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Emmanuel Macron en mission pour l’OTAN en Roumanie et Moldavie

La France relève entièrement du dispositif de l’OTAN.

Avec l’Allemagne, la France est un des deux principaux sous-chefs de l’OTAN. Parfaitement inféodée aux États-Unis, le véritablement commandeur, la France a pour mission d’encadrer l’intégration de pays plus secondaires, en profitant au passage pour prendre une petite part du gâteau. C’est le sens de la tournée d’Emmanuel Macron en Roumanie, puis en Moldavie.

La Roumanie est membre de l’OTAN, et la Moldavie en est un satellite direct, avec au pouvoir un régime pro-Union européenne (malgré une partie du pays qui a fait sécession) et des traités de coopération avec l’OTAN.

Emmanuel Macron, avec une mise en scène typique du régime américain (nuit dans la tente plutôt qu’à l’hôtel, footing le matin, discours sur le tarmac dos aux troupes), s’est donc rendu sur place pour appuyer encore plus le clivage avec la Russie.

Il s’agit de s’assurer que ces pays frontaliers restent bien dans le giron occidental, alors que l’Ukraine est en train d’être dépecée malgré les discours hypocrites « souhaitant » une victoire ukrainienne. Et quand on dit « rester dans le giron », il faut comprendre « être prêts à la guerre ».

La Russie est définitivement considérée comme ennemi et dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde, il faut encadrer les esprits pour qu’ils soient unilatéralement tournés vers une guerre possible avec la Russie. Nous sommes, en juin 2022, définitivement entrés dans une période où cela est assumé. Les discours faisant croire à une défense de la paix sont du passé.

Sur la base militaire de l’OTAN à Constanta où elle déploie son armée, la France est venue expliquer qu’il faut se préparer à l’affrontement guerrier. Il est question de l’Ukraine, mais c’est surtout le prétexte pour maintenir la pression, et assumer une nouvelle étape.

« Aux portes de notre Union européenne, se joue une situation géopolitique inédite, donc oui, pour toutes ces raisons, le contexte politique et les décisions que l’Union européenne et plusieurs nations devront prendre, se justifient de nouvelles discussions en profondeur et de nouvelles avancées.

Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union Européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois ».

La France n’enverra pas de soldats ni d’armes ultra-modernes en Ukraine. Mais elle continue avec les autres pays de l’OTAN d’acheminer le minimum nécessaire pour que la situation dure le plus possible. La superpuissance américaine a besoin que la pression guerrière soit maintenue et renforcée.

En attendant, la Roumanie est sommée de moderniser son armée, et en particulier sa force navale, pour appuyer les positions de l’OTAN en mer Noire. L’industrie militaire française, bien sûr, est là pour signer les contrats, alors que l’armée française s’installe parallèlement.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a donc signé une lettre d’intention avec son homologue Vasile Dincu pour « développer les capacités » de la force navale roumaine grâce au « savoir-faire industriel français et la crédibilité opérationnelle » de la Marine française.

La Roumanie ne dispose que de trois frégates multi-usage, dont deux qui ont été achetées d’occasion à l’armée britannique, et sept corvettes, dont trois qui datent de l’époque soviétique. Elle n’a pas de sous-marin, si ce n’est un classe Kilo, qui ne navigue plus depuis la fin des années 1990.

On remarquera au passage qu’il y a depuis 7 ans un contrat en cours avec le groupe français Naval Group, mais qui bloque pour des raisons contractuelles. Selon la presse roumaine, il s’agirait de la responsabilité de la construction, que le chantier naval de Constanta ne souhaite pas assumer, souhaitant simplement exécuter les constructions pour le compte de Naval Group.

On peut très largement supposer que la lettre d’intention signée entre la France et la Roumanie a notamment pour objet de débloquer la situation. D’autant plus que selon le ministre roumain de la Défense, la Roumanie a besoin maintenant « d’un programme beaucoup plus complexe ».

Le contrat initial prévoit la construction de corvettes Gowind de Naval Group, avec des capacités anti-sous-marine et anti-aérienne avec des technologies françaises, et dans les standards de l’OTAN. Cela ne suffit pas vu la tendance à la guerre, particulièrement en mer Noire.

La Roumanie a officiellement fait part de sa volonté d’avoir au moins trois sous-marins. Une option était posée en 2018 sur du matériel allemand, mais le budget n’était pas là. Tel n’est plus le cas en 2022, avec maintenant 2,5% du PIB de la Roumanie pour les dépenses militaires. L’industrie française est prête à profiter de la manne, du moment que cela est encadré par l’OTAN et que cela va dans le sens de la superpuissance américaine.

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Eurosatory : le complexe militaro-industriel français sur le devant de la scène

L’Union européenne doit devenir un outil pour la guerre.

En tant que grande puissance, la France est connue et reconnue pour ses exportations de denrées agricoles, de produits de luxe, mais aussi pour sa production d’armes. Après les États-Unis et la Russie, la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde.

Un commerce qui se porte bien, voire très bien puisqu’il a dépassé les 2 000 milliards de dollars dans le monde en 2021. De fait, depuis la pandémie de Covid-19, et plus encore avec la guerre en Ukraine, les budgets militaires des grandes puissances (mondiales et régionales) ont explosé, et la France compte bien conserver sa part du gâteau.

C’est dans cet état d’esprit qu’Emmanuel Macron s’est rendu au salon international de l’industrie de la défense et de la sécurité Eurosatory qui se tient du 13 au 17 juin au parc des expositions à Villepinte, salon qui se présente lui même comme « le mondial de la défense et de la sécurité ».

En temps normal, c’est le ministre des Armées qui se rend à ce salon lancé en 1967 au camp militaire de Satory par le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), ce monstre du militarisme en France.

Ce salon fut lancé d’ailleurs un an après l’annonce officielle par le général de Gaulle du retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, ce qui suffit à montrer à quel point Eurosatory est une illustration de comment la France tend à être une puissance belliqueuse à part entière.

Lors de son discours d’inauguration, Emmanuel Macron a annoncé la couleur d’entrée de jeu :

« Cette confiance [à l’égard des industriels] s’inscrit dans un contexte inédit, et je pense que nous devons tous à cette occasion et dans les temps qui viennent en tirer les conséquences, celle aussi d’une entrée dans une économie de guerre dans laquelle je crois nous allons durablement devoir nous organiser.

C’est-à-dire dans une économie dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour voir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos forces armées, pour nos alliés et pour celles et ceux que nous voulons aider.

Une économie au fond dans laquelle on ne peut plus envoyer au rythme et avec la grammaire d’il y a même un an. Tout a changé. »

Ce dont parle Emmanuel Macron ici est la capacité pour les armées des grandes puissances à assurer la logistique, les stocks et l’opérabilité des forces armées dans une guerre contre un autre État, ce que les experts appellent le taux d’attrition.

Si cela était quelque chose de bien en vue depuis plusieurs années dans les états-majors militaires, il est clair que les pertes et les masses de munitions et d’hommes engagées dans la guerre en Ukraine confirment cette tendance.

Par exemple, lors de la bataille de Kharkiv, les forces russes ont utilisé autant de munitions d’artillerie que l’ensemble du stock disponible pour l’armée française pour ses entraînements annuels. Par conséquent, l’enjeu pour les grandes puissances, c’est dorénavant de massifier leurs armées, en termes d’hommes, de stocks, de munitions, etc., mais aussi de les diversifier pour agir sur différentes zones d’intervention.

Cela signifie donc que l’industrie militaire devient un rouage central des économies des grandes puissances et puisque la France détient l’un des plus importants complexes militaro-industriels du monde, elle va être en première ligne de ce processus.

Et Emmanuel Macron en tant que représentant de la bourgeoisie pro-européenne se doit d’assurer la place du complexe militaro-industriel français dans le commerce des armes en Europe, alors que l’industrie américaine la concurrence, notamment par la vente de ses avions de chasse F-35 à bon nombre de pays européens.

C’est pourquoi lors de ce salon, Emmanuel Macron qui occupe depuis le 1er janvier, et ce jusqu’au 30 juin 2022, la présidence du Conseil de l’Union européenne, a appelé à la mise en œuvre d’une « préférence européenne » pour l’achat d’armes des pays membres.

Une perspective plus que concrète puisque depuis 2017, l’Union européenne a un budget commun en charge de l’innovation et de la recherche militaire commune alors même que l’article 41 du Traité de Lisbonne de 2007 interdisait l’utilisation du budget commun européen pour des projets militaires.

Depuis fin avril 2021, elle dispose d’un budget commun de 8 milliards d’euros (fonds européen de la défense) ce qui est en soi relativement peu, mais est énorme puisqu’avant 2017 il n’y avait rien, cela étant interdit par les règles institutionnelles.

Le tournant est tel que le Danemark est revenu par la voie du référendum le 1er juin 2022 sur son retrait historique des projets de défense européen.

Par son appel à une « préférence européenne en matière d’armements », Emmanuel Macron se place donc directement comme le porte-parole du complexe militaro-industriel français, car derrière l’industrie de défense européenne, il y a surtout quatre pays que sont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Et dans ce quatuor, la France capte près de 24 % des subventions européennes en matière de recherche et d’innovations militaires, les trois autres pays en recueillant environ 15 % chacun. Les industries françaises sont impliquées dans près de 80 % des projets subventionnés par l’Europe, Dassault étant au centre du projet de drone européen et Thalès (en partie détenu par l’État français) participant à plus de 40 % des projets.

De la même manière que le français Thierry Breton, chargé du très important portefeuille du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l’audiovisuel, de la défense et de l’espace est également directeur général d’Atos international, une entreprise spécialisée dans le digital chargée de la modernisation de l’armée de terre française.

Voilà un parfait exemple de la tendance à la guerre qui s’empare de la base industrielle des pays. Un tel renforcement de l’industrie militaire française signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus devenir central dans le développement économique (et politique), alimentant la tendance au repartage militaire du monde.

Dans ce panorama, la France en tant que grande puissance apparaît comme un acteur central de la tendance à la guerre. Une donnée qui s’avère capitale pour quiconque veut lutter pour la cause pacifiste dans ce pays.

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L’armée russe l’emporte en Ukraine

Le tournant est passé.

Une chose véritablement terrible des cent premiers jours de la guerre Russie-Ukraine au point de vue politique en France est de voir qu’il n’y a aucune capacité d’analyse de la part de la Gauche française. Cette dernière reprend intégralement ce que disent les médias, et donc la propagande de l’OTAN. Que ce soit avec les pseudos massacres ou les pseudos bombardements d’hôpital ou d’école, la rhétorique propagandiste du régime ukrainien a été acceptée tel quel, ainsi que les évaluations du ministère britannique de la Défense.

Partant de là, il y a trois semaines, tout le monde reprenait l’antienne comme quoi la Russie était en train de perdre. Or, c’était naturellement faux, cela servait à continuer la pression pour un soutien acharné au régime ukrainien. L’Ukraine est utilisée comme chair à canon dans la guerre occidentale contre la Russie. Personne n’en a rien à faire dans les pays occidentaux de la nation ukrainienne, de la culture ukrainienne. Tout cela est d’une hypocrisie sordide.

La situation sur le front au 10 juin telle qu’évaluée par l’armée française

Sur le terrain, l’Ukraine est en train de perdre totalement, pour deux raisons. Tout d’abord, ses forces militaires professionnelles sont fatiguées, ensuite, son artillerie n’a plus de munitions. Inversement, la Russie n’a pas institué l’état de guerre et dispose de troupes encore opérationnelles dans une large mesure, et surtout dispose de deux années de munitions d’artillerie.

Concernant ce dernier point, il y a également une dimension quantitative : l’armée russe utilise de dix à vingt fois plus d’artillerie que l’armée ukrainienne.

Et comme maintenant il est clair que l’Ukraine a « choisi » de rompre avec la Russie, alors tout est plus facile pour l’armée russe, qui pilonne et qui pilonne, de manière ininterrompue, et occupe toujours plus de terrain, avec comme objectif avoué désormais, la Nouvelle Russie, ce qui avait été annoncé sur agauche.org début mai 2022 déjà. Les passeports russes commencent ainsi à être distribués à Kherson et à Mélitopol.

Le 9 juin, à l’occasion du 350e anniversaire de Pierre le Grand, le président russe Vladimir Poutine n’a ainsi pas du tout parlé d’une Ukraine slave ou petite-russe ; il a parlé d’une Russie obligée de batailler pour que sa population soit à l’intérieur de son territoire.

Nous venons de visiter une exposition consacrée au 350ème anniversaire de Pierre le Grand. C’est étonnant, mais presque rien n’a changé (…).

Pierre le Grand a combattu la Grande Guerre du Nord pendant 21 ans. On aurait pu dire qu’il était en guerre contre la Suède et qu’il leur prenait quelque chose. Il ne leur a rien enlevé. Il a repris ce qui appartenait à la Russie (…).

Lorsqu’il a fondé une nouvelle capitale [Saint-Pétersbourg], aucun des pays d’Europe ne reconnaissait ce territoire comme appartenant à la Russie. Tout le monde le considérait comme faisant partie de la Suède. Mais depuis des temps immémoriaux, des slaves vivaient là-bas aux côtés des peuples finno-ougriens (…).

Apparemment, c’est aussi à nous maintenant de reprendre ce qui appartient à la Russie. Et si nous partons du principe que ces valeurs sont la base de notre existence, nous parviendrons certainement à atteindre nos objectifs. »

La situation économique ukrainienne est également catastrophique. Entre les destructions des infrastructures, des usines, les destructions (et il faut compter ici les déforestations massives), les explosifs qui traînent dans de nombreuses zones… le pays voit sa réalité productive massacrée. Le pays a perdu tout moyen d’être indépendant, d’où justement toutes les initiatives de l’Union européenne pour ouvertement vassaliser ce qui va rester de l’Ukraine.

Il y a d’ailleurs des tendances déjà pour aller directement en ce sens. L’Allemagne traîne totalement des pieds pour envoyer du matériel militaire au régime ukrainien, au point que les raisons données régulièrement deviennent toujours plus ridicules (il manque des pièces, il faut former les soldats ukrainiens, etc.). La France envoie des armes, mais aimerait bien que tout se termine, car elle comprend que si les choses continuent sa position secondaire au niveau international va être clairement établie.

Et il y a question des céréales ukrainiennes qui sont bloquées et qui risquent de provoquer, par leur non-exportation, à de grandes déstabilisations dans plusieurs pays, avec des émeutes de la faim. Les prix des céréales explosent d’ailleurs en général dans le monde et cela ajoute à l’inflation galopante dans le monde avec la montée du prix du gaz et du pétrole.

Tout cette ampleur montre bien qu’on est dans le contexte du repartage du monde par les grandes puissances, que c’est là tout l’enjeu de l’époque. Le monde capitaliste a bien basculé avec la pandémie en 2020, il est rentré dans la crise mondiale. C’est d’ailleurs pour cela qu’aux élections législatives de 2022, qui se tiennent aujourd’hui, aucun candidat ne parle ouvertement ni de la pandémie, ni de la guerre en Ukraine. On est dans la machine bourgeoise à illusions, pour essayer de forcer les choses, de faire tenir l’ensemble coûte que coûte… avant que tout ne craque inéluctablement.

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Un néo-nazi français meurt dans les rangs de l’armée ukrainienne

On parle ici de terroristes.

Selon sa mère, Wilfried B. de Bayeux était simplement parti en voyage humanitaire pour aider l’Ukraine, et se serait attaché aux gens. En réalité, c’était un militant néo-nazi assumant la ligne terroriste et s’engageant par conséquent dans les rangs des nationalistes ukrainiens les plus furieux. Le voici avec le drapeau noir et rouge des banderistes – les partisans de Bandera – et le symbole de la « misanthropic division », le mouvement néo-nazi nihiliste né en Ukraine, qui sert d’ailleurs de relais européen pour les nationalistes ukrainiens d’Azov.

Un compte de la « misanthropic division » sur les réseaux sociaux le présente d’ailleurs comme un

« fier membre de la WSMDivision, légionnaire français, homme qui a combattu contre le bolchévisme et les antifascistes toute sa vie ».

Le message dit encore :

« Notre frère d’armes est mort le 1er juin en défendant l’Europe et l’Ukraine des hordes asiatiques. Il est mort en homme avec un AK dans les mains lors d’un bombardement russe dans la région de Kharkiv (…). Wilfried, ton nom ne sera pas sur les monuments des morts pour la France et pourtant, nous louons le jour où nous serons assez dignes pour le rejoindre au Valhalla, le paradis des guerriers tombés au combat. »

Le discours sur les « hordes asiatiques » que représenterait la Russie est tout à fait classique de l’extrême-droite ukrainienne, voire du régime lui-même, qui considère que les vrais successeurs de la Rus’ médiévale, c’est l’Ukraine, la Russie étant une sorte d’anomalie semi-asiatique.

Pour porter un symbole de la « misanthropic division », il faut effectivement s’être lancé à 100% dans le néo-nazisme le plus nihiliste, de facture terroriste. On a un excellent profil de ces néos-nazis dans les photos de l’article « Le label La barricade et Misanthropic Division Vinland : un véhicule pour le mouvement néonazi international au Québec« .

On ne parle pas ici soldats perdus devenant des pèlerins du néant car soutenant une « cause perdue » erronée, ni de nationaux-révolutionnaires petits-bourgeois au romantisme raté. On parle de furieux fanatique des armes et du combat rapproché, avec qui aucune discussion n’est possible. Les trois seuls principes de la « misanthropic division » sont porter une arme, cacher son visage, rester et agir en groupe. On est dans la démarche des fraternités virilistes racialistes adeptes d’un paganisme justifiant tout et n’importe quoi.

N’importe quel régime démocratique digne de ce nom s’en débarrasserait le plus rapidement possible, ces gens étant non seulement des criminels en puissance, se formant pour l’être de la pire manière qui soit, mais également déjà des acteurs virulents du fascisme. Si d’ailleurs ce néo-nazi français mort en Ukraine était revenu vivant, il aurait inévitablement profité de son expérience militaire pour renforcer les activistes de son type.

Il faut d’ailleurs s’attendre à une montée en puissance du terrorisme nationaliste, qui est désormais coupé de l’extrême-Droite jouant le jeu électoral. On va avoir en France, comme dans l’Espagne des années 30, une Droite virulente, un terrorisme nationaliste provocateur et agressif, avec une armée aux aguets pour profiter de la situation.

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L’opposition turque à l’intégration de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN

La question kurde est ici la clef.

Le 18 mai 2022, la Finlande et la Suède ont fait part de leur demande d’intégration dans l’OTAN, dans le cadre d’une petite cérémonie au siège de l’OTAN à Bruxelles, avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, Klaus Korhonen, l’ambassadeur de la Finlande auprès de l’OTAN, et Axel Wernhoff, l’ambassadeur de Suède auprès de l’OTAN.

On en est pourtant au point mort depuis, en raison de la farouche opposition turque à une telle adhésion. La raison, présentée ouvertement par le président turc Recep Tayyip Erdogan, est le soutien de la Suède aux forces séparatistes kurdes en Turquie. La Finlande est également considérée comme pratiquant une vraie mansuétude à l’égard de ceux-ci, mais la Suède est considérée comme pratiquant un soutien structurel.

Par forces séparatistes kurdes en Turquie, on parle bien entendu du PKK, mais également du PYD présent en Syrie, qui applique la même idéologie « municipaliste » que le PKK et contrôle la zone appelée le « Rojava ». Le Rojava est particulièrement mis en avant dans les milieux anarchistes français depuis plusieurs années, ce serait un modèle de « révolution ».

De manière plus sérieuse, les forces kurdes pratiquent un agenda nationaliste pragmatique, cherchant à trouver une voie pour s’affirmer nationalement dans un imbroglio régional datant d’un siècle. Le « municipalisme » n’est qu’une variante idéologique pour proposer une décentralisation utile aux Kurdes, qui n’ont pas les moyens d’obtenir leur indépendance, eux-mêmes étant d’ailleurs divisés historiquement dans plusieurs pays.

En ce sens, les grandes puissances utilisent la question kurde lorsque cela les arrange. Dans le contexte de guerre à l’État islamique, la France a ainsi armé, formé et épaulé par des spécialistes militaires les forces kurdes en Syrie, les YPG. La superpuissance américaine a fait de même avec un appui aérien.

Dans un tel contexte, les diasporas kurdes soutenant le PKK (et le PYD) ont plus ou moins de marge de manœuvre. En Allemagne et en Autriche, le PKK est massivement réprimé depuis des décennies ; impossible par exemple d’utiliser des symboles du PKK et du PYD sans affronter la répression.

En France, la pression est moindre mais réelle pour le PKK ; le PYD est par contre reconnu au plus haut niveau du ministère des affaires étrangères, avec des rapports militaires étroits.

En Suède et en Finlande, les activités sont bien plus aisées, puisque d’un côté le PYD n’est pas interdit, de l’autre parce qu’il y a une certaine convergence d’intérêts, surtout avec la Suède. Le PYD dispose d’un bureau officiel à Stockholm, il dispose de rapports officiels au plus haut niveau avec le ministère suédois des affaires étrangères, la Suède fournit une « aide humanitaire » d’importance au Rojava, etc.

Il faut bien ici comprendre le PKK et le PYD et ne pas les interpréter de manière erronée. Ces forces kurdes ont une démarche patriotique avec une idéologie nationaliste pragmatique. Leur but est d’arriver à quelque chose et il n’y a nullement de perspective idéologique de type socialiste ou communiste. Les fantasmes de forces kurdes « révolutionnaires » n’ont pas de sens. Les milieux anarchistes (ainsi que « marxistes-léninistes » albanais, qui sont désormais pratiquement communistes libertaires) se trompent totalement.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas historiquement de choses positives dans la cause kurde. Il existe une réalité kurde appelant à une véritable solution démocratique. Mais il faut prendre le PKK et le PYD comme ils sont et non pas comme on s’imagine qu’ils soient. D’ailleurs, la gauche turque en fait régulièrement l’expérience puisque le PKK exige l’hégémonie absolue là où il est présent et tout ce qui dépasse du cadre est systématiquement remis en place de manière significative.

Et lorsque les grandes puissances s’en mêlent, il faut être rigoureux. La cause kurde peut être juste mais la convergence avec les intérêts des grandes puissances est inacceptable et d’ailleurs dessert la cause kurde elle-même. Le pragmatisme est une plaie et une plaie prétentieuse : il y a la prétention de profiter de ce qu’il y a pour avancer, mais c’est vraiment un pas en avant, deux pas en arrière.

Et là les Kurdes risquent de le payer cher en se voyant un thème essentiel pour la question de l’unité de l’OTAN. La Turquie exige que la Suède et la Finlande se mettent à combattre le PYD pour qu’elle accepte leur intégration dans l’OTAN. C’est une situation terrible.

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La France pousse la Grèce à la guerre contre la Turquie

La mer Égée est au cœur de la bataille pour le repartage du monde.

Cela fait des années et des années que la Grèce et la Turquie se toisent du regard, s’invectivent, s’accusent, se provoquent, etc. Et la France est pleinement partie prenante de ces tensions.

En 2020, l’opposition entre la Grèce et la Turquie a pris une nouvelle tournure, au point que le risque de guerre s’est avéré imminent. La France est intervenue militairement au côté de la Grèce, et a dénoncé sans vergogne la Turquie, jetant ainsi de l’huile sur le feu. Puis elle s’est officiellement alliée à la Grèce.

Un nouvel épisode de cette saga guerrière s’est produit mardi 31 mai 2022. En arrière plan, il y a la Turquie qui reproche à la Grèce de sur-armer ses îles proches du territoire continental turc en mer Égée. Le ministre turc des Affaires étrangères a fait une déclaration choc à ce sujet, dans laquelle il dit notamment :

« La Grèce a violé le statut de ces îles et doit les désarmer. Sinon, un débat sur leur souveraineté commencera ».

Autrement dit, la Turquie reproche à la Grèce de ne pas respecter ses engagements historiques et menace de ne plus lui reconnaître ces îles. Rappelons que ce qui intéresse la Turquie ce ne sont pas ces îles en elles-mêmes, mais leurs eaux territoriales adjacentes.

Cela fait que la Turquie pourrait profiter de la situation pour enfin s’approprier des eaux (et leur sous-sol) qu’elle considère comme les siennes depuis des années. Le problème, on l’aura compris, c’est que justement si la Grèce sur-arme les îles en question, c’est précisément parce que de son côté elle considère que sa souveraineté est menacée.

De quelque manière qu’on prenne le problème, ce ne peut être que l’escalade. Il ne manque plus qu’une étincelle pour que le baril de poudre qu’est cette situation, explose. Et la France a clairement pris parti, et assumera s’il le faut un conflit militaire avec la Turquie, ce qu’elle souhaite même en fait, considérant que c’est un adversaire à sa portée.

D’où une prise de position unilatérale pour la Grèce, comme l’a annoncé Emmanuel Macron, dans une série de remarques à la presse sur cette question, lors d’un sommet européen. Il a parlé de la souveraineté territoriale de la Grèce, qu’il faut absolument défendre face à la Turquie.

Alors ce n’est pas nouveau, certes. La France est déjà engagée militairement auprès de la Grèce face à la Turquie, elle a déjà participé à des manœuvres en août 2020 avec trois avions Rafale, la frégate La Fayette et un hélicoptère. Et donc, surtout, la France a un pacte d’intervention avec la Grèce, comme nous l’expliquions ici en octobre 2021.

Mais nous sommes dans une situation de crise. La France, qui est une puissance en perdition, doit être de plus en plus agressive pour continuer à exister sur la scène internationale. Alors elle se pose comme gendarme de la Méditerranée, qu’elle considère comme sorte de prolongement naturel de son passé impérial puis colonial, avec le Liban comme aboutissement.

En pratique cependant, la France n’agit nullement comme un gendarme, elle n’arbitre rien dut tout mais prend clairement part à un conflit. Ce conflit fait partie des grands points d’accroche mondiaux pouvant mener à une nouvelle grande guerre mondiale.

Pour l’instant, la situation est même relativement figée, en raison de la complexité de la formation de grands blocs, nécessaire historiquement à la dégénération en une guerre mondiale. Concrètement, si on prend la question Ukrainienne, on voit tout de suite que cela freine tant la Grèce que la Turquie. Les deux sont dans la même position, au sein de l’OTAN donc tournée vers l’Ukraine en raison de leur soumission à la superpuissance américaine, mais en même temps ils sont chacun naturellement tournés vers la Russie avec la perspective d’exister de manière plus puissante en étant du côté de la Russie.

Tant la Grèce que la Turquie ont une position bien moins tranchante que les autres membre de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. La Grèce est accusée d’aider objectivement la Russie à contourner les blocus, via ses ports. La Turquie assume officiellement de bloquer l’élargissement de l’OTAN contre la Russie, en raison du soutien suédois aux forces kurdes indépendantistes.

Cela peut néanmoins changer à tout moment, car personne ne décide de rien. C’est la crise qui décide de tout et précipite la monde. Toutefois, il est clair que la France participe activement à envenimer la situation en mer Égée, poussant objectivement la Turquie dans les bras de la Russie, et tirant la Grèce vers elle pour qu’elle se soumette avec elle entièrement à l’OTAN… avec l’espoir de bousculer la Turquie.

C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Azov change son logo, les tatouages nazis restent

Le régime ukrainien s’appuie sur les nazis.

Si agauche.org annonçait dès avril 2021 qu’il y aurait l’invasion de l’Ukraine par la Russie, tout en suivant depuis inlassablement les événements, il est pour autant évident que la nature du régime ukrainien rendait très difficile une mobilisation pour l’Ukraine. Le régime ukrainien interdit ce qui est de gauche, s’est vendu à la superpuissance américaine et s’appuie sur les nazis comme pilier pour la mobilisation nationaliste.

Et l’Ukraine ne cesse de s’empêtrer dans cette question nazie. Il y avait par exemple eu le 8 mars 2022 un message « féministe » de l’OTAN sur les réseaux sociaux, avec une femme soldate – une chose extrêmement rare en Ukraine d’ailleurs – avec un symbole nazi, le « soleil noir ».

L’image a bien entendu été retirée ensuite, mais cela a fait tâche, surtout qu’il est difficile de masquer tout cela tellement c’est généralisé. Alors, début juin 2022, les nazis d’Azov ont décidé de changer leur logo, afin au moins d’arrondir un peu les angles. On retrouve le trident ukrainien, mais avec trois épées.

Azov abandonne donc formellement la « wolfsangel » nazi, qui était auparavant elle-même placée sur un « soleil noir » nazi.

Le premier symbole d’Azov, le second, le « soleil noir » nazi qui était un symbole SS, le blason de la 2e Division SS Das Reich

Le logo se situe toutefois dans la foulée du symbole nazi de la « wolfsangel » au sens où l’on retrouve trois lignes. Le Parti social-national d’Ukraine devenu « Svoboda » (liberté) a fait pareil en 2003, troquant la « wolfsangel » (officiellement le logo de « l’idée nationale ») contre une main levant trois doigts.

Impossible par contre de changer les tatouages des membres d’Azov, le ministère russe des affaires étrangères se faisant un malin plaisir à diffuser un document avec des tatouages de combattants de Marioupol capturés et devant passer en procès dans les « républiques populaires » séparatistes du Donbass.

Les gens d’Azov ne se sont de toutes façons jamais cachés de leur idéologie à part pour les journalistes. Comme ces derniers sont des propagandistes au service du régime dominant, ils ont joué le jeu et accepté de cacher ce qu’est Azov.

Il suffit inversement de creuser simplement un tout petit peu pour savoir que les groupes néo-nazis d’Europe avaient des liens avec Azov, qui servait de référence et de base arrière. Le groupe français de métal nazi « Peste Noire » a très largement été valorisé en Ukraine, son chanteur était installé à Kiev et il y a d’ailleurs de nombreux Allemands et Autrichiens ayant rejoint Azov depuis le début de l’invasion russe.

En fait, si les partis populistes – nationalistes, comme le Rassemblement National de Marine Le Pen, ont tous en Europe des liens avec la Russie, pour les activistes nazis Azov est depuis plusieurs années une référence, avec son nationalisme exacerbé, son virilisme agressif, son intégration officielle dans l’armée ukrainienne, ses initiatives nationalistes de masse et ses références puisant dans les années 1940.

Impossible donc de regretter la défaite d’Azov, et même sa liquidation, car toute avancée de ces néos-nazis aurait donné des ailes à leurs acolytes dans les autres pays d’Europe. Avoir choisi ces gens et non pas le drapeau de la démocratie, sans parler du Socialisme, est l’erreur dramatique de l’Ukraine.

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Taïwan: nouvelle escalade entre la Chine et les États-Unis

C’est une nouvelle provocation américaine.

Jusqu’à présent, les États-Unis ne s’étaient jamais engagés formellement à défendre militairement Taïwan en cas d’initiative de la République populaire de Chine. C’est la doctrine du « Taiwan Relation Act » datant de 1979 : le soutien aux dirigeants de l’île de Taïwan est assumé, ainsi que la fourniture d’armes, mais pas le soutien à l’indépendance de l’île, ni l’engagement militaire formel contre la République populaire de Chine. C’est une position d’équilibriste, pour peser sans pour autant faire de ce bout de terre dans le Pacifique une question menaçant la stabilité américaine.

Tout cela tenait jusqu’à présent, alors que les États-Unis étaient encore marqués par l’hyper-tension de l’époque de la guerre froide avec l’URSS et que, depuis les années 1980, les relations commerciales sino-américaines sont passées au cœur du capitalisme.

Mais le monde a définitivement changé depuis la crise sanitaire de 2020 et la stabilité mondiale, toute relative qu’elle pouvait être, est ébranlée. C’est pour cela qu’à l’automne 2021, le président américain Joe Biden avait déjà franchi une ligne rouge en affirmant que les États-Unis prenait l’engagement de défendre Taïwan. Il était vite recardé par sa propre administration, tellement le sujet est brûlant, dangereux. Le chef du Pentagone avait rappelé qu’il n’était pas question d’intervenir autrement que par la fourniture d’armes.

Joe Biden s’était ensuite corrigé lui-même quelques semaines après en précisant qu’il n’encourageait pas l’indépendance de l’île et qu’il fallait maintenir le statut-quo avec la République populaire de Chine.

Mais l’Histoire avance à grands pas et Joe Biden a finalement remis une pièce dans la machine à provocation le 23 mai 2022. C’est à l’occasion d’une tournée au Japon (le Japon, opposé à la République populaire de Chine, est très proche des dirigeants de l’île de Taïwan) que le président américain a finalement assumé d’envoyer définitivement en l’air 40 ans de jeu d’équilibre sur le sujet.

À la question d’un journaliste sur l’éventuel soutien militaire des États-Unis à Taïwan en cas d’attaque par la République populaire de Chine, il a répondu : « yes ». Ce n’était pas une question au passage, mais il y avait tout un enjeu international et très sérieux à cette discussion depuis Tokyo, alors qu’il était également question de dénoncer des coopérations militaires entre la Russie et la Chine.

Joe Biden a fait le parallèle avec l’Ukraine, assumant totalement la position de gendarme du monde de la superpuissance américaine :

« Cela (l’intégration de Taïwan à la République populaire de Chine) disloquerait toute la région et serait une autre action similaire à ce qui s’est passé en Ukraine. Donc, le fardeau est encore plus fort. »

De fait, l’escalade est assumée, car il était question en plus de cela lors de cette visite d’un accord militaire avec le Japon pour, de manière officielle, surveiller l’activité militaire navale de la République populaire de Chine dans la région.

De son côté le gouvernement chinois de Pékin assume lui-aussi la surenchère. Concrètement, la diplomatie chinoise accuse les États-Unis de pousser les indépendantistes taïwanais à la confrontation (en raison de l’élan que leur procure l’annonce d’un soutien américain) tout en expliquant que le conflit militaire sera assumé s’il le faut. La République populaire de Chine considère que la question de Taïwan relève de sa souveraineté nationale et explique en réponse à Joe Biden qu’elle est fermement décidée à la défendre, l’incitant à « ne pas sous-estimer sa ferme détermination ».

Ce sont clairement les contours d’une guerre mondiale qui se dessinent, avec cette contradiction de plus en plus forte, et surtout assumée, entre les deux blocs que forment la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Tant que le développement chinois profitait surtout aux États-Unis et son hégémonie mondiale, la question de Taïwan était relative, servant simplement de contre-poids. Maintenant que la Chine est devenue une superpuissance assumant la concurrence pour le leadership mondial, la contradiction est explosive et la question de Taïwan devient incontournable.

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Reddition à Marioupol, éditorial du New York Times… le premier grand tournant en Ukraine

Le découpage de l’Ukraine est désormais officialisé.

La nation ukrainienne est en train de payer très cher le fait d’être entièrement aux mains d’un régime totalement furieux sur le plan du nationalisme et soumis aux exigences américano-britanniques les plus acharnées. En effet, si le régime ukrainien prétend toujours que son armée va surclasser militairement l’armée russe et récupérer les territoires perdus, tout le Donbass et même la Crimée, il est désormais tout à fait clair que cela ne sera pas le cas.

L’armée ukrainienne est en train de perdre du terrain dans le Donbass, avec de nombreuses zones encerclées et une action méthodique de l’armée russe. Pour celle-ci, l’objectif c’est désormais de reformer une « Nouvelle Russie » dans le sud de l’Ukraine, et partant de là il n’est plus besoin de prendre des gants niveau bombardements comme pendant les deux premiers mois. C’est donc désormais le rouleau compresseur.

Autrement dit, les petits groupes de snipers, de saboteurs et d’unités antichars ne sont plus en mesure de désarçonner un ennemi ayant eu comme objectif principal de procéder de manière large, en étalant ses troupes. C’est désormais une bataille petite zone par petite zone, où l’artillerie – la base même de l’armée russe – peut opérer librement.

C’est d’autant plus efficace qu’en se retirant du nord de l’Ukraine, l’armée russe oblige l’armée ukrainienne à devoir utiliser ses troupes pour récupérer les zones concernées, tout en les laissant sur place pour éviter un retour russe.

Situation en Ukraine le 22 mai – © Ministère des armées

On est ainsi très loin d’une situation où, à partir de juin, l’armée ukrainienne serait en capacité de lancer une contre-offensive générale, comme elle le prétend. Cela commence à sentir le roussi. Surtout qu’il ne faut pas croire que l’armement massif fourni par les pays occidentaux peut suffire à rétablir l’équilibre.

Il faut en effet une logistique pour le répartir, parfois il faut être formé pour l’employer, et qui plus est l’armée russe continue de massivement bombarder l’Ukraine.

Et il y a également la défaite ukrainienne à Marioupol. Cette ville russophone avait été massivement occupée par les fascistes d’Azov, pour empêcher son basculement, et l’usine Azovstal, disposant d’abris anti-atomiques, a été transformée en forteresse. Le régime ukrainien espérait beaucoup que cela servirait de symbole de résistance et permettrait une mobilisation mondiale ; c’était encore le grand leitmotiv des gagnants ukrainiens de l’Eurovision.

Toutefois, au bout de 82 jours, cela a été la reddition, avec 2439 membres d’Azov et d’unités régulières qui se sont constitués prisonniers du 16 au 20 mai 2022. Le régime ukrainien a prétendu que cela rentrait dans le cadre d’un échange de prisonniers par la suite, mais il n’y a rien de tel qui est prévu en tant que tel. Surtout que les nationalistes ukrainiens avec leurs tatouages nazis sont du pain béni pour la Russie.

La situation n’est donc pas favorable à une confiance unilatérale en les Ukrainiens. C’est d’autant plus vrai que la propagande ukrainienne, à force d’être tellement unilatérale et répétitive, convainc de moins en moins. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky intervient tous les jours pour mettre en avant des affirmations plus ou moins délirantes, il est même intervenu avec une vidéo pour le début du festival de cinéma de Cannes, mais cela ne passe plus. Et ce que demande le régime ukrainien implique, dans les faits, une intervention armée générale des pays occidentaux.

Seulement cela, c’est la troisième guerre mondiale. Et il y a donc d’importantes tendances dans les bourgeoisies des différents pays pour dire : attention, où va-t-on ? Le New York Times a ainsi publié un éditorial, le 19 mai 2022 (The War in Ukraine Is Getting Complicated, and America Isn’t Ready), qui a provoqué une colère noire du côté du régime ukrainien. Ce que dit ce très important quotidien américain est très simple : c’est très bien que les États-Unis viennent de décider de fournir 40 milliards de dollars d’aides à l’Ukraine.

Cependant, la trajectoire de la guerre est devenue imprévisible. Or, il n’est pas question de s’engager dans une confrontation militaire avec la Russie. Il faut donc bien expliquer à l’Ukraine que le soutien américain a des limites. De plus, il y a le souci que les États-Unis ont dit que Vladimir Poutine devait être destitué, que le régime russe devait changer, que la Russie paierait tout, etc. C’est un problème, car à un moment il faudra bien qu’il y ait un accord de paix.

Autrement dit, le régime russe tient la route, il ne va pas tomber, l’armée russe ne sera pas défaite. Il faut donc calmer les Ukrainiens et leur expliquer qu’ils seront obligés de signer un accord qui sera inévitablement au moins un peu à leurs dépens. Emmanuel Macron a sous-entendu la même chose, alors que le régime italien a d’ailleurs proposé justement un accord de paix russo-ukrainien avec un statut spécial pour le Donbass et la Crimée.

C’est même la ligne française désormais, puisque le 22 mai 2022, Clément Beaune, le ministre chargé des Affaires européennes dans le gouvernement venant d’être mis en place, a rappelé ce qui avait été déjà dit par Emmanuel Macron :

« Si on dit que l’Ukraine va rentrer dans l’UE dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, on ment. Ce n’est pas vrai. C’est sans doute 15 ou 20 ans, c’est très long.

Je ne veux pas qu’on vende aux Ukrainiens des illusions et des mensonges. Si l’on dit aux Ukrainiens :  »Bienvenue dans l’UE », mais vous n’avez pas lu sur le contrat, en note de bas de page,  »Coucou c’est dans 15 ans », je pense qu’on prépare demain des déceptions pour toute une génération du peuple ukrainien. »

Emmanuel Macron avait justement proposé la mise en place d’une Communauté Politique Européenne, avec l’appui du chancelier allemand Olaf Scholz, pour au moins intégrer l’Ukraine dans une structure commune, mais sans les implications qu’aurait eu une acceptation dans l’Union européenne. Cependant, tant la Grande-Bretagne que le président Volodymyr Zelensky ont totalement rejeté le projet. Ce dernier a affirmé lors d’une d’une conférence de presse à Kiev avec le Premier ministre portugais Antonio Costa que :

« Nous n’avons pas besoin d’alternatives à la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne (UE), nous n’avons pas besoin de tels compromis.

Parce que, croyez-nous, ce ne seront pas des compromis avec l’Ukraine en Europe, ce sera un autre compromis entre l’Europe et la Russie. J’en suis absolument sûr. C’est l’influence et la pression politique et diplomatique des officiels et des lobbyistes russes sur la décision d’un pays européen de soutenir ou non l’Ukraine. »

Le président polonais Duda est sur cette même ligne, au parlement ukrainien il a affirmé que :

« Après Bucha, Borodyanka et Mariupol, il ne peut y avoir de relations avec la Russie. »

Si les États-Unis et la Grande-Bretagne poussent de folie, avec le soutien des pays baltes et de la Pologne, il y a des inquiétudes qui s’expriment sur les conséquences, tant aux États-Unis, que du côté de la France et de l’Allemagne. On a ainsi l’exemple de Ségolène Royal qui a expliqué qu’il fallait que la diplomatie prenne autant de place que le soutien militaire à l’Ukraine.

On a ainsi deux aspects dans ce grand tournant : le fait que la propagande sur la nullité de l’armée russe était… de la propagande, et le fait que les contradictions entre grandes puissances s’expriment toujours plus librement alors que la possibilité d’une victoire rapide sur la Russie disparaît. La guerre pour le repartage du monde implique nécessairement ces alliances et dissensions, ces retournements d’alliance, etc., selon les affrontements.

Cela prouve que nous sommes d’ailleurs déjà pieds et poings liés sur le plan de la marche à la guerre et que le processus de troisième guerre mondiale est clairement enclenché, le point de non-retour étant passé.

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Système MAMBA : la France prend possession militairement de la Roumanie

La Roumanie est une base militaire de la France, pour le compte de l’OTAN.

En raison du conflit en Ukraine, l’armée de terre, avec la mission « Aigle », a déployé en Roumanie un groupement tactique interarmes de 500 hommes. Ils proviennent du 126e Régiment d’Infanterie de Brive-la-Gaillarde, du 27e bataillon de chasseurs alpins d’Annecy, du 93e Régiment d’Artillerie de Montagne de Grenoble, du 2e Régiment Étranger de Génie de Saint-Christol et du 4e Régiment de Chasseurs de Gap.

Ce groupement est épaulé par 300 militaires belges et agit dans le cadre de la Force de réaction rapide de l’OTAN, que la France dirige actuellement.

Ces unités sont basées à Constanta au bord de la mer noire et elles sont spécialisées dans l’environnement montagneux. L’objectif opérationnel est évident : la région séparant la Roumanie de l’Ukraine, qui traverse la Moldavie, est montagneuse. Il s’agit de pouvoir s’y déployer rapidement, dans le cadre d’une intervention directement contre la Russie, soit vers Odessa (sur la Mer Noire), soit en abordant les plaines qui remontent ensuite au Nord vers Kiev.

Il y a également un groupement aéronaval formé autour du porte-avions Charles de Gaulle avec la mission « Clemenceau 22 » centrée sur la région méditerranée et l’espace aérien roumain. En plus de ses avions de chasse Rafale, la France déploie un avion de patrouille maritime Atlantique 2 dans la zone économique exclusive de la Roumanie.

En termes d’effectifs et de matériel, tout cela est relativement faible. En pratique cependant, cela verrouille totalement la situation sur le plan militaire, faisant de la France la dirigeante des opérations en Roumanie, au nom de l’OTAN. Autrement dit, c’est l’armée française qui décide militairement en Roumanie, avec l’armée roumaine et le régime roumain totalement subordonnés.

Cela laisse donc les mains libres au militarisme forcené de l’armée française dans le cadre de l’OTAN, et celui-ci continue sa course folle. Une nouvelle étape a ainsi été franchie avec l’annonce le 19 mai 2022 du déploiement du système de défense sol-air MAMBA, ainsi que d’un Centre de management de la défense dans la 3e dimension.

C’est là du matériel et un dispositif très importants, de dernière génération avec notamment le missile intercepteur Aster 30 annoncé comme étant capable de détruire une cible à plus de 100 km de distance.

Cela sert à contrôler entièrement la région avec une bulle de défense. Et si on comprend bien les choses, cela signifie inversement que la Roumanie devient une base d’attaque retranchée, comme elle l’a été après la première guerre mondiale. De fait, la France, en tant que force de l’OTAN, annonce maintenant qu’elle prend entièrement possession du territoire roumain.

Voici comment c’est présenté par l’état-major de l’armée française dans son communiqué :

« Mis en œuvre par une centaine d’aviateurs, le MAMBA est un système d’arme sophistiqué qui peut assurer une bulle de protection au profit des forces qui opèrent dans la zone de couverture.

Afin d’augmenter l’efficacité du système et pour répondre aux besoins de l’Integrated air and missile defence de l’Otan, celui-ci est connecté et intégré via une liaison de données tactiques au système de défense roumain et à celui de l’Otan ».

La Roumanie est colonisée militairement par la France, au nom de l’OTAN, pour braquer des missiles et des militaires directement contre la Russie. Voilà ni plus ni moins que la situation au printemps 2022, où chaque grande puissance (ici la France pour le compte de la superpuissance américaine), dispose ses pions, joue ses cartes.

Sous nos yeux de manière on ne peut plus nette, se dessinent les contours d’un grand conflit mondial généralisé, avec la France totalement embarquée dedans via l’OTAN. Et il n’y a personnes pour s’y opposer en France. Le pacifisme, la guerre à la guerre, n’intéresse personne, comme si les sanglantes leçons du 20e siècle n’avaient servi à rien. C’est une catastrophe ! Et il faut la combattre.

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Pourquoi Helsinki va connaître la menace atomique

La menace est tout à fait évidente.

Pour comprendre la question que soulève l’entrée de la Finlande dans l’OTAN, il suffit de regarder quelques cartes.

Voici, en rouge sur la carte de la Russie, la baie de Kola. On y trouve le port de Mourmansk, qui a la particularité de ne jamais être pris dans les glaces durant l’année. La ville de Mourmansk a un peu moins de 300 000 habitants. On y trouve également le port de Severomorsk et la base navale de Poliarny.

Or, comme on le voit, la Finlande a une longue frontière avec cette partie du monde. Mais pas seulement : la Finlande longe la seule voie ferrée russe menant à la baie de Kolma.

Voici une autre carte où l’on voit la situation de Mourmansk, avec la principale route menant au sud, et où on voit également comment la Finlande est toute proche de Saint-Pétersbourg, la distance étant de 300 km avec Helsinki (et d’un peu plus de 200km avec la frontière finlandaise).

Maintenant ajoutons le fait que la Suède rejoint également l’OTAN. Si auparavant il n’y avait que la Norvège membre de l’OTAN, et que la baie n’était menacée que par une petite bande au nord, désormais l’OTAN peut par la Finlande couper la baie de Kola de la Russie, une zone hyper forestière où une armée conquérante peut aisément s’établir, qui plus est avec un appui suédois formant un arrière-pays militaire à la tête de pont finlandaise.

Et alors que la flotte du Nord russe serait de fait isolée ou détruite, Saint-Pétersbourg tomberait plus ou moins rapidement ou connaîtrait du moins un danger immense. C’est le scénario apocalypse pour la Russie, qui alors serait totalement mise en échec et dans une position où elle ne pourrait pas récupérer cette partie du pays face à l’OTAN. Le seul choix serait la capitulation totale.

Comme le régime russe rejette par définition cette option considérée comme revenant à un effacement définitif de la nation russe, la réaction immédiate à une offensive dans la zone sera forcément le choix de l’emploi de l’arme atomique.

Les commentateurs bourgeois se sont moqués du président russe Vladimir Poutine en disant que si celui-ci avait prétendu réagir à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN, il ne pourrait concrètement rien faire. C’est aberrant, il n’a au contraire qu’une seule chose à faire, très simple : faire de Helsinki une cible atomique.

Et il faut bien voir la part de cynisme militariste existant dans le monde ici, car il n’y aura pas de guerre atomique même si Helsinki est atomisé. La Finlande sert ici d’idiot utile de la guerre mondiale, comme de l’Ukraine, dans le sens où ces pays sont utilisés comme pions afin de contourner la menace d’une confrontation atomique directe. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir d’utilisation de l’arme atomique à petite échelle.

On est dans une situation où l’affrontement principal entre la superpuissance américaine et son challenger chinois s’inscrit dans une utilisation « modernisée » des pays en général comme vecteurs des combats. La bataille pour le repartage du monde modifie le visage même des pays dans leur situation politique, militaire, culturel, idéologique, économique, diplomatique, etc.

L’État finlandais ne peut d’ailleurs pas ne pas savoir qu’il fait de Helsinki une cible atomique. Il s’en moque et le parlement finlandais a voté avec une quasi unanimité le choix de rentrer dans l’OTAN. Tel est l’engrenage belliciste, qui aveugle et qui pousse au crime.

Et le processus n’en est qu’à son début, chaque pays se voyant radicalement « changé », ce qui impose d’ailleurs de dresser un panorama mondial de ces changements pour arriver à suivre le phénomène et combattre la tendance à la guerre.

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L’atlantisme anti-Russie et le nationalisme pro-Russie

Deux tendances au sein de la bourgeoisie française.

Immédiatement après l’annonce officielle de la Finlande et de la Suède de leur volonté d’intégrer l’OTAN, le président français Emmanuel Macron a exprimé son soutien. Surtout, il a tenu à préciser que la France se tiendra à leurs côtés en cas d’agression.

Le communiqué officiel insiste fortement :

«Tout État qui chercherait à tester la solidarité européenne, à travers une menace ou une agression contre leur souveraineté par quelque moyen que ce soit, doit avoir la certitude que la France se tiendra aux côtés de la Finlande et de la Suède»

Au fond, cela n’a pas de sens. Ces deux pays sont déjà ouvertement proches de l’OTAN, donc la donne ne change pas. Et puis c’est la nature même de leur prochaine intégration à l’OTAN que d’engager un soutien militaire obligatoire en cas d’agression. Agression qui est fictive de toute façon. La Russie ne menace aucunement ces deux pays, cela n’a rien à voir avec le cas de l’Ukraine, que la Fédération de Russie considère comme relevant de ses prérogatives, et elle avait annoncé depuis très longtemps ses intentions. Depuis 2014 au moins.

Ce n’est donc pas le fond qui compte, et encore moins la réalité. Ce qui compte, c’est la forme, la propagande atlantiste, pour faire monter la pression contre la Russie et préparer les esprits à l’affrontement. Ici, Emmanuel Macron prend parti de manière belliciste, il joue des gros bras face à la Russie qui joue des gros bras elle aussi. La Finlande et la Suède ne seront bientôt plus que des prétextes à la guerre, et il n’y a personne pour prôner l’apaisement.

Emmanuel Macron se permet tout cela, car il y a un consensus immense en France sur l’allégeance à la superpuissance américaine et son organisme militaire qu’est l’OTAN. Il suffit de regarder les élections législatives 2022 : la question de la guerre n’existe tout simplement pas. Emmanuel Macron peut agir totalement librement, en première ligne pour faire le jeu de l’OTAN, selon les intérêts américains (par définition).

Il y a un problème toutefois, c’est que ce consensus unilatéralement pro-américain ne colle pas ni avec les intérêts, ni avec la vision de toute une partie de la haute bourgeoisie française. C’est, pour faire simple, la haute bourgeoisie française qui est par définition même nationaliste, plutôt d’extrême-droite, qui pense que la France doit maintenir et renforcer son rang de grande puissance du capitalisme de manière autonome, et donc ne pas faire allégeance aux États-Unis.

C’était la ligne du Général de Gaulle, ligne que la Gauche à l’époque dénonçait comme étant nationaliste, relevant pratiquement du fascisme. Ce qui était vrai. Mais qu’est-il advenu de cette expression nationaliste de la haute bourgeoisie française en 2022 ?

L’élection présidentielle a été de ce point de vue très significative. Tant Marine Le Pen qu’Eric Zemmour avec autour de lui Marion Maréchal étaient censés porter cette ligne nationaliste réticente face à l’OTAN. Et dans le contexte de la guerre en Ukraine, cela signifiait dénoncer l’hystérie anti-Russie, relativiser le rôle de la Russie, au moins la mettre dos à dos avec les États-Unis, etc.

Mais personne ne l’a fait. Marine Le Pen en a été incapable, alors qu’elle avait là un boulevard. Eric Zemmour lui s’est révélé quasiment plus atlantiste qu’Emmanuel Macron. Ces gens sont pourtant habituellement naturellement tournés vers Vladimir Poutine et son populisme « non aligné ». Mais la pression atlantiste en France était immense, ils se sont fait écraser.

Il était pourtant facile d’au moins critiquer le régime ukrainien, et surtout ses bataillons nazis. D’ailleurs, nous à Agauche.org l’avons fait souvent, et depuis très longtemps, bien avant l’invasion russe de février 2022, que nous avons annoncé dès avril 2021.

D’où une diffusion par la bande, en mode indirect, de la ligne nationaliste. Il n’y a eu que Sud Radio pour assumer dans certaines émissions cette ligne nationaliste pro-Russe, ou en tous cas pas anti-Russe. Cela n’a pourtant été qu’un bruit de fond pendant des mois, jusqu’à tout récemment, avec le témoignage d’Adrien Bocquet reflétant une offensive idéologique.

Celle-ci était très bien ficelée, avec un ton très naturel pour être bien convainquant. Adrien Bocquet a expliqué à quel point il avait vu des nazis en Ukraine, alors qu’initialement il était juste là pour aider, candide, du moins à ce qu’il dit. Suite à l’émission, beaucoup de gens ont décidé de découvrir qu’il y avait des hordes de nazis en Ukraine, liés au régime en place.

Cela ne doit rien au hasard. Il y a derrière cette « découverte » l’expression de cette partie nationaliste de la bourgeoisie française qui veut reprendre la main, en tous cas gagner des positions, exister à nouveau.

Et pour ceux qui doutaient du caractère politique de l’intervention d’Adrien Bocquet sur Sud Radio, celui-ci a remis ça lundi 16 mai. De manière très lisse et maîtrisée cette fois-ci, sans le ton faussement naïf, en colère, naturel et amateur de la première fois.

Il reprend tous les éléments uns par uns, de manière très professionnelle. C’est extrêmement politique, l’opération politique est indéniable. D’autant plus qu’entre temps, Adrien Bocquet a été invité par la chaîne YouTube (très professionnelle là encore) de Valeurs Actuelles, le média de l’extrême-droite française sur un mode traditionnel.

La Gauche ne doit pas être dupe de ce jeu de l’extrême-droite, tout comme elle doit combattre avec la plus grande fermeté l’Atlantisme et le bellicisme du régime en place, porté par Emmanuel Macron réélu.

Dans la nuit sombre, il faut un phare pour y voir, clair : tel doit être le rôle de la Gauche, pour servir les gens, pour ouvrir la voie. Le monde dans lequel nous vivons est complexe, mais il y a une chose qui est simple et qui doit servir constamment de boussole, c’est la lutte des classes. Ce qui sert la bourgeoisie ne sert par la classe ouvrière, et inversement. Le point de repère en tant qu’objectif doit toujours être le Socialisme !

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Entrée dans l’OTAN : le suicide des nations finlandaise et suédoise

Les deux pays entrent dans le bal de la guerre.

Après la pandémie, le capitalisme espérait redémarrer dans un même élan. La guerre en Ukraine a torpillé cet espoir… avant que cet espoir ne réapparaisse en ce moment dans un redémarrage post-pandémie intégrant cette fois la guerre à la Russie. Lundi 16 mai 2022, la Suède et la Finlande se lancent dans ce nouveau redémarrage, en annonçant leur demande d’entrée dans l’OTAN.

C’est en fait une simple officialisation. Dans la pratique, tant la Suède que la Finlande, deux pays surarmés, sont déjà une composante de l’OTAN. Leur armement est déjà compatible avec l’OTAN, il y a déjà eu des initiatives communes, bref l’interopérabilité est déjà là. La Russie le savait bien depuis le départ et là il n’y a donc que les masques qui tombent. L’intégration de la Suède et de la Finlande n’est nullement une « conséquence » de l’invasion russe.

Cela étant, les pays de Moumine et Nils Holgersson viennent de réaliser leur propre suicide en se lançant dans ce processus (qui sera accéléré) d’adhésion à l’OTAN. En effet, à la base ces pays ont une idéologie nationale les présentant comme neutres, ouverts, pacifiques, constructifs, démocratiques, etc. Ils se veulent des pays tranquilles, la Finlande se présentant souvent comme le pays où il fait le mieux vivre au monde. C’est la démarche idéologique bisounours bien connue des pays nordiques, qui souvent se proposent pour cette raison comme intermédiaires pour des accords de paix auprès de belligérants de par le monde.

Or, l’adhésion à l’OTAN modifie totalement cette ligne pacifique. Elle amène d’une part ces pays à se placer directement dans l’opposition à la Russie, en assumant d’être prêts se lancer dans le conflit. Elle amène surtout ces pays à révéler leur propre fond.

La Suède est un pays ultra-nationaliste, avec un nationalisme qui est il est vrai soft, mais implacable et lancinant, exactement comme en Angleterre, la Suède étant d’ailleurs également une monarchie. En Suède, il n’est socialement pas possible de dire que le pays va mal, que les choses ne vont pas, que les gens sont malheureux, etc. Il y a un consensus idéologique monstrueux.

La Finlande est un pays pareillement ultra-nationaliste, mais sans l’appareil de la monarchie. Cela tient à la nature du régime en place, né de l’écrasement sanglant de la révolution finlandaise de 1918. La dimension conservatrice anti-Gauche est systématique, alors qu’en Suède il y a eu reconnaissance et intégration de la social-démocratie. Cette dernière a d’ailleurs justement validé l’intégration suédoise dans l’OTAN. En Finlande, la société ne s’appuie pas sur un tel consensus social-nationaliste, mais sur une pesanteur généralisée, avec un esprit de forteresse assiégée.

L’entrée dans l’OTAN fait toutefois sauter l’idéologie dominante savamment distillée ; ces pays qui se voulaient inactifs, passifs, à l’écart, tranquilles pour ainsi dire, se retrouvent propulsés dans l’action et même en première ligne, de par les frontières avec la Russie.

La menace russe a bon dos d’ailleurs quand on sait que la Finlande autoritaire voire fasciste des années 1930 s’était alliée à l’Allemagne nazie, et que la Suède est historiquement un des grands concurrents de l’expansionnisme russe dans la région (la Finlande a d’ailleurs été une colonie de la monarchie suédoise avant de devenir une colonie de l’empire russe).

La Suède et la Finlande tombent ainsi concrètement le masque, ces deux pays n’entrent pas dans l’OTAN pour rien, c’est bien pour participer à dépecer la Russie. Ce basculement dans le bellicisme revient à un suicide national, car cela transforme à terme le pays en simple force armée de l’OTAN, exactement comme c’est le cas pour l’Ukraine déjà.

Cela souligne l’importance grandissante de la question nationale dans la bataille pour le repartage du monde. Les nations passant sous le joug des grandes puissances doivent obtenir leur libération nationale pour ne pas disparaître, et cela va être un processus particulièrement tourmenté.

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Henri Guaino donne des arguments pour justifier la guerre

Il dit à la bourgeoisie ce qu’elle a besoin d’entendre.


Henri Guaino est une des principales figures du néo-gaullisme en France, remportant beaucoup de succès intellectuel et médiatique pendant les années 2010. Il a été conseiller spécial de Nicolas Sarkozy alors président de la République, écrivant ses discours les plus marquants, et il en garde une grande aura à Droite (malgré qu’il soit souvent considéré comme trop social, voire presque de gauche).

Lorsqu’il prend la parole, cela est en tout cas très écouté et apprécié dans la bourgeoisie française. Ses propos sont considérés comme une sorte de synthèse un peu piquante de ce qu’il faut penser pour « la France » telle que la conçoit la bourgeoisie française, en tous cas ses franges les plus puissantes, et disons, traditionnelles. Autrement dit, on ne parle pas là des ultra-modernistes, des entrepreneurs startupers fascinés par la silicon valley et l’idéologie LGBT, mais de gens qui lisent chaque jour Le Figaro avec une grande attention, qui envoient leurs enfants dans les établissements les plus prestigieux pour en faire forcément, d’une manière ou d’une autre, les administrateurs de la société française.

Voici ce qu’explique Henri Guaino à cette bourgeoisie française, dans un article du Figaro du vendredi 13 mai au titre lyrique : « Ukraine : nous marchons vers la guerre comme des somnambules ».

Il raconte ni plus ni moins que la guerre est inévitable, que la rupture avec la Russie est bien trop consommée, que la tendance est inaltérable. Cela en dit très long sur l’état d’esprit pouvant régner dans la bourgeoisie française, pour qu’Henri Guaino assume un ton aussi unilatéral, et que le Figaro le reprenne et le mette en avant sur son site pendant tout le week-end.

Henri Guaino le néo-gaulliste se pose de manière extérieure et supérieure à la situation, précisément car l’idéologie qu’il incarne a pour objet de placer la France de manière extérieure et supérieure au grand concert des nations marqué par les conflits d’intérêts.

C’est une fable bien sûr, car la France depuis 1848 n’est pas et n’a jamais été en dehors du capitalisme mondial, elle n’est pas « neutre », c’est au contraire une championne de l’exportation de ses capitaux, c’est une championne des délocalisations et du made in China, c’est une championne de la fabrication et de la vente de matériel militaire, etc.

C’est également une fable que la position d’Henri Guaino se voulant au-dessus de la mêlée, constatant avec bravoure et philosophie la terrible situation. Mais que dit-il précisément ?

Il commence par expliquer qu’en 1914, personne ne voulait la grande boucherie de la guerre mondiale, mais que cela s’est fait par un enchaînement tragique historique. Il dit ensuite que c’était la même chose pour la seconde guerre mondiale, et qu’on a par contre échappé au pire pendant la guerre froide grâce à l’intelligence des dirigeants de l’époque (dont le Général de Gaulle est censé faire partie).

Tout cela pour introduire l’idée que c’est exactement ce qu’il se passe actuellement avec la guerre en Ukraine. Henri Guaino n’hésite pas à mettre l’OTAN et la Russie dos à dos, ce qui dénote dans le Figaro, furieusement atlantiste et anti-Russie depuis le mois de février. Mais justement, c’est son rôle que de servir de poil à gratter pour dire ce qu’il faut entendre dans la bourgeoisie.

Et la bourgeoisie française entend donc ce qu’elle a besoin d’entendre : ce n’est pas de sa faute, mais elle va aller à la guerre. Voilà tout.

Bien sûr, Henri Guaino est très fin dans sa façon de le dire. Il fait mine de demander où est la voix de la France comme en 2003 pour dire « non » à la guerre en Irak, pour surtout sous-entendre ensuite que c’est trop tard, et que « nous marchons vers la guerre comme des somnambules ».

Évidemment, il a raison de constater la tendance à la guerre, il a raison de dire que la superpuissance américaine, avec sa façon d’acculer la Russie, de la poussée dans ses retranchements, ne peut que déclencher le pire.

Mais Henri Guaino n’est pas un socialiste, il n’est pas pour la grande union des peuples du monde derrière le drapeau rouge pour le pacifisme en écrasant les fauteurs de guerre. Henri Guaino est un néo-gaulliste, et donc sa tendance naturelle est l’expression du nationalisme français, reflet de la position de puissance secondaire mais majeure qu’est la France et son capitalisme.

Alors, pas de pacifisme, pas de rejet concret et actif du bellicisme : juste un beau discours pour la bourgeoisie française, afin qu’elle affûte ses arguments disant qu’elle ne fait que constater les choses et est entraînée malgré elle par l’Histoire, et bientôt la guerre.

D’ailleurs, le terme « bientôt » est impropre, car la France participe déjà activement et concrètement à une guerre contre la Russie depuis février 2022. Une guerre politique, culturelle et économique. Mais aussi une guerre militaire avec des livraisons d’armes et du conseil militaire (en plus de l’envoi probable d’officiers et de pseudo-mercenaires).

Henri Guaino ne dénonce pas concrètement la position de la France, il ne fait qu’acter le fait que la France est bien trop insérée dans ses liens avec l’OTAN et qu’elle ne pourra pas faire autrement que d’aller dans le sens de la guerre aux côtés de la superpuissance américaine. C’est ici concrètement un échec de sa position néo-gaulliste modérée. Cela souligne de ce fait la menace d’une ligne néo-gaulliste ultra-agressive émergeant de la haute bourgeoisie refusant la rétrogradation de la France comme puissance de second rang se plaçant unilatéralement derrière la superpuissance américaine.

Toutefois, quelles que soient les options, c’est en tous cas la guerre qui se profile. A moins que la Gauche, reflétant la classe ouvrière consciente, renverse la table et fasse la guerre à la guerre.

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La vidéo fasciste pour la chanson ukrainienne gagnante de l’Eurovision 2022

Un exemple de bourrage de crâne.

Une fois le concours de l’Eurovision gagné avec la chanson « Stefania », le groupe ukrainien Kalush Orchestra a rendu public une vidéo pour celle-ci. Impossible de la rendre publique avant, cela aurait été trop belliciste. Et, en même temps, on comprend tout de suite que la vidéo a été faite en prévision de la victoire, afin de servir de propagande belliciste.

C’est entièrement une opération psychologique, visant à manipuler les émotions, avec au milieu des ruines, des femmes-soldats et des enfants, culminant dans un moment dans une église russe orthodoxe.

Ce qui est intéressant ici, c’est que, à part les femmes-soldats (qui d’ailleurs n’existent pas au sens strict dans l’armée ukrainienne), l’atmosphère proposée correspond très exactement à ce qui était mis en avant par le Donbass séparatiste pour dénoncer le régime ukrainien. C’est une sorte de pied-de-nez et en tout cas cela souligne qu’à tous les niveaux, le discours narratif sur le régime ukrainien est extrêmement bien élaboré, tout à fait calculé.

On chercherait d’ailleurs en vain un article de presse européenne relatant de manière détaillée que Kalush Orchestra a été présenté au concours comme représentant de l’Ukraine après l’éviction bureaucratique et nationaliste de la chanteuse Alina Pash, qui avait été initialement nommée avec sa chanson à l’esprit positif et culturel.

Cela montre qu’il y a un bloc. Il y a un élan général de convergence avec la puissance française se lançant dans la guerre de repartage du monde.

Il suffit d’ailleurs de se tourner vers les sites d’information, les blogs, les Twitter, les Instagram des structures de Gauche, d’extrême-Gauche ou d’ultra-Gauche : il n’est pratiquement jamais parlé de la guerre en Ukraine, ou plutôt il n’en est jamais parlé, ou juste en passant. C’est un arrière-plan accepté : le capitalisme français peut bien avoir des visées impériales, du moment qu’il maintient des garanties sociales dans le pays. C’est une ignoble corruption par le capitalisme qui est clairement visible si on veut la voir.

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Adrien Bocquet sur Azov en Ukraine: propagande d’extrême-Droite sur Sud Radio

Un témoignage marquant… relativement mis en scène.

Sud Radio est un média appartenant à Fiducial, dont la figure-clef est Christian Latouche, un milliardaire français très discret, mais souvent considéré comme d’extrême-Droite. Sud Radio, depuis dix ans, accorde d’ailleurs un espace significatif aux thèses d’extrême-Droite. Quand on sait cela, on saisit tout de suite que l’émission avec Adrien Bocquet ne doit rien au hasard.

Celui-ci est un ancien soldat français qui avait connu une mauvaise chute et était devenu paraplégique. Heureusement il s’en est sorti, malgré la très grande gravité de ce qui lui est arrivé. Il raconte son expérience dans Lève-toi et marche grâce à la science (éditions Max Milo). Et en passant à Sud Radio à ce sujet, il raconte comment il a été deux fois en voyage humanitaire en Ukraine. En fait, cet aspect a pris le dessus, tournant à des propos chocs sur l’armée ukrainienne, en particulier les soldats du bataillon Azov.

Il raconte comment il a assisté à des crimes de guerre, ainsi que d’autres faits marquants, comme l’armement venant d’Europe stocké dans des lieux civils à l’insu des gens, ou encore qu’à Bucha il y a eu au moins une part de mise en scène. Des propos accusatoires, lui-même affirmant avoir des preuves en ayant filmé ce qui s’était passé. Cette vidéo a pour cette raison déjà été extrêmement vue en France.

Ce qu’il dit est connu de qui s’y intéresse et Adrien Bocquet peut tout à fait être sincère, même si sur la fin on sent, de par ses propos sur le Donbass, qu’il n’est pas tellement un candide découvrant Azov. Par contre, quand on voit les propos des auditeurs prenant la parole à sa suite, tous plus savamment calculés que les autres, on comprend tout de suite que la séquence est totalement politique, totalement construite, formant clairement une propagande d’extrême-Droite.

Il y a deux possibilités. Soit c’est une anecdote, avec quelque part des gens d’extrême-Droite cherchant à former une contre-opinion, mais sur le tas, éventuellement avec un petit coup de pouce russe. Soit c’est une composante d’une véritable opération de propagande au sens le plus large.

Par exemple, l’un des auditeurs encourage à voir ce que dit Stratpol. Stratpol est une sorte de think tank totalement, fanatiquement pro-Russie, avec à sa tête un Français vivant en Russie. Ce n’est sans pas du hasard. Mais dans quelle mesure cela est-il réellement calculé dans le sens d’une campagne plus massive ?

Il n’en reste pas moins que c’est un épisode marquant, et inquiétant. Non seulement on a un régime français allant à la guerre, mais la seule « opposition » à cette guerre parvenant à s’exprimer réellement, ce serait désormais l’extrême-Droite qui est en fait tout aussi belliciste, mais pour d’autres alliances…

Un scénario cauchemardesque.

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Vidéo et discours du 9 mai 2022 à Moscou

C’était une séquence très attendue.

Le 9 mai est pour les pays de l’ex-Union Soviétique l’équivalent du 8 mai pour nous en France, le jour de la victoire sur le nazisme ; le décalage tient à la différence de fuseau horaire lors de la reddition de l’Allemagne nazie.

Cela dit le régime ukrainien a désormais modifié la date en le 8 mai, « arrangeant » son contenu, afin de se conformer à l’idéologie des pays capitalistes occidentaux, c’est-à-dire de gommer le côté « soviétique » donc, ce qui converge avec sa propre approche de se revendiquer du nationalisme ukrainien allié au nazisme.

Rappelons qu’en Ukraine, toute valorisation de l’URSS à quelque niveau que ce soit est interdite, tout comme tout ce qui relève de l’idéologie communiste. Les monuments célébrant la résistance soviétique au nazisme sont systématiquement détruits, tout comme d’ailleurs tout ce qui a une dimension « soviétique » dans l’architecture, la décoration, etc.

Le discours de Vladimir Poutine, incontournable pour qui veut saisir les tenants et aboutissants de la guerre en Ukraine, prend bien entendu cette position à contre-pied, insistant sur le passé soviétique, présentant la Russie comme le vrai rempart multi-ethnique au nationalisme, etc.

On notera ici que les commentateurs occidentaux n’ont cessé de dire qu’il n’y aurait pas assez de troupes pour le défilé, que Vladimir Poutine déclarerait officiellement la guerre, car l’armée russe est en train d’être défaite, etc.

Le 9 mai 2022 s’est cependant tenu très exactement comme il se déroule chaque année, à tous les niveaux. Tout est très protocolaire, et c’est resté entièrement traditionnel.

Voici donc la vidéo du défilé militaire, suivi du discours de Vladimir Poutine. On notera au passage que de tels défilés militaires ont lieu dans toutes les principales villes de Russie, comme les manifestations de masse du « régiment des Immortels », où les gens défilent en tenant des pancartes avec une photographie d’un ancêtre ayant participé à la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne nazie et ses alliés.

On notera également absolument, à la fin de la vidéo du défilé militaire, le moment profondément intense et pathétique où le président russe Vladimir Poutine assume un air débonnaire et profondément mélancolique, typiquement russe, foncièrement russe, au moment il pose une fleur sur chaque symbole des « villes héroïques » de la grande guerre patriotique, dont Kiev et Odessa.

Citoyens russes, Chers vétérans, Camarades soldats et marins, sergents et sergents-majors, aspirants et sous-officiers, Camarades officiers, généraux et amiraux,

Je vous félicite pour le Jour de la Grande Victoire !

La défense de notre Patrie lorsque son destin était en jeu a toujours été sacrée.

C’est avec le sentiment du vrai patriotisme que la milice de [Kouzma] Minine [simple boucher qui souleva Moscou contre les Polonais au 16e siècle] et [du prince Dmtri] Pojarski [qui participa à cette lutte et devint le « Sauveur de la mère-patrie »] s’est soulevée pour la patrie, que les soldats sont passés à l’offensive sur le champ de Borodino [contre Napoléon, non loin de Moscou] et ont chassé l’ennemi de Moscou et Leningrad, Kiev et Minsk, Stalingrad et Koursk, Sébastopol et Kharkov.

Aujourd’hui, comme par le passé, vous vous battez pour notre peuple dans le Donbass, pour la sécurité de notre mère-patrie, pour la Russie.

Le 9 mai 1945 a été inscrit à jamais dans l’histoire du monde comme un triomphe du peuple soviétique uni, sa cohésion et sa puissance spirituelle, un exploit sans précédent sur les lignes de front et sur le front intérieur.

Le Jour de la Victoire est intimement cher à nous tous. Il n’y a pas de famille en Russie qui n’ait été brûlée par la Grande Guerre patriotique.

Sa mémoire ne s’efface jamais.

Ce jour-là, les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants des héros défilent dans un flux sans fin du Régiment Immortel. Ils portent des photos des membres de leur famille, des soldats tombés qui sont restés jeunes pour toujours et des anciens combattants qui sont déjà partis.

Nous sommes fiers de la génération courageuse invaincue des vainqueurs, nous sommes fiers d’être leurs successeurs, et il est de notre devoir de préserver la mémoire de ceux qui ont vaincu le nazisme et nous ont confié la vigilance et tout pour contrecarrer l’horreur d’une autre guerre mondiale.

C’est pourquoi, malgré toutes les controverses dans les relations internationales, la Russie a toujours prôné la mise en place d’un système de sécurité égal et indivisible, indispensable à l’ensemble de la communauté internationale.

En décembre dernier, nous avons proposé de signer un traité sur les garanties de sécurité. La Russie a exhorté l’Occident à mener un dialogue honnête dans la recherche de solutions significatives et de compromis, et à tenir compte des intérêts de chacun.

En vain. Les pays de l’OTAN ne voulaient pas nous écouter, ce qui signifie qu’ils avaient des plans totalement différents. Et nous l’avons vu.

Une autre opération punitive dans le Donbass, une invasion de nos terres historiques, dont la Crimée, était ouvertement en préparation. Kiev a déclaré qu’il pourrait parvenir aux armes nucléaires. Le bloc de l’OTAN a lancé un renforcement militaire actif sur les territoires qui nous sont adjacents.

Ainsi, une menace absolument inacceptable pour nous se créait à nos frontières en montant en puissance. Tout indiquait qu’un affrontement avec les néo-nazis et les banderistes soutenus par les États-Unis et leurs sbires était inévitable.

Permettez-moi de répéter que nous avons vu l’infrastructure militaire se construire, des centaines de conseillers étrangers commencer à travailler et des équipements d’armes de pointe être régulièrement livrées en provenance des pays de l’OTAN.

La menace grandissait chaque jour.

La Russie a lancé une frappe préventive contre l’agression. C’était une décision forcée, opportune et la seule correcte. Une décision d’un pays souverain, fort et indépendant.

Les États-Unis ont commencé à revendiquer leur exceptionnalisme, en particulier après l’effondrement de l’Union soviétique, dénigrant ainsi non seulement le monde entier mais aussi leurs satellites, qui doivent faire semblant de ne rien voir et docilement le suivre.

Mais nous sommes un pays différent. La Russie a un caractère différent. Nous n’abandonnerons jamais notre amour pour notre mère-patrie, notre foi et nos valeurs traditionnelles, les coutumes de nos ancêtres et le respect de tous les peuples et cultures.

Pendant ce temps, l’Occident semble prêt à annuler ces valeurs millénaires. Une telle dégradation morale sous-tend les falsifications cyniques de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, aggravant la russophobie, célébrant les traîtres, se moquant de la mémoire des victimes et effaçant le courage de ceux qui ont remporté la Victoire dans la souffrance.

Les milices du Donbass aux côtés de l’armée russe se battent aujourd’hui sur leur terre, où les serviteurs des princes Svyatoslav et Vladimir Monomakh [tous deux grands-ducs de la Rus’ de Kiev au 10e-11e siècle], les soldats sous le commandement de Roumiantsev et Potemkine, Souvorov [tous d’immenses grandes figures militaires du 18e siècle] et Brusilov [responsable militaire durant la première guerre mondiale rejoignant l’armée rouge] ont écrasé leurs ennemis, où les héros de la Grande Guerre patriotique [le commandant du premier front ukrainien libérant Kiev et tué par les banderistes en 1944] Nikolai Vatoutine, [la grande figure des partisans anti-nazis l’Ukrainien] Sidor Kovpak et [la tireuse d’élite ukrainienne] Lyudmila Pavlichenko ont résisté jusqu’au bout.

Je m’adresse à nos forces armées et aux milices du Donbass. Vous vous battez pour notre patrie, son avenir, pour que personne n’oublie les leçons de la Seconde Guerre mondiale, pour qu’il n’y ait pas de place dans le monde pour les tortionnaires, les escadrons de la mort et les nazis.

Aujourd’hui, nous nous inclinons devant la mémoire sacrée de tous ceux qui ont perdu la vie dans la Grande Guerre patriotique, les mémoires des fils, filles, pères, mères, grands-pères, maris, épouses, frères, sœurs, parents et amis.

Nous inclinons la tête à la mémoire des martyrs d’Odessa qui ont été brûlés vifs à la Maison des syndicats en mai 2014 [par les nationalistes ukrainiens], à la mémoire des personnes âgées, des femmes et des enfants du Donbass qui ont été tués dans des bombardements atroces et barbares par des néo-nazis [de 2014 à 2022].

Nous inclinons la tête devant nos camarades combattants qui sont morts courageusement dans la juste bataille – pour la Russie.

Je déclare une minute de silence.

[Une minute de silence.]

La perte de chaque officier et soldat est douloureuse pour nous tous et une perte irrémédiable pour les familles et les amis.

Le gouvernement, les autorités régionales, les entreprises et les organismes publics feront tout pour entourer ces familles et les aider. Un soutien particulier sera apporté aux enfants des compagnons d’armes tués et blessés.

Le décret présidentiel à cet effet a été signé aujourd’hui.

Je souhaite un prompt rétablissement aux soldats et officiers blessés, et je remercie les médecins, les ambulanciers, les infirmières et le personnel des hôpitaux militaires pour leur travail désintéressé. Notre plus profonde gratitude va à vous pour avoir sauvé chaque vie, n’épargnant souvent aucune pensée pour vous-mêmes sous les bombardements sur les lignes de front.

Camarades,

Des soldats et des officiers de nombreuses régions de notre immense mère-patrie, y compris ceux qui sont directement arrivés du Donbass, de la zone de combat, se tiennent maintenant côte à côte ici, sur la Place Rouge.

Nous nous souvenons comment les ennemis de la Russie ont essayé d’utiliser des gangs terroristes internationaux contre nous, comment ils ont essayé de semer des conflits interethniques et religieux afin de nous affaiblir de l’intérieur et de nous diviser.

Ils ont complètement échoué.

Aujourd’hui, nos guerriers de différentes ethnies se battent ensemble, se protégeant mutuellement des balles et des éclats d’obus comme des frères.

C’est là que réside la puissance de la Russie, une grande puissance invincible de notre nation multiethnique unie.

Vous défendez aujourd’hui ce pour quoi vos pères, grands-pères et arrière-grands-pères se sont battus. Le bien-être et la sécurité de leur patrie étaient leur priorité absolue dans la vie.

La loyauté envers notre patrie est la principale valeur et un fondement fiable de l’indépendance de la Russie également pour nous, leurs successeurs.

Ceux qui ont écrasé le nazisme pendant la Grande Guerre patriotique nous ont montré un exemple d’héroïsme pour tous les âges. C’est la génération des vainqueurs, et nous les admirerons toujours.

Gloire à nos forces armées héroïques ! Pour la Russie ! Pour la victoire ! Hourra !

[Les soldats répondent par plusieurs « Hourras », suit l’hymne russe fondé sur le thème musical l’hymne soviétique, alors que sont tirées des salves d’artillerie par des armes d’époque, rappelant la tradition soviétique de marquer les victoires pendant la « grande guerre patriotique ».]

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L’île de Taïwan, au cœur de la tempête guerrière à venir

C’est un point de friction, et cela ne va aller qu’en s’accentuant.

La République populaire de Chine considère l’île de Taïwan comme une « province rebelle » devant revenir dans le giron chinois « de gré ou de force ». C’est ce qu’explique régulièrement le président Xi Jinping et c’est la grande actualité militaire de la région indo-pacifique.

Inversement, Taïwan s’appelle officiellement la République de Chine et considère la République populaire de Chine comme illégitime. Sa revendication est l’entièreté de la Chine ! En substance, il ne s’agit pas tant de voisins rivaux que de concurrents chinois.

Lors de la fondation de la République populaire de Chine en 1949 par les communistes menés par Mao Zedong, le gouvernement de la bourgeoisie chinoise bureaucratique vendue aux occidentaux, le Kuomintang (Parti nationaliste chinois), s’est établi sur l’île de Taïwan tout en cherchant appui auprès du Japon et des États-Unis. Jusqu’en 1971, c’est la République de Chine (Taïwan) qui occupait le siège chinois à l’ONU.

Bien sûr, c’est de l’Histoire, quoique récente. Mais en théorie, l’indépendance de « Taïwan » n’a jamais été proclamée par personne et les deux pays se disputent toujours la légitimité de l’entièreté du territoire chinois. En pratique toutefois, Taïwan a maintenant une existence autonome, avec une culture chinoise qui lui est relativement propre. Celle-ci est notamment marquée par ses liens avec le Japon, qui a possédé l’île de 1895 à 1945.

La question taïwanaise est très importante au japon, pour des raisons économiques surtout et l’influence pro-Taïwan est particulièrement marquée et reconnue au sein du Parti libéral-démocrate japonais au pouvoir. L’Association d’échanges Japon-Taïwan est très influente dans les deux pays, en économie mais aussi pour les questions militaires.

On peut dire également, voire surtout, que Taïwan existe parce que l’île est dans le giron des États-Unis, la superpuissance américaine l’ayant appuyé d’abord pour faire contre-poids aux communistes, et ensuite comme État tampon face à l’expansionnisme chinois. Dans les années 1950 et 1960 les États-Unis ont porté l’économie de l’île à bout de bras ; ils ont ensuite participé à sa militarisation forcenée.

Il existe une loi américaine datant de 1979, le Taiwan Relations Act, qui garantit la fourniture d’armes et d’équipements militaires au gouvernement de l’île, pour assurer sa « capacité d’autodéfense ». Cela fait que les États-Unis ne se sont jamais engagés formellement à défendre Taïwan en cas d’invasion de la République populaire de Chine, mais qu’en même temps ils font tout pour peser militairement.

Le parallèle avec la situation de l’Ukraine depuis 2014 est évident, sauf que là cela dure depuis 1949. Mais contrairement à l’Ukraine qui est un pays pauvre, Taïwan fait partie des pays riches (la CIA classe l’île parmi les pays développés) et l’industrie électronique notamment place l’île au 15e rang mondial des pays en ce qui concerne le PIB par habitant.

Qui dit pays riche et totalement inséré dans le capitalisme mondial, dit forcément pays à la grande capacité militaire.

Rien que sous le mandat de Donald Trump, qui a poussé la militarisation grandissante de l’île, le gouvernement de la République de Chine (Taïwan) a commandé 108 chars M1A2 Abrams, 11 systèmes d’artillerie M142 HIMARS, 66 F-16 Viper, des drones MQ-9B SeaGuardian, 135 missiles de croisière AGM-84 SLAM ER, de 400 missiles antinavires RGM-84L-4 Harpoon Block II, 100 systèmes de défense côtière Harpoon, 1.649 missiles anti-char ainsi que 250 missiles sol-air portables Stinger. Depuis, en août 2021, l’administration de Joe Biden a autorisé la vente de 40 obusiers de 155 mm M109A6 dit Paladin.

Il y a toutefois des tensions sur les chaînes d’approvisionnement de certains composants ; la forte demande en missiles anti-chars et anti-aériens en raison de la guerre en Ukraine perturbe les livraisons à Taïwan. Ce qui fait dire publiquement à l’armée américaine que la République populaire de Chine pourrait en profiter pour attaquer l’île de Taïwan. Comme si l’étau se resserrait, ou bien également pour pousser la Chine à la faute.

En mars dernier déjà, l’amiral Philip Davidson, qui est le chef du commandement Pacifique des États-Unis, avait expliqué la chose suivante :

« Initialement nous avions prévu que la Chine puisse tenter d’envahir Taïwan d’ici 2050, dorénavant nous pensons qu’elle le fera avant 2030”.

Voilà la situation, qui n’est au passage qu’un point d’accroche parmi d’autre dans cette vaste zone indo-pacifique, qui est le coeur géographique de la grande bataille pour le repartage du monde, qui pourrait tout à fait dégénérer en une troisième grande guerre mondiale conventionnelle.

En attentant, l’armée chinoise multiplie les provocations en pénétrant avec des engins militaires dans la zone d’identification de défense aérienne de Taïwan. C’est arrivé 370 fois depuis le début de l’année 2022 avec rien que pour la journée du 6 mai 2022, douze avions de combat et deux bombardiers. Ce type d’incursions avaient été de 380 en 2020, puis 969 en 2021.

Évidemment, du point de vue de la République populaire de Chine, cela n’est pas une provocation car elle considère qu’elle est chez elle. D’ailleurs, il n’y a pas de violation du droit international ni du territoire de l’île ; ce que le gouvernement de l’île de Taïwan considère comme sa zone d’identification de défense aérienne est définie par lui-même et diffère de son espace aérien. Cette zone court jusqu’aux rivages chinois.

Mais de fait, cela oblige Taïwan à faire décoller des avions pour intercepter et identifier. C’est une technique de harcèlement, pour user le matériel adverse, prendre des informations sur sa capacité à réagir, le faire céder psychologiquement, le pousser à la faute, etc.

Inversement, on peut également dire que la guerre en Ukraine, qui est en fait une guerre entre l’OTAN et la Russie menée par l’intermédiaire de l’Ukraine et sur le dos de la population ukrainienne, sert de laboratoire américain pour mener une guerre conventionnelle sans la mener officiellement.

Ce qui est fait en Ukraine, avec la fourniture relativement discrète d’armes, de formations, voire de personnel de commandement pendant des années, puis ouvertement depuis février 2022, peut tout à fait servir de modèle pour faire la même chose avec Taïwan. L’île servant alors à l’OTAN de moyen indirect de mener une guerre à la superpuissance chinoise.

Cette stratégie est quasiment assumée publiquement de toutes manières. Le chef d’état-major des armées américaines Mark Milley a affirmé récemment devant le Sénat américain que “la défense de Taïwan devra être assurée par les Taïwanais eux-mêmes”, sur le modèle de l’Ukraine, qui sert de chair à canon contre la Russie. L’île de Taïwan doit donc servir de chair à canon contre la Chine, et la superpuissance américaine cherche à faire la même chose avec le Vietnam et les Philippines.

On assiste là à des événements qui se précipitent en raison de la crise ; il n’y a pas de capitalisme sans aboutissement à la guerre pour le repartage du monde. Et le camp de la paix, porté par le prolétariat mondial, est terriblement faible !

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Le chef d’état-major français Thierry Burkhard appelle à préparer la guerre de haute intensité

C’est un mantra.

Dans la bourgeoisie française, il y a un mot d’ordre qui se généralise, de manière quasi religieuse : il faut développer la capacité militaire française. Que ce soit dans les médias ou dans les institutions politiques, c’est la ligne qui prime. Et pour ce faire, il y a le grand appui de la propagande du régime ukrainien et de ses nombreuses actrices en France, pour présenter la Russie comme une menace mondiale, un monstre criminel voulant engloutir le monde, etc.

Il faut bien dire actrices, car ce sont toujours de femmes qui sont utilisées par les médias pour parler de la situation en Ukraine, afin d’apitoyer pour la forme, alors qu’au niveau du contenu ces femmes, qui n’ont jamais parlé de la menace de guerre avant l’invasion russe, sont des propagandistes acharnés en faveur de la guerre de l’OTAN contre la Russie.

La Femen Inna Shevchenko a d’ailleurs tombé le masque et montre désormais ouvertement qu’elle agit en faveur de l’OTAN, et de l’Union européenne, puisque ces deux formes se superposent. Elle est clairement dans un camp belliciste.

Elle, qui avant l’invasion n’avait jamais parlé de l’Ukraine – alors que nous en parlons de manière interrompue depuis avril 2021 pour annoncer cette invasion et la dénoncer – est arrivée du jour au lendemain pour tenir des discours pro-guerre de moins en moins masqués par sa prétention à défendre l’Ukraine. Elle est de ceux qui déforment l’affirmation de la nation ukrainienne pour en faire le jouet de l’OTAN.

Il va de soi, naturellement, que l’armée française est la grande gagnante de toute cette vague militariste. L’élection présidentielle étant passée, il est désormais net que le camp dominant dans la bourgeoisie est celui pro-OTAN. Les vannes peuvent être ouvertes, et c’est ce que fait le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard, qui accentue d’autant plus son appel à élever le niveau de conflictualité.

Ce que relate Le Figaro est sans ambiguïtés : il faut la guerre pour démolir la Russie. Et il le dit alors qu’il est en Estonie, l’un des pays les plus bellicistes, les plus agressifs à l’encontre de la Russie.

Malgré l’entrée en guerre ratée contre l’Ukraine d’une « armée russe du mensonge » et le soutien des Occidentaux à Kiev, la Russie restera « un compétiteur » qui « ne va pas disparaître », estime le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard.

«Forces morales», «entraînement», «guerre des perceptions»: dans un entretien à l’AFP et au New York Times, le plus haut gradé français revient sur les enseignements de plus de deux mois de conflit en Ukraine, en marge d’un déplacement en Estonie où 350 soldats et aviateurs français sont déployés dans le cadre de l’Otan. 

«Les Ukrainiens ont gagné dans ce domaine. Ils ont une armée qui défend son pays et un pays qui soutient son armée. Cela se construit, ce n’est pas quelque chose qui se décrète le jour où une guerre éclate», a-t-il déclaré.

«Deuxième point, l’importance de la guerre informationnelle, le champ des perceptions. Les Ukrainiens ont réussi à imposer leur narratif face aux Russes, qui étaient un peu les maîtres en la matière.», a ajouté le général. «Troisièmement, l’importance de l’entraînement, qui est coûteux et difficile. L’armée russe est supérieurement équipée mais n’a pas réussi à entraîner ses soldats à la haute intensité.»

Ces propos choisis ne doivent rien au hasard. Si on regarde l’ordre du jour n° 13 du 22 avril 2022 de Thierry Burkhard, on a précisément le même contenu : il y a la guerre de haute intensité, les « forces morales » sont fondamentales, nous ne sommes pas comme la Russie sous-entendu c’est un ennemi.

« Alors que les combats se poursuivent, ces premières semaines d’affrontement ont d’ores et déjà livré de nombreux enseignements. Ce sont certains d’entre eux que je voudrais aborder ce matin, tant ils me paraissent importants dans l’exercice du métier militaire. Le premier d’entre eux, s’il est évident, n’en est pas moins essentiel : la guerre de haute intensité est de retour en Europe.
Le deuxième enseignement est moins une redécouverte qu’une confirmation, celle du rôle crucial des forces morales.
Le troisième enseignement porte sur l’importance de notions que nous connaissons bien, pour y être confrontés dans l’exercice du commandement : la franchise, la loyauté et, à l’opposé, le mensonge. Les chefs militaires russes ont menti ».

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Le chef d’état-major français peut annoncer la guerre de haute intensité, dire contre qui, expliquer ouvertement qu’il y aura une narration à ce sujet pour que tout le monde suive !

Il ne faut pas se voiler la face : on est embarqué dans la guerre, les choses tournent très mal et les gens acceptent ou s’en moquent. Ils sont bien entendu inquiets. Mais il n’existe aucune opposition à la guerre en France : nous vivons un moment dramatique.

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Appeler à la paix, ou défendre le pacifisme ?

Promouvoir la paix est une chose, assumer le pacifisme en est une autre.

Le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a marqué l’entrée dans une nouvelle époque. Une nouvelle époque démarrée bien avant cela pour quiconque scrute les tensions entre grandes puissances, mais qui a été saisie comme telle par beaucoup de gens à ce moment là.

Mais comme il ne reste plus que très peu de positions de l’expérience du mouvement ouvrier dans le peuple, le retour de la Guerre dite conventionnelle, chars contre chars si on veut, est surtout vue de manière unilatérale par les gens, mais aussi par les organisations de gauche.

Grosso modo, tout serait de la faute de Vladimir Poutine, de son cerveau malade, de sa volonté impériale vue comme volonté d’un autocrate isolé dans sa Tour d’ivoire…

Le problème évident d’une telle analyse, c’est qu’elle néglige les tendances historiques de fond, et par là-même elle n’aide pas à faire émerger une large mobilisation précisément contre la Guerre. Pourtant, on l’aura compris, cette guerre ne relève pas d’une anomalie régionale, ni même d’un passé mal digéré, mais d’une tendance de fond qui doit être le support à une prise de conscience pacifiste.

Ainsi lorsque l’on a vu fleurir à la fin février, des appels à la paix, ils se sont quasi immédiatement transformés en des discours alignés sur l’OTAN et la superpuissance américaine.

Ces prises de position ne servaient qu’à acculer la Russie, pour mieux servir les intérêts de la puissance américaine, et cela est d’autant plus flagrant qu’il n’en reste plus rien aujourd’hui. C’est au contraire la course à qui livrera le plus d’armes à l’armée ukrainienne, pour que ses soldats se fassent massacrer au nom de « l’occident ».

On peut même remarquer que les appels à la paix d’il y a peu de temps ne servaient qu’à masquer une volonté de figer les choses, comme si la guerre d’une grande puissance en Europe relevait d’une erreur et qu’il faudrait conquérir la paix pour mieux revenir au « monde d’avant ». D’ailleurs, l’élection présidentielle avec la réélection d’Emmanuel Macron a bien confirmé cet espoir qui n’est rien d’autre qu’un mirage inatteignable.

Avec le recul, on peut même dire qu’en appeler à la paix dans le contexte actuel de la Guerre en Ukraine sonne comme une perspective momentanée, conjoncturelle, et ne faisant que servir un camp contre un autre. En fait, en appeler à la paix ne vaudrait que si cela était porté concrètement par le peuple ukrainien à la base et en antagonisme avec son propre régime, devenu un vassal des États-Unis. Et qu’il y avait également en Russie une base populaire forte pour dénoncer le militarisme de son pays. Et qu’il y avait dans les pays de l’OTAN une opposition forte et franche à l’armée de chaque pays.

Mais de manière générale, se référer simplement à la paix, et non pas au pacifisme, ce n’est pas aujourd’hui s’opposer à la Guerre, cette tendance qui emporte tout dans le cadre du capitalisme en crise cherchant à se relancer.

Car la Guerre en Ukraine relève bel et bien d’une tendance de fond qui emporte le monder entier. C’est bien ce à quoi s’évertue à expliquer en long et en large agauche.org depuis avril 2021, fidèle aux enseignements historiques du mouvement ouvrier, notamment à sa pointe avancée au début du XXe siècle, la social-démocratie allemande.

Si la social-démocratie historique s’est opposée à l’impérialisme, au militarisme, c’est justement parce qu’elle avait saisi que ces aspects du capitalisme contemporain, n’étaient pas des adjectifs supplémentaires à ajouter à une liste de « revendications ».

Par opposition à l’impérialisme et au militarisme, forcément il fallait non pas opposer un slogan conjoncturel, mais une perspective de fond, puisant dans les entrailles de la société humaine, ce qui aboutissait à la défense du pacifisme, à la mise en avant de l’internationalisme prolétarien. Valeurs contre valeurs en somme.

Le fait même qu’il soit parlé de « pacifisme », ajoutant donc le suffixe isme au mot paix, c’est bien pour souligner que cela relève d’un regard général sur les choses, en opposition à un monde capitaliste qui cherche à se relancer en exacerbant ses caractéristiques mortifères, transformant l’exploitation de l’homme par l’homme en tuerie de masses d’hommes par d’autres masses d’hommes.

Mettre en avant, défendre le pacifisme, c’est avoir compris que la guerre n’est pas une affaire momentanée, conjoncturelle, liée à des enjeux ici ou là, locaux ou régionaux, mais bien un aspect à part entière du capitalisme en crise, à part entière car visant à le relancer par sa base même.

En appeler à la paix ne suffit donc pas. Ce dont on a besoin pour aujourd’hui, et plus encore demain, c’est d’un grand mouvement pacifiste internationale, pour faire face à la lame de fond qui s’empare des sociétés capitalistes et du monde entier.