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Culture & esthétique

Diane, Actéon et le professeur des collèges

Il en faut bien peu pour désarçonner les adultes à l’époque du capitalisme moderne ; même des élèves de sixième peuvent ébranler un professeur au collège. Tel est le triste panorama d’une société libérale où aucune valeur n’est considérée comme intouchable. Le détonateur de l’affaire dont on parle ici est pourtant une peinture, du 17e siècle qui plus est, et on pourrait s’imaginer que face à une œuvre d’art, c’est le respect qui prime.

Cependant, comme le capitalisme massacre l’art avec ses carrés noirs, ses lignes blanches plus ou moins blanches et ses « installations » contemporaines, la peinture est désacralisée par les nouveaux barbares.

Le tableau dont on parle ici, c’est Diane et Actéon, de Giuseppe Cesari, dit Il Cavalier d’Arpino ou Le Cavalier d’Arpin. Il date du début du 17e siècle et se trouve au Louvre. Les personnages féminins ne sont pas forcément bien représentées, le personnage masculin est lui trop formel, mais la composition est admirable et il y a un sens du mouvement.

Dans cet épisode de la mythologie gréco-romaine, en effet, Actéon tombe sur la déesse Diane en train de prendre un bain et celle-ci pour se venger le transforme en cerf. Actéon est alors dévoré par ses chiens de chasse. L’épisode est raconté dans les Métamorphoses d’Ovide (III, 138-252).

On comprend tout de suite la portée de cet épisode, qui est à la fois en défense des femmes face à la convoitise des hommes, et un témoignage de comment les déesses-mères de l’humanité première ont été intégrées dans le panorama mythologique.

De manière plus approfondie, on peut y voir une expression de la violence latente en chaque femme en raison de la soumission générale des femmes depuis l’élevage et l’agriculture. C’est tout un potentiel de rage en défense de son intimité qui s’exprime ici et c’est sans nul doute l’aspect le plus intéressant.

Au milieu du 17e siècle, le thème a été repris par Rembrandt, mais c’est forcément plus obscurci que dans la peinture italienne et, surtout, il y a une dimension photographique nuisant au propos « philosophique ».

Rembrandt, Diane et ses nymphes surprises au bain par Actéon

On trouve le même défaut, mais sans le réalisme et de manière plus anecdotique dans la peinture réalisée cent ans plus tôt par le Titien. On y retrouve par contre toute une préciosité du détail à l’italienne.

Le Titien, Diane et Actéon

Le tableau de Cesari a en tout cas été prétexte début décembre 2023 à un droit de retrait de la part des professeurs du collège Jacques-Quartier d’Issou, dans les Yvelines, en périphérie de Paris. La présentation de la peinture par un professeur de français a en effet provoqué des troubles en raison de la nudité des femmes, troubles qu’on devine liés à l’Islam sans que ce ne soit jamais dit.

Et comme le collège est rempli d’élèves livrés à eux-mêmes et de parents égocentriques pour qui leur enfant est roi, le tout dans une abandon social et une décadence culturelle, alors forcément, cela tourne au drame. Et on ne saurait être sauvé par l’idéalisme, à la fois cosmopolite et de la démesure, de pseudos gens de gauche, comme la secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) Sophie Vénétitay, qui vient expliquer qu’à ce stade rien ne montre que c’est la religion qui pose problème.

On notera ici d’ailleurs un aspect marquant. Mahomet était un porteur de civilisation et il a amené les tribus arabes à un niveau supérieur. Pour s’opposer frontalement aux superstitions, il a toutefois été dans l’optique d’interdire tant la musique que toute représentation d’êtres vivants. Il visait en fait les cultes mystiques, le paganisme avec ses chants, ses cultes, etc.

On sait comment l’Islam a pu composer avec cela, par exemple avec les miniatures persanes qui représentent tout de même des êtres vivants, ou bien avec l’architecture islamique justement produit de la non-possibilité de développer la peinture. Inversement, ces interdictions ont été largement utilisées par l’obscurantisme de l’armée et du clergé, qui ont fini par étouffer la civilisation islamique jusqu’à son effacement.

Mais donc, au sens strict, aucun musulman ne peut, non pas simplement regarder ce tableau, mais même n’importe quel tableau représentant des êtres vivants. Pour « déradicaliser », il suffirait de cours de peinture et de cours de musique. Bien entendu, une société libérale ne peut pas mettre cela en place, car cela serait rendre « absolu » certaines valeurs.

« Sacraliser » la peinture, c’est « sacraliser » l’Histoire, c’est affirmer l’universel. Le capitalisme ne peut pas faire faire cela, car il relativise tout. L’héritage culturel n’est bon pour lui que comme base de recyclage, et son horizon c’est de toutes façons Harry Potter.

Voilà comment on se retrouve avec des élèves de 6e en révolte contre la peinture, et avec des professeurs incapables de protéger la civilisation. Les uns sont idiots façonnés par leurs parents, les réseaux sociaux et la consommation, les autres des lâches qui n’assument rien au nom du confort occidental.

Et les Français qui voient ça, choqués, mais ne valant pas mieux, vont dire à l’extrême-Droite de régler tout ça. Voilà le panorama d’une France sans dimension, sans envergure, incapable de porter encore le Socialisme.

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Culture & esthétique

Nescafé et le métissage avec la Cumbia

Nous sommes en 1981 et la multinationale Nestlé lance une campagne internationale pour son café soluble, Nescafé (dont le nom mixe Nestlé et Café). La chanson à l’arrière-plan atteint une formidable popularité, avec son air entraînant.

Voici la chanson utilisée pour la publicité, qui a atteint une grande renommée alors, tant en France (et d’autres pays européens) qu’en Amérique latine.

Par la suite, Nestlé a dû sacrément mettre à la poche et payer les ayant-droits. La chanson était en effet une reprise. C’est bien de la Cumbia, une musique colombienne d’esclaves africains passée au prisme des influences des Caraïbes et amérindiennes, tant au niveau des innombrables instruments que du tempo, du refrain, etc.

Cependant, la chanson originale de 1977 relevait de la Cumbia du Pérou, qui a eu une influence du rock psychédélique notamment. On est dans le métissage le plus complet, la synthèse en pleine action (les post-modernes diraient que c’est de la « réappropriation culturelle »).

Si la chanson originale n’est pas extraordinaire, la Cumbia péruvienne, ou Chicha, ou Cumbia tropicale andine, dispose d’un patrimoine exceptionnel, dont voici deux exemples résolument bluffants.

La chicha est née du départ de paysans andins pour la banlieue de Lima ; on est ici à une époque où ces zones, tant les Andes que les banlieues de Lima, vont justement former le bastion des maoïstes du Parti Communiste du Pérou (le fameux « Sentier lumineux » des médias).

La Cumbia dans sa version moderne est pour ainsi dire une musique typique de ces paysans débarquant dans l’urbanisation, avec la rencontre de la musique traditionnelle et de son souci populaire d’un côté, des instruments modernes et de l’approfondissement musical expérimental de l’autre.

On retrouve la Cumbia dans la plupart des pays d’Amérique latine suivant ce modèle. Voici un exemple d’Argentine, avec un sous-genre populaire-vulgaire qui eut son succès.

Chaque pays latino-américain a même repris la Cumbia à sa manière, ou emprunté un style d’un autre pays pour l’adapter à sa manière, pour le meilleur et le pire, car ce sont des musiques populaires et on tombe malheureusement aisément dans le côté facile, commercial.

Si on ajoute à cela que chaque région est très riche musicalement, cela donne une multitude sans fin de genres et de sous-genres de Cumbia, avec à chaque fois – en raison de l’esprit latino – une codification extrême du style dans l’apparence et la danse. C’est enjoué, mais cadencé, libéré mais très cadré, dans ce paradoxe typiquement latino-américain.

Rien que pour les variantes mexicaines cela donne comme liste de genre : Cumbia norteña, Cumbia Texmex, Tecnocumbia, Cumbia sonidera, Cumbia del sureste, Cumbia Sureña mexicana, Cumbia Andina Mexicana, Cumbia Banda, Cumbia saxofonera, Cumbia rock, Cumbia mariachi, Cumbia poblana, Cumbia peñonera, Cumbia texana, Cumbia ranchera, Cumbia grupera ou tecnocumbia, Cumbia estadounidense, Cumbia ska, Cumbia Tribalera, Electro Cumbia, Cumbia huapango/Cumbia huapanguera o de la huasteca y michoacana.

Voici un exemple avec la représentante de son propre style, la « Anarcumbia » à l’esprit féministe assumé, attention hypnose musicale garantie.

Pour finir, voici un mix de la nouvelle vague Cumbia chilienne, encore un témoignage du côté circulaire et entraînant de la Cumbia.

La publicité de Nescafé relevait classiquement de la « mondialisation » et on cerne ici bien les deux aspects. D’un côté, c’est du capitalisme, de l’autre il y a l’inexorable avancée dans la rencontre – fusion des masses mondiales.

Et ce on devine comment, même quand l’humanité sera unifiée, il y aura fusion et refusion dans un mouvement infini !

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Guerre

La Russie fait tel Cortés

Elle brûle ses vaisseaux.

Cortés est le chef de guerre espagnol qui a dirigé l’affrontement contre les Aztèques. A un moment, ce conquistador a organisé la destruction de ses navires, afin d’empêcher tout retour en arrière de ses troupes, pour les forcer à avancer, coûte que coûte. De là vient l’expression « brûler ses vaisseaux ». C’est exactement ce qu’a fait la Russie début septembre.

L’article La séquence du début septembre 2022 en Ukraine du 10 septembre expliquait qu’il se passait quelque chose, que l’affrontement ne restait pas statique en attendant l’hiver. Et en quelques jours depuis, l’Ukraine a en effet réussi une offensive apparemment victorieuse au point de reprendre quasiment 6 000 kilomètres carrés.

Les médias occidentaux, présentent naturellement cela comme une défaite majeure de l’armée russe, qui serait littéralement en lambeaux et qui connaîtrait rapidement une défaite totale, Vladimir Poutine étant éjecté à terme du pouvoir, etc.

Il y a deux soucis majeurs avec cette interprétation. Le premier, c’est que l’armée russe s’est repliée de manière organisée de la région de Kharkiv. Il y a bien entendu des pertes matérielles inévitables dans ce genre de procédé, mais le repli a été une réussite, tout comme l’avait été le repli de la région de Kiev. Or, un repli militaire réussi est l’une des choses les plus difficiles qui soient. Cela implique une organisation au plus haut niveau.

Il y a donc une part de délibéré dans l’initiative, suivant une décision en amont, alors que cela correspond qui plus est à la stratégie russe de laminer par l’artillerie. L’offensive ukrainienne a coûté très cher en termes humains pour cette raison et l’armée ukrainienne fait face à d’énormes problèmes de logistique pour maintenir les positions conquises. Cela modifie toute la situation puisque cela renverse la situation d’assiégeant – assiégé.

Mais les choses vont bien plus loin. L’offensive ukrainienne non seulement ramène l’actualité de la guerre au Nord, avec la « République populaire » de Louhansk de nouveau menacée, mais menace la région de Kherson au sud. On est dans une situation où la Russie se retrouve comme au pied du mur. Le régime ukrainien annonce qui plus est la défaite prochaine de la Russie, la reprise de la Crimée, etc.

Cette situation sert concrètement la mise en place du capitalisme monopoliste d’État russe. A la mi-août 2022, il était constaté ici que le régime ukrainien était désormais colonial, directement dépendant de la superpuissance américaine. Il y avait un basculement complet. On a désormais le phénomène équivalent pour la Russie.

La situation actuelle – que l’armée russe ne pouvait pas ne pas prévoir, de par la quantité de soldats ukrainiens nécessaires pour l’offensive contrairement à encore quelques jours auparavant avec des mini-offensives fictives – est un prétexte à une immense campagne idéologique en Russie, avec des appels à une mobilisation à grande échelle pour la guerre. Le dirigeant du « Parti communiste de la Fédération de Russie », Guennadi Ziouganov, n’a pas hésité à dire que la situation était celle d’une guerre et qu’il fallait aller bien plus loin.

En ce sens, l’armée russe vient pour la première fois de frapper des infrastructures civiles, en l’occurrence la centrale électrique de Krementchoug dans la région de Poltava, celle de Pavlograd dans la région de Dniepropetrovsk, celles de Kharkiv et Zmiev dans la région de Kharkiv.

On est donc dans une montée en gamme de l’initiative russe. La situation anéantit la définition d’une « opération spéciale » avec une population continuant sa vie à l’écart de celle-ci. Désormais, le conflit est la grande actualité et exige une grande « résolution », sans quoi le régime va vaciller. C’est le grand saut dans l’inconnu, alors que parallèlement l’affrontement Arménie-Azerbaïdjan reprend de plus belle et que la guerre franco-gréco-turque s’annonce.

L’armée russe a ainsi accompagné cette situation, voire y a poussé – difficile d’y voir clair, cela dépend de ses propres capacités. Mais elle a clairement poussé à un changement de la configuration générale du conflit. Les choses vont désormais commencer à très mal tourner, il va y avoir une escalade et davantage d’interventions à tous les niveaux dans le conflit, notamment par la Chine d’un côté et l’OTAN de l’autre.

C’est aussi un pas dramatique vers l’utilisation d’une arme nucléaire tactique – la configuration commence à aller dans le sens de s’y prêter.

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Rapport entre les classes Réflexions

Qu’est-ce qu’un beauf ?

Tous des beaufs ?

Tout comme la TVA et la boule à facette, le mot « beauf » est une invention 100% française et n’a pas d’équivalent exact dans les autres langues, et c’est dommage parce que c’est un terme très éloquent, qui en dit long sur notre façon de vivre. L’équivalent le plus proche est probablement le « gros oncle du barbecue » brésilien, « tiozão do churrasco« .

Popularisé par le dessinateur Cabu dans Charlie Hebdo dès les années 70, le mot « beauf » est totalement rentré dans le langage courant, si bien qu’on l’emploie chaque jour sans y prêter attention, et sans forcément réfléchir à quoi cela correspond. Son histoire accompagne celle de la société de consommation : autrefois il y avait des cuistres, des farauds et des gougnafiers, mais pas de beaufs.

On l’utilise le mot beauf pour parler d’autrui et rarement de soi-même, sauf dans un esprit d’auto-dérision voire avec une pointe de fierté anti-élitiste. A chacun ses beaufs, que l’on méprise plus ou moins ostensiblement. Car le concept est suffisamment flou pour que l’on soit tous le beauf de quelqu’un d’autre. La seule constante dans les définitions que l’on trouve, c’est l’étroitesse d’esprit et la vulgarité, mais cela ne signifie rien en substance. Les beaufs sont toujours des hommes, mais il y a des femmes pour les apprécier, voire les imiter.

Qu’en est-il du point de vue de la lutte des classes ? Tout d’abord il faut bien saisir qu’être beauf n’a pas grand chose à voir avec l’appartenance à telle ou telle classe sociale : le beauf n’est pas un redneck américain ni un chav britannique, deux termes anglo-saxons dénotant un mépris de classe affiché envers la classe ouvrière, en la réduisant à sa seule strate lumpen-prolétaire.

Le beauf des débuts chanté par Renaud dans sa chanson « Mon beauf« , revêt les traits d’un homme borné, sexiste, avec des idées de droite. On sait qu’il a fait 10 ans de légion, et rien de plus. Cabu lui donne tour à tour les traits d’un ouvrier, d’un patron de bistrot, d’un petit-bourgeois, d’un ouvrier se prenant pour un petit bourgeois, et même d’un grand bourgeois en s’inspirant du maire semi-mafieux de Nice de l’époque, Jacques Médecin, en mode méridional avec moustache, rouflaquettes et costume clair. Puis Cabu réactualise le concept dans les années 90 avec le « nouveau beauf » à catogan qui travaille dans la pub, se dit écolo mais roule en 4×4.

Difficile, donc, de trouver un archétype du beauf figé dans la culture populaire !

Quand on traite quelqu’un de beauf, le mépris est implicite, mais ce n’est pas du mépris de classe : c’est une critique morale, plus difficile à cerner, ce qui explique pourquoi les français bafouillent quand on leur demande d’expliquer ce qu’est un beauf, et pourquoi ils n’ont pas trop envie de faire partie du club. Mais essayons de toucher du doigt ce terme élusif, en proposant une définition :

Un beauf est une personne qui jouit des progrès sociaux et de bonnes conditions d’existence, tout en maintenant un mode de vie consumériste sans pour autant mener de réflexion sur sa propre vie et son rapport au monde. Plus il y a un décalage manifeste entre le niveau de vie (élevé) et le niveau d’exigence culturelle et morale (bas), plus on mérite d’être qualifié de beauf.

A titre d’exemple, voici le summum de la phrase beauf :

« Il m’est arrivé un drôle de tour l’autre jour, j’ai percuté une biche avec ma nouvelle voiture, ma carrosserie est toute bousillée! »

Cette phrase peut provoquer un malaise chez n’importe quelle personne sensible, car elle a tous les attributs de la beauferie consommée : un niveau de vie élevé avec un niveau moral au ras des pâquerettes, et une réflexion sur le rapport à la nature tout simplement inexistante. C’est cette dissociation d’avec la nature, ce fétichisme de la marchandise dont parlait Karl Marx, qui caractérise la personne « beauf », plus que tout autre critère. Quand les objets prennent plus d’importance que les êtres vivants, c’est qu’il y a une profonde crise culturelle, morale, et donc civilisationnelle.

Bien sûr, au quotidien, tout le monde ne parle pas comme ça. Mais mis à part ces cas de beauferie extrême qui fournissent des boucs émissaires faciles à accabler, il faut bien reconnaitre que pour tout un chacun, l’élévation du niveau de vie ne s’accompagne pas, au quotidien, d’une élévation du niveau de conscience morale, et encore moins d’une philosophie de l’action pour changer le monde.

Il y a donc une part de beauf en chacun d’entre nous, car qui peut réellement prétendre être à la hauteur de son époque ? Qui n’a jamais commandé sur Amazon, par commodité ? Qui refuse systématiquement de prendre ce moyens de transport aberrants qu’est la voiture ? Qui, plutôt que de se lamenter de la condition animale, fait son possible pour changer la situation ? Qui fait l’effort de lire un conte plutôt que de regarder Disney+ ? Qui ne consomme pas certaines marchandises par principe, même quand c’est gratuit ?

En réalité, peu de personnes sont à la hauteur de leur époque, et le basculement du côté beauf est une réalité pour la plupart d’entre nous. Comme des mouettes victimes de la marée noire, il faut s’extraire du mazout qu’est la société de consommation : le changement ne peut pas être porté par des beaufs, il faut d’abord s’élever, se débarrasser de cette fange, et commencer à essayer d’étendre ses ailes…

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Guerre Refus de l’hégémonie

L’arc, les flèches et le refus socialiste-communiste de l’arme nucléaire de 1972

La corruption capitaliste de la Gauche gouvernementale est patente.

Voici le passage du programme commun de 1972 concernant l’emploi de l’arme nucléaire et de l’armée, ou plus exactement du désarmement. Car le Parti socialiste et le PCF prônaient alors le refus de l’armée de métier, la réglementation des ventes d’armes, l’abandon complet de l’arme nucléaire, et l’affirmation du démantèlement de l’OTAN et du Pacte de Varsovie !

Qu’on compare cela aux derniers propos bellicistes de Jean-Luc Mélenchon !

Pour la Gauche à l’époque, en 1972, le programme commun était un compromis pour tenter de gagner la majorité. Désormais, c’est tellement à gauche que cela va bien trop loin pour toute la Gauche participant aux élections ! On voit à quel point il y a eu une décadence.

Et comment il faut reconquérir le terrain perdu alors que la France s’aligne sur l’OTAN et la superpuissance américaine !

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Politique Rapport entre les classes

Le programme commun socialiste-communiste de 1972

Un document historique très important.

En comparaison avec le Parti socialiste et le Parti Communiste Français du début du 21e siècle, c’est pratiquement de l’ultra-bolchevisme!

progcm72

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Réflexions

Le « grand remplacement » d’Eric Zemmour : une mobilisation contre le lumpenproletariat

Il ne faut pas prendre son discours au pied de la lettre.

Eric Zemmour parle des « envahisseurs » et il explique qu’il y aurait un « grand remplacement ». Une population étrangère viendrait remplacer les Français et cela tournerait à la catastrophe. Mais il faut bien comprendre que les gens favorables, pour leur majorité, ne comprennent pas les choses de manière « occidentaliste ». Ils considèrent qu’Eric Zemmour dénonce les gens aux comportements anti-sociaux. C’est pour cela qu’Eric Zemmour a une si grande réussite. Et, même, en fait, la réelle nature du discours sur le « grand remplacement » est une mobilisation capitaliste contre le lumpenproletariat.

Il faut bien comprendre qu’il existe trois types de gens dans le capitalisme. Il y a les gens dont le travail est stable, et dont la vie est stable aussi. Il y a les gens dont la vie est instable, car le travail est instable. Dans le premier cas, on a un travail et une vie insérée, l’entreprise ou l’institution pour laquelle on travaille se perpétue, la perspective est toute tracée. Dans le second cas, notamment pour certaines professions intellectuels ou les intérimaires, on vit un peu au jour le jour, surtout dans la jeunesse, car il n’y a pas de perspective bien établie, même si on garde la tête hors de l’eau.

Au 19e siècle, les ouvriers avaient une vie instable, leur salaire était journalier. Au 20e siècle, les ouvriers, à partir des années 1950 surtout, ont une vie totalement stable, pour ainsi dire petite-bourgeoise, d’où leur dédain pour la Cause du Socialisme.

Mais le capitalisme produit également deux autres choses, formant une troisième catégorie. Ce sont les chômeurs et les marginaux. Les premiers forment une armée de réserve plus ou moins grande, les seconds sont des sous-produits du capitalisme. Et plus le capitalisme est en crise, plus il y a des marginaux, qui consomment sans salaires et donc doivent trouver des revenus, de manière criminelle. Cela forme un lumpenproletariat toujours plus grand.

Quiconque va à Paris voit que cette ville est ainsi composée de bourgeois – la majorité des gens diplômés en France est à Paris – et de lumpenprolétaires. Il n’y a plus de « gens normaux » pour ainsi dire, même s’ils y passent, depuis la périphérie de la ville.

Et il s’avère que les chômeurs et les lumpenprolétaires proviennent notamment de l’immigration, parce qu’ils sont arrivés à chaque fois lors de nouveaux cycles d’accumulation, sans argent à la base, sans héritage, devant commencer à zéro. Le capitalisme en crise peut leur proposer toujours moins et voilà pourquoi on arrive à l’accumulation toujours plus grande d’un lumpenprolétariat qui s’avère surtout d’origine immigrée.

Eric Zemmour ne peut bien entendu pas dénoncer le lumpenprolétariat, car il faudrait expliquer d’où il vient : d’un capitalisme ayant perdu sa fonction intégratrice. Il parle donc des « étrangers », afin de les assimiler aux lumpenprolétaires. En fait, lui-même a une approche somme toute raciste et il assimile les étrangers aux lumpenprolétaires, mais la plupart des gens suivant Eric Zemmour ne sont pas racistes, même s’ils ont des préjugés plus ou moins importants. Ils sont révoltés contre les lumpenprolétaires et « relisent » à leur manière ce que dit Eric Zemmour.

Cette situation est d’autant plus logique que la Gauche gouvernementale et l’ultra-gauche ont accompagné la mise en place du turbocapitalisme, au nom des droits des migrants et des LGBTQ+, se prétendant favorables à la conquête des « droits » et servant en réalité d’aiguillons pour réimpulser le capitalisme. On est ici exactement comme aux Etats-Unis avec les démocrates et les républicains.

Les gens « normaux » se retrouvent ainsi sans issue, sans voix politique pour aborder la situation, ni même pour la comprendre. C’est pour cela qu’une approche comme celle d’Eric Zemmour, aussi absurde et raciste qu’elle puisse être, rencontre un certain succès. C’est un succès par défaut, mais réel, car touchant à la réalité de manière concrète, bien que déformée.

Et dans le capitalisme, tout est déformé, alors dans le capitalisme en crise c’est pire. Le capitalisme, pour s’en sortir, cherche à la fois à aller de l’avant (dans le turbocapitalisme) et à aller en arrière (dans le nationalisme protectionniste). C’est un mouvement dialectique et qui ne le voit pas tombe de Charybde en Scylla.

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Guerre

L’Ukraine au bord du gouffre

L’escalade régionale amène une situation intenable.

Cela fait quelques jours que les Etats-Unis déversent l’information qu’il existe un mouvement de troupes russes en direction de l’Ukraine. Cette dernière prétend de son côté qu’il n’y a pas de mouvement de troupes et que c’est une intox russe. Les Etats-Unis ont pourtant maintenu le cap et intensifient de manière très forte leur accusation, parlant désormais d’invasion russe comme réelle menace, comme pour préparer l’opinion publique, alors que l’Ukraine amène elle-même depuis plusieurs jours des composantes armées près des pseudos « républiques populaires » du Donbass, dont de l’artillerie lourde.

Qui plus est, il y a quelques jours, Dmytro Iaroch a été nommé nommé conseiller du commandant en chef de l’armée ukrainienne. On parle ici du chef historique du « Secteur Droit », l’une des principales organisations fascistes ukrainiennes. Le drapeau du « Secteur Droit » flotte d’ailleurs sur le barrage devant le village de Staromarievka repris il y a quelques jours aux « républiques populaires » séparatistes. Ce sont les couleurs historiques des fascistes pro-nazis durant la seconde guerre mondiale.

On notera d’ailleurs qu’il existe une véritable organisée des fascistes ukrainiens de se massifier dans les académies militaires. Et sur les réseaux sociaux, Dmytro Iaroch a posté le message suivant à ses partisans nationalistes le 10 novembre 2021, notamment les « volontaires nationaux » dont il a été le responsable officiel dans l’armée :

« Il est possible que dans un avenir proche, votre expérience et votre potentiel militaire, de combat, organisationnel et humain, votre forte motivation et votre position d’État soient à nouveau nécessaires à l’Ukraine »

De la même manière, en Pologne l’opinion publique est chauffée à blanc contre la menace d’invasion russe et biélorusse. Il a même été annoncé que le nombre de soldats de l’armée polonaise devait bientôt pas moins que doubler! C’est dire le militarisme en cours. L’armée polonaise doit passer à 250 000 hommes (au lieu de 110 000), comme l’a annoncé le premier ministre Jaroslaw Kaczynski parlant des vélléités « impériales » russes.

Le 11 novembre était d’ailleurs le jour de l’indépendance polonaise, avec par conséquent traditionnellement des fortes mobilisations nationalistes, notamment de l’extrême-Droite, et également une allocution télévisée très offensive du président Andrzej Duda. Car il y a bien entendu la problématique migratoire actuelle, la Biélorussie ayant littéralement importé et laissé passé de nombreux migrants qui s’amassent dans des conditions sordides à la frontière polonaise, avec des interventions en série des militaires, garde-frontières et policiers polonais pour les bloquer.

C’est un drame humain qui se joue, avec des migrants encore une fois utilisés comme outil de déstabilisation. L’Ukraine envoie d’ailleurs de son côté 8 500 soldats à sa frontière avec la Biélorussie, alors que cette dernière a annoncé que ses frontières étaient désormais surveillées par son aviation et celle de la Russie. Le président biélorusse Alexandre Loukashenko a menacé également de fermer le gazoduc Yamal-Europe, qui alimente depuis la Russie à la fois la Pologne et l’Allemagne, alors qu’ont été immédiatement stoppées les négociations pour que l’Ukraine importe du charbon biélorusse après que la Russie ait il y a quelques jours cessé les siennes. L’Ukraine a demandé à la Slovaquie de l’aider pour l’électricité et espère une aide américaine.

Le chef de la « république populaire » de Donetzk, Denis Pouchiline, a de son côté affirmé le 11 novembre que :

« Nous devons nous préparer, nous préparer et nous préparer à la détérioration de la situation en première ligne. »

Il a également annoncé le même jour l’intégration de la « doctrine russe » dans la constitution : le Donbass serait russe, la langue doit être le russe, l’Eglise orthodoxe est un pilier national russe, etc. C’est là conforme aux volontés russes d’annexion de ce territoire ukrainien.

La Russie a par ailleurs dénoncé la présence de navires de guerre de l’OTAN en mer Noire, alors qu’il y a le 12 novembre 2021 une réunion des dirigeants des ministères des Affaires étrangères et de la Défense de la France et de la Russie à Paris en marge d’une conférence internationale sur la Libye.

Tout cela est catastrophique, comme expliqué depuis le départ avec les articles sur le conflit Russie-Ukraine. On est dans un contexte de crise et on marche littéralement à la guerre, à grande vitesse. La bataille pour le repartage du monde a déjà commencé et l’engrenage littéralement impérialiste accélère son rythme.

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Planète et animaux Politique

La condition animale, le grand critère de la vraie Gauche

Pour évaluer ce qui se passe à Gauche, il faut voir ce qui est des animaux… s’il en est même parlé.

La question animale est apparue dès le début des années 1990 comme une question brûlante dans les milieux qu’on va appeler d’avant-garde concernant l’observation de ce qui se passe dans le capitalisme. En 2021, ce n’est même plus une question brûlante, c’est une question centrale, souvent même la question principale, comme en témoigne la crise sanitaire avec un coronavirus directement issu d’un rapport destructeur avec les animaux et la Nature.

Pourtant, l’obstination de l’humanité à s’enferrer dans la consommation capitaliste empêche encore et toujours un regard démocratique sur la condition animale. Il ne s’agit pas seulement du fait que la Droite soit hostile à toute remise en cause du rapport aux animaux. Il y a également le fait que pour certains milieux intellectuels petits-bourgeois, la question animale est un moyen de se faire-valoir, voire même de se placer au service d’un capitalisme américain moderne avec des bobos expliquant qu’il aurait désormais un « visage humain ».

Il faut ajouter à cela les religions, puisque le halal et le casher sont présentés comme des démarches qui seraient « en phase » avec la condition animale. Ce n’est évidemment pas le cas. Et il faut encore ajouter ceux qui prétendent qu’ils n’ont rien contre un changement de la condition animale, tout en faisant strictement rien, se contentant d’utiliser cela pour agrémenter des tracts ou un programme, mais sans jamais appeler à changer la vie quotidienne, à modifier sa vision du monde.

Aussi faut-il dire, et toujours plus le dire, que la condition animale est un thème essentiel, qu’elle est incontournable. Que pour évaluer quelqu’un, un groupe, un média, une organisation, il faut regarder ce qui est dit sur les animaux. Ce qui veut dire, malheureusement, déjà voir s’il est parlé des animaux. C’est là un critère fondamental, qui permet de distinguer ce qui va dans le bon sens et ce qui refuse de transformer la réalité.

Prenons Julien Coupat, très médiatisé au moment de l’affaire Tarnac et son procès, avec l’ouvrage « L’insurrection qui vient » promettant de fomenter des troubles par la constitution de groupes de révoltés. Il suffisait de savoir qu’il s’est affiché mangeant un kebab dans un squat vegan pour comprendre la nature du personnage. Ce genre de positionnement humain, ancré dans le réel, dit absolument tout.

Certains justement refusent d’admettre que la condition animale dit tout. Le rapport aux animaux serait une question secondaire, dont la nature découlerait de bien d’autres choses. Un tel raisonnement est unilatéral. Les animaux ne vivent pas en marge de la réalité, ils sont dans la réalité au même titre que les êtres humains, les arbres, l’océan, les montagnes, etc. La question sociale est fondamentale, en effet. Mais elle n’est pas hors sol. Son terrain est la réalité elle-même, c’est-à-dire la planète. Il suffit de voir comment elle est transformée ou plutôt défigurée.

Nous-mêmes nous vivons cette transformation et elle est révoltante. Qui entend se révolter contre l’anéantissement de la vie sauvage après la révolution ne la fera jamais ! On ne peut pas décaler la réalité à demain !

L’un des drames dans tout cela, c’est qu’on peut être certain que les animaux seront un thème pour Marine Le Pen et l’extrême-Droite en général pour la présidentielle de 2022. C’est déjà le cas depuis dix ans, d’ailleurs. L’extrême-Droite a compris qu’elle pouvait tirer la révolte contre l’horreur en misanthropie, en haine de l’autre. Brigitte Bardot est malheureusement exemplaire d’un tel positionnement, même si au moins elle soutient une Fondation à son nom œuvrant à la cause animale.

Et là pratiquer le véritable antifascisme ce n’est pas dénoncer une « récupération » par l’extrême-Droite de la question animale. C’est faire mieux qu’elle, car après tout l’extrême-Droite cherche à s’accaparer une cause démocratique et populaire. Alors il faut porter cette cause démocratique et populaire.

De toutes façons, il n’y a pas le choix, extrême-Droite ou pas. La condition animale est chaque jour plus dramatique, tant en France que dans le monde. Seuls les bobos allant dans les restaurants des centres-villes s’imaginent le contraire, ou les associations pratiquant un business de l’émotion pour s’intégrer au panorama d’une société indifférente et moribonde, telle L214. Pendant ce temps-là, rien ne change, les drames s’accumulent, tel à Brielles en Bretagne où le 12 mai 2021 500 truies et porcelets périssent à la suite d’un incendie.

S’imaginer qu’on a des décennies pour changer les choses est faux en pratique et de toutes façons immoral au présent. Le monde pourrait être totalement différent, il pourrait consister autre chose qu’en la consommation effrénée, le travail aliénant et bien entendu une exploitation au quotidien pour l’écrasante majorité des gens. Cet autre chose, c’est le socialisme, c’est-à-dire la bienveillance.

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Politique

Fabien Roussel, candidat PCF du défi des jours heureux

Le programme de Fabien Roussel est d’esprit romantique, dans l’approche « communiste à la française ».

Les 200 « conseillers » du PCF avaient déjà voté le 13 mars 2021 pour que Fabien Roussel soit leur candidat à la présidentielle de 2022. Ils ont cependant tenu à disposer d’une sorte de plébiscite de la base, afin d’être certain de parvenir à une mobilisation de celle-ci. Le PCF profite en effet d’un vivier de 43 000 adhérents et peut ainsi espérer réussir à déborder les autres mouvements de gauche. Du moins le pense-t-il.

De ces 43 000 adhérents, 30 179 ont voté le 9 mai 2021. Il y avait deux options :

– celle de la candidature en solitaire du PCF ;

– la participation à l’union de la Gauche.

21 333 adhérents (depuis au moins trois mois et à jour de cotisation) ont voté pour présenter un candidat PCF au premier tour (soit 72,42% des votants), contre 6 813 pour l’union de la gauche (soit 23,13%). On peut considérer que le plébiscite a réussi. La majorité des gens actifs au PCF considèrent que c’est l’heure d’une réaffirmation qui soit franche.

Il y a ensuite eu le choix du candidat. Fabien Roussel a obtenu 23 219 voix (soit 82,36%), contre 512 pour Emmanuel Dang Tran (soit 1,82%) et 45 pour Grégoire Munck (soit 0,16%). C’est là totalement un plébiscite, dans la mesure où l’opposition est totalement marginalisée.

C’est une point important car, depuis les années 1990, il y a une grande agitation dans les rangs du PCF, avec des tendances essayant de s’affirmer. Toutes ont échoué. Dans le cas précis, Emmanuel Dang Tran représente la ligne nostalgique du PCF des années 1970-1980, un terrain désormais totalement siphonné par le Pôle de Reconstitution Communiste en France (PRCF), qui profite de son influence notable chez les traditionalistes de la CGT.

Grégoire Munck est quant à lui sur une ligne post-communiste avec une réflexion post-marxiste sur l’argent, les richesses, etc.

Fabien Roussel représente la grande continuité du PCF depuis 1989, et depuis Maurice Thorez. Il représente le marxisme à la française, c’est-à-dire une passion ou un jeu intellectuel. Le positionnement présidentiel de Fabien Roussel, sur le site fabienroussel2022.fr ouvert pour l’occasion, en témoigne largement.

Le vote espéré est un vote d’estime pour le PCF présenté comme le représentant du sentimentalisme social. C’est le communisme interprété comme goût de l’égalité, comme passion française.

« Je suis enthousiaste.

Enthousiaste d’avoir été désigné pour mener la bataille des élections présidentielles et législatives de 2022 afin d’écrire une nouvelle page de notre histoire commune et de construire, ensemble, une perspective pour la France, celle des Jours Heureux.

Depuis plus d’un an, nous sommes confrontés à une terrible épreuve. Il y a celles et ceux qui y font face en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Et il y a ceux qui en profitent, en tirent profit… Le capitalisme a démontré une nouvelle fois son incapacité à apporter des réponses à la hauteur des enjeux humains.

Il y a de quoi être frappés de stupéfaction devant les milliards accumulés par une poignée d’ultra-riches et d’actionnaires pendant que, par notre travail quotidien et notre solidarité, c’est nous qui faisions tenir le pays debout.

La France est un pays riche. Elle tient sa richesse du monde du travail et de la création. Le temps est venu. Une nouvelle époque se dessine. Il est temps d’abolir les privilèges de quelques-uns en faisant de l’égalité, du respect de l’Humain et de la planète notre but commun.

Ensemble scellons un pacte national. Nous avons un an pour bâtir, un projet pour la France. Un pacte pour affronter la finance et s’attaquer à l’évasion fiscale, un pacte pour en finir avec le chômage en sécurisant les parcours professionnels, en produisant en France par la relance de filières industrielles, un pacte pour le pouvoir d’achat et les services publics, un pacte pour la jeunesse et l’éducation.

Un pacte pour l’avenir, un pacte pour la France.

En avril 2022, nous reprendrons notre avenir en main. Soyez assurées et assurés que j’y mettrai toute ma force, mon énergie et ma fraternité.

Dès aujourd’hui, rejoignez-nous, pour relever, ensemble, le défi des Jours heureux. »

La France est le leitmotiv pour le PCF, mais certainement pas la classe ouvrière, le capitalisme, la crise, la lutte des classes, etc. On sent qu’il s’agit de faire propre, accessible, que le but est de ne pas heurter. C’est la pari d’une transition réussie à une nouvelle période. Encore faut-il que celle-ci soit lisse : en cas de crise profonde, déchirant les tissus sociaux, le PCF serait ici propulsé hors du champ politique avec une telle démarche indolore et incolore.

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Politique

Candidature présidentielle de Fabien Roussel: le PCF à quitte ou double

Le PCF assume un parcours en solitaire pour la présidentielle de 2022.

On peut très bien penser que le PCF considère que la présidentielle de 2022 verra la Gauche perdre et que partant de là, il est plus important de chercher à maintenir une formation en crise d’identité. On peut aussi penser que de toutes façons, si un candidat de gauche se dégage avant les élections, le PCF pourra d’autant plus négocier son soutien.

Mais ce faisant on perdait la nature historique de la candidature de Fabien Roussel à la présidentielle de 2022. On parle en effet ici du Parti Communiste Français, issu en 1920 de la majorité des socialistes choisissant de rejoindre l’Internationale Communiste. Cet épisode donna d’ailleurs également naissance à la tradition socialiste, synthétisée au Congrès de Tours de 1920 par un long discours de Léon Blum

La candidature à la présidentielle de Fabien Roussel apparaît ainsi comme un anti-congrès de Tours à l’envers, formule alambiquée pour dire que pour éviter d’avoir à retourner avec les socialistes, les membres du PCF tentent le coup d’une réaffirmation. N’ont-ils pas réussi d’ailleurs à se maintenir malgré la chute du bloc de l’Est, contrairement à de nombreux autres Partis Communistes, tels le pourtant si fort Parti Communiste Italien ?

Pour les membres du PCF, le pari d’une candidature à la présidentielle se tient ainsi au nom d’une tradition maintenue, et du fait que de toutes façons il n’y a pas le choix pour pouvoir résister à la pression de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Seulement voilà, qu’est-ce que le PCF ? Le PCF ne se revendique plus de Lénine et de Staline, ce qui place le curseur en 1953-1956. Il ne se revendique plus non plus du centralisme démocratique et de la dictature du prolétariat. On est là à la fin des années 1970. Il n’assume plus le marteau et le faucille non plus. Que représente-t-il alors ?

Il représente la main-mise sur le PCF de la part de sa Commission économique, à travers un long parcours remontant à Paul Boccara, inventeur de la conception du « Capitalisme Monopoliste d’État » régulièrement mise à jour dans la revue du PCF « économie et politique » et accompagnée par une autre revue du PCF « Cause commune« .

Les propos de Fabien Roussel sur son site de candidature présidentielle reflète totalement cette conception d’un capitalisme devenu financier seulement qui se survivrait à lui-même grâce aux aides de l’État.

Mais qui s’intéresse à cela à la base du PCF ? Strictement personne. Et dans un contexte de crise, cette approche conceptuelle-théorique de la réalité du PCF ne suffira jamais à produire une culture pour galvaniser les gens, les organiser, développer des perspectives, etc.

C’est cela qui attend le PCF avec cette candidature : l’expression du décalage complet entre une base ne se préoccupant pas du tout de théorie et un appareil ultra-pointu au niveau de ses conceptions. Si la crise implique une remontée du niveau de conscience, alors l’affrontement sera idéologique, avec une sortie par la Gauche, soit une forme ou une autre. Si la crise renforce la dépression générale, ce sera l’agonie.

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Guerre

La visite en France du président ukrainien Volodymyr Zelensky littéralement passée sous silence

Le tandem franco-allemand considère l’Ukraine plus comme encombrante qu’autre chose.

Les forces de l’ordre étaient particulièrement nombreuses, nerveuses et lourdement armées aux abords de l’Élysée le 16 avril 2021, en raison de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky. On sent qu’il fallait que soit évité, à tout prix, le moindre événement remarquable. Et les médias ont dans cette perspective à peine mentionné cette visite, voire l’ont passé sous silence, à peu près comme les réseaux sociaux de l’Élysée et des Affaires étrangères françaises.

C’est qu’en fait la visite était prévue depuis longtemps, mais que la France n’en voulait en fait plus du tout. D’où le silence à ce sujet, d’où le fait qu’Emmanuel Macron ait expliqué au président ukrainien que pour l’adhésion de son pays à l’OTAN, il faudrait attendre la prochaine réunion de l’OTAN. D’où aussi la petite visioconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour que le président ukrainien comprenne que le tandem franco-allemand, il ne faudra pas compter dessus pour du concret.

Emmanuel Macron a donc dit merci d’être passé (дякую – diakouïou)… et au revoir.

C’est ce qu’on appelle le service minimum. Volodymyr Zelensky a dû être blême, alors que les forces séparatistes se moquent naturellement de ce soutien se réduisant à quelques mots en ukrainien. Le président ukrainien savait que la France et l’Allemagne refuseraient de s’engager en raison du poids de la Russie, mais avoir dû faire face à tant de cynisme, alors que tout indique une prochaine annexion russe du Donbass, les 20-23 avril 2021…

Il faut vraiment qu’on soit en période de crise générale, de crise à tous les niveaux, pour qu’un tel degré de tension produise autant de cynisme et de jeu « géopolitique ». Et pendant ce temps-là, les troupes russes continuent de s’accumuler.

La pression sur l’Ukraine monte ainsi de jour en jour. La ville de Kiev a fourni au public une liste des endroits où s’abriter en cas de bombardements… Amenant le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Rouslan Khomtchak, à appeler les autorités locales à ne pas contribuer à un esprit de panique dans la population.

De son côté, le chef de la pseudo « République Populaire de Donetzk »,  Denis Pushiline, a annoncé le 16 avril qu’il avait accueilli la veille d’importants membres du Parti libéral-démocrate de Russie. Il s’agit du troisième parti politique en Russie, dont la ligne est nationaliste et conservatrice malgré son nom. Il est dirigé par Vladimir Jirinovski, un peu connu en France en raison de son soutien à Jean-Marie Le Pen.

Le communiqué de la rencontre annonce :

« Hier, le 15 avril, le chef de la République populaire de Donetsk a rencontré le premier vice-président du Comité d’État de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie pour la défense, membre du Conseil suprême du Parti libéral-démocrate, Alexander Sherine, et le conseiller au chef de la fraction du Parti libéral-démocrate de Russie à la Douma d’État, Alexeï Bychkov. »

Le thème était évidemment la protection des « Russes », dans une définition aussi extensible que le voudra l’expansionnisme russe cherchant à une justification pour l’annexion, voire l’invasion. Qu’en sera-t-il bientôt de l’Ukraine, abandonné comme la Tchécoslovaquie en 1938 ?

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Société

Cinq exemples de l’implosion de la décadence française

Social-darwinisme, militarisme, absence de valeurs morales… le capitalisme entraîne les gens dans sa chute.

La France sombre et à travers de simples petits détails, on le lit très bien. Il suffit de lire les médias, de voir ce qui se passe, et les choses apparaissent clairement.

Patrick Mille est un acteur qui a joué dans de très nombreux films français (un par an depuis 1990). Il a publié une tribune dans le Figaro, appelant à tout rouvrir («Rouvrez tout! Soyez churchillien, Monsieur le Président!»). Il s’y lamente de manière pathétique, appelant à supprimer toute restriction, avec un discours également ouvertement impérialiste :

« Pourquoi, au lieu de penser qu’il faut 5 ans (tiens donc, 5 ans!) pour former un médecin réanimateur n’avez-vous pas fait un appel, en échange de naturalisation immédiate, à tous les réanimateurs disponibles en Syrie Libye Erythrée ou autre cloaque du monde? »

Qu’une personne qui soit censément un artiste s’exprime ainsi en dit long sur la vision du monde des couches intellectuelles françaises. Rien que pour une telle phrase, une telle personne devrait être bannie de partout où prédomine l’esprit démocratique.

Mais l’heure est au repli sur soi, au nationalisme. Le Parisien a ainsi publié un article digne de l’esprit nationaliste d’avant 1914 (Remboursement du Smecta : l’étrange décision qui fragilise un médicament 100% français). Il faudrait abandonner la loi sur les génériques dans les médicaments si cela affaiblit le capitalisme français. C’est comme la tribune de Patrick Mille : la France avant tout, partons à la bataille pour faire payer la crise aux autres, etc.

D’ailleurs, Le Parisien – on parle du Parisien tout de même ici, un journal simpliste-populiste – fait de la véritable économie politique, visant très clairement à éduquer dans le sens du nationalisme.

Désormais, le prix de référence de ce pansement intestinal, utilisé en cas de diarrhées ou de douleurs à l’estomac, est de 4,39 euros pour la boîte de 30 sachets, avec un reste à charge de 0,79 euro pour le patient. Celui du générique, produit en Asie par l’Oncle Sam : 3,60 euros, sans que le patient n’ait à débourser le moindre centime pour s’en procurer. Du dumping économique au détriment d’un champion français, avalisé par notre administration ?

Les autorités n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce dossier qui fait désordre, à l’heure où notre souveraineté industrielle en matière de santé se trouve mise à mal par la crise du Covid. C’est qu’en ce moment, les réussites françaises dans le domaine pharmaceutique, ne courent pas les rues. En témoignent les récents déboires de Sanofi, à la peine dans la course aux vaccins (…).

Mais pourquoi donc les autorités publiques prennent-elles le risque de fragiliser un tel poids lourd de l’industrie pharmaceutique française ? 

Tout cela est très clairement politique et d’ailleurs l’article souligne… qu’Arnaud Montebourg avait bloqué le générique lorsqu’il était ministre. C’est un excellent exemple de glissement.

Est tout autant politique, pareillement dans le sens du glissement nationaliste, l’article du Monde intitulé 5G : le Conseil constitutionnel valide la loi « anti-Huawei » visant à préserver les intérêts de la sécurité nationale. Le Monde aborde ici comme si de rien n’était la concurrence entre pays dans l’optique militariste. Le fait que, Huawei mis de côté, les opérateurs français seront dédommagés par l’État pour compenser les bas prix chinois, n’est même pas critiqué.

C’est l’accompagnement de la marche à la guerre. Il ne faut naturellement pas penser que ce glissement soit conscient. C’est simplement le reflet d’une logique propre au capitalisme.

Ce reflet est violemment décadent, à l’instar des propos de Patrick Mille. Et il est jusqu’au-boutiste, exprimant la panique des défenseurs du capitalisme face à la crise. L’analyse politique Mathieu Slama – en fait un propagandiste – tient dans le Figaro des propos hallucinés dans sa tribune Couvre-feu: «Les contrôles policiers ont créé des scènes kafkaïennes» :

« Ce management de la population française, que Michel Foucault avait pressenti il y a plus de quarante ans dans sa réflexion sur la biopolitique, ne tire sa légitimité que d’un Conseil scientifique qui s’arroge un rôle politique qu’il ne devrait pas avoir et qui s’immisce au plus intime de nos vies.

Nos corps sont enfermés, régulés, nos gestes également, notre visage masqué, nos rapports sociaux détruits, le tout sous l’autorité bienveillante des scientifiques et des médecins qui ont pris le pouvoir politique sans que personne, ou presque, ne s’en émeuve (…).

Osons le dire sans fard: nous avons été jusqu’ici d’une obéissance coupable face à des mesures d’une extrême gravité qui n’ont plus rien à voir avec un régime démocratique. Ce degré d’obéissance dit quelque chose de l’état de notre démocratie.

Quand les citoyens eux-mêmes se font auxiliaires de police dans la vraie vie ou les réseaux sociaux, quand ils se révoltent non pas contre les mesures du gouvernement mais contre le manque de discipline des Français, quand les seuls opposants à l’Etat se retrouvent dans les extrêmes (les complotistes et l’extrême droite, pour faire court) et que la gauche est incapable de dire quoi que soit d’important sur la situation actuelle, il faut s’inquiéter. »

Ce qui est marquant, c’est que c’est exactement le même discours que les anarchistes en France, que les manifestations régulières en défense des « libertés ». Cela montre clairement que c’est l’esprit de sédition dans un sens petit-bourgeois, pré-fasciste. Une vaine rébellion, la mise en valeur du style de vie dans un capitalisme avancé, la volonté réactionnaire que tout continue comme avant… on a les gilets jaunes, mais de manière démultipliée.

Concluons sur ce panorama de la décadence avec l’association Sea Shepherd déposant des cadavres de dauphins devant l’Assemblée nationale. L’association L214 a initié cette démarche hallucinante où des gens parlant de défendre les animaux foulent aux pieds leur dignité. C’est que la dimension glauque, morbide, prime sur l’engagement réel. Les animaux sont des objets pour le nihilisme – leur réalité disparaît. Quand on aime les animaux on ne peut pas s’habiller en noir et exhiber des cadavres.

C’est là aussi un reflet de la décadence, de la course au morbide, au négatif.

La France, chaque jour, mûrit pour le fascisme, c’est-à-dire pourrit pour le fascisme. Le capitalisme s’effondrant sur lui-même chaque jour davantage entraîne les gens avec lui, déformant les mentalités et dissolvant les valeurs. Le libéralisme libertaire produit le relativisme, la compétition mondiale renforce le nationalisme et le militarisme, et les gens voulant vivre « normalement » se retrouvent entraînés dans cette double dynamique amenant le fascisme et la guerre.

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Politique

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et l’Action française

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait un clin d’œil à l’Action française, par où il est passé dans sa jeunesse.

De passage à la télévision pour la très populiste émission L’Heure des pros, sur une chaîne Cnews d’ailleurs marquée par une ligne ouvertement pro-Droite, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a mentionné comme en passant l’Action française. Il en parle comme exemple d’une organisation qui lutte contre la République et que celle-ci aurait raison d’accepter afin de montrer sa générosité.

C’est une manière de couvrir cette organisation d’extrême-Droite, alors que lui-même met la pression sur les identitaires, cherchant à les interdire. C’est une manière également de soutenir discrètement l’Action française en en parlant, puisque chacun en France est censé, selon le ministre de l’Intérieur, connaître cette organisation ! C’était le cas en 1921, mais certainement pas en 2021.

Gérald Darmanin était dans sa jeunesse un activiste de la mouvance de l’Action française, ayant écrit en 2008 encore quelques articles pour l’organe Politique Magazine. Ce n’est là nullement un secret et d’ailleurs il est initialement le bras droit de Christian Vanneste, député du Nord, qui a été responsable des jeunes d’Action française à Lille. Gérald Darmanin est né à Valenciennes.

Gérald Darmanin avait, on s’en doute, un pied dans la mouvance de l’Action française et un autre dans la Droite traditionnelle. C’est qu’il y a convergence. C’est comme un écho. Rappelons également qu’il y a quelques semaines, après qu’un dirigeant de La France Insoumise, Eric Coquerel, avait appelé à interdire les identitaires, l’Action française avait demandé à Gérald Darmanin d’interdire… le PCF.

Cette présence de l’Action française ne doit nullement étonner. De toute l’extrême-Droite, l’Action française est la seule qui a réellement un corpus idéologique et une tradition d’organisation. Il y a de plus un arrière-plan de familles traditionnelles de la haute bourgeoisie, avec donc encore des règles et des principes capable de faire tenir la boutique.

De plus, l’Action française a balancé par-dessus bord le racialisme et l’antisémitisme halluciné qui étaient au cœur de son idéologie. L’organisation s’est tronquée, sur le plan des idées, en un néo-gaullisme impérial. Elle a connu un certain renouveau ces dernières années, justement de par cette ligne où il y a un certain style d’extrême-Droite, mais sans avoir à porter tout le bric-à-brac raciste.

Il y a aussi le fait que personne à l’extrême-Droite n’a réussi à proposer autre chose, si l’on omet le Rassemblement national, d’orientation électoraliste. Dans les années 1920-1930, l’extrême-Droite est née par des déçus de l’Action française (Drieu La Rochelle, Bernanos…). Une telle scène n’existe pas aujourd’hui et les nationalistes racistes vivent de toutes façons dans un univers mental païen et apocalyptique.

L’Action française colle en fait à l’esprit de l’époque. C’est de la Droite dure, pro-chasse à courre, avec un nationalisme affirmé cherchant à utiliser les jeunes immigrés comme vecteur d’un rôle impérial de la France. C’est en fait la ligne gaulliste du coup d’Etat de 1958, avec en toile de fond l’immanquable appel à l’armée et un romantisme passéiste dont les zadistes sont un produit indrect.

L’Action française présente donc une menace réelle. C’est, au sens strict, une véritable force fasciste, au sens historique d’une mobilisation populaire tournée vers la Droite, sur la base du nationalisme. Mais comme elle n’est pas raciste, cela implique l’antifascisme réel, celui du Front populaire, pas une caricature anarchiste contre les « fachos ».

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Société

Le populisme et le « centième singe » au lieu de l’avant-garde de gauche

Le populisme renouvelle le concept de minorité agissante par le principe de la « masse critique ». C’est le principe du centième singe.

C’est une révolution intellectuelle, ou plus précisément une régression, qui a été développée ces trente dernières années et qui a torpillé la gauche de la Gauche, au profit de la conception fasciste du « mouvement élémentaire ».

Pour qu’un changement social ait lieu, il ne faudrait pas un regroupement synthétisant la lutte des classes pour donner une direction politique et culturelle. Ce dont on aurait besoin, c’est d’un certain nombre de gens qui aient la même pratique, ce qui conduirait alors à un changement automatique du reste de la population.

Cette pratique consiste en des protestations, des actions symboliques, de la désobéissance civile, à un niveau très bas : du collage d’affiches et d’autocollants, des mises en place de banderole, la présence à des manifestations et des occupations de lieux (comme les ronds-points des gilets jaunes), l’utilisation de fumigènes, le refus de quitter des lieux, écrire des slogans sur les murs, etc.

Ce sont des petites choses faciles à reproduire, tel un prêt-à-porter de la contestation. C’est porte ouverte, un « venez comme vous êtes » de McDonald’s élargi aux « mouvements sociaux ». Tout le reste est considéré comme de la vieille Gauche, comme une haute couture inaccessible et élitiste.

Cette conception de la « masse critique » de gens à obtenir fait désormais partie du paysage en France et dans le monde. C’est le reflet de l’esprit consommateur. Même les protestations en relèvent désormais, d’où l’effacement des partis politiques.

On a Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise, Greta Thunberg, « Extinction Rébellion », les gilets jaunes, les partisans de Donald Trump, les anarchistes, tous ceux qui font des manifestations le prétendu lieu de l’Histoire en France, les tenants de la désobéissance civile face au confinement, les agitateurs d’extrême-Droite Alain Soral et Dieudonné, le groupe écologiste « écodéfense » en France (qui n’a d’ailleurs rien voir avec le principe historique de sabotage clandestin qu’est l’écodéfense), etc.

Changer le monde ce serait faire une page Facebook et un groupe Discord et promouvoir quelques comportements bien ciblés, et les répéter jusqu’à ce que les gens rejoignent la démarche et qu’une « masse critique » de gens soit obtenue. Les idées ? Les concepts politiques ? Le principe d’avant-garde, les luttes de classes ? Cela n’existe pas.

Cette conception anti-historique et anti-populaire a été théorisée en deux fois. La plus récente, c’est celle d’une enseignante dans une université américaine, Erica Chenowet, avec une responsable du département d’État américain (soit le ministère des affaires étrangères), Maria Stephan. L’ouvrage qu’elles ont publié en 2011 s’intitule Why Civil Resistance Works: The Strategic Logic of Nonviolent Conflict (« Pourquoi la résistance civile fonctionne : la logique stratégique du conflit non-violent »).

L’ouvrage est la synthèse du point de vue alter-mondialiste des années 1990. Il prétend que depuis 1900, le meilleur moyen de changer les choses est la mobilisation pacifique d’au maximum 3,5 % de la population : cela suffirait à déclencher un changement social à grande échelle.

Mais cette conception petite-bourgeoise puise en fait dans le mouvement « New Age » établi sur les ruines mystiques du mouvement hippie. Le mouvement « New Age », consistant en le culte du paranormal qui serait présent dans l’univers, a en effet développé le principe du « centième singe ».

Tout part d’un biologiste et zoologiste sud-africain, Lyall Watson, à la fin des années 1970. Il a prétendu qu’un singe, le prétendu centième, avait au Japon lavé sa patate douce avant de l’éplucher et de la manger, et que la pratique se serait généralisée à tous les singes de l’île.

Ce serait la preuve d’une « masse critique », permettant quelque chose de nouveau. Dans une population suffisamment large, une nouvelle pratique peut émerger et être reproduite. Lorsque cette reproduction atteint un certain niveau, elle se généralise. L’auteur américain Ken Keyes Jr., s’occupant de « développement personnel », a repris le principe dans son ouvrage The Hundredth Monkey (« Le centième singe ») et le principe a été adopté par l’ensemble de la scène « New Age ».

Il faut bien comprendre que c’est typique du romantisme réactionnaire que de raisonner en termes de microcosme et de macrocosme entrant en « correspondance ». L’auteur américain Rupert Sheldrake, tourné vers le paranormal, parle de cela comme d’une « résonance morphique ».

De par sa nature, le concept s’est bien entendu élargi à de nombreuses initiatives petites-bourgeoises d’esprit « alternatif », comme la « critical mass », consistant en une manifestation de gens à vélo afin de demander le renforcement des pistes cyclables, l’amélioration de la situation pour les utilisateurs de vélos, etc.

C’est en fait l’esprit des lobbys, de la logique communautariste, bref de toute la vision petite-bourgeoise du monde de la « gauche » post-moderne des universités américaines. Cela vise directement la Gauche historique et le principe de « l’avant-garde » comme lieu de raison, de réflexion, de synthèse.

C’est un renouvellement du principe syndicaliste de la « minorité agissante ». C’est tout à fait en phase avec une époque qui rejette la Démocratie.

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Écologie

La question animale hante la France

Le projet de loi de janvier 2021 contre la maltraitance envers les animaux n’est qu’un pâle reflet d’une contradiction explosive qui existe en France.

Il existe un paradoxe terrible marquant la société française. En surface, il y a une préoccupation pour la question animale. Il y a davantage de produits vegans ainsi que des restaurants végétaliens, il y a des protestations diverses et variées, il y a une association comme L214 qui est très connue et médiatique et il y a même des changements de règlements ou de lois, comme le projet de loi de janvier 2021 sur la maltraitance animale.

Dans le monde réel à l’arrière-plan, il y a par contre un dédain absolu de la société française pour la question animale. Les animaux sauvages n’existent pas, les associations de protection animale sont sous l’eau, les refuges tiennent avec des bouts de chandelle ou ferment. Même des animaux protégés comme les hérissons ne voient aucune intervention institutionnelle en leur faveur.

La contradiction est explosive. On a d’un côté des gens qui prétendent que les choses changent, comme L214 ou le Parti animaliste, qui vivent du fait de parler ainsi grâce aux reconnaissances électorales, médiatiques, les dons, etc. On a de l’autre côté la réalité où les choses empirent sans commune mesure.

Les gens se tournent pourtant plus qu’avant vers la question animale. Mais il y a justement un grand choix à faire : faire semblant ou bien réellement changer. Sauf que réellement changer implique de tout changer : son mode de vie, les lieux où l’on vit, la manière qu’a l’humanité d’organiser son économie, ses loisirs, ses transports, ses logements, etc.

Parce que la contradiction entre le mode de vie humain tel qu’il existe et les animaux est antagonique. Les animaux sont condamnés à l’effacement dans une société humaine qui bétonne et qui rejette ouvertement la nature. Il n’y a pas de place pour des êtres naturels dans une société de consommation où l’on peut tout acheter et vendre, jusqu’à aller acheter des enfants au moyen d’une Gestation Pour Autrui ou prétendument « choisir » son genre.

Le phénomène est d’ailleurs mondial et même si on peut considérer que la viande recule en France, à l’échelle mondiale la viande va doubler sa production en quelques décennies. Non, où qu’on prenne la question, il y a contradiction. Soit la rupture est générale, la France se démocratise et arrête d’obéir aux injonctions d’une production et d’une consommation relevant de la compétition, de la concurrence, de la propriété privée… Soit tout continue comme avant et à l’échelle mondiale cela sera catastrophe sur catastrophe, pandémie sur pandémie, réchauffement climatique et bétonnisation générale d’une humanité déconnectée du réel.

En ce sens, n’importe quel romantisme se tournant vers les animaux a plus de sens, plus de dignité que tous ces pathétiques appels à revenir du monde d’avant. Il est hautement significatif que la question animale ne soit pas présent dans tous ces appels à retourner en arrière. Il n’y a pas de question animale chez les zadistes, ni les gilets jaunes, ni chez les syndicalistes. Parce que ces gens sont tournés ver le passé.

Or, la question animale pose l’avenir devant nous, en exigeant une transformation collective, pas un repli individualiste. C’est quelque chose de positif par définition. Cela exige du cœur, du sentiment, du romantisme au sens positif du terme : pas le romantisme idéalisant le passé, mais le romantisme plaçant les sentiments, les émotions, l’empathie, la compassion, au-delà de règles qui ne sont que le masque d’intérêts, de l’exploitation, de l’oppression.

Cela, ça parle à une nouvelle génération. Et en même temps ça ne lui dit rien du tout en pratique. C’est à l’image de la question animale qui hante la France.

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Société

La grève à Total Grandpuits: exemplaire, mais erronée face à la restructuration

La grève à Total Grandpuits est très combative et dispose de nombreux soutiens, mais en se calibrant sur un plan erroné, l’approche syndicaliste conduit à la défaite. Face à une restructuration, il faut être à la hauteur ou se faire écraser.

Grandpuits est une petite commune de mille habitants en Seine-et-Marne, à une soixantaine kilomètres de la capitale. On y trouve l’une des huit raffineries de pétrole brut en France métropolitaine ; le pétrole vient depuis Le Havre au moyen d’un pipeline.

Total a décidé de la fermer, pour la remplacer par une usine d’agrocarburants et de bioplastique. C’est une bonne chose, sauf que cela ne procède pas d’une orientation écologiste en soi : cela relève d’une restructuration capitaliste. Cela se fait donc par définition aux dépens des travailleurs.

La nouvelle usine n’emploierait que 250 personnes au lieu de 450, alors que 500 travailleurs relevant de la sous-traitance resteraient sur le carreau. Ce qui fait qu’il y a les possibilités suivantes :

– capituler en acceptant tout ;

– négocier la capitulation ;

– lutter pour que rien ne change ;

– lutter pour se mettre à la hauteur de la restructuration en l’acceptant mais en faisant en sorte que ce soit les capitalistes qui la paient.

La dernière option est naturellement la bonne. C’est la seule à la hauteur des enjeux. Malheureusement, la grève de Grandpuits a choisi a la 3e option, qui ramène en fait à la seconde.

Il y a ainsi une mobilisation, avec une grève commencée le 4 janvier, un barrage filtrant bloquant l’accès à la raffinerie, le blocage de la mise en place des échafaudages destinés au démantèlement de l’usine. Il y a des soutiens de partout, une caisse de cotisation. La combativité est exemplaire.

Mais le mot d’ordre c’est que rien ne doit changer. C’est la vision syndicaliste du monde qui a triomphé. Et là c’est la défaite assurée.

Le dirigeant de la CGT, Philippe Martinez, est passé en novembre soutenir les travailleurs à sa manière, expliquant que la situation le passionnait, et pour cause : l’idée est bien entendu de formuler un contre-projet à celui de Total. Ce contre-projet, qui sera rendu public dans quelques semaines, consiste à… maintenir la raffinerie, pour une transition de… 40 ans.

C’est absolument représentatif de la ligne syndicale, qui consiste à vouloir maintenir les choses telles quelles en idéalisant le capitalisme des années 1960-1970 et en maintenant les travailleurs à un plan individuel, en mode gilets jaunes : vivons chacun dans son coin comme avant.

Merguez en mode barbecue et un sapin qui brûle : au 21e siècle, sérieusement?

Philippe Martinez note d’ailleurs :

« On ne peut pas demander à un salarié de sauver la planète si son emploi est en jeu. Dans ce cas-là, il choisira l’emploi. En revanche, s’il n’y a plus de planète, il n’aura plus d’emploi. »

En disant qu’on ne peut pas demander à un salarié de sauver la planète si son emploi en jeu, Philippe Martinez résume absolument tout. Cela se joue sur toute l’étroitesse d’esprit d’ouvriers à la vision du monde petite bourgeoise, incapable de raisonner en termes de classe ouvrière, tellement lessivés par le capitalisme que leur seul horizon est une porte de sortie individuelle, et « après moi le déluge ».

Il suffit, pour le constater amèrement, de regarder le document de lutte mis en avant par les grévistes. Ce dont il est parlé, c’est : des petits commerces, des écoles, de la vie locale, de l’impact sur la vie des grévistes. C’est un raisonnement en termes d’individus. Il n’y a aucune vision du monde, aucun projet de société, aucune mise en avant de valeurs collectives.

[Cliquer sur l’image pour lire le document]

La CGT a compris que cela ne passerait pas dans l’opinion, alors le mot d’ordre, c’est d’accuser Total de greenwashing. Une centaine de manifestants étaient le 26 janvier 2021 devant le siège de Total à la Défense et de la peinture verte a été lancée symboliquement sur le bâtiment. Total ne serait pas vraiment écologiste, c’est en quelque sorte un complot sur le dos des travailleurs!

Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer pour nier la restructuration capitaliste qu’on refuse d’affronter !

Et dans sa démarche, la CGT Grandpuits se la joue écologiste, comme dans ce document du 29 septembre 2020 qui est absolument risible quand on connaît les positions de la CGT au sujet de l’écologie et du capitalisme d’ailleurs.

« A la CGT Grandpuits, nous sommes convaincus de la nécessité e sortir d’un modèle économique structuré autour des énergies fossiles. En revanche, nous savons que, laissée aux grandes multinationales avides de profits, une telle perspective ne pourra jamais advenir, sauf sous la forme de mensonges visant à justifier des attaques contre les travailleurs.

Nous ne pouvons pas laisser la transition écologique aux mains des capitalistes qui détruisent la planète ! »

Pas certain non plus que brûler des pneus soit un gage de crédibilité quant à l’avenir de la planète. Et ce n’est clairement pas Total qui fait du greenwashing, Total fait du capitalisme, Total n’en a rien à faire d’une image verte. C’est la CGT Grandpuits qui fait du greenwashing pour masquer sa volonté que rien ne change, sa volonté qu’on vive comme il y a trente-quarante ans.

Sinon il ne serait pas proposé une reconversion de la raffinerie sur 40 ans, mais l’acceptation de la nouvelle usine en disant : aucune perte d’emploi, organisons les choses pour cela et Total paiera tout.

La restructuration – car c’est cela dont il s’agit – ne sera pas payée par les travailleurs, mais par le capital !

Sauf qu’évidemment exiger cela c’est vraiment se confronter aux capitalistes, en changeant de plan : on en reste pas à une situation locale, on voit les choses avec de la hauteur et on dit que les capitalistes paieront la restructuration, pas les travailleurs.

Inacceptables pour une CGT qui prétend juste piloter le capitalisme de manière meilleure, parce qu’elle n’est pas pour le Socialisme, et pour des grévistes qui, eux, veulent juste vivre comme avant, parce qu’ils n’ont pas compris les enjeux.

Sauf qu’agir ainsi c’est refuser la lutte des classes et ce sera alors la défaite. Et tous les soutiens, aussi lyriques soient-ils, n’y changeront rien : ce ne sont pas eux qui paieront la facture finale.

Soit les travailleurs de Grandpuits disent : Total doit tout payer de cette restructuration, soit cela sera la défaite. La restructuration est l’actualité, on ne peut pas la nier comme le font les syndicats. Il faut l’affronter. Il faut se mettre à la hauteur de Total : classe contre classe.

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Société

Deux documents de la grève à Total Grandpuits

La ligne des grévistes est de viser le statu quo, pas de se mettre au niveau de la restructuration. La dimension de classe de la restructuration, son existence au niveau de la société toute entière, n’est pas comprise.

Le capitalisme impose une restructuration à Grandpuits. La vie des gens en est bouleversé. Les deux documents exposent les conceptions des travailleurs combatifs et déterminés, mais qui réduisent la problématique à une question locale, notamment en raison des syndicats.

On est ici très loin d’une compréhension de la dimension de la restructuration, qui est celle de l’ensemble de l’affrontement entre la bourgeoisie et les travailleurs. La question n’est pas l’emploi à Grandpuits, mais : qui paiera la restructuration à Grandpuits ?

En refusant de se placer au niveau du capitalisme lui-même, au niveau de la restructuration, les travailleurs ne verront pas les forces mises en branle et ne sauront pas répondre de manière adéquate dans la bataille.

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Écologie

La cruelle et absurde guerre de la ville de Paris contre les rats

Non content de ne rien comprendre à la source de la pandémie, l’humanité continue sa guerre contre les animaux.

L’utilisation de l’image des rats pour faire peur est récurrente depuis bien longtemps ; elle vise à présenter la nature comme envahissante et hostile. Le quotidien Le Parisien en a usé (et abusé) dans son article Affamés par les confinements, les rats ont envahi cette cité parisienne, qui révèle toute l’hypocrisie criminelle du procédé.

Il est parlé de la cité Python-Duvernois dans le vingtième arrondissement de Paris, où vivent 3 000 personnes, et il est dit que les rats sont désormais bien plus visibles. Pourtant, que constate l’article au sujet de la situation de cette cité ?

Maxime Sauvage, premier adjoint (PS) au maire du XXe en charge de la politique de la ville et de l’impact local, social et environnemental, ne prend pas le problème rats «à la légère». Il avance une explication : «Python-Duvernois est l’un des quartiers les plus pollués de Paris, en bordure du périphérique et de l’échangeur de la A3. Et puis il est à côté du square Séverine, où les gens viennent nourrir les canards…»

La cité est aussi connue pour être «un véritable dépotoir». Des ouvriers du bâtiment peu scrupuleux viennent régulièrement y déverser gravats, encombrants, bidets cassés, etc. «C’est moins cher qu’une déchetterie…» grogne l’élu.

On est dans un chaos urbain et on accuse des animaux qui, comme le note Aude Lalis, chercheuse au Museum d’histoire naturelle, spécialiste du rat, interrogée dans l’article, s’auto-régulent niveau portée, comme évidemment c’est le cas dans la nature.

Ce qui n’empêche Agnès Lefranc, responsable du service parisien de santé environnementale à la Ville de Paris, chargée du dossier «rats», d’assumer l’emploi des techniques les plus meurtrières contre les rats, avec une souffrance de grande ampleur qui plus est.

Nous continuons avec les anticoagulants et les pièges mécaniques. Nous essayons aussi des méthodes alternatives, telles que les explosions de terriers et la carboglass, qui dégage du gaz carbonique dans lequel les rats suffoquent. En surface, dans les rues et les parcs, nous avons mis en place de nouvelles poubelles anti-rats.

Quant au volet pédagogie, nous avons une campagne d’affichage dans les parcs et nous développons un partenariat avec les bailleurs de la ville en direction des locataires. Il y a aussi un volet répression. La police municipale dresse des PV aux nourrisseurs de rats . En 2019, elle en a ainsi établi plus de 420.

Des « nourrisseurs de rats » ? Allons donc, cela ne tient pas debout une seule seconde. C’est de la criminalisation de la compassion pour les animaux et l’article du Parisien dénonce par ailleurs ceux qui « nourrissent les pigeons et autres animaux… ».

Déjà on voit mal qui sont les autres animaux. Et en ce qui concerne les pigeons, c’est très bien de les aider puisqu’en temps de fermeture des lieux de restauration (et encore plus pendant le confinement), ils n’ont rien à manger. Et de toutes manières là aussi il y a autorégulation naturelle : dans une ville propre – donc pas comme Paris – il y a bien moins de pigeons. Ce qui est d’ailleurs regrettable, si on aime les oiseaux.

Mais ce qui choque le plus ce sont les ignobles propos d’Agnès Lefranc. Il est marquant qu’ils proviennent de quelqu’un avec un haut niveau scientifique en biologie, chef du service parisien de santé environnementale. Et vas-y qu’on explose les terriers, et vas-y qu’on fait suffoquer des êtres vivants…

De quoi relève un tel vocabulaire ? De la guerre, de la liquidation, du meurtre. Cela montre qu’on a ici affaire à une véritable machinerie : une machinerie de l’absence d’empathie, une machinerie du crime, une machinerie au service du rouleau compresseur contre la nature.

Pour ces gens, tout ce qui ne va pas dans le décor capitaliste doit disparaître. Et qu’importe pour eux si la consommation du capitalisme déséquilibre la nature et est la cause de tous les problèmes… dont la pandémie actuelle. Ce ne sont à leurs yeux que des aléas qui doivent être réglés avec encore plus de béton, de cynisme, de mise à mort.

Il y a pourtant dans le Parisien un passage qui montre que tout n’est pas perdu. Cela se présente sous une forme d’anecdote, dont on voit mal comment cela pourrait être vrai en tant que tel, mais l’idée est là et on voit tout de suite qu’on a affaire ici à l’empathie, au sens du partage, au refus de la négation de la nature.

On comprend tout de suite : là est la dignité, pas dans une humanité qui fait la guerre à la nature. Là est le respect, la réalité, la vérité.

 «Un locataire s’était lié avec les rats, s’indigne Danielle, la gardienne. Il les ramenait chez lui, au rez-de-chaussée, pour partager la pizza !» Cet habitant, «fragile psychologiquement», a, depuis Noël, été hospitalisé.

Heureux les simples d’esprits, car le royaume des cieux leur appartient !

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Société

Masque FFP2 : après la Bavière et l’Autriche, la France devra bien suivre

L’État français suivra-t-il les exemples bavarois et autrichien sur les masques FFP2 ? Il doit bien. Mais en a-t-il seulement les moyens ?

Emmanuel Macron et Jean Castex ont dû être horrifiés et ils se disent forcément qu’ils vivent un cauchemar. Les Français sont déjà ingérables, mais alors là…

La Bavière et l’Autriche ont décidé que dans les transports publics et dans les lieux où l’on fait les courses pendant le confinement, il faudra que les gens portent des masques de type FFP2, qui filtrent au moins 92 % des particules dans l’air. C’est un tournant intéressant, car l’Autriche sert de laboratoire aux décisions allemandes et on sait que ces pays gèrent bien mieux la pandémie que la France.

En clair, la Bavière a ouvert la voie, l’Autriche a décidé de faire de même le 17 janvier 2021 et il faut s’attendre à ce que l’Allemagne entière suive, en profitant des acquis sur le plan de l’expérience. Cela montre déjà qu’il n’y a pas une croyance absolue en les vaccins. Il a été compris que les vaccins ne permettraient pas une réussite complète avant la fin de l’année. De plus, il y a les mutations qui font qu’on va – il faut bien le dire – vers l’idée d’une sorte d’accompagnement permanent de la pandémie. Jamais un État ne déciderait un tel saut, avec les magasins devant vendre les masques FFP2 à prix coûtant, si ce n’était pour l’instaurer dans la durée.

Il faut bien cerner la dimension de la question. Le masque FFP2 est désagréable à porter. C’est grosso modo un masque chirurgical du type FFP1 mais bien plus rigide, qui tient mieux : on le reconnaît facilement à ce qu’il est plus bombé que les masques FFP1 ou ceux en tissu. Psychologiquement, sa relative rigidité interpelle, son serrage aussi. Ce n’est pas quelque chose qui est posé, mais vraiment quelque chose qui s’impose comme une sorte de prolongement de soi.

On s’y habitue évidemment et il faut ce qu’il faut. Mais pour une société qui est rétive, c’est difficile à adopter. On voit déjà que les gens en France n’achètent pas de jolis masques en tissus, car ils ne veulent pas admettre que la pandémie est installée. Il suffit de voir les Parisiens si « chics » avec des masques chirurgicaux ne ressemblant à rien pour deviner cette psychologie. Alors assumer un masque de qualité en en prenant soin, en le changeant chaque jour, etc., cela apparaît comme impossible vu comme cela.

Car il faut en prendre soin. Le masque de type FFP2 ne peut d’ailleurs être produit qu’industriellement et il n’est pas lavable ; on ne peut le remettre qu’au bout d’une semaine d’attente et encore n’est-ce pas idéal, car il est fait pour être à usage unique normalement. On peut donc faire la manœuvre cinq fois, après il faut le jeter. Au lieu d’attendre une semaine, on peut également le placer sous une chaleur entre 80 et 100°C, après une journée d’attente. On ne peut en tout cas pas le laver ni à la main ni en machine, car il se détériorerait.

Bref, cela demande une certaine intendance, ce n’est pas un bout de chiffon qu’on se place sur la bouche. Cela demande une certaine attention, des précautions pour ne pas l’abîmer. Les gens sont-ils prêts pour cela ? On imagine les sueurs froides du gouvernement français. Il soufre déjà pour chercher à faire passer le prochain confinement. Alors si en plus il doit imposer le port des masques FFP2 ! Et il faut les trouver, il faut q’ils soient distribués, il faut que les Français les achètent, chacun coûtant quelques euros…

Le gouvernement sait qu’il a déjà l’extrême-Droite contre lui. Il a vu avec les manifestations du samedi 16 janvier 2021 que la petite-bourgeoisie « branchée » est également contre des mesures anti-covid, au nom des « libertés ». Pour le reste, les Français sont des Français : prompts à relativiser et à protester pour le plaisir de le faire. Le masque FFP2 apparaissant comme une mesure utile dans un tel panorama est littéralement explosif, mettant à nue la base libérale de la société.