu’ils mettent eux-même en mouvement. Au fond si je devais résumer en un mot le sentiment ou le tempérament qui vous, qui nous résume collectivement le mieux, ce serait la confiance. La confiance dans la commune Humanité en dépit de tout, en dépit de la démence d’un monde qui dévore ses propres entrailles, en dépit d’une époque qui exile la beauté, met en jachère les consciences, en dépit des ténèbres du fascisme, du racisme, du nationalisme et du fondamentalisme. “La folie fait le tour du globe comme le soleil, elle brille partout” nous disait La Nuit des Rois de Shakespeare. A leur folie destructrice nous opposerons la force irrésistible de notre joie et le refus de la résignation !

Nous prenons aujourd’hui un engagement, les uns vis à vis des autres et ensemble vis à vis des Françaises et des Français. Génération.s présentera le plus beau visage, celui de la France d’aujourd’hui qui pense et prépare le monde de demain. Génération.s va faire entrer, par effraction s’il le faut, dans ce jeu trop verrouillé, de nouveaux citoyens, de tous âges et de tous horizons, de tous les quartiers, de toutes les conditions. Nous les présenterons au suffrage de leurs semblables, dans cette République qui refuse de considérer tant de ses citoyens. Et ils gagneront. Ils feront gagner nos idées. Ils porteront, face un système à bout de souffle, le vent de la fraternité nouvelle. Aux Français, je dis, rejoignez cette force enfin à votre image, ici vous serez écoutés, ici vous parlerez, ici vous déciderez. Et aux puissants, je dis, attention tendez l’oreille, voilà la Génération.s qui vient !

 

Vive Génération.s,

Vive l’unité,

Vive la grande gauche écologiste européenne,

Vive l’Europe et vive la République !

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Société

Proxénétisme « des cités » et aliénation de la société de consommation

Du 25 juin au 3 juillet s’est déroulé, au tribunal correctionnel de Paris, un procès pour proxénétisme aggravé. Les inculpés étaient 12 hommes d’une vingtaine d’années, accusés créé un réseau de prostitution en région parisienne et en Belgique, et finalement condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à trois ans et demi de prison ferme, ainsi que 45.000 euros en faveur des parties civiles, des associations qui luttent contre le proxénétisme et la prostitution des enfants, et deux des victimes au titre du préjudice moral.

Les victimes sont âgées de 16 et 17 ans au moment des faits. Les jeunes filles étaient recrutées via les réseaux sociaux qu’elles fréquentent et utilisent (snapchat, instagram ou twitter). Elles sont appâtées par des promesses d’argent gagné facilement et rapidement. Des vêtements de grande marque leur sont offerts. Elles entrevoient alors une possibilité de devenir comme les femmes qu’elles suivent sur les réseaux sociaux : les filles Kardashian par exemple. Ces bimbos gagnent en notoriété et en succès en montrant leur corps, présentant leur vie de débauche comme un bonheur à atteindre pour toutes les jeunes filles.


La publicité, la société de consommation créent des besoins onéreux et inutiles : des vêtements, des accessoires. Le caractère individualiste des réseaux sociaux rend obligatoire, pour faire le buzz de se procurer ces objets. Mais il faut beaucoup d’argent pour cela. Des collégiennes et des lycéennes ne sont pas en mesure de s’offrir de telles choses. Elles vivent dans une sphère virtuelle qui leur offre la bouffée d’oxygène de leur quotidien.

Or ce n’est pas la réalité de la vraie vie à quoi elles aspirent. Elles désirent du rêve crée par la société capitaliste qui chercher à vendre encore et encore plus de choses inutiles rendues primordiales aux yeux des jeunes filles. Elles cherchent alors la facilité pour se les procurer. Elles sont prêtes à n’importe quoi pourvu que ça leur rapporte gros et vite. Elles désirent plus que tout obtenir de l’argent rapidement et en quantité.

Elles sont obnubilées par cette quête. Elles envisagent la prostitution comme un moyen de se sortir de leur situation. Zahia a bien « réussi sa vie » comme ça ! Elles se prennent en photo, à moitié nue dans des poses suggestives. Des « j’aime » et des commentaires élogieux pleuvent.

En rupture de l’école et/ou de leur famille, issues d’un milieu populaire, les filles ne savent pas ce qu’est le travail. Ne pas avoir de moyens de productions, de savoir-faire et/ou de compétences rend difficile le travail.

Cependant, des personnes souhaitent tout de même avoir rapidement de l’argent et en grande quantité. elles font alors des choses pour en obtenir jusqu’à s’oublier, s’abrutir. Elles sont aliénées par la marchandise, par le capitalisme. Passer de instagram au site payant sexemodel devient une ascension sociale pour elles. Leur vie est merdique, elles le savent bien. Alors quand des jeunes hommes les flattent, leur promettent une vie de rêve, elles y croient.

Elles n’ont pas dans leur schéma les valeurs du travail. Ce n’est pas pour manger ni pour apporter gratuitement une chose supplémentaire à la société qu’elles souhaitent travailler.

C’est pour répondre aux sirènes de la consommation capitaliste.

Ces jeunes filles sont bien aliénées par la marchandise, par la société capitaliste. Elles foncent tout en sachant ce qu’elles devront faire. Mais elles ne mesurent pas les conséquences et se prostituent encore et encore et accumulent moins de gains que prévu. La souffrance physique et mentale est telle qu’elles acceptent de se droguer pour continuer.

Jusqu’à dix passes par jour dans des appartements loués sur le site airbnb, des menaces et des insultes. S’en suivent alors les rendez-vous pris par les proxénètes via des sites de petites annonces tels que vivastreet et wannonce.

Le « proxénétisme des cités » c’est un business et les jeunes le perçoivent comme tel. Ils se conduisent comme des entrepreneurs gagnant bien leur vie, gérant leur carnet d’adresse de fournisseurs et de clients. Les prestations sont réglementées.

Les marchandises vendues sont testées et approuvées par les patrons eux-mêmes. Ils se conduisent comme des petits bourgeois du crime. Faire de l’événementiel c’est organiser un événement sur une thématique. Fédérer les travailleurs compétents dans le domaine concerné, louer une salle, créer la publicité, c’est travailler à l’organisation pour une demande précise.

Etre proxénète c’est appâter des filles et les contraindre à continuer de coucher avec des hommes pour de l’argent. C’est de l’esclavage. Quand les jeunes filles veulent se dédire, ils utilisent la violence. Elles sont enfermées dans des appartements, louées à la semaine.


La prostitution n’est pas un salon du tourisme, les agences de voyages présentes payent leur emplacement. Les prostituées ne payent pas pour se prostituer !
Donc la douzaine d’inculpés ne gèrent pas une entreprise de divertissement. Ils gèrent bien un réseau de prostitution de mineures. Ils sont proxénètes.
Pour les accusés du procès parisien, ces jeunes filles sont d’ailleurs qualifiées « de bonnes bosseuses ».

Le travail est la transformation de la nature par l’homme en réalisant ses buts de manière consciente. Le travail est un processus qui nécessite trois actions. La première est que l’homme mène une action en poursuivant des objectifs. Cette réalisation doit avoir un objectif de réalisation. L’homme a donc besoin de moyens de production pour arriver au résultat escompté.

Par le travail, l’homme se différencie de l’animal en ce qu’il utilise des moyens d’existence modifiés par le travail alors que l’animal utilise ce qui est à sa portée, donc ce qui n’est pas transformé. L’homme utilisera un écrou manufacturé par un ouvrier. C’est un honneur pour l’ouvrier de fournir des moyens d’existence aux autres. Le travailleur est alors une cheville ouvrière pour la collectivité.

La prostitution est une activité personnelle, ne transformant en rien une matière brute. Les filles qui sont obligées de se vendre n’ont pas pour objectif le viol tarifé. Elles n’en sont souvent pas fières. Elles sont contraintes d’être des marchandises et non des créatrices de moyens utiles aux autres.

La production n’est donc en rien un travail. Les jeunes filles victimes de ce réseau de prostitution ne sont pas des travailleuses, ce sont des victimes.


Quand les jeunes gens ont besoin de s’ouvrir à la sentimentalité, le capitalisme leur occulte les yeux avec des paillettes et des marchandises en veux-tu-en-voilà.

Ils en deviennent eux-mêmes de la marchandise pour se procurer ces choses superflues. Au vu leur activité quotidienne et des valeurs qu’ils en tirent, ils ne peuvent que se consommer du fait de la prostitution. Ce sont les valeurs qui dominent dans le capitalisme qui posent problème.

En tant que personnes de Gauche, nous devons travailler pour permettre une autre réalité sociale pour une autre culture qui succéderait à elle ci. Donc offrir aux jeunes gens une autre sentimentalité.

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Société

« L’inter-LGBT » et les « discriminations » dans le sport

Le thème de la « marche des fiertés » à Paris concernait cette année les discriminations dans le sport. Le slogan était : « Les discriminations au tapis, dans le sport comme dans nos vies ! ». En apparence, cela sonne juste et progressiste, contre l’homophobie. En réalité, « l’inter-LGBT » qui organise cela mélange tout et n’importe quoi, de par sa dimension libérale et anti-populaire.

La lutte contre l’homophobie dans le sport est une cause démocratique essentielle. L’orientation sexuelle d’une personne ne devrait pas être un sujet pour l’activité physique. Les préjugés à l’égard des femmes et des hommes homosexuels dans les milieux sportifs doivent être dénoncés.

Par exemple, il faut critiquer le fait que le président du club de football anglais Watford, le célèbre chanteur Elton John, soit moqué par certains supporters pour son homosexualité. Il faut aussi reconnaître et se féliciter du fait que, pour une grande majorité de suiveurs du football, l’orientation sexuelle du président du club de Watford n’est pas un sujet de conversation.

Le sport est très populaire à notre époque car il a une dimension universelle. C’est cela qui plaît par exemple avec la Coupe du Monde de Football. Des nations du monde entier peuvent s’affronter selon les mêmes règles et de manière (relativement) équitable, en tant que ce sont des expressions particulières de la même humanité.

La question homosexuelle devrait être comprise de cette manière : les femmes et les hommes homosexuels sont, sur le plan des relations amoureuses, des expressions particulières et minoritaire d’une même humanité. Ce qui compte est d’aller dans un sens commun, universel.

Les personnes gays et lesbiennes doivent alors avoir dans le sport leur place de manière indifférencié, sans avoir pour autant à cacher la réalité de leur relation amoureuse avec une personne du même sexe.

« L’inter-LGBT » ne raisonne pas de cette manière dans son communiqué contre les « discriminations » dans le sport. Ce qui l’intéresse est au contraire l’affirmation et la multiplication des particularités, et ce de manière exacerbé.

Le terme « LGBTQI+ » qui est utilisé est une sorte de catalogue des affirmations individuelles sur le plan de la sexualité et du genre. Chacun aurait le droit de « choisir » et il n’y aurait en fait aucune réalité naturelle, pas même des hommes et des femmes.

Ce rejet de la réalité naturelle est incompatible avec le sport car il est, par essence, un rapport à la nature. Il s’agit dans le sport d’exprimer des capacité physiques et intellectuelles naturelles. Le matériel, comme une perche dans le saut à la perche ou bien un vélo dans le cyclisme, ne sert que de vecteur à l’expression de capacités naturelles.

C’est la raison pour laquelle la grande majorité des sports différencie les catégories féminines des catégories masculines. Il y a dans le sport une volonté d’universalité, d’expression équitable des réalités naturelles.

Dans le cyclisme par exemple, les meilleurs femmes professionnelles ont globalement un niveau équivalent à celui d’un coureur amateur masculin de bon niveau régional. Pour des raisons hormonales essentiellement, mais aussi en partie culturelles, le niveau des femmes est différent. Il serait alors absurde de nier cela, et mettre tout le monde sur le même plan. Cela serait contraire à la recherche d’universalité. Un coureur amateur régional masculin ne peut pas moralement se prétendre meilleur qu’une cycliste professionnelle.

 

Cette question est précisément ce qui dérange les personnes parlant de « LGBTQI+ ». Dès que l’on pose la question du sport féminin, on voit tout de suite qu’ils sont dans une impasse, et ne peuvent s’en sortir que de manière antidémocratique, en rejetant les revendications populaires.

L’inter-LGBT prétend qu’on pourrait choisir d’être homme ou femme, voire aucun des deux. Cela est contraire au combat démocratique et populaire des femmes dans le sport qui est justement de pouvoir affirmer les catégories féminines.

L’inter-LGBT fait de la question homosexuelle une question de libéralisme. Chacun pourrait faire ce qu’il veut, et l’homosexualité ne serait qu’une option, un choix.

Le sport est donc vécu par ces gens comme étant « normatifs », discriminatoire, car il ne restreint l’expression de tous ces particularismes. « Le sport est bel et bien le terrain privilégié de stigmatisations », disent-ils.

Ce n’est là que du libéralisme, qui désert d’ailleurs totalement la cause homosexuelle, tout comme le féminisme en général.

Les personnes gays et lesbiennes sont prises au piège de ce genre de discours « LGBT », elles sont utilisées comme caution démocratique pour affirmer des valeurs décadentes, des choix autocentrés.

Au contraire, la fierté homosexuelle doit s’affirmer dans le sport, comme dans la vie, justement parce que ce n’est pas un « choix », mais une réalité. Les homosexuels sont des gens comme les autres et doivent pouvoir faire du sport et suivre le sport, « comme tout le monde ».

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Culture

« La photographie ne s’est jamais si bien portée, les photographes jamais si mal »

Le premier juillet est paru dans le journal Libération une tribune signée par des photographes professionnels.

Par ce texte adressé à la ministre de la Culture et au Président de la République, ils font état de la situation économique de plus en plus précaire des membres de leur profession. En appelant à la place particulière de la photographie dans la culture nationale, ils attendent suite à cette lettre ouverte des mesures concrètes de la part de l’État.

Mais le problème est simple et seule la Gauche peut le résoudre. En effet, le capitalisme exerce une pression terrible et a besoin de serviteurs sans réflexion, qu’il peut pressuriser à merci. Les photographes se font ainsi littéralement broyer, comme les journalistes ou les professions intellectuelles en général.

Le texte ici est d’esprit corporatiste surtout : il rate l’important.

La photographie ne s’est jamais si bien portée, les photographes jamais si mal

Face à la situation critique de la création photographique française, les photographes – indépendants, membres d’agences ou de collectifs – se réunissent pour alerter le gouvernement, et notamment Françoise Nyssen, ministre de la Culture, du risque de disparition de leur métier. Un début de dialogue semble s’être amorcé mais la liste des points critiques est encore longue et il y a urgence.

La photographie en marge de la politique culturelle de l’État

Le manque de soutien à la création photographique française est flagrant, alors que la majorité des arts en bénéficient : le CNC pour l’audiovisuel, les subventions pour le théâtre, les quotas pour la musique, le statut des intermittents, etc. A l’heure où l’image est un enjeu majeur de l’avenir, ce vide est incompréhensible. En occultant ses besoins, la production photographique s’assèche et les sources d’information et de contenus se réduisent. Nous demandons un soutien concret par le biais d’aides à la création et à la production pour les photographes.

Une généralisation de la gratuité

La photographie est trop souvent liée à la notion de gratuité. De plus en plus de lieux ou d’événements ne prévoient aucun droit d’auteur pour les photographes. Pourtant fournisseur de la matière première – et alors que tous les autres postes sont rémunérés (du menuisier qui construit les cimaises au directeur du lieu ou du festival) -, le photographe est trop souvent le seul à ne pas l’être.

Cet état de fait est d’autant plus inacceptable que nombre de ces événements reçoivent des subventions publiques. Nous vous demandons de faire respecter le droit de présentation – donc que les obligations de rémunération des photographes soient effectives – et que les subventions soient conditionnées par l’application de celles-ci. Nous demandons également qu’un pourcentage non négligeable des subventions pour les événements photographiques soit obligatoirement alloué aux droits d’auteurs des photographes y participant.

Une presse hors la loi

Le non-respect des délais légaux de paiement reste d’actualité. Plusieurs grands groupes de presse continuent de prolonger ces délais bien au-delà de ce que la loi leur impose. Plusieurs agences et collectifs de photographes ont dû déposer le bilan cette année, de nombreux autres sont au bord de l’asphyxie. Nous demandons à l’Etat de conditionner ses subventions aux groupes de presse au respect des délais légaux de paiement. Nous demandons également d’interdire à ces groupes de contraindre les photographes ou de conditionner leurs commandes à une rediffusion de leurs images par ces mêmes groupes de presse.

Chutes des tarifs

Profitant d’une situation économique critique, de nombreux commanditaires réduisent d’année en année le taux de rémunération des commandes passées aux photographes, ainsi que les tarifs de publication des photographies issues de leurs archives. Les photographies sont donc actuellement achetées en dessous d’un coût de production très lourd pour les photographes. Le tarif minimum de la pige journalière mis en place par décret il y a un an est irréaliste et indécent ! Nous demandons la mise en place d’une régulation des tarifs basée sur les coûts réels de production des photographies.

Concurrence déloyale

L’Etat français soutient financièrement l’Agence France-Presse, lui permettant de réduire ses tarifs et de proposer aux médias des forfaits d’utilisation que les structures indépendantes ne peuvent pratiquer. Cet état de fait contribue grandement à la précarité des photographes et à l’extinction des agences et collectifs indépendants. Nous demandons que cette concurrence déloyale et illégale cesse.

En conclusion, les photographes sont les parents pauvres de la discipline artistique la moins considérée par les institutions françaises. Et cela, malgré la richesse de leur production et bien que la photographie soit née en France, que les événements photographiques les plus emblématiques s’y déroulent, que l’image et la photographie soient l’un des enjeux majeurs des années à venir et que ce secteur génère une réelle économie. Nous, photographes français, vous sollicitons pour qu’elle puisse continuer à vivre, à se développer et à enrichir le pays où elle est née.

Cette lettre a été signée par de très nombreux photographes –  tels Raymond Depardon, Bernard Plossu, Françoise Huguier, Jane Evelyn Atwood…  – indépendants ou appartenant à diverses agences, collectifs ou organismes. Parmis eux, le collectif Argos, l’agence DocPix, l’association Divergence-Images, Graphix-Images, Myop, Noor, PAJ (Photographes, auteurs, journalistes), Pasco & Co, le collectif Périscope, le Pictorium, Pink, Plainpicture, l’Union des photographes professionnels, le ­collectif Riva Press, la maison de photographes Signatures, la Société des auteurs des arts visuels et l’image fixe, le Syndicat national des agences photographiques d’illustration générale, le collectif Tendance floue, VU, etc.

www.change.org/p/payetaphoto

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Société

Le Conseil Constitutionnel aborde la notion de fraternité

Depuis le 26 juin, le Conseil Constitutionnel étudie la notion juridique de fraternité. La fraternité est présente dans la loi fondamentale de la république comme composante de la devise : liberté, égalité, fraternité. La question est de savoir quelle est la portée juridique de la fraternité.

Concrètement, il s’agit de déterminer si oui ou non, la « fraternité » doit être prise en compte comme valeur incontournable irriguant toute loi. Évidemment, il y a en arrière-plan la profonde crise de cette notion de par l’individualisme du capitalisme triomphant, le relativisme, l’esprit de concurrence.

L’enjeu est de taille pour deux citoyens ayant aidé au séjour irrégulier de personnes entrées illégalement sur le territoire français. Les avocats de ces personnes condamnées en première instance et en appel jouent ici leur va-tout. Si la fraternité est reconnue comme un principe incontournable, alors la loi sur l’aide au séjour irrégulier ne saurait être opposable aux personnes agissant simplement par solidarité, sans intention frauduleuse.

Des associations poussent dans ce sens. Il s’agit notamment des associations protestantes liées historiquement à la question des réfugiés, comme la CIMADE. On voit aussi une partie des catholiques mettre en avant leur conception de l' »hospitalité ». Les associations de défense des Droits de l’Homme plaident quant à elles pour une meilleure protection des bénévoles de l’aide aux clandestins.

Rappelons ici qu’il ne faut pas confondre charité chrétienne et partage au sens socialiste du terme… Cela n’a même rien à voir et la Gauche ne devrait pas avoir pour but d’accompagner les migrations imposées par le capitalisme à des gens abandonnant leur pays, leur famille, leur vie.

Faire de la retape pour la France « moderne », des droits de l’Homme, accueillante, fraternelle, c’est servir une idéologie qui n’est pas celle de la Gauche, mais du régime en place!

Raisonner abstraitement en termes de fraternité contribue à renforcer les illusions quant à une fraternité institutionnelle qui existerait. Le Conseil constitutionnel est bien une institution parfaitement non-démocratique composée sur la base de désignations arbitraires au plus haut niveau de l’État. Et pour autant, c’est cet organe de l’État qui, paradoxalement, est chargé de veiller sur le respect des droits fondamentaux des citoyens.

On est ici dans une rapport idéologique, mensonger, qui tient historiquement à ce que la notion de fraternité fasse partie de la devise de la république française.

En effet, la liberté est la plus haute valeur de la bourgeoisie. C’est en faisant accéder la notion de liberté individuelle au plus haut niveau des conceptions philosophiques que la bourgeoisie a pu mobiliser pour conquérir le pouvoir politique en France. C’est la liberté qui est venue briser les privilèges féodaux. La liberté est strictement encadrée par le pouvoir politique, puisqu’elle est limitée par les lois.

L’égalité est une concession faite à la classe travailleuse naissante et à la paysannerie immense du 18e siècle. La féodalité représentait ce système obsolète des inégalités érigées en institutions et justifiées par la naissance. L’égalité à la naissance est un fondement de la république (« les hommes naissent égaux en droit »). Il s’agit d’une égalité des droits, bien sur, non d’une égalité réelle. Sous couvert de cette égalité formelle, la bourgeoisie peut exister avec la propriété, se maintenir et donner des gages de bonne foi.

Voilà comment Marx explique dans son texte Les luttes de classes en France (1848-1850), l’entrée de la fraternité dans la devise républicaine à la faveur de la révolution de 1848 :

« Ainsi, dans l’esprit des prolétaires qui confondaient en général l’aristocratie financière avec la bourgeoisie, dans l’imagination de braves républicains qui niaient l’existence même des classes ou l’admettaient tout au plus comme une conséquence de la monarchie constitutionnelle, dans les phrases hypocrites des fractions bourgeoises jusque-là exclues du pouvoir, la domination de la bourgeoisie se trouvait abolie avec l’instauration de la République.

Tous les royalistes se transformèrent alors en républicains et tous les millionnaires de Paris en ouvriers. Le mot qui répondait à cette suppression imaginaire des rapports de classe, c’était la fraternité, la fraternisation et la fraternité universelles.

Cette abstraction débonnaire des antagonismes de classes, cet équilibre sentimental des intérêts de classe contradictoires, cette exaltation enthousiaste au-dessus de la lutte de classes, la fraternité, telle fut vraiment la devise de la révolution de Février.

C’était un simple malentendu qui séparait les classes, et, le 24 février, Lamartine baptisa le Gouvernement provisoire : « Un gouvernement qui suspend ce malentendu terrible qui existe entre les différentes classes. » Le prolétariat de Paris se laissa aller à cette généreuse ivresse de fraternité. »

Graver la fraternité sur les frontons des Mairies, c’est laisser penser que dans la république française, tous les français vivent en frères et soeurs, en dépit de l’exploitation d’une classe par l’autre. Mais si on donne une réalité juridique à la fraternité, alors il faudra que la bourgeoisie partage fraternellement, pour de vrai.

On le comprend, ce n’est pas une décision du Conseil Constitutionnel qui pourra imposer la fraternité. La fraternité suppose la disparition des classes sociales, et pour cela il faut le socialisme ; laisser le Conseil Constitutionnel fournir un avis à ce sujet, c’est contribuer au maintien des illusions.

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Politique

Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du MEDEF : l’ombre d’Emmanuel Macron

Le MEDEF a un nouveau dirigeant, Geoffroy Roux de Bézieux, qui est une sacrée pointure. Il a fait fortune en montant The Phone House, puis en reprenant Virgin Mobile. Mais son père était déjà banquier ; il a grandi dans le 16e arrondissement de Paris et à Neuilly-sur-Seine.

C’est un noble (sa famille a été anobli juste avant la révolution française) et c’est un costaud : il a fait pas moins que deux ans dans les commandos de marine, passant par Djibouti et le Liban. Il fait encore du triathlon, de la boxe, de la course à pied, du vélo, etc.

Bref, c’est un cadre éprouvé, tant intellectuellement que physiquement. Et il représente les assurances, le bâtiment et les nouvelles technologies ; il a gagné les élections du MEDEF, avec 55,8 % (284 voix contre 224), face à Alexandre Saubot.
Ce dernier, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, était soutenu  par les petites entreprises cherchant à faire du MEDEF une structure plus « démocratique », ainsi que par les banques et les Travaux Publics, et évidemment par l’UIMM,

Alexandre Saubot travaillait également avec Vincent Chriqui, également passé par polytechnique, qui a travaillé dans les cabinets ministériels lorsque Nicolas Sarkozy était président, puis a dirigé la fin de campagne de François Fillon en 2017.
Geoffroy Roux de Bézieux avait quant à lui choisi Dominique Carlac’h, qui travaille dans le conseil en financement et innovation industrielle et est partisane de la « nouvelle économie ».

On l’aura compris : Geoffroy Roux de Bézieux représente le même capitalisme qu’Emmanuel Macron, celui de la « nouvelle économie », qui veut libéraliser autant que possible, tandis que Alexandre Saubot représentait la ligne du « dialogue social » traditionnel entre patronat et syndicats.

Cela veut dire que la défaite d’Alexandre Saubot est aussi celle des syndicats. Prompts à se la jouer rebelle en apparence, les syndicats ont depuis longtemps trahi les idéaux de la Gauche pour devenir des courroies de transmission de l’efficacité des entreprises.

Si Geoffroy Roux de Bézieux met son plan en branle, alors leur situation va vaciller et cela avec une grande ampleur. Son discours a tout de suite mis les points sur les i :

« Le MEDEF doit changer (…). Cette campagne aura révélé une chose essentielle : la grande vitalité démocratique de notre mouvement ! Sa capacité à installer un débat exemplaire. Il y a eu le temps de la campagne et de l’indispensable expression des sensibilités. Et cette étape se termine. Maintenant est venu le temps de l’action (…).

Nous travaillons tous pour un même but : garantir la prospérité de nos entreprises et s’assurer que le développement de celles-ci profite à la société française tout entière dans un monde en totale mutation.

Ces mutations qui s’accélèrent doivent mettre fin aux oppositions inutiles, aux divisions artificielles, construites de toute pièce, qui ne servent pas notre cause : l’opposition entre fédération et territoires, entre industrie, services commerce ou construction, entre start-up, PME, ETI et grands groupes, l’opposition entre métropoles et villes moyennes (…).

Continuer le combat pour la compétitivité de nos entreprises, Augmenter nos efforts sur la formation de nos salariés, transformer le paritarisme pour obtenir une véritable autonomie de décision et de gestion, imaginer un dialogue social national qui devienne un dialogue économique et social, rénover l’organisation, la gouvernance et le financement de notre mouvement pour le rendre plus agile, devenir une organisation franco européenne, et enfin et j’allais dire surtout, se redonner du temps et des ressources pour repenser le temps long. »

C’est la ligne d’Emmanuel Macron : moteur franco-allemand pour l’Union européenne, corporatisme local pour renforcer le capitalisme à la base même, esprit libéral général à tous les niveaux (économique donc, mais aussi social, ce qui veut dire aussi culturellement).

Et il y a le chantage, consistant à dire la chose suivante : le monde change, il faut suivre le nouveau capitalisme, sinon même l’ancien perdra tout ! C’est clairement le prolongement direct de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et le reflet des profondes contradictions d’un capitalisme de plus en plus ébranlé.

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Politique

Mai 1968, la droite libérale et l’interruption volontaire de grossesse

C’est mai 1968 qui a permis l’irruption des débats sur les mœurs, mais on sait que c’est la logique libérale qui l’a emporté sur ce thème, comme dans bien d’autres cas. Il est intéressant à ce titre d’aborder la question de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Ce n’est en effet pas avant 1971 qu’il y a un débat général à ce sujet et cela suit bien sûr mai 1968. Sans l’arrivée des thèmes de la vie quotidienne, cela n’aurait pas été possible. Cependant, c’est la droite libérale qui a tout organisé concernant l’IVG.

Or, cela a forcément un sens. On ne peut pas être de gauche et ne pas se dire que si des gens de droite mettent en place quelque chose au nom du libéralisme, il y a au moins un problème quelque part.

En effet, lorsque l’IVG légale est mis en place en France, Simone Veil est alors ministre de la santé, Jacques Chirac le premier ministre, Valéry Giscard d’Estaing le président de la République.

Quel est ce problème ? Regardons comment les choses se sont déroulées. A la base, donc, l’IVG est interdite, mais largement pratiquée par des centaines de milliers de femmes dans des conditions le plus souvent sordides voire mortelles, sauf celles pouvant le faire à l’étranger dans des pays où c’est légal.

En 1971, donc, le Nouvel Observateur publie le 5 avril un manifeste signé de 343 femmes affirmant ayant avoir avorté, ce qui est alors interdit et amène normalement des poursuites, et réclamant la « libre-disposition » de leur corps : « Notre ventre nous appartient ».

La question de la nature de l’interruption de grossesse n’est pas abordée, sauf à un moment précis, sous la forme d’un discours sur la production :

« Les femmes, comme tous les autres producteurs, ont de fait le droit absolu au contrôle de toutes leurs productions. Ce contrôle implique un changement radical des structures mentales des femmes et un changement non moins radical des structures de la société. »

Il est évident que c’est là une manière de contourner la question de la nature, de la nature très particulière de la « production » en question ; la grossesse est considérée comme un obstacle à l’indépendance des femmes, et donc « l’avortement libre et gratuit » lui est opposé.

nombre d'IVG et de naissances depuis 1965

On est ici dans une philosophie individualiste et existentialiste et on retrouve fort logiquement Simone de Beauvoir, l’auteure de « Le Deuxième Sexe » (« On ne naît pas femme, on le devient ») comme l’une des chefs de file du mouvement.

Une fois posée cette manière de voir les choses, tout va aller très vite. 4 000 femmes – un chiffre très faible, il y a alors 1,5 million de femmes se faisant avorter chaque année – manifestent à Paris le 20 novembre 1971 à l’appel du Mouvement de libération des femmes, qui propose également un document intitulé « Matières pour une réflexion politique sur l’avortement » (qu’on peut lire ici et ).

En octobre-novembre 1972 a lieu le procès d’une femme s’étant faite avortée alors qu’elle était mineure ; elle est relaxée notamment sous l’action de l’avocate Gisèle Halimi.

Suit, publié dans Le Monde du 5 février 1973, un manifeste de 331 médecins affirmant pratiquer des avortements illégaux. Ne faisant pas référence au serment d’Hippocrate – qui historiquement rejette l’avortement – le manifeste prône pareillement « l’avortement libre ».

En 1973, l’association « Choisir », avec Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi, réclament le droit à l’avortement jusqu’à 24 semaines (il est autorisé aujourd’hui jusqu’à 12 semaines).

En juin de la même année, 10 031 médecins signent un texte publié dans le Parisien Libéré pour dénoncer le manifeste des 331 médecins. On lit entre autres, avec une allusion directe au serment d’Hippocrate :

« A chaque instant de son développement, le fruit de la conception est un être vivant, essentiellement distinct de l’organisme maternel qui l’accueille et le nourrit (…).

Devant les détresses que peuvent provoquer des circonstances tragiques, le devoir du médecin est de tout mettre en œuvre pour secourir ensemble la mère et son enfant.

C’est pourquoi l’interruption délibérée d’une grossesse pour des raisons d’eugénisme ou pour résoudre un conflit moral, économique ou social n’est pas l’acte d’un médecin. »

C’est un autre existentialiste, Jean-Paul Sartre, qui répond dès le lendemain dans Libération. Constatant le refus profond dans le secteur médical en général, il affirme que « le souci principal d’une majorité du corps médical est de défendre ses privilèges ».

des milliers de femmes par an victimes de l'avortement clandestin en France

C’est alors la droite libérale qui va résoudre le conflit, en prenant le parti des existentialistes. Le richissime Jean Taittinger, chef du groupe de luxe du même nom et ministre de la justice, tient un discours à l’assemblée nationale le 13 décembre 1973 où il défend un projet de loi autorisant l’IVG.

L’association « Choisir » constate avec satisfaction que « dans ce discours, M. Tainttinger a développé tous les arguments défendus depuis des mois par notre association. »

Le 31 octobre 1974, le journaliste Bruno Frappat écrit dans Le Monde – il en deviendra par la suite le directeur de la rédaction – un article intitulé « Un projet de loi très libéral sur l’avortement sera soumis à l’assemblée. M. Giscard d’Estaing interviendra avant le débat », dont les premières phrases sont les suivantes :

« Libéraliser l’avortement tout en faisant semblant de faire le contraire. Tel était le but du projet Ségard accepté au printemps par les diverses tendances de la majorité et qui aurait sans doute été adopté par l’Assemblée nationale si la mort du président Georges Pompidou n’avait pas écourté la session parlementaire. »

Puis il est dit :

« Le projet retenu va plus ouvertement dans le sens du libéralisme que tous les précédents. Préparé par Mme Simone Veil, il n’a pu être approuvé que parce que le président de la République a fermement montré qu’il estimait le temps venu de dire les choses clairement et d’appliquer la promesse faite par lui. »

foetus du premier au neuvième mois de grossesse

L’IVG est alors autorisée par une loi adoptée le 28 novembre 1974, après 25 heures de discussions, par 284 voix contre 189. Simone Veil est alors ministre de la santé, Jacques Chirac le premier ministre, Valéry Giscard d’Estaing le président de la République.

Quel est alors le souci ? C’est que la question de la nature de l’avortement, la question morale, a été mise alors de côté devant l’urgence pour la santé des femmes.

Et en 2018, plus de quarante années après, on peut voir que l’avortement est une pratique banalisée. Le taux annuel d’IVG pour 1000 femmes de 15 à 49 ans, autour de 14-15 %, ne change plus depuis quarante ans. Pareil pour le ratio d’IVG pour 100 naissances vivantes, de 26-27 %.

Comment ne pas se dire, comme cette grande figure historique du féminisme :

« Thérèse Clerc pratiquait des avortements clandestins avant la promulgation de la loi Veil. Selon elle, les femmes qui voulaient avorter « ne prenaient en général pas de contraception, aveuglées par toutes les débilités qu’elles entendaient à l’époque, sur le fait que cela était honteux et contre-nature », raconte-t-elle à L’Obs.

Et cette militante féministe d’évoquer avec amertume la situation actuelle : « Je suis désespérée de voir qu’un trop grand nombre de femmes ne prend toujours pas de moyens de contraception. Désespérée de voir qu’il y a en France, encore aujourd’hui, plus de 200.000 IVG chaque année. Mais ce droit est une nécessité ». »

D’un côté, il faut ce droit, mais s’il est possible d’éviter, n’est-il pas moralement juste de le faire ?

A moins qu’on considère que seul compte son propre choix, sa propre individualité – et c’était justement à cela que voulait aboutir la droite libérale en organisant à sa manière le droit à l’IVG après 1968.

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Simone Veil au Panthéon : une figure de la Droite

Le manque de connaissances politiques et culturelles est si grande en France qu’on arrive à faire passer Simone Veil, qui hier a vu son cercueil placé au Panthéon, pour une personnalité progressiste, elle qui a toujours été une figure de droite. En 2007, elle est tout de même à la tête du comité de soutien de Nicolas Sarkozy, et ce n’est pas pour rien !

C’est que son image de femme pour les femmes et pour la paix est en réalité le masque d’une femme pour l’ultra-libéralisme et pour une Europe opposée aux projets de la Gauche… C’est une femme qui a été une figure de la Droite.

C’est qu’il existe une grande opération visant à la présenter comme une « féministe », alors qu’en réalité elle relève de la ligne libérale la plus traditionnelle, celle qui veut élargir les « droits » en renforçant le marché.

Parce qu’il ne faut pas se leurrer, la légalisation de l’avortement n’a pas représenté autre chose qu’une négation d’une question sociale au profit d’un basculement dans le choix individuel. Cela a toujours été sa position, au sein d’ailleurs d’un gouvernement de droite.

De droite et pas seulement. Figure de la grande bourgeoisie, Simone Veil devait côtoyer des éléments historiquement fascistes, ce qu’elle a tout à fait accepté.

En 1978-1979, elle est par exemple ministre de la santé d’un gouvernement dont le ministre du budget est Maurice Papon, impliqué dans la collaboration et préfet de police de Paris ultra-répressif de 1958 à 1967.

Un autre exemple est connu. Lors d’un conseil des ministres, le premier ministre Raymond Barre avait parlé de  « lobby juif » et elle avait menacé au président de la République Valéry Giscard d’Estaing de démissionner à la prochaine incartade. Mais lorsque Raymond Barre parlera, à la suite de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, des passants comme de « Français innocents » touchés (à l’opposé donc des Juifs), elle ne démissionnera pas pour autant.

Autre exemple : en 1979, aux élections européennes, Simone Veil représente l’UDF et sur sa liste on a en position éligible, Robert Hersant – un grand patron de presse ayant collaboré. Voici comment elle justifie cela :

« La composition de la liste m’a presque totalement échappé. En particulier, la présence de Robert Hersant, dont le passé vichyssois était désormais connu de tous, ne me faisait aucun plaisir, c’est le moins que l’on puisse dire.

On m’avait expliqué qu’il était difficile de se mettre à dos le propriétaire du tout-puissant Figaro. Une fois encore, la politique l’emportait ainsi sur les principes moraux. Ma seule échappatoire se référait à l’ancienne appartenance du patron de presse à la FGDS, le groupuscule politique qu’avait naguère dirigé François Mitterrand. J’avais donc tout loisir de renvoyer les socialistes qui m’attaquaient sévèrement sur ce sujet à leurs propres contradictions, ce que je ne me suis pas privée de faire.

Il reste que, pour la première fois de ma vie, j’avais accepté, pour de basses raisons d’opportunité, un compromis qui avait à mes yeux l’allure d’une compromission… »

Simone Veil est une personnalité politique de droite, qui a modernisé, rien de plus. Le reste est du spectacle, comme lorsque Le Monde célèbre des gens glorifiant Simone Veil, le collectif « merci Simone », composé de gens avouant n’avoir rien lu d’elle…

 

On l’aura compris, pour bon nombre ayant prétendu être de gauche (mais contre la classe ouvrière, contre le marxisme, contre le mouvement ouvrier, etc.), par « progressiste », il faut bien entendu désormais comprendre désormais libéral-modernisateur. Simone Veil est en ce sens le symbole d’un féminisme qui n’est qu’un carriérisme ouvrant des portes aux femmes, comme si le féminisme n’avait pas de contenu en soi.

Et c’est là qu’on voit que la droite et tous les courants « post-modernes » ont la même approche de refuser au féminisme une essence, comme le pacifisme, l’amour des animaux, la défense de la vie, l’écologie.

Voici comment le gouvernement, de manière officielle, présente l’intérêt du parcours de Simone Veil.

« Après avoir fondé une famille, puis entamé une carrière dans la magistrature, en 1974, elle devient du jour au lendemain la femme politique française la plus célèbre et la plus populaire, réussissant à faire adopter en tant que ministre de la Santé la loi qui porte son nom, relative à  l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Figure emblématique du combat des femmes, elle a occupé au sein de l’administration comme en politique des postes jusque-là inaccessibles aux femmes : première femme secrétaire du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF (1972), première femme présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel (1979), première femme ministre d’État (1993).

Membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, elle a également été en 2008 la sixième femme à être élue à l’Académie française et à entrer sous la Coupole en mars 2010, occupant à la suite de Paul Claudel, Pierre Loti et Pierre Messmer le fauteuil numéro 13, qui fut aussi celui de Jean Racine. »

Le combat des femmes serait de pouvoir prendre des postes pris auparavant par les hommes. Il faudrait une femme capable d’appuyer sur le bouton du déclenchement de la guerre nucléaire. C’est là ne rien comprendre aux valeurs patriarcales que justement le féminisme dénonce ou devrait dénoncer.

Et c’est là qu’on voit aussi et surtout la valeur du dispositif faisant de Simone Veil une « féministe ». Car il est prétendu que son soutien à l’Europe va dans le sens de la paix.

En réalité, c’est une Europe militariste, alliée aux États-Unis, prête à la troisième guerre mondiale, sur la base d’un anti-communisme forcené, dont il faut parler : voilà ce qu’a soutenu Simone Veil.

En apparence, elle a parlé des droits des femmes et de la paix, en réalité elle a soutenu l’individualisme et la formation d’un bloc capitaliste libéral et militariste. Elle a toujours fait partie de la haute bourgeoisie, fréquenté des gens au coeur du capitalisme.

Regardons d’ailleurs les faits. Alors qu’elle est décédée en 2017, avant même sa mort de nombreux établissements portaient son nom : l’école primaire d’Héry-sur-Alby (Haute-Savoie), les collèges de Châtillon (Rhône), de Mandres-les-Roses (Val-de-Marne) et de Villers-Bocage (Calvados) et l’école maternelle et élémentaire de Vigneulles-lès-Hattonchâtel (Meuse), le lycée régional de Valbonne Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), une école primaire d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), une école primaire de Bourgoin-Jallieu (Isère), une école maternelle de Drancy (Seine-Saint-Denis), un collège à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), un établissement régional d’enseignement adapté d’Amilly (Loiret), un lycée professionnel à Angers (Maine-et-Loire), un collège de Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), un lycée des métiers des services administratifs, de la relation commerciale et services à la personne de Charleville-Mézières (Ardennes), une école maternelle et élémentaire à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), un collège de Crevin (Ille-et-Vilaine), l’hôpital public d’Eaubonne (Val d’Oise), la faculté de médecine PIFO (Paris Île-de-France Ouest), un amphithéâtre de la faculté de médecine d’Angers (Maine-et-Loire)…

On peut mentionner également la promotion 2000 de Sciences Po Lille, la promotion 2003 de l’École nationale de la magistrature, la promotion 2006 de l’École nationale d’administration, la promotion 2010-2011 des Inspecteurs-élèves de l’École nationale des finances publiques, la promotion (2014-2016) du Cycle supérieur de management de l’Institut national des études territoriales (INET), la promotion 2015-2016 du Master 2 Droit pénal et sciences criminelles de l’université de Strasbourg la promotion 2015-2016 de l’École des avocats Aliénor de Bordeaux, la promotion 2016-2017 de l’École du Centre-Ouest des avocats de Poitiers, etc.

Cela en dit long sur la valeur qu’elle a joué dans le dispositif idéologique de la Droite.

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Une « marche des fiertés » entièrement vendue à l’ultra-libéralisme

Hier se tenait la « marche des fiertés » à Paris qui rassemble plusieurs centaines de milliers de personnes chaque année et est organisée par l’Inter-LGBT depuis une dizaine d’années. Ce n’est plus la gaypride, mais une mise en avant tous azimuts de l’individualisme, selon l’adage « chacun pour soi, la sécu pour tous ».

En arrière-plan, bien sûr, la PMA et la GPA.

Marche des fiertés 2018

Sans doute que tout est dit lorsqu’on s’aperçoit que parmi les soutiens à cette marche, on a Mastercard et Tinder, c’est-à-dire la carte de crédit et le « coup d’un soir ».

La romance, l’amour ? Cela ne « compte » pas, à une époque où tout compte. Surtout dans une grande métropole comme Paris, qui s’est embourgeoisé comme jamais ces 20 dernières années.

Aussi, la mairie de Paris avait décidé de décorer d’arc-en-ciel certains passages piétons du centre de Paris. Certains ont été dégradés et la mairie a réagi en annonçant que les arc-en-ciel de certains passages piétons seront permanents.

Passage piéton arc-en-ciel à Paris

Le choix du quartier résume d’ailleurs toute une évolution de Paris. Ce fut un quartier juif et populaire… Puis cela a été un quartier gay sur un mode festif-décadent… C’est aujourd’hui le bastion de Airbnb, avec donc plus de touristes logeant ici que d’habitants !

Certains abribus ont étalement été mis aux couleurs arc-en-ciel, et même l’assemblée nationale. La mairie de Paris disposait d’un char officiel, où Anne Hidalgo était présente. Rappelons qu’elle cherche à se faire réélire, ce qui est mal parti.

Marche des fiertés 2018 - Assemblée nationale

Marche des fiertés 2018

Marche des fiertés 2018 - Paris est fière

Une telle reconnaissance, tant par de grandes entreprises que par la mairie et une assemblée d’une des principales puissances économiques et militaires du monde, montre l’absence de contenu démocratique de toute ces démarches.

Notre société est fondamentalement réactionnaire, donc si l’assemblée nationale et la mairie de Paris décident de mettre des arc-en-ciel partout, c’est que ce symbole est au mieux vide de sens, et au pire qu’il est conforme aux exigences du capitalisme en France.

Ensuite, les exigences de l’inter-LGBT et des associations qui suivent le mouvement vont dans le sens d’une reconnaissance d’individus aux droits particuliers. La marche des fiertés veut des communautés et que chaque personne puisse vivre sa vie individuellement-séparément.

Le tout avec un fond décadent. Citons pour exemple la présentation d’une soirée qui a eu lieu au tout début de la quinzaine des fiertés : « La Grosse Orgie ».

« La Grosse Orgie – Playnight et Gras Politique présentent la première sex party fat positive en mixité choisie

Le 15 juin, au Next, tous les corps sont les bienvenus, pour une fête sans obligations et sans injonctions. Nos enveloppes, débarrassées de leurs masques, pourront danser, se découvrir et se laisser aller dans la bienveillance, le kink et la décadence. Laisse tes complexes au vestiaire, ton corps est une machine à plaisir, quel que soit ton poids, ta taille, ton genre, nous t’offrons une bulle enchantée l’espace d’une soirée (non mixité choisie, cismecs sur cooptation). […] »

http://agenda.quinzainedesfiertes.com/quinzaine2018/detail/25/152908920000

La soirée proposait bien évidemment une « backroom » (lieu de baise, ni plus ni moins). Toujours plus de communautés, toujours plus de nombrilisme, toujours plus de glauque.

A partir du moment où il n’y plus de perspective universelle, on voit bien que tout mouvement sombre dans le libéralisme. Le mariage homosexuel est une revendication démocratique. La PMA, le changement d’identité des personnes trans ne le sont pas : ils se focalisent sur les individus, leurs ressentis et leurs choix.

Il faut choisir : ou bien défendre des principes de couples, de romance et d’être humains génériques, ou bien défendre des individus morcelés avec des revendications aliénées. Socialisme ou libéralisme : chaque avancée de l’un affaibli l’autre. Les mouvements dits « LGBT » ont choisi la deuxième option. Nous défendons la première.

PMA pour toutes : toujours plus de libéralisme

Parmi les mots d’ordre de la marche et des participants en général se trouve celui de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules : le revendication est celle du droit à l’enfant. Personne n’a le droit à avoir un enfant, ce sont les enfants qui ont des droits. Cette revendication considère les personnes comme des entreprises individuelles et la société comme un ensemble d’échanges marchands entre elles : tant que tout le monde est consentant, il ne faut pas interdire et laisser faire.

Demander la PMA pour les femmes seules ou les couples de femmes revient à nier la dimension naturelle de l’être humain. Réduire la conception d’un enfant à un simple acte technique revient à considérer l’enfant comme un bien. Un enfant n’est ni un droit ni une marchandise. Un enfant ne saurait être autre chose que le fruit d’une décidée réfléchie au sein d’un couple solide qui l’élèvera.

Malheureusement, beaucoup de personnes font des enfants pour des raisons très critiquables. Mais cela ne doit pas être une raison pour s’enfoncer toujours plus dans la folie.

Marche des fiertés 2018 - PMA

Inter-LGBT - PMA

 

« Autodétermination »

Cette revendication concerne en premier lieu les personnes trans et d’une manière générale, toutes les personnes qui refusent la binarité homme-femme. Pour les personnes trans la revendication est la même depuis des années : le changement d’état civil.

Être homme ou femme n’est ni positif ni négatif. C’est une réalité objective, naturelle. De la même manière qu’il y a des mâles et des femelles chez les autres animaux, l’humanité est composée d’hommes et de femmes.

Demander un changement d’état civil selon les ressentis de chacun révèle du libéralisme le plus complet, c’est le règne du subjectivisme : c’est une fuite en avant totale.

La marche des fiertés n’a donc pas trahi quoi que ce soit. L’édition de 2018 n’est que la suite logique d’un mouvement qui est toujours plus libéral.

Marche des fiertés 2018
« Mon corps, mon genre, ta gueule »

Une défaite de la gauche française

La gauche française a encore montré à quelle point elle était pourrie par le libéralisme. Toute la gauche soutient la marche et plusieurs partis et syndicats ont même eu leur cortège. Toute cette marche est à l’opposé des valeurs de Gauche, pourtant tout le monde se précipite à la manifestation. Tout le monde veut y être vu, annoncer son soutien pour faire bien. Il n’y a que de l’apparence et du populisme qui servent à masquer le vide idéologique.

Marche des fiertés 2018 - « PMA par 49.3 »

Marche des fiertés 2018 - France insoumise, « Ma PMA, mon choix »