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Politique

Fiasco complet du pathétique cinéma des manifestations contre la loi «sécurité globale»

La troisième vague de manifestations contre la loi « sécurité globale » a été un échec complet, révélant l’isolement social d’une ultra-gauche déconnectée.

Le projet de loi « sécurité globale » n’intéresse personne et il y a de moins en moins de monde pour manifester. De 133 000 personnes il y a 15 jours à 57 000 la semaine précédente, les manifestants sont donc passés à 26 400 personnes partout en France ce samedi 12 décembre 2020, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. L’ultra-gauche et les anarchistes s’imaginent faire l’actualité, en réalité ils ne font que servir l’agenda du ministre de l’intérieur qui en profite pour se présenter comme un garant de l’ordre en prétendant avoir géré la casse.

La grande particularité de ce samedi 12 décembre, notamment à Paris, est en effet qu’il y a eu beaucoup d’interpellations, 142 au total, avec en plus de cela un encadrement très strict de la manifestation parisienne pour qu’il n’y ait absolument aucune casse, ni aucun débordement.

D’après BFMTV, il y avait d’ailleurs 3000 forces de police déployées rien qu’à Paris… pour seulement 5000 participants selon la Préfecture, et 10 000 selon les organisateurs. C’est gigantesque et cela a permis de strictement confiner les manifestants, en ciblant et arrêtant les personnes considérées comme suspectes de vouloir aller à la casse, à la formation de black bloc, etc.

Le minsitre de l’Intérieur était lui-même aux premières loges pour suivre cela et communiquer en direct, via Twitter, l’évolution des interpellations. On est là dans la mise en scène totale, car Gérald Darmanin n’a rien fait d’autre que demander à la Police d’appliquer ce qu’elle sait parfaitement faire, et ce qu’elle a déjà fait à de nombreuses reprises, y compris récemment.

C’est à dire que quand l’État souhaite qu’il n’y ait pas de débordement ni de casse avec l’ultra-gauche et les anarchistes, et bien il n’y en a pas. Tout simplement. Aucune doctrine nouvelle ici, ni aucun « saut » dans la gestion des opposants, ou autre fantasmagorie du genre. La petite-bourgeoisie urbaine et radicalisée peut bien crier au loup « totalitaire », la vérité est qu’il n’y a pas de violence de la part de la police, car elle n’a même pas besoin de cela pour encadrer.

Les anarchistes n’ont toujours pas compris qu’on les laisse faire, qu’ils servent de voie de garage, que pendant ce temps-là la société fonctionne, le capitalisme continue, rien ne change. Et encore devrait-on être encore plus dur que cela, car dans un contexte de crise, alors qu’on va vers une explosion sociale, et alors qu’on est encore en pleine crise sanitaire, faire perdre son temps avec tout cela, ce n’est même plus se tromper : c’est sciemment détourner l’attention de l’essentiel.

Quand les masses seront prises à la gorge par les mesures anti-sociales, par l’austérité, par la pression pour s’investir dans la société, dans le capitalisme… comment se défendront-elles sans structures, sans bagage, sans valeurs ? Il y a des défis immenses qui se posent et la vérité c’est que les manifestations du 12 décembre 2020 sont totalement hors sol.

Benjamin Lucas, coordinateur national de Génération-s, a par exemple publié le message sur Twitter :

 » Depuis des mois le droit de manifester, fondamental en démocratie, est brutalement entravé par le pouvoir. Une fois de plus la violence injustifiée de la répression nous oblige à exiger la démission du Préfet et du ministre de l’Intérieur. « 

Mais qu’est-ce qu’on en a à faire du préfet et même du ministre de l’Intérieur ? Et d’ailleurs, les gens n’ont en strictement rien à faire. L’essentiel n’est pas du tout là. Les gens regardent l’avenir, ils s’inquiètent et savent que les problèmes se voient en grand. Tout va changer et on s’intéresserait à tel préfet, à tel ministre ? Allons bon !

Ce qui est inquiétant inversement, c’est que la Droite et l’extrême-Droite ont compris cela et posent des marqueurs régulièrement. Sur le plan des idées, elles posent des jalons, des repères, elles orientent. La Gauche est totalement KO sans même participer au combat, malheureusement.

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Écologie

COP21: cinq ans déjà qu’il ne se passe rien pour la planète Terre

La Conférence de Paris sur le climat de 2015, aussi appelée COP21, était censée marquer un tournant pour l’humanité quand à son rapport à la Terre et au réchauffement climatique en particulier. Cinq ans après, il est évident que cela a été un échec, mais c’était visible dès le départ puisque les ingrédients d’une véritable prise de conscience n’y étaient pas.

Il y a cinq ans, le 12 décembre 2015, la Conférence de Paris sur les changements climatiques clôturait ses travaux en publiant un document de 30 pages, censé être un projet d’accord mondial en ce qui concerne le changement climatique. Il faut se rappeler qu’il s’agissait à la fois de la 21e conférence des parties (COP21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de la 11e session de la Conférence des Parties siégeant en tant que réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP11).

La grande question à l’époque a été celle des émissions de gaz à effet de serre et de leur limitation, pour contenir théoriquement le réchauffement climatique en dessous des +2°C. Il s’agit alors de mettre sur la table tout un tas d’intentions visant à limiter ces émissions (essentiellement de CO2) pour les cent ans à venir. En fait, rien de contraignant pour les États n’a été prévu dans l’accord, qui d’ailleurs a failli capoter au dernier moment en raison de la position des États-Unis sur l’article 4.4 qui utilisait le mot « shall » (doivent) dans la phrase :

« Les pays développés doivent continuer à être en première ligne pour mener à bien des plans nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ».

Le secrétaire d’État américain John Kerry est parvenu au dernier moment à faire remplacer ce « shall » par « should » (devraient), mot n’ayant absolument aucune valeur juridique dans ce cas. Cela en disait long sur la vanité du projet d’accord, qui n’a été ratifié officiellement qu’un an plus tard, le 4 novembre 2016.

Il fallait pour cela la signature d’au moins 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales. On connaît ensuite l’épisode Donald Trump en juin 2017, avec le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, de toutes façon non contraignant.

Tout cela fait que rien n’a changé depuis et l’ONU, via son programme pour l’environnement, a publié mercredi 9 décembre 2020 son rapport 2020 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, en expliquant que c’est la catastrophe :

« Le rapport constate que, malgré une baisse des émissions de dioxyde de carbone de courte durée causée par la pandémie de COVID-19, le monde continue de se diriger vers une augmentation des température supérieure à 3°C au cours de ce siècle, bien au-delà des objectifs de l’Accord de Paris qui consistent à limiter le réchauffement climatique en déçà de 2°C et à viser 1,5°C. »

Le rapport est disponible à cette adresse, mais uniquement en anglais.

Tout ceci est toutefois très secondaire, voir entièrement secondaire, car au sens strict l’échec de la COP21 n’en est pas vraiment un. Le problème est bien plus profond qu’une simple gestion comptable des émissions de CO2, puisqu’il s’agit en vérité du rapport de l’humanité à la nature et à son intégration dans l’ensemble de la vie sur Terre.

Il y a d’ailleurs un décalage immense qu’il faut remarquer ici entre le niveau de conscience possible de la situation, et le niveau de conscience réel de la situation. Par exemple, même l’ONU via son programme pour l’environnement est capable de reconnaître au mois d’avril 2020 que la crise du Covid-19 est un message d’alerte envoyé par la nature, en pointant particulièrement le rapport au animaux :

Pourtant, en pratique, l’humanité passe entièrement à côté de la question de la crise sanitaire et continue sa course destructrice à grande vitesse. Il en est évidement de même en ce qui concerne le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre depuis 2015.

Le cinquième anniversaire de l’accords de Paris, qui marque les cinq ans de la COP21, est donc un moment important, qu’il considérer de manière sérieuse. Cela avait été fait à l’époque avec beaucoup de minutie par le site La Terre d’abord!, qui a publié un article-bilan très détaillé durant chacun des 13 jours de la conférence.

On retrouvera ici celui relatant l’ouverture de la COP21, il suffit ensuite de naviguer en bas via le bouton « article suivant » pour passer à celui sur le premier jours, puis le second, etc.) : Ouverture de la COP21

Voici également l’analyse très documentée et en profondeur, mais aussi très accessible, qui a été faite après la COP21, à travers une série d’articles. Il faut absolument les étudier pour être à la hauteur du défi auquel est confronté l’humanité en ce XXIe siècle :

La COP 21, les forêts et les animaux

La COP 21 et l’océan

La COP 21 et l’élevage

La COP 21, le changement climatique et les changements climatiques

Les végans et la COP 21 : un ratage

La COP 21 et les énergies fossiles

La COP 21 et les objectifs pour 2100

On l’aura compris, le problème est global, et c’est tout le rapport erroné à la nature qu’il faut changer. C’est d’une véritable révolution qu’il s’agit, pour arrêter cette marche autodestructrice dans laquelle s’enfonce l’humanité. Cinq années ont de nouveau été perdues depuis 2015, alors il est grand temps de ne plus en perdre d’autres.

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Politique

Lyon: feu d’artifice illégal activiste pour «la Vierge Marie»

Le gigantesque feu d’artifice illégal qui a été tiré à Lyon mardi 8 décembre 2020 illustre parfaitement l’hégémonie réactionnaire dans cette ville. C’est une action coup de force réalisée au nom de « la Vierge Marie » qui est typique de la Droite ultra dans sa version activiste catholique, disposant ici de grands moyens et d’un réseau vaste et très soudé pour organiser cela au nez et à la barbe des autorités.

Pendant des jours, l’information a circulé sur des groupes fermés WhatsApp, en toute clandestinité.

« Chers amis, le Gouvernement ne volera le 8 décembre ni à la Vierge, ni aux Lyonnais ! Infos pratiques au dernier moment… restez à l’écoute ! Invitez vos amis lyonnais en partageant ce lien.»

Le 8 décembre aurait du avoir lieu l’habituelle « Fête des lumières », mais elle a logiquement été suspendue en raison du contexte sanitaire. Les activistes de la Droite ultra ont donc sauté sur l’occasion pour s’opposer à l’État et à la municipalité, en marquant leur hégémonie sur la ville, car cette fête est justement la leur.

L’État n’a rien vu venir, ou en tout cas n’a pas été en mesure de l’empêcher. Les activistes ont déployé partout dans le centre de la ville des dizaines et des dizaines de feux d’artifices, en pleine rue, sur des places, à différents endroits stratégiques. Ils ont tous été tiré au même moment à 21h, pour un résultat forcément spectaculaire.

Les « Bad gones », les supporters ultras du club de football de la ville, ont partagé la vidéo de l’action mine de rien, pour la revendiquer sans la revendiquer, alors que la vidéo est publiée par une page « Lyon Fans » à l’esthétique tout à fait similaire à la leur.

Le message des « Bad gones » est alors grandiloquent, jouant à fond la fibre du romantisme catholique transcendant la réalité :

«  Nous vous partageons la dernière vidéo qui a été publiée, on ne s’en lasse toujours pas…

Montez le son et asseyez vous confortablement devant un grand écran !

….

Depuis hier dans les rues de Lyon, la question est sur toutes les lèvres…

Qui a fait ça ???

Qui est responsable de ce feu d’artifice aux quatres coins de notre belle cité ???

Des supporters de L’OL ?

Des amoureux de la capitale des Gaules ?

Des artificiers amateurs ?

L’opération du saint-esprit ?

Peut-être un peu de tout ça…. Mais qui sait…

Ce qui est sur c’est que les Lyonnais et la Vierge Marie se souviendront longtemps de ce 8 décembre 2020.

La clameur qui est montée des rues à la fin du spectacle en témoigne !

Dans la pure tradition populaire de cette fête centenaire, sans touristes sans sponsors et sans artifices commerciaux, des gones (et peut être aussi des fenottes [= de femmes supportrices]) ont rendu hommage à la protectrice de la ville et ont paré cette dernière de ses plus beaux atours !!

Qui que ce soit, qu’ils en soient ici loués !!!

Vive Lyon, vive le 8 décembre et Merci Marie !!! »

La vidéo (visible ici) est montée de manière très professionnelle, avec des prises de vue de haute qualité, montrant que tout à été préparé minutieusement, avec de grands moyens. Le tout se terminant de manière épique par un ridicule « Merci Marie ».

On a là tout un romantisme typiquement identitaire, jouant sur la pseudo-tradition de la « fête des Lumière » existant depuis 1852. Chaque 8 décembre en effet, il est censé falloir « illuminer la ville » et monter sur la colline de Fourvière pour… rendre hommage à la « Vierge Marie » et à sa « protection » contre les épidémies.

« 1852 », c’est-à-dire le XIXe siècle, c’est-à-dire plus de 50 ans après la Révolution française et l’avènement de la bourgeoisie, en pleine révolution industrielle, après le siècle des Lumières. Il ne s’agit donc là évidemment pas d’une tradition populaire, mais bien d’une construction idéologique réactionnaire montée de toute pièce par l’Église catholique, pour préserver sa domination culturelle contre la modernité portée par la bourgeoisie et la classe ouvrière émergente.

L’Église catholique a d’ailleurs fait ériger une basilique quelques années plus tard au sommet de cette colline de Fourvière, alors qu’en 1854 était choisi justement le 8 décembre pour fêter « l’Immaculée Conception ».

Il s’agit là d’une conception particulièrement délirante, mais hautement symbolique, voulant que « Marie » aurait enfanté Jésus, mais sans avoir été « souillée » du péché originel, c’est à dire de l’acte sexuel. C’est une façon de rejeter la nature, la réalité concrète et immédiate, au profit d’un mysticisme transcendant.

C’est donc un symbole très important pour la Droite ultra, qui a besoin justement de ce genre de romantisme mobilisateur. Il a donc été mis le paquet sur cette date, en profitant du confinement pour trouver un prétexte afin de s’opposer à l’État et apparaître comme rebelle, anti-système, etc., dans la plus pure tradition de l’extrême-Droite française.

Cela a forcément coûté très cher et a nécessité une logistique complexe. On comprend immédiatement à l’esthétique de la vidéo et aux images qu’il y a à l’origine de ce coup d’éclat des ultras, qui ne peuvent s’empêcher de se montrer avec un vêtement de marque « North Face » et des fumigènes. Mais forcément, pour un tel ouvrage, ils n’ont pas agi seuls et disposent d’une assise particulièrement forte dans le centre de la ville.

La Droite a d’ailleurs immédiatement soutenu l’opération, alors que celle-ci relève d’un délit très grave en raison de sa dangerosité. Pierre-Damien Gerbeaux, conseiller municipal LR de Caluire-et-Cuire, commune jouxtant Lyon, a trouvé l’idée « lumineuse », en prétendant à une « ingéniosité populaire » et moquant « le maire écologiste qui, vexé, après avoir fait la chasse au Tour de France, fait la chasse aux pétards ».

Béatrice de Montille, conseillère municipale LR à Lyon a pour sa part totalement assumé :

« dans le contexte de crise sanitaire et de confinement, cette opération a fait du bien ».

Un tel événement rappelle un problème de fond avec les trois grandes villes françaises. Marseille est inexistante politiquement de par son arriération dans le triptyque football – mafia – misère. Paris est présente avec le triptyque bobo – soirées branchées – consommation stylée. Lyon est quant à elle présente avec le triptyque bourgeois traditionnel – identitaire – catholicisme.

Dans un tel panorama, avec la crise en cours, Lyon risque donc de donner le ton d’un nouvel activisme, conforme aux besoins de la « Droite populaire » en cours de formation. Celle-ci étant appuyée intellectuellement par Marion Maréchal et son école « Science po » de droite, implantée à Lyon justement. C’est une vraie menace, que la Gauche de cette ville est incapable de freiner malheureusement.

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Culture

Culture: un manifeste engagé de 1600 structures et médias indépendants face à la crise

Le monde de la culture est fortement impacté par la crise sanitaire du Covid-19, qui a totalement chamboulé la vie quotidienne. Les plus gros tirent en générale leur épingle du jeu du fait de leur position dominante et, dans certains secteurs, quelque uns bénéficient carrément de la crise pour accroître leur monopole sur la culture. Par contre, en ce qui concerne les petites structures indépendantes, souvent associatives ou ayant un fonctionnement quasiment associatif, en dehors d’une démarche strictement capitaliste, le drame est immense, alors que qui plus est la situation était déjà compliquée au préalable.

Le sens du Manifeste des structures culturelles et des médias indépendants est de dénoncer une situation intenable, en mettant sur la table en état des lieu de la situation, accompagné de perspectives claires et concrètes. Le texte fait pas moins de 240 pages et c’est l’aboutissement d’un travail collégial et multisectoriel minutieux pendant 9 mois, suite à un appel lancé dès mars 2020.

C’est très dense, évidemment fastidieux à lire, mais c’est en tous cas ancré dans le quotidien de ce monde de la culture, dans sa version urbaine et ayant relativement une dimension alternative en ce qui concerne la vie quotidienne.

Ce sont ainsi 1600 structures culturelles et médias qui signent le document, issus essentiellement du monde de la musique, dont beaucoup de la musique électronique, évoluant pour la plupart localement dans les grandes villes françaises.

On retrouvera les signataires à cette adresse, classés par ville : appeldesindependants.fr/signataires

Le ton est franchement démocratique, avec la volonté de changer en profondeur les choses en France :

« Ce manifeste assume sa dimension engagée, « politique » au sens noble : des centaines d’acteur·rice·s de la culture et des médias se sont investi·e·s dans une réflexion transsectorielle dépassant les intérêts particuliers et les corporatismes pour porter une contribution collective au débat démocratique. Avec pour boussoles la pratique du terrain, l’intuition artistique, l’expérimentation de nouveaux modèles. »

Dans la période actuelle, propice aux replis individuels ainsi qu’à la folie guerrière et nationaliste, on doit forcément remarquer et s’intéresser à un tel manifeste du monde de la culture, affirmant aussi forcément le collectif :

« Nous sommes des structures souvent peu visibles, et qui sont prêtes à s’engager, au-delà de leur intérêt particulier, pour l’intérêt général. »

Pour autant, il ne faudrait pas s’imaginer qu’il s’agit là d’une scène entièrement alternative et profondément contre-culturelle, comme cela existe ou a pu exister à Berlin par exemple, mais plutôt de structures évoluant dans le champs de la subvention publique.

C’est d’ailleurs typiquement français, car il y a en France beaucoup d’argent public dirigé vers le monde de la culture, et inversement le monde de la culture est presque systématiquement dépendant, au moins en partie, des subventions publiques. Cela fait que le manifeste, au fond, a surtout pour discours de réclamer à ce que l’argent public soit orienté différemment, avec une meilleure prise en compte d’enjeux modernes et de tout un pan moderne de la culture, avec aussi une plus grande transparence démocratique quant à ce fonctionnement.

« En France en particulier, le sujet n’est pas celui des ressources publiques mobilisées pour la culture – elles sont considérables et en tout cas bien supérieures à celles disponibles ailleurs sur la planète – mais la question est bien celle de leur répartition.

Nous constatons en effet que si la mobilisation des pouvoirs publics est forte à l’endroit des dispositifs de chômage partiel, elle s’inscrit d’ores et déjà pour dessiner l’avenir dans une logique de conservation, de restauration et de retour à l’avant-crise, dans la plus grande opacité et sans le moindre débat sur les enjeux profonds d’une refondation du secteur de la culture et des médias. 

Oui, il faut un « New Deal de la culture et des médias ». Nous l’appelons de nos vœux, en ordre dispersé, depuis des années. Mais, la question est celle de ses enjeux, de son périmètre, de ses objectifs et de sa méthode. La question est celle de nos priorités collectives et de notre capacité à imaginer le futur plutôt qu’à administrer le passé.

À ce titre, en refusant de privilégier la jeunesse, l’avenir et l’innovation, en leur préférant le patrimoine et l’immobilisme, la philosophie et les orientations budgétaires du volet culture du plan de relance et du projet de loi de finances 2021 constituent, de notre point de vue, une erreur historique. »

Tout cela a de la valeur, en ce que cela se confronte concrètement et en pratique à la pénétration du capitalisme et des valeurs propres au capitalisme sur la vie quotidienne, dans le domaine de la culture.

Cela n’est pas défini comme ça bien sûr, car cela fait des années et des années qu’en France la Gauche a sombré et n’est plus capable d’expliquer que le problème justement, c’est le capitalisme. Il est donc parlé, de manière typiquement urbaine, d’oppression, d’inclusion, d’exclusion, de diversité, etc. Il est alors prôné :

« Un horizon réinventé collectivement, depuis le terrain, en rupture avec trois décennies de conservatisme et en phase avec les priorités et urgences de notre temps : la reconquête démocratique, la résorption des fractures sociales et territoriales, l’affirmation du rôle de la jeunesse et l’écologie. »

Notons d’ailleurs au sujet de l’écologie, qui est évoqué à de nombreuses reprise dans le manifeste, qu’il n’y a pas vraiment une réflexion en profondeur à ce sujet, ou alors simplement de manière passive avec la volonté (importante) de réduire l’impact sur l’environnement. La culture est pourtant un lieu privilégié pour exprimer le rapport nouveau à la planète Terre que doit entamer l’humanité, avec une écologie affirmée de manière positive. Cela d’autant plus que la crise actuelle, concrètement et de manière très précise, est le produit du rapport erroné de l’humanité à la nature, en l’occurrence aux animaux.

C’est qu’à un moment il faut savoir remettre en cause la vie quotidienne, sans quoi on est une partie du problème, pas de la solution. Le Manifeste des structures culturelles et des médias indépendants est néanmoins un document important, qui exprime une volonté de changement pouvant exister dans la société française et c’est malheureusement assez rare.

Pour apporter justement un sens productif, on constatera que cette position est ambivalente car à la fois tournée vers l’État, donc vers le collectif, et en même temps fondée sur un fétichisme de l’indépendance (qui est en faite relative), des différences, du particularisme, etc. C’est là typiquement le reflet d’une incapacité à se tourner vers la population au sens large, dans sa dimension de masse, au profit d’un certain esprit d’aventure culturelle tout à fait petit-bourgeois.

Rappelons ici la situation de la culture en France, qui est grossièrement coupée en deux, entre de multiples petits mondes semi-alternatifs, qui échappent partiellement à l’emprise capitaliste, et la culture de masse qui par contre est presque entièrement sous la coupe de grandes structures capitalistes, de ce qu’on appel l’industrie du divertissement. Les petits mondes semi-alternatifs ne veulent pas des grandes structures capitalistes, mais sont très complaisants avec elles et sont aisément corrompus par la dimension urbaine, branchée, avec les soutiens de l’État.

C’est là toutefois un problème secondaire, car ce qui compte et ce qui va compter de plus en plus avec la crise, c’est d’avoir des espaces d’affirmation démocratiques et collectifs, pour faire face au rouleau compresseur capitaliste et à la mobilisations nationalistes et guerrière. Il faudra alors de la confrontation, de la résistance, et celle-viendra forcément aussi du monde de la culture.

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Écologie

Strasbourg: violent séisme causé par un projet industriel géothermique

Jeudi 3 décembre 2020, un séisme non-naturel de magnitude 3,5, suivi d’une secousse dépassant les 2 sur l’échelle de Richter, a été ressenti dans tout le Nord de Strasbourg. Des habitations ont été endommagées, des portes se sont effondrées, et nombre de familles ont été réveillées et terrifiées par la violence du choc. Toute la population n’a parlé que de cela dans les heures et les jours suivants. Heureusement, les dégâts sont restés mineurs et il n’y a pas eu de victimes, mais cela a posé ouvertement la question de la géothermie et à travers elle, de la gestion politique des projets industriels et de notre capacité collective à changer la vie.

La géothermie est une technologie qui consiste à forer le sol à une grande profondeur, de plusieurs kilomètres, pour atteindre des nappes d’eaux chauffés par l’activité magmatique de la Terre. Il s’agit de relier en pratique deux puits de forage, l’un pour injecter de l’eau pour générer une pression et un puissant courant, et de capter à un autre puits l’eau ainsi chauffée. Le circuit ainsi formé permet de disposer d’une énergie théoriquement renouvelable et « propre ». Cette énergie permet de disposer de quoi assurer le chauffage du réseau urbain notamment.

À vrai dire, c’est donc déjà une énergie dont les usages sont finalement relativement réduits, puisque se pose la question de l’usage de cette eau chaude en dehors des cinq mois d’hiver. La majorité de l’année, l’installation produit un surplus d’eau chaude qui ne correspond donc pas aux besoins, et ce surplus devra donc être rejeté dans les eaux ou l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau. L’impact écologique de ce rejet a beau être faible sans doute, et encore cela n’est pas aussi simple, on peut de toute façon relever l’absurdité de produire pendant sept mois de l’année une grande masse de chaleur pour la rejeter en pure perte.

Le déploiement de cette énergie a en réalité toute une histoire en Alsace. Le sous-sol alsacien est sur le plan géologique un fossé d’effondrement, avec des remontées magmatiques qui permettent de recueillir de l’eau chaude de manière naturelle. C’est la raison pour laquelle depuis l’Antiquité il existe le long du Rhin des villes thermales comme Baden-Baden par exemple.

L’idée d’industrialiser l’utilisation de cette ressource a en soi une certaine logique. Depuis les années 1990, de nombreux projets ont donc vu le jour dans la région, en Allemagne ou en Suisse. Dans la pratique, le dispositif génère forcément un certain niveau de secousse et le risque de déstabiliser les couches du sous-sol est réel.

Le problème est que l’on ne connaît pas avec une grande précision l’organisation de ces couches et que l’on ne peut pas mesurer les effets des pompes nécessaires à l’instauration du circuit et les éventuels risques autrement que de manière empirique, par des tests et quelques modélisations dont la fiabilité repose justement sur une connaissance fine de la géologie locale, qui ne peut s’acquérir que par l’expérience.

Dans la région, beaucoup de projets ont donc dû être redimensionné ou même purement et simplement arrêté, comme à Saint-Gall en Suisse, suite à un séisme déclenché, moins important que celui ressenti jeudi 3 décembre dans le Nord de Strasbourg.

Sur la rive gauche le projet emblématique est celui de Soultz-sous-Forêts, dans le Nord de l’Alsace. Le premier forage y date de 1987. De nombreux errements ont conduit à réduire le plan à 2 forages sur les 4 réalisés. Le site présentait pourtant l’avantage d’un sous-sol étudié suite à l’exploitation pétrolière de la région au début du XXe siècle et un fluide naturel abondant : une eau saumâtre (salinité trois fois supérieure à l’eau de mer) présente en quantité importante dans les fractures naturelles du granit et qui circule naturellement sur de grandes distances. Les stimulations hydrauliques ont cependant provoqué de très nombreux séismes dont 4 d’une magnitude dépassant les 2 sur l’échelle de Richter, avec 2,9 de maximale. À pleine puissance la centrale produit 1,5 MWe, soit environ 10 GW/h par an.

Or, le schéma directeur des énergies adopté par les élus de l’Eurométropole de Strasbourg prévoit d’aller beaucoup plus loin encore, jusqu’à 620 GW/h produits par la géothermie, ce qui laisse forcément craindre que pour atteindre un tel niveau, la pression exercée sur le sous-sol pourrait être dangereuse. D’autant qu’un autre site de forage au Sud de Strasbourg, à Illkirch-Graffenstaden, a été abandonné en 2019 suite aux trop nombreux séismes.

Le site du Nord de Strasbourg, à Vendenheim, est en réalité encore plus problématique. Toute la structure du sous-sol y semble instable, et de toute façon inconnue, et l’entreprise qui exploite le site, Geoven, une filiale de Fonroche, procède littéralement au doigt mouillé, opérant des tests au coup par coup, y compris par des tirs d’explosifs.

La population se dresse donc de plus en plus contre ces projets. L’Alsace étant une région fortement industrialisée, les associations d’habitants, animées par des ingénieurs et des ouvriers qualifiées et par des personnes éduquées d’une manière générale y sont nombreuses et organisées. Le niveau de connaissance et la capacité à saisir les problèmes de cette nature sur le plan technique et d’en poser les enjeux est donc forte.

Cela se heurte directement aux prétentions gestionnaires de l’État et des équipes municipales de l’Eurométropole de Strasbourg, dominée par la petite-bourgeoisie éduquée de sensibilité centriste, de type démocrate-chrétien ou EELV. Ces derniers partagent la volonté de faire de Strasbourg une vitrine de la « transition énergétique », sur la base d’un « capitalisme rhénan » humaniste et responsable. L’idée est de proposer le développement d’un capitalisme appuyé par des « experts » conseillant les élus avec la coopération d’entreprises engagés dans une démarche responsable, dans la logique de la « transition ».

Sur cette ligne technocratique et gestionnaire, toute une série de projets ont ainsi été lancés au début des années 2000. Aujourd’hui, tous ces projets se heurtent à des contradictions de plus en plus nettes : le soutien aux chaufferies au bois par exemple génèrent une terrible pollution aux particules fines sans même résoudre la question de la réduction des gaz à effet de serre, contribuant au sinistre résultat qu’aujourd’hui la ville de Strasbourg est une des villes les plus polluées de France, avec un triste record des AVC des moins de 30 ans.

La géothermie entre aussi dans ce cadre. Vantée comme permettant de réduire les pollutions atmosphériques et le rejet de gaz à effets de serre, cette technologie devait être emblème écologique du « mix énergétique » développé à Strasbourg. L’entreprise Fonroche en elle-même répondait parfaitement à ce cadre, étant une sorte de start-up de l’énergie, saluée par Emmanuel Macron lui-même.

Seulement, on se rend compte aujourd’hui que cette entreprise agit de manière opaque, qu’elle a généré pour l’exploitation du site une filiale, Geoven, au capital social ridicule de 1000 euros, pour un projet de plusieurs centaines de millions d’euros. Le fond d’assurance couvrant les risques potentiels ne dépasse pas lui quelques dizaines de millions d’euros, et sous-estime donc gravement l’ampleur d’une catastrophe majeure, la zone étant presque totalement urbanisée. Enfin, le contrat signé avec Fonroche ne prévoit pas directement l’alimentation du chauffage urbain, mais l’achat des KW/h produits, y compris si ceux-ci n’auraient aucune destination, comme cela sera probablement le cas une grande partie de l’année donc.

La Gauche au pouvoir dans l’Eurométropole de Strasbourg, aujourd’hui dirigé par EELV, mais qui suit l’ancienne majorité emmenée autour du PS, avec les mêmes personnes de toute façon, reste donc bien silencieuse sur ce projet. C’est tout son projet de vitrine de la « transition » dans le cadre du capitalisme local qui est ébranlé en réalité. Il y a une nécessité bien entendu à penser une modernisation des utilisations et de la production énergétique, avec des moyens et des technologies qui ne manquent pas.

Mais toute la démarche technocratique et entrepreneuriale présentée comme allant de soi par les élus de cette majorité se trouve aujourd’hui mise en défaut à la base même. Face aux vertiges des contradictions complexes qui s’accumulent, le masque apparaît bien trop grand pour la petite-bourgeoisie entrepreneuriale et gestionnaire, qui n’arrive pas à dépasser ses propres préjugés, malgré toutes les capacités disponibles et qui se fait dépasser par une population organisée, très bien informée et qui se sent de plus en plus légitime à se faire entendre sur ces projets qui concernent directement la vie quotidienne.

Or les élus ne savent plus comment faire face à cette impasse. Ils sont piégés par leur propre routine : les dossiers avaient été bien montés, les entreprises bien choisies, l’argent bien géré. Comment en est-on arrivé là ? Jusque-là, le seul espace laissé à la population et à son avant-garde éclairée, était le cadre borné de la « gouvernance » qui consistait à faire s’asseoir les associations locales avec des experts, les élus et les entreprises concernées, en vue de négocier le consentement de la population, dans une logique libérale du lobbying participatif.

Mais le ton monte au sein des associations et dans les commentaires que l’on peut lire sur les réseaux sociaux, ou sur les médias locaux. Les élus de la petite-bourgeoisie éduquée sentent bien qu’il leur faudrait se mettre davantage au niveau de la population, et même disons le, à la remorque de ses éléments les plus avancés, puisque rien ne peut se décider sans le peuple et que le peuple peut tout. Celui-ci mesure toujours plus ses capacités et exige une place plus grande dans les débats. Mais malheureusement, il ne sait pas qu’il lui faut aussi pousser plus loin, prendre plus de pouvoir, décider réellement.

Les élus de la Gauche gouvernementale locale sentent que le masque du changement est trop grand pour eux, malgré leur engagement et leurs capacités. Les habitants, et les secteurs conscients du peuple, sentent qu’ils ont la capacité d’organiser, de penser, de mener le changement. Mais les uns et les autres ne voient pas encore le chemin vers la rupture qui ouvrira la voie à une réelle démocratie portée par le peuple et appuyée par les capacités de notre époque. Plutôt, ils ne le voient pas jusque-là. Pas encore.

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Accidents de chasse: il faut faire le procès de la chasse elle-même

Mardi 1er décembre avait lieu un procès important en Haute-Savoie, à l’issue duquel un chasseur a été condamné pour l’homicide involontaire d’un vététiste en 2018. Rien n’a changé depuis ce terrible accident et, terrible coïncidence, dès le lendemain mercredi 2 décembre, c’est à nouveau un jeune homme qui a été tué par un chasseur dans le Lot, alors qu’il coupait du bois à côté de chez lui.

Cinq personnes comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains mardi 1er décembre suite à la mort de Mark Sutton, un Britannique de 34 ans qui se promenait à VTT sur la commune de Montriond.

L’auteur du tir, qui a 24 ans cette année, était poursuivi pour homicide involontaire par imprudence et a écopé d’un an de prison ferme (ainsi que trois ans avec sursis). La peine est accompagnée d’une interdiction de chasser pendant dix ans et de détenir une arme pendant cinq ans.

À ses côtés, deux jeunes chasseurs ainsi que le père de l’un d’entre eux et sa compagne ont été reconnus coupables d’avoir maquillé la vérité sur l’homicide et ont écopé de peines allant de 6 mois à 18 mois de prison… avec sursis, avec interdiction de chasser et de détenir une arme pendant cette période.

Les heures du procès ont établi que, ce jour d’octobre 2018, l’auteur du tir et ses compagnons de chasses avaient manqué gravement à leurs obligations de sécurité, alors que le cycliste tué a été décrit comme « parfaitement identifiable » sur un chemin fréquenté, pentu et difficile d’accès.

Le coup de feu d’abord, était illégal puisqu’il était oblique, c’est-à-dire non dirigé vers le sol comme ce doit être le cas en théorie. Mais c’est la partie de chasse elle-même qui a été décrite comme « désorganisée », ainsi que le rapporte la rédaction locale de France 3 :

« La battue se serait déroulée sans responsable identifié, sans secteur de chasse établi, sans carnet de battue prérempli et à moins de 150 mètres des habitations. La jeunesse des chasseurs a aussi été invoquée. »

Pourtant, le plus âgé des chasseurs a expliqué que selon lui, « cela s’est toujours passé comme ça » à propos des règles de sécurité. Avec toute sa condescendance bourgeoise, le président du tribunal s’est alors permis de manière odieuse de répondre en le traitant « d’abruti », puis la Fédération des chasseurs de Haute-Savoie, partie civile, est intervenue via son avocat pour se défausser entièrement en pointant des « erreurs absolues ».

En clair, il s’agit de protéger la chasse et c’est ce qui s’est passé au procès du mardi 1er décembre à Thonon-les-Bains. Ce sont  officiellement quelques chasseurs, considérés simplement comme fautifs individuellement, qui ont été condamnés en dehors de toute mise en perspective sociétale à propos de la chasse et de la façon dont elle est pratiquée dans notre pays.

Les propos du tireur plaidant sa bonne foi posent pourtant la question de l’existence de la chasse en général :

« Il n’y avait pas vraiment de poste défini. Je me suis posté, j’ai tiré et j’ai raté un chevreuil. Quinze minutes après, j’ai entendu un autre chien et j’ai vu un sanglier sortir. Je l’ai suivi dans la croix de ma lunette, il n’y avait aucune erreur possible ».

Comment se fait-il que d’aussi jeunes gens puissent se balader avec autant de légèreté dans la nature avec des armes aussi puissantes ? Il est bien trop facile ici de résumer l’homicide de Mark Sutton à seulement des manquements individuels, de la part de gens menés par un « abruti » selon les mots du juge.

Ce même juge qui d’ailleurs a été bien moins sévère que le procureur, qui avait requis cinq ans de prison dont deux ferme pour le principal accusé. C’est qu’il fallait protéger la chasse en général, tout en résumant le drame à un acte isolé.

Steve Downs, un ami du cycliste tué, a fondé l’Union des victimes de la chasse et a très bien saisi tout l’enjeu de cette affaire, qui n’est pas seulement le produit d’un manquement individuel, mais bien liée à la pratique de la chasse en général. Voici ce qu’il explique avec une très grande justesse :

« Ce cas a mis en lumière le côté toxique de la culture des chasseurs ainsi que le fait qu’ils mettent en danger chaque jour des vies pendant la saison de la chasse. Les chasseurs ont montré une indifférence totale au regard de la sécurité des autres.

 1.  Ils avaient bu de l’alcool au déjeuner avant d’aller chasser, armés dans un endroit public. Un des groupes a reconnu avoir bu une bouteille de vin , 2 bières et avoir fumé du cannabis.

Pourquoi n’existe-t-il pas une loi contre la consommation d’alcool pendant la chasse ? Comme boire et conduire ?

Il est autorisé pour les chasseurs de boire pendant la chasse, et cette tradition doit être remise en question.

 2. Ce groupe de chasseurs n’avait pas mis de panneau avertissant une  “chasse en cours” donc personne ne pouvait savoir qu’il circulait dans une zone de tirs.

 3. Ils n’avaient pas rempli le carnet de battue et ont donc ignoré la sécurité des marcheurs, des cyclistes et des habitants proches de la zone de tirs.

 Ce sont les fédérations et le gouvernement qui autorisent cette culture dangereuse à  perdurer, en oubliant de revoir les règles de sécurité et les lois après chaque mort ou chaque accident.

Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites aujourd’hui pour essayer de s’assurer que cela ne se reproduise jamais .

 1. Rendre chaque membre responsable en cas d’accident, pendant une session de chasse, ce qui encouragerait à contrôler le comportement de chacun.

 2. Punir la consommation d’alcool pendant la chasse et en faire une infraction pénale.

 3. Changer progressivement  les règles du permis de chasse  , en fonction de l’âge et de l’expérience.

Ne plus avoir autant de jeunes chasseurs portant des armes très puissantes si près des habitations après avoir bu, ce qui a été la cause de cette tragédie.

 4. Revoir entièrement l’utilisation du carnet de battue et la façon dont les associations locales contrôlent chaque chasse, afin que l’évaluation des risques soit bien gérée et vérifiée à chaque fois.

 La mort de Mark à fait prendre conscience à notre communauté de l’attitude dangereuse des chasseurs. Beaucoup  de gens vivent dans la peur pendant la saison de la chasse, et ne peuvent pas profiter de la campagne près de chez eux puisqu’ils courent le risque d’être victime d’une balle perdue la plupart des jours de la semaine et tout les weekend.

De nombreuses personnes à travers la France nous ont contactés pour nous signaler de dangereux comportements de chasseurs, ou ont été victimes d’un incident eux-mêmes.

Nous demandons à chacun d’entre eux de raconter leur histoire pour l’ajouter au site internet de notre campagne www.victimeschasse.fr pour que nous puissions montrer la multiplication de ce fléau et comment il impacte les gens à travers la campagne chaque année.

Rien ne pourra ramener Mark et tout ce que nous pouvons faire maintenant est d’essayer de protéger les autres et de faire en sorte que cela ne se reproduise jamais, en sa mémoire. . 

Nous n’essayons pas d’arrêter la chasse , nous essayons d’éviter les morts. »

Mercredi 2 décembre, c’est donc un nouvel accident qui a donné, malheureusement, raison au fondateur de l’Union des victimes de la chasse, avec la mort d’un jeune homme victime d’une balle perdue, alors qu’il coupait du bois à proximité de son habitation sur la commune de Calvignac dans le Lot.

L’auteur du tir a été interpellé pour homicide involontaire et un nouveau procès se tiendra forcément, avec la même individualisation sans mise en perspective sociétale, avec la même focalisation mensongère, malhonnête, sur un particulier, sans considération du contexte général. Pourtant, c’est bien le procès de la chasse en général qu’il faut faire, car les accidents sont nombreux et réguliers.

C’est là une question démocratique très importante en ce qui concerne la vie quotidienne dans les campagnes en France et ce doit être une préoccupation de la Gauche.

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Politique

Valéry Giscard d’Estaing, l’Emmanuel Macron des années 1970

Décédé à 94 ans des suites du Covid-19, Valéry Giscard d’Estaing a subi la malédiction d’avoir été un ultra-moderniste passant pour un ringard.

Valéry Giscard d’Estaing a une très mauvaise image. Il a perdu les élections en 1981 et s’est depuis coltiné l’image d’un autocrate arraché à son trône. La presse bourgeoise raconte évidemment que sa défaite a comme raison l’absence de soutien de Jacques Chirac ou bien l’affaire des diamants qui lui ont été donnés par le président de la République centrafricaine Jean-Bedel Bokassa.

En réalité, la Gauche avait réussi à mobiliser contre son libéralisme appauvrissant les masses et son identification très claire à la bourgeoisie moderne, entreprenante, magouilleuse, décadente. Valéry Giscard d’Estaing, c’est un arrière-plan terriblement douteux moralement et le choix d’une France pro-européenne, alignée sur le capitalisme américain et prônant un libéralisme culturel massif.

Car Valéry Giscard d’Estaing, en tant que président, fut un jeune président – 48 ans – partisan de la modernisation du capitalisme et de la libéralisation des mœurs, ce qu’il appelait la « société libérale avancée ».

C’est ce qu’espérait être Emmanuel Macron aujourd’hui, du moins ce que la haute bourgeoisie financière, tournée vers l’international et foncièrement cosmopolite dans son mode de vie, a espéré qu’il soit. Le quotidien Le Monde résume tout à fait bien les choses quand sa nécrologie explique de Valéry Giscard d’Estaing que :

« Il incarne le changement sans rupture et transforme – en peu de temps – la société française durablement. »

Le Figaro le note pareillement :

« Il se voulait alors l’incarnation d’une modernité triomphante, issue du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l’Europe d’après-guerre. »

Valéry Giscard d’Estaing, c’est le divorce par consentement mutuel, c’est le développement du TGV, c’est le regroupement familial pour les immigrés, c’est l’absence de costume traditionnel en queue-de-pie pour son premier discours présidentiel, c’est l’absence de collier de grand maître de la Légion d’honneur pour le portrait officiel, c’est la visite chez des gens au hasard et l’invitation d’éboueurs au petit-déjeuner à l’Élysée.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la création d’un secrétariat d’État à la Condition féminine (confiée à une journaliste, Françoise Giroud), c’est le changement du bleu du drapeau français dans une version moins agressive, c’est le ralentissement d’une Marseillaise jouée moins forte, c’est la fin de la censure pour le cinéma.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la transformation de la gare d’Orsay de Paris en musée servant d’ode à la bourgeoisie de la belle époque, c’est l’initiative de faire une Cité des sciences et de l’industrie à Paris, c’est la mise en place des premières Journées du patrimoine, c’est la création du Conseil européen, c’est l’instauration avec l’Allemagne du Système monétaire européenne et de l’ECU comme unité de compte européenne.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la tenue en France d’une réunion des cinq pays occidentaux les plus industrialisés (en 1975 à Rambouillet et qui deviendra le G5, le G7, etc.), c’est la dépénalisation de l’avortement, c’est la fin de l’ORTF (c’est-à-dire la télévision publique et sous tutelle) et de son monopole, c’est le droit de vote à 18 ans (et non plus 21).

Valéry Giscard d’Estaing, c’est l’institution de la Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) et d’une loi d’orientation en faveur des handicapés, c’est la décision de construire le supergénérateur nucléaire nommé Superphénix et la mise en place la Compagnie générale des matières nucléaires (COGEMA) et l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN).

C’est là qu’on se dit : mais tout cela, la gauche gouvernementale trouve cela désormais très bien. Et on comprend alors le décalage complet vis-à-vis de la Gauche de 1981 et la joie que pouvait représenter le départ de Valéry Giscard d’Estaing. La gauche gouvernementale française s’est tout simplement transformée en équivalent des « démocrates » américains, avec le même populisme, le même libéralisme culturel, le même capitalisme accepté mais « amélioré ».

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Politique

Les réactions politiques au décès deValéry Giscard d’Estaing

C’est tout naturellement que la mémoire de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing a été immédiatement salué dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020 par la Droite et les libéraux, suite à l’annonce de son décès. Il est unilatéralement présenté comme une figure ayant porté la « modernité ».

De La République En Marche, le parti d’Emmanuel Macron, évoquant celui qui « a œuvré pour une nation moderne », à Nicolas Sarkozy parlant d’« un homme qui a fait honneur à la France » et qui a « cherché et réussi à moderniser la vie politique », l’éloge est toujours du même ressort.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a parlé de celui qui « modernisa notre République », tout comme Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France et figure de la Droite, rappelant « des réformes sociétales d’envergure ». Le président de Les Républicains Christian Jacob y a lui aussi été de son petit mot sur la « conviction et détermination à la modernisation de notre société » de l’ancien président, tout comme à peu près tout le monde à Droite et au « centre ».

Du côté nationaliste, Marine Le Pen a choisi l’option opportuniste, pour saluer et ramener à elle celui qu’elle est censée honnir :

« Condoléances aux proches de Valéry Giscard d’Estaing. Président d’une France en crise, il fut l’artisan de nouvelles libertés publiques et un ardent soutien du progrès technologique. En 2018, il confessa que sa plus grande erreur fut d’instaurer le regroupement familial. MLP »

Remarquons ici pour l’anecdote que l’extrême-droite étudiante activiste se voulant sociale, les Groupes d’Action Jeunesse, qui se confrontaient physiquement au GUD, ont participé au service d’ordre de Valéry Giscard d’Estaing, une pratique courante en ce sens de la part de ceux se voulant « nationaux-révolutionaires ».

C’est en ce sens qu’il faut comprendre les propos très durs d’Eric Ciotti pour rappeler le caractère anti-communiste de Valéry Giscard d’Estaing :

« Valery Giscard d’Estaing a été un immense président L’une des plus belles intelligences de la République un héraut de la liberté et de la lutte contre le communisme Il aura vraiment changé la vie des Français Sa défaite en 1981 a marqué pour la France un tournant vers le déclin. »

Anne Hidalgo, qui espère être candidate aux présidentielles, ne peut pas ne pas le savoir, mais évidemment elle n’en a rien à faire et a sauté sur l’occasion pour renier toute considération de gauche en associant Valéry Giscard d’Estaing au « progrès » :

« Je salue cet Européen convaincu qui a œuvré pour inscrire notre pays sur la voie du progrès. Il portait Paris dans son cœur et lui a toujours voué un intérêt tout particulier. »

Olivier Faure, le dirigeant du Parti socialiste, a pareillement joué la carte du « progrès » :

« Toutes mes condoléances à sa famille et ceux qui l’ont accompagné au cours de sa longue vie politique. Les socialistes n’oublient pas la légalisation de l’IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel. »

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a quant à lui salué au nom de son parti un concurrent politique, afin de bien souligner le respect des institutions, des figures de la Droite, etc. 

« Le PCF s’incline avec respect et salue la mémoire de V.Giscard d’Estaing. C’était un homme de conviction qui a, jusqu’au bout, y compris avec le Traité constitutionnel défendu une économie et une Europe très libérale. »

De son côté, François Hollande y est allé franchement dans l’hommage à cette figure libérale « qui a modernisé la France» tout en étant incompris. Une allusion bien entendu à lui-même :

« Conscient de sa grande intelligence qu’il mettait au service de son pays, il espérait apparaître comme un président simple et proche des Français. Il n’a pas toujours été compris ».

Comme avec le décès de Jacques Chirac en 2019, on a une grande opération de lessivage idéologique et politique, avec la Droite valorisant l’un des siens, mais personne à Gauche pour assumer une critique sérieuse et profonde de la France capitaliste du XXe siècle, dont Valéry Giscard d’Estaing était une illustration moderniste.

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Politique

Nationalisme du made in France: Adrien Quatennens prône Cdiscount contre Amazon

En critiquant l’entreprise Amazon au profit de son équivalent français Cdiscount, Adrien Quatennens montre en quoi il est un social-chauvin.

Il est tout à fait légitime de détester un monstre comme Amazon quand on sait en quoi une telle entreprise est synonyme de pression maximale sur les employés des entrepôts ou sur les chauffeurs-livreurs des entreprises sous-traitantes auxquelles elle impose des conditions drastiques. Il y a bien sûr aussi la question des impôts, puisqu’Amazon fait partie de ces championnes de l’optimisation fiscale, de manière tout à fait légale par ailleurs.

Il est donc très facile pour quelqu’un comme Adrien Quatennens, figure de La France Insoumise, de critiquer Amazon. Cela n’engage à pas grand-chose et surtout cela ne coûte rien politiquement. Il ne s’en prive donc pas et l’a fait par exemple dimanche 29 novembre dans un émission de télévision. Il relaiera ensuite lui-même l’extrait sur Twitter :

Le problème d’Adrien Quatennens, c’est qu’en réalité il ne critique pas Amazon. Ce qu’il critique, c’est une entreprise américaine de la logistique… pour défendre son équivalent français Cdiscount. Cela s’appelle le nationalisme et encore pourrait-on aller plus loin. Quelqu’un qui agite la question sociale pour dire que le capitalisme étranger, c’est mal, mais que le capitalisme de son propre pays c’est bien… relève de l’extrême-Droite. 

Pour quelqu’un réellement de gauche, Cdiscount n’a rien de mieux qu’Amazon, c’est exactement la même chose, l’entreprise vise à la même hégémonie sur la logistique et la vente en ligne, et elle utilise les même procédé de pression sur les prix et les travailleurs, etc. C’est un point de vue de classe, pas un point de vue national, bourgeois.

Mais ce point de vue national est depuis longtemps celui de La France Insoumise, depuis le départ même, car La France Insoumise a en fait été le vecteur du passage au nationalisme du Parti de Gauche. Le Parti de Gauche est né comme scission du Parti socialiste, il a ensuite été remplacé dans sa base par des gens non formés politiquement qui ont suivi le populisme de Jean-Luc Mélenchon, qui a toujours plus utilisé le nationalisme comme mythe mobilisateur.

La France Insoumise ne relève pas de la Gauche. C’est une déviation au nationalisme telle qu’on en a vu à de nombreuses reprises historiquement. Les propos d’Adrien Quatennens opposant Amazon à Cdiscount le montrent très clairement.

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Protestations contre la «loi de sécurité globale»: psychodrame à la française

Malgré le confinement ou plutôt en raison de lui, l’agitation anti-État s’est vigoureusement exprimée par des manifestations contre la « loi de sécurité globale » voulue par le gouvernement.

C’est un cinéma qu’on retrouve de manière régulière depuis très longtemps en France. Notre pays est en effet très marqué par la petite propriété et pour cette raison, les discours libéraux-libertaires sont une grande tradition. Il y a une longue tradition allant de Proudhon à Michel Onfray, en passant par Céline, Camus, l’anarchisme de droite, l’anarchisme tout court, les gilets jaunes, etc.

Et c’est donc ce cinéma qu’on retrouve avec les protestations contre une « loi de sécurité globale » qui, dans le fond, n’apporte strictement rien de nouveau aux rapports sociaux. Il s’avère en effet simplement qu’à chaque progrès technique, la police systématise l’utilisation des avancées. La vidéosurveillance est un excellent exemple de cela, bien sûr.

Quiconque prend le métro, le RER, le train de banlieue, le bus en région parisienne peut ainsi être suivi par caméra de bout en bout (à part dans les rames le plus souvent, mais il y a donc les entrées, les sorties, les quais, etc.). Il y a également 293 caméras visant la circulation, ce qui signifie que si vous passez à Paris et qu’on veut suivre tous vos déplacements, on peut. Rappelons également qu’il y a le passe Navigo qui est individualisé et fournit donc tous les déplacements, leurs horaires (le pass Navigo découverte qui lui coûte cinq euros ne fournit pas l’identité).

Il y a à Nice 2 666 caméras, 411 à Nîmes, plus de 200 à Perpignan, Orléans (ville du néant), Annecy, Mulhouse…

Tout cela pour dire que les gens ayant manifesté contre la « loi de sécurité globale » sont totalement en décalage avec ce qui existe déjà. Et encore on ne mentionne pas ce qui est para-légal ou clandestin de la part des services politiques de la police – les renseignements généraux – qui d’ailleurs officiellement n’existent plus !

En Allemagne, il y a chaque année un rapport très détaillé de la police sur l’extrême-gauche qui sort, et l’extrême-gauche publie au moins une fois par moins un compte-rendu d’une tentative d’approche de gens par les services pour servir d’informateurs. Difficile de ne pas penser qu’en France on n’aurait pas le même niveau de surveillance…

La « loi de sécurité globale » accompagne ce processus enclenché depuis bien longtemps. Les policiers municipaux verront leur statut élargi grosso modo à celui des policiers judiciaires, les images des caméras-piétons des policiers pourront être lues et enregistrées en direct par les postes de commandement, il y a une légalisation de l’utilisation des drones par la police et une interdiction de la diffusion d’images de policiers dans une perspective « malveillante ».

Si on veut la révolution, ce n’est évidemment pas pratique et il aurait mieux fallu la faire en 1920, c’est certain ! Quoiqu’il faut savoir que déjà le niveau de surveillance était extrêmement élevé et qu’en 1914 il y avait une liste très détaillée des subversifs à arrêter au cas où… Mais comme ils ont tous soutenu la guerre, le problème ne s’est pas posé !

Et, de toutes façons, quand on veut vraiment la révolution, on y parvient toujours, quel que soit le mur en face. Mais la veulent-ils la révolution, les quasi 50 000 personnes ayant manifesté à Paris samedi 28 novembre 2020, les milliers d’autres dans des dizaines de villes ? Non, ils ne la veulent pas. Ils veulent protester contre l’État de manière anarchiste ou semi-anarchiste ; ils sont même tout à fait opposés à une société collective, collectivisée, car pour eux c’est le totalitarisme, c’est 1984, c’est Orwell !

Mais le plus génial dans tout cela, c’est la chose suivante : la France n’utilise pas tout son arsenal, ni toute sa surveillance. Elle laisse faire. Chaque manifestation sérieuse en France a son lot de casse et une ville comme Nantes a son centre-ville régulièrement démoli. Le nombre d’arrestations est, dans ces cas de casse, toujours extrêmement restreints comparés à ce qu’ils pourraient être de manière assez facile.

Pourquoi ? Car l’État se sert de cette protestation stérile comme d’une soupape de sécurité. X casse une vitrine, Y écrit anarchie sur un mur, Z renverse une voiture ? Parfait ! Ils croient avoir fait quelque chose et le reste du temps, ils ne militent pas, ils ne font rien, ils vivotent en s’imaginent rebelles. Et tout continue comme avant.

Arrivent alors ceux qui disent qu’il faut réformer la police ; ils profitent de l’élan trouvé pour se faire des voix aux élections. Le régime, quant à lui, n’a pas mené de répression : c’est tout bénéfice niveau légitimité. Des anarchistes, des réformistes et tout est parfait pour l’État français ! Et cela fait bien longtemps que cela dure… Alors la « loi de sécurité globale », franchement, quelle importance ? Ce n’est qu’une cerise sur le gâteau, une roue de secours si cela s’emballe malgré tout sans le faire exprès.

Comme on est loin d’un mouvement de Gauche conscient, organisé en France !

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La «loi de sécurité globale»: discours baroques pour la «transition»

À défaut de critique de la société, la dénonciation gouvernementale est de mise et la « loi de sécurité globale » offre une course dans la démagogie. Celle-ci suit en pratique le « programme de transition » de Léon Trotsky.

On a atteint le fond niveau caricature. Pour Jean-Luc Mélenchon, le fait que l’État ne soit pas capable d’établir un réel second confinement ne compte pas : ce qui compte ce sont les élections et il faut donc dénoncer, quitte à inventer.

« Un régime autoritaire se met en place. Avec la loi «sécurité globale», les macronistes sont en train de mettre la France en cage. »

Il est vrai qu’il l’a dit lors de son premier meeting numérique, qui fut un succès avec plus de 200 000 personnes. Il faut bien trouver quelque chose à dire qui porte, à défaut d’avoir une critique de la société. On ne soulève pas les foules avec les droits des animaux ou la remise en cause de la société de consommation. Alors on dénonce le gouvernement et surtout le chef de l’État, profitant de la personnalisation de la Ve République.

Une telle démagogie est très rentable dans notre pays. Elle n’engage à rien, elle permet de jouer à se faire peur, de se donner une image très offensive ; c’est une petite passion à bas prix.

Naturellement, si on charge trop la barque, cela se voit tout de même. Enfin, si cela permet d’exister… Pour le Groupe Marxiste Internationaliste, par exemple, on est d’ailleurs au bord du grand soir. Non seulement il y a des grèves… mais même des manifestations ouvrières ! Et ce n’est pas tout : elles sont violemment réprimées, à coups de matraque et même de balles en caoutchouc ! Surréaliste.

« Les migrants, les grévistes et les participants des manifestations ouvrières savent que c’est bien la police républicaine ou les compagnies républicaines de sécurité qui distribuent les coups de matraque et tirent les balles en caoutchouc ! »

Pour la fraction l’Etincelle membre du NPA, on est pareillement à la veille du grand soir :

« Les dirigeants des États pourront peut-être faire taire, un temps, des journalistes ou des militants. Mais la répression n’a jamais pu faire taire une population déterminée. Tôt ou tard, un quelconque préfet sera contraint d’envoyer un message à ses chefs, comme le fit le chef des flics du tsar en février 1917 : « L’ordre n’a pu être rétabli à Petrograd ». Le plus tôt sera le mieux ! »

Il faudrait d’ailleurs, comme le demande Combattre pour le socialisme, un « gouvernement ouvrier » immédiat de remplacement :

« Pour le retrait/abrogation de la loi Sécurité Globale dans son intégralité ! Pour l’abrogation de la LPR, deux attaques d’une rare violence contre les libertés démocratiques ! Front Unique des organisations du mouvement ouvrier (CGT, FO, FSU) et UNEF ! Pour défaire Macron, qu’elles appellent à une : grande manifestation nationale au siège du pouvoir ! »

C’est là qu’on se dit : tout de même, il y a un dénominateur commun trop clair depuis Mélenchon jusqu’à ces groupes. Ce dénominateur commun, c’est le programme de transition de Léon Trotsky, un texte classique du trotskisme, pour ne pas dire d’ailleurs le texte classique. Son sous-titre résume bien l’objectif de l’ouvrage : « La mobilisation des masses autour des revendications transitoires comme préparation à la prise du pouvoir ».

Cette transition n’est pas celle menant à la révolution, mais à la phase révolutionnaire : il s’agirait de charger à fond quelques revendications pour prendre la direction du mouvement de masse. Une fois cela fait, on passe au programme révolutionnaire.

Cela revient strictement à ajouter de l’huile sur le feu en tentant de dépasser les revendications faites, comme en ce moment où le Nouveau Parti Anticapitaliste réclame le « désarmement de la police ».

Et c’est exactement le sens de la mobilisation du 28 novembre 2020, qui est une rencontre traditionnelle entre une Gauche gouvernementale, républicaine (voire « républicaniste ») et une gauche trotskiste cherchant à déborder à coups de revendications ciblées. Le 28 novembre a été un vrai fantôme des années 1980 !

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Affaire Michel Zecler: la France suinte les abus par tous les pores

La France s’imagine avoir affaire à des débordements, mais en réalité la violence est présente à tous les niveaux de la société. Celle-ci s’effondre sur elle-même.

« La France est un pays d’ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d’arbitraire. » Ces propos d’Emmanuel Macron suite à l’affaire Michel Zecler en disent long sur la sale impression qu’ont les Français alors que la police a tabassé une personne sort de son interpellation mouvementée. Toute l’image d’une France apaisée s’efface devant de telles images. Toutes les prétentions du capitalisme à une société injuste, mais pas arbitraire, disparaissent.

Seulement voilà : dès que les choses sont mouvementées, en France les choses tournent mal. Insistons d’ailleurs là-dessus, car sinon on ne comprend pas le sens de la question.

Il n’y a pas de police abstraite composée de policiers pervers par nature. Il y a une police concrète avec des policiers réels façonnés par leur environnement. Quand on voit les images de l’agression de Michel Zecler, on comprend en effet tout de suite que les policiers agissant de la sorte ne le font pas par excès d’engagement, mais par un comportement habituel, en toute confiance.

Et cette confiance est le produit d’une société décadente où l’ultra-violence sort de tous les pores de la société. On n’a pas des policiers violents, pervers, tabasseurs par plaisir. On a une police violente dans le cadre d’une société violente où tout s’effondre en termes de valeurs. On n’a pas un État policier mais un État en déliquescence – et c’est là toute la différence entre la perspective de Gauche et celle des anarchistes.

On peut prendre un exemple très simple. Les gens font-ils confiance à la police ? Non ! Certainement pas ! Font-ils confiance à leurs voisins ? Non plus ! Et même encore moins ! Et c’est là qu’on a tout compris. Le capitalisme est la guerre de tout le monde contre tout le monde et dans ce cadre, l’arbitraire suinte dans les rapports de force. Cela est vrai à tous les niveaux : à l’école, dans la famille, au travail, dans les rapports avec la police.

Faire croire, comme le font les médias libéraux, les intellectuels de « gauche », les anarchistes… qu’il y a un malaise policier ou avec la police, c’est mentir. C’est toute la société qui connaît un malaise terrible. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dit :

« Lorsqu’il y a des gens qui déconnent, ils doivent quitter l’uniforme de la République, ils doivent être sanctionnés, ils doivent quitter ce travail, ils doivent être punis par la justice. »

C’est vrai… sauf que tout le monde déconne, plus rien ne tient. Le capitalisme produit des mentalités d’escroc, de manipulateurs, de cogneurs. Si on peut cogner, on le fait, voilà la mentalité. Si je peux arnaquer, abuser, forcer… je le fais. Et comme l’État est aux abonnés absents, la France suinte des abus, par tous les pores.

On a une preuve de cela, très simple d’ailleurs, c’est la violence à l’encontre des animaux. Elle est présente dans toute la société, que ce soit au niveau industriel ou au niveau de la vie quotidienne. La société française y est toutefois largement indifférente. Si vraiment la violence était si isolée dans certains secteurs, la violence contre les animaux apparaîtrait. Ce n’est pas le cas. Les gens sont en France totalement blindés quant à la violence. Dans les grandes villes, les agressions peuvent arriver n’importe où et on le sait. Les faits divers sont innombrables dans tout le pays et les peines encourues ridicules dans bien des cas, pour des tribunaux engorgés et des policiers qui n’ont même plus le temps de faire des enquêtes tellement il y en a à faire !

Tout le monde sait qu’une gare comme celle de Montparnasse à Paris regorge de pickpockets, qu’il y a des taxis à la sauvette, très bien habillés et très polis, juste à l’entrée de l’accès aux taxis, à 10 mètres du commissariat de la gare. Tout le monde s’en moque.

La violence est là, la violence est partout, la France est malade de sa violence… et ce n’est qu’un début dans un processus d’effondrement général. Et si le peuple ne se ressaisit pas, il y aura l’extrême-Droite, un général pour se pointer et se faire élire pour rétablir « l’ordre » – c’est-à-dire la sortie de la crise par la guerre. Comme dans les années 1930.

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Société

Nouvelle répression de survivantes de la prostitution à une manifestation contre les violences faites aux femmes

Depuis tout juste un an, le mouvement féministe à connu un tournant avec des violences à l’égard des femmes. De manière tout à fait intolérable, il y a particulièrement des violences à l’égard de femmes ayant vécu la violence de la pornographie et de la prostitution, des femmes organisées contre ces industries patriarcales.

Le 25 novembre est la journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, c’est la seule date, avec le 8 mars, qui soit entièrement dédiée à la question de l’émancipation féminine. Et depuis quelques années, cette journée tend à être détournée par les lobby du proxénétisme et le milieu queer. Selon ces personnes, ces deux journées devraient être plus « inclusives » des « minorités de genre ». Qu’ils incluent les « travailleurs du sexe » dans la question du genre ne semble pas, par ailleurs, troubler leur intelligence.

Lire aussi : 8 mars àParis : des féministes agressées par l’ultra-gauche libérale-libertaire

Une grande majorité des violences faites aux femmes sont donc complètement effacées de ces journées, le fait qu’il ne faudrait plus utiliser le mot « femmes » en est l’expression la plus révélatrice.

Les milieux féministes des centres-villes sont donc complètement phagocytés, le féminisme est étranglé par la décadence du capitalisme.

Les féministes abolitionnistes savent donc désormais qu’aller en manif est un risque, que ce sera une affirmation antagoniste dans ce qui devrait être leur mouvement, leur lieu d’expression.

Le Collectif Abolition Porno Prostitution (CAPP), a voulu porter la parole des survivantes de la prostitution le 25 novembre à Paris, comme le 8 mars dernier. Et la réponse prévisible du féminisme libéral a été encore une fois de réprimer cette parole. C’est littéralement violenter des femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes.

Tant qu’il n’y aura pas de mouvement de masse, les revendications démocratiques seront étouffées par un militantisme libéral superficiel et puéril dans les villes. Il y a fort à parier que le vide politique actuel des zones rurbaines et péri-urbaines sera demain un terrain propice à l’affirmation d’un féminisme populaire et radical, qui finira par l’encerclement des villes et le rétablissement du féminisme, partout.

On trouvera sur la page Facebook du Collectif Abolition PornoProstitution – CAPP une vidéo présentant les faits de manière très précise et avec une analyse très juste.

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Société

Fin du «confinement»: la France fêtera Noël pour tenter d’oublier la réalité

Emmanuel Macron a sauvé Noël. Du moins c’est ce qu’il voudrait faire croire, car dans les faits l’État ne gère plus grand-chose et ne fait que courir après la réalité du pays. Le second confinement est un lamentable échec et la France n’imaginait pas une seconde ne pas fêter Noël ni le Premier de l’An. Le chef de l’État et son gouvernement doivent donc s’aligner, avec le risque évident de faire repartir l’épidémie, avant et surtout pendant les fêtes.

Emmanuel Macron a indiqué que le « confinement » sera levé le 15 décembre, si les chiffres sont bons, puis qu’il n’y aurait pas de restrictions pour Noël et le Premier de l’An. Pourtant, il n’y a pas de confinement et chacun fait déjà ce qu’il veut ou à peu près, plus ou moins discrètement, de manière plus ou moins assumée. Les forces de police n’ont de toutes manières aucunement la capacité ni la volonté de faire respecter quoi que ce soit, hormis pour quelques opérations bien ciblées.

La véritable annonce du Président concerne donc la date du samedi 28 novembre, avec la réouverture des magasins « non essentiels ». Cela marquera la fin de ce semi-confinement, ou faux confinement, et il est évident que cela va s’accompagner d’un relâchement majeur des comportements tout au long du mois de décembre.

Il y a beaucoup de dignité dans ces propos du professeur Rémi Salomon, qui est le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et qui a tenu à faire des recommandations pour accompagner les annonces d’Emmanuel Macron :

« On coupe la bûche de Noël en deux et papy et mamie mangent dans la cuisine et nous, dans la salle à manger. Il ne faut pas manger avec papy et mamie, même à Noël, même si on a pris des précautions avant. On peut aller chez papy et mamie à Noël, mais on ne mange pas avec eux. Si je transmets le virus à papy et mamie, c’est pire que tout. »

Il y a beaucoup de dignité, mais c’est aussi terriblement à côté de la plaque. Une telle précision est absolument inaudible dans le pays et d’ici au réveillon du 24 décembre, le semi ou faux confinement de novembre ne sera qu’un lointain souvenir. Il va sans dire que le réveillon de la Saint-Sylvestre sera encore pire de ce point de vue là.

Heureusement, et c’est bien la moindre des choses, il ne sera pas possible de louer de salles ni de se retrouver en discothèques ou bars. Les Français ont toutefois de grandes maisons à disposition et il y a fort à parier que les soirées seront nombreuses, à nombreux, et bruyantes. Il s’agira d’oublier 2020, avec l’idée de rayer cela de la mémoire comme un mauvais souvenir.

Mais si les fêtes auront été surtout propices à la multiplication de foyers épidémiques, comme on peut s’y attendre, alors 2021 commencera de la plus terrible des manières, avec une reprise drastique de la circulation du virus.

Pourquoi ce qui s’est passé au début de l’automne ne se reproduirait pas à l’hiver ? En attendant, Noël est « sauvé », et avec lui surtout la course effrénée à la consommation de cadeau. Toujours pas de remise en cause, toujours la même fuite en avant… Mais jusqu’à quand ?

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Politique

Le populisme d’Arnaud Montebourg à propos de la dette

Arnaud Montebourg fait partie des figures politiques dont il est de plus en plus souvent parlé pour l’élection présidentielle de 2022. Chantre du « made in France », sa marque de fabrique est une sorte de nationalisme « de gauche », c’est-à-dire qu’il fait du Marine Le Pen, mais en plus « soft » si l’on veut. Son nouveau credo, pour se donner un air « de gauche », est de prôner un peu partout l’effacement de la dette publique : c’est là du populisme, dans le but d’éviter à tout prix la lutte des classes.

Structurellement, le capitalisme fonctionne depuis de nombreuses années par la dette. Les grands États modernes sont endettés et s’endettent en permanence, mais c’est également le cas des grandes entreprises mondiales. La crise sanitaire du Covid-19 a profondément accéléré ce processus tout au long de l’année 2020 et cela devient de plus en plus une source d’inquiétude.

En effet, qui dit dette, dit remboursement et à un moment donné la question se pose toujours de savoir « qui va payer ». Par divers artifices, les banques centrales arrivent à repousser le problème en déversant artificiellement de la monnaie dans l’économie. Ce n’est pas nouveau, mais là encore cela s’est approfondie durant cette année 2020.

N’importe qui ayant un esprit rationnel et connaissant la vie quotidienne dans le capitalisme sait très bien qu’il n’y a pas d’argent magique. Alors quand de l’argent est créé ou emprunté, il faut bien que cela corresponde à une certaine valeur, et donc que quelqu’un en paie le prix, si ce n’est tout de suite, au moins à un moment donné. Pour payer, il y a la monnaie bien sûr, qui est dépensée ou dévaluée, mais il y a aussi et surtout le travail (qui est de toutes manières toujours à l’origine des richesses).

La réponse de la Gauche à cela, en tout cas de la Gauche historique, est très simple : il faut mener la lutte des classes, pour que ce soit la bourgeoisie qui paie et rogne sur son mode de vie, mais certainement pas les classes populaires qui devraient être plus pauvres et travailler plus. Cela nécessite cependant d’assumer l’affrontement contre le capitalisme et ses représentants, ce dont une personne comme Arnaud Montebourg (qui se vante d’être un chef d’entreprise) ne veut surtout pas entendre parler.

On peut même dire qu’Arnaud Montebourg a une crainte profonde à l’idée que les masses puissent se révolter contre le capitalisme, comme il l’explique à la presse :

« Si quiconque est capable de me dire comment nous allons rembourser 500 milliards de dette en plus, soit sept fois le produit annuel de l’impôt sur le revenu… C’est impossible, et nous ne pourrons pas le faire sans des jacqueries et des révoltes »

Pour éviter cela, il veut acheter la paix sociale et a donc une « magnifique » idée… Annuler purement et simplement la dette ! Un coup de baguette magique de la Banque centrale européenne, abracadabra les problèmes disparaissent !

Il prône donc :

« une annulation concertée de toutes les dettes Covid de tous les pays de la zone euro, et un rachat massif par la Banque centrale européenne, qui ne spoliera personne. »

Cela n’a aucun sens, à moins de risquer un effondrement total de l’économie, par une perte de confiance généralisée engendrant une crise sans précédent. Il y a toutefois de prétendus économistes pour expliquer aux gens qu’ils n’ont rien compris et que tout est possible dans le capitalisme, tellement le capitalisme est merveilleux. C’est le cas par exemple de Gaël Giraud du CNRS, sur lequel s’appuie Arnaud Montebourg pour défendre ses thèses fantaisistes.

Ces gens-là sont des menteurs bien entendus, mais leurs prétentions sont bien formulées et peuvent avoir de l’audience, surtout dans un pays comme la France qui a décidé de s’asseoir sur la lutte des classes depuis des années et des années pour croire au capitalisme (tout en prétendant ne pas y croire, pouvoir le réformer, etc.)

Mais on n’arrête pas ainsi la roue de l’Histoire et les gens comme Arnaud Montebourg n’iront pas bien loin quand celle-ci reprendra ses droits. Il en sera alors fini des mensonges populistes et ce sera à nouveau, enfin, l’époque de la lutte des classes ! Si les classes populaires ne veulent pas payer le prix de la dette « Covid », elles doivent faire payer la bourgeoisie : c’est aussi simple que cela !

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Politique

Le monde court à sa perte, mais la petite-bourgeoisie «de gauche» manifeste contre la police

La Gauche va mal, très mal en France. Et quand on voit que pour une grande partie d’entre elle, l’actualité est de s’imaginer que le pays serait en passe de devenir une dictature avec la police s’arrogeant le droit de tabasser en toute impunité, on comprend tout à fait que les classes populaires ne veuillent pas entendre parler d’elle… L’agitation hystérique autour de l’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, avec des manifestations dans plusieurs grandes villes samedi 21 novembre, en dit long sur le décalage terrible entre la Gauche et la société française.

La France, comme tous les grands pays capitalistes, connaît une désagrégation majeure de son tissu social. La société craque de partout avec une violence de plus en plus prégnante, notamment à l’égard des femmes, et ce jusque dans les moindres interstices de la vie quotidienne. La police est clairement en première ligne face à cette décomposition, mais avec des moyens très faibles et une hiérarchie de plus en plus déconnectée de sa base. Une base qui s’est largement prolétarisée, en perdant au fil des années ses traditions autoritaires-paysannes faisant du policier un sympathisant naturel de l’extrême-Droite.

La colère est d’ailleurs, dans un tel contexte, très grande dans les rangs de la police, avec des fonctionnaires ayant de plus en plus le sentiment de ne pas pouvoir assurer leur mission de protection de la population, tout en étant en même temps jetés en pâture face à des délinquants dont l’arrogance n’a d’égale que l’impunité dont ils bénéficient.

Alors, quand en plus de cela les policiers se sentent menacer dans leur vie privée… forcément qu’ils ne sont pas contents. Rien de plus naturel. La réalité est qu’en France, l’État n’est même pas en mesure de garantir la sécurité de sa propre police. Les policiers prennent de plus en plus l’habitude de cacher leur profession, notamment avec leurs enfants pour qui il devient préférable de ne pas dire qu’ils sont fils ou filles de policier.

Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin n’entend aucunement changer les choses dans un sens démocratique, en mettant le Droit au cœur de la société. En bon populiste, il prétend avec une petite mesure qu’il va pouvoir contourner les problèmes et garantir la sécurité des policiers. C’est le sens du fameux article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, voté en première lecture par l’Assemblée nationale vendredi 20 novembre 2020.

Voici ce qu’il dit :

« Article 24

I. – Le paragraphe 3 du chapitre IV de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est complété par un article 35 quinquies ainsi rédigé :

« Art.35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »

II. – L’article 35 quinquies de la loi du 28 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne font pas obstacle à la communication, aux autorités administratives et judiciaires compétentes, dans le cadre des procédures qu’elles diligentent, d’images et éléments d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale. »

Cela ne rime pas à grand-chose et n’importe qui n’étant pas de mauvaise foi se dira que si l’État en est à devoir faire une telle loi pour empêcher que les policiers ne soient menacés individuellement, c’est qu’il ne tient vraiment plus grande chose…

Mais tel n’est pas le raisonnement de la petite-bourgeoisie hystérique, prétendument « de gauche », qui voit tout l’inverse et a manifesté dans les grandes villes samedi 21 novembre pour crier au loup totalitaire, parlant de menace sur les « libertés », de « droit à l’information », voire même de fascisme pour certains.

On a ici un cinéma strictement parallèle à l’excitation petite-bourgeoise face aux mesures collectives exigées par la situation sanitaire. Aux États-Unis, la petite-bourgeoisie crie au communisme, ici elle crie au fascisme, mais cela revient au même, car le mot fascisme est employé de manière démagogique : c’est l’idéologie individualiste, anti-collectivisme, qui s’exprime.

On peut également noter que tout cette agitation est portée à l’origine par quelques journalistes pour qui le summum est de filmer les fins de manifestations, les arrestations, et plus généralement toutes les interventions des forces de l’ordre. Il y a ici tout un petit milieu très marqué par l’ultra-gauche, par l’anti-étatisme primaire, par la conception de la minorité (intellectuelle) agissante, etc.

Tout cela n’intéresse bien entendu personne en réalité, car les gens des classes populaires en France n’en ont strictement rien à faire des gilets jaunes et autres « black block » se faisant arrêter ou matraquer parce qu’ils ont trouvé amusant de jeter des pavés, des cocktails molotov ou du matériel de chantier sur des forces de l’ordre. Tout cela n’a tellement rien à voir avec la vie quotidienne des gens ou même l’idée de révolution, que c’en est anecdotique.

Sans parler de ce constat qu’on doit faire : on a de tels manifestations… en plein confinement sanitaire ! C’est totalement délirant, et ce ne peut être que l’œuvre d’une « Gauche » profondément déconnectée des réalités de la société française et des priorités du moment.

Le monde connaît une crise sanitaire majeure, qui est l’expression d’une catastrophe écologique considérable et il y a à l’arrière plan de cela une crise économique monstrueuse qui se profile, sur fond de délitement moral et culturel de la société. Ce à quoi à il faut ajouter des tensions guerrières qui sont de plus en plus prégnantes dans le monde, notamment de la part de la France qui participe activement à la course au militarisme.

II se trouve cependant des gens qui, pour détourner l’attention de la crise, prétendent que l’important aujourd’hui est de pouvoir filmer les policiers en manifestation ! C’est inacceptable et il saute aux yeux que c’est une caricature. Il faut vite renverser la table et en revenir à la Gauche historique, celle du mouvement conscient et organisé de la classe ouvrière menant la lutte des classes. L’époque exige des gens sérieux et il en est assez de l’hégémonie de la petite-bourgeoisie et des conceptions anarchistes sur la Gauche !

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Politique

Jean-Christophe Cambadélis annonce le républicanisme de gauche

Jean-Christophe Cambadélis est un cadre socialiste historique. Il propose une idéologie clef en main, de centre-gauche et affirme que c’est lui ou bien les libéraux et les nationalistes.

Jean-Christophe Cambadélis est connu pour être l’un des cadres socialistes les plus éprouvés, les plus politiques, alliant rigueur et opportunisme, clairvoyance et coups à trois bandes. C’est l’exemple même du cadre passé par l’extrême-gauche étudiante trotskiste, habitué aux mouvements des masses et aux coups fourrés, pour rejoindre le Parti socialiste et obtenir ainsi une stature étatique.

Pour cette raison, il a expliqué au Journal du Dimanche qu’il ne se sentait pas hors-jeu pour 2022, et c’est vrai. C’est un homme mesuré dans tous les domaines, il n’a pas perdu sa crédibilité comme François Hollande même s’il dit finalement la même chose, c’est un homme de réseaux.

Jean-Christophe Cambadélis a d’ailleurs fondé en septembre le réseau « Nouvelle Société » et le jeudi 19 novembre il a tenu une conférence de presse pour annoncer un projet de ce réseau, intitulé « La République impartiale – Mémorandum pour un républicanisme de gauche ».

Ce qu’on y trouve est une savante cuisine. Il y est dit la chose suivante : c’est nous ou bien le populisme, ou bien les libéraux. Nous sommes les seuls crédibles, ce sera nous ou un avatar français de Donald Trump, nous ou un Emmanuel Macron au libéralisme débridé.

Comme il faut rassembler, il faut être de centre-gauche : c’est la thèse des 51 % de François Hollande, pour qui la Gauche ne peut pas être majoritaire. Comme il faut être crédible, il faut se la jouer républicain dur : c’est la thèse de Manuel Valls. Comme il faut tout de même donner des gages à la Gauche, il faut parler de défendre les acquis et revendiquer l’opposition au nationalisme et à la guerre.

Comme il faut légitimer tout ce bric-à-brac, il y a la République comme concept traditionnel chez les socialistes depuis Jean Jaurès et on lit dans le mémorandum :

« La gauche, occupée à la question sociale et à l’extension des libertés individuelles a, petit à petit, délaissé la défense et l’approfondissement de la République. Elle n’a voulu voir que ses insuffisances, ses trahisons, ses limites.

Elle a pensé révolution, évolution, libération. Ce qui fut nécessaire. Mais elle a relégué la République au magasin des accessoires. Et aujourd’hui, voici la République remise en cause, attaquée de toutes parts. »

Répétons-le encore une fois : François Hollande ne peut qu’être d’accord, Manuel Valls aussi. On a du mal à penser qu’ils n’ont pas été consultés ou qu’ils ne sont pas, d’une manière ou d’une autre, de la partie. Au minimum ils convergent avec Jean-Christophe Cambadélis.

La ligne de celui-ci est très clairement radicale de gauche et évidemment on ne trouvera rien sur la classe ouvrière et le peuple, à part une dénonciation des communistes ici et des maoïstes là-bas. Pas de socialisme, pas de capitalisme, pas de bourgeoisie, pas de propriété, etc. Les concepts employés ont de ce fait un côté à la fois flou et poétique assumé : « égalité réelle », « liberté ordonné », « fraternité laïque ».

Quel est donc le message passé ici à la Gauche ? C’est, en quelque sorte : c’est nous ou le fascisme. C’est à peu près clair. Le message, c’est : vous ne parvenez rien, vous ne pouvez pas parvenir à quelque chose. Nous sommes les seuls crédibles dans le cadre d’institutions que vous n’aimez pas, mais que vous ne pouvez pas remplacer. De plus, les mouvements populaires partent dans le populisme et le nationalisme : vous devez donc défendre ces institutions pour survivre vous-mêmes.

C’est très fin, c’est très politique, c’est très Jean-Christophe Cambadélis. Mais c’est trotskiste aussi, c’est-à-dire unilatéral et calculateur, fabriqué en laboratoire. La vie est bien plus complexe que ces plans sur la comète et il est parlant que le mémorandum ne parle pas des animaux, ce qui en 2020 est aberrant. Au-delà même de son absence de « croyance » en les chances de la Gauche historique, cette absence en dit long sur un certain côté hors-sol.

Si on ajoute à cela la crise et le retour politique de la classe ouvrière, alors le projet de Jean-Christophe Cambadélis apparaît comme tout à fait réaliste… et en même temps un rêve parisien coupé des réalités. La France va au conflit, c’est inévitable et aucun pompier « républicain » ne peut empêcher les contradictions de s’exprimer. L’heure de François Hollande est passé : l’heure est à l’Histoire.

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GPA: pourquoi la Gauche doit signer le manifeste latino-américain contre l’exploitation reproductive

Le 14 novembre, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) et une centaine d’autres organisations féministes de part le monde ont publié un manifeste contre la GPA. C’est un document important, et les organisations de la Gauche française devraient le diffuser et le signer.

En France, le sujet de la GPA est très peu soulevé par les organisations de gauche, avec au fond l’idée que ce n’est pas vraiment d’actualité. La révision de la loi bioéthique a écarté officiellement la GPA et il est considéré que ce n’est plus un problème.

Pourtant, ce n’est par parce que la loi bioéthique l’exclu que le danger d’une réglementation de la GPA est nul, ni que cela n’existe pas.

En effet, la réglementation pourrait bien être facilitée par le biais international des travaux de la conférence de la Haye, plutôt que de dépendre uniquement d’un agenda politique national.

Et surtout, malgré l’illégalité de la pratique, entre 200 et 300 nourrissons issus de GPA arrivent en France chaque année. La justice française, à de nombreuses reprise, s’est d’ailleurs pliée face à cette pratique illégale en reconnaissant de soit-disant « parents d’intention ». L’exploitation du corps de femmes et le trafic d’enfant, c’est donc une réalité concrète concernant la France, un problème dont il faut se saisir dès maintenant.

Parmi les partis politiques qui se situent dans le champs de la gauche, au sens large, Europe Écologie-Les Verts est celui qui se range le plus en faveur de la GPA. Au sein du PS ou de groupes comme Place Publique, Génération-s, cela fait débat, il est de toutes façon très difficile de trouver des positions collectives assumées chez ces partis, qui sont largement dominés par le libéralisme. C’est uniquement du côté de la Gauche « rouge » que l’on a une opposition ferme et collective inscrite dans la ligne politique : PCF, NPA, PRCF, UCL, PG, PCF(MLM) ou encore la Fédération Anarchiste. On retrouve également une opposition à la GPA du côté des populistes de la France insoumise, qui viennent de la Gauche.

La Gauche doit donc arrêter de tergiverser et se pencher sérieusement sur cette question, non pas du point de vue du désir individuel, mais de celui de la réalité de l’exploitation des femmes pour leurs utérus et leurs ovules et de la mainmise du capitalisme sur la reproduction.

Une autre raison pour laquelle il faut signer ce manifeste est que la GPA est d’ores et déjà une pratique internationale, avec les États-Uni à un pôle (GPA de luxe), les pays de l’Est et l’Asie à un autre (GPA low cost). Le manifeste a été initié par des organisations féministes d’Amérique Latine qui sont face à des tentatives de légalisation. Il ne fait aucun doute que pour les chaînes de cliniques États-Uniennes comme Ovation Fertility, les pays d’Amérique du Sud représentent une manne potentielle pour l’exploitation de femmes précaires.

Il faut non-seulement s’opposer à la GPA dans son propre pays, mais aussi soutenir l’opposition dans les pays pauvres et dépendants, par solidarité internationale. De toutes façons, les 300 bébés par an en France ne viennent pas de nulle part !

> Consulter et Signer le Manifeste ici <

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Société

Course au vaccin contre le Covid-19: l’humanité apprentie sorcière ?

La course au vaccin est menée à grande échelle et de manière très rapide depuis le début de la pandémie de Covid-19. En moins d’un an, deux candidats-vaccins sont proches d’une autorisation de mise sur le marché au mois de novembre 2020, alors qu’il y a en tout 180 projets différents partout dans le monde. L’humanité joue-t-elle avec le feu, en espérant rapidement un remède qui pourrait s’avérer pire que le mal ? Voici une présentation de la situation afin d’y voir plus clair.

Dès le début de l’année 2020, les laboratoires pharmaceutiques et les groupes de recherches spécialisés se sont mis en branle. Les premiers candidats-vaccins contre le Covid-19 ont été très vite prêts, dès le printemps ou à l’été, avec 40 d’entre eux qui sont d’ores et déjà en phase de test clinique sur l’homme. Ce sont uniquement ces protocoles de tests qui font que les candidat-vaccins ne sont pas encore disponibles à la vente, mais il y a une pression énorme pour qu’ils le soient rapidement. Rappelons qu’entre-temps, il y a forcément l’expérimentation animale pour chercher dans toutes les directions, au mépris des raisonnements scientifiques, afin de trouver quelque chose, à tout prix, au moyen d’accumulations de données.

Cette approche est d’autant plus forte que la pression est politique, de la part des dirigeants des grandes puissances qui veulent à tout prix faire redémarrer la machine capitaliste en s’imaginant mettre de côté le virus le plus vite possible, sans rien remettre en cause.

L’exemple le plus connu est évidemment celui du président américain Donald Trump dont l’administration appuie directement la recherche d’un vaccin avec dix milliards de dollars mis sur la table, ainsi que la logistique de l’armée américaine elle-même mise à disposition de cette course. L’opération a été nommée « Warp Speed », une référence à la science-fiction désignant une vitesse supérieure à celle de la lumière, qu’on retrouve dans la série Star Trek par exemple.

Il en est de même dans la plupart des pays avec les États encadrant, organisant et finançant directement les groupes pharmaceutiques pour que ceux-ci soient prêts le plus vite possible. Ce qui se passe est simple : les États mettent directement l’argent sur la table et garantissent la production des vaccins, avant même les autorisations de mise sur le marché.

En France, d’après la presse, le gouvernement aurait déjà pré-réservé des dizaines de millions de doses de vaccin auprès de différents groupes pharmaceutiques. D’après le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, l’État français a budgété 1,5 milliard d’euros pour 2021 pour le vaccin. L’Union européenne procède également à des précommandes, avec déjà plusieurs centaines de millions de doses réservées officiellement.

De fait, les candidats-vaccins sont déjà produits en masse et certains pays comme la Russie ou la Chine les font déjà largement circuler officieusement. C’est le cas également d’une autre façon pour un pays comme le Brésil. Celui-ci ne disposant a priori pas des capacités pour trouver et produire seul un vaccin, il s’est transformé en gigantesque laboratoire humain avec des vaccins venus du monde entier qui sont massivement testés sur sa population (qui est très fortement touchée par l’épidémie), en « échange » de la garantie de la disponibilité rapide du vaccin dans le pays.

Cette question des tests est cruciale justement et on touche ici au cœur du sujet en ce qui concerne les vaccins, et particulièrement les vaccins contre le Covid-19.

Au sens strict, la découverte aussi rapide des potentiels vaccins n’a rien d’extraordinaire. Les moyens technologiques de l’industrie pharmaceutique sont immenses, tout comme la connaissance scientifique permettant la recherche de vaccins, qui sont produits en masses depuis des dizaines d’années.

Le virus lui-même, le SARS-CoV-2, bien qu’il soit un coronavirus et qu’on avait jusqu’à présent jamais eu besoin au sens strict d’un vaccin contre un coronavirus, est assez courant dans sa forme générale. Il provoque chez la plupart des personnes qu’il infecte une réponse immunitaire rapide, massive et efficace, ce qui fait qu’il est a priori facile de trouver des vaccins, en tous cas sur le principe.

On le rappelle, le principe du vaccin est de provoquer artificiellement une réponse immunitaire de l’organisme, afin que celui-ci soit prêt à faire face en cas de contact avec le virus. Les récentes annonces des laboratoires Pfizer/BioNtech et Moderna à propos de leur candidat-vaccin, avec chacun un taux d’efficacité annoncé autour de 95 %, ne sont de ce point de vue pas surprenantes et étaient en tous cas attendues.

Ces candidats-vaccins, d’après les échantillons de population sur lesquels ils ont été testés, fonctionnent en provoquant une réponse immunitaire empêchant dans la plupart des cas d’être infecté en cas de contact avec le SARS-CoV-2. C’est empirique, mais cela suffit en tous cas officiellement à considérer que ce sera efficace à grande échelle.

Néanmoins, tout l’enjeu consiste ensuite en ce que le remède ne s’avère pas pire que le mal qu’il est censé combattre. Des milliers de pages de certification sont rédigées à chaque fois, et il y a surtout des tests d’innocuité. D’abord sur les animaux, ce qui n’a strictement aucun sens et relève de la barbarie la plus sombre. Ensuite, voire en même temps pour certains candidats-vaccins, il y a ces fameux essais cliniques où des individus reçoivent le vaccin (ou un placebo pour avoir un groupe contrôle) et sont surveillés de près pour connaître les éventuelles réactions négatives, les effets secondaires, etc.

La pression immense mise par les États pour l’obtention rapide des vaccins rend, on l’aura compris, cette étape très compliquée, d’autant plus que les laboratoires cherchent eux-mêmes à produire le plus vite possible, face à la concurrence et en raison de la manne financière énorme à récolter. Il y a un risque évident de se retrouver avec un vaccin dangereux, ou qui ne serait pas efficace à long terme, ce qui le rendrait dangereux de par la fausse sécurité qu’il procure.

Les candidats-vaccins sont de différentes natures, utilisant différentes techniques. Il y a d’abord celle, la plus classique, consistant en le fait de présenter le virus lui-même à l’organisme, pour qu’il apprenne à le connaître et fabrique les antigènes spécifiquement adaptés. Pour que cela soit sans risque, il y a plusieurs possibilités :

– présenter le virus mort – c’est la technique utilisée historiquement par Louis Pasteur lors de la découverte du principe de la vaccination ;

– présenter le virus sous une forme vivante mais atténuée, en procédant à une sélection génétique pour trouver des formes du virus ne donnant pas la maladie. C’est la technique utilisée par de nombreux vaccins (rubéole, fièvre jaune, etc.), qui a pour avantage que le virus (sous une forme normalement inoffensive) se reproduise et génère donc une grande réaction immunitaire, durable pour de nombreuses années.

Une autre solution est de ne présenter qu’un morceau de virus, en cherchant à ce que ce morceau corresponde suffisamment au virus circulant réellement, de manière à ce que les anticorps produits soient efficaces en cas de contact réel. Le problème, c’est qu’un morceau de virus seul ne déclenche aucune réaction immunitaire et il faut lui associer un adjuvant afin de forcer la réaction. Cette technique, qui peut provoquer des réactions indésirables, est utilisée par exemple pour le vaccin contre l’hépatite B. On peut cependant éviter l’utilisation d’un adjuvant au moyen d’un second virus, inoffensif, auquel on a ajouté un morceau du virus qu’on vise (en l’occurrence ici une protéine Spike). C’est le cas par exemple pour le vaccin de la rougeole, utilisé depuis 40 ans chez les enfants, qui utilise un vecteur viral, c’est-à-dire un autre virus, un « faux » en quelque sorte, avec un morceau de code génétique du « vrai » virus.

Enfin, une dernière technique consiste à faire fabriquer un bout du virus (toujours cette protéine Spike) par l’organisme lui-même, au moyen de l’injection d’un morceau de code génétique du virus. Cela est fait au moyen d’un virus messager fabriqué de toute pièce pour transporter le morceau d’ADN, que l’organisme transcrit ensuite en ARN pour produire la protéine et déclencher une réaction immunitaire.

En rouge, la protéine Spike du SARS-CoV-2

Voici les techniques utilisées par les candidats-vaccins contre le Covid-19 les plus connus et avancés.

Les candidat-vaccins des différents laboratoires chinois utilisent la technique « classique », avec le « vrai » virus utilisé directement dans le vaccin. Cela présente un inconvénient, une efficacité pouvant être faible, et un risque, mineur, celui que des formes infectantes du virus soient présentes dans le vaccin.

L’alliance des laboratoires Sanofi et GlaxoSmithKline utilisent eux pour leur candidat-vaccin la technique classique du morceau de virus (protéine S) accompagnée d’un adjuvant.

Le vaccin russe « Spoutnik V » utilise pour sa part des virus de rhume modifiés et le vaccin du laboratoire français Institut Pasteur utilise la même technique, mais avec comme support le vaccin de la rougeole (ce laboratoire test également la technique ADN).

Il y a également le vaccin d’AstraZeneca, associé à l’université d’Oxford, qui utilise comme vecteur viral un virus modifié… de chimpanzé.

Enfin, l’alliance Pfizer/BioNTech et le laboratoire Moderna, qui sont les plus avancés dans la course à l’autorisation de mise sur le marché, utilisent quant à eux la technique de l’ARN messager, avec un virus support fabriqué totalement artificiellement. C’est une première, cela n’a jamais été réalisé à grande échelle pour les humains et relève clairement du bricolage génétique.

Dans ces deux derniers cas avec Pfizer/BioNTech et le laboratoire Moderna, il y a là quelque-chose d’entièrement nouveau, sur lequel l’humanité n’a aucun recul, ou presque. Ce genre de vaccins sont utilisés chez des animaux comme le cheval, le poisson d’élevage ou encore le chien, qui servent depuis plusieurs années de cobayes (hors laboratoire) à grande échelle pour l’humanité.

On se retrouve donc dans une situation où, plutôt que de se remettre en question en changeant son rapport à la nature, l’humanité est suspendue à l’espoir d’un vaccin à tous prix, le plus rapidement possible, quitte à prendre le risque du bricolage génétique.

De la même manière, les vaccins plus traditionnels arriveront bientôt sur le marché, avec des phases de tests qui auront été très rapides. Il n’y a pas de raison, a priori, de penser que l’humanité prendrait un risque plus grand avec les vaccins anti-Covid-19 en particulier, par rapport aux autre vaccins traditionnels utilisant les même techniques auparavant. Si l’on met à part la méthode bricolage génétique des Pfizer/BioNTech et Moderna, ce serait probablement une erreur de se priver du moyen de combattre la pandémie avec des vaccins répondant aux normes et exigences sanitaires déjà en vigueur depuis des dizaines d’années pour tout un tas de vaccins ayant prouvé leur bénéfice.

Néanmoins, ce serait surtout une erreur de penser qu’il s’agit là d’une solution ; les vaccins ne seront au mieux qu’un pansement, mais ils ne guériront jamais la véritable cause de la maladie, qui est notre rapport erroné à la nature, et particulièrement aux animaux entassés de manière barbares sur des marchés, dans des fermes, des usines.

Si l’humanité prend éventuellement un risque en jouant l’apprentie sorcière avec les vaccins, elle prend surtout un risque en maintenant coûte que coûte son rapport désastreux à la nature. Si le vaccin présente donc une solution, elle ne peut être que temporaire : si on ne fait rien, si on ne change rien, une autre pandémie se produira. L’humanité ne s’en sortira pas en bricolant : elle doit changer !

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Écologie Planète et animaux

Rallumons les étoiles (l’infâme pollution lumineuse)

On connaissait les conséquences de la pollution lumineuse pour les êtres humains, avec un ciel sans étoiles, sans âme… Lundi 4 novembre 2020, une équipe de chercheurs a publié une étude visant à mieux comprendre l’impact de la pollution lumineuse sur les animaux et les végétaux.

« La zone qui subit des émissions directes de sources de lumière artificielle s’étend actuellement à environ 2 % par an, les localités qui étaient auparavant éclairées s’éclaircissant davantage à un rythme similaire ».

En général, un quart de la surface de la Planète est éclairée par une lumière artificielle. Tels sont les propos introductifs d’un article de cinq chercheurs publié dans la revue « Nature ecology & evolution ».

Basée sur 126 études ciblées sur des cas précis d’espèces, une des choses sûre est la diminution de la quantité de mélatonine chez l’ensemble des espèces analysées. Hormone du sommeil, cette diminution physiologique aboutit à une baisse de la vigilance, avec un déséquilibre dans le rapport au cycle du jour et de la nuit.

Au-delà, les connaissances restent maigres car finalement la pollution lumineuse n’est un sujet tant d’étude que de préoccupation générale que depuis les années 1980.

On sait que les rats, soumis par ailleurs à des bien inutiles et horribles expérimentations, voient leur capacité cognitive baisser lorsqu’ils sont exposés à une lumière artificielle, et que les tortues de mer sont désorientées pour retrouver la mer. Quant à la flore, elle se voit perturbée par l’altération des cycles jour-nuit liée à la lumière artificielle :

« Des impacts plus évidents, tels que la rétention retardée des feuilles sur les arbres à proximité des lampadaires et l’attraction des insectes et des oiseaux par les lumières extérieures, ont été documentés depuis longtemps »

Depuis 2019, on savait que le cycle de germination et de floraison des arbres étaient impactés négativement par la lumière artificielle. Les biologistes en charge de l’enquête avaient ainsi découvert que le bourgeonnement des certains arbres avait presque une semaine d’avance.

Comment pourrait-il en être autrement pour des végétaux qui justement se développent grâce à la photosynthèse ? Mais ensuite bien évidemment, il y a une réaction en chaîne, écosystémique, perturbant les chenilles se nourrissant des feuilles, les oiseaux mangeant les chenilles…

La pollution lumineuse, c’est un énième aspect de la déstabilisation de l’environnement naturel par une humanité rivée de manière égo-centré vers son propre développement…. son propre développement pétris dans le capitalisme.

L’éclairage public a été une véritable révolution, un progrès de grande ampleur. Mais lorsque l’on regarde aujourd’hui ce qu’il en est, on est forcé de constater que là aussi il y a fuite en avant humaine, anti-naturelle, par et dans le capitalisme. Et si l’on pense aux projets de grandes entreprises comme Amazon et SpaceX de développer un réseau satellite dans l’espace, on aura finit de détruire la nuit, le ciel, la lumière naturelle.

Finalement, la lumière artificielle est là surtout pour accompagner une civilisation de la voiture et de l’étalement urbain avec ses kilomètres de routes bitumées, sa mise en avant du capital accumulé, sa valorisation d’une société de consommation en déperdition.

En plus de ne plus voir le ciel étoilé, cette première porte ouverte vers la connaissance de l’univers, voilà que le capitalisme n’éclaire plus rien mais tout, au contraire. La tâche du futur n’est plus d’éclairer, mais d’éteindre tous ces artifices inutiles : il nous faut rallumer les étoiles !