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Ukraine : avalanche de sanctions économiques contre la Russie

Les puissances liées à l’OTAN mènent leur « guerre hybride » sur le plan économique.

Suite à l’invasion de l’Ukraine, la Russie subit une réponse très agressive de la part des principales puissances du capitalisme liées aux États-Unis et à l’OTAN. Via une salve de mesures, c’est la mise en place d’un véritable embargo politique et financier ayant pour but d’isoler et d’affaiblir drastiquement le régime russe.

Si ces mesures ne se situent pas strictement sur le plan militaire, il n’en reste pas moins qu’elles ont une perspective fortement hostile, typique de la guerre moderne. Il s’agit, par tous les moyens, d’affaiblir l’ennemi, de le pousser à la faute, de profiter de la situation et d’appuyer à fond sur les contradictions. Il y a là une tendance terrible qui s’exprime, menant inévitablement à une nouvelle grande guerre inter-impérialiste, une troisième guerre mondiale.

L’Union européenne a fait en sorte de limiter drastiquement l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens et d’interdire les exportations vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, composants électroniques, logiciels, ainsi que des technologies de raffinage pour l’industrie pétrolière. Concrètement, l’État russe et les principales entreprises russes ne peuvent plus lever de dette en se finançant sur les marchés financiers européens.

La déclaration commune des États membres parle de « conséquences massives et sérieuses », avec l’objectif clair et assumé de nuire profondément à la Russie, considérée désormais unilatéralement comme une puissance ennemie. Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont même directement visés, avec le gel de leurs avoirs européens, autrement dit le blocage net de leurs des comptes bancaires et titres financiers dans les banques européennes.

La délivrance de visas aux Russes par les États européens est bien sûr fortement limitée. Dans le giron de l’Union européenne et de ses États membres, il faut noter les mesures, symboliques mais agressives, de suspension de la Russie de l’Eurovision et du déplacement en région parisienne de la finale de Ligue des Champions de football qui était prévue le 28 mai à Saint-Pétersbourg.

Il faut noter également la décision du Conseil de l’Europe, dont la Russie est membre, de suspendre la participation des diplomates et délégués russes aux principales instances de l’organisation. Peu connu, ce Conseil de l’Europe est une institution ayant pour but de promouvoir une idéologie européenne bourgeoise de type libéral-démocrate ; elle institue notamment la Cour européenne des droits de l’homme.

Le Royaume-Uni est particulièrement agressif dans la réponse à l’attaque russe. D’une part car la stratégie du pays est d’être le « meilleur élève » des alliés américains, donc d’agir de manière marquée en se montrant, mais aussi car le Royaume-Uni est directement concerné par l’attaque en Ukraine, notamment de part les visées qu’il avait (ou qu’il a) sur la ville d’Odessa comme base navale.

Il s’agit concrètement d’exclure totalement les banques russes du secteur financier britannique, celles-ci voyant leurs actifs gelés et sont dorénavant interdites de lever de fond. Plus de cent entreprises et conglomérats, dans tous les secteurs, sont également concernés par cet embargo financier. La compagnie aérienne russe Aeroflot (membre du même réseau qu’Air France, l’alliance Skyteam) est également interdite de vol sur le sol britannique. De nombreuses personnalités russes sont interdites de territoire.

Les États-Unis bien sûr sont également très hostiles dans leur réponse, avec des représailles financières qui « dépassent tout ce qui a jamais été fait » selon le président Joe Biden. Ce sont d’abords les banques russes qui sont visées par des sanctions. Sur le plan financer également, plusieurs grandes entreprises russes, dont le géant Gazprom, ont interdictions de se financer sur le marché financier américain ; c’est également le cas pour l’État russe lui-même, privé d’accès. De nombreuses restrictions d’exportation ont aussi été décidées, surtout concernant les produits technologiques destinés aux secteurs de la défense et de l’aéronautique.

De plus, une longue liste d’ »oligarques » russes a été établie, de manière couper les vivres et les possibilités d’achat, à tous un tas de grandes fortunes considérées comme proches de Vladimir Poutine. Ce dernier devant devenir, selon Joe Biden, « un paria sur la scène internationale ».

Dans le giron américain direct, il y a le Canada qui pareillement a dressé une liste de 58 personnes et entités russes, afin de sanctionner directement « l’élite russe ». Entre autres sont nommés les ministres russes de la Défense, des Finances et de la Justice, afin de leur empêcher toutes interactions économiques. Enfin, de manière très radicale, tous les permis d’exportation pour la Russie sont suspendus.

C’est la même chose pour l’Australie, qui vise pour sa part directement plus de 300 membres du Parlement russe qui ont approuvé « l’invasion illégale de l’Ukraine ». Du côté du Japon, en plus du gel des actifs des personnes et organisations russe, de la suspension des visas, il y a également la suspension des exportations de tout un tas de produits tels les semi-conducteurs

En arrière plan de toutes ces mesures, il y a la menace brandie de couper la Russie du réseau interbancaire Swift, le système qui permet à l’immense majorité des banques mondiales d’échanger entre elles. De manière furieusement belliciste, le ministre des Finances français Bruno Le Maire a d’ailleurs fait à ce sujet un parallèle indécent avec l’arme nucléaire.

D’abord, il a expliqué l’enjeu :

« Toutes les options sont sur la table. Il reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains [c’est-à-dire l’exclusion du système Swift], on réfléchit avant de l’utiliser. »

Puis il a expliqué que la France était justement favorable à l’utilisation de cette « arme nucléaire financière »…

Voilà donc le panorama actuel, avec une tendance à la guerre extrêmement marquée. L’Ukraine, prise au piège, servant ici de prétexte, les puissances liées à la superpuissance américaine profitant de l’occasion pour infliger des coups à la puissance russe concurrente et surtout à la couper du monde « occidental ».

Celle-ci, tout autant belliciste, se voit directement poussée dans le giron de la superpuissance chinoise, maintenant sur le plan économique et financier, et bientôt sur le plan strictement militaire. Tout cela dessinant de manière très nette les contours de la grande bataille pour le repartage du monde à venir avec deux grands blocs s’affrontant.

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Guerre : l’économie mondiale en panique

L’invasion de l’Ukraine précipite la crise économique.

La Bourse de New York a ouvert jeudi 24 février à 15h (heure de Paris) en forte baisse, l’indice Dow Jones poursuivant son effondrement dès la première demi-heure (une perte de 630,6 points, soit 1,9%). Idem pour le Standard & Poor’s 500 (-1,97%) et le Nasdaq Composite (-1,91%).

C’est que la crise est totale. L’ordre mondial est chamboulé et la panique est générale. En pénétrant militairement en Ukraine, Vladimir Poutine a fait bien plus que déclencher une guerre : il précipite définitivement le monde dans une grande crise, sur tous les aspects, y compris donc économique.

La lame de fond balaye tout et si on ne regarde que l’économie américaine, la plus grande puissance mondiale, on voit qu’avant même l’ouverture de la bourse, c’était un tremblement de terre jeudi 24 février. Les plus importantes capitalisations telles Apple, Alphabet (Google) et Microsoft était en recule important (respectivement -4,05%, -2,38% et -3,04%).

Mais au-delà de ces chiffres relatifs et circonstanciels, il y a surtout que l’économie mondiale était déjà sur des sables mouvants, tenue à bout de bras par les banques centrales mondiales dopant artificiellement les marchés à coup d’argent magique par milliards. La promesse d’une sortie imminente de crise sanitaire servait de ciment à l’immense mensonge de la croissance revenue, ou revenant, mais la guerre en Ukraine vient clairement doucher les espoirs du capitalisme.

Là où la crise est le plus marqué, c’est en toute logique dans le secteur de l’énergie, qui est déjà en très forte tension depuis le début de la crise sanitaire. Cela fait des mois que les prix sont hauts, voire très hauts, alors que les difficultés d’approvisionnement et de production ne font qu’alimenter encore plus l’inflation des prix. La guerre en Ukraine vient encore plus précipiter les choses et accélérer la crise.

Le baril de pétrole WTI américain a dépassé le seuil symbolique des 100 dollars. Idem pour le baril de Brent de la mer du Nord atteignant les 105 dollars, alors qu’il ne passait pas la barre des 90 dollars la semaine dernière (il était à 66 dollars début décembre 2021 et il descendait sous les 15 dollars au printemps 2020). L’explosion des prix de ces deux valeurs pétrolières directement due à l’annonce de la guerre est de plus de 7 % ; ce n’est probablement qu’un début.

Ce qui affole les marchés et le cours des valeurs énergétique, c’est bien sûr le fait que la Russie est l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole. Il y a la crainte de ruptures, ou en tous cas de difficultés majeures d’approvisionnement. En cas de rupture majeure, les autres grands pays producteurs ne pourraient véritablement compenser. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne le gaz russe, dont le monde entier est dépendant. La Russie est le premier exportateur mondial de gaz naturel.

La France en est totalement dépendante, comme l’a rappelé le groupe TotalEnergies. Le président du groupe a même prévenu : «Si le gaz russe ne vient pas en Europe, on a un vrai sujet de prix du gaz en Europe». De fait, les prix ont déjà explosés, de 40% à 50 % sur la journée. C’est gigantesque et il faut prendre la mesure d’une telle situation. Le monde a véritablement changé, la crise se précipite.

Toutes les chaînes industrielles sont concernées directement, ainsi que le logiquement le transport, qui est lui aussi déjà en crise. La panique est immense également jeudi 24 février sur les marchés concernant les matières premières, tels l’aluminium, le blé ou le colza qui ont battu des records.

De fait, les principales places boursières européennes ont connu un petit « jeudi noir ». La bourse de Paris a clôturé en forte baisse de 3,83% après un pic à -5% en milieu de journée. Même chose à Francfort (3,96%), Milan (-4,10%) et Londres (-3,82%). Les Bourses russes quand à elles se sont effondrées de plus de 30%.

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L’armée française concurrencée par l’armée russe en Méditerranée

La mer Méditerranée est au cœur de la bataille pour le repartage du monde.

Historiquement, la France est très présente en Méditerranée, qu’elle entend contrôler de sa puissance navale. Depuis Toulon jusqu’à Beyrouth, l’armée française a normalement les coudées franches dans ces eaux, patrouillant, manœuvrant et s’exerçant comme elle le souhaite.

C’est de moins en moins le cas notamment en raison de la présence de l’armée russe, qui elle aussi entend accroître son hégémonie dans la région depuis quelques années, comme le constate de manière ultra-détaillée un rapport parlementaire sur les enjeux de défense en Méditerranée de février 2022.

Le document traite de toute la zone, évoquant la Turquie et son « enhardissement », les tensions Algérie/Maroc, la question de la Libye ou encore en parlant d’un réarmement généralisé comme le montre la carte suivante.

Mais c’est la question de la Russie qui est particulièrement intéressante dans ce rapport. Bien que Vladimir Poutine le réfute mot pour mot, sa politique expansionniste de grande puissance consiste en effet en un retour à l’Empire russe. Cela est particulièrement flagrant sur la question brûlante de l’Ukraine et la reconnaissance le 21 février 2022 des deux régions séparatistes, avec tout l’escalade militaire allant avec.

Et c’est également flagrant en ce qui concerne donc la présence dans les eaux méditerranéennes.

Il est constaté à quel point « l’établissement d’une présence navale russe permanente en Méditerranée est redevenu prioritaire », notamment depuis 2013 et la création de la « force opérationnelle permanente de la marine russe en Méditerranée », rattachée à la « flotte de la mer Noire ».

Selon les experts auxquels se réfère le rapport parlementaire, ce groupement peut compter sur « plus d’une quinzaine de bâtiments de combat, dont certains sont équipés du missile de croisière Kalibr ». Il s’appuie sur deux bases principales, acquises de part le soutien militaire russe au régime syrien. Il y en a une dans le port de Tartous dont la gestion opérationnelle a été confiée par la Syrie à la Russie pour une durée de 49 ans en décembre 2017, une autre consistant en la base aérienne près de Lattaquié.

Voici l’inventaire (au conditionnel) des capacités militaires majeurs russes sur ces bases :

  • de façon permanente une dizaine de bâtiments de tonnages faibles mais relativement récents, dont deux sous-marins de type Kilo  ;
  • des systèmes de défense anti-aérienne de type S-400 ;
  • un système de défense côtière Bastion-P dotée de missiles de croisière anti-surface ;
  • une trentaine d’avions (Su-35, SU-34 et Su-24) et hélicoptères (Mi-35 et Mi-8) ;
  • des bombardiers supersoniques TU 22 ainsi que celui MiG-31K, dotés de missiles aérobalistiques et hypersoniques Kinjal.

Le document parlementaire français constate alors :

« Cette implantation russe en Syrie fait donc de la Méditerranée orientale le pôle de rayonnement de la puissance russe en Europe. »

Précisons bien évidemment ici que la France ne constate pas tout cela de manière neutre et pacifique, mais bien dans le cadre de sa concurrence de grande puissance dans la région. Les parlementaires évoquent directement « un défi pour nos forces », en insistant sur l’importance de cette concurrence russe :

« Le dispositif russe est de nature à restreindre fortement la liberté d’action de la France et de ses partenaires dans la zone.

Tout d’abord, les déploiements de nos capacités en Méditerranée orientale sont désormais régulièrement sources d’interactions, d’intensité variable, avec les forces russes, comme l’ont confirmé le capitaine de vaisseau Hervé Siret et le colonel Romain Canepa, représentant le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) de l’état-major des Armées auditionnés par les rapporteurs (…).

Par ailleurs, la mise en place par la Russie de systèmes de défense anti-aérienne participe à la création de bulles de déni d’accès.

Dans cette perspective, la réitération de l’opération Hamilton serait aujourd’hui plus complexe à mettre en œuvre, comme l’a reconnu le général Philippe Moralès.

Ainsi, en cas de crise, « ces dispositifs russes pourraient être mis à profit à des fins offensives et être mobilisés par les armées russes pour restreindre l’accès des forces occidentales au canal de Suez, à la mer Noire et à la Méditerranée orientale », comme le relève une note de la Fondation pour la recherche stratégique. »

Il faut prendre ici toute la mesure de cette dernière citation ; l’actualité est belle et bien la tendance à la guerre, avec une grande bataille à venir pour le repartage du monde, avec la Méditerranée comme un hotspot stratégique. Cela d’autant plus qu’il est question pour la Russie, d’après ce rapport, « d’élargir son influence dans les autres zones de Méditerranée », avec comme points d’appuis et d’alliance la Libye et l’Algérie ainsi que l’Égypte.

On n’a pas ici un « calcul » de la part de la Russie consistant en un « besoin d’accès » géographique, ni à une quelconque situation historique ou des enjeux strictement économiques. Ce qui est en jeu, c’est une concurrence entre grandes puissances qui veulent assurer leur hégémonie dans un contexte mondial de tensions guerrières. Le rapport parlementaire français parle d’ailleurs très bien, dans le titre de la partie consacrée à la Russie, de « compétiteurs stratégiques mondiaux à nos portes » (le pluriel est employé, mais il n’est en fait question que de la Russie, même si bien entendu la question turque se pose parallèlement).

Ce rapport, sous influence de la majorité parlementaire favorable à Emmanuel Macron, prend forcément le point de vue de l’OTAN et de la concurrence hostile à la Russie. Il est regretté notamment le « désengagement » américain en Méditerranée, avec également le constat suivant :

« La Russie pourrait profiter de façon opportuniste d’une crise en Indo-Pacifique qui aboutirait à une concentration des moyens américains et otaniens dans cette zone, pour faire avancer ses intérêts en Méditerranée. »

Mais ce point de vue pro-OTAN du rapport parlementaire, qui dénonce en quelque sorte le déploiement russe en Méditerranée, peut tout autant servir dans le sens inverse. C’est-à-dire que la fraction nationaliste de la bourgeoisie française, représentée par Eric Zemmour et Marine Le Pen (et relativement par Jean-Luc Mélenchon), hostile à l’OTAN, peut faire de ce constat de la force russe en Méditerranée, justement une occasion d’alliance avec la Russie.

Cela d’autant plus que l’armée russe est toujours tout à fait bienveillante vis-à-vis de la France, bien que les deux armées se marchent ici ouvertement dessus. Le rapport parlementaire français précise en effet très bien que les nombreuses « interactions » se déroulent « de façon professionnelle » (en langage militaire cela veut dire de manière amicale), tout en constatant que ce n’est pas le cas en ce qui concerne les interactions russes avec les armées américaines et britanniques.

On est dans une période de basculement, d’alliances, de contre-alliances… Comme juste avant 1914 !

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Écologie

Nouveaux EPR: le communiqué du Réseau Sortir du nucléaire

Emmanuel Macron a annoncé vouloir relancer massivement l’énergie nucléaire en France.

Le communiqué du Réseau sortir du nucléaire :

« 14 nouveaux EPR ? L’irresponsabilité en marche ! Un projet antidémocratique, hors de prix, et un leurre dans la lutte contre le changement climatique

Communiqué du 10 février 2022

Lors d’un show grandiloquent avec une mise en scène gaullienne, Emmanuel Macron vient d’officialiser son intention de construire 6 à 14 nouveaux réacteurs en France dans les décennies à venir, tout en remettant en question les fermetures déjà prévues. Nous appelons à la mobilisation contre cette relance qui, non contente de faire perdurer le risque nucléaire pendant des décennies, constituerait une impasse totale face à l’urgence climatique.

Un fait accompli inacceptable

En une dizaine de minutes, le président-candidat a annoncé un programme pharaonique de relance tous azimuts du nucléaire : 6 à 14 nouveaux réacteurs, prolongation de l’ensemble du parc, projets de petits réacteurs modulaires, reprise des études sur la 4ème génération… En fin de mandat, il réalise ainsi un carton plein pour répondre à tous les désirs de la filière.

En mettant la population devant le fait accompli de ces annonces, Emmanuel Macron fait preuve d’un immense mépris pour la démocratie. Cela fait des années que le gouvernement, dans l’opacité la plus totale, menait ses tractations avec EDF en vue de la construction de ces réacteurs. À aucun moment il n’a été envisagé de soumettre aux citoyen·nes ou à leurs représentant·es ces projets, qui relèvent d’un choix de société et enfermeraient notre pays pour encore près d’un siècle dans une voie dangereuse et aberrante.

Le débat public annoncé, suivi d’une concertation parlementaire pour réviser la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, apparaît comme une procédure légale de pure forme qui n’aurait aucunement vocation à remettre en question le projet du président-candidat.

Les nouveaux réacteurs ne sont pas « incontournables », mais une perte de temps face à l’urgence climatique !

Présenter ce projet pharaonique comme incontournable est aussi révoltant que fallacieux. De manière mensongère, Emmanuel Macron prétend que ces constructions massives et toutes ces prolongations seraient indispensables pour atteindre la neutralité carbone, « oubliant » que les travaux de RTE avaient démontré voici quelques mois que cet objectif pouvait aussi être atteint grâce au 100 % renouvelable et ce sans remettre en question la sécurité d’approvisionnement.

Le bourbier sans fin de l’EPR de Flamanville, ses 11 ans de retard, ses coûts phénoménaux et son avalanche de malfaçons, n’ont donc pas servi de leçon pour que la France décide de reproduire cette sinistre aventure en 14 exemplaires ? Qui peut sérieusement croire que la filière nucléaire, lourdement endettée, récemment marquée par de multiples affaires de malfaçons et de fraudes et par une perte de compétence et une fragilité pointées par l’Autorité de sûreté nucléaire, se remettrait magiquement en ordre de marche pour fournir autant de réacteurs en temps et en heure, sans défauts, retard ni surcoût ?

Comment peut-il tenir un tel discours alors qu’un document interne de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat, dévoilé par le média Contexte.com en octobre, montre précisément que ces nouveaux réacteurs ne pourraient pas sortir de terre dans les délais indiqués, ce qui rend caducs les scénarii reposant sur cette relance ?

Tabler sur ces nouveaux réacteurs, lents à construire, vulnérables aux retards et aléas de toutes sortes, revient tout simplement à mettre en péril nos échéances d’atteinte de la neutralité carbone ! Il s’agirait là d’une perte de temps impardonnable et d’un inacceptable gaspillage d’argent public, au détriment des économies d’énergie et des énergies renouvelables, dont les coûts sont pourtant bien inférieurs à ceux du nouveau nucléaire.

Alors que nous nous acheminons vers un monde plus incertain, marqué par les phénomènes climatiques extrêmes, l’urgence devrait être de tabler sur un système énergétique sobre, renouvelable et résilient. Pas sur la relance d’une technologie complexe, dangereuse, vulnérable aux aléas et productrice de déchets ingérables (à propos desquels, bien opportunément, il ne touche pas un mot par ailleurs) !. Où seraient construits ces 14 nouveaux réacteurs ? Sur des littoraux menacés de submersion ? Sur des cours d’eau dont le débit deviendra trop bas ?

Des fermetures rayées d’un trait

En un clin d’oeil, Emmanuel Macron a ordonné la prolongation de l’ensemble du parc au-delà de 50 ans de fonctionnement, revenant sur les fermetures déjà prévues dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie et prévues par la loi. Là encore, le mépris total et l’aveuglement prévalent. Qui peut croire à la faisabilité d’un tel projet, mené en parallèle des nouvelles constructions et exigeant des travaux lourds et inédits sur tous les réacteurs ? Alors qu’EDF a déjà des difficultés à assurer une maintenance correcte de ses installations, que se multiplient les arrêts imprévus de réacteurs et que la découverte de défauts de corrosion porte déjà la disponibilité du parc à un minimum historique ? Rappelons par ailleurs que les cuves des réacteurs français n’ont pas été conçues pour une utilisation au-delà de 40 ans et que dans le monde, seule une poignée de réacteurs a actuellement dépassé les 50 ans !

Nous refusons d’être condamné·es à la relance du nucléaire !

Emmanuel Macron, président en campagne, n’est malheureusement pas le seul à faire allégeance au lobby de l’atome. Parmi la majorité des candidat·es à l’élection présidentielle, la surenchère règne : c’est à qui construira le plus de réacteurs petits ou gros, à qui reviendra sur des fermetures déjà annoncées voire tentera de ressusciter des sites déjà fermés, quitte à multiplier les promesses bidons. La défense du nucléaire tient lieu de totem masquant le vide souvent abyssal de leurs engagements sur l’environnement et le climat.

Cette surenchère apparaît profondément hors sol, alors que l’immense majorité des Français·es, à des degrés plus ou moins prononcés, s’avoue préoccupée par le risque nucléaire et que 58% seraient prêt.es à voter pour une personne engageant le pays dans la sortie du nucléaire. À quel prix se fera cette relance qui ne bénéficiera qu’aux industriels du secteurs ? En taillant dans quels budgets pour y prélever l’argent public nécessaire ?

Nous appelons à la mobilisation générale contre cette fuite en avant et ce fait accompli. Ruineux, dangereux, perte de temps face à l’urgence climatique, ces projets démentiels doivent être stoppés !« 

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Guerre

Eric Zemmour, c’est le candidat du parti de la guerre!

Eric Zemmour, c’est la guerre, avec une orientation favorable à la Russie !

L’été dernier, en juin 2021, Eric Zemmour le polémiste se désolait de la faiblesse de l’armée française en moquant une « armée d’échantillon ». Il affirmait :

« On a de tout pour tout. On peut faire une guerre à tout le monde… pour une journée, après il n’y a plus rien. Après il n’y a pas assez de munitions, d’hélicoptère, de sous-marins, etc. »

Maintenant qu’il est candidat, la question de l’armée est pour lui primordiale. Car il est le candidat de la haute bourgeoisie voulant faire basculer la France dans un militarisme généralisé pour se lancer dans la bataille pour le repartage du monde.

Il ne s’agirait plus d’accompagner l’ordre dominant ayant la superpuissance américaine comme force hégémonique, mais de vouloir tirer son épingle du jeu dans des combats impériaux pour le redécoupage du monde selon les intérêts des uns et des autres. C’est pour cela qu’Eric Zemmour propose de sortir de l’OTAN et se tourner vers la Russie.

Eric Zemmour explique pour cette raison qu’il mettra le paquet sur les militaires qui doivent voir leur solde augmenter de 20 % dès 2023, avec une amélioration des conditions de logement et d’hébergement, de pensions d’invalidité, etc. Cela s’associe à leur valorisation systématisée, pour ce qu’il appelle « l’immense reconnaissance de la nation » aux soldats, c’est-à-dire en vérité une mobilisation générale du camp de la guerre.

Samedi 19 février, Eric Zemmour tenait ainsi un meeting important au pied du Mont-saint-Michel, qu’il a choisi comme symbole nationaliste, mais aussi militaire, Saint-Michel étant présenté comme « ange supérieur et ange militaire » pour justifier un nationalisme offensif appelant à mener un « combat spirituel » pour défendre « âme », « identité », « indépendance ». Sa perspective est donc la « puissance » de l’armée française pour affirmer le pays dans le monde et contre le monde :

« Toute ma vie, je combattrai cette vision de la France vassale, de la France valet, de la France marionnette »

Concrètement Eric Zemmour entend donc augmenter de près de 30 milliards d’euros le budget de la Défense d’ici à 2030, avec au programme 3,6 milliards d’augmentation par an d’ici là. Le budget devant atteindre le montant de 70 milliards d’euros annuel pour financer :

  • une armée de terre de 100 000 hommes en 2027,
  • 300 avions de chasse en 2040,
  • un 2e porte-avion,
  • 20 frégates et 8 sous-marins nucléaires d’attaque.

Tout cela étant considéré par lui comme n’étant « pas un luxe mais un minimum vital », car il défend l’option d’une France puissante militairement par elle-même,

Dans sa conférence de presse du 17 février concernant le sujet de la « défense nationale », il a évoqué son orientation pro-Russie de la manière suivante :

« Tout en construisant de nouvelles alliances avec les pays qui partagent notre vision du monde et des menaces. »

Au sujet de l’Ukraine, il a visé « l’instrumentalisation américaine de la situation », en expliquant que pour sa part il veut :

« une relation normalisée et apaisée avec la Russie, sans complaisance ni provocation inutile. Pour moi les choses sont claires : l’extension de l’OTAN aux portes de la Russie n’a aucune justification pour la sécurité de l’Europe et j’y suis résolument hostile. Les Russes ne sont ni nos alliés ni nos ennemis »

Eric Zemmour est le candidat du parti de la guerre ! Il a pris la place de Marin Le Pen comme vecteur des exigences de la haute bourgeoisie, de la fraction la plus agressive de la bourgeoisie française ! Il représente l’aspect principal de la tendance à la guerre en France !

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Politique

La France est endettée jusqu’au cou

L’État français dépense massivement et court à la catastrophe.

La France est un pays riche, très riche. Les richesses y sont abondantes et le mode de vie de la plupart des habitants est opulent. N’importe quelle commune, même rurale et isolée, a des maisons très grandes et modernes. Il n’y a qu’à observer une route, n’importe où, pour y voir beaucoup de voitures neuves et chères. Pareil dans les centre-villes où le recours à des domestiques modernes pour se faire livrer ses courses ou un repas préparé, pour se déplacer (en « uber »), est absolument massif.

Mais la réalité est aussi, voire surtout, que la France vit au-dessus de ses moyens et court à la catastrophe. La Cour des comptes a publié mi-février son rapport public annuel et elle y présente cette situation dans les détails en ce qui concerne le budget de l’État qui est en déficit chronique. Les mots sont évidemment alarmants :

« L’ampleur exceptionnelle de la hausse du déficit, passé de 75 milliards d’euros en 2019 (soit 3,1 points de PIB) à 209 milliards d’euros en 2020 (soit 9,1points de PIB), résultait du double effet de la dégradation des recettes due à la récession et du coût massif pour les finances publiques des dispositifs de soutien. »

Cela fait que :

« Près de deux ans après le début de la crise, la France fera partie des pays de la zone euro dont la situation des finances publiques est la plus dégradée. Cette situation appellera la définition d’une trajectoire à moyen terme de redressement des finances publiques exigeante pour assurer un repli de la dette rapportée au PIB. »

En effet, la dette est maintenant équivalente à près de 120 % du PIB (c’est-à-dire la richesse produite annuellement), ce qui est tout bonnement intenable, à moins de croire en l’argent magique, tombant du ciel par enchantement pour renflouer éternellement les caisses de la France…

Au moins 100 milliards d’euros ont été dépensés par l’État dans le cadre de la crise sanitaire et des mesures de soutien au capitalisme, alors que le pays était déjà largement endetté à la base. Il est expliqué en détail par la Cour des comptes à quel point la dette est structurelle, et non pas seulement conjoncturelle (c’est-à-dire liée à la situation particulière). Autrement dit, c’est en profondeur que les choses ne vont pas et il suffit de regarder pratiquement chaque secteur, chaque poste de dépense, pour voir qu’il n’y a aucun équilibre des comptes, que le déficit ne peut que se creuser.

En mettant de côté les dépenses liées à la situation sanitaire, les deux derniers budgets de l’État étaient d’après la Cour des comptes en augmentation de 11 milliards pour 2021 et 8 milliards pour 2022, sans que cela ne soit compensé dans l’autre sens.

De surcroît, ce n’est pas qu’une question purement comptable, il y a également la façon dont sont gérés les budgets, comment ne sont pas (ou mal) prélevées tout un tas de recettes, etc. Et cela est aggravé par la crise. En audience à l’Assemblée nationale pour présenter le rapport public annuel de la Cours des comptes, son président Pierre Moscovici a par exemple souligné :

« Notre rapport revient également sur les dysfonctionnements qui ont émergé au cœur de la crise, comme le manque de ciblage des moyens déployés ou l’insuffisance de précautions pour limiter les effets d’aubaine et la fraude. »

Dans un tel contexte, il suffirait de pas grand-chose pour que l’État français s’écroule sous le poids de sa propre dette. Personne n’y croit, car tout le monde est aveuglé par la consommation à outrance et le capitalisme 24 heures sur 24, mais tous les organismes sérieux tel la Cour des comptes n’ont pourtant de cesse de tirer la sonnette d’alarme à ce sujet.

Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité de l’État français en tant qu’emprunteur sur les marchés financiers. On ne prête pas éternellement à qui à de moins en moins d’argent. Ou, comme le dit dans son rapport la Cour des comptes avec un langage plus technique :

« Une poursuite de la hausse du ratio d’endettement risquerait de fragiliser la confiance des acteurs économiques dans la capacité de la France à honorer ses engagements passés et à venir »

Alors, de deux choses l’une. Soit la France continue dans son aveuglement à dépenser l’argent qu’elle n’a pas, et elle va s’effondrer. Brutalement. Soit la Droite, dans sa forme dure et ultra-libérale à la Eric Zemmour, va finir par prendre les choses en main pour restructurer et cogner dur, pour éviter la faillite. Autrement dit, les budgets vont être coupés de toutes parts, pour enrayer l’hémorragie, ce qui fera très mal. C’est bien sûr l’option que défend au fond la Cour des comptes, en tant qu’organisme défenseur des institutions en place et du fonctionnement capitaliste de l’économie. Elle dit :

« Le nécessaire redressement des finances publiques passera inéluctablement par des efforts sans précédent de maîtrise de nos dépenses »

Alors il faudrait opposer à cela la Gauche, la vraie, pour prendre les choses en main avec une orientation démocratique et populaire. Pour prendre l’argent là où il est, chez les riches et les très riches, mais aussi, voire surtout, pour changer de fond en comble la société, et donc non seulement mettre au pas les riches et les très riches, mais la bourgeoisie en général, ce qui est bien différent.

Car si la France est massivement endettée, ce n’est certainement pas dans l’intérêt quotidien et immédiat de la population ; c’est uniquement pour servir et développer un train de vie général favorable à la société de consommation et au capitalisme 24 heures sur 24. Alors il faut tout revoir, tout remettre en cause.

Pour l’instant, ce programme de Gauche véritable n’intéresse personne et d’ailleurs aucun candidat ne le porte. Tous ne parlent que d’augmenter le « pouvoir d’achat ». Les instituts de sondages expliquent que la préoccupation principale des électeurs est justement ce « pouvoir d’achat » (pour 54 % d’entre eux dit un sondage Odoxa mi-février). Les Français tiennent absolument à maintenir leur mode de vie riche et abondant, à continuer à consommer sans entraves.

Alors la désillusion sera de plus en plus grande quand la machine va s’enrayer. Et probablement très bientôt, car la situation est explosive. Dans ce contexte, ce n’est pas la Gauche qui en profitera, avec une colère sociale voulant renverser le capitalisme faible et endetté. Au contraire, c’est l’aigreur et la rancœur de Français attachés à un capitalisme en expansion qui va prédominer. De cela, c’est d’abord le populisme, le nationalisme, l’extrême-droite, qui en récolte les fruits.

C’est là, malheureusement, la dure actualité à laquelle il faut se préparer pour la décennie à venir. Aucun redressement de la Gauche ne sera possible sans prendre en compte cette réalité.

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Écologie

Emmanuel Macron et « le temps de la renaissance nucléaire »

Le nucléaire ne souffre plus d’aucune contestation ou presque en France.

Le nucléaire est la technologie des enfants pourris gâtés du capitalisme. Et ces enfants du capitalisme n’en ont strictement rien à faire de leur propre descendance, à qui ils comptent bien léguer toujours plus de déchets radioactifs pour des centaines et des centaines d’années.

Le processus de fission atomique pour produire de l’énergie est monstrueux. C’est en quelque sorte la pollution ultime puisqu’il s’agit de casser la matière elle-même, au niveau atomique, pour en dégager l’extraordinaire puissance énergétique accumulée pendant des milliards d’années grâce à notre astre le soleil.

Le prix à payer pour casser la matière, c’est la production de déchets radioactifs extrêmement nocifs, ainsi que l’immense risque de catastrophe pour les populations, les animaux et la nature en cas d’accident. On le sait, car l’humanité a déjà connu Tchernobyl, mais cela n’a pas suffi… Puis il y a eu Fukushima, où la catastrophe a été relativement maîtrisée (toute proportion gardée), mais dont le potentiel destructif était gigantesque, et a été évité de peu.

Le choc de Fukushima a été immense dans le monde et cela fait par exemple qu’en Allemagne, il a été décidé d’en finir avec ces bombes à retardement que sont les centrales nucléaires (cela sera fait d’ici la fin de l’année 2022). La différence d’avec la France, c’est que les Allemands ont une mentalité bien plus pragmatique, ils s’imaginent pouvoir facilement relever n’importe quel défi industriel, technologique ; se passer du nucléaire est envisageable, quitte à produire en attendant plus de CO2.

Tel n’est pas le raisonnement des Français et leur mentalité étriquée d’ingénieurs s’imaginant tout pouvoir régler administrativement, par en haut, par magie. Le nucléaire est ici typiquement une réponse administrative-magique à la française, pour continuer coûte que coûte le train-train du capitalisme, en contournant la question du réchauffement climatique.

Il faut éviter les émissions de CO2 ? Pas de problème, mais ne changeons surtout pas nos habitudes, grâce au nucléaire, pensent les Français.

Et donc, c’est ce qu’a annoncé le président Emmanuel Macron, comme perspective à son nouveau mandat qu’il devrait bientôt briguer. Avec un « plan » exposé à Belfort jeudi 10 février 2022, il a parlé de pas moins de six nouveaux réacteur EPR, ainsi que huit autres à l’étude d’ici à 2050.

C’est gigantesque, avec l’ambition de tout électrifier en France, à commencer par le parc automobile. Hors de question de changer le mode de vie ultra-consommateur des Français et leur « idéal » banlieue pavillonnaire/automobile systématique.

« Il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France (…).

À ceux qui affirment que nous n’aurions pas besoin de nucléaire, je veux exposer la situation en toute transparence.

Nous avons, en France, la chance, grâce à la vision du Général DE GAULLE, prolongée par le président POMPIDOU, grâce à l’excellence de ce bien commun qui est notre entreprise nationale EDF, à Marcel BOITEUX et à tous ceux qui lui ont ensuite succédé, grâce aussi à l’ensemble des agents, de celles et ceux qui ont construit, bâtit ce savoir-faire et l’ont développé, grâce aussi à toutes les filières qui, partout sur le territoire ont pu accompagner cet effort historique, dans toutes les entreprises de notre pays, de pouvoir compter sur une industrie nucléaire forte, riche de savoir-faire et de centaines de milliers d’emplois.

Cette chance, nous devons la saisir (…).

Oui, se noue ici [à Belfort] quelque chose de la France que nous voulons pour 2030, une France qui, sur le terreau de son passé, sur ces terres qui ont porté notre histoire industrielle, sur la force et la base de ces savoir-faire que savons su construire et transmettre, une France qui renoue avec sa grande histoire industrielle, regarde l’avenir et montre le chemin.

Oui, le temps de la renaissance nucléaire est là, le temps de la renaissance industrielle aussi, reposant sur la recherche technologique, reposant sur la fabrication, reposant sur à la fois le numérique et les métiers les plus industriels.

C’est la réconciliation de ce qu’on a trop longtemps opposé. Une France qui, par les savoir-faire de ses ingénieurs, de ses ouvriers, de ses travailleurs, invente pour le monde une industrie de progrès et de solutions aux défis des temps. »

En 2017, Emmanuel Macron ne tenait pourtant pas du tout ce discours. Lors de la campagne électorale, Emmanuel Macron prévoyait une diminution progressive de la part du nucléaire dans la production d’électricité, et évoquait la question du coût réel de cette technologie (utra-subventionnée en France) en donnant raison aux « écologistes » ayant mis le sujet sur la table.

Mais c’était il y a 5 ans, et les Français n’étaient pas les mêmes, ils étaient encore capables de questionnement, de raisonnement, grâce à des succès du mouvement anti-nucléaire si durement conquis… Qu’on pense à la terrible traversée du désert des années 1980-1990-2000, où le nucléaire était littéralement tabou.

Le changement majeur, depuis les avancées, c’est que la crise est passée par là et ce qui compte maintenant c’est uniquement de renforcer le capitalisme national. Même pas de le maintenir, mais bien de le renforcer, pour avancer en marche forcée. Dans le contexte actuel de crise énergétique, d’inflation et de tensions guerrières mondiales conditionnant les approvisionnements en matières premières, la France du capitalisme se tourne donc à nouveau unilatéralement vers le nucléaire, dans une logique autarcique et colonial en même temps.

C’est une preuve que l’époque a clairement changé, que le capitalisme est ouvertement en mode rouleau compresseur et rien ne doit plus s’opposer à sa tentative de trouver une nouvelle expansion. La question du nucléaire n’y échappe pas en France et les propos d’Emmanuel Macron sont on ne peut plus clair à ce sujet : la France se veut « de retour ».

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Politique

La prétention sociale des discours d’Eric Zemmour et Marine Le Pen

Les meetings d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen ont insisté sur la question sociale.

Éric Zemmour a réuni près de 8 000 partisans samedi 5 février 2022 à Lille, pour un meeting centré autour du thème du « pouvoir d’achat ». De son côté, Marine Le Pen a rassemblé près de 4 000 personnes à Reims pour le lancement de la dernière ligne droite de sa campagne présidentielle, où elle s’est présentée comme étant proche du peuple et de ses préoccupations.

Les deux candidats nationalistes représentent des intérêts qui ne sont pas les mêmes, leur ligne politique est différente. Le premier, Eric Zemmour, assume une ligne de droite dure, ouvertement bourgeoise et tournée vers l’affirmation d’une certaine tradition bourgeoise hostile à la classe ouvrière. La seconde, Marine Le Pen, a développé depuis 2012 un discours nationaliste destiné aux classes populaires et à la petite-bourgeoisie (celle-ci étant extrêmement nombreuse en France), en leur expliquant que le problème serait surtout (voire uniquement) la mondialisation, le « mondialisme », et qu’il faut se rallier au nationalisme.

Autant l’un que l’autre, pour être élu ou en tous cas exister politiquement, doivent porter un discours à destination des classes populaires et aborder les questions sociales. Pour Marine Le Pen cela n’a rien de nouveau et ce qu’elle a dit pour lancer sa campagne est dans la continuité des dix dernières années. Eric Zemmour a par contre besoin d’appuyer sur cette question, pour élargir sa base électorale, son influence dans la société française.

Son principal argument est celui de la lutte contre l’immigration, comme s’il s’agissait là d’un remède magique pour dégager partout de nouveaux budgets. C’est un populisme racoleur, faisant fi de la réalité : l’immigration n’existe pas en dépit du capitalisme et de la bonne marche de la France capitaliste, mais précisément à son service. Si les dépenses de l’État à destination des personnes dans différentes situations d’immigration sont grandes et multiples et bien souvent illégitimes en tant que tel, les personnes immigrées (clandestines ou non) sont largement intégrées à l’économie française et sa marche. Ce sont surtout les chefs d’entreprises qui veulent de l’immigration, mais cela, Eric Zemmour n’en parle jamais.

Ce qui l’intéresse par contre, c’est que les ouvriers ne s’en prennent surtout pas à leur patron, et encore moins à la bourgeoisie en général. Ses propos ont été très clairs à ce sujet, dans la plus pure tradition nationaliste du 20e siècle :

« Face à la folle lutte des classes et l’injuste loi de la jungle, je serai le Président de la réconciliation des classes, le Président qui réunira l’entrepreneur et le travailleur »

Dans le Nord, terre historique du Socialisme en France, il a prétendu s’adresser aux ouvriers en faisant du Donald Trump :

« Ici plus qu’ailleurs, l’assistanat est une insulte. Je sais combien ici dans les classes populaires aux classes moyennes, on déteste l’assistanat. »

C’est vrai, mais tout à fait secondaire. Le problème des ouvriers est d’abord le mode de vie de la bourgeoisie qui détourne les richesses à son profit et dessine le monde à son image. Mais Eric Zemmour ne veut surtout pas s’en prendre à la bourgeoisie et aux entrepreneurs capitalistes.

Sa principale mesure annoncé lors du meeting, sur la question du « pouvoir d’achat » donc, consiste précisément en un cadeau à leur égard en abandonnant les cotisations sociales (servant à la protection sociale) pour des primes allant de 3000 euros à 5000 euros, ce qui est gigantesque. Il a parlé d’une « une prime 0 charge pour 0 URSSAF » en expliquant :

« À vous chefs d’entreprise, voilà comment vous augmenterez les salaires. À vous salariés, voilà comment votre pouvoir d’achat augmentera. »

C’est une mesure de droite dure, classiquement ultra-libérale et anti-sociale, malgré sa prétention sociale. Tel n’est pas le cas de Marine Le Pen, pour qui le nationalisme passe au-dessus de la considération bourgeoise traditionnelle de droite, ou comme l’a dit en introduction du meeting Jordan Bardella le président du Rassemblement national, en visant Eric Zemmour :

« Notre projet à nous n’est pas de sauver la Droite mais de sauver la France.»

C’est pourquoi Marine Le Pen a déroulé tout un tas de propositions à caractère social, la plupart inacceptables pour la Droite :

– revalorisation significative du salaire des enseignants ;
– réindexation des retraites sur l’inflation ;
– prime pour l’emploi spécifique pour les étudiants ;
– augmentation de 200 euros de salaires pour les jeunes en en alternance et en apprentissage ;
– augmentation de 1000 euros l’allocation enfant handicapé ;
– augmentation des salaires de 200 euros « à tous les ménages français ».

Marine Le Pen n’est pas pour autant de gauche évidemment, et assume aussi des mesures libérales :

– baisse de la TVA à 5% sur le fioul, le gaz, le carburant ;
– suppression des frais de successions sur les maisons de famille ;
– suppression de l’impôt sur le revenu pour tous les moins de 30 ans ;
– allègements « significatifs » de charges pour les très petites, petites et moyennes entreprises.

L’aspect principal de son discours et de ses propositions restent bien sûr le nationalisme (qu’elle nomme localisme et patriotisme), avec pour cela un romantisme pseudo-historique visant à mobiliser les classes populaires derrière le drapeau national.

Profitant d’être à Reims, où Clovis a été baptisé et où les rois de France ont été sacrés, elle a raconté :

« Mes chers compatriotes, la France doit se souvenir des promesses de son baptême. Ce serment sacré, ce pacte millénaire, voilà le rêve français qui doit nous animer. Faites confiance à cet idéal, à vos idéaux. Ensemble nous allons rendre aux Français la France qu’ils aiment. »

Peu importe que cela ait du sens ou non, car la France n’existait pas ni n’était en germe à l’époque de Clovis, car là n’est pas la question pour Marine Le Pen. Ce qui compte n’est pas la réalité, mais de prétendre à résoudre les questions sociales par le nationalisme.

Nous voilà donc revenus avec Eric Zemmour et Marine Le Pen aux nationalismes des années 1930, qui ont trusté la vie politique européenne à l’époque, en concurrence avec le Socialisme (social-démocrate ou communiste).

La caractéristique fondamentale du nationalisme au 20e siècle a été l’assimilation de la question sociale à la question nationale. C’est, au sens strict, la définition du fascisme pour qui le national, c’est le social, et inversement. On pensera au « national-socialisme » d’Hitler, mais cela est vrai pour toutes les variantes du fascisme, qui très souvent puisent leur origine à gauche, ou plus précisément dans les déviations de la Gauche.

Cela s’oppose bien sûr à l’internationalisme prolétarien qui définit le Socialisme. La Gauche historique dit que la nation n’est qu’un cadre dans lequel s’exprime la question sociale, car l’aspect principal des rapports sociaux est la lutte des classes, principalement entre la bourgeoisie et la classe ouvrière.

Au 21e siècle, rien n’a changé. La Gauche authentique, ou ce qu’il en reste, dit que le capitalisme en tant que mode production est dépassé, que la bourgeoisie mène le monde à sa perte, que cela soit socialement, mais aussi en ce qui concerne la civilisation elle-même, avec comme aspects principaux les questions de la culture et de l’écologie, et en toile de fond la question de la guerre.

De fait, le nationalisme mène à la guerre. C’est une lutte des classes, non pas entre pays, mais entre bourgeoisies de différents pays qui sont en concurrence et luttent pour leur hégémonie ou leur survie, et qui font payer cela aux peuples ; partout et toujours, ce sont les peuples qui sont les victimes de ces guerres, et c’est pourquoi ils ne doivent jamais tomber dans le piège du nationalisme.

Les prétentions sociales des nationalistes Eric Zemmour et Marine Le Pen sont un piège tendu aux classes populaires. Seule une Gauche forte et assumant ses fondamentaux historiques permettra de s’y confronter… Et cela implique la politique.

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Culture

Le magnifique vélodrome urbain de Kiev

Un monument d’architecture urbaine et de culture populaire.

Le vélodrome de Kiev a été construit en 1913, au cœur de la ville. Il se situe ainsi à quelques centaines de mètres de la Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, l’un des monuments les plus connus d’Ukraine, juste derrière la rue Bogdan Khmelnitski, du nom d’une figure nationale ukrainienne.

Le cyclisme, venu de France, était alors extrêmement tendance dans l’empire russe. On trouvait à l’époque sur le site un service de location et de réparation de bicyclettes, ainsi qu’au centre de la piste un théâtre d’été nommé Polar Star, avec un orchestre et une cabine de cinéma quelques années plus tard.

Après la Révolution de 1917 et l’avènement de la nation ukrainienne, l’installation sportive a bien entendu été maintenue et utilisée. Juste avant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, un grand projet de rénovation était en cours avec l’idée d’un rattachement du bâtiment de la Maison de la Culture Physique à la piste.

La ville de Kiev fut très touchée par la guerre et la piste sérieusement endommagée. Mais les autorités soviétiques de la ville décidèrent rapidement de la restauration de l’installation, avec notamment un revêtement en béton moderne dès 1949. Différents bâtiments et installations furent construits dans les années suivantes, contribuant à moderniser au fur et à mesure l’édifice qui était très populaire.

Une nouvelle grande étape de rénovation-amélioration eu lieu plus tard en vue des Jeux olympiques de 1980 à Moscou. Le vélodrome avait alors le statut de piste de réserve pour les Jeux olympiques et son revêtement a été entièrement démantelé pour être remplacé par du bois, du mélèze de Sibérie, permettant une vitesse maximale autorisée de 85 km/h. La capacité de l’enceinte fut portée à 5000 places.

À partir des années 1990, le vélodrome de Kiev est progressivement tombé en décrépitude, à l’image de l’Ukraine elle-même, gangrenée par la pauvreté et la corruption. Le revêtement en bois laissé à l’air libre fût sérieusement endommagé, puis remplacé en 1996 par du béton. Le classement du vélodrome comme monument d’histoire et d’architecture en 1998 ne changea rien à la décadence du site et les dernières compétitions se tinrent en 2004.

Le 27 août 2007, par le décret 983/0/16, le ministère de la Culture de l’Ukraine se couvrit d’une honte immense en privant le vélodrome de son statut de monument historique, pour le soumettre à l’appétit féroce des promoteurs immobiliers. Ce qui devait arriver arriva et le 20 mars 2009, une partie de la piste fut démolie dans le cadre de la construction d’un immeuble de luxe.

Cela ne se fit toutefois pas sans heurt et une formidable mobilisation démocratique et populaire s’est mise en place dans la ville pour défendre l’édifice, et surtout le réhabiliter. Portée à la base par une communauté de cycliste liée à des architectes, la mobilisation a été victorieuse.

La rénovation a commencé en 2016, avec au cœur du projet une piste extérieure en béton de qualité conforme à des compétitions de niveau professionnel. Le Vélodrome fut à nouveau inauguré le 20 mai 2017, en présence du maire de Kiev  lui-même.

En juin 2015, un « velokino » (cinéma-vélo) par des cyclistes activistes : l’alimentation électrique était généré en direct en pédalant !

Aujourd’hui, la piste accueille des cyclistes de niveau mondial, régional ou local pour des compétitions, mais est également ouverte à tous, en accès libre. De nombreux événements culturels y ont lieu, comme par exemple des projections de films gratuits en plein air ou des apprentissages au cyclisme pour les enfants.

C’est devenu, en plein cœurs de la ville de Kiev, un bastion populaire, fruit d’un combat démocratique pour la culture, le sport, l’architecture, l’histoire. C’est évidement un modèle à suivre.

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Politique

Animaux, écologie : Fabien Roussel ne veut pas changer le monde

Le candidat PCF préfère la viande et les voitures à la révolution.

Fabien Roussel est candidat à l’élection présidentielle pour le PCF. Il a choisi comme ligne politique un positionnement social-populiste visant à flatter les gens que l’on doit qualifier de beaufs. Ces gens sont nombreux en France, alors le créneau est porteur ; Fabien Roussel a relativement beaucoup de reconnaissance médiatique pour cette raison.

On avait déjà eu un aperçu en octobre 2021 quand il avait moqué Yannick Jadot voulant « libérer les poulets » (ce qui est faux au passage), alors que lui par contre pense « aux salaires et aux retraites ». C’était là une réflexion typiquement réactionnaire, s’imaginant cartésienne et populaire, en fait surtout de droite, digne d’un Jacques Chirac au salon de l’agriculture.

En voici un nouvel exemple récent. Fabien Roussel s’imagine avoir une démarche tournée vers le peuple et opposé à la bourgeoisie en expliquant :

« Il y a la gauche caviar. Une bien-pensance qui voudrait interdire la viande et les voitures. Je suis d’une gauche populaire qui préfère donner les moyens aux Français d’avoir un véhicule propre plutôt que de les assigner à résidence. »

C’est proprement lamentable, et là encore bien plus de droite que de gauche. Déjà, car c’est faux : la « gauche » caviar justement n’est pas opposée à la viande ni au caviar, et encore moins à l’automobile. Mais surtout, car c’est regrettable !

Justement oui, il faut changer le monde, et en finir avec la viande et les voitures. La viande et les voitures sont, avec les guerres, ce que le capitalisme a engendré de pire au 20e siècle. C’est l’expression de la société de consommation dans le sens d’un étalement ininterrompu de marchandises et de marchandisation. Tout y passe, la vie quotidienne du peuple bien sûr, façonnée par le 24h/24 du capitalisme, mais aussi, voire surtout, les animaux et la nature.

Les animaux sont massacrés en masse dans les usines-abattoirs, dans les laboratoires de vivisection, sur les routes, etc. Et la nature est souillée par le mode de vie propre au capitalisme, très consommateur d’espace en raison précisément de l’automobile et de son hégémonie. Concrètement, cela fait que les zones humides disparaissent à vitesse grand V en France, et c’est le grand drame écologique de notre époque avec le réchauffement climatique. On ne peut pas s’imaginer de gauche si on ne voit pas cela.

L’existence de l’industrie de la viande est une atteinte à la dignité humaine, un tel massacre de masse des animaux et de la nature (car cette industrie est ultra-consomatrice de ressources et d’espaces en plus d’être barbare) est absolument révoltante pour qui a foi dans l’humanité et ce dont elle est capable de meilleur. De même que le règne sans partage de l’automobile dans les villes et les campagnes est pareillement une horreur, une décadence de la civilisation dont l’expression la plus brutale est l’existence des zones périphériques hideuses et mornes qu’il va vite falloir démanteler.

Comment ne pas être révolté contre ce monde de viande et de voiture ? A moins d’être de droite et de rejeter le changement, le progrès, la révolution… Quand il affirme comme slogan étendard « je défends le bifteck des Français ! », quand il assène que « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, c’est la gastronomie française », Fabien Roussel est non seulement totalement en dehors de son époque, mais surtout il ne vaut pas mieux que la Droite.

On peut très bien dire qu’il ne faut pas brusquer les gens et leur vie quotidienne, qu’ils ne doivent pas trop faire d’effort pour préserver ou garantir leur « confort », que les choses changeront petit à petit, on peut très bien penser que les prévisions du GIEC sur le réchauffement climatique ne sont pas si alarmantes et que des voitures Crit’air 1 et 2 suffiront à sauver les meubles (Fabien Roussel propose 10 000 euros à chaque foyer pour s’acheter une nouvelle voiture Crit’air 1 ou 2), que les animaux sont secondaires par rapport au « bifteck » des Français et qu’il ne faut surtout pas remettre en cause la viande, etc., etc., etc.

Mais alors pourquoi se revendiquer de gauche, et de surcroît du communisme ? Si le but est de défendre le monde tel qu’il est, que rien ne change, alors autant voter à droite, c’est plus efficace. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des ouvriers qui votent, malheureusement. Et ce, depuis quoi, plusieurs décennies déjà ! Et c’est cela qu’il faut changer, l’époque étant plus que mûre !

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Politique

« Primaire populaire » : la Gauche Hara-kiri par Christiane Taubira

Christiane Taubira fait un hold-up sur la Gauche.

La candidate à la présidentielle Christiane Taubira avait avec la « primaire populaire » une machine bien huilée pour faire un coup politique. Ce qui devait arriver arriva : dimanche 30 janvier 2022, elle a été désignée vainqueur au bénéfice d’une mention « bien + » à l’issue d’un pseudo-scrutin en ligne.

Logiquement, dans la foulée de sa « victoire » elle s’est empressée d’apparaître comme celle qui doit rassembler. Sûre de son fait, elle a immédiatement expliqué qu’elle comptait appeler individuellement tous les candidats considérés de « gauche » ou de « l’écologie » pour les forcer à se ranger derrière elle.

« Notre sort appelle aujourd’hui l’union et le rassemblement. Je leur dirai que je sais leur réticence, mais aussi leur intelligence. »

Voilà un véritable hold-up sur la Gauche et l’écologie, au moyen d’un immonde coup de force antidémocratique. La « primaire populaire » qui l’a désigné n’a rien d’une primaire, et surtout était taillée sur mesure pour elle, avec son contenu aussi vague que sa forme et son approche générale sont libérales.

L’opération a consisté en un contournement de la Gauche, des partis, des idées, au moyen d’un petit supermarché en ligne de la politique. Les « électeurs » étaient appelés non pas à désigner un programme politique, une orientation idéologique et culturelle, mais à donner des avis sur des candidats ou plutôt pseudo-candidats.

Le scandale réside bien évidemment dans le fait que les « candidats » en question n’avaient pas leur mot à dire. Et pour cause, la plupart ne reconnaissent pas cette « primaire populaire » et avaient demandé à être retiré du vote. Il n’y a donc pas eu de campagne, de débats, de convictions défendues et de points de vue échangés. Simplement, des milliers de petits-bourgeois ont été invités à donner leurs avis de consommateurs sur les « candidats » avec des notations allant de « très bien » à « insuffisant », en passant par « bien », « assez bien » et « passable ».

Voilà le résultat final annoncé (la médiane servant à déterminer la note de chacun et donc le classement) :

On n’est évidemment pas là dans la démocratie et encore moins dans l’unification de la Gauche, mais dans une sorte de TripAdvisor de la politique où les consommateurs mettent des étoiles suivant leurs goûts. C’est lamentable, mais tellement typique de ces gens, tant de Christiane Taubira que des organisateurs de cette « primaire populaire », qui sont tous de véritables petits soldats du turbocapitalisme.

En l’occurrence, on a comme co-fondateur Samuel Grzybowski qui est un entrepreneur du capitalisme « éthique » avec une entreprise (Convivencia) dont l’objet est d’aider les autres entreprises à donner une bonne image de leur business (sur les questions religieuses). Ce garçon n’est par ailleurs pas issu de la Gauche, mais de la riche bourgeoisie catholique parisienne, dont il fait toujours partie. L’autre co-fondatrice est Mathilde Imer, là encore une bourgeoise parisienne bien dans son monde, qui a comme principale fait d’arme d’avoir été à l’origine et à l’organisation de la « convention citoyenne sur le climat » utilisée par Emmanuel Macron. Difficile de faire moins crédible en termes de démocratie et d’écologie.

Preuve d’ailleurs du caractère bourgeois et anti-gauche de ces gens : les candidats à l’élection présidentielle qui se revendiquent du communisme et des travailleurs ne figuraient même pas dans la liste des candidats, alors qu’il était censé être question de l’union de toute la « gauche ». Pas de Fabien Roussel du PCF ou de Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, donc ; quelle drôle de conception de l’union de la Gauche !

Il faut préciser également que sur la forme, le pseudo-vote à cette « primaire populaire » n’a aucune valeur démocratique, et tomberait même sous le coup de la loi dans un pays vraiment sérieux quant à ce genre de pratique.

En effet, on parle là d’une opération qui a été relayé massivement dans les médias, qui est présentée comme un vote significatif politiquement en vue de l’élection présidentielle, alors qu’il n’y a en pratique aucun contrôle. Personne ne sait comment sont comptabilisées les notations en ligne. Les organisateurs de cette « primaire populaire » peuvent bien donner les résultats qu’ils veulent, personne ne pourra vraiment vérifier.

466 895 inscrits ont été annoncés, pour finalement un vote de la part de 392 738 « électeurs », soit 84,1% d’entre eux. On se demande bien pourquoi 15 % de gens se seraient inscrits pour en fait ne pas voter… Il n’y a en fait aucun contrôle de ces « électeurs » et il était tout à fait possible (et très facile) de s’inscrire à plusieurs reprises. Une emprunte de carte bancaire (l’inscription était gratuite) et un numéro de téléphone, même virtuel, suffisait à distribuer des notes aux « candidats ».

Voici une vidéo dénonçant cela.

C’est un véritable scandale. Cela en dit d’ailleurs très long sur l’état de déliquescence de la société française de voir qu’un tel simulacre de démocratie passe comme une lettre à la poste et est massivement relayée et même soutenue par les médias, sans aucune critique.

A titre de comparaison, pour voter à la Primaire citoyenne de 2017 organisée pour désigner le candidat du Parti socialiste et de ses alliés, il fallait être de nationalité française et inscrit sur les listes électorales, puis se présenter physiquement avec une pièce d’identité le jour du vote. Cela n’a pas empêché les suspicions de fraude, mais c’est en tous cas bien plus sérieux.

On remarquera que cette primaire de 2017 avait pour sa part réunie deux millions de votants (réputés véritables et uniques donc), alors que cela ne concernait que le PS et non pas « toute la gauche » ! Cela relativise de beaucoup le succès de la « primaire populaire » de 2022 avec ses (soit-disant) 400 000 votants.

On remarquera également la 5e place d’Anne Hidalgo, la candidate du PS en 2022, qui subit ici un véritable revers. D’abord, car elle correspond normalement tout à fait à ce milieu petit-bourgeois et libéral de la « primaire populaire » et des gens gravitant autour, mais surtout car le PS avait appelé à y participer malgré tout !

Par exemple, la fédération PS de Paris (liée à Anne Hidalgo) disait à ses militants dans un courrier interne : « Si tu es inscrit à la Primaire populaire, nous t’invitons à y participer». Mais surtout, le premier secrétaire du PS Olivier Faure s’était lui-même exprimé de manière favorable à la « primaire populaire » au bureau national du parti et appelait à y participer de manière opportuniste.

À moins que les résultats de la « primaire populaires » soient totalement trafiqués (ce qui est, on le rappelle, fort possible), le Parti socialiste s’est donc pris ici une véritable claque en étant incapable de mobiliser ses militants et soutiens en faveurs d’Anne Hidalgo (ce qui était d’autant plus facile qu’il était possible de voter à de nombreuses reprises, le genre de manœuvre devant laquelle les militants du PS n’auraient pas rechigné à l’époque où celui-ci était fort, dans la plus pure tradition des bourrages des urnes des élections universitaires).

Rien que pour avoir écarté de fait la candidate du PS Anne Hidalgo, la « primaire populaire » et Christiane Taubira ont donc réussi un hold-up historique sur la Gauche. Après le revers électoral de Benoit Hamon il y a cinq ans, c’est une nouvelle étape dans l’effondrement du Parti socialiste, pourtant central à Gauche depuis 50 ans.

Cela ouvre évidemment de nouvelles portes et une nouvelle perspective pour le reste de la Gauche. Une recomposition se produira inévitablement, avec le retour à la Gauche historique comme proposition incontournable et évidente. Mais il faudra pour cela partir de très loin, avec très peu de gens, en recommençant pratiquement tout à zéro, comme si on en revenait à 1905 et la fondation de la SFIO…

Et cela alors que jamais les défis historiques n’ont aussi nombreux et exigeants. Il faudra être à la hauteur!

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Écologie

L’insoutenable capture des macaques à longue queue en Indonésie

L’Indonésie doit faire cesser les captures de singes sauvages.

Les industriels sont en général des barbares. Contre la nature, contre les gens, mais aussi contre les animaux. C’est le cas pour tout un tas d’industries « testant » la toxicité de leurs produits sur des animaux. Ceux-ci sont souvent des singes, c’est le cas notamment en France où sont torturés des macaques à longue queue en provenance d’Indonésie.

Il y a toute une industrie de l’élevage d’animaux destinés aux laboratoires, mais il y a également des captures dans la nature, pour différentes raisons. Ces captures sont absolument cruelles, en voici la preuve avec cette vidéo diffusée par One voice.

Ces images sont évidement insoutenables…

One voice appelle à la diffusion de ces images, ainsi qu’à une campagne destinée à l’ambassade d’Indonésie en France. Il s’agit de reproduire la lettre ci-dessous et de l’envoyée signée et datée :

Ambassade d’Indonésie en France
47-49 rue Cortambert
75116 Paris, France

A…, le….

Votre Excellence,

L’Indonésie est un merveilleux pays, doté d’une culture riche, ancestrale et d’un territoire magnifique, que les habitants du monde entier envient au point d’en faire l’une des plus grandes destinations touristiques. Elle est également dotée d’une biodiversité unique. Or les macaques à longue queue sont devenus une ressource pour les laboratoires partout dans le monde, pour leur plus grand malheur. En effet, ces singes pourraient tout simplement disparaître…

L’appel de One Voice et de son partenaire britannique fait suite à la diffusion de séquences vidéo insoutenables d’Action for Primates, dévoilant la cruauté et la violence infligées à ces animaux lors de leur capture, notamment des coups et des coups de couteau. Un tel traitement brutal et barbare est une violation des directives internationales sur le bien-être animal.

En 2021, votre gouvernement a autorisé la reprise de la capture et de l’exportation de macaques sauvages à longue queue (Macaca fascicularis) – en dépit des inquiétudes mondiales généralisées quant à la barbarie inhérente à cette pratique et de la prise de conscience croissante de la vulnérabilité de cette espèce au plan conservatoire. Des centaines de singes sauvages ont alors été capturés, arrachés à leur milieu naturel, leur famille et leurs groupes sociaux.

Lors de leur capture, les nourrissons sont séparés de leurs mères, causant de la détresse aux unes et aux autres. L’épisode le plus brutal est le meurtre d’un singe mâle. Massacré à coups de bâton, l’animal hébété et blessé a été traîné par la queue, maintenu sur place et égorgé à coups de machette. Les survivants sont enfermés dans des sacs ou des caisses en bois.

La raison généralement invoquée pour trapper des singes à l’état sauvage est qu’ils entrent en conflit avec les résidents et les agriculteurs des communautés locales. Cependant, leur capture et leur enlèvement ne sont pas seulement inhumains, ils sont aussi inefficaces et contre-productifs. Au lieu de réduire le nombre de singes, un tel retrait entraînera probablement une augmentation du taux de natalité de la population.

L’expansion des activités humaines et leur empiétement sans cesse croissants sur le monde sauvage conduisent tragiquement à des interactions négatives potentiellement évitables entre macaques et humains. Plutôt que ces animaux soient piégés et exportés pour la recherche ou tués, nous vous enjoignons de vous attaquer aux problèmes qui sont à l’origine de ces conflits, tels que la déforestation et l’évacuation des déchets alimentaires qui attirent les singes dans les villages.

Je vous implore de faire cesser les captures de singes sauvages et leur exportation vers des laboratoires à l’étranger.

Bien respectueusement,

Signature

On trouvera cette lettre au format document sur ce lien, et une information plus large de la part de One voice sur ce lien.

Il existe également une pétition en anglais destinée à la ministre indonésienne de l’environnement sur ce lien.

Ce n’est bien entendu qu’un aspect de la terrible condition animale, qui appelle à une prise de conscience alliée à des faits concrets, soit une morale intransigeante et une volonté de rupture avec l’horreur dominante. Et pas simplement, parce que c’est horrible, d’ailleurs, mais véritablement parce qu’il est naturel et positif de se tourner vers la Nature, vers la vie, de l’aimer et de la protéger !

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Guerre

«La France doit participer à la première réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires»

Voici une pétition lancée le 21 janvier 2022 par l’ICAN France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN). C’est une requête de grande importance, surtout en raison de la crise et de la tendance à la guerre. Il n’est pas normal que cette pétition atteigne à peine les 2000 signatures, malgré l’importance du sujet, malgré la reconnaissance internationale de l’organisme la portant, malgré le soutien affiché de nombreuses structures (Greenpeace, EELV, PCF, Réseau sortir du nucléaire, etc.) Un tel déni en dis long sur la situation en France, sur le fait que personne ne croit concrètement en la guerre, ni en la dangerosité du fait que l’armée française (ainsi que n’importe quelle autre armée) ait la bombe atomique…

« La France doit participer à la première réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Monsieur le Président de la République,

Le 7 février 2020, vous avez déclaré que la France « prendra ses responsabilités, en particulier en matière de désarmement nucléaire, comme elle l’a toujours fait ». Or, le 22 janvier 2021 est entré en vigueur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cette nouvelle norme juridique internationale a été adoptée le 7 juillet 2017 par une majorité des États, à l’Assemblée générale des Nations Unies, mais sans la participation de notre pays. Pourtant ce traité est une avancée pour assurer notre sécurité collective, pour protéger notre environnement des conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires et pour faire progresser le désarmement nucléaire.

Du 22 au 24 mars 2022, l’ONU va accueillir à Vienne la première réunion des États Parties au traité avec notamment des partenaires européens comme l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, l’Irlande, Malte, la Norvège, la Suisse, la Suède… ; certains prenant part à ce processus en qualité d’observateur. L’avis positif des Françaises et des Français pour ce traité s’est manifesté à différentes reprises entre une majorité (67 %, en 2018) qui souhaite que la France s’engage dans la ratification de ce traité ou encore par la multiplication du nombre de parlementaires et de villes (Paris, Lyon, Saint-Étienne, Grigny, etc.) qui soutiennent le TIAN.

La Campagne ICAN France, conduite par de très nombreuses organisations, vous demande, Monsieur le Président, de ne pas isoler notre pays d’un processus multilatéral porté par l’ONU, en acceptant de faire participer notre État, en qualité d’observateur, à la première réunion des États Parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Aidez-nous à atteindre les 3000 premières signatures« 

Pour signer la pétition, il faut > se rendre à cette page <

On y trouvera également un argumentaire avec 7 raisons principales justifiant cette demande.

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Politique

La reformation de la Droite s’accélère autour d’Eric Zemmour

Conformément à l’époque, la Droite se durcit.

Eric Zemmour sera-t-il au second tour de l’élection présidentielle au printemps prochain ? Probablement pas, mais ce n’est pas une certitude. Et surtout, ce n’est pas tant la question. Ce qu’il faut voir, c’est qu’Eric Zemmour n’est que le produit d’une situation en particulier, et que sa signification politique ne consiste en rien d’autre que la recomposition de la Droite, reflétant un changement d’époque. C’est de toute la période à venir dont il est question.

Plutôt que de recomposition, il faut d’ailleurs parler de reformation d’une Droite véritable avec une ligne dure, assumant la confrontation et les grands clivages socio-culturels. Eric Zemmour est en train de réussir ici ce que Marine Le Pen n’a pas été en mesure de faire, de par sa position à la fois trop isolée sur le plan culturel (étant considérée comme « extrémiste ») et trop sociale sur le plan économique (ce que, en raison de la crise, la bourgeoisie n’est pas en mesure d’assumer).

Eric Zemmour représente lui une droite capable de cogner fort, tant culturellement pour mobiliser derrière le drapeau national, que socialement pour porter la restructuration économique contre les ouvriers. C’est cela qu’illustre sa position à mi-chemin entre la droite classique et la droite « nationale », c’est-à-dire nationaliste.

Les derniers ralliements à Eric Zemmour en provenance du camp de Marine Le Pen sont donc des marqueurs très forts, qui assoient sa position de réformateur de la Droite. On parle ici de cadres et de personnalités majeures de l’entourage de Marine Le Pen, qui la plantent en plein vol à quelques semaines de l’échéance électorale.

Il y a eu Damien Rieu, figure de Génération Identitaire, une structure qui fut dans les années 2010 une sorte de centre de formation de la jeunesse pour le Rassemblement national. Il avait rejoint le RN et en fut un cadre important. Il a claqué la porte jeudi 20 janvier avec un communiqué expliquant que le RN est en recul, que la dynamique est maintenant du côté d’Eric Zemmour. Dans une interview du dimanche 23 janvier, il explique que son objectif est en quelque sorte d’obtenir le ralliement de Marine Le Pen (en tous cas de son électorat) à Eric Zemmour pour le second tour de l’élection présidentielle.

La veille, il y avait eu le ralliement de l’eurodéputé Jérôme Rivière, qui n’était pas moins que le patron de la délégation RN au Parlement européen. Celui-ci considère de la même manière que Marine Le Pen n’est plus en mesure de gagner les élections, alors que le positionnement Droite dure d’Eric Zemmour est par contre considéré comme satisfaisant à « l’urgence » de la situation. C’est un ralliement très important politiquement, et Eric Zemmour considère lui-même qu’il «symbolise [l’] union des droites» (ou plutôt, donc, la reformation de la Droite).

Mais la principale figure « lepeniste » ayant rejoint Eric Zemmour est bien sûr Gilbert Collard, avec une annonce faite en grande pompe pendant un meeting à Cannes. Sur le plan idéologique, Gilberd Collard ne représente pas grand-chose, lui qui n’a jamais été encarté au RN et qui est surtout une sorte d’opportuniste qui s’imagine être une « grande gueule », être dans le vrai, au dessus du lot, etc.

Sur le plan symbolique, c’est une perte énorme pour Marine Le Pen, car il représentait l’un de ses seuls « gages » venu de la société civile comme il est d’usage de le dire pour nommé des gens considérés comme non-strictement politique ou idéologique. Gilbert Collard, pour les personnes qui ont plus de 30 ans, est une figure médiatique incontournable, représentant une notoriété indéniable. C’est une sacré « prise de guerre » pour Eric Zemmour, qui en dit long sur la dynamique qu’il incarne.

A côté de cela, il y a eu également, venant de la droite classique, Guillaume Peltier, dont le ralliement dit contribuer à pousser Valérie Pécresse et les républicains vers le centre, pour aider justement Eric Zemmour à occuper le plus d’espace possible à Droite.

Tout cela est récent, en formation, mais il y a une dynamique énorme autour de cette droite dure. Il s’agit de l’actualité politique majeure, montrant la tendance à venir pour les prochaines années, bien au-delà des échéances électorales du printemps 2022. À la Gauche d’être à la hauteur pour y faire face, mais pour cela il faudra puiser dans les fondamentaux historiques en levant le drapeau rouge de la classe ouvrière et de l’internationalisme anti-guerre.

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Écologie

Chasse à courre: communiqués d’AVA Compiègne dénonçant la préfecture de l’Oise

La préfecture de l’Oise refuse de protéger les habitants ?

La chasse à courre, en plus de la question animale, pose un véritable problème démocratique. Une bande d’aristocrates ou grands bourgeois néo-aristocrates se balade où elle veut, dans les forêts et les villages, aux dépens des habitants mis en danger, ou en tous cas fortement perturbés, jusqu’à chez-eux. Cela est particulièrement vrai en Picardie, où historiquement en France s’est développé une opposition démocratique et populaire face à la chasse à courre et ses nuisances multiples.

Les « affaires » se sont succédé ces derniers temps, jusqu’à un épisode particulièrement dramatique où un équipage a tué au fusil un cerf en plein milieu des habitations, en toute illégalité bien sûr. On pouvait s’attendre à ce que l’équipage soit lourdement sanctionné et mis de côté, pour manquement grave à ses obligations de sécurité, mais tel n’est pas le cas. La Préfecture de l’Oise l’a simplement suspendu deux semaines… avant même d’avoir entendu les propositions des opposants du collectifs AVA représentant les habitants. C’est un déni évident de démocratie, de la part d’une petite caste protégée par un système manifestement à son service.

Voici deux communiqués d’AVA Compiègne, présentant et dénonçant la situation.

13 janvier 2022 :

« 🚨 TIRS EN AGGLOMERATION ! « LA FUTAIE DES AMIS » S’EN TIRE AVEC 15 JOURS DE SUSPENSION !‼

« En cas de nouvel incident de chasse à courre, nous nous réservons le droit de leur infliger plus », déclare la Préfecture de l’Oise dans son communiqué. 🇫🇷 📜

🙅‍♀️ C’est une terrible désillusion pour les tous habitants qui subissent les méfaits de l’équipage DEPUIS 60 ANS : invasions de domiciles, de villes, accidents de voiture, animaux domestiques attaqués, chiens errants, violences… 🙅‍♂️

🙉 🙈 Les autorités n’ont même pas fait semblant d’écouter l’ensemble des points de vue : leur décision tombe la veille de notre rendez-vous avec eux, pour lequel nous avions préparé des dossiers et des pistes pour améliorer la vie des habitants et des animaux.

📯 🏰 Cet épisode confirme que la chasse à courre bénéficie du bloc uni des notables locaux et des autorités à leur service, et que la société civile est totalement écartée des choix politiques. 👑

Encore une fois, c’est le loisir d’une poignée d’individus qui l’a emporté sur les besoins urgents de toute une population en terme de sécurité.

Seule la mobilisation populaire peut changer les choses, même en occupant l’espace laissé vacant par les autorités dont la cécité est complice.

Il faut mettre fin à la chasse à courre, cette pratique barbare au dessus des lois !

✊ 🏡 🕊  »

14 janvier 2022 :

📯 CHASSE À COURRE : La Préfecture reçoit les témoins clé de l’incident, mais après la décision rendue… par « courtoisie » ! 🙈🏰

🤝 Après avoir décidé du sort de la chasse à courre ce mercredi avec les chasseurs à courre eux-mêmes, la Préfète de l’Oise dépêche aujourd’hui son directeur de cabinet pour recevoir AVA dans le cadre d’une simple « visite de courtoisie », après la bataille.

💐🍫C’est donc logiquement que nous avons troqué nos dossiers pour des fleurs et des chocolats, étant donné le cadre de ce rendez-vous et le peu de considération qu’ont montré les autorités pour les faits documentés et l’avis de leurs citoyens.

🧐 Ce dernier épisode démontre l’intégration totale des veneurs et de leur monde dans l’appareil d’Etat.
Nous apprenons par exemple à cette occasion qu’il existait, depuis septembre, un protocole tenu secret entre la chasse à courre et la Préfecture. Nous avons demandé, entre autres, sa publication immédiate dans une démarche de transparence démocratique.
Les règles ne peuvent pas être rédigées par les fauteurs de trouble eux-mêmes, aussi puissants soient-ils !

🏡📣 AVA continuera de représenter la population qui subit la chasse à courre, quitte à remplacer petit à petit l’Etat là où il ne représente plus que les intérêts d’une minorité destructrice.
🙅‍♀️🙅🙅‍♂️ Nous allons en ce sens organiser des réunions publiques afin que les gens décident et s’organisent efficacement eux-mêmes.

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Guerre

Brest : mobilisation contre la militarisation de l’Union européenne

Une initiative anti-guerre.

Le Comité Régional CGT de Bretagne, en lien avec le Mouvement de la Paix et d’autres associations et collectifs, appelle à un rassemblement à Brest dimanche 9 décembre contre la guerre et la tendance à la guerre. Un meeting est prévu le matin puis une manifestation l’après-midi, alors que 54 ministres européens liés à leurs armées respectives doivent tenir sommet dans la ville la semaine suivante.

Voici le communiqué, qui porte une grande charge démocratique et pacifiste, avec des arguments concrets et précis contre la guerre, la tendance à la guerre, la militarisation de l’Union européenne et son alignement sur l’OTAN. L’initiative a d’autant plus de valeur qu’elle a lieu à Brest, deuxième port militaire français et ville martyre de la seconde guerre mondiale, victime de 165 bombardements entre 1940 et 1944 (le poème évoqué dans le communiqué de la CGT est « Barbara » de Jacques Prévert et parle justement de cette destruction).

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Politique

Le FC Bandera, un club à l’identité nationaliste ukrainienne à Paris

Une association culturello-politique au service du bandérisme en France.

Il y a en France une population ukrainienne, vivant principalement dans les grandes villes. Celle-ci, comme toutes les minorités nationales en France s’organise culturellement, associativement, dans l’idée de se métisser tout en gardant une part de culture nationale d’origine. Cependant il arrive, comme pour d’autres minorités nationales, qu’il y ait une frange ultra, qui consiste en une expression d’un nationalisme exacerbé. C’est là ce que représente le FC Bandera.

Cette équipe de football parisienne est à la gloire du collaborationniste ukrainien Stepan Bandera. Il est une figure érigée par les ultra-nationalistes ukrainiens en héros national. Elle évolue en Commission Football Loisir, c’est un championnat dans un esprit associatif, de loisir.

Le club de football est aux couleurs de l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) , structure armée pro-nazi, anticommuniste et antisémite. L’UPA a massacré les Polonais en Volhynie, participé aux côtés des nazis à la Shoah, et a tenté de liquider les partisans soviétiques.

Il existe aujourd’hui en Ukraine toute une frange du fascisme ukrainien qui se revendique de Bandera et de son héritage, c’est notamment Pravy Sektor (secteur droit).

Sur le site est fièrement affiché le slogan, le salut en fait, du milieu nationaliste ukrainien: « Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux Héros ! » «  Слава Україні! Героям слава! » L’un dit « Gloire à l’Ukraine », l’autre personne répond « Gloire aux héros ».

Les joueurs posent avec le drapeau ukrainien et la bannière bandériste avant les différents matchs disputées en CFL. Le maillot des joueurs est fait par l’équipementier polonais Gera, et le sponsor de l’équipe n’est autre que l’entreprise de BTP du président du FC Bandera, étant lui-même un notable dans la diaspora ukrainienne à Paris.

Sur le groupe Facebook du club il y a plus de 1000 membres, et sur le Facebook personnel du président du club, des partages de l’ancien conseiller du ministère de la Défense qui détient un média suivi en Ukraine, mais aussi de la propagande de Pravy Sektor (le secteur droit). Parmi ses mentions « j’aime », de la propagande nationaliste, des médias pro-américains comme radio svoboda mais aussi des groupes armés comme UNA (Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne).

Le club est une véritable association culturello-politique au service du bandérisme en France, il organise aussi des soirées pour ses membres et des sorties. C’est par le biais culturel que se développe le nationalisme chez ses joueurs.

Cela témoigne bien sûr d’un esprit au sein de la diaspora ukrainienne en France, au-delà du club. Il y a par exemple chaque année les commémorations de l’ « Holodomor » organisées par les nationalistes ukrainiens.

La vision passéiste de l’Ukraine avec la glorification d’un traître à la culture ukrainienne qu’est Bandera ne peut à terme que renforcer l’escalade vers la Guerre en Ukraine, en mobilisant y compris ici, en France, la diaspora ukrainienne vers un nationalisme exacerbé. Cela prépare les Ukrainiens en France à laisser l’Ukraine être un pion au service des États-Unis contre la Russie et ses rêves impérialistes. De fait, en mettant en avant Bandera comme symbole du club, cela l’inscrit dans la lignée des clubs fascistes, et donc militaristes.

Il existe pourtant une culture ukrainienne progressiste et populaire. Les ukrainiens de France ne doivent pas tomber dans le panneau proposer par le club FC Bandera qui n’est qu’une antenne culturelle du fascisme ukrainien. Les peuples d’Ukraine et de Russie sont des peuples amis, ayant une base culturelle commune.Paix entre nous, guerre aux tyrans.

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Politique

Les motivations de la dissolution des « Zouaves Paris »

Le ministre de l’Intérieur a publié un décret très motivé contre un groupement fasciste.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmin a décrété mercredi 5 janvier 2022 la dissolution de la bande de fascistes néo-nazis « les Zouaves Paris ». Voici l’exposé des motifs, qu’il a d’ailleurs lui-même publié avant la parution officielle du décret. La motivation du ministre, sur instruction du Président de la République, est extrêmement politique, avec en préambule la question de la violence, puis surtout une vigoureuse condamnation idéologique et culturelle sur le fond.

L’argumentaire est extrêmement détaillé, montrant que les services de police français connaissent bien leur dossier (il en est de même en ce qui concerne l’ultra-gauche, malgré ce que ces gens s’imaginent). On remarquera par ailleurs l’emploi du terme « antifa » sans guillemets pour évoquer les groupuscules d’ultra-gauche opposés à l’ultra-droite, banalisant ainsi leur existence et leur nomination sous ce terme. On remarquera également une défense évidente de l’idéologie LGBT ainsi que l’usage de la notion post-moderne (typique de l’idéologie LGBT) d’« identité de genre ».

En tant que libéral, membre d’un gouvernement dont le fondement est la défense et le renforcement du capitalisme « entrepreunarial », Gérald Darmanin ne s’oppose évidemment pas au fascisme au nom du Socialisme. Toutefois, la ferveur de son exposé antifasciste, notamment sur la question du racisme (« les Zouaves Paris » sont des suprémacistes « blancs » et des antisémites assumés) montre bien la grande erreur que fait l’ultra-gauche (et parfois la Gauche elle-même) d’associer Emmanuel Macron et son gouvernement au fascisme, ou en tous cas à relativiser sa différence d’avec l’extrême-Droite.

Voici le texte [le ministre n’a pas publié la dernière page avec le décret lui-même, qui ne consiste probablement qu’en un article et une phrase comme d’habitude] :

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Écologie

L’Union européenne envisage de classer le nucléaire comme énergie « durable »

Le nucléaire peut bénéficier d’investissements « écologiques» selon la Commission européenne.

La fission nucléaire est une horreur totale sur le plan écologique en raison de sa dangerosité. La moindre faille, comme à Tchernobyl en 1986 ou Fukushima en 2011, et c’est un désastre pour l’environnement, les animaux et les êtres humains pendant des années et des années. Cela bien sûr sans compter sur la question des déchets produits par la fission nucléaire dans les réacteurs, qui doivent être enfouis sous terre dans des sarcophages pour des centaines d’années au moins.

C’est pour cela que les mouvements écologistes dans les années 1970 se sont fortement opposés à l’énergie nucléaire et la construction de centrales nucléaires. La question du nucléaire est d’ailleurs directement à l’origine de l’engagement écologiste de nombreuses personnes, tellement cela représente quelque chose d’horrible sur le plan environnemental, mais aussi moral.

En Allemagne, le mouvement écologiste anti-nucléaire a été historiquement très fort, ce qui fait que le capitalisme allemand n’a jamais fondamentalement misé sur cette technologie, puis a finalement reculé sur la question après la catastrophe de Fukushima. D’ici à la fin de cette année 2022, il ne doit plus y avoir de centrale nucléaire en activité dans le pays. Trois réacteurs ont été débranchés le 31 décembre 2021, et il n’en reste plus que trois en activité dont le débranchement est prévu dans l’année.

Tel n’est pas le cas en France, pays d’« ingénieurs » s’imaginant au-dessus de la nature, où le nucléaire est massif et représente 70 % de la production d’électricité. Il y a 18 centrales totalisant 56 réacteurs nucléaires, pour une production de 379,5 térawatt-heure, ce qui rend le pays totalement dépendant à cette énergie.

De surcroît, l’objectif de la France (avec le gouvernement actuel, mais aussi pour la plupart des candidats à la présidentielle 2022) est justement de s’appuyer sur cette énergie nucléaire dans le cadre de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, particulièrement de CO2. Il se pose toutefois un problème pour la France, qui est que le nucléaire n’est pas officiellement une énergie « verte », et que donc les investissements considérés comme « durables », « écologiques », « verts », ne peuvent pas être dirigés vers le financement du nucléaire.

Voilà pourquoi la Commission européenne, organe anti-démocratique par excellence, a dévoilé le 31 décembre 2021 un projet de labellisation « verte » pour le nucléaire, afin de classer les investissements dans les centrales nucléaires comme « durables ». Le texte affirme ainsi qu’il est « nécessaire de reconnaître que les secteurs du gaz naturel et l’énergie nucléaire peuvent contribuer à décarboniser [SIC] l’économie de l’Union européenne », avec comme objectif de diriger les investissements « durables » vers de nouvelles centrales nucléaires.

Le nucléaire est donc amené à se développer dans les vingts prochaines années, et cela au nom de la lutte contre le réchauffement climatique… C’est un véritable désastre, mais quasiment personne n’en parle, alors que les « députés » européens sont censés en débattre et voter ce texte d’ici à la mi-janvier.

L’Allemagne, avec sa coalition politique « tricolore » où les « Verts » ont une place importante, critique forcément cette option, crédibilité oblige. Le vice-chancelier Robert Habeck accuse la Commission européenne de « greenwashing, en prétendant appliquer une politique verte, pour couvrir en réalité des pratiques destructrices pour l’environnement ». C’est également la position de l’Autriche, où le nucléaire est constitutionnellement banni. Mais cela ne fera pas le poids en raison de la force de la France sur cette question, accompagnée d’autres pays telles la Pologne ou la République Tchèque.

La question du nucléaire est d’ailleurs symptomatique de l’état de décomposition sociale et culturelle des forces vives du pays en France, particulièrement de la classe ouvrière. Car le PCF et la CGT ont été dans la seconde partie du XXe siècle d’ardents accompagnateurs et défenseurs de l’industrie nucléaire. En fait, en France personne n’en a rien à faire, malgré que la consommation électrique de chaque habitant, selon les chiffres d’EDF, produit près de 2 kg de déchets radioactifs par an… On imagine que les Français prêteraient plus d’attention à la question si ces déchets devaient être enfouis dans leur propre jardin, eux qui sont si attachés à leur rêve pavillonnaire petit-bourgeois et leur vie bien tranquille.

En attendant, l’Union européenne s’apprête à favoriser un choix déterminant pour les prochaines décennies, alors que le nucléaire est déjà ultra-dominant et qu’il sera très difficile d’en sortir.

C’est tellement un désastre que la Commission européenne se moque ouvertement du monde dans son texte avec de prétendus gardes-fous écologiques. Il est expliqué qu’une centrale nucléaire ne sera considérée comme « verte » uniquement si elle dispose « d’un plan, de fonds et d’un site pour éliminer en toute sécurité les déchets radioactifs ». Quelle blague, comme si des centrales nucléaires étaient construites sans prétendre à « régler » la question des déchets. C’est là une totale langue de bois.

Jamais une Gauche authentique, viscéralement attaché aux intérêts fondamentaux du peuple et consciente de la Nature, n’aurait pu laisser faire en France une telle hégémonie du nucléaire. Il est grand temps de faire le ménage pour laisser place à une nouvelle génération de gauche, à la vraie Gauche, celle s’appuyant sur ses valeurs historiques, qui se donnera pour mission essentielle de démanteler cet immonde appareil techno-industriel du capitalisme triomphant qu’est l’industrie nucléaire.

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Culture

Bishkek: du post-punk russe de Berlin

Voici l’album БЕЗУСЛОВНОСТЬ de l’artiste Bishkek, suivi de son interview !

Pourrais-tu te présenter toi et ta musique ?

Bonjour, je m’appelle Jan, j’ai 25 ans et je vis en Allemagne. Il y a 6 mois, j’ai déménagé depuis la petite ville de Würzburg vers Berlin. Merci de m’avoir invité, je suis très heureux de l’interview, c’est ma toute première !

Je joue du post-punk russe très classique, c’est-à-dire de la batterie synthétique, une ligne de basse accrocheuse, des synthétiseurs et une voix assez monotone. Mes plus grandes inspirations musicales sont bien sûr des groupes comme Molchat Doma, Ploho et Lebanon Hanover mais aussi des artistes post-punk/darkwave allemands modernes comme Edwin Rosen.


Pourquoi voulais-tu écrire des chansons et faire de la musique ?

Je viens à l’origine d’un milieu hardcore/metalcore et j’ai toujours voulu jouer ce genre de musique quand j’étais adolescent. Au fil du temps, j’ai commencé à écouter beaucoup de post-punk, de shoegaze, d’indie et de pop en plus du hardcore. En raison de ma socialisation en Allemagne, j’ai toujours eu peu de contacts avec la musique russe et j’ai été totalement flashé lorsque les groupes post-punk russes ont connu un énorme battage médiatique en occident. J’étais très impressionné par les thèmes sombres et mélancoliques et je voulais vraiment jouer ce genre de musique. Faire de la musique en russe en particulier était spécial pour moi car ici c’est une langue que je parle presque exclusivement avec ma famille. Malheureusement, cela n’a jamais fonctionné pour trouver des gens pour un groupe, alors j’ai commencé à écrire et enregistrer des chansons moi-même dans ma chambre.

Tu chantes en russe et tu t’appelles Bichkek en tant que capitale kirghize, as-tu des racines russes ou kirghizes ?

Oui, je suis né en 1996 à Bichkek. Mes parents ont émigré en Allemagne avec moi et la moitié de ma famille en 1998. Nous sommes venus en tant que réfugiés du contingent juif de l’union soviétique brisée dans le but de trouver une vie meilleure.

Ton dernier projet « БЕЗУСЛОВНОСТЬ » est sorti ce mois-ci, de quoi s’agit-il ?

Traduit, l’EP signifie « inconditionnalité » et il s’agit principalement d’amour, d’inadaptation du logement et de folie des loyers et de la peur du changement. J’ai choisi ce nom parce que de nombreux domaines de la vie sont souvent liés à une sorte d’inconditionnalité. Par exemple, l’amour pour les personnes importantes peut être inconditionnel. Mais je comprends aussi certains droits fondamentaux, comme le droit à un toit au-dessus de la tête, comme des choses qui ne devraient pas être liées à des conditions telles que le revenu.


Avant cet EP, tu as sorti « скоро », ce nouvel EP est-il la suite du précédent ?

Oui, lyriquement en partie. Le premier EP était plus sur mes problèmes personnels. L’émigration de mes parents et moi en Allemagne et les questions qui l’accompagnent sur l’identité, l’adaptation et la peur sont des thèmes centraux à la fois dans le premier et le nouveau EP.

Musicalement, j’ai essayé de trouver un meilleur son cette fois. En plus de meilleurs samples de batterie, j’ai aussi essayé de trouver de plus beaux sons de synthé. Mon pote Felix, qui a fait le mix/master, a aussi beaucoup contribué au son.

Ton album БЕЗУСЛОВНОСТЬ est fortement expressif sur la vie quotidienne, les difficultés à vivre dans un monde où il y a un individualisme si fort, où l’amour n’a pas de place. Était-ce une critique du quotidien ?

Oui, cela peut être compris comme une critique de mon quotidien personnel. En fait, je ne suis pas un grand fan de musique explicitement politique, c’est souvent assez brutal et peut vite devenir embarrassant. Néanmoins, la deuxième chanson крыша (dach) [toit en français] est quelque part une chanson politique, car elle traite des problèmes du marché du logement. Mais je ne ferais jamais une chanson avec des slogans de manif dedans.