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Refus de l’hégémonie

« Nous sommes pilonnés par la propagande de la Russie »

Pas un jour sans bourrage de crâne ! Cette fois, c’est un inconnu qui s’y colle, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe depuis février 2024. Dans une interview à Ouest-France le 21 avril 2024, il se déchaîne. « Nous sommes pilonnés », dit-il.

Par quoi? Par des manipulations russes à grande échelle, qui amèneraient à penser comme-ci ou à réfléchir comme-ça. Et cela, tout le temps ! Les preuves, bien sûr il n’y en a aucune.

« Nous sommes pilonnés par la propagande de la Russie de Vladimir Poutine et de ses courroies de transmission. Il ne se passe pas une semaine sans que la France ne soit la cible de manœuvres coordonnées et délibérées pour perturber le débat public et interférer dans la campagne pour les élections européennes. »

L’emploi des mots « courroie de transmission » est lourd de sens. Il est évident que les opposants à la guerre contre la Russie seront taxés d’agents de la Russie. Le narratif s’installe pour criminaliser.

Il ne peut qu’en être ainsi, car la Russie n’a aucune influence sur l’opinion publique. Personne n’en a une, d’ailleurs. Les gens suivent la société de consommation, et tant que ça tourne, ça tourne. Croire qu’avec quelques sites internes mensongers ou des bots producteurs de messages sur les réseaux sociaux, la Russie pourrait manipuler à grande échelle des gens, c’est prendre au sérieux les théoriciens de la publicité et du marketing.

Bien entendu, cela ne veut pas dire que les Etats ne mènent aucune opération de guerre psychologique. Mais là, on est en plein fantasme, on est dans le bourrage de crâne, en jouant sur l’image d’Epinal du Russe sûr de lui et manipulateur induisant les esprits en erreur avec des moyens totalitaires.

Ce qui joue, en réalité, ce sont les influences culturelles et idéologiques. C’est indirectement que ces choses fonctionnent, certainement pas à coups de manipulations grossières sur des réseaux sociaux.

D’ailleurs, Jean-Noël Barrot explique… que de son côté l’Etat mobilise des influenceurs et la télévision nationale pour diffuser les valeurs de l’Union européenne vues par le prisme du gouvernement… C’est très exactement cela, le réel pilonnage pour façonner les opinions publiques.

Dans ce cadre, l’Union européenne est devenu de manière unilatérale l’outil de la superpuissance américaine, avec son idéologie libérale-sociale, mêlant LGBT, art contemporain, relativisme généralisé, consumérisme débridé, etc.

Et la fonction, c’est désormais la guerre contre la Russie. D’où la théorie de la « souveraineté européenne », une fiction au service de la campagne belliciste.

Tout cela marche très efficacement. Il n’est pas difficile de voir en avril 2024 qu’en France, le légitimisme est généralisé. Tout le monde s’aligne sur un mode de vie à protéger coûte que coûte. Rien ne doit plus venir bousculer la société de consommation. Et pour la sauver, la Russie doit tomber, telle est la démarche absolument dominante.

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Refus de l’hégémonie

Thomas Piketty, la « gauche » pro-américaine avec l’Ukraine

Dans pratiquement tous les pays occidentaux, les écologistes et les socialistes sont devenus les plus fervents partisans de la superpuissance américaine et de l’Otan. Cela peut sembler paradoxal, mais la raison est simple. Ces partis sont la version de gauche du mode de vie capitaliste, ils existent par la stabilité du capitalisme. Comme ils existent par cette stabilité, ils se mettent à exister pour elle.

Si pour maintenir le capitalisme social il faut maintenir le capitalisme en assumant la guerre, alors ces gens l’assument.

On a ainsi le chef du Parti travailliste britannique qui vient de tenir des propos macabres. On ne parle pas ici de quelqu’un issu de la bourgeoisie : Keir Starmer vient d’une famille où il y avait quatre enfants, son père était ouvrier, sa mère infirmière, il a vécu dans une toute petite ville en périphérie de Londres. Son prénom fait référence au premier député travailliste, lui-même a été un cadre trotskiste dans sa jeunesse.

Le 12 avril 2024, donc, il a accompagné le secrétaire d’État britannique à la défense John Healey sur le chantier naval de BAE Systems à Barrow. C’est là-bas que sont construits les sous-marins d’attaque nucléaire britannique. On lui a demandé s’il était prêt à appuyer sur le bouton rouge, et il a répondu que « la dissuasion nucléaire est la menace ultime et, par conséquent, la dissuasion ne fonctionne que si l’on est prêt à l’utiliser ».

À la précision de savoir s’il le ferait « même si cela signifie potentiellement tuer des millions de personne », Keir Starmer a réaffirmé sa position : « La dissuasion ne fonctionne que si l’on est prêt à l’utiliser – c’est donc une réponse claire à votre question ».

Le même jour, il publiait un article dans le Daily Mail pour affirmer son soutien « inébranlable » à l’emploi de l’arme atomique.

C’est paradoxal, mais cela ne doit pas étonner, et on a la même chose avec Thomas Piketty. C’est un économiste extrêmement connu, il est considéré comme l’une des plus grandes figures de la Gauche française. Il ne cesse de dénoncer les inégalités dans toute une série d’ouvrages, dont l’un, Le capital au 21e siècle, publié en 2013, a connu un succès phénoménal.

Thomas Piketty est notamment Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, et c’est là quelque chose de très important, car les institutions universitaires sont des usines à cadres de la gauche à l’américaine, qui veulent réimpulser le capitalisme.

On parle ici de la Gauche célébrant les migrants, les LGBT, le cannabis, la PMA-GPA, bref tout ce qui peut développer des marchés et élargir le capitalisme. C’est présenté comme « de gauche » car donnant plus de « droits » aux citoyens.

Thomas Piketty dénonce pour cela le rôle des héritages, car pour lui cela enraye la dynamique capitaliste. Et, de la même manière, il se lance dans une croisade contre la Russie, dans une démarche impérialiste pour relancer le capitalisme.

On retrouve les positions de Thomas Piketty notamment dans les quotidiens Libération et Le Monde, et c’est dans ce dernier quotidien qu’on trouve deux appels.

  1. Le 13 avril 2024, Thomas Piketty appelait à l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne, afin de relancer le capitalisme (« L’entrée de l’Ukraine dans l’UE doit être l’occasion de formuler des normes strictes garantissant le pluralisme sous toutes ses formes« ).
  2. Le 17 avril 2024, il cosignait une tribune appelant à confisquer les avoirs russes pour les attribuer par la force au régime ukrainien (« La confiscation des avoirs publics russes constituerait une avance sur les réparations« ).

La première tribune est exemplaire. L’Ukraine est totalement corrompue et aux mains des oligarques depuis l’effondrement de l’URSS. Il y a des régions avec une vaste autonomie, accordant une dimension mafieuse à la domination. Le président actuel, Volodymyr Zelensky, n’était qu’un humoriste à l’humour populiste avant de se voir propulser par une partie de l’élite comme figure politique.

Aujourd’hui, le régime ukrainien est aux mains du nationalisme bandériste. Tous les partis de gauche sont interdits, les références positives à ce qui relève historiquement de la gauche sont interdites, les monuments soviétiques détruits y compris ceux honorant les morts de la seconde guerre mondiale, etc.

Et pourtant Thomas Piketty dit que l’Ukraine est démocratique ! Et il le dit, car il voit le moyen de moderniser l’Union européenne… C’est cela, la « Gauche » à l’américaine, et la « Gauche » pro-américaine.

« L’entrée possible de l’Ukraine dans l’Union européenne [UE] est-elle une bonne idée ? Oui, mais à condition de reformuler par la même occasion le projet européen. Pour résumer, cela doit être l’occasion de redéfinir l’UE comme une communauté politique au service de l’Etat de droit et du pluralisme démocratique, et de sortir de la religion économique du libre-échange et de la concurrence comme solution à tous les problèmes, qui a dominé la construction européenne depuis plusieurs décennies.

Si la défense de l’Ukraine face à la Russie a une importance vitale, c’est d’abord pour des raisons politiques et démocratiques. Contrairement à son voisin russe, l’Ukraine respecte les principes de la démocratie électorale, de l’alternance démocratique, de la séparation des pouvoirs et du règlement pacifique des conflits. »

Par l’intégration de l’Ukraine, on pourrait relancer l’économie, relancer l’Union européenne politiquement… Bref, relancer le capitalisme, mais « de gauche ».

« C’est en se redonnant des marges de manœuvre sur le plan social et économique que l’on pourra convaincre l’opinion de l’opportunité d’un nouvel élargissement européen, sur la base de valeurs démocratiques partagées et non pas d’une religion économique libérale profitant aux plus riches et éloignant toujours davantage les classes moyennes et populaires de l’idéal européen. »

La seconde tribune est bien plus belliciste. Elle salue que les bénéfices des avoirs russes aillent à l’armement pour le régime ukrainien, mais elle demande également que les avoirs russes soient confisqués dans leur intégralité.

« Nous saluons l’initiative du Conseil européen qui a convenu d’une taxation des intérêts générés par les capitaux publics russes immobilisés dans divers Etats européens. Cette taxe, dévolue à 90 % à l’achat d’armement pour l’Ukraine, constitue un premier pas. Mais cette décision semble bien timide, lorsque l’on compare le milliard d’euros promis aux Ukrainiens avec les 200 milliards d’euros d’actifs que la Banque centrale de Russie a déposés dans les établissements financiers européens (sur un total de près de 300 milliards d’euros placés hors de Russie).

Ces capitaux, l’Ukraine en aurait immédiatement l’usage pour entamer la réparation des dommages subis avec la destruction de ses infrastructures civiles, systématiquement visées par les missiles russes. La reconstruction des hôpitaux, écoles, universités et centrales électriques ne peut attendre la fin, indéterminée, des hostilités. »

Mieux encore, ce ne serait qu’un début, car la Russie devrait payer des réparations colossales. Il va de soi qu’une telle position est une ligne impérialiste jusqu’au-boutiste, forçant à un conflit total de part et d’autre.

« La confiscation des avoirs publics russes constituerait une avance sur les réparations que devra payer l’agresseur in fine. Les dommages causés par la Fédération de Russie sur le territoire ukrainien sont évalués par la Banque mondiale à près de 450 milliards d’euros, à ce jour. Soit déjà bien davantage que les avoirs russes gelés. »

Le soutien à la ligne d’Emmanuel Macron fixé le 26 février 2024 est explicite.

« Alors qu’Emmanuel Macron a plaidé pour qu’aucune limite ne soit fixée a priori à l’action des alliés de l’Ukraine, pourquoi ne pas mettre en œuvre, au titre des réparations, les mesures de confiscation légitimes au regard du droit international coutumier ? »

C’est un appel belliciste, dont voici la conclusion, avec la liste des signataires.

« Il est impératif que notre pays, à la demande de l’Ukraine, mette en œuvre toutes les dispositions requises pour la confiscation des avoirs publics russes déposés en France. Aider l’Etat ukrainien à confisquer ces capitaux constituerait un acte d’affirmation du droit international. Indirectement, cela contribuerait, en outre, à alléger le budget de l’Etat ukrainien consacré aux reconstructions, alors qu’il doit assurer les dépenses militaires indispensables au combat pour sa liberté… et la nôtre.

Premiers signataires : Nicolas Bouzou, économiste, essayiste et dirigeant d’entreprise ; Emmanuel Daoud, avocat près la Cour pénale internationale ; Antoine Garapon, magistrat, membre du comité de rédaction de la revue « Esprit » ; Olena Havrylchyk, professeure d’économie à l’université Paris-I ; Martine Jodeau, juriste, membre de l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ; Olivier Passet, économiste ; Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS, professeur à l’Ecole d’économie de Paris ; Sylvie Rollet, professeure émérite des universités, présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ; Dominique Schnapper, ancienne membre du Conseil constitutionnel ; Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po, chargé de mission au Center for European Policy Analysis. »

Sous des apparences de justice, on a ici la ligne de la guerre totale. Telle est la ligne de la « Gauche » à l’américaine, de la « Gauche » pro-américaine, dont Thomas Piketty est une figure majeure.

Et ni le PCF, ni LFI, qui se veulent pourtant plus à gauche, n’expriment de rupture réelle avec cette « Gauche » à l’américaine, car ils soutiennent également le régime ukrainien et son armement, ils possèdent les mêmes valeurs libérales américaines (LGBT, migrants, art contemporain, etc.)

Il est évident que tout cela est en contradiction historique avec les intérêts des masses françaises, même si elles sont endormies, corrompues par le 24 heures sur 24 du capitalisme. L’avenir appartient ici clairement à la Gauche historique !

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12 avril 2024, journée de l’escalade forcenée

La chronologie depuis le 26 février 2024 est totalement délirante. Prenons le 12 avril 2024 : en apparence, c’est une journée comme les autres. Il n’y a aucune information majeure qui a marqué l’opinion. Et pourtant, c’est une journée dramatique tellement il y a de choses.

Déjà, il y a eu Pierre Lévy, ambassadeur français à Moscou, convoqué par le ministère russe des Affaires étrangères. Cela fait suite aux propos du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, affirmant que le contact avec la Russie devait être rompu.

La Russie a affirmé que « l’ambassadeur français a été informé du caractère inacceptable de telles déclarations, qui n’ont rien à voir avec la réalité », que c’est « une action consciente et délibérée » de la part de la France, « visant à saper la possibilité même de tout dialogue entre les deux pays ».

Le même jour, le ministre des Armées Sébastien Lecornu passait sur la chaîne LCI, qui est propagandiste en mode ultra pour la guerre à la Russie. Il a expliqué vouloir « moderniser » le recensement des jeunes, afin d’être en mesure d’identifier les compétences et dans une perspective de « remilitariser » la Journée défense et citoyenneté.

Toujours le même jour, Ouest France publiait un grand entretien du même Sébastien Lecornu. Voici une question et la réponse qu’il donne, et tout est clair.

L’opinion s’interroge, elle sent les bruits de bottes revenir. Faut-il se préparer à la guerre ?

S. L. : Oui, mais à celle qui pourrait éventuellement nous tomber dessus demain, pas à celles d’hier ! 

On notera que dans l’interview, Sébastien Lecornu se revendique de manière ininterrompue du gaullisme. C’est, comme on l’a remarqué ici, un nouvel outil dans la narration. La France serait « indépendante » en s’alignant sur les Etats-Unis!

Il insiste également très lourdement sur l’économie de guerre, qui serait la preuve de « l’indépendance » par rapport aux Etats-Unis. En réalité, c’est le valet qui est satisfait du rôle que lui a attribué son maître.

Le même jour, encore Ouest France publie une interview de Sébastien Lecornu pour parler de son coup de téléphone à son homologue russe. « L’échange a été dur » a-t-il dit. Et, un joli coup calculé, il explique… que la France entraîne des pilotes de l’armée ukrainienne.

Ouest France est ici un outil de la narration belliciste. C’est une opération psychologique.

Selon nos informations, des pilotes ukrainiens seraient formés dans le sud de la France à l’usage des avions de chasse de dernière génération. Vous pouvez nous le confirmer ?

Oui, sur une formation généraliste, sur Alpha Jet, qui permet à des pilotes ukrainiens d’acquérir des fondamentaux sur le pilotage d’un avion de chasse.

Dans le cadre de la réflexion sur les avions, on a réussi quelque chose de technologiquement important, l’adaptation des bombes air-sol guidées AASM sur des avions de classe soviétique.

Ce n’est pas le tout d’avoir un avion, si vous n’avez pas de pilotes formés et les munitions qui vont avec. Nous avons pris les devants avec ces bombes AASM pour être capables de fournir ces munitions à l’Ukraine.

Autre opération psychologique, toujours le 12 avril : l’annonce qu’un jeune sur deux entre 18 et 25 ans serait prêt à s’engager pour la France en Ukraine. C’est de la mythomanie bien entendu, mais les médias ont repris l’information.

D’où vient ce sondage?  Du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et de l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire). L’IRSEM est un projet du ministère des Armées, situé à l’École Militaire, membre de l’Académie de défense de l’Ecole militaire au même titre que l’École de guerre!

Quant à Sciences Po, c’est une sorte de super université pour former les cadres de l’Etat et des institutions en général. Très « à gauche » dans son identité « apparente », c’est en réalité littéralement une succursale du capitalisme moderniste.

La question était « si la protection de la France nécessitait que le pays s’engage dans la guerre en Ukraine, seriez-vous prêt à vous engager pour défendre votre pays ? », avec 51% de oui, dont 17% de « oui tout à fait » et de 34% de « oui peut-être ».

1/3 des jeunes seraient également d’accord pour une intervention française en Ukraine!

Ce 12 avril 2024 est exemplaire de la propagande à basse intensité que mène en ce moment l’Etat français. C’est une narration pour établir la guerre. La réponse, la seule réponse possible, est le défaitisme révolutionnaire!

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Macron à Bergerac pour l’économie de guerre

Xavier Niel, l’un des principaux capitalistes français, entend acheter en Ukraine le numéro 1 de l’internet fixe et le numéro 3 de la téléphonie mobile. C’est un excellent exemple de comment le capitalisme français agit dans le cadre du repartage du monde, et comment la guerre contre la Russie s’inscrit à tous les niveaux.

Xavier Niel sait d’ailleurs très bien qu’il agit avec une réelle envergure:

« Nous sommes convaincus que notre transaction historique servira de signal à d’autres que le moment est venu d’investir en Ukraine, de soutenir la reconstruction du pays et de réaliser son potentiel. »

Cela s’associe à cette autre information essentielle. Le 10 avril 2024, le gouvernement ukrainien a signé un accord avec InfraNum, une structure française regroupant plus de 200 entreprises actifs dans le domaine des infrastructures numériques (bureaux d’études, équipementiers, fournisseurs de services, etc…). Il s’agit de la réparation et de la modernisation de 60 000 km de fibre optique et 3 200 stations de télécommunications, ce qui coûtera autour des 10 milliards d’euros.

C’est là ce qu’on appelle l’impérialisme. Et cela implique la guerre. C’est pour cela que le 11 avril, le président français Emmanuel Macron est allé poser la première pierre d’une usine de poudre pour obus à Bergerac, en Dordogne. On est sur le site d’Eurenco, leader européen des poudres et explosifs, qui produit notamment les charges modulaires des obus du canon Caesar, utilisé par le régime ukrainien.

Emmanuel Macron était accompagné du ministre de l’Économie Bruno Le Maire et celui des Armées, Sébastien Lecornu. Il a souligné que même si la guerre en Ukraine cessait, cela ne stopperait en rien le processus de réarmement général! Car la Russie serait la mal incarné de toutes façons…

« Le monde de demain ne s’arrêtera pas si demain la guerre se termine, parce qu’il y a un réarmement massif qui s’est opéré ces derniers temps de la Russie. »

Il y a quelques mois encore, l’armée russe n’était censée plus avoir de missiles et ses soldats auraient combattu avec des pelles, et voilà que désormais la Russie serait à deux doigts d’envahir l’Europe. C’est là du bourrage de crâne pour militariser, pour doper l’économie de guerre, selon le principe suivant expliqué par Emmanuel Macron :

« Il faut aller vite, fort, massifier. »

Ce n’est qu’un début, il faut en avoir conscience !

 « Nous sommes partis durablement pour nous installer dans un changement géopolitique, géostratégique où les industries de défense vont avoir un rôle croissant. »

Les 5-10 prochaines années sont celles de la marché forcée à la guerre.

Et, comme un symbole, la seconde partie du mois d’avril 2024, le groupe aéronaval français, composé du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et de son accompagnement avec notamment un sous-marin nucléaire d’attaque, sera sera placé sous le contrôle opérationnel de la structure « Naval Striking and Support Forces » de l’Otan.

L’Otan, c’est la guerre! Que vive le défaitisme révolutionnaire!

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« Pas notre intérêt de discuter avec les responsables russes »

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné s’est rendu au Kenya et au Rwanda, puis en Côte d’Ivoire. Dans ce dernier pays, à Abidjan, il a accordé une interview à France 24 et RFI.

Il a affirmé qu’une rupture de contact avec la Russie était nécessaire. C’est un acte de militarisme assumé.

Le prétexte, c’est la discussion téléphonique récente entre le ministre français des Armées Sébastien Lecornu et son homologue russe Sergueï Choïgu. Emmanuel Macron avait dénoncé le compte-rendu russe de la discussion comme « baroque et menaçant ».

Stéphane Séjourné s’appuie dessus pour justifier la rupture.

« Ce n’est pas aujourd’hui notre intérêt de discuter avec les responsables russes puisque les communiqués qui sortent, les comptes rendus qui en sont faits sont mensongers. »

Jusqu’à quand cela durera-t-il? Eh bien, pas moins que jusqu’à la « défaite » souhaitée de la Russie.

« Il faut peut-être d’abord établir la confiance et surtout avoir une évolution sur le terrain militaire en Ukraine pour que les relations puissent se renouer. »

Le ministre des Affaires étrangères a tenu à souligner que les aides militaires au régime ukrainien ne s’arrêteront pas.

« Les Européens seront au rendez-vous de l’aide dans la durée, et cela il faut que tout le monde en soit convaincu. C’est une question existentielle pour l’Europe. »

Il a même pris en prétexte le retrait américain de l’engagement en Ukraine pour dire qu’on ne pourrait pas avoir totalement confiance en les Etats-Unis et qu’il faut une « défense européenne ». C’est là le nouveau masque « gaulliste » de la démagogie française. En réalité, la superpuissance américaine a délégué à ses vassaux européens le soutien au régime ukrainien.

Le ministre français des Affaires étrangères a également promis des « annonces » lorsque le président Emmanuel Macron se rendra à Kiev.

La narration continue donc, sans accrocs ; le story-telling pour la guerre contre la Russie est bien en place et ne connaît pas d’interruption. Rien qu’à lire la chronologie depuis le 26 février 2024, on comprend tout, les faits parlent d’eux-mêmes. Guerre à la guerre!

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Le nationalisme féminin ukrainien et Macron comme James Bond

Plus les Ukrainiennes émigrées sont jeunes, diplômées et/ou aisées, plus elles vont à l’ouest, au lieu d’aller surtout en Pologne, avec l’espoir de revenir au pays. Plus on va à l’ouest, en fait, plus on est prêt à y rester, à s’aligner sur l’idéologie dominante pour bien s’ancrer.

C’est alors la confluence du nationalisme ukrainien et des valeurs de l’Union européenne et de l’Otan, afin d’arrimer son émigration à une légitimité. C’est du donnant-donnant.

L’une des expressions de cela, c’est l’utilisation d’Ukrainiennes par les médias. Ces femmes sont utilisées, car pour faire passer le bellicisme, le nationalisme, le militarisme, cela fait plus crédible, puisqu’on est hors du cadre patriarcal en apparence.

Alla Poedie, une Franco-Ukrainienne très connue de la bourgeoisie lyonnaise, a réussi à réaliser un exemple typique de tout cela.

Comment ? En se lançant dans un éloge d’Emmanuel Macron présenté comme James Bond qui allait empêcher le méchant Poutine d’aller utiliser la bombe nucléaire pour détruire le monde.

« Dans les James Bond qu’est-ce qu’on voit ? On voit un méchant, terroriste, qui s’approprie l’arme nucléaire et qui menace le monde de destruction. Et nous sommes tous pour James Bond, car on veut que le James Bond sauve le monde.

On est prêt à soutenir tout son combat. Il peut tuer autant de personnes qu’il veut, il peut intervenir partout, pour sauver le monde.

Et aujourd’hui la réalité : James Bond est en réalité [il existe en réalité]. Le terroriste qui s’est approprié l’arme nucléaire est au Kremlin, il s’appelle Poutine. Et il menace de tuer le monde entier.

Et le James Bond aujourd’hui, le seul James Bond aujourd’hui c’est qui ? C’est peut-être notre Président de la République [Emmanuel Macron ; elle a la double nationalité franco-ukrainienne] qui, timidement, essaie de sauver ce monde.

Et on voit autour, du coup, tous ceux qui vont au cinéma pour applaudir James Bond, toutes les femmes sont amoureuses, les hommes veulent devenir comme lui. Et là : on crache sur lui, on dit il n’a pas le droit, il faut qu’il reste chez lui, on va pas y aller, attendez, [inaudible, car les journalistes qui semblent gênés l’interrompent].

Non, c’est une réalité, il faut sauver le monde, tout d’abord en sauvant l’Ukraine. »

On remarquera que les bandeaux utilisés par LCI pour illustrer la discussion ont été « Troupes au sol, l’armée française remet une pièce » puis « Armée Française en Ukraine, bientôt une réalité ? », avec entre temps une annonce pour le débat suivant : « Poutine sans limite, les JO de Paris menacés ».

Du beau bourrage de crâne !

La blague aussi est qu’Alla Poedie a commencé son speech en demandant au présentateur s’il aimait James Bond. Elle s’attendait à un oui évidemment, mais il a répondu très sérieusement : « non je préfère Fantomas, le James Bond français ».

Mais quels beaufs ! Que c’est lamentable. Mais guère étonnant, de par les protagonistes. LCI fait de la propagande de guerre délirante (les Russes n’ont plus d’armes, plus de missiles, Poutine est remplacé par un sosie car il est à l’agonie, etc.) et Alla Poedie est typique du nationalisme ukrainien appelant à détruire la « Moscovie ».

On comparera ce délire anti-Russie avec ce qu’elle disait en 2011. Alors interviewée par Le Progrès, elle est présentée comme suit :

« Alla Poedie est à la tête d’ANConseil, une société spécialisée dans la gestion des projets internationaux. Originaire de Kiev, elle vit et travaille à Lyon depuis quinze ans. Elle va faire paraître prochainement, un guide de Lyon en langue russe pour les Russes. »

Eh oui ! Et voici comment elle présentait les choses alors :

« Je suis en train de travailler sur un guide de Lyon en russe. J’ai, en effet, constaté que de nombreux Russes transitaient par l’aéroport Saint-Exupéry pour rejoindre les stations de ski mais ne visitent pas Lyon. Je veux leur donner envie de passer deux, trois jours dans la ville, de découvrir les richesses gastronomiques, architecturales et culturelles de la capitale des Gaules. »

On voit le retournement, typique. Les Ukrainiens sont historiquement très proches des Russes, et avec le nationalisme ukrainien, subitement, vient la légende d’une haine historique totale et destructrice.

Alla Poedie révèle ici sa face opportuniste. Et c’est un choix fasciste que d’abandonner la culture pour la guerre. Une fois qu’on est lancé, on ne s’arrête plus.

D’où la surenchère nationaliste permanente, comme en janvier 2023, sur LCI toujours. Elle avait alors expliqué à la reporter de guerre Anne Nivat : « Anne vous aurez votre médaille du Kremlin, ne vous inquiétez pas ! », provoquant la sidération et obligeant l’animatrice du débat, Julie Hammett, a demander à Alla Poedie de « retirer ce qu’elle venait de dire » car cela allait « trop loin ».

Trop loin ! Comme si depuis le départ, tout ça n’allait pas trop loin !

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Julian Calfuqui sur RT ne croit pas en la guerre

Mais comment peut-on, surtout eu égard à la chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024, ne peut-on pas comprendre que la France veut vraiment aller à la guerre contre la Russie ?

Que les gens de gauche pétrifiés dans le capitalisme fassent semblant de ne pas le voir, soit, ils sont hypocrites, car ils veulent sauver le capitalisme français en dépeçant la Russie. Mais « à gauche de la gauche », là où on prétend changer réellement les choses, comment peut-on être aussi ignorant ?

Il est intéressant ici de voir l’opinion de Julian Calfuqui, qui est un secrétaire national du Parti de Gauche. C’est le parti politique mis en place par Jean-Luc Mélenchon et qui a servi de base pour le mouvement de La France insoumise.

Voici un exemple de ce que pouvait dire le Parti de Gauche il y a une dizaine d’années, donc normalement on devrait s’attendre à un peu de clarté.

Voici donc le point de vue de Julian Calfuqui, qui s’est exprimé le 4 avril 2024 dans « La Grande interview », une émission de la chaîne RT. Anciennement Russia Today, la chaîne RT a été interdite dans l’Union européenne en raison de son appartenance à l’État russe, mais elle est accessible avec des choses en français depuis quelques sites.

Julian Calfuqui y a donc expliqué qu’il ne croyait pas du tout que la France cherchait réellement à envoyer des soldats français en Ukraine.

Emmanuel Macron serait « solitaire » dans sa démarche… Il suffit de lire la chronologie mentionnée plus haut pour voir à quel point c’est absurde. Il se passe en réalité pratiquement chaque jour quelque chose allant dans le sens de l’escalade !

« Il est encore difficile de voir quelle est la logique derrière ces annonces faites par Emmanuel Macron et différentes informations dont on dispose.

Surtout que, comme ça a été expliqué, l’action d’Emmanuel Macron, ou plus exactement cette montée en tension avec la possibilité d’envoi de troupes, c’est en totale opposition avec la plupart des alliés européens et notamment les États-Unis d’Amérique.

C’est une voix assez solitaire que prend Emmanuel Macron, qui n’est pas habitué pour ce qui est de la diplomatie, d’entreprendre ce genre d’œuvre.

J’y vois plutôt une volonté aussi de se démarquer. Une volonté de se démarquer sur la scène internationale, une volonté de se démarquer en tant que Président de la République dans un contexte assez compliqué en France avec la montée de l’inflation, l’annonce effectivement prochaine de l’austérité de 10 milliards qui a été faite par Bruno Le Maire le ministre des Finances.

Donc, effectivement c’est encore assez dur d’estimer jusqu’où veut aller Paris et plus exactement Emmanuel Macron. Il faut savoir qu’une grande partie de l’opposition dit, et y compris dans ses propres rangs, qu’elle ne comprend pas la logique de cette action.

Donc prudence, prudence, mais effectivement ça n’annonce rien de bon pour ceux qui veulent un apaisement dans la région et tout simplement la paix. »

Et Julian Calfuqui de dire que tout cela est « très probablement en lien avec l’agenda national du gouvernement ».

C’est une thèse classique, celle de la « diversion » où on accuse les dominants de ne pas être sérieux dans leur démarche, puis quand cela se passe réellement, on dit que c’est scandaleux, mais que c’est trop tard, qu’il faut faire avec. C’est de l’opportunisme.

En réalité, la guerre se met en place. Depuis le soutien militaire au régime ukrainien à la montée en gamme de l’industrie de guerre, depuis le bourrage de crâne médiatique jusqu’à la narration gouvernementale, tout va dans le sens d’une coalition de pays pour affronter la Russie.

Qui ne veut pas voir cela s’aligne objectivement sur la course à la guerre, et supprime toute base possible au défaitisme révolutionnaire!

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Macron et les commentaires russes « baroques et menaçants »

Le 3 avril 2024, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgu, pour la première fois depuis octobre 2022.

Deux propos russes on fait réagir la France, dans le compte-rendu russe de l’entretien. D’abord, la Russie a expliqué qu’il lui semblait que « la France était prête à reprendre le dialogue », avec peut-être à l’arrière-plan « le point de départ pourrait être l’Initiative d’Istanbul pour la paix ».

Réponse immédiate du côté français : « A aucun moment, nous n’avons dit qu’il y avait une volonté de reprendre le dialogue sur l’Ukraine ».

Ensuite, il y a eu des propos chocs de la part directement du ministre russe des Armées, Sergueï Choïgu. Il a dit la chose suivante au sujet de l’horrible attentat islamiste à Moscou

« Le régime de Kiev ne fait rien sans l’aval de ses superviseurs occidentaux. Nous espérons que, dans ce cas, les services secrets français ne sont pas derrière cela ».

C’est à la fois un avertissement, car il est possible que les services secrets magouillent (qui ne croit pas à cela est prisonnier de la « légitimité » capitaliste), et un style russe rentre-dedans sur le plan relationnel, en mode « même si vous n’avez rien à voir là-dedans, vous êtes avec ceux qui le permettent ».

Lors de l’inauguration du centre aquatique olympique à Saint-Denis, le président français Emmanuel Macron a répondu en continuant sur sa lancée belliciste du 26 février 2024, date fatidique.

« Les commentaires, pour partie, du côté russe, ont été en effet baroques et menaçants. »

« Dire que la France pourrait être derrière, les Ukrainiens sont derrière… tout ça n’a aucun sens, cela ne correspond pas à la réalité. C’est une manipulation de l’information, ce qui fait partie de l’arsenal, si je puis dire, de la guerre tel qu’il est utilisé aujourd’hui par la Russie. Il faut en être conscient. »

« C’est la démonstration de ce que je vous dis depuis le début. C’est d’un accroissement de la posture agressive de la Russie. Et ça ne se passe pas qu’avec la France, ce qui a été fait à l’égard de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis. Il y a une succession d’informations dont on sait qu’elles sont fausses, qui correspondent à des postures menaçantes. Voilà. »

Emmanuel Macron a également accusé la Russie de chercher à perturber la tenue des Jeux Olympiques à Paris, n’ayant « aucun doute » à ce sujet. La Russie « alimente tous les jours le fait que nous ne pourrions pas faire ceci ou cela, donc ce serait un risque ».

C’est affolant. Depuis le 26 février 2024, l’escalade est ininterrompue. Dans l’indifférence générale en France, tant dans la population qu’à Gauche en général, même si qui plus est toute la gauche gouvernementale est ouvertement belliciste ou du moins accepte le soutien militaire au régime ukrainien.

Pour qui a de la culture relevant de la Gauche historique, il est évident par contre qu’on est dans le même schéma qu’avant 1914. Cela monte crescendo, jusqu’à l’affrontement inévitable pour le repartage du monde… Et : soit la révolution empêche la guerre, soit la guerre provoque la révolution!

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Blinken vient à Paris donner ses ordres à Lecornu, Séjourné et Macron

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est rendu à Paris le 2 avril 2024, afin de venir donner les ordres de la superpuissance américaine au ministre des Armées Sébastien Lecornu, au ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et au président Emmanuel Macron.

Antony Blinken est d’abord allé à Versailles avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, sur un site industriel. C’est celui de Nexter, la filiale du groupe franco-allemand KNDS, qui doit faire passer sa production mensuelle de canons Caesar livrés au régime ukrainien de 6 à 12.

« Le canon CAESAr est devenu le symbole de cette coalition artillerie [pour le régime ukrainien et dont la France est à la tête], avec une augmentation significative des capacités de production : deux par mois puis désormais six par mois. Nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a déclaré Sébastien Lecornu.

Autrement dit, le patron américain vient voir que sa filiale française fait bien ce qu’on lui dit. Antony Blinken est ensuite allé au quai d’Orsay voir le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné.

Les deux ont tenu une conférence de presse, afin de bien montrer l’alignement français sur la superpuissance américaine. « Comme les alliés l’ont dit à Vilnius, l’Ukraine sera membre de l’Otan » a dit le premier, « Les États membres s’engagent à soutenir les réformes de l’Ukraine dans la voie de l’intégration évidemment à l’Otan » a souligné le second.

Les deux ont également dénoncé le fait que la Russie puisse acheter des armes auprès d’autres pays, alors que la veille, Stéphane Séjourné était justement en Chine, qui comme on le sait est en alliance stratégique avec la Russie.

Enfin, Antony Blinken a rencontré Emmanuel Macron, qui fait ici office de gouverneur du protectorat américain qu’est devenue la France. L’alignement français sur la superpuissance américaine est net dans tous les domaines, depuis l’idéologie de la consommation jusqu’aux LGBT, de la guerre de repartage du monde contre la Russie à l’intégration totale de l’armée française dans l’Otan sur le plan technique.

La bourgeoisie française pense qu’elle ne peut sauver sa peau qu’en se plaçant dans l’orbite américaine, mais en réalité le pays est une puissance déclassée, en perdition, un simple satellite américain allant au crash. L’instabilité générale en France est inévitable, et c’est une période révolutionnaire qui s’ouvre, à travers malheureusement l’inexorable marche à la guerre.

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Hayer, Braun-Pivet, Hidalgo à Kiev et des centaines de VAB promis

L’avalanche continue, montrant bien le caractère organisé et savamment coordonné de l’escalade militaire française contre la Russie.

Dans un voyage non annoncé, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s’est rendue à Kiev le 28 mars 2024, pour tenir un discours très offensif au parlement ukrainien. Elle a notamment affirmé que « nous ne mettons pas de limite a priori à notre engagement » et que « rien n’est a priori exclu de ce qui pourrait se révéler nécessaire ».

Lors de son voyage, elle a été accompagnée de Valérie Hayer. Celle-ci est la candidate de la majorité présidentielle aux élections européennes en France. Elle est également la dirigeante du groupe parlementaire européen libéral Renew Europe. Elle a ouvertement prôné l’alignement du régime ukrainien sur l’idéologie de Renew Europe et a bien entendu expliqué que le soutien français était « inébranlable », « aussi longtemps qu’il faudra », « quoi qu’il en coûte », etc.

Anne Hidalgo, maire de Paris, s’est rendue dans la foulée à Kiev également, le 30 mars 2024. Allant à rebours de tout l’esprit officiel des Jeux Olympiques, elle s’est lancée dans une diatribe contre les Russes et les Biélorusses, le tout filmé dans une vidéo reprise en ligne par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« Je veux dire aux athlètes russes et aux (athlètes) biélorusses qu’ils ne sont pas les bienvenus à Paris et dire aux athlètes ukrainiens et à l’ensemble du peuple ukrainien que nous les soutenons de façon très active, très forte. »

Enfin, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a accordé une interview au quotidien La Tribune, le 31 mars 2024. Il a annoncé que la France fournirait… des centaines de véhicules blindés (« véhicules de l’avant blindé ») au régime ukrainien. Il est révélateur qu’une telle annonce se fasse le week-end de Pâques, dans un article d’accès payant dans un média dédié à l’économie capitaliste.

Voici les extraits les plus significatifs.

« Le président de la République, à la suite de ses derniers échanges avec le président Zelensky, m’a demandé de travailler à un nouveau paquet d’aides, qui comprendra notamment du matériel ancien issu de nos armées, encore fonctionnel. »

« Pour tenir une ligne de front aussi grande, l’armée ukrainienne a besoin par exemple de nos véhicules de l’avant blindé : c’est absolument clé pour la mobilité des troupes, et cela fait partie des demandes des Ukrainiens (…). On peut en parler en centaines pour 2024 et début 2025. »

« Je m’apprête donc à débloquer un nouveau lot de missiles Aster 30 pour le dispositif SAMP/T [système sol-air moyenne portée/terrestre] donné à Kiev. Nous développons aussi des munitions télé-opérées dans des délais très rapides, pour les livrer aux Ukrainiens dès cet été. »

« Le ralentissement de l’inflation va nous donner des marges de manœuvre au sein du budget du ministère que nous utiliserons pour aider l’Ukraine en passant des commandes aux industriels français (…). Peut-on se servir de toutes les marges de manœuvre pour mieux aider l’Ukraine ? La réponse est oui. »

« L’industrie de défense produit pour les besoins de la France, de l’Ukraine et de nos partenaires. Et des commandes, en particulier françaises, il y en a !

Entre 2012 et 2016, leur montant était en moyenne de 9,5 milliards d’euros. Aujourd’hui, pour la seule année 2023, nous sommes à 20 milliards d’euros de commandes passées en attente de livraison ! »

Il n’est pas bien difficile de comprendre que la France mène un double-jeu. D’une part, elle pousse les soldats ukrainiens à se faire massacrer en leur fournissant du matériel. Un média militariste comme Opex360 explique ouvertement qu’il faut fournir du matériel militaire au régime ukrainien, sans quoi celui-ci aura bien du mal à mener une nouvelle vague de mobilisation.

D’autre part, la France se prépare elle-même à une participation à la guerre, en « musclant » son économie de guerre par en-haut, par la mise en place d’un capitalisme monopoliste d’Etat en ce domaine (ce qui impliquera au fur et à mesure d’autres domaines également). L’Etat s’implique dans la guerre au service du capitalisme, et par là il fusionne avec lui, au lieu de simplement refléter les rapports dominants de la bourgeoisie sur les masses populaires.

On est en pleine poussée vers la guerre – dans le cadre de la bataille mondiale pour le repartage du monde. Et à celle-ci il faut opposer, non pas une abstraction comme « ni les uns ni les autres » (même si au fond c’est juste), mais le défaitisme révolutionnaire, car l’ennemi principal est dans notre propre pays.

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La France officialise les réquisitions de l’économie de guerre

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a tenu le 26 mars 2024 une conférence de presse. On avait à ses côtés notamment Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, et Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées.

L’information principale, passée totalement sous silence dans les médias, c’est que la réquisition est désormais instaurée. Pour mettre en place l’économie de guerre, l’État pourra réquisitionner des industries.

Bien entendu, ce n’est pas annoncé de manière brutale. C’est dit de manière louvoyante. Le ministre des armées « ne s’interdit pas de le faire dans les toutes prochaines semaines ».

Cela reflète en fait la contradiction historique entre le capitalisme, par nature libéral, et sa décadence où il se centralise, s’étatise, se militarise afin de conquérir. En période de crise, l’État et les industriels se confondent dans un Capitalisme monopoliste d’État. On y est pas encore, on en est même très loin, mais la direction prise est claire.

« J’attends des industriels des efforts en la matière. Ce ne sont plus des arsenaux, ce sont des entreprises. Néanmoins, ce ne sont pas des entreprises comme les autres. Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général de l’armement de faire. C’est-à-dire si le compte n’y était pas en matière de cadences et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant. »

Dans les faits cependant, tout est mis en place pour réaliser une telle opération.  Promulguée en août 2023, la loi de programmation militaire 2024-2030 affirme ainsi que en cas :

« de menace, actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, à la protection de la population, à l’intégrité du territoire ou à la permanence des institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’État en matière de défense, la réquisition de toute personne, physique ou morale, et de tous les biens et les services nécessaires pour y parer peut être décidée par décret en Conseil des ministres. »

Le ministre des armées a bien rappelé que sont concernés « des personnels, des stocks ou des outils de productions », dans le cadre d’avoir à « imposer aux industriels d’accorder la priorité aux besoins militaires ».

Il y a également eu des aspects secondaires, comme le fait de justifier la fourniture de drones suicides de l’entreprise Delair au régime ukrainien par le retour d’expériences qui en reviendra pour l’armée française. Car, effectivement, toutes les armées occidentales ayant fourni des armements ont des retours, et ce même en temps réel pour certains matériels.

Il a mentionné ce qui était considéré comme central pour le moment, à savoir les canons Caesar, les missiles antichar, les missiles sol-air courte portée, les missiles Aster, les munitions. Et, évidemment, la remise en marche d’une industrie de la poudre, car la France n’en produit plus depuis plus d’une quinzaine d’années

Bien entendu, la Russie a été présentée comme une menace, ce qu’elle n’aurait pas été il y a encore deux ans, etc.

On est ici dans la confluence entre les intérêts militaires du régime ukrainien et ceux de la France qui veut prendre la tête d’une coalition militaire contre la Russie. Sébastien Lecornu l’a d’ailleurs bien précisé, il n’y aura pas de retour de la conscription, d’ailleurs une armée moderne ne peut pas s’appuyer sur des non-professionnels selon lui.

Par contre, la Journée Défense et Citoyenneté des jeunes prendra une « coloration kaki ». Car il s’agit de structurer l’armée, de l’alimenter.

Quand on voit cela, il faut vraiment se forcer pour nier la réalité, ou bien il faut être un capitaliste, un cynique favorable à la guerre contre la Russie. L’État met en place l’affrontement militaire, c’est indubitable, et il faut s’y confronter. Guerre à la guerre !

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Après l’attentat de Moscou, un Vigipirate fictif

Le gouvernement français a décidé, après l’attentat de l’Etat islamique à Moscou, d’élever le niveau du plan Vigipirate à « urgence attentat ». C’est le niveau le plus élevé. C’est surtout, en réalité, une démarche fictive, de nature militariste d’un côté, relevant de l’opération psychologique de l’autre.

Tous les Français pensent en effet immanquablement au parallèle avec l’attentat contre le Bataclan, et c’est de cela qu’abuse le gouvernement.

L’objectif est de militariser la société, de faire peur, de faire bloc, de masquer que l’attentat de Moscou s’inscrit impeccablement dans la démarche occidentale de dépecer la Russie.

Qu’il y ait des attentats islamistes est une réalité. Agiter Vigipirate avec un attentat imminent est par contre fictif. Rien que la ville de Paris est un chaos complet où Vigipirate ne sert strictement à rien en cas de drame assassin. On est dans la narration, dans une narration bien organisée.

C’est absolument flagrant si on considère qu’il y a depuis le 26 février 2024 une nouvelle séquence qui s’est ouverte.

Le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs prétendu que le groupe de l’Etat islamique qui a frappé en Russie avait également auparavant cherché à agir en France. C’est irréaliste quand on sait que la section de l’Etat Islamique qui a agi en Russie vise à un califat dans une zone composée de l’Afghanistan, au Pakistan, du Turkménistan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan et de l’Iran.

Et il a précisé naturellement que la France avait proposé une « coopération » à la Russie à ce sujet, que tout cela n’a rien à voir avec le régime ukrainien. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est ensuite allé épauler ce discours au 20 heures à la télévision le 25 mars 2024.

Cela n’a aucun sens, à part celui de montrer que l’Etat agit, qu’il est incontournable. Il ne faut pas comprendre autrement la pseudo-opération anti-trafic de drogues « place nette XXL » lancée à Marseille à la mi-mars 2024. C’est de la fiction.

Ce qui se déroule, historiquement, c’est une initiative étatique à plusieurs niveaux, afin de former une tendance, une poussée, et de faire en sorte que tout s’engouffre dedans dans le cadre de l’escalade militaire visant à la guerre ouverte contre la Russie.

Agir contre cette poussée, exister dialectiquement par et contre elle, tel est le devoir de l’époque, sous le drapeau rouge !

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De l’élection présidentielle russe à l’attentat de Moscou

Quand on est dans une situation de crise, les choses vont vite, et elles tournent mal autant qu’elles le peuvent. Le 26 février 2024 est ici une date fatidique, celle qu’on verra posteriori comme une date maudite, celle du commencement d’un tourbillon sanglant.

Les 15-17 mars 2024, il y avait donc l’élection présidentielle russe. C’était l’occasion pour le régime de prouver qu’il a une hégémonie à tous les niveaux sur la société russe. Avec 77,5% de participation et Vladimir Poutine réélu avec 88,5% des voix, on est dans la démonstration de force.

Naturellement, les pays occidentaux se sont empressés de dénoncer une manipulation des mentalités et des votes par le régime, comme si une telle chose n’existait pas en occident. Surtout en France où Emmanuel Macron a été tiré du jour au lendemain du chapeau de la haute bourgeoisie moderniste. Mais, dans tous les cas, ce qui compte est que le régime russe a prouvé sa stabilité.

D’où les propos, quelques jours après, de Dmitrï Peskov, porte-parole du Kremlin, tenus au média Argoumenty i Fakty :

« Nous nous trouvons en situation de guerre. Oui, cela a commencé comme une opération militaire spéciale. Mais dès que toute cette bande s’est formée, quand l’Occident dans son ensemble a participé à tout cela aux côtés de l’Ukraine, pour nous, c’est devenu une guerre. J’en suis convaincu et chacun doit le comprendre. »

Et voilà que se passe alors, le 22 mars 2024, un effroyable attentat en périphérie de Moscou. L’État islamique a envoyé ses sbires tirer à l’arme automatique sur la foule d’un concert, comme au Bataclan. Il y a eu 133 morts, une centaine de blessés, alors que la salle de concert, le Crocus City Hall, a été incendié.

De manière notable, le président russe a affirmé dans une allocution télévisée la chose suivante :

« C’est une tuerie de masse préméditée, ils étaient déterminés à fusiller nos citoyens comme les nazis à l’époque qui fusillaient les gens sur nos territoires occupés. »

C’est une référence directe à l’Allemagne nazie voulant tuer les Slaves ou les mettre en esclavage, et indirectement aux nationalistes ukrainiens historiquement qui lui était alliée. Et, à tort ou à raison, la Russie a accusé le régime ukrainien d’être lié à l’attaque, d’autant plus que les assaillants ont été arrêtés alors qu’ils cherchaient à passer en Ukraine depuis la Biélorussie.

Quand on dit à tort ou à raison, c’est plutôt à raison si on prend les apparences, car il n’est pas un secret que de nombreux islamistes sont actifs en Ukraine, comme composante du projet de dépecer la Russie. L’objectif ici, c’est un Caucase islamiste et la « cause » djihadiste en Syrie.

Pour renforcer encore plus la problématique, il y a eu l’avertissement fait début mars 2024 par l’ambassade américaine en Russie qui aurait eu « des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts ».

Peu importe, de toutes façons. Ce qui compte, c’est que l’État islamique s’est concrètement aligné sur la superpuissance américaine. En cela, l’État islamique agit comme tous les pays occidentaux qui cherchent à tirer profit de la situation.

Les islamistes agissent également comme tous les sites et blogs des gens fascinés par les guerres, les armées et les informations à ce sujet (comme le site opex360), ainsi que toute la scène activiste d’extrême-Droite. Tout un petit monde d’aventuriers s’imagine qu’il y a à vivre l’effondrement de la Russie, et à en profiter.

Et qui converge également avec ces aventuriers ? Toute une fausse Gauche occidentale qui s’empresse ne pas du tout parler de l’escalade militaire française. C’est un silence tout à fait révélateur d’une nature corrompue au sein d’une grande puissance capitaliste qui se permet d’avoir des rebelles ne franchissant surtout pas les lignes rouges (Lundi Matin, le NPA, la Jeune Garde, l’UCL, le PCRF, l’OCML-VP, l’UC, le PCOF, la CDP, etc.)

En bref, le monde brûle. Et il va continuer de brûler, il ne faut pas se leurrer. Pour sortir de la crise commencée en 2020, les puissances occidentales entendent découper la Russie en morceaux, et nous, nous devons nous opposer aux initiatives de notre capitalisme. C’est le défaitisme révolutionnaire de Rosa Luxembourg et de Lénine. C’est la voie juste, celle du drapeau rouge.

L’alternative est chaque jour plus évidente : Socialisme ou barbarie!

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CEMAT: « L’armée de terre est prête » pour la coalition anti-Russie

Le cauchemar continue et chaque jour apporte son lot d’escalade à la chronologie du bellicisme français depuis le 26 février 2024. La nouvelle du 19 mars 2024, c’est une tribune hallucinante du chef d’Etat-major de l’armée de Terre (CEMAT), Pierre Schill, dans le quotidien Le Monde.

Il y explique que l’armée française est prête à aller au carton. C’est immanquablement une contribution à l’escalade. C’est d’ailleurs parallèle à un bourrage de crâne général de la part des médias sur une possible invasion de toute l’Europe par la Russie. On nage en plein délire, comme en 1914.

« Joséphina, 23 ans, ne se plaint pas, l’essentiel c’est de se défendre contre la Russie »

Le même jour que la tribune du « CEMAT », la Russie a précisé qu’elle savait à quoi s’en tenir. Le directeur du renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a fait une déclaration à l’agence de presse russe TASS pour expliquer qu’était prévue l’arrivée en Ukraine de 2000 soldats français. Il a indiqué que cette force militaire française sera « une cible prioritaire et légitime pour les attaques des forces armées russes ».

Eh oui, le climat est à la guerre ! Mais qu’a dit Pierre Schill, très concrètement, dans sa tribune?

Il parle de guerre à tous les niveaux, guerre technologique, mais également guerre de masse.

« Sur le terrain, le retour de la violence guerrière s’impose en miroir de l’affaiblissement des règles internationales. Cette violence guerrière mute avec le développement technologique. Le fantasme d’un combat moderne, mené intégralement à distance grâce aux nouvelles technologies, s’est dissipé.

Les nouvelles formes de conflictualité s’ajoutent aux anciennes sans les remplacer : la guerre électronique n’est pas exclusive de corps-à-corps dans les tranchées ; les attaques cyber de duels d’artillerie ; les manipulations informationnelles de combats urbains maison par maison ; les missiles hypervéloces de frappes de drones à bas coût. »

Il dit ouvertement que la France n’est pas menacée… mais ce n’est pas le cas de sa place au niveau mondial dans les rapports de force. Pierre Schill parle littéralement comme un impérialiste.

« Les conflits actuels amènent à reconsidérer la notion de volume de force. Le temps où l’on pouvait infléchir le cours de l’histoire avec trois cents soldats est révolu (…).

Du fait de sa géographie et de l’état de prospérité au sein de l’Union européenne, aucun adversaire ne menace ses frontières métropolitaines (…).

Pourtant, la France n’est pas à l’abri des tensions qui se manifestent partout dans le monde. Elle a des responsabilités internationales. Elle a des intérêts et des territoires dans toutes les aires géographiques ».

Tout cela pour dire que la France est prête à assumer une coalition militaire… Qu’on devine évidemment contre la Russie, même si ce n’est pas dit. Il est bien précisé que cette coalition peut se faire en-dehors de l’Otan (c’est-à-dire avec des pays de l’Otan mais sans officiellement impliquer tout l’Otan).

« La France a la capacité d’engager en coalition une division, soit environ 20 000 hommes, dans un délai de trente jours.

Elle se dote des moyens de commander un corps d’armée en coalition, soit jusqu’à 60 000 hommes, en agrégeant une division française et des capacités nationales du haut du spectre militaire à une ou plusieurs divisions alliées.

L’état-major de corps d’armée est la structure indispensable pour diriger des opérations terrestres d’intensité variable, depuis des missions de gestion de crise ou de réassurance jusqu’à un engagement de haute intensité.

Il est l’outil d’une puissance capable d’entraîner des partenaires ; l’instrument diplomatique et militaire qui autorise la France à s’engager de manière autonome comme nation-cadre au sein de l’OTAN, comme au sein d’une coalition ad hoc. »

Et la conclusion de la tribune, en bon général pressé de faire la guerre:

« L’armée de terre s’adapte pour assurer la sécurité des Français et contribuer à celle de leurs alliés, principalement européens. Elle est engagée dans une vaste transformation qui renforce ses capacités et durcit son organisation.

Dans ses villes de garnison, en exercice ou en opération, l’armée de terre incarne la force et les valeurs de la nation. Elle est fière qu’une part importante de la jeunesse rejoigne ses rangs.

Elle se tient prête. Quelles que soient les évolutions de la situation internationale, les Français peuvent en être convaincus : leurs soldats répondront présent. »

C’est un soutien sans équivoque à la ligne du 26 février 2024. L’intervention militaire fait plus que se dessiner, elle prend déjà forme, elle est là. Guerre à la guerre !

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Mobilisez-vous contre la mobilisation!

On trouvera désormais sur agauche.org une page dédiée au matériel de l’agitation anti-guerre, avec des modèles d’affiches, d’autocollants, de tracts. Ce matériel n’a nullement la prétention d’être parfait, seulement utile. Il s’agrandira au fur et à mesure et il ne faut pas hésiter à nous envoyer des contributions, l’idée étant de servir le plus largement possible.

C’est que tout se joue désormais sur cette question. Le capitalisme français a choisi d’aller à la guerre contre la Russie pour sortir de sa crise. La révolution a jusqu’à présent totalement échoué contre le capitalisme français, mais là il y a une ouverture nouvelle, historique, dans l’opposition à la guerre. C’est là que tout se décide. C’est là où une nouvelle rationalité doit apparaître.

Car la maturité et le sens des responsabilités sont par définition absents d’une société de consommation. Lorsque Emmanuel Macron a parlé la première fois d’envoyer possiblement des troupes au sol en Ukraine, les Français se sont pour beaucoup moqués de lui. Beaucoup ne l’ont pas pris au sérieux, et ont pris au pied de la lettre les refus des dirigeants des autres pays.

Puis, après, l’absence de maturité, vient l’absence de responsabilités. Car finalement les langues sont dénouées, un pays de l’Otan après l’autre a commencé à dire qu’il fallait en discuter, que ce n’était pas du tout pour aujourd’hui, mais qu’après tout… Et là, les Français, au lieu de s’insurger contre la tendance à la guerre, ont fait comme ils le font tout le temps, ils ont regardé ailleurs.

Sauf que cette fois, ce n’est plus possible. On peut détourner le regard de la cause animale en s’alignant sur la société de consommation, on peut abandonner l’idée de révolution pour se replier sur sa vie de famille, on peut se contenter de contempler et de critiquer sans rien faire à part regarder Netflix. La société de consommation permet toutes les fuites possibles. La France est un des pays les plus riches du monde, au-delà de tout misérabilisme démagogique.

Mais la guerre… c’est autre chose. Impossible de fuir, cette fois, impossible de regarder ailleurs. La guerre exige la mobilisation, le soutien à l’effort de guerre, l’Union sacrée, l’alignement complet sur le discours officiel.

L’Union sacrée contre la Russie, on l’a pratiquement déjà à tous les niveaux dans notre pays. Du Rassemblement National à La France Insoumise, tout le monde vote pour fournir des armes au régime ukrainien et pour faire tomber la Russie. Les médias ne cessent de raconter depuis 2022 que les soldats russes tuent leurs blessés, visent les civils, n’ont plus de missiles, n’ont plus de munitions, désertent… Que Poutine est malade en phase terminale, qu’il utilise des sosies, que l’économie russe est à l’agonie, etc.

Le bourrage de crâne est là, le choix de faire la guerre est fait. La page de chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024 que nous avons ouverte promet d’être terrifiante. On est en plein drame historique. On est entraîné vers la guerre. C’est un véritable ouragan invisible qui s’est emparé de la France capitaliste, hypnotisant tout l’appareil d’Etat, dans la grande passivité des masses.

Alors, il faut y aller. Il faut semer les graines de l’opposition à la guerre, qui ne peuvent que germer de par le contexte mondial en plein développement.

Il faut prendre ses responsabilités, il faut répondre à l’appel de l’Histoire, comme Rosa Luxembourg et Lénine hier. Il faut vaincre la guerre!

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Macron assume de nouveau les troupes françaises en Ukraine

Au retour en avion de Berlin où ont été annoncées des mesures de soutien militaire au régime ukrainien, Emmanuel Macron a accordé une interview au Parisien. On parle ici d’un quotidien de la région parisienne au niveau très faible sur les plans intellectuel et culturel. L’horizon du Parisien, c’est le club de football du Paris Saint-Germain et les faits-divers, avec un alignement complet sur la vie quotidienne du capitalisme.

Emmanuel Macron a encore une fois tenu des propos chocs, dénués d’ambiguïtés pour qui a un sens de l’Histoire. On est en pleine narration à l’américaine pour aller, petit à petit, à la guerre avec la Russie. Cette guerre est présentée comme nécessaire, possible, souhaitable.

« Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. »

« Il ne faut pas se laisser intimider, nous n’avons pas face à nous une grande puissance. La Russie est une puissance moyenne dotée de l’arme nucléaire, mais dont le PIB est très inférieur à celui des Européens, inférieur à celui de l’Allemagne, de la France. »

« L’Allemagne a une culture stratégique de la grande prudence, de non-intervention, et elle se tient à distance du nucléaire. Un modèle très différent de celui de la France, dotée de l’arme nucléaire et ayant gardé et renforcé une armée de métier. »

« [Sur le fait de se préparer à tous les scénarios] Ce serait une erreur, une faute, de ne pas le faire. Je suis d’ailleurs persuadé que dans certains de ces scénarios, chacun, qui le peut avec son modèle, prendrait ses responsabilités. »

On est ici dans le choix de faire une guerre longue à la Russie, de multiplier les initiatives pour aller au conflit généralisé tout en cherchant à éviter l’emploi de l’arme nucléaire. Cela implique de revendiquer haut et fort le possible emploi de l’arme nucléaire, ce dont Emmanuel Macron ne se prive pas.

C’est une logique de guerre tout à fait évidente. Et cela passe comme une lettre à la poste dans un pays corrompu dans sa position hégémonique dans le monde. Les Français sont surtout passifs, avec une partie d’entre eux tout à fait partisans de démolir la Russie pour continuer à vivre comme avant. Heureusement une petite partie comprend ce qui se passe et est révoltée par l’engrenage réalisé par Emmanuel Macron.

Sauf que pour faire face à la guerre, il faut aller dans le sens de rompre avec le mode de vie capitaliste, et là c’est quelque chose au-delà des forces de quasiment tout le monde. On va donc vers des contradictions s’exprimant de manière nouvelle, avec des luttes de classes qui vont se poser de manière tranchée sur la question de la guerre, recomposant le prolétariat ou au contraire le pressurisant encore plus dans sa soumission à la bourgeoisie.

C’est une époque nouvelle et c’est pourquoi une page spéciale a été ouverte avec la chronologie du bellicisme depuis le 26 février 2024. Ctte chronologie, mise à jour, est un outil pour dévoiler, démasquer la tendance à la guerre.

Guerre à la guerre !

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Refus de l’hégémonie

Ukraine: Macron, Scholz et Tusk à Berlin

C’est une séquence très forte : l’Assemblée nationale soutient l’accord franco-ukrainien le 12 mars 2024, le Sénat fait de même le 13… Puis, Emmanuel Macron accorde une interview au 20 heures le 14, et le 15 il assiste à une grande réunion à Berlin avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre polonais Donald Tusk.

On est là dans un épisode très organisé de l’escalade. Il a été annoncé les choses suivantes à Berlin :

  • il y aura une « nouvelle coalition capacitaire sur les frappes dans la profondeur »,
  • les livraisons d’armes et de munitions au régime ukrainien vont augmenter, y compris en procédant à des achats sur le marché mondial (la France voulait initialement que cela soit acheté en Europe seulement),
  • la production d’armes en Ukraine même va être développée,
  • les avoirs russes gelés dans l’Union Européenne génèrent des profits qui vont être utilisés en faveur du régime ukrainien
Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Donald Tusk

Ce que cela signifie, dans les faits, est que le conflit armé en Ukraine va durer encore longtemps. La « production européenne » souhaitée par Emmanuel Macron ne se fera pas réellement, car chaque pays a ses intérêts propres, les contradictions entre puissances capitalistes restent bien trop grandes.

Une alliance, cependant, pour faire tomber la Russie est par contre tout à fait faisable, et c’est le sens réel de tout le discours sur « l’Europe » et ses prétendues « valeurs ». On remarque toutefois que le Royaume-Uni n’est pas présent, alors qu’il est militairement l’un des grands soutiens du régime ukrainien. Et même si le Royaume-Uni n’est plus dans l’Union Européenne, on n’entend pas pour autant parler de l’Italie, qui pourtant soutien le régime ukrainien également.

Ce qui se passe, en réalité, est que le Royaume-Uni qui voulait tellement entrer dans le conflit en Ukraine a décidé de laisser la France et l’Allemagne, qui comptent fournir le matériel, alors que la Pologne est censée fournir les troupes. Sur le papier, c’est ce qui est prévu pour l’instant et c’est pour cela qu’Emmanuel Macron peut, sans « mentir », dire qu’il ne veut pas que la France entre en guerre avec la Russie.

Sauf que tout cela, ce sont des contorsions, que les choses ne se déroulent jamais comme sur le papier et qu’on va dans un imbroglio militaire qui va durer des années. Moins la Russie tombera, plus les contradictions entre puissances en Europe vont s’accentuer, et tout va devenir toujours plus instable, parallèlement à un capitalisme en crise qui ne sait plus à quoi se raccrocher.

Comme, qui plus est, c’est l’incendie au Proche et Moyen-Orient, avec l’Etat israélien qui ravage Gaza et qui va bientôt entrer en guerre au Liban, et que la superpuissance américaine vise à affronter son concurrent chinois, le brasier va être d’une importance historique.

On peut dire en un sens que l’Histoire commence, du point de vue français, le 26 février 2024 avec Emmanuel Macron parlant de la possibilité de troupes au sol. Désormais, plus rien n’est pareil, dans des proportions toujours plus grandes. C’était déjà le cas depuis le Covid, mais là on entre dans une autre séquence, celle de la tentative de sauver le capitalisme par la guerre de repartage du monde. C’est une séquence historique de dimension transcendante, avec comme alternative la révolution ou la guerre !

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Refus de l’hégémonie

Emmanuel Macron sur l’Ukraine le 14 mars 2024

L’accord franco-ukrainien a été largement approuvé par l’Assemblée nationale le 12 mars 2024, puis le lendemain par le Sénat. Le président français Emmanuel Macron a alors pris la parole le 14 mars, au « 20 heures » des chaînes TF1 et France 2.

Ce qu’il a dit était dans le prolongement de ce qui avait été dit depuis le fameux 26 février 2024. Cela donne la chose suivante : la Russie ne doit pas gagner contre le régime ukrainien, car elle présente une menace existentielle, par conséquent son régime doit changer. Pour autant… nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Celle-ci est un « adversaire », pas un ennemi, du moins pas encore, car elle viserait à conquérir toute l’Europe !

C’est le même discours que la France contre l’Allemagne avant 1914. La France ne voudrait pas la guerre, elle est forcée au conflit alors qu’elle ne le veut pas. Et quand la guerre se déclenche, on prétend que c’est une guerre juste, la « der des der » pour instaurer une paix universelle en forçant l’ennemi à changer pour devenir aussi « pacifique » que la France.

« La France est une force de paix. Pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible. Il nous faut lucidement regarder la situation et il nous faut avec détermination, volonté, courage dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif qui est que la Russie ne gagne pas. »

Tout le bellicisme a ainsi été masqué par Emmanuel Macron derrière une « obligation », celle de faire face à l’adversaire.

« Il y a deux ans, on disait qu’on enverrait jamais de missiles et d’avions, on l’a fait. Nous avons mis trop de limites, dans notre vocabulaire. Nous ne sommes pas dans l’escalade. Nous, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Il faut être clair, nous ne devons pas laisser la Russie gagner. » 

De manière plus marquante, les heures précédant l’interview d’une demi-heure d’Emmanuel Macron ont vu le petit « scandale » de la fuite faite par le quotidien Le Monde, comme quoi Emmanuel Macron, en février, aurait dit nonchalamment devant plusieurs personnes que « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa ».

Bien entendu, l’Elysée a démenti. Néanmoins, il est douteux que Le Monde se soit permis de sortir cela ainsi. Le même jour, on pouvait lire pareillement sur le site du Monde que :

Depuis le début du conflit ukrainien, des membres du personnel diplomatique sous couverture, des « conseillers » insérés au sein des états-majors ukrainiens ou de forces spéciales de tous types, effectuent des allers-retours à Kiev. « L’action de ces services est par nature clandestine, donc en dehors du droit de la guerre », rappelle Vincent Crouzet, ancien collaborateur de la direction générale de la sécurité extérieure.

C’est là quelque chose qui rentre totalement dans la narration d’Emmanuel Macron. La France y est, sans y être, etc. Nul hasard à cela. Le Monde est directement l’organe de la bourgeoisie moderne française, libérale-démocrate comme Emmanuel Macron. Le quotidien appelle ainsi régulièrement à la guerre européenne contre la Russie, comme ici en février 2023 par exemple.

Et si on regarde en détail comment Emmanuel Macron a sorti sa bombe le 26 février 2024 de l’envoi de troupes en Ukraine, on voit que cela a été savamment mis en scène à la fin de la conférence de presse, justement par l’intermédiaire d’un journaliste du Monde.

Tout cela ne forme qu’une narration pour préparer l’opinion publique, pour présenter la guerre comme inéluctable, comme « tombant d’elle-même » malgré les « bonnes volontés » françaises…

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Refus de l’hégémonie

13 mars 2024, la question ukrainienne au Sénat

Après le « débat » à l’Assemblée nationale le 12 mars 2024, c’est le Sénat qui a suivi. Ce fut le même scénario : le gouvernement, par l’intermédiaire du premier ministre Gabriel Attal, souligne l’importance de l’accord franco-ukrainien… explique que la Russie est à la fois criminelle et responsable d’absolument tous les maux économiques. « Si l’Ukraine perd, nous perdons nous aussi » a-t-il dit. « Nous ne laisserons pas la Russie gagner ! » a-t-il conclu.

Les partis gouvernementaux lui emboîtent forcément le pas (Les Républicains à droite, le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts à « gauche »). Ils savent qu’il y a un prix à payer pour pouvoir gouverner : il faut s’aligner. La France capitaliste a une logique militaire et industrielle, personne ne peut aller au gouvernement sans l’assumer.

Quand on voit le sénateur Europe Ecologie Les Verts Guillaume Gontard raconter qu’il faut effectivement fournir au régime ukrainien « des munitions, de l’artillerie, des obus et systèmes de défense anti aérien », mais aussi « des Mirage 2000 D », on voit à quel point l’adaptation est obligatoire. En quelques années, Europe Ecologie Les Verts est passé d’une force de gauche à prétention écologiste à un mouvement ultra-belliciste au nom de l’Union européenne !

Quant à Rachid Temal, socialiste vice-président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, il a carrément présenté le retour de « la guerre totale sur le continent européen » comme « une réalité que nous devons prendre en compte » !

Avec cet arrière-plan, il y a donc eu 326 sénateurs qui ont voté. 293 ont voté en faveur de l’accord franco-ukrainien, 22 ont voté contre. Dans le prolongement du vote à l’Assemblée nationale, c’est une véritable offrande au gouvernement pour sa ligne belliciste. La grande majorité soutient son initiative et il y a même quelques opposants à dénoncer comme des agents de Vladimir Poutine.

C’est parfait pour la France capitaliste que cette hégémonie complète, avec quelques protestataires dont on peut se moquer, et qui servent à faire peur !

Car les partis populistes pensent pouvoir l’emporter par une sorte de soulèvement électoral, qui les porterait au gouvernement en leur accordant une grande marge de manœuvre. Cependant, le cahier des charges bourgeois ne disparaît pour autant.

Et donc, les populistes doivent combiner la manipulation des gens et le fait d’être crédible pour gouverner, c’est un jeu d’équilibriste ! C’est pour cela que le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le PCF de Fabien Roussel… disent tous qu’ils soutiennent le régime ukrainien, que le soutien français au régime est une très bonne chose.

Ils ne peuvent pas faire autrement ! Mais ils ont peur de perdre leur base populaire, alors ils disent que le gouvernement agit mal, que le président Emmanuel Macron gère mal les choses, qu’il y a des risques, notamment nucléaires. C’est là de la « politique » politicienne tout à fait traditionnel, avec toute sa dose d’absurdité.

Cécile Cukierman, du PCF, a ainsi dénoncé la Russie et son action considérée comme criminelle, appelé à absolument soutenir le régime ukrainien, salué le nationaliste russe Navalny comme une grande figure « démocratique »… pour ensuite reprocher à Emmanuel Macron sa logique d’escalade, ainsi que sa volonté d’intégrer l’Ukraine dans l’Otan. Cela n’a strictement aucun sens.

Le Rassemblement national n’a que trois sénateurs et c’est Christopher Szczurek qui a pris la parole pour eux. Il a fait l’éloge du régime ukrainien, il a affirmé que tout ce que le gouvernement français fait depuis deux ans pour le régime ukrainien est très bien ! Cela implique donc le soutien militaire… Mais Christopher Szczurek a pourtant expliqué qu’il était contre l’escalade dans ce soutien. C’est totalement incohérent.

On comprend tout, de toutes façons, quand on voit que le « débat » a été conclu par les interventions du ministre des Armées Sébastien Lecornu et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné. Leurs propos ont été sans ambiguïtés : il faut faire tomber la Russie.

Tout cela est, bien entendu, une fuite en avant du capitalisme français en crise. Voici un simple exemple pour comprendre la vanité de la France décadente. Dans un petit article de compte-rendu des propos du ministre des Armées sur le site étatique Public Sénat (le Sénat disposant de sa chaîne de télévision), on lit la chose suivante :

« Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a tenu à rassurer les sénateurs sur l’aide militaire de la France à l’Ukraine dans le cadre de l’accord bilatéral de sécurité qui entraîne l’élaboration par le gouvernement d’un nouveau paquet d’aides militaires « jusqu’à 3 milliards d’euros ».

« Il conviendra de répondre présent sur l’artillerie, sur la défense solaire, sur les frappes après la ligne de front », a-t-il cité. »

Le denier mot reflète bien le niveau débile des intellectuels bourgeois, qui sombrent : le ministre ne s’est bien entendu pas cité lui-même. Mais il est parlé surtout de « défense solaire ». Solaire, c’est relatif au soleil, il fallait bien entendu comprendre « sol-air », de missiles lancés depuis le sol pour viser des avions.

Comme toutefois dans la France capitaliste en décadence, tout le monde fait semblant de tout, personne ne comprend vraiment ce qu’il fait, et forcément on arrive à des aberrations partout. C’est très mal parti pour mener une guerre et c’est pour cela que sacrifier les Ukrainiens en leur fournissant du matériel pour servir de chair à canon est la meilleure méthode du point de vue occidental !

Mais on ne coupera pas à l’engrenage. Et là tout le tissu social français va se déchirer, et on entrera alors, enfin, dans une époque de révolution. Ce sera le Socialisme contre la guerre de repartage du monde. On est au tout début du processus, mais il est inéluctable.

Il y a un sinistre engrenage – mais l’inverse est présent également, comme réponse historique, sous la forme du défaitisme révolutionnaire, du drapeau rouge !

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Refus de l’hégémonie

Zaloujny, de chef de l’armée ukrainienne à ambassadeur

Le 8 mars 2024, le ministre des affaires étrangères polonais Radosław Sikorski expliquait qu’une intervention de l’Otan aux côtés de l’Ukraine était une très sérieuse hypothèse, afin de mettre au pas la Russie, autrement dit de la dépecer.

« La présence de forces de l’OTAN en Ukraine n’est pas impensable. J’apprécie l’initiative du président Emmanuel Macron car il s’agit de faire en sorte que Poutine ait peur et non que nous ayons peur de Poutine.

La Russie s’est révélée civilisationnellement incapable d’adopter nos valeurs, malgré nos encouragements répétés. Nous avons dû revenir au rôle initial de l’OTAN. Les Russes se définissent eux-mêmes comme un pays qui ne peut pas vivre en paix avec ses voisins. »

Cette diatribe polonaise ne doit pas surprendre, le nationalisme polonais rêve depuis des centaines d’années de prendre le contrôle de toute l’Europe de l’Est et de détruire la « Moscovie ». Et c’est là qu’on a affaire à des complications très nombreuses, qu’il est nécessaire pourtant de saisir pour ne pas perdre le fil.

Le plus simple pour cela, c’est de prendre la nomination de Valeri Zaloujny, nommé le 7 mars 2024 ambassadeur extraordinaire au Royaume-Uni. Auparavant, il était commandant en chef des forces armées d’Ukraine.

Zaloujny, un général, occupait ce dernier poste depuis juillet 2021, avant de se faire démettre début février 2024. C’est justement là où c’est intéressant. Zaloujny est en effet un fervent nationaliste, un admirateur de Stepan Bandera. En fait, l’armée ukrainienne est par définition bandériste.

Zaloujny avec un officier devant un portrait de Stepan Bandera

Or, le nationalisme ukrainien est traditionnellement exterminateur par rapport aux Juifs, aux Polonais et aux « Moscovites ». Cependant, la situation actuelle empêche une telle « franchise » et les nationalistes appuient surtout l’idée d’une alliance entre le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine.

Le Royaume-Uni assume depuis le départ de vouloir détruire la Russie, et, fait très important, en février 2022, une alliance dénommée « trilatérale » unissait le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine.

C’est le sens de la nomination de Zaloujny comme ambassadeur à Londres. C’est un compromis avec les nationalistes ukrainiens de la part de la fraction directement pro-américaine, dirigée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Par nationalistes ukrainiens, il ne faut pas penser à Azov. La ligne d’Azov est celle d’un bandérisme « pur », jusqu’au-boutiste avec un racialisme « européen » à l’arrière-plan. C’est le « secteur droit » qui est ici au cœur de la question, car il est le parti prônant l’alliance directe avec le Royaume-Uni, tout comme « Svoboda ».

Rappelons que tant Azov que le « secteur droit » et « Svoboda » disposent d’unités de l’armée directement sous leur direction idéologique. Ces organisations pèsent très lourd en Ukraine.

Valeri Zaloujny et Dmytro Kotsyubaylo du « secteur droit » en décembre 2021 après la remise au second de la plus haute décoration ukrainienne par Volodymyr Zelensky 

Zaloujny était parfaitement en phase avec l’armée bandériste, et était très populaire, d’où la grande surprise de son éviction. Mais une semaine avant son éjection du poste de commandant en chef des forces armées d’Ukraine, il y avait des rumeurs de heurts politiques très violents entre Zaloujny et Zelensky.

Cela semblait très flou. On devinait alors un affrontement interne, très brutal, dont le point de départ était l’échec de la « contre-offensive » ukrainienne. Mais quel était la nature de cet affrontement ?

Retraçons les grandes lignes de ce qui s’est passé. Nous le disions dès avril 2023 : cette contre-offensive n’avait qu’un seul sens, celui de servir la marche à la guerre du côté occidental.

L’échec de la contre-offensive, de fait, a été complet, et un grand souci du point de vue occidental dans le bilan est que Zaloujny n’a pas suivi les consignes de l’Otan, dispersant tout le matériel fourni en différents points au lieu de chercher à ouvrir une brèche.

Il a également reconnu, en novembre 2023 lors d’une interview au média américain The Economist, l’échec de la contre-offensive. Pour cette raison, il a ensuite poussé à la mobilisation de 500 000 nouveaux soldats, ce que Zelensky voyait comme un grand risque politique dans une Ukraine sous le joug du nationalisme, mais avec une base très précaire sur le plan social ou des idées.

Zaloujny a alors été remplacé par Oleksandr Syrsky, ancien commandant des forces terrestres, lié à la fraction de Zelensky. Mais comme la superpuissance américaine a confié la patate chaude aux Européens, Zaloujny a été nommé au Royaume-Uni, comme compensation renforcée aux nationalistes ukrainiens.

Zaloujny avait d’ailleurs entre-temps refusé d’être nommé au Conseil national de Sécurité et de Défense, preuve qu’il voulait rester dans la partie politique en cours au sein d’un régime ukrainien en très mauvaise posture.

Autrement dit, on a ici les deux fractions principales aux commandes en Ukraine, maintenant une forme de compromis : la fraction soumise à la superpuissance américaine, dirigée par Volodymyr Zelensky et aux commandes, la fraction nationaliste cherchant un tournant « britannique » et polonais, qui n’est pas aux commandes mais reste puissante.