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Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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En cas de blocage d’accès du site

Notre position pour cette éventualité.

Notre site est très lu par les « cadres » de la Gauche, mais ceux-ci ne veulent pas le reconnaître. Quant aux gens, ils sont KO debout. Notre site a ainsi une vraie surface et en même temps, pas du tout.

Cela ne nous dérange pas en soi, car nous attendons qu’il se produise une rupture et nous ne voulons pas nous trimballer ce qui relève du passé. Le milieu militant nous est odieux, le syndicalisme nous est insupportable. Nous voulons le Socialisme et une vie humaine fondée sur des valeurs alternatives, le reste est une partie du problème, pas de la solution.

Cela produit un isolement dont nous sommes assez fiers, mais qui rend d’autant plus fort le risque de blocage du site en raison du conflit armé en Ukraine.

L’Union européenne est en effet en mesure de décider d’un blocage de contenus sans avoir aucun compte à rendre. On parle ici d’une décision administrative, qui s’impose aux États européens qui sont de de toutes façons très contents de la chose.

Nous ne pensons pas que l’État français nous interdira de son côté ; cela ne le lui rapportera rien, c’est à ses yeux trop insignifiant. Nous pouvons toutefois faire partie d’un gros pack d’interdictions de médias, blogs, comptes Twitter présentés, à tort ou à raison, comme « pro-Russie » par l’Union européenne.

Il suffit de regarder l’interdiction, illégale et pourtant mise en place, de RT France. On parle ici de la variante française et indépendante du média russe RT.

Lors du début du conflit, en février 2022, l’Union européenne a dit aux opérateurs de stopper la diffusion de tout ce qui est russe, et ce

« y compris par transmission ou distribution par tout moyen tel que le câble, le satellite, la télévision sur IP, les fournisseurs de services internet, les plateformes ou applications de partage de vidéos sur l’internet. »

C’est là assumer une censure de guerre. RT France a protesté en disant que c’était de la discrimination, une atteinte à la liberté d’entreprendre, une censure, etc. Mais la réponse de la part de l’Union européenne, de la part de son tribunal, a été directement politique :

« Dès lors que la propagande et les campagnes de désinformation sont de nature à remettre en cause les fondements des sociétés démocratiques et font partie intégrante de l’arsenal de guerre moderne, les mesures restrictives en cause s’inscrivent également dans le cadre de la poursuite, par l’Union, des objectifs qui lui ont été assignés. »

Autrement dit, un média peut être censuré pour être considéré comme « convergent » avec l’ennemi. L’Union européenne n’est officiellement pas en guerre, et c’est pourtant une censure de guerre.

RT France a continué son activité, car c’est la diffusion qui est bloquée, pas la production. Au moyen d’un VPN contournant l’accès à internet depuis l’Union européenne, il était possible de suivre ce que faisait RT France.

Et, en décembre 2022, il y a eu un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, amenant indirectement le gel des avoirs bancaires de RT France par le Trésor public, laissant 123 journalistes sur le carreau (dont 77 avec des cartes de presse). Cela a coulé RT France, qui a décidé de fermer en janvier 2023.

Tout cela est illégal au regard du droit français, mais par l’intermédiaire l’Union européenne est appliquée un droit de la guerre qui ne s’assume pas.

Possiblement, agauche.org ne sera donc pas interdit, mais verra « simplement » son accès bloqué dans l’Union européenne.

Des Français pourront écrire pour agauche.org, qui n’est donc pas interdit en soi. Des Français pourront le lire, légalement, avec un VPN pour aller sur internet. Les gens n’utilisant pas un VPN ne pourront cependant pas y accéder.

Il faut alors choisir de former un autre média, ou de continuer agauche.org en considérant que sans VPN, ce sera inaccessible. Au moins au départ, nous choisirons cette seconde option. Nous voulions le préciser tout de suite, pour une éventualité purement hypothétique encore, mais politiquement possible.

Nous pensons que dans une telle éventualité, la continuité est la chose qui a le plus de signification. C’est la meilleure parade à la volonté militariste de désorienter !

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Retraites: échec de la première sur-enchère syndicaliste

Un net recul.

L’État avait compté 1,272 million de manifestants le 31 janvier 2023, mais il en compte seulement 757 000 le 7 février 2023 : c’est un échec du mouvement. Les syndicats, qui depuis des années et des années agissent mécaniquement de la même façon en multipliant des « journées d’action » pour faire monter la sauce petit à petit, ont loupé leur coup cette fois-ci.

La CGT peut bien prétendre ce qu’elle veut, en avançant 2 millions de manifestant et en parlant de « haut niveau d’engagement des travailleuses et des travailleurs du secteur privé comme du public », personne n’y croira.

Il faut dire qu’ils ne font rêver personne, avec leur style « gueulard » et leur attitude ringarde sur tous les plans. Le soutien de l’opinion publique, ils l’ont pourtant. Car la France est un pays de petits-bourgeois voulant profiter de tout, mais ne jamais rien payer. Alors la retraite à 64 ans, ils n’en veulent pas, peu importe que les comptes soient dans le rouge, ce n’est pas leur problème.

Pour autant, les syndicats ne remportent pas la mise pour l’instant face au gouvernement libéral-démocrate d’Emmanuel Macron, qui s’imagine sauver la France de la crise avec une simple réforme du système des retraites.

Tout cela n’intéresse en effet pas grand-monde dans le fond, à part les syndicalistes et tous les gens pour qui le syndicalisme est l’alpha et l’oméga de la contestation. Dans les grandes villes, il y avait quasiment moitié moins de monde par rapport au 31 janvier, avec parfois des écarts très importants comme à Marseille, avec 15 000 personnes contre 40 000 la semaine dernière. Ou à Paris avec 57 000 contre 87 000 lors de la précédente manifestation.

Il y avait également grosso modo 20 000 manifestants à Nantes et 12 000 à Saint-Nazaire, 17 000 à Brest, 11 000 à Montpellier, Lyon et Grenoble, 9 500 à Lille, Clermont-Ferrand et Bordeaux, 8200 à Tours, 7000 à Strasbourg, Nice et Bayonne, 4500 à Amiens, 3700 à Périgueux, 3400 à Roanne, etc.

Cela reste conséquent indéniablement, mais ne pèse pas lourd politiquement et culturellement, en attendant les prochaines manifestations prévues samedi 11 février.

C’est terriblement décalé sur le plan historique, par rapport à la crise. Et c’est en dessous de tout sur le plan politique, alors que la guerre mondiale se dessine concrètement chaque jour, avec l’Otan en première ligne, dont notre pays la France est un membre actif et déterminé.

Il semble que cette triste comédie, cette mauvaise farce, ce simulacre de luttes de classe, passe déjà à la trappe !

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Politis : pas un mot sur l’Ukraine et un appel lamentable sur les retraites

Les bobos de gauche accompagnent le capitalisme occidental.

Politis est, comme Regards, une revue qui sert de sas intellectuel à la Gauche réformiste « exigeante », ce qu’on peut appeler la « gauche de la gauche ». Apparemment la gauche de la gauche du capitalisme, car ni dans Politis, ni dans Regards, on ne parle de la guerre en Ukraine ou de l’OTAN.

C’est tout de même marquant : la Droite est ouvertement pro-OTAN, tout comme le Parti socialiste et EELV, et la « gauche de la gauche »… ne dit rien. Qui ne dit mot consent !

Politis : la guerre en Ukraine? Connais pas !

Pour preuve, l’appel de Politis « Pourquoi nous combattons cette réforme » (des retraites), signé par les bobos dans leur version intellectuelle.

Aucune envergure, pseudo moderne, pas un mot bien entendu au sujet d’autre chose que les retraites… C’est historiquement minable.

Et pendant ce temps-là, le Point qui est l’équivalent de Droite de Politis, en bien plus lu et avec bien plus d’influence, appelle à fournir des armes lourdes à l’Ukraine afin que la victoire sur la Russie soit totale.

Le décalage est on ne peut plus complet ! Ou plutôt la convergence. Le capitalisme peut bien aller à la guerre, cette pseudo « gauche » ne demande de son côté que la même chose mais en version « sociale ».

Depuis six ans, Emmanuel Macron s’acharne à imposer au pays une réforme des retraites dont les Français·ses ne veulent pas. Toutes les versions du projet, déjà nombreuses, poursuivent le même but : le report de l’âge légal de départ à la retraite. L’objectif, à rebours de l’histoire sociale, est de faire travailler plus et plus longtemps des femmes et des hommes qui aspirent au repos et à donner libre cours à leurs projets dans un moment privilégié de la vie.

Pour y parvenir, le gouvernement tente de nous enfermer dans une querelle budgétaire et comptable. Ça n’est pas notre sujet. La question des retraites est éminemment politique.

Elle renvoie à des visions profondément divergentes de la vie en société. Nous sommes face à un choix de société structurant et nous refusons celui que le gouvernement veut nous imposer.

La réforme va frapper plus durement ceux qui exercent les métiers les plus difficiles, usants – tant physiquement que psychologiquement –, et qui ont moins de chances de profiter d’une retraite paisible et de s’imaginer un avenir après 64 ans. Le report de l’âge légal n’a aucun effet sur les plus diplômés et fait peser la charge entièrement sur les moins diplômés.

Il pénalise aussi les femmes, qui ont les carrières les plus aléatoires, suspendues, contraintes aux temps partiels, souvent imposés, et qui seront les principales victimes de cette réforme aussi injuste qu’inégalitaire. La différence d’espérance de vie à la naissance entre les 5 % les plus riches et les 5 % les plus pauvres est en France de 13 ans pour les hommes et de 8 ans pour les femmes.

Il est donc urgent que l’on donne au débat sa véritable dimension et son souffle. Derrière tous les faux débats, le projet politique est évident. Pour Emmanuel Macron, il faut séduire la droite pour créer une majorité que les urnes ne lui ont pas donnée. Cet objectif politicien n’est pas notre affaire !

Nous refusons un projet qui vient frapper si violemment nos vies et celles des générations à venir. Nous lui opposons une exigence de justice sociale et écologique, qui dépasse de beaucoup la seule question des retraites.

Pour toutes ces raisons, nous affirmons notre détermination à combattre ce projet de réforme archaïque et terriblement inégalitaire.

Dominique A, auteur, compositeur – Ariane ASCARIDE, comédienne – Patrick AUTRÉAUX, écrivain – Serge AVÉDIKIAN, comédien, cinéaste – Alain BADIOU, philosophe – Étienne BALIBAR, philosophe – Jeanne BALIBAR, comédienne – Lauren BASTIDE, autrice, féministe – François BÉGAUDEAU, écrivain – Lucas BELVAUX, cinéaste – Pierre BERGOUNIOUX, écrivain- Arno BERTINA, écrivain  Laurent BINET, écrivain – Romane BOHRINGER, comédienne – Dominique BOURG,  philosophe – Nicole BRENEZ, historienne du cinéma – Stéphane BRIZÉ, cinéaste – Mireille BRUYÈRE, économiste – Barbara BUTCH, artiste, DJ – Dominique CABRERA, réalisatrice- Julia CAGÉ, économiste – Robin CAMPILLO, cinéaste – Barbara CARLOTTI, autrice, compositrice – Patrick CHAMOISEAU, écrivain – Samuel CHURIN, comédien – Hélène CIXOUS, écrivaine – Maxime COMBES, économiste- Philippe CORCUFF, maître de conférences en science politique – Sylvain CREUZEVAULT, metteur en scène – Alexis CUKIER, philosophe – Alain DAMASIO, écrivain – Valérie DAMIDOT, animatrice de télévision, comédienne – Jean-Pierre DARROUSSIN, comédien – Laurence DE COCK, historienne – Geoffroy DE LAGASNERIE, philosophe – Monté DE LINGUISTICAE, auteur, vidéaste, vulgarisateur – Marie DESPLECHIN, écrivaine – Rokhaya DIALLO, autrice et réalisatrice – Cyril DION, cinéaste – Samia DJITLI, présidente des Trans Musicales – Olivier DUCASTEL, cinéaste – EMMA, dessinatrice – Didier ERIBON, philosophe – Annie ERNAUX, écrivaine – Jean-Michel ESPITALLIER, écrivain – Didier FASSIN, anthropologue et médecin – Éric FASSIN, sociologue – Brigitte FONTAINE, poète – Geneviève FRAISSE, philosophe – Bernard FRIOT, sociologue, économiste – Irène GARCIA GALAN, autrice – Antoine GERMA, scénariste – Brigitte GIRAUD, écrivaine – José-Manuel GONÇALVÈS, directeur artistique – Robert GUÉDIGUIAN, cinéaste – Alain GUIRAUDIE, cinéaste – Émilie HACHE, philosophe –Adèle HAENEL, comédienne – Kaoutar HARCHI, écrivaine – Jean-Marie HARRIBEY, économiste – Liêm HOANG-NGOC, économiste – Christian INGRAO, historien – Sabina ISSEHNANE, économiste – Hugues JALLON, écrivain, éditeur – Agnès JAOUI, comédienne, cinéaste – Gaël KAMILINDI, comédien – Razmig KEUCHEYAN, sociologue – Bernard LAHIRE, sociologue – Mathilde LARRÈRE, historienne – Éloi LAURENT, économiste – Yvan LE BOLLOC’H, comédien – Élisabeth LEBOVICI, critique d’art – Bertrand LECLAIR, écrivain – Pierre LEMAITRE, écrivain, scénariste – Frédéric LORDON, philosophe – Sandra LUCBERT, écrivaine – Jacques MARTINEAU, cinéaste – Corinne MASIERO, comédienne – Nicolas MATHIEU, écrivain – Dominique MÉDA, économiste – Guillaume MEURICE, auteur, humoriste – Christophe MIOSSEC, auteur, compositeur, interprète – Ariane MNOUCHKINE, metteuse en scène – Félix MOATI, comédien – Marie José MONDZAIN, philosophe – Gérard MORDILLAT, romancier, cinéaste – Jean-Marc MOUTOUT, cinéaste – Myr MURATET, photographe – Gérard NOIRIEL, historien – Stanislas NORDEY, metteur en scène – Juliette NOUREDDINE, autrice, compositrice, interprète – Gaëlle OBIEGLY, écrivaine – Lorrain OISEAU, auteur – Mariana OTERO, cinéaste – Yves PAGĖS, écrivain, éditeur – Stefano PALOMBARIN, économiste – Charles PENNEQUIN, poète – Gilles PERRET, cinéaste – Nicolas PHILIBERT, cinéaste – Ernest PIGNON-ERNEST, artiste plasticien – Thomas PIKETTY, économiste – Dominique PLIHON, économiste – Thomas PORCHER, économiste – Christian PRIGENT, poète – Nathalie QUINTANE, écrivaine, enseignante – Philippe QUIRION, économiste – Patrice ROBIN, écrivain – Olivia ROSENTHAL, écrivaine – Christian ROUAUD, cinéaste – Lydie SALVAYRE, écrivaine – Gisèle SAPIRO, sociologue – Régis SAUDER, cinéaste – Hervé SERRY, sociologue – Pablo SERVIGNE, auteur – Yves SINTOMER, professeur de science politique – Bruno SOLO, comédien – Barbara STIEGLER, philosophe – Charles TEMPLON, comédien, metteur en scène – Hélène TORDJMAN, économiste – Anna TOUMAZOFF, militante féministe – Valérie TRIERWEILER, journaliste – Henri TRUBERT, éditeur – USUL, Youtubeur – Serge VALLETTI, auteur de théâtre, scénariste – Thomas VDB, comédien – Gisèle VIENNE, chorégraphe – Sophie WAHNICH, historienne – Jacques WEBER, comédien – Michel WIEVIORKA, sociologue

Les bobos s’agitent afin de faire croire que le « social » est encore possible dans le capitalisme sombrant dans la guerre. Ils sont, au mieux, les idiots utiles de l’OTAN. Et au fond ils le savent très bien. Ils espèrent, comme tous les corrompus au sein de la société capitaliste française, que fondamentalement rien ne changera vraiment !

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Aucune contestation en France contre l’escalade guerrière

L’Histoire avance dans la dépolitisation générale.

Entre le mois d’octobre et le début de l’année 2023 vient de se jouer une séquence politique majeure, qui marque un tournant dans l’implication française pour l’OTAN dans la guerre en Ukraine.

Le 31 octobre 2022, le journal Le Monde publiait une tribune de dirigeants libéraux-atlantistes appelant la France à prendre les devants en assumant en premier de livrer des armes offensives en faveur du régime ukrainien.

Pour les auteurs de cette tribune, représentants de toute une couche d’experts animée par la défense de la superpuissance américaine et dont le point d’ancrage sont les pays baltes violemment anti-russe, la France se devait de prendre l’initiative pour se repositionner correctement dans l’OTAN.

C’est chose faite puisque le 4 janvier 2023, juste après la visite du ministre de la défense Sébastien Lecornu à Kiev, Emmanuel Macron annonçait l’envoi d’une quarantaine de chars AMX10-RC. Cela signifie que la France suit toujours plus les consignes des pays d’Europe de l’est, en fait de l’OTAN, et devient un moteur du bellicisme anti-russe en Europe.

Il n’y a qu’à voir comment l’annonce d’envoi de chars français a été suivi de tout une discussion politique en Europe, de la Pologne à l’Allemagne en passant par Londres et sa décision d’envoyer des chars Challenger II.

Depuis cette annonce qui sonne comme un véritable tournant du fait que ce type d’armes permet de mener des contre-offensives et donc prolonge ouvertement la guerre, il est stupéfiant de noter qu’il n’y a aucune réaction politique, ni à Gauche, ni à Droite.

À gauche, des gens comme Boris Vallaud du PS préféraient rencontrer à la mi-novembre l’Union des ukrainiens de France, dont le président promeut l’interdiction du ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski.

Ce qui n’est pas un simple positionnement « tactique » : pour le nationalisme ukrainien, la Russie n’existe pas, c’est une malédiction moscovite.

Lors des manifestations parisiennes de cette même association, parsemée de drapeaux bandéristes et de personnes faisant le salut du parti d’extrême-Droite Svoboda, on retrouve parfois Yannick Jadot, dont le parti EELV est d’un bellicisme fou, mais aussi des drapeaux du NPA. C’est dire…

Mais on ne trouve rien non plus ni du côté de Révolution Permanente, ni du côté de l’ultragauche. À Lutte Ouvrière, on se contente d’un dernier communiqué sur une simple motion, histoire de dire quelque chose, votée le 7 décembre dernier. Depuis, plus rien.

En fait, du côté de l’extrême-gauche, on ne trouve que les maoïstes du PCF(mlm) pour prendre les choses au sérieux et de promouvoir l’engagement anti-OTAN et anti-guerre, comme l’illustre d’ailleurs l’un des articles du numéro 22 de la revue Crise qui anticipait correctement l’impact politique joué par la tribune des libéraux-atlantistes mentionnée plus haut.

Quant à l’extrême-Droite, si prompt à se faire la championne du nationalisme et du souverainisme, chaque jour de plus dans la guerre en Ukraine contribue à la ringardiser.

Il suffit de voir que lors de sa niche parlementaire du 12 janvier, moment où l’on peut mettre au débat n’importe quel sujet, le groupe RN a préféré parler d’exonération des cotisations sociales, de la suppression des zones à faible émission, de la légitime défense des policiers ou encore de l’uniforme à l’école plutôt que des décisions pro-OTAN du cabinet présidentiel.

Le constat est sans appel : l’Histoire se fait en France dans le désert total ou plutôt dans l’acceptation générale de décisions militaristes faites sans aucun processus démocratique, au moins parlementaire.

C’est là le signe d’une profonde dépolitisation dans une démocratie où les principales forces d’opposition ne sont même pas en mesure d’axer leurs interventions sur la véritable actualité qui apparaît donc sous le signe d’un consensus général dont il n’est même pas question de débattre.

Pourtant, depuis la réélection d’Emmanuel Macron, alors même que la guerre en Ukraine n’a jamais été au centre des débats de la présidentielle et des législatives, toutes les décisions concernant le financement ou l’envoi d’armes ne sont jamais passées par l’assemblée nationale.

Le seul moment, formant un nœud de la séquence politique dont il est question ici, a été l’ovation générale au régime ukrainien lors de la rentrée parlementaire début octobre.

Moment qui n’était même pas suivi d’un vote législatif mais seulement d’un débat symbolique en présence de l’ambassadeur du régime de Kiev. Autrement dit, cela n’était là que pour renforcer la légitimité de toutes les décisions militaires prises dans l’ombre du cabinet présidentiel.

Un exemple de propagande : le 17 janvier 2023 Le Parisien parle de bombardements russes à Donetzk, alors que c’est l’armée ukrainienne qui a visé un centre commercial et une zone résidentielle de Donetsk

La Gauche est même incapable de mobiliser sur une chose si simple que la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’augmentation du coût de la vie en France, préférant faire de l’inflation une chose tombée d’on ne sait trop où. Mais il est vrai que pour cela, il faudrait avoir des bases historiques à gauche, de celles qui relient la crise économique à la guerre, et la guerre aux restructurations capitalistes.

Et c’est là que l’on comprend que la protestation contre la réforme des retraites est l’expression du vieux monde. C’est même une actualité qui vient du monde d’avant, d’avant 2020.

Et forcément, plutôt que de s’actualiser, la Gauche française reste dans ses habitudes routinières et elle y met même le paquet. Le constat fait ici dès le mois de mars 2022 d’un militantisme incapable de saisir les changements dans le monde s’avère toujours plus juste.

Et comme l’Histoire travaille dorénavant contre ces vieilles forces militantes, celles-ci redoublent d’effort pour imposer coûte que coûte la réforme des retraites comme la grande actualité. Cela serait même le vecteur d’une politisation à entendre certains, quel délire !

Mais tout le monde y croit, du Figaro jusqu’au Rassemblement national en passant par la NUPES, dans un grand mensonge collectif qui voudrait que l’actualité serait de savoir comment la stabilité sociale va être négociée et conservée dans ce pays.

D’ailleurs, s’il y a vraiment une mobilisation contre les retraites, ce serait la preuve que la société française s’est repliée sur elle-même, pensant que l’on peut encore et toujours raisonner comme ces quarante dernières années. Ce serait une expression de la stabilité capitaliste, nullement de sa remise en cause pourtant bien à l’ordre du jour.

La seule actualité de l’époque, c’est la tendance à la guerre. Il n’y rien en dehors, rien à côté : qui ne met pas les pieds dans le plat reste en dehors de l’Histoire.

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Le congrès toujours aussi mystérieux de « Révolution permanente »

On n’en sait pas plus.

La photo originale n’a pas été floutée par « Révolution permanente », ce qui est une erreur de base

Le 2 janvier 2022 était ici publié l’article Le congrès mystère de « Révolution permanente » et, le même jour, « Révolution permanente » a rendu public, quinze jours après, le compte-rendu du congrès de fondation d’une nouvelle organisation révolutionnaire.

Une excellente occasion de voir si l’analyse effectuée était juste ou pas, même si cela ne change pas le fait que 15 jours après, un compte-rendu de fondation d’une organisation révolutionnaire, c’est tard, décalé, incorrect.

« Révolution permanente » a par ailleurs rendu public seulement deux documents directement produit par le congrès : la déclaration Une nouvelle organisation révolutionnaire est née ! et un compte-rendu des discussions.

La déclaration est très courte, elle mentionne une divergence interne sur la guerre en Ukraine et fait la part belle au Nouveau Parti Anticapitaliste (dont est issu « Révolution permanente »). La seule chose qu’on retient et qu’on savait déjà, c’est que :

« Révolution Permanente affirme également vouloir participer à la refondation d’une gauche révolutionnaire en France. L’enjeu est de construire une alternative au néo-réformisme et à la gauche institutionnelle. »

Il n’y a dans la déclaration strictement aucune référence idéologique. Le mot marxisme n’apparaît donc pas. Le mot « impérialisme » non plus, et il n’est pas parlé de risque de guerre mondiale.

Le compte-rendu du débat précise cependant les choses, alignant « Révolution permanente » sur la « Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale » basée en Argentine, ce que l’on savait déjà. Et c’est surtout le Nouveau Parti Anticapitaliste, qui a récemment implosé, qui a été le thème de fond. « Révolution permanente » prendrait bien sa place, en prétendant faire mieux bien entendu.

On ne peut pas dire que cela soit intéressant, percutant, nouveau. En fait, « Révolution permanente » met simplement en place une boutique où, comme au McDonald’s, « on peut venir comme on est ». Impossible de ne pas être d’accord, rien n’est dit, à part qu’il faut militer pour changer les choses.

Les Français étant un « peuple politique », ce genre d’approche n’a aucune chance de réussir. C’est un produit d’importation de l’extrême-gauche argentine, c’est cosmopolite et hors-sol, simplement bon pour des gens traînant sur Twitter.

Il aurait d’ailleurs été bien plus simple, et cela aurait été une moindre perte de temps, que de dire que « Révolution permanente » c’est la Gauche Twitter et forcément qu’un congrès ne peut avoir qu’une forme fictive, artificielle. D’où l’absence de tout contenu.

Ce qui montre que l’article du 2 janvier 2022 tapait juste. On ne sait rien de ce congrès, qui n’a en fait rien donné, parce qu’il ne le pouvait pas. On a simplement 118 délégués disant qu’ils sont d’accord avec ce sur quoi ils étaient d’accord, et qui officialisent que « Révolution permanente » existe, ce que tout le monde savait déjà.

Mais un programme, des valeurs? Il n’y en a pas. On ne sort pas du « militantisme » avec le triptyque « syndicat » – « antiracisme » – « lgbt ».

L’aliénation de la société de consommation? Connais pas. L’OTAN comme menace principale? Connais pas. La question animale, moralement et culturellement essentielle? Connais pas. L’art, la culture, la civilisation, les classiques? Connais pas. L’idéologie, la science, les acquis de la pensée? Connais pas.

C’est la Gauche Twitter, celle qui pense que McDonald’s est populaire et le kébab révolutionnaire. Celle pour qui l’actualité ce sont les manifestations dans les grandes villes et les réseaux sociaux.

Et cela donne 118 personnes se disant d’accord avec elles-mêmes, en étant issues de discussions de 400 personnes, pour dire qu’il faut lutter contre la réforme des retraites.

Pas de quoi rêver, pas de quoi emplir son esprit, pas de quoi en tirer quelque chose, pas de quoi marquer son époque, pas de quoi ancrer quelque chose culturellement, historiquement, scientifiquement.

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Le congrès mystère de « Révolution permanente »

On ne sait rien et on n’en saura pas plus.

« Révolution permanente » était une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste ; exclue en 2021, elle a réussi à devenir l’un des principaux pôles « militants » en France à gauche de la gauche. Elle a annoncé un congrès de fondation d’une nouvelle organisation révolutionnaire, congrès qui s’est tenu les 16, 17 et 18 décembre 2022.

Trois textes servaient de fondements à cet effet : un sur l’organisation, un autre sur la situation en France, et enfin un portant sur la situation internationale.

Or, nous sommes le 2 janvier 2023 et « Révolution permanente » n’a toujours rien dit au sujet de ce congrès. Les seuls documents proposés sont des interventions de gens extérieurs présents au congrès, tels l’économiste version « Monde diplomatique » Frédéric Lordon (« Un parti révolutionnaire sert à tout niquer, avec méthode », sic), ou Assa Traoré du « Comité vérité et justice pour Adama ».

Mais on ne sait rien de ce que le congrès a donné. Cela a-t-il été un succès ? Un échec ? Car enfin, on peut imaginer que les personnes présentes n’ont pas tout laissé tomber pour regarder la finale de la coupe du monde 2022 de football France – Argentine.

Cela dit, l’arrière-plan de « Révolution permanente » ce sont des trotskistes argentins, et surtout, de manière plus concrète, « Révolution permanente » vise un public étudiant, petit-bourgeois, par définition versatile et consommateur. Dire qu’on fonde une organisation révolutionnaire avec de tels gens est du suicide.

On peut toujours faire semblant d’être une organisation, nombreuses sont les petites structures hyper « radicales » portées par des petits-bourgeois et des étudiants. Cependant, c’est de l’aventurisme sans portée ni envergure, c’est du « militantisme » et il n’y a pas de programme, pas de fond, rien qui reste réellement dans la société.

Là, « Révolution permanente » a visé trop haut en pensant pouvoir « formaliser » son militantisme. L’idée était de s’ancrer dans le paysage militant français. Sauf que tout cela est artificiel. Il y a toute une scène de gens qui « militent », mais ils sont là où ils sont comme ils pourraient être ailleurs. Cela n’a pas de réel fond politique programmatique.

Dans tous les cas, il n’est pas correct de dire qu’on fonde une organisation révolutionnaire lors d’un congrès, pour ne rien dire à ce sujet. Quinze jours, ne rien savoir à ce sujet, c’est tout savoir. C’est un fiasco.

Si cela avait été un réel échec, cela aurait eu sa dignité, les choses ne vont pas en ligne droite. Cela aurait été une expérience, une contribution sur la voie vers le Socialisme. Là c’est juste un épisode digne d’un feuilleton. Et cela ajoute à la confusion générale.

On dira que la critique est facile, l’art est difficile. Mais c’est « Révolution permanente » qui a affirmé faire un congrès avec plusieurs centaines de personnes pour former la véritable organisation révolutionnaire en France. De ce qu’on voit, la proposition tombe à l’eau : elle n’a été donc qu’une expression de décomposition contribuant à la dépolitisation, à la délégitimation de la Gauche. Ce qui est typique du « militantisme » anarchiste et trotskiste.

Pour une analyse de fond, on peut résumer ainsi : c’est une erreur que de vouloir un « militantisme » de masse organisé au moment où la société française toute entière se replie sur elle-même dans la consommation et la futilité.

Il y a eu un million de personnes sur les Champs-Elysées à Paris le soir du 31 décembre 2022 ! C’est lamentable, et c’est ça la réelle tendance de fond. « Révolution permanente » paie le prix de ne rien comprendre à la vie quotidienne des gens dans le 24 heures sur 24 du capitalisme, dans un capitalisme en crise depuis 2020.

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Fait divers sanglant: l’attaque de la rue d’Enghien

Une drame décadent qui ne relève pas de la politique.

William Z. est un élément anti-social produit par le capitalisme se modernisant à tout va. Pris de délire raciste, ce conducteur de train à la retraite de 69 ans avait attaqué des migrants en Seine-Saint-Denis ainsi qu’à Paris, attaquant notamment des tentes et leurs occupants avec un sabre.

Le 23 décembre 2022, il décide d’aller tirer sur des « étrangers » en Seine-Saint-Denis avec un pistolet et 40 cartouches, avant de se suicider. Il change d’avis et va rue d’Enghien à Paris devant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya, car dans son esprit les Kurdes ont combattu l’État islamique, mais au lieu de faire des prisonniers ils auraient dû tuer tout le monde.

Là, il tire, tue trois Kurdes, avant d’être maîtrisé. Il est arrêté et le 25 décembre il va en hôpital psychiatrique. Entretemps se produit toute une séquence politique construite artificiellement et parfaitement représentative.

Immédiatement, en effet, il est parlé d’une attaque contre « les Kurdes ». Le président Emmanuel Macron exprime rapidement et directement les choses en ce sens.

Mais de quels Kurdes parle-t-on? Eh bien, des « Kurdes », nos alliés, comme le formule Jean-Luc Mélenchon.

Comme il faut bien appeler un chat un chat, ce que personne ne fait, il faut parler ici du PKK, avec notamment sa variante syrienne. Les victimes sont un chanteur ayant fui la Turquie, une responsable féministe ayant notamment combattu l’État islamique, et un autre activiste.

C’est la raison pour laquelle les 23 et 24 décembre les Kurdes liés au Centre culturel ont manifesté dans plusieurs villes, notamment à Paris où il y a des échauffourées le jour de Noël, ce qui fut du plus mauvais effet.

C’était cependant inévitable, car ce fait-divers d’un sombre élément décadent a été construit comme une attaque politique de grande envergure. Le communiqué de Lutte ouvrière résume parfaitement le discours artificiel qui a été produit par tous les contestataires de « gauche ».

Il dit ce que tous les opportunistes ont dit : c’est un coup des services secrets turcs, et sinon cela montre bien qu’il y a en France un raz-de-marée d’extrême-Droite violente prête à tuer !

C’est totalement hors sol, fictif, mensonger.

« Lutte ouvrière partage la tristesse et la colère des Kurdes, durement frappés par l’attentat qui a tué trois personnes hier dans le Centre culturel kurde, rue d’Enghien, à Paris. Celle-ci est d’autant plus vive qu’il y a dix ans, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan étaient assassinées à Paris par les tueurs de l’État turc.

L’homme qui a tué hier a-t-il agi seul ? Sa main a-t-elle été armée par l’État turc ? Toutes ces questions sont encore sans réponse. Mais une chose est certaine: l’homme qui a perpétré cet attentat est un raciste récidiviste. Il y a un an, armé d’un sabre, il attaquait des migrants dans un camp à Paris.

Alors, il ne s’agit pas du geste d’un « déséquilibré » mais d’un attentat raciste. Les crimes racistes ne surviennent pas par hasard. Ils se produisent dans un climat xénophobe alimenté en permanence par des propos nationalistes et racistes. Par leurs discours de haine et par leur politique anti-migrants, les Le Pen, Zemmour, Darmanin encouragent de tels crimes. »

Tout cela est forcé, mensonger, artificiel. La folie meurtrière d’un sombre raciste, tellement typique de la décadence française, se voit attribué une dignité politique. Eh bien non, c’est faux !

De manière parlante, la revue Regards, lié au PCF, publiait justement la veille de cette attaque une tribune intitulée « Face à la montée en puissance des fascismes et de l’extrême droite, des personnalités représentatives de la gauche politique, syndicale et associative tirent la sonnette d’alarme ».

La voici en entière, parce qu’elle est pareillement délirante, elle est pareillement mensongère, elle révèle parfaitement le mensonge des réformistes populistes à la Mélenchon, des anarchistes et des trotskistes.

Au lieu de parler d’une France totalement molle, où les gens ne font rien, où la politique est morte, où la culture est en décadence, où les valeurs LGBT sont officiellement celles de l’État, avec parallèlement la participation à la guerre anti-Russie de l’OTAN… ces gens dressent le portrait fictif d’une France où les provocations de quelques groupes racistes auraient une portée de masse et même une dimension historique, avec un pays au bord de la dictature en raison d’un gouvernement ultra-répressif.

On est là dans l’escroquerie à l’état pur.

« Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne… Depuis maintenant plusieurs mois, nous assistons à une offensive de l’extrême-droite. La France n’est pas immunisée. Ici, cette offensive est portée par les 89 député·es du Rassemblement National, et partout, cette flambée fasciste a pour corollaire l’apparition de multiples groupuscules d’extrême droite, identitaires et néonazis.

En France, depuis le mois de septembre ce sont plus de 40 actions violentes qui ont été menées par des groupuscules d’extrême droite. La semaine dernière, en moins de 96 heures, plusieurs député·es, une suppléante et des militant·es politiques ont été attaqué.es à Bordeaux, Lyon, Toulouse et Montpellier. Des enseignant·es sont épinglé·es et menacé·es sur les réseaux sociaux pour des cours portant sur l’immigration. 

Dans la nuit du 14 décembre, un nouveau palier a été franchi après le match France-Maroc avec des actions coordonnées clairement racistes, violentes dans différentes villes du pays. 

À Nice des expéditions ont été explicitement menées contre les populations issues de l’immigration nord-africaine, rappelant le temps funeste des « chasses à l’homme racistes ».

Ce climat d’extrême- violence ne doit rien au hasard. Les discours racistes décomplexés portés dans l’hémicycle par des député·es du Rassemblement National, voire de la droite ; discours relayés sur des chaînes d’informations en continu et par l’ensemble de la fachosphère, encouragent les passages à l’acte. 

On ne peut guère compter sur un gouvernement qui assume de trouver Marine Le Pen “trop molle” en matière de lutte contre l’immigration. En reprenant les thèmes et les mots de l’extrême droite dans une dangereuse surenchère, le gouvernement porte également une lourde responsabilité. Alors que nous disposons d’un arsenal juridique efficace permettant de punir sévèrement les propos et les actes racistes, il préfère multiplier les lois d’exception liberticides plutôt que d’appliquer la loi contre les nervis d’extrême-droite. 

La situation est d’une extrême gravité et des mesures s’imposent avant qu’un drame ne se produise.

Nous tenons ici à apporter toute notre solidarité aux victimes du racisme, de l’antisémitisme et des violences commises par l’extrême-droite.

Face à la menace fasciste, nous appelons à la mobilisation de la gauche et des écologistes, des organisations syndicales et associatives pour organiser une riposte antifasciste large, unitaire et offensive.
Ensemble pour un front antifasciste !

Premiers signataires : 
 
Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde Antifasciste
Clémentine Autain, députée LFI-NUPES
Mathieu Azcué, Co-président du groupe Lyon En Commun, Métropole de Lyon 
Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Habiba Bigdade, membre du comité national LDH
Laurence Boffet, vice-présidente Métropole de Lyon (Ensemble !)
Manuel Bompard, député LFI-NUPES
Anthony Caillé, policier, syndicaliste CGT
Leïla Chaibi, députée européenne LFI-NUPES
Alexandre Chevalier, adjoint au maire de Lyon délégué au lien intergénérationnel et à la qualité de vie des aîné.es, co-président du groupe Lyon En Commun
Éric Coquerel, député LFI-NUPES
Clovis Daguerre, co-secrétaire national des Jeunes Écologistes
Laurence De Cock, historienne, enseignante
Arthur Delaporte, député PS
Joséphine Delpeyrat, secrétaire générale de l’Observatoire national de l’extrême-droite
Elsa Faucillon, députée PCF
David Flacher, mouvement Utopia
Murielle Guilbert, co-déleguée générale de l Union syndicale Solidaires 
Camille Hachez, co-secrétaire nationale des Jeunes Écologistes
Annie Lahmer, conseillère régionale EELV
Mathilde Larrère, historienne, enseignante 
Antoine Léaument, député LFI-NUPES
Michel Lepretre, président du Grand Orly Seine Bievre ( PCF ) 
Laurent Lévy, retraité, membre d’Ensemble !
Nicolas Mayart, journaliste au Média TV 
Claire Monod, écologiste
Bénédicte Monville, écologiste
Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF 
Ugo Palheta, sociologue
Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble !
Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue Regards
Thomas Portes, député LFI-NUPES et président de l’observatoire de l’extrême-droite
Alice Picard, porte-parole d’Attac France
Éric Piolle, maire de Grenoble 
Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris
Sandrine Rousseau, députée EELV
Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Alternative
Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de Gauche 
David Souvestre, conseiller municipal de Lyon, co-président du groupe Lyon En Commun
Aurélien Taché, député
Azzedine Taibi, maire de Stains
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Aurelie Trouvé, députée LFI-NUPES »

Toute cette construction artificielle montre que ces gens ne forment qu’une aile sociale-impérialiste de la Gauche ; ils sont très contents du capitalisme, de l’OTAN, ils veulent juste que ça penche plus « à gauche », que cela soit plus social. D’où des propos hors sol visant à présenter artificiellement une situation politique française où ils auraient un rôle à jouer.

Outre de tromper, ces gens tentent de masquer la décadence d’une société française pourrissante, où les gens ne veulent plus rien assumer, plus prendre aucune responsabilité, simplement consommer, avec l’espoir que le capitalisme se maintienne coûte que coûte.

Et demain, pour encore tromper, ils prétendront même qu’ils sont pour le Socialisme, c’est inévitable : tel est leur rôle contre-révolutionnaire.

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« Révolution permanente » fonde son parti : la situation internationale (3)

Un troisième aspect du projet : la situation internationale.

De par le titre du document de préparation de fondation du nouveau parti, La guerre en Ukraine et l’accélération des tendances aux crises, guerres et révolutions, on s’attend à ce que « Révolution permanente » pose les choses stratégiquement au niveau des rapports internationaux.

Ce n’est pas le cas, ce qui avait déjà été analysé ici (Guerre en Ukraine: l’absence d’autocritique de « Révolution permanente »). En effet, la guerre n’est jamais conçue comme inéluctable, mais toujours seulement comme un chemin possible, plus exactement comme une péripétie.

La présentation du document est la suivante :

« La guerre en Ukraine a exacerbé les tensions géopolitiques entre les principaux pôles du système mondial, tout en ouvrant la perspective d’une grave crise économique. Des éléments qui accélèrent les tensions et la crise des régimes et laissent présager de nouvelles explosions de la lutte des classes. »

C’est l’inverse qu’il eut fallu dire. Il n’aurait pas fallu dire :

« La guerre en Ukraine a exacerbé les tensions géopolitiques entre les principaux pôles du système mondial, tout en ouvrant la perspective d’une grave crise économique. »

Mais :

« Une grave crise économique ouvre la perspective de tensions géopolitiques entre les principaux pôles du système mondial, qui a exacerbé la guerre en Ukraine. »

Pareillement, il n’aurait pas fallu dire :

« Des éléments qui accélèrent les tensions et la crise des régimes et laissent présager de nouvelles explosions de la lutte des classes. »

Mais :

« De nouvelles explosions de la lutte des classes laissent présager la crise des régimes et les tensions qui accélèrent les éléments [mentionnés]. »

A voir une telle introduction, qui renverse la réalité, on comprend la nature du document, qui est une simple analyse « géopolitique ».

Le coeur de l’économie politique proposée c’est de dire que la situation est mauvaise :

« Plus la base matérielle deviendra restreinte, plus la lutte entre les classes et les groupements différents pour le partage des revenus nationaux sera acharnée. »

Et d’ensuite d’expliquer que par conséquent des choses vont se passer, et d’essayer de les deviner au moyen d’évaluations « géopolitiques ». Il y a ainsi des lignes et des lignes sur la situation des fronts militaires dans le conflit en Ukraine, sur ce que fait telle puissance, ce que fait telle autre puissance, etc.

Ces analyses « géopolitiques » sont le plus souvent fausses d’ailleurs : il est expliqué que la superpuissance américaine ne veut pas une défaite complète de la Russie et essaierait même par conséquent de calmer le régime ukrainien ! Mais comment peut-on dire une chose pareille ?

Il en découle, forcément, qu’est alors dénoncé la thèse comme quoi nous assistons à la troisième guerre mondiale, thèse défendue sur agauche.org.

« Révolution permanente » dit ainsi :

« La dynamique de la guerre en Ukraine, et en particulier les premières difficultés de l’armée russe, ont conduit les États-Unis à la percevoir comme une opportunité stratégique d’affaiblir la Russie, de mettre l’UE sous leur commandement en revitalisant l’OTAN, et de se positionner dans le conflit avec la Chine en alignant ses alliés dans cette lutte pour l’hégémonie.

C’est pourquoi, bien que du point de vue de l’action militaire, il soit resté strictement limité au territoire ukrainien (c’est-à-dire que nous ne sommes pas confrontés à une « troisième guerre mondiale » comme certains le disent), il s’agit d’un conflit de dimension internationale. »

On lit également :

« La guerre entre l’Ukraine et la Russie a accéléré la dislocation de ce qui restait de l’ordre mondial jusqu’au début de cette année. Toutefois, nous ne sommes pas encore entrés dans la troisième guerre mondiale, qui ne se produirait que si les grandes puissances, telles que les États-Unis, la Chine et la Russie, s’affrontaient ouvertement. »

C’est là une analyse formelle et fausse. Croire que la troisième guerre mondiale commence quand les protagonistes déclarent la guerre officiellement, c’est en rester à la forme et rejeter le fond, c’est ne rien comprendre au marxisme.

Affirmer que la guerre en Ukraine est un « conflit de dimension internationale » est une stupidité qui découle d’une telle approche.

Et que propose par conséquent « Révolution permanente » ? Eh bien puisque l’enjeu n’est pas la guerre mondiale, ce sont les revendications sociales : il faut faire mieux que les néo-réformistes.

« Révolution permanente » s’imagine ainsi révolutionnaire, alors que c’est une variante du néo-réformisme, comme en témoigne son incompréhension des enjeux historiques.

Cela se lit avec ce point mis en avant, qui est une citation de propos de Claudia Cinatti lors de la discussion internationale du 19e congrès du Parti des Travailleurs Socialistes d’Argentine :

« Depuis la crise capitaliste de 2008, il y a eu deux grandes vagues de lutte de classe, qui se sont étendues au niveau international avec des inégalités. La première, en réponse directe aux effets de la Grande Récession, a connu son point culminant avec le Printemps arabe, une rébellion généralisée contre les dictatures arabes pro-américaines, déclenchée par rien de moins que la hausse du prix du pain.

Cette vague a trouvé son expression en Europe avec le mouvement des Indignados en Espagne et les dizaines de grèves générales en Grèce, capitalisées surtout par les organisations néo-réformistes comme Podemos et Syriza.

La deuxième vague a commencé en France en 2018 avec la mobilisation des gilets jaunes contre la hausse des carburants, qui s’est transformée en une rébellion majeure contre le gouvernement Macron.

Cette vague a atteint l’Amérique latine avec le soulèvement en Équateur (contre la hausse du prix des carburants ordonnée par le FMI), les protestations et grèves nationales en Colombie et la révolte au Chili en octobre 2019, qui aurait pu ouvrir la voie à la révolution mais n’a pas dépassé le caractère de révolte, canalisée par la Constituante puis par le gouvernement Boric.

Cette vague s’est interrompue à cause de la pandémie de coronavirus, mais après les premiers confinements, la lutte des classes est revenue en force, aux États-Unis notamment, avec le déclenchement du mouvement Black Lives Matter, un processus de mobilisations en réponse au meurtre de George Floyd, un Afro-américain tué par la police, auquel plus de 25 millions de personnes ont participé.

Dans le contexte d’inégalité et de précarité croissantes aggravé par la pandémie, l’inflation – qui touche surtout les prix des aliments et des carburants – agit comme un déclencheur de conflits sociaux et politiques.

Nous voyons ainsi déjà les premières réponses ouvrières et populaires à cette nouvelle situation. Elles vont de luttes pour les salaires chez des secteurs de la classe ouvrière organisée à des révoltes et des soulèvements. »

Les gilets jaunes, première expression d’une vague révolutionnaire mondiale, qui aurait réussi « une rébellion majeure contre le gouvernement Macron?

Quel fantasme ! Voilà où mène le rejet de la compréhension réelle de la situation mondiale, qui est celle de la bataille pour le repartage du monde.

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Scission d’un NPA qui se brise sur la crise

Il n’a pas compris que le monde avait changé.

Le monde a totalement changé en 2020 avec la pandémie, et il continue de changer à grande vitesse. Le capitalisme continue sa vie sous perfusion, alors qu’on se précipite dans la 3e guerre mondiale. Tout s’accélère, à tous les niveaux, et en même temps tout stagne.

Il faut beaucoup de finesse et d’outils afin d’être en mesure d’appréhender cela, et le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) fondé en 2009 n’a rien de tout ça. La raison est simple : c’est une structure à vocation purement militante, dont le mot d’ordre est vogue la galère. On milite et puis on voit.

Le résultat est une convergence permanente avec le secteurs du capitalisme permettant le plus une remise en cause du conservatisme, ce que nous appelons sur agauche.org le turbocapitalisme. Autrement dit, à l’instar des Démocrates aux États-Unis, le NPA surfe sur les nouveautés « subversives » du type LGBT ou les migrants, alors que ce sont juste des espaces nouveaux pour le marché capitaliste.

Pour que ça tienne, il ne faut surtout pas penser, le NPA est donc obligé de tout le temps surenchérir dans le populisme anticapitaliste et de pratiquer du militantisme en mode fuite en avant. Cela produit une hystérie interne ininterrompue.

Cette situation du NPA a produit un psychodrame lors de son congrès des 9, 10 et 11 décembre 2022 à la Bourse du travail de Saint-Denis. 210 délégués y représentaient 1466 votants, pour un peu plus de 2000 militants revendiqués. Le rapport des forces donnait la chose suivante :

Plate-forme A6,21 %91 voix – 13 délégués
Plate-forme B48,50 %711 voix – 102 délégués
Plate-forme C45,29 %664 voix – 95 délégués

La plate-forme A revendiquait le maintien de l’unité du NPA. La plate-forme B rassemblait la direction historique issue de la Ligue Communiste Révolutionnaire qui a donné naissance au NPA.

La plate-forme C est en opposition à cette direction historique. Elle l’accuse de vouloir être, dans l’espoir d’apparaître comme un pôle radical étant la véritable solution, absolument de la partie auprès de la NUPES, de Jean-Luc Mélenchon, des socialistes. La plate-forme C veut faire la même chose mais totalement en dehors de la Gauche gouvernementale.

Cette situation était particulièrement désagréable humainement parlant, puisqu’on parle de gens qui « militent » et qui n’ont aucun recul, et ne veulent pas en avoir. Cela a donc terminé en mépris, haine, rancoeur, etc., sans que personne ne l’emporte réellement de par le rapport de force à 50/50.

C’est ce qui a provoqué le départ du congrès de la Plate-forme B, pour continuer toute seule le NPA dans un contexte considéré comme celui de fortes mobilisations sociales.

Elle espère pour cela profiter d’une continuité formelle, puisqu’elle profite de l’ensemble des porte-paroles du mouvement : Philippe Poutou, Olivier Besancenot, Christine Poupin et Pauline Salingue. On parle là de gens liés à la LCR : Christine Poupin y a adhéré en 1980, Olivier Besancenot en 1991, Philippe Poutou en 2000, Pauline Salingue adhère aux jeunes de la LCR en 2001 avec ses deux parents à la LCR.

La plate-forme C dit exactement la même chose : elle aussi entend continuer toute seule le NPA dans un contexte considéré comme celui de fortes mobilisations sociales.

Tout cela n’a guère de sens, mais pour ces gens il n’y a pas besoin d’en avoir. On n’a pas affaire à une Gauche programmatique, mais à des réseaux militants qui se la jouent révolutionnaires en apparence alors que leurs activités sont toujours finalement syndicales ou associatives. C’est on ne peut plus urbain, jeune, petit-bourgeois ou bourgeois, avec toujours un pied dans le monde universitaire, du côté des étudiants comme des chercheurs et professeurs.

C’est la vaine agitation gaspillant les énergies, avec une démarche très facile à caricaturer pour l’extrême-Droite. C’est un exemple à ne pas suivre!

Et cela s’effondre forcément sur les écueils de la crise. La crise du capitalisme ouverte en 2020 exerce une pression terrible, sur tous les plans, sur tout le monde. Il y a ceux qui savent y faire face, d’une manière ou d’une autre, et ceux qui sont mis de côté, d’une manière ou d’une autre.

Le NPA n’a pas été à la hauteur ici, au point de ne même pas avoir vu la crise, de s’imaginer que tout est comme avant ! Le résultat est le ratatinement – on ne peut même pas parler d’effondrement, là cela aurait eu au moins sa part de dignité.

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« Révolution permanente » fonde son parti : la situation française (2)

Un second aspect du projet : la situation de la France.

Le groupe « Révolution permanente » annonce la formation d’un nouveau parti fin décembre 2022. Il justifie cela par la nécessité de rassembler la contestation révolutionnaire. Que dit le document sur la France au sujet de la situation présente?

On trouve un panorama de la France qui est, de prime abord, le même que présenté sur agauche.org, et même lire ce que dit « Révolution permanente » prête à sourire. La France serait une puissance déclinante, en perte de vitesse, débordée par l’Allemagne, frappée par la crise.

Sa situation va être celle de l’instabilité, plus rien n’est même de son ressort, elle est dépassée par les événements.

Tout cela est vrai. C’est résumé ainsi :

« Comme le reste de l’Europe, la France est frappée par la crise économique et l’aiguisement des tensions entre puissances dans le cadre de la guerre en Ukraine. Cette situation vient aggraver des éléments de déclin de sa puissance.

C’est le cas notamment de sa position en Europe, qui subit le contrecoup du basculement allemand vers une politique de plus en plus unilatérale. Ce changement de stratégie a été symbolisé par le choix de l’Allemagne d’initier une remilitarisation de son pays.

Non seulement ce renforcement de l’Allemagne sur le terrain politique international vient remettre en cause la position française de leader européen sur le terrain militaire, mais elle affaiblit le couple franco-allemand qui était un point d’appui essentiel pour l’influence française en Europe. »

Très bien, bravo ! Sauf que cette explication est abandonnée au bout de quelques paragraphes. Ce qu’on trouve après pendant des lignes qui n’en finissent pas, cest une dénonciation d’Emmanuel Macron et du « macronisme ».

Tout ça pour ça ?!

C’est assez typique des gens qui nous lisent et que nous influençons, directement ou indirectement. Ils prennent les grandes idées. Seulement, ils n’ont pas le niveau pour les assumer, alors ils agissent en contrebandiers.

On passe ainsi d’un haut niveau de perspective à des propositions d’un niveau faible, associatif, syndicaliste.

Ici, on passe d’une lecture historique-stratégique d’une France en déclin à un catalogue de luttes sociales qui depuis plusieurs années formeraient soit-disant une formidable actualité révolutionnaire, avec toujours les « gilets jaunes » en centre de mire.

C’est totalement incohérent. On passe de la notion de crise comme générale, complète, absolue même si on veut… à un combativité présentée comme « révolutionnaire » alors qu’elle est néo-réformiste.

Autrement dit, si l’on veut caricaturer, le texte commence en disant de manière succincte que c’est la fin du monde et que les carottes sont cuites pour la France, pour ensuite tartiner pendant des pages qu’il faut concurrencer la NUPES, la gauche gouvernementale en général.

C’est typique : au lieu de voir une crise historique, une crise du mode de production capitaliste, le néo-réformisme se tourner vers la crise gouvernementale, ou bien de régime.

Voici ce qui est proposé comme solution par « Révolution permanente » :

Une orientation qui défende un programme offensif pour refuser de payer la crise, mais qui ne se limite pas au terrain économique.

Contre l’offensive autoritaire et le durcissement du régime, utilisé pour attaquer nos droits, il faut exiger d’en finir avec la Vème République et ses dispositifs d’exception et défendre un programme démocratique radical, à commencer par la suppression de l’institution présidentielle, du Sénat et la création d’une chambre unique concentrant les pouvoirs législatifs et exécutifs dont les membres seraient élus pour deux ans et révocables.

Dans une période de crise où les attaques pleuvent contre les personnes minorisées, le mouvement ouvrier doit également reprendre haut et fort les revendications de celles et ceux qui luttent contre les oppressions, en s’alliant avec les mouvements anti-racistes, féministes, LGBT ainsi qu’avec la jeunesse, organisée dans le mouvement étudiant ou le mouvement écologiste.

Ces mouvements, au sein desquels des ailes radicales se détachent, reprenant à leur compte la question de la « grève » appliquée à leurs luttes, ont joué et continueront à jouer un rôle important dans l’opposition au gouvernement. Porter en leur sein une politique pro-ouvrière mais aussi révolutionnaire sera décisif. »

C’est là typique du néo-réformisme : il est parlé de crise d’ampleur, et la solution serait de modifier le régime en s’appuyant sur des contestations sociale. Et tout cela est présenté comme révolutionnaire… Quelle escroquerie, si caractéristique d’une lecture petite-bourgeoise du monde!

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« Révolution permanente » fonde son parti : l’organisation (1)

Un premier aspect du projet : la forme de la structure.

Issu du Nouveau Parti Anticapitaliste (dans lequel on trouve notamment Olivier Besancenot et Philippe Poutou) dans lequel il était une tendance, le groupe « Révolution permanente » annonce la formation d’un nouveau parti fin décembre 2022.

Des comités, rassemblant 400 personnes, se sont montés à ce sujet, débattant de trois textes :

Il est important de se confronter à ces documents, car il s’agit là d’une proposition stratégique pour la révolution en France. Soit c’est juste d’une manière ou d’une autre et il faut soutenir cela d’une manière ou d’une autre, soit c’est erroné et alors il faut le critiquer d’une manière ou d’une autre.

Cela dépend de ce qui est principal et il faut juger sur pièces, même si naturellement le nouveau parti fera immanquablement partie de la « Fraction trotskyste – Quatrième Internationale (FT-QI) », un regroupement international dont la principale base est en Argentine.

Que dit « Révolution permanente »? Que le nouveau parti est un facteur de recomposition à l’extrême-gauche :

« Dans un contexte de reflux de ce courant et de crise et marginalité des principales organisations de l’extrême-gauche, poser aujourd’hui la nécessité d’une refondation de la gauche révolutionnaire est décisif. Celle-ci doit offrir aux nouvelles générations militantes qui se politisent et se radicalisent un cadre politique et organisationnel, et permettre d’engager un renforcement substantiel des révolutionnaires et de leur capacité à influer sur les évènements à venir. »

Est-ce juste? Non, ça ne l’est pas. Ce qu’on a d’ici exposé, c’est la conception d’ultra-gauche opposée à la Gauche historique. Au lieu de mettre en avant les idées, la conscience politique, on met en avant le spontanéisme et l’actionnisme.

C’est une ligne capitularde sur le plan du combat des idées, au nom de pouvoir « influer sur les événements » à tout prix.

Comment « Révolution permanente » conçoit-il la crise? Il est expliqué que :

Depuis 2016, un nouveau cycle de lutte des classes s’est ouvert en France. Celui-ci a vu s’enchaîner des mobilisations de quasiment tous les secteurs des travailleurs, mais de façon dispersée et désynchronisée : les grands bastions du privé et la jeunesse en 2016, les cheminots et la fonction publique en 2018, les secteurs paupérisés de la France périurbaine avec les gilets jaunes, les travailleurs des transports principalement en 2019 pour les retraites, de nombreuses entreprises du privé dans le cadre de luttes contre les licenciements et pour les salaires à partir de la fin du premier confinement en 2020. Des mobilisations ouvrières auxquelles il faut ajouter les dynamiques de la jeunesse, lycéenne et étudiante, mobilisée dans ses lieux d’étude et dans la rue pour le climat, contre les violences sexistes, pour les droits LGBT ou contre le racisme et les violences policières.

2016 a marqué un saut dans la crise organique en France, avec l’enchaînement par le gouvernement Hollande-Valls d’une offensive liberticide sans précédents à la suite des attentats de 2015 et d’une réforme pro-patronale du code du travail qui a entraîné un mouvement interprofessionnel puissant

Il est totalement absurde de voir en l’année 2016 un tournant de quoi ce soit. C’est là attribuer à des contestations petites-bourgeoises comme « Nuit debout », les LGBTQ, les « post-coloniaux » ou ensuite les « gilets jaunes » une valeur révolutionnaire subjective, alors qu’en réalité c’est 2020 qui ouvre objectivement la période de la crise fondamentale du capitalisme.

Quelle forme d’organisation prône « Révolution permanente »? Cela n’est pas clair du point de vue français. Il est dit :

« Il est évident qu’une forme de centralisation est indispensable. C’est pourquoi la nouvelle organisation se dotera d’une direction politique, élue par le congrès selon les règles établies dans la charte statutaire.

Cette centralisation n’est cependant pas contradictoire avec la plus large démocratie interne, avec la possibilité pour chaque militant de contester l’orientation proposée par la direction et de chercher à convaincre l’organisation, à condition, bien entendu, de ne pas faire obstacle à la mise en œuvre de l’orientation une fois que celle-ci a été adoptée par une majorité de militants. »

On aurait pu commencer directement par là. En effet, le nouveau parti, avec une telle démarche, ne peut pas exister en France. En Argentine, peut-être, mais en France ce n’est même pas la peine d’y compter.

Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas le droit de tendance.

Non pas que le droit de tendance soit une bonne chose, bien au contraire. Mais il n’existe que trois courants pouvant assumer l’absence de droit de tendance, et « révolution permanente » n’en fait pas partie.

Les socialistes français et l’ensemble du courant trotskiste qui, dans les faits, se rattache à cette tradition « socialiste français », considèrent le droit de tendance comme absolument sacré.

Partant de là aucun parti ne peut se monter en France du côté socialiste ou trotskiste sans droit de tendance. C’est impossible en raison du poids des traditions et de la vision du monde.

Il y a des courants anti-droit de tendance, mais ils relèvent inversement de la tradition communiste, au sens le plus large.

En fait, on ne trouve pas non plus de droit de tendance dans la social-démocratie historique. Il n’y a jamais eu de droit de tendance dans la social-démocratie allemande, autrichienne, tchèque etc. avant 1914, et même après dans la social-démocratie devenue réformiste, ce droit de tendance n’a pas existé, et ce jusqu’à aujourd’hui. Mais en France il n’y a jamais eu de social-démocratie, seulement un « socialisme français » né du rassemblement assumé des tendances différentes en 1905.

Pour ces raisons historiques, on ne trouvera pas de droit de tendance du côté de la tradition communiste :

  • dans les mouvements liés au PCF des années 1980, parce ce qui compte c’est la « tradition » (PRCF, PCRF) ;
  • dans le maoïsme avec le PCF(mlm) au nom de la centralité de l’idéologie produisant une ligne rouge (et une seule) ;
  • dans le courant dit pro-albanais qui se pose comme constructif, unificateur, anti-idéologique, anti-sectaire (PCOF, Unité communiste ou encore les restes du « PC maoïste » fondé par un renégat du maoïsme passé au PCOF et inventant ensuite un maoïsme « albanais »).

« Révolution permanente », au-delà des erreurs subjectives de fonder un mouvement rassembleur de la « nouvelle » contestation, fait face ici à un obstacle insurmontable. De par sa base sociale, petite-bourgeoise dans l’esprit et pour la plupart y compris dans le fond, le « démocratisme » en son sein prédomine, et le droit de tendance est incontournable.

Il n’est ainsi pas possible de monter en France un parti centralisé à partir d’un tel matériau humain.

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Pour Lutte ouvrière, « Révolution permanente » et le PRCF, la Russie n’est pas « impérialiste »

Qu’est-elle alors, juste « méchante »?

Il est tout de même fou qu’en 2022, les principaux nostalgiques de l’URSS des années 1980 ne reconnaissent toujours pas qu’en Russie il existe un capitalisme exacerbé, une bourgeoisie élitiste de type d’ailleurs oligarchique. Même sans aller en Russie, il suffit de faire un petit voyage à Paris dans les quartiers des magasins de luxe ou bien d’aller dans les coins chics sur la côte d’Azur…

Au-delà de nostalgie, il y a aussi l’hypocrisie de ne pas vouloir remettre sa propre idéologie en cause. L’URSS étant bien, elle ne peut pas fondamentalement mal tourner. Il reste toujours un petit quelque chose…

Le Pôle de Renaissance Communiste en France est ainsi le principal courant historique oppositionnel au PCF des années 1990 : il est en fait fidèle au PCF des années 1960, avec son pro-soviétisme exacerbé. Lutte ouvrière est par contre fondé sur le trotskisme, et comme pour Trotski l’URSS était un « État ouvrier dégénéré », il faut maintenir coûte que coûte cette position.

Il est intéressant de noter ici que tant le PRCF que Lutte ouvrière disent qu’ils ont d’autant plus raison qu’eux, au moins, ne s’alignent pas sur l’Otan. Ce n’est pas vrai.

Sur la forme, c’est vrai. Mais vous chercheriez en vain tant chez l’un que chez l’autre une dénonciation régulière et systématique de l’Otan. Une telle chose ne se trouve que sur agauche.org.

Le PRCF et Lutte ouvrière parlent rarement de la guerre en Ukraine et de l’Otan, ils ne le font que de loin en loin, de manière symbolique, pour simplement dire : sur tel thème, notre position c’est ça. Mais cela s’arrête là. C’est totalement noyé par de multiples autres considérations, principalement syndicales pour ne pas dire syndicalistes.

Cela se lit d’ailleurs tout à fait dans le symbolisme intellectuel de leurs positions. Voici ce que dit le PRCF en date du 4 déccembre 2022.

Pour résumer cela donne : on s’en moque de ce qu’est la Russie, ce n’est pas important, le seul impérialisme est occidental. C’est là clairement converger avec la Russie !

Pour se dédouaner le PRCF dit alors qu’il ne sympathise pas avec le régime russe… qui serait « bonapartiste ». Ce qui revient à faire comme Trotski qui voyait pareillement l’URSS comme bonapartiste, mais à soutenir quand même… Le PRCF fait du Trotski cent ans après avec la Russie capitaliste et son oligarchie ! C’est abracadabrant.

« 1°) il nous semblerait erroné, face à la guerre mondiale qui menace, de renvoyer dos à dos, d’une part, l’impérialisme euro-atlantique et ses épigones, l’impérialisme allemand en plein réarmement et rêvant de revanche sur Stalingrad, mais aussi l’impérialisme français d’autant plus agressif qu’il perd pied dans son ex-pré-carré africain, et d’autre part, la Fédération de Russie et la République populaire de Chine qui, aussi bien sur leurs marches respectives du Donbass ouvrier qu’à Taiwan, Hongkong, au Tibet et au Sinkiang, sont menacées d’un repartage de type néocolonial.

Redisons que l’impérialisme transatlantique veut prévenir par la guerre son affaiblissement structurel face, non seulement aux BRICS, qui composent  la presque majorité de l’humanité, mais à l’Afrique, à l’Indonésie, à l’Inde, à l’Amérique latine, aux masses dites arabo-musulmanes du grand Arc méditerranéen dont la Palestine est le point focal, à ces 7 milliards d’humains trop longtemps humiliés qui ne supporteront pas éternellement l’arrogance des maîtres anglo-saxons et euro-atlantistes, de leurs « valeurs » boursières et de leur domination étouffante sur tous les plans, financier, monétaire, militaire, technologique, musical et même linguistique. 

La question n’est du reste pas seulement de savoir s’il existe un impérialisme russe, car existât-il que cela ne règlerait pas en soi la question de savoir qui est l’instigateur n°1 de l’oppression du Donbass et de la guerre en Ukraine.

Déjà au VIIème Congrès de l’I.C., Georges Dimitrov notait qu’il ne suffisait pas que l’Angleterre, la France et l’Allemagne hitlérienne fussent toutes les trois des Etats impérialistes pour qu’on pût les renvoyer dos à dos avec l’Allemagne comme il était très juste de le faire en 1914: le Komintern déclara avec justesse que, dans le conflit qui approchait, le Troisième Reich revanchard serait le fauteur de guerre principal et qu’il convenait donc de décliner nationalement et internationalement contre lui une ligne clairement antifasciste que corrobora pleinement la suite des évènements. 

De plus, quand bien même on déclarerait impérialiste la Russie actuelle, cela ne changerait rien en pratique au devoir des communistes occidentaux, notamment français pour ce qui nous concerne: il reste de combattre prioritairement l’impérialisme occidental dont le régime macronien est un rouage subalterne, en rappelant le mot de Liebknecht « l’ennemi principal est dans ton pays ».

C’est d’autant plus vrai que dans la dynamique du conflit qui oppose l’UE-OTAN alliée au régime pronazi de Kiev à l’Etat russe soutenu par le Donbass ouvrier et par la majorité écrasante des communistes russes, les euro-atlantistes amis de Zielensky sont amenés à prendre appui symboliquement sur le souvenir horrifique du génocideur  Bandera. A l’inverse, leurs ennemis, y compris Poutine à son corps défendant, sont forcés de laisser remettre en place des statues de Lénine et d’exploiter, si inconséquemment que ce soit, la symbolique rouge de la Grande Guerre patriotique. Mais c’est là LEUR contradiction, et non pas la nôtre !

2°) Ce constat que l’euro-atlantisme allié aux néonazis est l’ennemi principal de la paix n’implique de notre part aucun alignement politico-idéologique sur le régime bonapartiste et contre-révolutionnaire de Poutine. 

Non seulement en Russie même le PRCF n’est pas solidaire de Poutine, non seulement il apporte un modeste soutien humanitaire et politique concret aux ouvriers communistes du Donbass, mais notre camarade, le philosophe Georges Gastaud, a  publiquement interpellé Poutine sur ses attaques contre Lénine, qualifié de traitre à la Russie, contre le droit à l’existence d’une Ukraine soviétique disposant du droit à l’autodétermination.

Tant il est évident que ces tirades anticommunistes et, sur le fond, antisoviétiques, sont le pire moyen pour fédérer le patriotisme russe, pour détacher de Zelensky les éléments ukrainiens non fascistes, pour faire revivre le grand élan à la fois patriotique et communiste de la guerre patriotique symbolisée par le drapeau rouge orné des « outils ».

Combien la résistance à l’hégémonisme étatsunien serait-elle renforcée si ces forces, au lieu de dénigrer Lénine, le fédéralisme soviétique et les communistes, se référaient, non pas au « monde russe » et à la Sainte Eglise orthodoxe russe, mais à la libre Union des quinze Républiques soeurs luttant ensemble, sous l’autorité du prolétariat, contre l’envahisseur nazi et pour l’idéal internationaliste du communisme! »

Le PRCF c’est vraiment la nostalgie des défilés des tanks et des bombes atomiques sur la place Rouge à Moscou dans les années 1980. Quand on lit leurs éloges de l’URSS, on a l’impression de voir un vieux pro- napoléonien admirer un empire qui a enfin réussi avec l’URSS, et qui en a la nostalgie. C’est si français !

Ce que dit Lutte ouvrière est relativement similaire, mais au moins c’est du trotskisme traditionnel. Sa position a été répétée plusieurs fois déjà, mais en novembre 2022 elle a été rééditée en large à l’occasion d’une dénonciation d’une autre tendance du trotskisme (l’ex-Secrétariat unifié, auquel appartient le NPA, qui effectivement s’aligne carrément sur l’Otan, à l’instar d’Ensemble! en France d’ailleurs membre de cette tendance trotskiste internationale).

Depuis l’effondrement de l’URSS, Lutte ouvrière considère que la Russie n’est pas capitaliste au sens strict, encore moins impérialiste, qu’il y a encore des acquis socialistes.

« Le SU [l’ex-Secrétariat unifié], à l’époque où il reprenait au moins formellement l’analyse de l’URSS stalinienne faite par Trotsky, définissait à juste titre ce régime comme un État ouvrier dégénéré.

Maintenant, il décrit la Russie comme un régime capitaliste et impérialiste. Pourtant, nulle part à notre connaissance il n’a pris la peine d’expliquer de façon convaincante comment, d’une URSS qui venait d’éclater et dont l’économie se trouvait en ruine, aurait pu surgir un État capitaliste développé, impérialiste au sens où les marxistes l’entendent.

Il y a plus d’un siècle, quand Lénine a caractérisé l’impérialisme comme le stade suprême du capitalisme, il se fondait sur l’analyse des transformations survenues au sein du capitalisme et du nouveau mode de domination mondiale qui en résultait, en liaison avec l’exportation de capitaux dont les bourgeoisies des pays les plus riches ne trouvaient plus à tirer assez de profit à domicile.

La société et l’économie russes actuelles ne sont pas les produits de l’évolution organique du capitalisme parvenu au stade impérialiste. Certes, la Russie « investit » dans l’espace ex-soviétique, et surtout là.

Car elle y est poussée par des motifs d’abord politiques, et non par les impératifs de la reproduction élargie du capital, comme les pays impérialistes d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord.

Et cela se vérifie de bien des façons. Ainsi, depuis qu’il est parvenu au sommet de l’État russe, Poutine déplore, périodiquement et en vain, la fuite des capitaux organisée par les nantis russes. À tel point que, pour moderniser son économie, la Russie dépend du bon vouloir intéressé des trusts occidentaux.

Résultat : ce pays de 150 millions d’habitants, qui a hérité une certaine base économique de l’URSS, a un PIB voisin de celui de l’Espagne, trois à quatre fois moins peuplée. Résultat plus inquiétant dans la guerre du Kremlin en Ukraine : la Russie, reléguée au rang de pourvoyeuse de matières premières dans la division mondiale du travail, dépend en partie de firmes occidentales pour se procurer des composants indispensables à son industrie d’armement. »

Le groupe « Révolution permanente dit exactement la même chose :

« L’invasion de l’Ukraine par la Russie a un caractère profondément réactionnaire. Il s’agit d’une action typique de l’« impérialisme militaire » même si, en raison de l’ampleur de son économie et de son rôle dans le système mondial, la Russie n’est pas une puissance impérialiste.

Cette invasion et cette guerre s’inscrivent dans le contexte géopolitique et historique d’une politique étatsunienne hostile à l’égard de la Russie, qui s’exprime par l’expansion de l’OTAN vers l’est, et en particulier par la relation établie entre les États-Unis (et l’UE) et l’Ukraine après le soulèvement de Maïdan en 2014, sans laquelle elle ne peut être comprise. »

Un « impérialisme militaire » qui n’a pas comme base un impérialisme… Il fallait oser.

Comme on le voit, tant pour le PRCF que Lutte ouvrière et « Révolution permanente », la Russie n’est pas « impérialiste », voire même pas « capitaliste ». Elle est une sorte de bureaucratie usurpant… la grande URSS, qu’on appelle à revenir de ses voeux.

C’est là une drogue idéologique, car en 2022 rien de cela ne colle à la réalité. Sans compter que cela converge totalement avec le discours de la Russie de Vladimir Poutine.

Si encore le PRCF et Lutte ouvrière dénonçaient l’Otan, à la limite ce serait compréhensible ou du moins secondaire, ce serait une illusion politique. Mais ils ne le font que symboliquement et une fois de temps en temps. Cela fait partie du discours, mais ce n’est pas politique.

Cela montre qu’en France en ce moment, il y a ceux passés dans le camp de l’Otan d’une manière ou d’une autre (l’ensemble de la gauche électorale-gouvernementale ainsi que les anarchistes), et d’autres qui ne veulent pas mais s’arrêtent là, restant à une position symbolique.

Et il y a aussi – surtout ! – la ligne juste d’agauche.org qui fait de la question de la guerre mondiale l’aspect principal, laissant les autres à leur misérabilisme syndicaliste et leurs intérêts démesurés pour des questions secondaires sans importance historique.

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Visite d’Emmanuel Macron aux États-Unis: la France fait allégeance

La soumission française est assumée.

La France ne pèse plus grand-chose sur la scène internationale et dans le capitalisme mondial. Elle est maintenant ouvertement une puissance secondaire, reléguée au rôle de subalterne de la superpuissance américaine dans son affrontement au bloc rival formé par la Chine.

Telle est la signification de la visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis du 29 novembre au 2 décembre 2022. Malgré ses faiblesses, la France parvient toutefois à se maintenir relativement pour trois raisons : elle représente un marché de consommateurs important, elle possède une armée relativement moderne et dotée de l’arme nucléaire et enfin elle dispose d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

Cela fait qu’elle reste incontournable pour les États-Unis, bien que le rapport soit entièrement déséquilibré. Ce qui prime, c’est que les États-Unis font ce qu’ils veulent et donnent le la sur tous les sujets, militaires, diplomatiques, économiques, etc.

On sait très bien par exemple que sur la question du gaz, ils ont littéralement planté un couteau dans le dos des Européens en faisant en sorte qu’ils soient coupés du gaz russe puis en leurs vendant du gaz à des prix exorbitants.

Pareillement, dans le contexte mondial de crise économique, la superpuissance américaine déploie un immense plan de renforcement de son propre capitalisme face à la concurrence mondiale, intitulé « Inflation Reduction Act » (IRA). On parle là de près de 400 milliards d’argent public pour les entreprises américaines, ce qui déséquilibre totalement la concurrence avec les autres capitalismes, notamment européens, alors qu’ils sont censés êtres alliés.

Emmanuel Macron l’a regretté, notamment auprès de parlementaires américains à qui il a demandé… d’être « respecté comme un bon ami », déplorant le fait que personne ne l’ait contacté quand l’IRA était en discussion. Il a ensuite clairement dit lors d’une interview à la télévision américaine que les États-Unis et l’Union européenne ne sont « pas sur un pied d’égalité » en raison de ces subventions.

Mais qu’a obtenu Emmanuel Macron à ce sujet, après trois jours de visite et de congratulations mutuelles ? Absolument rien, car la France ne fait pas du tout le poids. La seule chose qui compte pour les États-Unis est que la France reste, en tous cas pour l’instant, un marché de consommateurs stable et surtout un partenaire militaire fidèle et docile.

A ce compte-là, Emmanuel Macron a entièrement rempli sa mission, en faisant totalement allégeance aux intérêts de la superpuissance américaine dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.

Renforcement militaire, soumission à l’armée américaine et alignement diplomatique totale sur la superpuissance américaine… Tel est le programme d’Emmanuel Macron pour la France. Voici un long extrait du communiqué commun du Président de la République française et du Président des États-Unis d’Amérique du 1er décembre 2022, qui exprime cette perspective de manière très claire et précise.

C’est un document incontournable, posant les bases de l’engagement militaire de la France auprès des États-Unis dans la 3e guerre mondiale.

« Les deux présidents sont déterminés à continuer d’œuvrer sans relâche pour une Europe unie, libre et en paix. Cela implique de continuer d’assurer la défense et la sécurité collectives de nos nations, notamment par l’intermédiaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de recourir à une approche plus robuste, plus intégrée et plus cohérente pour renforcer la résilience, au niveau national et collectif, face aux menaces militaires et non-militaires qui pèsent sur notre sécurité, et de promouvoir la stabilité internationale pour répondre à l’ensemble des menaces actuelles.

Les deux présidents reconnaissent également l’importance d’une défense européenne plus forte et plus opérationnelle, qui contribue positivement à la sécurité transatlantique et mondiale et qui est complémentaire et interopérable avec l’OTAN.

Les missions et opérations sous conduite européenne, notamment en Bosnie et les actions de formation en soutien à l’Ukraine, contribuent de manière positive à la sécurité transatlantique.

Les deux présidents saluent la relation entre la France et les États-Unis dans le domaine de la défense et se félicitent de la déclaration d’intention signée le 30 novembre 2022 entre le ministre français des Armées et le secrétaire américain à la Défense, qui permettra de renforcer l’interopérabilité et la coopération dans les domaines de l’espace, du cyberespace, du renseignement et de la lutte contre les influences malveillantes.

Les deux présidents ont l’intention d’étendre la coopération en matière de défense dans les domaines des capacités avancées et des technologies essentielles qui joueront à l’avenir un rôle critique pour la dissuasion et la défense.

Ils se félicitent des avancées du dialogue stratégique franco-américain en matière de commerce militaire pour promouvoir des approches communes des questions liées à l’accès aux marchés et aux exportations militaires. La France et les États-Unis entendent poursuivre leur coopération pour améliorer l’efficience des procédures d’autorisation d’exportation dans le domaine de la défense, afin de développer des bases industrielles de défense plus solides et plus interopérables en Europe et aux États-Unis, pour améliorer les capacités militaires dans l’intérêt de l’Alliance.

Ukraine

Les deux présidents condamnent fermement la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, et ils soulignent que cibler intentionnellement des civils et des infrastructures civiles constitue des crimes de guerre et que leurs auteurs doivent répondre de leurs actes.

Ils condamnent et rejettent également la tentative illégale d’annexion par la Russie de territoires ukrainiens souverains, en violation flagrante du droit international. La France et les États-Unis déplorent l’escalade délibérée de la Russie, notamment son discours irresponsable en matière nucléaire et sa désinformation au sujet de prétendues attaques chimiques ou de programmes d’armes biologiques ou nucléaires.

Les deux présidents réaffirment le soutien continu de leurs deux pays en faveur de la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, notamment par l’intermédiaire d’une assistance dans les domaines politique, humanitaire, économique et de sécurité aussi longtemps qu’il le faudra.

Cela comprend l’envoi de ressources importantes pour soutenir la résilience civile ukrainienne pendant tout l’hiver, notamment l’accélération des livraisons de systèmes de défense aérienne et d’équipement nécessaire à la réparation du réseau énergétique ukrainien.

La France et les États-Unis ont l’intention de poursuivre leur travail avec leurs partenaires et alliés pour coordonner leur assistance, notamment lors de la conférence internationale qui se tiendra à Paris le 13 décembre 2022. Ils entendent également continuer de fournir à l’Ukraine un appui budgétaire direct et conséquent, et d’exhorter les institutions financières internationales à accroître leur soutien financier.

La France et les États-Unis réaffirment devoir respecter leurs obligations internationales en vigueur ainsi que les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies.

Ils réaffirment également leur détermination inébranlable à ce que la Russie rende des comptes pour les atrocités et les crimes de guerre, dont l’existence est largement attestée, commis tant par ses forces armées officielles que par ses supplétifs, notamment les mercenaires du groupe Wagner et d’autres entités.

La France et les États-Unis soutiennent à cet effet les mécanismes de responsabilisation au niveau international, notamment la Cour pénale internationale, le parquet général ukrainien, la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, le mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, les sanctions, et d’autres moyens.

La France et les États-Unis demeurent déterminés à lutter contre les conséquences plus vastes de la guerre menée par la Russie, notamment en œuvrant avec la communauté internationale pour renforcer la résilience face aux perturbations alimentaires et énergétiques.

Indopacifique

La France et les États-Unis, deux nations de l’espace indopacifique, renforcent leur partenariat dans la région en faveur de la prospérité, de la sécurité et des valeurs communes reposant sur l’ordre international fondé sur des règles de droit, la transparence de la gouvernance, les pratiques économiques justes et le respect du droit international, notamment la liberté de navigation.

La France et les États-Unis entendent accroître leur participation à la diplomatie, au développement et à l’économie dans la région dans le but de renforcer la résilience des îles du Pacifique.

Ils ont également l’intention d’accroître leur coordination pratique dans la région en matière de sûreté maritime. Les États-Unis entendent renforcer leur soutien et leurs contributions matérielles aux déploiements aériens et maritimes de la France et d’autres nations européennes dans la région.

Ils continueront de coordonner leurs préoccupations concernant la remise en cause par la Chine de l’ordre international fondé sur des règles de droit, notamment s’agissant du respect des droits de l’Homme, et de travailler de concert avec la Chine sur des enjeux mondiaux d’importance tels que le changement climatique.

Les deux présidents réaffirment qu’il importe de préserver la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit de Taïwan.

Les deux chefs d’État condamnent également fermement le nombre sans précédent d’essais de missiles balistiques illégaux conduits cette année par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et qui menacent la paix et la stabilité régionales ; ils sont déterminés à poursuivre leur coordination au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire face aux violations commises par la RPDC.

Afrique

Les deux présidents réaffirment leur détermination à travailler avec les partenaires africains sur les priorités concernant la gouvernance partagée, la sécurité et l’économie sur le continent.

Ils soulignent l’importance des voix africaines au sein des enceintes multilatérales, notamment dans le cadre de la lutte contre des crises mondiales telles que le changement climatique, la réponse en cas de pandémie et la reprise subséquente, l’accès durable à l’énergie et l’insécurité alimentaire. Ils entendent soutenir les institutions démocratiques et les sociétés civiles en Afrique pour accroître la responsabilisation et la prestation des services de base.

Ils réaffirment leur appui conjoint à l’initiative de la Grande Muraille verte, menée par l’Afrique pour faire face à la crise du climat et de la biodiversité et qui contribue au développement durable, à la paix et à la sécurité dans les régions du Sahara et du Sahel.

La lutte contre la désinformation et le terrorisme sur le continent reste une priorité commune de la France et des États-Unis. Les deux pays entendent poursuivre leur étroite collaboration avec l’Union africaine et les organisations régionales pour faire face aux enjeux auxquels est confronté le continent et tirer parti des possibilités de développement du commerce et des investissements.

Moyen-Orient

La France et les États-Unis sont déterminés à œuvrer en étroite collaboration en faveur de la paix et de la prospérité au Moyen-Orient.

Les deux présidents se félicitent du lancement du forum du Néguev et du deuxième anniversaire de la signature des accords d’Abraham ainsi que de l’avancée historique que constitue l’accord entre Israël et le Liban délimitant leur frontière maritime conclu en octobre 2022.

Ils sont déterminés à déployer des efforts conjoints visant à exhorter les dirigeants libanais à élire un président et à mettre en œuvre des réformes essentielles. En tant que membres de la Coalition internationale contre Daech, ils demeurent attachés à maintenir les moyens et capacités nécessaires à la mission anti-terroriste en Irak et en Syrie.

La France et les États-Unis poursuivent leurs efforts visant à améliorer la situation humanitaire précaire à laquelle la population syrienne fait face, et à promouvoir un règlement pérenne et juste du conflit syrien. Ils continueront à coopérer avec leurs partenaires au Moyen-Orient et assureront le suivi de la conférence de Bagdad organisée en août 2021.

Les deux présidents expriment également leur respect envers la population de l’Iran, en particulier les femmes et les jeunes, qui manifeste courageusement pour obtenir la possibilité de jouir de ses droits et libertés fondamentaux que les autorités iraniennes se sont engagées à respecter et pourtant bafouent.

Ils demeurent déterminés à faire en sorte que l’Iran ne développe ni n’acquière jamais une arme nucléaire.

La France et les États-Unis continuent de travailler avec d’autres partenaires internationaux pour répondre à l’escalade nucléaire de l’Iran, à son défaut de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notamment concernant les questions graves et pendantes liées aux obligations juridiques de l’Iran en vertu de son accord de garanties dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et à ses activités déstabilisatrices au Moyen-Orient, en particulier la question urgente de ses transferts de missiles et de drones, y compris à destination d’acteurs non étatiques.

Ces transferts sont susceptibles de menacer des partenaires clés de la région du Golfe ainsi que la stabilité et la sécurité dans cette région, de contrevenir au droit international et de contribuer à présent à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.

La France et les États-Unis travailleront avec leurs partenaires pour accroître la coopération concernant l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et la lutte contre ces activités.

Ils déploieront des efforts conjoints pour continuer à renforcer le cadre international visant à limiter la prolifération de missiles iraniens et de technologies liées aux aéronefs sans pilote dans la région et au-delà et pour améliorer les mesures concrètes visant à contrecarrer cette prolifération.

Dissuasion nucléaire, non-prolifération et désarmement

La France et les États-Unis réaffirment que la dissuasion nucléaire est essentielle pour leur sécurité nationale et constitue un élément clé des capacités générales de l’OTAN en matière de dissuasion et de défense.

Ils réitèrent le fait que l’objectif premier des capacités nucléaires détenues par l’OTAN est de préserver la paix, de prévenir la contrainte et d’éviter les agressions dirigées contre l’alliance.

Ils réaffirment l’importance du TNP ainsi que leur opposition au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui ne reflète pas le contexte international de sécurité de plus en plus difficile et ne correspond pas au régime existant de non-prolifération et de désarmement. En outre, la France et les États-Unis réitèrent leur appui à leur accord de défense mutuelle ainsi que leur intention d’élargir leur coopération technique couvrant de nombreux sujets en matière de réduction des risques stratégiques. »

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« Ensemble! » soutient à 100% le régime ukrainien (et l’OTAN)

C’est du social-impérialisme.

Le mouvement « Ensemble! » correspond à une frange politique pas forcément connue, mais formant un vivier historique d’activistes politiques et associatifs.

C’est méconnu si on ne connaît pas ce milieu, mais cela représente (ou représentait…) des milliers de gens, du genre à faire du travail associatif, à lire Politis, à avoir un mode de vie imaginé comme différent et culturel (et consistant surtout à lire Télérama), à participer systématiquement aux élections dans une démarche « constructive » et « participative ».

« Ensemble! » fait ainsi partie de la NUPES mise en place par la France insoumise, mouvement par ailleurs très similaire. En bien des points, la différence est que là où La France Insoumise se la joue plébeien populiste, « Ensemble! »a une approche « bobo – syndicaliste – associatif « assumée.

Qui sont ces gens ?

On parle ici d’un mélange de la fraction « autogestionnaire » de la seconde gauche (celle anti-communiste) et de la fraction la plus post-communiste du PCF des années 1980. « Ensemble! » est ainsi né en 2013 de la fusion de plusieurs organisations, on va dire pour moitié PCF, pour moitié trotskiste/post-trotskiste.

On a les « Alternatifs », structure née en 1998 sur la base de « l’Alternative rouge et verte » née de la candidature du PCF « alternatif » Pierre Juquin à la présidentielle de 1988.

On a la Fédération pour une alternative sociale et écologique, en bonne partie sortie du PCF en 2008. La principale figure de « Ensemble! », Clémentine Autain, est d’ailleurs issue du PCF et de cette Fédération qui en est sortie.

On a également donc « Convergences et alternative », née en 2009 d’une scission du Nouveau Parti Anticapitaliste, tout comme la « Gauche unitaire » établie en 2013, également de la partie.

C’est un milieu socialement bobo ou relevant de la petite-bourgeoisie intellectuelle, ou alors fonctionnaire. Clémentine Autain vient d’ailleurs de tenir un mini meeting à la Bellevilloise, un lieu historique du PCF parisien des années 1930 devenu un temple bobo.

Le caractère urbain – petit-bourgeois intellectuel de ce mouvement devait immanquablement ressortir avec la guerre en Ukraine. « Ensemble! » c’est comme l’idéologie LGBTQ+ : cela se prétend transformateur, mais en réalité c’est un vecteur du capitalisme dans sa version modernisatrice.

« Ensemble! » soutient donc ouvertement le régime ukrainien, présenté comme démocratique, issu d’un mouvement populaire, le Maïdan en 2014, qui n’aurait nullement été manipulé par les États-Unis ni porté par les nationalistes ukrainiens.

« Ensemble! » dit pareillement qu’au grand jamais l’OTAN ni les États-Unis n’ont voulu cette guerre ni d’ailleurs démanteler la Russie. Tout serait simplement la faute de la Russie et de Vladimir Poutine, et donc il faut soutenir les sanctions de l’Union européenne, et il en faudrait même plus, et il faut soutenir l’envoi d’armes par l’OTAN, et il en faudrait même plus.

C’est très parlant, c’est une lecture (dont on a un exemple ici) qui dédouane entièrement l’Occident capitaliste de tout militarisme, de toute tendance à la guerre. Cet Occident serait simplement à réformer, mais sa base ne serait pas pourrie.

C’est hypocrite et c’est surtout du social-impérialisme. En paroles c’est social, en réalité ce social s’appuie sur les capacités du capitalisme français à profiter de l’ordre mondial.

Ce que dit « Ensemble! » dans les faits, c’est que le capitalisme français peut faire ce qu’il veut à l’extérieur du moment qu’il ne touche à rien à l’intérieur. Peu importe la guerre en Ukraine, dont les seuls protagonistes seraient les Russes et les Ukrainiens, du moment qu’on peut encore « critiquer » le capitalisme en France.

Et pour ce faire « Ensemble! » soutient son propre pays, son propre régime, pour qu’il continue de vaincre et de laisser des places chaudes à des gens comme eux (et aux autres gens comme eux, comme le NPA, ATTAC, etc. puisque c’est le même milieu).

Ce que fait « Ensemble! » est ignoble, mais si on regarde bien c’est la position de l’ensemble de la Gauche française. Même ceux qui dénoncent la position, par ailleurs ridicule, de « Ensemble! » font pareil dans les faits, en ne parlant pas de la guerre de manière régulière et systématique, en ne dénonçant pas de manière prolongée l’armée française, en n’expliquant pas qu’on va droit à la troisième guerre mondiale.

Qui ne dit mot consent. Quand on fait de la guerre en Ukraine une anecdote ou une chose bien secondaire, quand on se contente d’émettre éventuellement des positions critiques sur ceci ou cela, qu’ont dit les autres sur la guerre en Ukraine, on converge avec « Ensemble! », on s’aligne sur son propre capitalisme, sur l’OTAN, sur la superpuissance américaine.

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La « pomme rouge » et la propagande de guerre turque

Le bourrage de crâne mystico-eschatologique du régime turc emporte la Turquie vers l’Apocalypse.

En campagne pour les élections de novembre 2023, le président de la République de Turquie, Reccep Tayyib Erdoğan, a prononcé ce weekend devant une foule de plusieurs milliers de ses partisans à Konya. C’était un discours très offensif, exposant de manière très ouverte l’expansionnisme du capitalisme turc, de nature bureaucratique, qu’il incarne avec son parti, l’AKP. On traduit habituellement le nom de ce parti par « Parti de la Justice et du Développement », mais il y a aussi un jeu de mot à saisir, dans le sens où Ak signifie aussi « blanc » ou « pur », c’est-à-dire non corrompu, en langue turque.

Konya est une ville du centre de la Turquie, au cœur du dispositif politique de l’AKP dont elle est un bastion électoral, mais aussi une vitrine. La ville est en effet dirigée par l’AKP depuis le début de l’expansion de ce parti, elle a bénéficié d’investissements massifs pour la moderniser, en terme d’équipements urbains et de réseaux de transports. Par exemple, la ville a accueilli les Jeux panislamiques, rassemblant des sportifs de plus de 50 États, en août dernier et s’apprête à prendre la présidence à l’international de la CGLU, héritière de « l’Internationale des municipalités », fondée à Gand en Belgique en 1913.

Cette organisation d’orientation disons libérale-démocratique, très peu connue en France, participe de la propagande du régime turc à la promotion de ce qu’il appelle le « municipalisme islamique », qui est un des piliers de son idéologie nationale-conservatrice à dimension moderne.

Plus profondément encore, Konya occupe une place spéciale dans le folklore turco-islamique mis en place par l’État turc depuis le régime de Mustafa Kemal Atatürk, entre 1923 et 1938. Sous ce rapport, la ville est censée incarner la spécificité turque de l’islam anatolien, à travers la confrérie des « derviches tourneurs », relativement connue en France, et de la figure de Rumi, penseur islamique relativement syncrétique du Moyen Âge turc, surnommé en turc Mevlana, le maître à penser, le guide.

Mais Konya fut aussi la capitale du sultanat seljukide des Romains, fondé entre la victoire turque sur l’Empire byzantin à Mantzikert en 1071, et la conquête de l’Asie mineure par l’Ilkhanat turco-mongol de Perse au XIIIe siècle. Dans la propagande du régime turc actuel, ce sultanat est tenu pour le fondateur de l’État turc en Anatolie, sorte d’ancêtre de l’Empire ottoman et de la République de Turquie si on peut dire. D’ailleurs, la plus haute tour de la ville porte justement le nom de « Seljuk Tower », dominant de ses 163 mètres de haut un centre commercial, ce qui en somme veut absolument tout dire.

C’est donc dans ce cadre que Reccep Tayyib Erdoğan a chauffé à blanc ses partisans, n’hésitant pas à cibler ses adversaires politiques du CHP, le parti Républicain tenu pour incarner une sorte d’opposition de « gauche » aux islamistes nationaux-conservateurs de l’AKP, en les traitant ouvertement de traîtres à la patrie, de valets de l’Otan et de 5e colonne pro-PKK, alors même que l’armée turque est engagée justement dans une opération de bombardement des bases des combattants kurdes de Syrie, les YPG, alliés au PKK et considérés comme responsables de l’attentat qui a frappé Istanbul au début du mois de novembre.

Mais de manière plus significative, Reccep Tayyib Erdoğan a exposé de manière claire et ramassée l’idéologie expansionniste de son régime qu’il entend mettre en œuvre, dont voici les principaux points :

  • D’une manière générale, selon sa perspective, l’époque qui vient sera le « siècle de la Turquie » (Türkiye Yüzyılı), qui entend se tailler sa place dans le repartage du monde.
  • Cette expansion doit s’effectuer sur la base d’une politique industrielle et commerciale agressive que Reccep Tayyib Erdoğan définit par la formule : croissance par l’investissement, l’emploi, la production, les exportations, l’excédent du compte courant (yatırım, istihdam, üretim, ihracat, cari fazla yoluyla büyüme). Reccep Tayyib Erdoğan s’affirme ici absolument déterminé à poursuivre coûte que coûte cette expansion en poursuivant d’injecter encore plus de crédit et de liquidité dans l’économie turque malgré une inflation des prix ces derniers mois.
  • Cette expansion doit se manifester par la réalisation de grands travaux d’équipement, comme le monstrueux projet du Kanal Istanbul par exemple, devant relier la mer Noire à la mer méditerranée pour augmenter le trafic maritime. L’objectif est de moderniser la Turquie et la doter d’infrastructures en mesure d’en faire une puissance capitaliste complète.
  • Cette expansion doit aussi se manifester par une politique industrielle restructurant profondément l’appareil de production turc, afin de faire émerger des monopoles en mesure de s’élancer à la conquête des marchés émergents, et même de l’Europe, comme le sont par exemple Beko pour l’électroménager et comme est censé le devenir TOGG (pour « Cartel des industries automobiles de Turquie, Türkiye’nin Otomobili Girişim Grubu), présenté comme la première marque nationale automobile de Turquie, devant conquérir le marché de la voiture électrique en Europe.
  • Mais le fleuron principal de cette expansion telle que l’a présentée Reccep Tayyib Erdoğan est le secteur de la défense, devenu ainsi qu’il l’a souligné, national et indépendant à 80%, et désormais exportateur. Reccep Tayyib Erdoğan a très largement souligné le lien entre le développement de cette industrie, la croissance turque et l’expansion nationale de la Turquie, comme « puissance de l’islam », devant galvaniser les masses, les « 85 millions de turcs » que Reccep Tayyib Erdoğan veut élancer vers le futur qu’il imagine dans le cadre de l’expansion capitaliste bureaucratique turc, en faisant de la Turquie une puissance indépendante du capitalisme mondialisé, et en saisissant l’opportunité de la crise pour prendre agressivement le plus de poids possible.

Et pour que cette dernière idée soit la plus claire possible, il a martelé du début à la fin de son discours la force que donne à l’expansion militariste de la Turquie un des fleurons de son appareil militaro-industriel : les drones de la firme Baykar, fondée par un de ses soutiens industriels Ôzdemir Bayraktar.

Il a notamment mis en avant le nouveau modèle, le drone KIZILELMA, qui est en fait un avion de combat sans pilote, à la puissance de feu supérieure à tous les modèles précédents.

Cet appareil a été annoncé une première fois lors de la fête islamique du Sacrifice en 2021, pour une mise en service en 2023, après donc les élections et au moment surtout où la Turquie s’apprêtera à fêter le centenaire de la fondation de la République, dont Reccep Tayyib Erdoğan entend faire le point de départ de la refondation d’une nouvelle puissance turque, dans une perspective romantico-eschatologique.

D’où le nom de ce drone, dont le président turc a répété le nom et souligné le sens mystique : Kizil Elma signifie en effet « pomme rouge » en turc, et cela est devenu un symbole ultra-nationaliste très connu en Turquie, car il recycle une vieille légende turco-islamique, où les forces militaires turques sont censés faire la conquête de la « pomme rouge », qui était le surnom de Constantinople, en ce qu’il s’y trouvait, devant l’immense basilique Sainte-Sophie, devenue aujourd’hui la mosqueée Aya Sofya, une statue équestre de l’empereur romain Justinien tenant une pomme d’or, devenu rouge avec la patine du temps, et annonçant la future conquête du monde.

Saisissant cette pomme rouge, en abattant cette statue après la prise de Constantinople en 1453, le symbole est resté comme devant annoncer la chute des autres « pomme rouge » en Occident, Vienne et Rome.

L’imaginaire semi-féodal des nationalistes turcs modernes a fait de ce symbole une métaphore de l’expansionnisme agressif de la Turquie, comme devant s’imposer au monde pour accomplir la domination islamique dont la Turquie est le meilleur agent, en ciblant de manière oblique l’Occident, tout en ne le ciblant en fait pas formellement.

De fait le régime turc piège implacablement la Turquie dans les insurmontables contradictions qui la tiraillent historiquement depuis l’effondrement tragique de l’Empire ottoman et son entrée dans le mode de production capitaliste.

Prise dans les griffes de son propre chauvinisme, exprimé par son appareil militaro-industriel porté par la crise ouverte en 2020 qui semble lui laisser un espace, la Turquie est à un tournant de son Histoire. Son régime national-conservateur l’élance d’un pas ferme et décidé dans l’Apocalypse.

En face, la France et la Grèce sont prêts à l’affronter, eux-mêmes portés par la bataille pour le repartage du monde.

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« Une ligne populaire pour sauver la gauche »: diesel et barbecue

Un texte sans dimension.

Le député Philippe Brun et la sénatrice Laurence Rossignol, tous deux au Parti socialiste, proposent dans une tribune une «ligne populaire » avec l’objectif de sauver la Gauche. Il y a le constat, tout à fait évident et absolument pas nouveau, que la Gauche en France est coupée du peuple. Certes. Mais qu’ont-ils à proposer ? Les gilets jaunes !

C’est grotesque, car les gilets jaunes non seulement sont dépassés depuis longtemps, mais surtout n’ont rien à voir, ni de près, ni de loin, avec ce que doit être la Gauche. Ni d’ailleurs avec le peuple français. Mais pour le voir, il faut une vision du monde, il faut vouloir le Socialisme et pas un républicanisme vaguement démocratique et social, et encore moins un plébéianisme délirant à la sans culottes version beauf 21e siècle.

Cela renvoie d’ailleurs directement à une autre question, essentielle : celle des valeurs. De ce côté là, c’est le néant pour ces parlementaires PS cherchant un « ligne populaire ».

Tout est dit dans ce passage :

« Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. »

Et bien justement, si ! La voiture diesel et la viande du barbecue, voilà parfaitement identifié des ennemis de classe. Des ennemis de l’intérieur, dans les mentalités, car c’est bien là toute l’expression du capitalisme français du 20e siècle qui a intégré le prolétariat pour le désintégrer de l’intérieur.

Il n’y aura jamais de ligne populaire sans une révolution culturelle contre le diesel et le barbecue. Et il n’y aura jamais de Gauche avec les gilets jaunes, qui sont précisément une expression du diesel et du barbecue.

Voici la tribune en question, qui a initialement été publiée sur le site Libération, en version payante… Ce qui est pour le moins étrange quand il s’agit de proposer une « ligne populaire ».

« Une ligne populaire pour sauver la gauche

L’alliance de la Nupes était nécessaire, mais pas suffisante. Seule une refondation profonde de la gauche, appuyée sur les revendications des gilets jaunes, lui permettra de défendre à nouveau des intérêts de classe.

La montée continue de l’extrême droite doit inquiéter toute femme et homme attaché à la République. Face à ce danger, l’accord de la Nupes a été une bouffée d’oxygène pour les électeurs de gauche.

Il a permis, dans le nouveau paysage tripolaire, l’élection de députés que la division aurait éliminés. Il a aussi corrigé les trajectoires respectives du PS et de LFI : le PS restait coupable de l’élection d’Emmanuel Macron et des hésitations de nombre de ses dirigeants en 2017, et LFI avait largement théorisé la fin du clivage droite-gauche au profit du clivage peuple-élite.

Nous sommes nombreux à redouter l’échéance de 2027. Entre les élections législatives de 2017 et de 2022, la gauche a gagné moins de 10 000 voix. Et l’extrême droite, 2 millions. Rien ne permet d’imaginer que, depuis juin, les courbes auraient changé de trajectoire.

La seule alliance des partis ne permet pas de créer une dynamique susceptible de changer véritablement les rapports de force qui se sont installés dans le pays. Etre de gauche n’est une fierté que pour environ 25 % des Français.

Nous avons tout livré à l’extrême droite : travail, nation, justice, laïcité, civisme. Elle les instrumentalise comme elle l’a fait tout au long de son histoire en répétant le même schéma : s’opposer, salir, puis récupérer les conquêtes des autres à son compte.

La défense de la République est confisquée par ceux qui la traitaient de «gueuse» jadis, la laïcité

par ceux qui veulent inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution, la sécurité par ceux qui la réduisent aux faits divers et le travail par ceux qui refusent qu’il soit rétribué à sa juste valeur.

L’état d’urgence démocratique nous impose d’aller convaincre les classes populaires et moyennes perdues. Seule la promesse d’un avenir meilleur pourra les empêcher de voter à l’extrême droite.

Nous appelons «ligne populaire» cette stratégie qui vise à retrouver ce Assemblée pourquoi la gauche a été créée : défendre ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. L’élection d’Emmanuel Macron, sur une base sociale minoritaire, a relégué la majorité sociale aux marges de notre pays.

Les ouvriers, employés, caissières, travailleuses du lien, travailleurs de la manutention et de la logistique, «la société du back-office», n’ont plus que leur colère comme moyen d’expression, leur abstention comme moyen de révolte, le vote RN comme maigre résignation. La gauche a renoncé depuis longtemps à ce peuple introuvable, qui se refuse à elle depuis qu’elle a fait de l’idéal européen l’horizon indépassable de son action, et donc de son impuissance.

Depuis qu’elle a fait du désintérêt pour les gens ordinaires la matrice morale inavouée de son discours et des centres-villes métropolitains mondialisés la ressource exclusive de son imaginaire. Nous devons rompre avec ce renoncement.

Chaque grand mouvement social irrigue une refondation politique. Nous vivons depuis cinquante ans sur la contre-culture de Mai 1968 et la victoire de 1981.

Nous avons la conviction que c’est du mouvement des gilets jaunes que la gauche doit désormais tirer les leçons de sa refondation. Si elle sait accompagner les mouvements sociétaux, elle est en revanche passée à côté de cette révolte, culturellement et sociologiquement trop loin d’elle.

Des idées de novembre 2018 nous retenons une démarche démocratique nouvelle, qui amena des milliers de Français, abstentionnistes militants, à gagner les ronds-points pour débattre.

Loin d’être dangereuses, les classes laborieuses, lorsqu’elles se mobilisent, ne parlent pas d’immigration ni d’insécurité mais de pouvoir d’achat et de droits démocratiques.

Un peuple demande aujour-d’hui à être entendu. Quel est ce peuple invisible ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ?

Rien.

Ce qui a empêché ce peuple de voir ses revendications entendues, et le mouvement des gilets jaunes de prospérer, a été son atomisation par la destruction des structures collectives, la dégradation du rôle des syndicats, la mise sous tutelle du mouvement associatif et la promotion de l’individualisme intégral. Nous devons réaffirmer qu’il existe des liens qui libèrent, ceux du soin et de la solidarité.

Ils doivent devenir les valeurs centrales de notre action politique. La grande œuvre qui est devant nous est de poursuivre un travail commencé par le milieu associatif et les mouvements de l’écologie politique : «conscientiser» les classes populaires et travailleuses, leur rappeler l’intérêt qui est le leur à voir l’écologie primer et leurs conditions de vie s’améliorer. Elles veulent comme les autres que leurs enfants respirent un air propre et mangent sainement.

L’écologie est par essence populaire, les socialistes l’avaient compris très tôt et l’ont oublié parfois. Les émissions de carbone sont proportionnelles à celles de la richesse. Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. La valorisation des pratiques «écoresponsables» est trop souvent perçue comme réservée à une élite diplômée et urbaine.

Résolument installée du côté du peuple, la gauche doit entendre tout ce que celui-ci a à lui dire, sans tabous ni préjugés. Cela implique de regarder en face la situation intérieure du pays et l’appel à plus d’ordre et d’autorité. Loin de toute surenchère ou récupération des mots de l’extrême droite – mais au contraire pour ne lui laisser aucune prise – nous devons porter un discours fort et clair d’ordre et de justice.

La sécurité est un droit du peuple, c’est même la condition de son adhésion à une aventure collective. Lorsque la tranquillité publique n’est plus assurée, le vivre ensemble est menacé. Parce qu’ils sont les plus exposés, la sécurité est un enjeu plus vif encore pour les plus modestes.

Il nous faut financer une police nombreuse, formée et réorganisée pour être plus au contact des populations et moins rivée sur ses statistiques. Plus transparente aussi, plus ouverte et moins susceptible d’être contestée. L’école, la justice civile, les transports publics, plus rien ne fonctionne correctement. On manque d’enseignants, de soignants, de conducteurs de train ou de bus. Et les services privés ne fonctionnent pas mieux. Les gens concluent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et qu’il n’y a rien à attendre du collectif. Une telle situation ne peut conduire qu’à une catastrophe démocratique, écologique et sociale.

Défendre la ligne populaire, c’est s’imposer de cesser de regarder la colonne «sympathisants de gauche» dans les études d’opinion et s’intéresser à la colonne «ouvriers et employés». Que les étudiants de Sciences-Po votent majoritairement Jean- Luc Mélenchon et que ceux de l’enseignement professionnel ne votent que marginalement à gauche devrait nous obséder. La ligne populaire est un projet et une méthode qui doit inspirer les mouvements sociaux comme les politiques publiques : féminisme populaire, écologie populaire, culture populaire, éducation populaire.

Défendons, en tout point et tout lieu, des intérêts de classe, éclairés par notre esprit des Lumières et la promesse de nouveaux droits. »

Texte proposé par :

Par Philippe Brun, Député de l’Eure et Laurence Rossignol, Sénatrice de l’Oise.

Signé par :

Jérôme Durain Sénateur de Saône-et- Loire

Jérôme Guedj Député de l’Essonne

Marie-Pierre Monier Sénatrice de la Drôme

Mélanie Thomin Députée du Finistère

Mickaël Vallet Sénateur de la Charente-Maritime.

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Face à l’OTAN, Marine Le Pen s’enfonce

On assiste au crash de l’extrême droite française.

On le sait : depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, jamais l’extrême-droite française dans ses composantes représentatives, pas plus Marine Le Pen qu’Eric Zemmour, n’a osé s’opposer réellement à l’Otan.

Encore lors de la rentrée parlementaire du 3 octobre, pas un député du Rassemblement national n’a eu le courage de refuser l’adoubement général et belliciste de l’Assemblée nationale, alors ornée de drapeaux ukrainiens, à l’ambassadeur de Kiev en France.

Lors d’une interview sur l’émission « Punchlines » animée par Cnews-Europe 1, chaînes connues pour leur populisme outrancier, Marine Le Pen a de nouveau tenté un exercice d’équilibriste, qui se résume en fait très concrètement à un suivisme vis-à-vis de l’Otan.

Elle s’est ainsi déclarée opposée à nouvelles livraisons de canons Ceasar à l’Ukraine, au motif que cela diminuerait la « sécurité nationale ». Elle a critiqué les va-t-en-guerre et appelé à des « pourparlers », et on sent que c’est là une perspective bricolée. Puis, sans aucun esprit de conséquence avec le reste, elle s’écrase :

« Je pense que transmettre du savoir-faire, des formations à l’armée ukrainienne, du matériel de protection, des gilets pare-balles, etc., aller livrer du matériel lourd dont, encore une fois, nos armées ont besoin, est affaiblir et prendre un risque pour notre sécurité intérieure. »

Marine Le Pen adopte ainsi une posture bien timide tout en se parant des vertus de grande opposante car elle aurait été la seule qui depuis le début aurait critiqué ces livraisons d’armes lourdes.

Pourtant, on notera qu’aucun extrait de ses propos ne sont publiés sur son compte Twitter, à l’inverse de déclarations sans grande surprise sur l’immigration, l’insécurité, les difficultés sociales, etc.

Car Marine Le Pen est comme tous les autres représentants politiques : elle cherche à éviter au maximum le sujet brûlant de la guerre car elle sent que le cours de l’Histoire a dorénavant basculé en sa défaveur et qu’il lui faudrait bien expliquer, par une sacrée contorsion, qu’elle reste la voix du nationalisme français…tout en ayant abandonné la France à l’Otan, donc aux États-Unis. Alors aux contorsions, est préférée au mieux l’esquive, au pire la tiédeur centriste.

Cela pose un problème, et non des moindres, pour le nationalisme français. La France, ce n’est pas l’Italie avec une Droite et une extrême-Droite qui a toujours été pro-États-Unis et pro-Otan, du fait du partage nucléaire et des multiples bases américaines, expliquant d’ailleurs la position pro-Otan de Giorgia Meloni.

En France, pour se poser en champion du nationalisme, difficile de ne pas assumer la tradition gaulliste, dont le point d’orgue a été les années 1960 avec la mise en place de la dite « autonomie stratégique » construite autour d’une armée complète et surtout d’une « dissuasion » nucléaire déployée sur les trois champs de la conflictualité (terre, air, mer).

C’est d’ailleurs toute la subtilité des propos de Marine Le Pen : refuser l’abandon de canons Caesar pour s’attirer la sympathie de certains officiers inquiets de la situation des armées, tout en rassurant l’Otan, en fait les États-Unis, sur le soutien avec les formations militaires.

La France est en effet connue et reconnue par les pays du capitalisme occidental comme ayant une grande tradition militaire dans les modalités de formation des armées, expérience des répressions des mouvements anticoloniaux oblige.

Mais quand l’Histoire roule à grande vitesse comme aujourd’hui, la subtilité ne compte plus. Ce qui compte c’est la capacité à assumer une position fidèle à sa conception justement historique.

La vérité c’est que Marine Le Pen essaye de composer bien maladroitement entre le nationalisme et la réalité d’une France moribonde bien incapable de se maintenir sans la force de frappe économique et militaire des États-Unis.

Si la France comme nation reléguée a été la situation qui a apporté de l’eau au moulin du nationalisme-social de Marine Le Pen, cela s’est retourné en son contraire depuis le 24 février 2022, voire même depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19.

La France est tellement rabougrie que son sort est scellé : au sein du monde capitaliste qui marche vers la guerre entre les deux superpuissances américaine et chinoise, l’avenir de la France se fera en soumission à l’Otan. Il n’y a pas d’alternative possible pour la bourgeoisie, en tous cas pour l’instant.

La fraction de la bourgeoisie représentée par Marine Le Pen n’a plus les leviers politiques, culturels, idéologiques pour s’assumer telle qu’elle est. Elle est K-O et à la dérive totale. En réalité, c’est toute la bourgeoisie française qui est dans cet état et laisse donc les États-Unis piloter tant bien que mal la marche du capitalisme occidental, en espérant pouvoir mettre quelques limites de ci, de là…

Même s’imaginer taper très dur sur les travailleurs, car il faudrait vraiment taper très, très fort, pour ramener une croissance telle que le capitalisme français pourrait s’assumer indépendant, est devenu un rêve nationaliste inatteignable. Ainsi, même un nationaliste qui chercherait à le rester jusqu’au bout, risque de basculer en fait dans le camp du socialisme.

Ce qui laisse l’espace à qui voudra assumer la Gauche historique. Car la relance générale d’une France indépendante, sur les plans économique et social mais aussi moral et culturel, ne peut se faire qu’avec la classe ouvrière au poste de commandes, avec le Socialisme.

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Éviction de Steeve Briois : la fin du « rêve » national-social

Le Rassemblement national met Hénin-Beaumont de côté.

Fraîchement élu président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a recomposé son bureau exécutif, l’organe décisionnel du parti. L’éviction de ce bureau exécutif de Steeve Briois, maire depuis 2014 d’Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, est particulièrement marquante.

C’est en effet lui qui a ancré Marine Le Pen dans ce territoire populaire depuis le début des années 2010, au point de la faire élire députée du département. Le « nord », et particulièrement cette ville d’Hénin-Beaumont, a représenté pour le Front national devenu Rassemblement national tout un symbole, et même une stratégie à part entière.

Il s’est agi d’un tournant social entièrement assumé, en captant la base prolétaire et petite-bourgeoise d’un territoire « périphérique » avec un discours nationaliste à prétention sociale. Loin des grandes métropoles technocratiques et modernistes donc, loin de la Droite traditionnelle et de la Gauche bobo.

De fait, Marine Le Pen a siphonné des pans entiers de l’électorat de la Gauche, mais surtout elle a coupé l’herbe sous le pied de la Gauche historique avec cette orientation. Localement, c’est une véritable catastrophe tellement ce mouvement a été, et est encore, puissant.

Immédiatement après son éviction du bureau exécutif du Rassemblement national, Steeve Briois a réagi avec des mots très durs à l’encontre de son parti, l’accusant de se tourner unilatéralement vers la Droite :

« Je ne peux qu’y voir un rabougrissement, et j’espère que le Rassemblement national n’est pas en train de céder au grand compromis nationaliste, cette stratégie d’union des droites radicales, qui a échoué à la présidentielle, plutôt que de l’ensemble des patriotes de droite comme de gauche ».

De fait, il considère que son éviction marque « un début de purge contre ceux qui défendent la ligne sociale », au profit de courants « droitards » qu’il qualifie d’identitaires et intégristes. On comprendra qu’il s’agit là de la ligne portée par Eric Zemmour et Marion Maréchal.

Cette nouvelle orientation du Rassemblement national, si elle s’avère réelle, sera forcément une bonne chose pour la Gauche historique. Elle ouvrira à nouveau l’espace qu’elle a odieusement abandonné au nationalisme.

Le prix à payer en revanche sera très cher, car il y aura forcément une radicalisation très forte de la Droite, qui va chercher à avancer tel un rouleau compresseur dans le contexte de crise, pour non plus séduire les classes populaires, mais les annihiler puis les écraser.

Il y a là probablement une nouvelle phase politique qui se dessine en France, et il s’agit d’être à la hauteur. La fin du « rêve » national-social en mode Hénin-Beaumont est une occasion à ne pas rater, mais il va falloir travailler dur pour être à niveau.

Car la Gauche historique part de loin, de très loin, et il y a toute à reconstruire. Et ce n’est pas avec le populisme de La France insoumise et son racolage lamentable sur le racisme et l’immigration qu’on arrivera à quelque-chose.

Il va falloir une sévère remise en cause, à tous les niveaux, pour se mettre à la hauteur des exigences. Cela va être rude, très rude, et dans un contexte toujours plus explosif. Cela va être un grand déchirement intérieur !

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Politique Refus de l’hégémonie

L’ennemi principal en France, c’est la superpuissance américaine

C’est le rapport à la superpuissance qui détermine la vie politique française… et son absence.

S’il ne se passe rien en France, c’est également parce que les décisions ne sont plus prises à Paris, mais à Washington. Et de par l’ampleur d’un tel phénomène, c’est même le facteur principal : ce n’est pas également parce que Washington décide, mais surtout parce que Washington décide. C’est la superpuissance américaine qui décide des orientations internationales de la France (et de l’Union européenne), qui encadre ses perspectives militaires, qui orientent ses moeurs et même ses mentalités.

La société française suit un modèle américain, avec sa fragmentation sociale à la fois individualiste et communautaire ; tous les intellectuels universitaires se situent de manière assumée dans la perspective post-moderne dont le contenu tient à l’idéologie LGBTQ, l’écriture inclusive, l’art contemporain, le relativisme moral, la négation des classes (ou alors pour dénoncer le « classisme »), l’absence de toute critique du militarisme, etc., etc. !

La superpuissance américaine est le coeur du monstre capitaliste, c’est là que se décide le mode de vie dominant, qui se répand à travers les grandes entreprises américaines et l’influence étatique américaine. La crise de la civilisation capitaliste est avant tout la crise de la superpuissance américaine.

Ce n’est pas pour rien que des nationalistes français comme Eric Zemmour, Marion Maréchal, Marine Le Pen ont capitulé devant l’OTAN et le soutien au régime ukrainien lors du démarrage de l’opération militaire russe en février 2022. Ils savent que s’ils assumaient une rupture avec la superpuissance américaine, il aurait alors fallu une remise en cause du mode de vie français, et ça ils ne peuvent certainement pas l’assumer.

C’est une grande chance que nous avons en France, car à l’inverse en Russie malheureusement les forces nationalistes ont réussi à synthétiser une idéologie pour galvaniser les masses, prenant les commandes du refus de l’OTAN pour l’aligner sur un expansionnisme russe tout aussi impérialiste. Cela signifie qu’il existe un espace en France pour dénoncer la superpuissance américaine et basculer de là dans un rejet du capitalisme.

Il va de soi que cette dénonciation de la superpuissance américaine ne saurait tenir en l’anti-américanisme ou en l’alignement sur la Russie ou la Chine, cette dernière voulant simplement prendre la place des États-Unis. Cette dénonciation doit reposer sur la critique systématique, complète, intransigeante du mode de vie capitaliste dominant, avec son exploitation et son aliénation, sa destruction de la culture et sa fuite dans la guerre.

Une telle chose fait que la question animale est par exemple essentielle, car McDonald’s est un grand symbole du mode de vie capitaliste destructeur. Tout comme la dénonciation des réseaux sociaux, calibrés pour assécher les esprits, les faire se désorienter dans une consommation abrutissante, doit prendre une place réelle. On ne peut pas dénoncer le capitalisme en perdant sa vie sur Instagram, Facebook, Twitter, Tinder, Youtube et autres variantes pas forcément américaines, comme TikTok.

Dire qu’en France l’ennemi principal c’est la superpuissance américaine, c’est opposer non pas la France au États-Unis, mais les intérêts démocratiques et populaires des larges masses à l’alignement sur la superpuissance américaine et ses valeurs dans tous les domaines.

L’apolitisme en France est l’expression de cet alignement et rien ne peut se faire sans le rejet affirmé de la superpuissance américaine !