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Guerre

L’Otan s’arme massivement

Le rapport du SIPRI en fait foi.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm vient de publier son nouveau rapport, bien évidemment catastrophique.

Les importations d’armes à l’échelle mondiale ont augmenté de 47% de 2018 à 2022 ; pour les pays de l’Otan, le pourcentage est même de 65%. Sur tous les continents, les importations ont en fait chuté, sauf en Europe.

Et il y a deux exceptions majeures en Asie : la Corée du Sud et le Japon, qui ont acheté massivement des armes à la superpuissance américaine, avec respectivement une augmentation de 61% et de 171%.

Les Philippines, qui sont entre les superpuissances américaine et chinoise, ont augmenté de 64% leurs dépenses militaires.

Et on notera que les exportations d’armes américaines vers la Turquie se sont effondrées depuis 2007.

La part de la France dans ce commerce criminel est passé dans la même période de 7,1% à 11%. Un tiers des armes vendus par la France est parti en Inde, ce qui est notable : cela montre bien que ces ventes relève d’un redécoupage de l’influence des puissances, de la bataille pour le repartage du monde.

Le rapport du 12 pages du SIPRI est disponible en anglais ici.

En voici une synthèse de trois pages.

rapsipri2023

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Politique

Les femmes doivent s’unir contre la guerre

Les acquis féministes disparaissent avec la guerre pour le repartage du monde.

Les femmes sont comme les hommes en France : elles pensent qu’elles vivent dans un îlot protégé du cours du reste du monde. L’occident serait une forteresse où les acquis progresseraient inéluctablement, comme le niveau de vie.

C’est une illusion. Toutes les puissances, grandes, moyennes et petites, vont à la bataille pour le repartage du monde. Cela passe par la guerre et la guerre, c’est la systématisation du patriarcat, parce que les armées des pays capitalistes sont ainsi faites.

Il suffit de voir le conflit en Ukraine pour voir comment, tant en Ukraine qu’en Russie, les valeurs patriarcales ont totalement triomphé, comment les femmes servent uniquement de support, de soutien, de faire-valoir.

L’impact sera dévastateur pour les années après la guerre – et après la guerre, on en est encore très loin ! Le conflit continue et il charrie chaque jour davantage de mise à l’écart des femmes. La guerre pour le repartage du monde est aussi une machine de guerre contre les femmes !

Une même tendance militariste sera forcément à l’œuvre en France, pays partie prenante de la guerre américaine contre la Russie. Le patriarcat en sortira indéniablement renforcé, à tous les niveaux.

Et il profitera de ce qui existe déjà partout. Car à côté du féminisme bourgeois « revendicatif » des réseaux sociaux, la situation des femmes dans le peuple est désastreuse. La chirurgie esthétique est devenue un véritable classique féminin, la psychologie féminine est façonnée par le souci de plaire aux hommes avec toute une consommation spécifique de différents produits (de beauté, habillement, etc.).

Jamais on aura atteint un tel degré d’aliénation, avec la femme réduite au niveau d’une femme-objet, d’une femme marchandise. C’est inévitable dans une société où tout devient marchandise, où les rapports humains sont façonnés dans leur plus grande mesure par les rapports capitalistes.

Il est juste de dire que c’est toute la psyché féminine qui doit se libérer, dans un processus historique millénaire. La guerre de repartage du monde qui se met en place se pose par conséquent comme le grand défi aux femmes du monde entier.

Si elles ne s’y confrontent pas, elles se feront historiquement encore mettre de côté. Il faut que les femmes deviennent protagonistes ! Il faut qu’elles assument leur différence, leur rapport différent aux animaux et à la Nature, qu’elles ne se laissent pas pourrir, ni par l’idéologie LGBT qui nie la différence hommes-femmes, ni par le conservatisme qui leur propose un rôle « rassurant » dans la soumission.

Les femmes portent les valeurs du monde à venir – mais elles ne peuvent les porter que si elles s’arrachent à leur approche de ne faire évoluer les choses, d’agir, d’avancer qu’indirectement ! Cette méthode de « l’indirect » est le fruit de milliers d’années de soumission des femmes forcées, par leur mise à l’écart, de tenter de changer les choses sans agir directement.

C’est avec cela qu’il faut rompre ! Les femmes doivent être en première ligne, contre la guerre, pour le Socialisme, pour les orientations de la société !

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Politique

Ukraine : appel hypocrite à la paix de l’UEC et du MJCF

Courageux, ou pas ?

L’Union des Etudiants Communistes et le Mouvement Jeunes Communistes de France ont signé une tribune commune par l’intermédiaire de leurs dirigeants. En tant qu’organes de mouvement de jeunesse, les deux structures appellent à la paix en Ukraine.

C’est très hypocrite. Les raisons, flagrantes, sont les suivantes. Tout d’abord, tous les torts reviendraient à Vladimir Poutine. C’est là une personnalisation de l’Histoire tout à fait ridicule.

C’est cependant bien pratique pour ces deux mouvements qui ainsi « oublient » de nommer les réelles raison de la guerre : le capitalisme, la crise, la bataille pour le repartage du monde.

Ensuite, il n’est pas appelé à saboter l’effort de guerre français. Il n’est pas considéré que la France est en guerre contre la Russie, seulement qu’elle contribue à une escalade et qu’elle peut mieux faire.

Non seulement ce n’est là pas correct, car il faut combattre le militarisme de son pays avant tout, mais en plus c’est « oublier » au passage que la France est devenue une marionette de la superpuissance américaine.

Si l’on veut aller encore plus loin, on peut voir également que ni l’UEC ni le MJCF n’ont compris quoique ce soit à la question de l’effondrement de l’occident – ou plutôt qu’ils expriment le souhait que surtout tout reste comme avant.

Sous l’aspect de pacifisme, sous la forme positive du refus de l’engrenage, l’UEC et la MJCF ne font en réalité que proposer de « faire autre chose » tout en accompagnant les initiatives militaires de l’Etat français qui contribue matériellement, idéologiquement, économiquement à la guerre américaine contre la Russie.

Un an de guerre en Ukraine : la jeunesse aspire à la paix !

LÉON DEFFONTAINES
Secrétaire général du MJCF
LÉNA RAUD
Secrétaire nationale de l’UEC

Voilà un an que la Russie a envahi l’Ukraine. Il y a un an, Vladimir Poutine a bafoué l’intégrité territoriale d’un pays et, depuis, il fait peser le risque d’un conflit mondial aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Grâce à sa possession de l’arme nucléaire, qu’aucune grande puissance ne remet en cause, il a pu commettre les pires exactions tout en menaçant plus ou moins explicitement d’en faire usage.

Derrière cette guerre, c’est autant de jeunes dont l’avenir est brisé : assassinats, enfermements, chômage, déscolarisation, enrôlement forcé dans les conflits… C’est alors l’avenir entier d’une nation qui est hypothéqué.

Aujourd’hui, plus personne ne semble avoir la paix comme boussole. Les deux belligérants comme les puissances occidentales disent vouloir la paix, mais n’envisagent qu’une seule et même logique : la guerre, toujours la guerre.

L’aide militaire apportée ces derniers mois n’a pas montré son efficacité. En toute logique, avec cette stratégie, nous assistons au concours du pays qui enverra le plus d’armes possible en Ukraine. Cette surenchère guerrière ne fait qu’ajouter de la guerre à la guerre.

Qu’allons-nous faire lorsque nous constaterons que les armes lourdes ne suffiront plus ? Faudra-t-il envoyer directement des militaires sur le sol ukrainien et plonger le monde dans une guerre contre la Russie ?

Nous le disons clairement, les armes n’ont jamais fait cesser le feu. La paix doit redevenir notre horizon.

Notre génération aspire à la paix et à faire taire les armes. La jeunesse refuse la banalisation de la guerre. Nous ne voulons pas de la militarisation des relations diplomatiques et aspirons à un monde basé sur la coopération entre les peuples.

La France doit devenir un promoteur de la paix. Pour ce faire, l’envoi d’armes de plus en plus lourdes doit prendre fin et l’ONU doit être réaffirmée comme l’organisation centrale pour obtenir un cessez-le-feu et engager des pourparlers pour la paix avec l’Ukraine et la Russie.

Seule une issue pouvant assurer à l’Ukraine sa souveraineté et le contrôle de ses frontières pourra aboutir à une paix juste et durable.

Enfin, nous savons qu’aucun horizon de paix sera possible tant que la menace nucléaire persistera. Nous demandons à la France de cesser toute modernisation de son arsenal nucléaire, de ratifier le traité pour l’interdiction des armes nucléaires (Tian) et d’en faire la promotion.

Nous refusons la guerre et appelons les dirigeants français à agir concrètement pour la paix.

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Guerre

Plan de l’Union européenne pour les munitions de l’armée ukrainienne

L’Union européenne est cobélligérante.

Peu de gens le savent, mais l’Union européenne est dotée d’un budget pour la guerre. Personne ne le sait même, parce que l’idéologie de l’Union européenne, pour les gens, c’est le « marché commun ». Sauf qu’on en est plus là depuis longtemps, en admettant même que cela ait été simplement ça.

En pratique, l’Union européenne sert d’homogénéisation des Etats ouest-européens pour les utiliser comme vecteur au service de la puissance américaine. Le tout sans toucher au consensus passif de la société occidentale de consommation.

Pour cette raison, le mot « guerre » n’est évidemment pas employé et il est parlé de « Facilité européenne pour la paix [FEP] » dans le but de « prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale ».

Ce sont ainsi près de 6 milliards d’euros qui sont budgétés pour la période 2021-2027, mais ouvertement avec « des implications militaires ou dans le domaine de la défense ».

Avec l’utilisation désormais de l’Ukraine comme chair à canon contre la Russie, ce FEP devient d’autant plus important. En l’occurrence, plus de la moitié du budget, soit 3,5 milliards d’euros, est déjà passé à la trappe pour financer l’armée ukrainienne, sous-traitante des États-Unis pour faire la guerre contre la Russie.

Et ce n’est pas terminé. Le budget va totalement exploser avant 2027 puisqu’il est déjà prévu, en mars 2023, de prélever encore un milliard d’euros de cette dotation pour servir en Ukraine.

C’est en tous cas ce que préconise Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, proposition qui devra être discutée par les ministres concernés des 27 États membres. On ne doute toutefois pas de l’issue, l’Union européenne étant inlassablement en première ligne du soutien à la guerre américaine.

Le tout naturellement sans aucune consultation des « citoyens » des pays de l’Union européenne. Tout se passe par en haut et passe comme une lettre à la poste. L’Union européenne est à ce niveau une superstructure efficace des pays ouest-européens aux masses torpillées par la consommation, l’aliénation, l’exploitation ultra-raffinée.

Et l’un des principaux acteurs de cette organisation industrielle européenne de ce plan de soutien militaire est Français : c’est Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur. Il ne cache même pas que l’objectif à moyen terme, c’est la « victoire », par l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan et dans l’Union européenne :

« Il faut se préparer à avoir une frontière de 4 000 kilomètres avec la Russie. »

Il faut se préparer, et donc faire en sorte que le régime ukrainien l’emporte à tout prix ! Il est donc question de renforcer le jeu de massacre en livrant, pour un milliard d’euros donc, pas moins de 250 000 obus de 155 mm. C’est le genre de munitions dévastatrices qui servent dans les fameux canons Caesar français.

C’est gigantesque, et cela signifie directement pour les États membres de devoir puiser dans leurs stocks stratégiques. Et d’ailleurs cela ne suffira pas ; c’est une industrie de guerre qui doit se mettre en branle pour assurer une telle cadence.

L’Union européenne n’est certainement pas dans une perspective de paix, et on ne peut même plus dire qu’elle prépare la guerre. Elle est activement et concrètement déjà en guerre, avec une économie de guerre qui se met en place, voire qui est déjà en place depuis quelques mois.

Sur le plan opérationnel, ces 250 000 obus signifient un renforcement de la puissance de frappe ukrainienne, qui appelle forcément directement un renforcement de la puissance de frappe russe. C’est un engrenage dévastateur, mais cela est pleinement assumé. En tous cas dans les coulisses, puisque tous ces gens ne s’en vantent pas, pas plus que les médias occidentaux qui ne relatent ce genre d’information qu’à la marge, de manière anecdotique, simplement pour informer les personnes devant savoir, et surtout pas les autres qui de toutes façons s’en moquent.

Pourtant, c’est là l’actualité, la brûlante et terrifiante actualité. Des milliards d’euros européens, ici pour un quart de million d’obus dévastateurs, comme cela peut-il ne pas faire la Une ? On dit souvent que le silence est complice. Il est ici directement coupable, comme sont coupables les gens qui se désintéressent volontairement de cette guerre et de ce que font les dirigeants, leurs propres dirigeants.

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Politique

La Gauche Républicaine et Socialiste est atlantiste

Elle se range dans le camp de la superpuissance américaine.

Depuis le début de la guerre, la « Gauche Républicaine et Socialiste » (GRS) n’a pas changé de position : « Nous ne pouvons plus reculer. ».

La Gauche républicaine et socialiste est un parti issu d’une scission du Parti socialiste fin 2018. Il s’agit globalement de la gauche du PS de l’époque, regroupée autour d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann. Le parti s’était rallié en 2019, pour les élections européennes, avec la France Insoumise, et pour les élections de 2022 avait soutenu Fabien Roussel. 

Depuis le début de la guerre, la GRS a pris des positions tout à fait franches, dans le sens d’un soutien quasi-aveugle aux fauteurs de guerre américains. Si au 24 février 2022, il apparaissait comme censé d’apporter un soutien au peuple ukrainien, pour que celui ci puisse défendre son intégrité territoriale, la situation a depuis lors changé entièrement. La Russie a mené une guerre pour se sortir de ses propres contradictions, internes, cette guerre a renforcé le camp occidental et a davantage soumis le régime ukrainien aux puissances occidentales.

La GRS, le 24 février déclarait de la manière suivante sur son site internet dans un document au titre « Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à Poutine »:

«  Le Président russe justifie son « opération militaire » par une série de prétextes fallacieux : l’Ukraine serait « aux mains des nazis » et entreprendrait un « génocide » contre les russophones du Donbass…

Il réitère aussi ses arguments géostratégiques : l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine menace la Russie ; les accords de Minsk de 2015, validés par le Conseil de Sécurité pour régler le conflit au Donbass, ont été sabotés.

Mais l’heure n’est plus à la comptabilité des torts des uns et des autres. La responsabilité de la spirale guerrière repose à présent entièrement sur le maître du Kremlin.

Il faut tirer les conséquences de cette politique criminelle du fait accompli en aidant l’Ukraine, en soutenant toutes les sanctions

économiques adaptées à la situation, mais aussi en prenant des mesures de défense pour sécuriser la frontière Est de l’Union

européenne. Il faut aussi obtenir le plus large consensus à l’ONU pour faire respecter le droit international.

Vladimir POUTINE nous oblige à relever le rapport de forces, pour l’instant déséquilibré, qu’il a lui-même créé.

Les Européens et leurs alliés doivent faire comprendre maintenant à la Russie qu’elle ne sortira pas gagnante de cette confrontation. C’est la condition sine qua non pour la faire revenir à la raison, cesser les hostilités, se retirer Ukraine et s’asseoir à la table des négociations. 

Pour que la paix revienne durablement sur le continent, pour que la sécurité de tous soit assurée, nous ne pouvons plus reculer. »

Le passage le plus important est bien sûr la toute fin « nous ne pouvons plus reculer. ». Face à la Russie, présentée comme la seule fautive, il faudrait donc lui faire la guerre. Le 1er Mars 2022, Emmanuel Maurel réagit à propos de la résolution du parlement européen sur la guerre en Ukraine. Bien qu’il déclare dans ce texte des propos condamnant l’OTAN, il appelle directement à la guerre, et dénonce une nouvelle fois Vladimir Poutine comme étant le seul fautif, sans mentionner une seule fois le fait qu’il s’agissait (au début de la guerre), d’une guerre entre puissances pour le repartage du monde et dont la principale victime est le peuple ukrainien. Il déclare à ce sujet:

« À cet égard, et contrairement à la majorité des parlementaires européens, je maintiens que lOTAN nest pas un facteur de sécurité et de stabilité à long terme pour notre continent. Sa vocation défensive a été démentie par les faits plusieurs fois depuis la fin du siècle dernier ; et surtout, l’OTAN assoit notre sujétion aux États-Unis, puissance non européenne et politiquement volatile, comme l’a montré la présidence de Donald Trump. »

En octobre de la même année, la GRS qualifie le sabotage probablement, directement ou indirectement par la CIA, du gazoduc Nord Stream 2, comme étant « complotiste », les États-Unis ne pourraient en être les responsables ; et ce parce que la GRS raisonne en termes géopolitiques. Rien que le titre de l’article démontre clairement les intentions de la GRS « Le fantasme du complot américain pour remplacer le gaz russe en Europe ». Dans l’article la GRS prétend que cela est faux puisque l’Europe s’est tournée vers le Golfe (qui est en partie une colonie américaine).

« Lorsque l’Allemagne, confrontée à l’effondrement de la stratégie énergétique d’Angela Merkel, doit réagir, elle n’a pas couru à Washington, mais vers le golfe. C’est au Qatar que l’Allemagne s’approvisionne aujourd’hui, et compte sur ses deux terminaux flottants provisoires avec des capacités modiques mais nouvelles de gazéification, ouverture prévue début 2023, pour se passer et du gaz russe, et d’un gaz américain qui de toute façon n’existe pas dans les quantités nécessaires… »

Le 3 janvier dernier, la GRS, dans l’article «  “L’historien face à la Guerre en Ukraine” – réflexions d’un étudiant en histoire », déclare: 

« Les mots, car ils ont un sens, on ne peut les tordre. La réalité des choses, tordre le sens des mots revient à faire du Orwell, cela mène au totalitarisme. Les mots comme nazi ou génocide ne peuvent être employés à tout bout champs. Soyons vigilants, sur les fables, la réécriture et l’utilisation des mots erronés de la part de Poutine et/ou des médias russes. ».

Il y aurait donc nécessairement un camp du bien, qui ne dit que la vérité (l’Occident) et un camp du mal qui ne fait que mentir (la Russie), alors qu’évidemment que le régime ukrainien est un régime corrompu et bandériste. 

Le 4 février dernier, invité d’une émission sur France 24, Emmanuel Maurel déclare: « On l’aide comment ? On l’aide financièrement[…], il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire […] c’est qu’on aide les ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça c’était la position européenne jusqu’à maintenant, et moi je souhaite qu’on en reste là. » Même si dans les dires il ne veut pas d’escalade, cette position d’équilibriste est intenable: soit on participe au conflit d’une manière ou d’une autre soit on fait partie du camp de la paix.

Le communiqué pour le triste anniversaire de la guerre sur le territoire ukrainien est on ne peut plus clair; publié sous le titre « Un an de guerre de Poutine en Ukraine » il détaille :

« Une année s’est écoulée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une année terrible et meurtrière où des centaines de milliers de soldats et de civils ont péri et dont les dégâts se chiffrent déjà en centaines de milliards. Une année que Vladimir Poutine s’entête, au mépris des principes fondamentaux du droit international que la Russie avait pourtant participé à créer.

Mais dans leur hubris, Poutine et ses sbires ont rencontré un hiatus: la résistance du peuple ukrainien. Pour les Ukrainiens, l’enjeu est simple : s’ils arrêtent de se défendre, leur pays disparaît.

Pour faire cesser la guerre, la balle est dans le camp du Kremlin. Sa responsabilité est totale.

En apportant son aide pour la défense de l’Ukraine, la France applique le droit à la légitime défense du pays agressé face au pays agresseur. Jamais nous ne reconnaîtrons l’autorité de Moscou sur les territoires envahis et occupés, qui sont Ukrainiens et le resteront.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien à l’Ukraine et à son peuple. Elle appelle également à réfléchir dès maintenant à l’après et préparer la reconstruction des zones détruites. Cela passera dans un premier temps par l’annulation de la dette ukrainienne et l’octroi d’aides qui doivent permettre à l’Ukraine d’opérer sa transition vers une démocratie pleine et entière, débarrassée de la corruption.

C’est à ce prix que nous montrerons à l’Ukraine que nous nous tenons à ses côtés pour l’avenir.

La France doit agir de toutes ses forces pour l’arrêt de cette boucherie et le retour à une paix fondée non pas sur le fait accompli mais sur le droit international et visant à l’entente entre tous les peuples. »

La GRS a choisi son camp : celui de l’Occident décadent et va-t-en-guerre, si elle garde bien des termes de gauche et se positionne contre l’escalade, il ne s’agit que d’une position de principes. Dans les faits, la GRS est un agent de plus aux services des fauteurs de guerres, qui souhaitent soutenir sans retenue le régime ukrainien, contre son propre peuple.

Rien que le visuel utilisé pour illustrer l’article en date du 24 février est symptomatique de cette démarche, des drapeaux bandéristes sont présents sur l’image. Pas un mot sur les nazis, l’antisémitisme, l’anticommunisme,  le bandérisme en Ukraine, tout cela ne serait que des inventions poutiniennes. Si bien évidemment cela a facilité le travail du régime moscovite dans sa tentative de sortie de ses propres contradictions, dans la mobilisation des masses en Russie, il ne faut pas nier que cela reste une réalité. L’appareil d’Etat ukrainien est corrompu comme dans les années 1990, et il est intégralement bandériste. Le nationalisme belliciste ukrainien, de type pro-occidental et fanatiquement anti-slave, est l’idéologie officielle du pouvoir ukrainien.  L’Ukraine n’est pas un pays souverain, ni même vraiment indépendant, c’est une colonie occidentale, et qui en paye le lourd tribut ? Les peuples comme toujours. Alors que la GRS soutient activement et appelle à soutenir non pas seulement le peuple ukrainien mais l’Ukraine. Ce qui est tout à fait différent. Le peuple ukrainien est victime de son propre régime et de l’occident, tandis que l’Ukraine, en tant qu’État et appareil d’état, est un laquais des occidentaux. Et c’est cet État qui serait une grande résistance face à la méchante Russie, alors qu’en réalité c’est de la chair à canon fanatiquement antirusse, et c’est bien comme ça que le voient les occidentaux; ça n’est qu’un pion, et si l’Ukraine tombe ça n’est pas plus grave, les Polonais ou les Roumains prendront la relève.

En fait le problème principal est que la GRS croit profondément que l’Europe actuelle est démocratique et sincère, elle croit encore dans la propagande des années 1990 durant lesquelles l’Europe et l’OTAN devaient signifier la fin de l’Histoire, et la paix entre les peuples. Mais avec l’irruption de la crise générale du mode de production en 2020 les choses ont changé, les cartes sont redistribuées, et c’est le retour de la guerre aux peuples. La GRS n’a pas saisi de manière juste la séquence historique.

Lorsque l’on est de gauche, on ne peut pas accepter le néo-colonialisme, l’envoi des armes,  qui serviront à tuer frères et sœurs de classe et de culture, car lors des guerres injustes ce sont toujours les peuples qui dégustent. Et forts de l’expérience historique de la guerre de 1914-1918, forts de l’expérience de Rosa Luxembourg, de Lénine, et des autres pacifistes, l’on sait que l’ennemi se trouve dans notre pays, alors Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à l’Occident !

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Minable pamphlet pro-américain et pro-guerre du PS et d’EELV

En service commandé pour l’Otan et la CIA.

Raphaël Glucksmann est une figure typique de la fausse gauche française. Il n’est en rien de gauche, mais un libéral-démocrate à l’américaine, dont l’œuvre a essentiellement pour but de confisquer l’héritage et la culture de la Gauche historique, afin de la détruire.

Il est donc tout à fait logique que Raphaël Glucksmann soit un défenseur acharné de la guerre américaine contre la Russie. À l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, il a donc écrit une « tribune », forcément publiée dans « Le Monde » (l’organe favori des Français démocrates à l’américaine), forcément accessible uniquement à ceux qui paient pour la lire, forcément signée par une ribambelle d’universitaires.

L’essentiel des figures du Parti « socialiste » et d’Europe écologie-Les Verts l’ont également signée, naturellement. C’est la Gauche caviar, la Gauche bobo, celle du Monde, du Nouvel Observateur.

Ce qu’on lit dans cette tribune est absolument caricatural, et c’est la même chose que ce que racontent la CIA et l’Otan. La Russie est méchante, très méchante, mais les Ukrainiens sont fantastiques et ils se battent pour notre liberté. Alors il faut les armer jusqu’aux dents pour qu’ils se massacrent avec les Russes, car il en va de la liberté du monde entier.

« Un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre », ose dire Raphaël Glucksmann, tel un scénariste à Hollywood.

Mais comme il s’agit, en France, pour Raphaël Glucksmann de détruire l’héritage et la culture de la Gauche historique, alors il ajoute une touche locale à sa propagande. Il reprend les termes et les définitions de la Gauche pour tout mélanger, pour saloper. La confusion est une arme fétiche des propagandistes à l’américaine.

Ainsi, il parle de fascisme, et renvoie à l’héritage antifasciste du 20e siècle.

« Nous faisons face à un État fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. »

Et il ose :

« La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire.

Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire.

Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie.

Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle. »

Ce parallèle est très intéressant, car nous sommes justement en droit de le dénoncer, nous en avons la légitimité. C’est que ce parallèle a été juste, en effet… Mais il ne l’est plus. Voici l’image que nous avions réalisé et mis en avant avant l’invasion, dès avril 2021.

Et nous l’avions réactualisé au début de l’année 2022.

Qu’est-ce qui a changé, pour ne plus l’utiliser après ?

L’image avait son sens lorsqu’on pouvait encore parler de la nation ukrainienne en général. Ce n’est désormais plus possible : on est obligé de parler du régime ukrainien en particulier. Nous aimerions que les choses soient autrement, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à l’Ukraine est 100% pro-guerre, pro-américain, fanatiquement anti-Russie, il n’y a rien à sauver.

Le régime ukrainien est désormais ouvertement sur une ligne nationaliste fanatique, affirmant vouloir aller jusqu’à Moscou avec ses chars et démanteler la « Moscovie ».

Il brûle des livres en masse, par millions, car « pro-Russie », il détruit méthodiquement tout ce qui est russe jusqu’aux monuments à Pouchkine, au point de vouloir interdire l’immense Tchaïkovski, de faire du peintre Ilya Répine un Ukrainien et non plus un Russe, jusqu’à considérer que la Russie est une entité maléfique possédée par le « dostoïevskisme ».

Nous l’avons répété plusieurs fois aussi, en précisant à chaque fois les étapes y menant : la nation ukrainienne s’est littéralement suicidée. Elle a fait comme Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas se mouiller.

Il est impossible d’avoir un quelconque lien, même de très loin, avec le régime ukrainien qui assume l’idéologie nationaliste des bandéristes, qui interdit tout ce qui est de Gauche, qui est aux ordres de la superpuissance américaine.

On doit même dire que puisque l’Ukraine est au service de l’occident, qu’il représente aussi la France, alors il faut souhaiter sa défaite, car la défaite du régime ukrainien est aussi la défaite de l’armée française !

Une défaire que ne veulent ni le Rassemblement National, ni la CGT, ni La France Insoumise, ni Les Républicains, ni Emmanuel Macron, ni le NPA, ni la CFDT, ni FO, ni EELV, ni les socialistes.

Car l’ensemble du spectre politique est aligné sur l’Otan, sur la bourgeoisie française inféodée à la superpuissance américaine.

Être révolutionnaire, sur les valeurs de la Gauche historique, c’est se confronter à cet alignement ! Il ne faut pas aider le régime ukrainien, il ne faut pas la « paix », il faut la défaite de son propre camp impérialiste !

Voici la tribune, minable pamphlet pro-américain, pro-Otan, pro-3e guerre mondiale.

« Le 24 février 2022, Kiev devait tomber en quarante-huit heures. Un an plus tard, le drapeau ukrainien flotte sur Kherson. Depuis un an, les Ukrainiens nous donnent une extraordinaire leçon de courage. L’histoire s’écrit dans les tranchées de Bakhmout et les rues de Kherson, les caves de Kharkiv et les abris de Kiev.

L’Ukraine est aujourd’hui le cœur battant de l’Europe ; elle incarne la liberté des peuples face à une agression impérialiste ; elle défend la démocratie, non seulement pour elle-même mais pour nous tous, pour tout le continent européen. C’est pourquoi nous devons la soutenir de toutes nos forces et amplifier l’aide européenne.

Ceux qui agitent la peur de « l’escalade », alors qu’il ne s’agit que de repousser une agression, ne voient pas que tout recul devant Poutine ne ferait qu’enfoncer notre continent dans une spirale d’insécurité et de violence. Poutine n’a rien caché de ses idées et de son projet : il est en guerre contre la démocratie européenne, en laquelle il ne voit que décadence, et contre laquelle il veut affirmer, au mépris de tout droit, la puissance d’un empire russe.

La dynamique impérialiste enclenchée depuis 1999 par le régime de Poutine, appuyé sur un capitalisme mafieux et oligarchique, ne sera arrêtée que si la Russie perd en Ukraine. Alors que la guerre fait à nouveau rage à nos frontières, alors que la sécurité de l’ensemble de l’Europe est en jeu, la lâcheté et les ambiguïtés coupables ne sont pas permises.

La question est simple : doit-on donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre ou récompenser l’agresseur russe en le laissant détruire le droit international et commettre en toute impunité ses crimes contre l’humanité ? Ceux qui appellent. à cesser de livrer des armes à l’Ukraine ne sont pas « pacifistes » : ils ne veulent pas la paix, mais consentent à la défaite.

Ils autorisent le sacrifice des Ukrainiens en les livrant à leurs agresseurs. Ils espèrent avoir la paix en cédant à ceux qui déclenchent les guerres. C’est une vieille illusion qui nous a maintes fois coûté cher à travers l’histoire. La victoire du fascisme n’est pas la « paix », mais la préparation d’autres guerres.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen

Le pseudo- « pacifisme » d’une part de la classe politique française et européenne – y compris à gauche – qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine revient à consentir à l’oppression et à l’anéantissement d’un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre. Non seulement les pays européens ont raison de fournir des armes à l’Ukraine, mais ils doivent intensifier leur effort.

Si nous voulons réellement vivre en paix, alors nous devons être solidaires de la lutte des Ukrainiens contre un régime qui fait des civils des cibles prioritaires, comme il l’a déjà fait en Tchétchénie ou en Syrie. Il faut livrer aux Ukrainiens toutes les armes dont ils ont besoin pour renvoyer l’armée russe dans ses frontières. Chaque retard, chaque délai prolonge l’agression.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen pour les décennies à venir. Elle décide aussi du sens de la démocratie européenne et de sa capacité à préférer la solidarité aux politiques de profits à courte vue, qui sacrifient d’un même mouvement la justice sociale, l’urgence écologique et l’autonomie stratégique de nos cités.

La solidarité avec le peuple ukrainien en lutte

Une part de la gauche ne comprend pas qu’il peut y avoir une réponse de gauche à la guerre : fondée sur la solidarité avec le peuple ukrainien en lutte, mais aussi sur l’idée simple que les plus riches doivent le plus contribuer à l’effort commun, sur le fait que la taxation des profits de guerre a toujours été l’occasion à travers l’histoire de rétablir la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et de la puissance publique sur les puissances privées. L’état de guerre exige que nous cessions de séparer le politique de l’économique.

Alors comblons les trous dans les sanctions visant la Fédération de Russie ; étendons les sanctions individuelles et confisquons les biens russes qui sont jusqu’ici simplement gelés ; créons d’urgence un cadastre de tous les avoirs financiers et non financiers détenus dans les paradis fiscaux, à commencer par les paradis fiscaux européens dont les oligarques russes sont particulièrement friands, et gelons les avoirs russes au-delà d’un niveau de fortune afin d’affaiblir les acteurs qui bénéficient le plus au régime de Poutine ; étendons les sanctions aux Etats ou entités qui aident le régime russe à annexer les territoires ukrainiens occupés et à circonvenir aux sanctions existantes.

Affichons clairement l’objectif stratégique de l’UE : la victoire de l’Ukraine dans ses frontières. Les discours ambigus, qui laissent croire à Moscou qu’une porte est à moitié ouverte et que l’Europe pourrait accepter l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Russie, ne font que prolonger la guerre en encourageant la Russie à étendre son occupation le plus loin possible.

L’UE devra aussi être à la hauteur de la solidarité matérielle qu’elle doit aux nombreux pays du monde qui subissent sans l’avoir voulu les conséquences de la guerre, en particulier sur l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Etre « réaliste », c’est fonder sa stratégie sur la réalité, et pas sur des illusions que le fait de la guerre a mises en pièces. Et la réalité, si longtemps fuie par nos dirigeants, est que nous faisons face à un Etat fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine.

La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire. Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire. Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie. Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle.

Toute renonciation prépare les catastrophes de demain. Hier, la démission des démocraties face à la barbarie de Bachar El-Assad a donné à Poutine, qui avait déjà expérimenté l’impunité de sa violence extrême en Tchétchénie et avait pu violer le droit international en Crimée, le signal d’une autorisation à commettre l’irréparable en Ukraine.

Les Ukrainiens ne lâchent rien, malgré les morts, les viols, les massacres. Nous n’avons pas droit à la lâcheté alors qu’ils combattent pour nous. La seule défense de la paix est de soutenir les Ukrainiens.

Liste des signataires de cette tribune à l’initiative de Raphaël Glucksmann et Jean-Yves Pranchère :

Pierre Albertini, historien, professeur de khâgne ; Hadrien Alvarez, artiste plasticien ; Eric Andrieu, député européen (PS) ; Nathalie Appere, maire de Rennes (PS) ; Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand (Generation. s) ; Fabien Aviet, éditeur ; Gilles Bataillon, directeur d’études à l’EHESS ; Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS) ; Thomas Boccon-Gibod, Institut de philosophie de l’université Grenoble Alpes ; Isabelle Bourdier, professeure d’histoire-géographie ; Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne ; Frédéric Brahami, directeur d’études à l’EHESS ; Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit ; Julia Cagé, professeure d’économie au département d’Economie de Sciences Po Paris ; Eduardo Castillo, écrivain ; Pierre Charbonnier, philosophe, chargé de recherche CNRS à Sciences Po ; Fabien Chevalier, président d’honneur de « Sauvons l’Europe » ; Antoine Chollet, politiste, université de Lausanne ; Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe ; David Cormand, député européen (EELV) ; Laurent Coumel, enseignant-chercheur à l’Inalco ; Martin Deleixhe, Université libre de Bruxelles ; Carole Delga, présidente de la région Occitanie (PS) ; Karima Delli, députée européenne (EELV) ; Tremeur Denigot, expert européen ; Philippe Descola, professeur au Collège de France ; Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, université Côte d’Azur ; Françoise Diehlmann, germaniste ; Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’université de Limoges ; Gregory Doucet, maire de Lyon (EELV) ; Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit ; Alexeï G. Evstratov, enseignant-chercheur, université Grenoble Alpes ; Jean-Louis Fabiani, professeur à CEU, Vienne ; Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Jean-Marc Forax, artiste plasticien ; Sylvain Frécon, auteur de bande dessinée ; Antoine Germa, scénariste du film Moissons sanglantes ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Martine de Gaudemar, professeure émérite de philosophie (université de Paris-Nanterre) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France ; Sylvie Guillaume, députée européenne (PS) ; Francois Heran, professeur au Collège de France ; Jean-François Husson, chargé de cours invité à l’université de Louvain ; Yannick Jadot, député européen (EELV) ; Céline Jouin, maître de conférences en philosophie à l’université de Caen Normandie ; Isabelle Kersimon, présidente d’honneur de l’Inrer ; Mathieu Klein, maire de Nancy (PS) ; Sarah Kilani, membre du Comité Syrie Europe après Alep, médecin anesthésiste réanimateur ; Firas Kontar, juriste, opposant au régime syrien ; Justine Lacroix, politiste, université libre de Bruxelles ; Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) ; Perrine Ledan, échevine de la culture (Ecolo), Uccle (Bruxelles) ; Carole Lemee, anthropologue, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux ; Nicolas Leron, essayiste, chercheur associé à Sciences Po ; Antoine Lilti, professeur au Collège de France ; Paul Magnette, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi ; Virginie Maneval, assistante sociale ; André Markowicz, écrivain et traducteur ; Guillaume Massart, cinéaste et producteur ; Fréderique Matonti, professeure de science politique à Paris-I ; Nora Mebarek, députée européenne (PS) ; Frédéric Ménager, chercheur associé EHESS ; Marie Mendras, professeure à Sciences Po Paris ; Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques et sociales, Université libre de Bruxelles ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Boris Najman, enseignant-chercheur, UPEC ; Claire Nouvian, militante écologiste ; Florence Ostier, sociologue et coopératrice ; Benoit Payan, maire de Marseille ; Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande ; Jean-Yves Pranchere, politiste, Université libre de Bruxelles ; Nicolas Poirier, enseignant et chercheur en philosophie, Sophiapol/Paris Nanterre ; Alain Policar, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po) ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; Valérie Rabault, député (PS); Bastien Recher, conseiller régional de Normandie (EELV) Hélène Flautre, ancienne députée européenne (EELV) ; Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Johanna Rolland, maire de Nantes (PS) ; Sylvie Rollet, présidente de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre » ; Valérie de Saint-Do, journaliste et autrice ; Denis Saillard, chercheur associé à l’UVSQ (Paris-Saclay) ; Elisabeth Salomon, retraitée de la fonction publique ; Guillaume Sauzedde, service public de l’emploi ; Laura Ségard, psychologue ; Frédéric Sawicki, professeur de science politique, Paris-I ; Réjane Senac, directrice de recherche CNRS au Cevipof ; Guillaume de Stexhe, professeur émérite Université Saint-Louis-Bruxelles ; Claude Taleb, ex-vice-président (EELV) de la région Haute-Normandie ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV ; Boris Vallaud, député (PS) ; Cécile Vaissié, professeure à l’université Rennes-II ; Mélanie Vogel, sénatrice (EELV) ; Ilias Yocaris, professeur en sémiotique du texte et de l’image à l’université Côte d’Azur ; Anna C. Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’université de Lorraine ; Laurent Zimmerman, maître de conférences, université Paris Cité ; Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. »

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Guerre Refus de l’hégémonie

Exercice Hemex-Orion 2023: la France assume la guerre de repartage

La France prépare la guerre.

Prévu depuis 2017, l’exercice Hemex-Orion marque l’entrée pour les armées françaises dans la nouvelle ère dite de la « haute intensité ». Une préparation qui implique de s’entrainer sur un très vaste espace pour appréhender les grandes manœuvres opératives : un type d’exercice qui n’était plus réalisé depuis 30 ans.

Cela signifie que la guerre pour le repartage de l’ordre mondial issu de la deuxième guerre mondiale est entièrement assumé par la France, comme le décrit le service communication des armées dans sa petite vidéo de présentation de l’exercice :

« Orion consitute le premier jalon d’un nouveau cycle d’exercice triennal des armées. Le contexte international est marqué par la durcissement de la compétition entre grandes puissances, le réarmement et la déshinibition de certaines puissances régionales, la multiplication des foyers de crises et l’expansion de la menace terroriste. »

Avec Hemex-Orion 2023 – Hemex pour « Exercice d’hypothèse d’engagement majeur », Orion pour « Opération d’envergure des armées Résilientes Interopérables Orientées vers la haute intensité Novatrices, il est visé une gigantesque manœuvre, avec 7 000 soldats engagés au départ et 12 000 en fin d’opération, le tout sur une vingtaine de départements entre février et mai 2023.

Intégré dans la « stratégie de défense collective de l’Otan », l’exercice se fonde sur un scénario imaginé par le ministère des armées lui-même. Une fédération aurait éclaté en plusieurs entités. L’une dentre elles, Mercure, soutiendrait des milices qui revendiquent l’indépendance d’une des régions de l’Arnland, autre entité née de l’explosion de la fédération mais soutenue par la France.

On a ici une allusion directe à la situation ukrainienne de 2014 à aujourd’hui. Mais on pourrait y voir également la perspective du démantèlement de la Russie… Plus généralement, comme lors de l’exercice SERRAT 2022 en Ardèche, on retrouve tout l’imaginaire propagandiste anticommuniste dans les symboles utilisés pour qualifier l’ennemi… sans parler de la milice indépendantiste.

Si la manœuvre militaire est détaillée sur derniers temps dans la presse générale, la première phase de l’exercice a débuté en mai 2022 par le fait de planifier les opérations.

Avec la seconde phase en Occitanie, c’est un camp de SDF qui a été déplacé, le massif de la Gardiole qui a été interdit d’accès entre février et mars.

En tout sont déployés de 1 à 3 brigades, 2 300 véhicules, dont 100 drones et 40 hélicoptères, 30 bâtiments navals, dont le porte-avion Charles de Gaulle, 20 captures spatiaux, 80 aéronefs (plus 50 de la marine nationale), 6 système de défense sol/air, 2 drones Male (reconnaissance).

Dès le 9 février a débuté la montée en puissance du déploiement militaire dans le sud de la France et samedi 18 mars, un avion C-130 a largué en mer de Toulon une dizaine de commandos marines. Puis, ce samedi 25 février, ce sont 600 paras » ainsi que 12 tonnes de matériel qui ont été largués dans le ciel de Castres dans le but de percer les premières lignes ennemies.

Le gros de cette phase 2 consiste en un vaste débarquement amphibie dans le bassin de Thau à Sète menant combat jusqu’à la mi-mars, en rejoignant les troupes aéroportées à Castres. L’exercice doit se clôturer entre le 5 et le 11 mars à Cahors avec exercice de combat en ville, ce qui a valu aux établissements scolaires d’informer via le logiciel Pronote les parents d’élèves.

La délégation militaire du Lot qui souhaite conserver le plus grand réalisme de l’exercice a présenté la chose publiquement :

« la coordination avec les acteurs locaux, les interactions avec la population, la préservation des infrastructures et des activités économiques. Orion représente l’occasion de voir les militaires en action et de leur témoigner leur soutien. Ce contact avec les territoires manifeste la vitalité de lien armées-nation contribuant à la cohésion nationale »

Cette phase de l’exercice vise à tester le déploiement de l’échelon national d’urgence (ENU) composé de 5000 soldats capables d’être déployés en 48h. Ici, on parle d’un déploiement à la fois aéroportée à l’intérieur des lignes ennemies et d’un débarquement amphibie de troupes marines après des actions de neutralisation physique et cyber. L’armée cherche à s’entrainer à la guerre dite « multimilieu/multichamp », embrassant la terre, la mer, les airs mais aussi le cyber et l’informationnel.

La seconde phase relève en fait d’un pré-engagement, dans l’ombre, de l’armée française, alors dirigeantes d’autres forces issues de l’Otan, contre les milices indépendantistes imaginaires.

La phase 3, dénommée « civilo-militaire », relève de l’implication de plusieurs ministères dans la prise de décision et l’explication à l’opinion publique de l’engagement. Soit après coup. Cela doit permettre à justifier publiquement que la France est la « nation-cadre » d’un vaste dispositif d’intervention militaire au moment où, dans le scénario, les forces de Mercure entrent en confrontation directe. Ce sera la phase 4 entre avril et mai, dite d’envergure ou guerre de haute intensité entre deux armées conventionnelles.

Pour traduire : on déploie l’armée…on explique après, ou comment démasquer le fondement d’une guerre de grande puissance n’ayant aucune valeur démocratique et populaire. Cela en dit long sur la sophistication de la prochaine guerre de haute intensité, nécessitant tout un dispositif politico-militaire dans l’espoir de conserver toute la situation sous contrôle. A moyen terme, cela est vain bien évidemment.

Ce qui est clair, c’est que la France prépare activement la guerre et cela fait écho à une citation des Comités de la paix des Usines Schneider de 1952 reprise par la gazette anti-guerre Rosa dans son numéro 11 :

Les ouvriers pensent et disent que ce n’est pas tellement sûr que la guerre soit une fatalité, car une fatalité qui a un plan et qui a des crédits, n’en est pas une.

A l’instar de la France « nation-cadre » en Roumanie, c’est-à-dire puissance dirigeante et coordonnatrice de plusieurs armées pour le compte de l’Otan, l’exercice Hemex-Orion n’est là que pour préparer la France à manier un déploiement militaire sophistiqué par et pour l’Otan.

Car derrière cet exercice où prennent part des soldats allemands, belges, italiens, grecs, américains, anglais, etc., la France ne vise pas directement à assurer la défense nationale, mais bien plutôt à montrer sa crédibilité envers l’Otan.

C’est un signal envoyé aux États-Unis comme quoi la France reste dans la course pour la guerre de repartage qui s’annonce, ou plutôt qui a déjà commencé avec la guerre contre la Russie.

C’est une preuve une fois de plus que la France n’est qu’une puissance de second ordre qui tente, tant bien que mal, de conserver sa place au soleil en tirant profit du mieux qu’elle peut de l’ordre international garanti par l’Otan depuis les années 1950. Car il faut bien comprendre que mobiliser 12 000 hommes, c’est tout à la fois rien au regard de ce qui se passe justement en Ukraine et déterminant si l’on se place sur le plan de la coalition Otan.

Il faut donc prendre cet exercice pour ce qu’il signifie historiquement : la France est un protagoniste majeur du militarisme occidental qui se prépare à maintenir le statu quo mondial qui lui est favorable.

Quiconque ne le conteste pas est de facto dans le camp du militarisme français.

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Politique

Manifestations pour le régime ukrainien avec LFI, le NPA…

Ils se rangent derrière les bandéristes.

Les manifestations en faveur du régime ukrainien en France le samedi 25 février 2023 n’ont pas donné grand-chose. Plusieurs centaines à Paris, quelques centaines ailleurs : à Montpellier, Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon, Nice, ou encore Brest. Ce n’était pas manque d’information : beaucoup de médias en ont parlé en ne disant que du bien.

Cela a été une vraie tentative de mobiliser, et France inter, première radio de France, a même fait une carte listant la vingtaine de rassemblements. Il y a également eu l’affiche réalisée par l’artiste parisien tendance du moment, « C215 ».

Donc, même en comptant le plus largement possible, en surestimant les chiffres à fond, il y a eu… 13 000 personnes qui se sont mobilisées.

Alors qu’il y a en France, rappelons-le, plus de 100 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, qui sont venues d’Ukraine à la suite déclenchement du conflit.

C’est donc un échec complet pour la mobilisation en faveur du régime ukrainien, un total fiasco. Il n’y a pas, malgré la propagande médiatico-politique acharnée contre la Russie et pour l’Otan, de mobilisation générale en ce sens en France. Même pas chez les Ukrainiens réfugiés.

On a uniquement affaire à des excités plus ou moins directement liés aux institutions et à ses initiatives, comme le fait de mettre la Tour Eiffel aux couleurs ukrainiennes.

Il n’en reste pas moins – et c’est là terrible – que quasiment tout ce qui est lié de prêt ou de loin à la Gauche ou au syndicalisme en France, soutenait ces rassemblements, y étant partie prenante au premier rang.

Ces gens, par soumission à l’occident et à ses intérêts, soutiennent dans les faits sans scrupule et unilatéralement le régime ukrainien, qui est ultra-nationaliste et interdit violemment la Gauche et tout ce qui se rapproche de la Gauche en Ukraine.

Tous ces gens, en Ukraine, seraient interdits, visés par une extrême-Droite armée omniprésente. Un sacré paradoxe. Car soutenir les nationalistes ukrainiens, les « bandéristes », que cela ne dérange pas les Etats-Unis et l’Union européenne en même temps pro-LGBT et plein d’idéologie « inclusive », c’est dans l’ordre des choses.

Mais que des gens se disant de Gauche manifestent à l’appel des bandéristes et en présence de l’ambassadeur d’Ukraine… là, tout de même….

Qui trouvait-on notamment pour soutenir le régime ukrainien, l’OTAN, la guerre américaine à la Russie?

La France Insoumise, le Parti Socialiste, le Nouveau Parti Anticapitaliste…

La Ligue des Droits de l’Homme, Mémorial 98 (association « contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme »), L’Alliance des femmes pour la démocratie…

ATTAC, Europe Écologie-Les Verts, Ensemble, La Gauche éco-socialiste, Génération écologie…

Les syndicats CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU.

Tout ce petit monde appelait à marcher « pour l’Ukraine », en réalité pour les plans américains en Ukraine contre la Russie. Voilà la vérité !

Ces gens se sont condamnés historiquement. Leur ligne est celle de l’alignement sur les intérêts du capitalisme américain. Ils parlent beaucoup, revendiquent du social, mais rentrent dans le rang dès que la bourgeoisie le leur demande.

Et cela alors que le même jour, en Allemagne, 50 000 personnes manifestaient contre les fournitures d’armes au régime ukrainien. Quelle différence !

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Guerre

Allemagne : 50 000 personnes contre la guerre en Ukraine

Avec Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht.

Nous avions déjà parlé en mai 2022 de la Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz, lancée par la revue féministe historique EMMA avec Alice Schwarzer. Depuis, un vrai travail de fond a été mené, avec notamment également et bien entendu Sahra Wagenknecht, la principale figure de la Gauche historique en Allemagne.

Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer

Leur manifeste pour la paix mis en ligne le 10 février 2023 a ainsi obtenu plus de 650 000 signatures. Il demande l’arrêt de l’escalade militaire de la part des pays occidentaux et la mise en place d’une véritable diplomatie pour la paix. Il met en avant un appel à manifester comme « soulèvement pour la paix ».

50 000 personnes se sont rendus à Berlin à la suite de cet appel, le 25 février 2023, manifestant sous la neige, exigeant la cessation de l’envoi d’armes au régime ukrainien.

Quel contraste avec la France où toutes les forces politiques, de La France Insoumise au Rassemblement national sont sur la ligne du gouvernement et de l’Otan, même si parfois avec certaines « réserves »!

Le drapeau du mouvement pacifiste (et non pas celui LGBT)

Là on voit la différence, avec une vraie position sur celle de la Gauche historique. Disons le, c’est exemplaire. Cela fait chaud au cœur !

C’est d’autant plus brillant qu’en Allemagne, contrairement à en France et à en Italie, l’extrême-Droite est opposée aux États-Unis. Les médias ont ainsi essayé de dénoncer le mouvement anti-guerre en l’assimilant à l’extrême-Droite, dans un matraquage ininterrompu dans tous les médias.

Mais l’entreprise a échoué ! L’intelligence politique et la légitimité d’Alice Schwarzer et de Sahra Wagenknecht ont permis l’émergence d’une vraie opposition, sur une ligne relevant de la Gauche historique.

« Bas les armes ! La guerre en Ukraine peut et doit être terminé au moyen de la diplomatie »
Bas les armes ! est une allusion au titre d’un ouvrage éponyme majeur dans les pays de langue allemande au début du 20e siècle, écrit par l’activiste Bertha von Suttner

Sahra Wagenknecht a avec justesse souligné d’ailleurs que ceux qui dénoncent l’extrême-Droite feraient bien de voir l’Ukraine et ses représentants, alignés sur le bandérisme !

Quel contraste avec la France où, le même jour, à Paris, le Parti socialiste, La France Insoumise, Ensemble et bien d’autres manifestaient avec les bandéristes !

En Allemagne, il y en a qui assument de se confronter avec leur propre militarisme !

1812 Napoléon 1914 L’empereur Guillaume 1941
Hitler 2023 Scholz / Baerbock?

Et il ne faut pas croire qu’en Allemagne, il n’y ait pas d’ailleurs en général le même matraquage qu’en France, bien au contraire ! L’Allemagne a même placé un… tank russe détruit il y a quelques mois devant l’ambassade de Russie à Berlin ! Les couleurs ukrainiennes ont été hissées sur les bâtiments officiels, etc.

C’est le même bourrage de crâne, la même guerre psychologique, la mobilisation pour l’Otan, pour la guerre américaine contre la Russie.

Les camarades allemands montrent l’exemple : c’est un mouvement démocratique et populaire qu’il faut générer contre la guerre !

Pas d’armes pour le régime ukrainien, et pression maximale sur les gouvernements pour forcer à aller dans le sens de la diplomatie !

Dans la compréhension, pour les éléments les plus conscients, qu’on est là dans la bataille pour le repartage du monde, et que c’est le Socialisme qui est à proposer comme horizon véritable pour empêcher ou stopper la nouvelle guerre mondiale qui se met en place !

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Politique

Le Rassemblement national s’aligne sur l’OTAN

C’est la soumission à la superpuissance américaine.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est en train de réaliser le même alignement sur l’OTAN que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Historiquement, ces deux formations insistent particulièrement sur la notion d’indépendance, comprise au sens nationaliste. La France serait une grande puissance et elle devrait elle-même décider de ses orientations.

Le déclenchement du conflit militaire en Ukraine en février 2022 a tout changé. Il a immédiatement mis KO debout Marine Le Pen et Eric Zemmour. La première voyait clairement la Russie comme un allié essentiel à une France nationaliste (et inversement), Eric Zemmour aurait profité du conservatisme russe tout en étant pro-américain.

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon se sont de leur côté rapidement effacé, prônant encore une « solution » pacifique, mais votant à l’instar des députés européens en faveur du soutien militaire au régime ukrainien. Le refus de l’OTAN est passé à la trappe également.

Le Rassemblement national devait soit faire de même, soit assumer de représenter la fraction la plus agressive, la plus nationaliste de la haute bourgeoisie française. Cependant, cette dernière s’est faite marginalisée par le reste de la bourgeoisie, qui s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Alors, c’est le changement de ligne. Il a été officialisé par Jordan Bardella, 27 ans, président du Rassemblement national depuis novembre 2022. Le vecteur de ce changement a été L’Opinion. C’est un quotidien de droite libérale confidentiel, mais jouant un rôle auprès des « décideurs ». L’interview de Jordan Bardella publié le 23 février 2023 par ce quotidien correspond ainsi à une reconnaissance, une intronisation par la bourgeoisie.

Jordan Bardella reconnaît ainsi avoir été là le 9 février 2023 lorsque, au parlement européen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu une standing ovation (voire notre article – Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique).

Ses propos expriment la soumission à la ligne générale de la bourgeoisie :

« Nous avons dès le début du conflit émis une condamnation très claire, franche, et sans aucune retenue de cette agression. Je crois qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un État européen. »

« Il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. »

« Le réel est revenu frapper à nos portes et il est clair que le Vladimir Poutine d’il y a cinq ans n’est pas celui qui, cinq ans plus tard, décide d’envahir l’Ukraine et de commettre des crimes de guerre à Odessa ou à Marioupol. »

« Je suis favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières. »

« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. La cause ukrainienne a ému l’ensemble des opinions européennes. Et c’est peut-être là aussi ce qu’a sous-estimé Vladimir Poutine. Nous avons une proximité culturelle avec l’Ukraine. »

« Oui il y a entre la France et la Russie une guerre d’intérêt et une guerre d’influence qui s’étend jusqu’à l’Afrique (…). La Russie est un concurrent et un adversaire dangereux. »

On ne trouve naturellement pas un mot sur l’OTAN. Et, dans la foulée, Marine Le Pen a publié le 24 février 2023 un texte sur le conflit militaire en Ukraine qui a désormais un an. Le quotidien Libération a voulu voir un rappel à l’ordre fait à Jordan Bardella. Mais bien au contraire, Marine Le Pen conforte cette ligne.

Elle fait juste de la politique, avec la même ligne que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise d’ailleurs : le gouvernement a raison dans le fond, mais il fait les choses mal, on les ferait mieux en veillant mieux aux intérêts de la France, etc.

Il n’est pas de hasard qu’il y a, strictement parallèle à cela, la déclaration d’une même soumission à l’OTAN, à la guerre américaine contre la Russie, de la part de l’intersyndicale menant la lutte contre la réforme des retraites.

C’est l’Union sacrée et tout le monde doit se soumettre. Et à Gauche, peu bien résistent et maintiennent leur opposition !

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Politique

Un an de conflit en Ukraine : la Gauche surtout silencieuse et complice

Le bilan est très mauvais.

Elle est belle la « Gauche » française, ou plutôt cette variété française de « Démocrates » à l’américaine. Un an de conflit en Ukraine et même là, elle ne trouve rien à dire, ou alors… surtout pour soutenir l’OTAN. On en est là..

Et encore parle-t-on là de ceux qui font de la politique. Pour d’autres, c’est déjà trop. Les manifestations de la CGT et une vague agitation étudiante leur suffit. Ils ne sont même pas en mesure de comprendre que le premier anniversaire d’un tel conflit interpelle nécessairement les gens. Que c’est faire de la politique, la plus élémentaire même, que de donner sa vision du monde, de montrer qu’elle permet d’éclairer les faits, de dégager des tendances, de tracer des perspectives.

Faisons un petit bilan de ces « politiques » et « antipolitiques » au sujet du triste anniversaire de la première année de conflit militaire en Ukraine.

Les politiques

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, a régulièrement soutenu le régime ukrainien, tout en dénonçant le risque d’engrenage. C’est une position intenable, mais qui permettait de sauver la chèvre et le chou. D’un côté le PCF est aligné sur le régime pro-Ukraine au niveau de ses élus, de l’autre il prône la paix pour satisfaire sa base.

Le document « Ukraine : Agir pour la Paix, en priorité » est en ce sens. Fabien Roussel dénonce la Russie, appelle le gouvernement français à devenir l’organisateur de la paix et égratigne l’OTAN. Ce n’est pas cohérent, mais c’est bien amené, ça passe politiquement.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste appelle à soutenir la « résistance ukrainienne », sans prendre en compte la nature du gouvernement ukrainien. Tout est de la faute de la Russie et il faut soutenir les opposants là-bas (Assez de la guerre de Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !). Cela revient à être un appendice de l’OTAN, mais ça tient debout, c’est cohérent politiquement (si l’on adopte la ligne du NPA).

Lutte Ouvrière a pris position dans son éditorial des bulletins d’entreprise. Son mot d’ordre est Aucun soutien à leur sale guerre ! et l’opposition à la guerre. Lutte Ouvrière est montée en gamme depuis quelques semaines dans sa dénonciation de la guerre, reflétant le fait que pour les travailleurs, la menace d’une 3e guerre mondiale interpelle. Citons le bulletin :

« Les travailleurs n’ont à se ranger ni dans un camp, ni dans un autre. La seule porte de sortie qui puisse garantir que le conflit prenne fin et ne recommence pas demain, c’est que les travailleurs refusent de servir de chair à canon et se retournent contre leurs propres dirigeants.

Sans les travailleurs, rien ne peut se produire. Rien ne peut s’échanger, rien ne peut fonctionner. Même pour faire la guerre, produire les armes et les acheminer, les gouvernements ont besoin de nous. Sans notre consentement, il n’y a pas de guerre possible.

Alors, préparons-nous à refuser l’union sacrée derrière Biden et Macron. Reprenons le mot d’ordre de Marx : prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre la classe capitaliste qui nous exploite. Unissons-nous contre ses politiciens qui dressent les peuples les uns contre les autres et nous mènent à la guerre ! »

Le PCF(mlm) considère quant à lui qu’on est déjà dans le processus de 3e guerre mondiale. Celle-ci est le fruit pourri de la crise générale du capitalisme commencé en 2020 et les choses vont empirer en raison de la contradiction américano-chinoise. On est dans le repartage du monde et l’ennemi est avant tout dans son propre pays (Un an de conflit armé en Ukraine: faire face à la guerre de repartage du monde, à l’exemple de Rosa Luxembourg).

Citons le document :

« Quel est le point de vue à l’arrière-plan de toutes les initiatives concernant l’Ukraine ?

Ce pays devrait devenir une base industrielle pour le capital financier occidental, en profitant des ressources d’une Russie démantelée en de multiples petits États et payant des sommes colossales de « réparations ».

Une Ukraine vassalisée, une Russie colonisée, tel est le plan des impérialistes occidentaux, superpuissance impérialiste américaine en tête !

Tel est leur souhait, afin de relancer le capitalisme ! »

Révolution permanente a également pris position, ne ratant pas une telle occasion politique, bien que normalement il n’est jamais parlé du conflit militaire en Ukraine. Comme traditionnellement dans ce courant politique, l’article est prétexte à une analyse « géopolitique » où les tendances sont évaluées. Ce qui donne par exemple :

« Les scénarios sont multiples et nous ne pouvons pas tous les évoquer ici. Cependant, tout semble indiquer qu’une ouverture rapide de négociations et la fin des combats n’est pas la perspective la plus probable.

Les pronostics les plus optimistes estiment que ces négociations ne pourraient commencer que d’ici quelques mois, c’est-à-dire après une éventuelle offensive russe et une probable contre-offensive ukrainienne. Autrement dit, les populations locales vont encore endurer beaucoup de souffrances avant que la guerre s’arrête, même selon les plus optimistes. »

Cette position concerne de toutes façons seulement l’Ukraine et la Russie et il n’est pas considéré dans le document que tout cela ait une incidence politique en France (Ukraine. A un an du début d’une guerre réactionnaire).

On a enfin le Parti socialiste, dont la ligne est ouvertement favorable au régime ukrainien et à l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs un soutien total, indéfectible comme le dit la déclaration.

Les anti-politiques

Il y a, à rebours des « politiques », les anti-politiques. Eux veulent de l’agitation et rien d’autre. Les positionnements ne les intéressent pas : ils sont une variété pseudo-politique du syndicalisme. Ils ne parlent strictement jamais du conflit militaire en Ukraine et ils ne voient même pas pourquoi il faudrait en parler.

La France insoumise s’est ainsi contentée d’un communiqué de presse de quelques lignes signé par ses parlementaires, pour demander le soutien au régime ukrainien mais également d’aller dans le sens d’une solution négociée. Pas un mot sur l’OTAN, naturellement. Jean-Luc Mélenchon ne dit quant à lui rien du tout sur son blog, lui pourtant si bavard au sujet de tout.

Les anarchistes conservent pareillement le silence. Rien chez l’Union Communiste Libertaire, rien chez la Fédération anarchiste, rien chez Contre-attaque (ex-Nantes révoltée), rien chez la CNT, rien chez la CNT-SO, rien chez la CNT-AIT, rien chez l’OCL.

C’est tout de même notable, car il existe en France une tradition anti-militariste. Il faut croire qu’elle s’est évaporée et que l’armée française peut soutenir le régime ukrainien autant qu’il l’entend.

Du côté « marxiste-léniniste » ou pseudo-maoïste version étudiant, on ne trouve rien non plus. Ils ne parlent jamais de la guerre, ils ne vont pas s’y mettre même à l’occasion d’une année de conflit d’une telle importance. C’est « politique » et ça ne les intéresse pas.

Le Parti Communiste des Ouvriers de France, le Parti Communiste Révolutionnaire de France, Unité Communiste, La Cause du peuple, Nouvelle époque, l’UPML, l’OCML-VP… tous ces gens, qui normalement sont censés dénoncer « l’impérialisme », continuent de ne rien dire.

Initiative Communiste, le site du PRCF, ne dit rien non plus à cette occasion, mais au moins parle-t-il de manière assez régulière du conflit en Ukraine, dénonçant l’OTAN et appelant à la paix.

Le panorama des « politiques » n’est guère brillant, mais celui des « anti-politiques » révèle encore plus le fond du problème, qui est que la Gauche française est surtout sans fondamentaux et sans envergure.

Comment être pris au sérieux sans économie politique développée ? Comment prétendre changer le monde, transformer les choses, sans valeurs développées, sans vision du monde ?

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Guerre

Ukraine un an après: pour la défaite de l’OTAN

Nous avons annoncé cette guerre, nous l’analysons correctement.

Le 24 février 2022, très tôt le matin, nous étions quelques uns à surveiller les informations afin de vérifier ce qui avait été compris la veille : la Russie allait intervenir militairement en Ukraine. Cela afin de ne pas rater un moment historique, et de publier dans la foulée une série d’articles.

Nous étions parfaitement prévenus. Nous avions compris que 2020 avait une césure avec la pandémie et, dès avril 2021, nous avons commencé à publier régulièrement des articles sur l’Ukraine, parce qu’il était évident qu’on allait à la guerre.

Nous l’avons expliqué et répété de manière ininterrompue depuis cette période, en analysant tout ce qui se passait, strictement pour « rien » : cela n’a intéressé personne. La triste blague, c’est que même lorsque le conflit militaire a commencé… nous n’avons pas eu de lecteurs en plus, ni aucune reconnaissance.

Car nous touchions là un immense tabou en France. Dans notre pays, chacun peut dire ce qu’il veut, pour plus ou moins de social, plus ou moins de conservatisme ou de libéralisme… mais personne ne doit toucher, ni même oser parler du capitalisme qui tourne tranquillement à l’arrière-plan, de la marche à la guerre qu’il exige. Il y a deux tabous : le régime et ses institutions (dont les syndicats font partie), son armée.

C’est pourquoi même les plus contestataires en France convergent entièrement avec l’OTAN. Tant l’ensemble des syndicats français, la CGT y compris bien sûr, que le Rassemblement national, soutiennent le régime français dans sa participation à l’OTAN et à la transformation de l’Ukraine en chair à canon.

La réforme des retraites ? Cela se passe dans le cadre du capitalisme : on peut être pour ou contre. L’armée française, la guerre pour le repartage du monde ? Cela sort du cadre, c’est tabou, et résultat il n’y a plus personne. Il faut soutenir, ou ne rien dire.

Cela n’a rien d’étonnant. Dès avril 2021, la situation était claire, on allait à la guerre ouverte, pourtant le silence régnait à ce sujet. Il était révélateur. Le 5 avril 2021, nous condamnions L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine, et nous disions :

« Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ?

Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ? C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. »

Ces mots, plus d’un an et demi après, sont toujours aussi forts. Rien n’a changé depuis le début du conflit militaire en Ukraine, à part en empirant. L’ensemble du spectre politique français soutient la marche à la guerre contre la Russie, tout en ne disant rien à ce sujet, ou en relayant la propagande du régime ukrainien et de l’OTAN.

Le youtubeur très connu HugoDécrypte fait tranquillement la promotion du régime ukrainien et d’un « sympathique » skater dont le sac comporte un patch d’un symbole nazi, le « soleil noir »

Et nous le disons d’autant plus avec clarté que, pendant six mois avant le conflit, nous avons appelé à soutenir la nation ukrainienne. Nous avons été les premiers à appelé à sa protection. La nation ukrainienne est une victime.

Pour autant, nous ne nous alignons pas sur le régime ukrainien, ultra-nationaliste et rempli de nazis, entièrement au service de l’OTAN, qui valorise l’Union européenne et est fanatiquement contre tout ce qui a un rapport au Socialisme.

Les intérêts des masses mondiales priment et il n’y a pas à servir la soupe pour les pays riches qui pillent le tiers-monde et cherchent à maintenir leur ordre mondial !

Nous sommes fiers de ne pas nous aligner comme « tout le monde » sur notre propre impérialisme. Nous savons que l’ennemi est dans notre propre pays. Comme le dit la chanson l’Internationale, « nos balles sont pour nos propres généraux ».

Nous sommes pour la défaite de l’OTAN, parce que quand on a les valeurs de la Gauche historique, telle est la règle. Nous sommes pour la victoire du tiers-monde sur le mode de vie occidental.

Pour la défaite de l’OTAN, pour la déroute de l’occident, tel est le juste mot d’ordre, telle est la ligne véritablement démocratique et populaire au niveau mondial, révolutionnaire en France.

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Guerre

Emmanuel Macron à Munich: contre la Russie

En service commandé pour l’Otan.

Le président Emmanuel Macron s’est rendu vendredi 17 février 2023 à la Conférence de Munich sur la sécurité avec un discours guerrier assumé, mais tout le monde s’en fiche. L’engagement militaire de la France vers la guerre mondiale est en fait inversement proportionnel au déni des Français à ce sujet.

Emmanuel Macron n’y est pourtant pas allé de main morte. Il a fait l’inventaire, dont il s’est vanté, de toute l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Une aide à « forte valeur ajoutée » a-t-il précisé, évoquant « l’artillerie, la défense anti-aérienne en particulier, avec aussi un programme de formation pour des milliers de soldats ». Il n’a toutefois pas abordé les livraisons secrètes d’AKERON à l’Ukraine.

Et il a clairement réaffirmé que :

« Nous sommes prêts à intensifier notre soutien à l’Ukraine et nous sommes prêts à un conflit prolongé. »

L’engagement militaire de la France contre la Russie est de facto pleinement assumé, malgré les propos mensongers du Président à la presse dans l’avion au retour de Munich :

« Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement.

Je ne pense pas, comme certains, qu’il faut défaire la Russie totalement, l’attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n’a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais. »

C’est mensonger, comme si la France pouvait soutenir militairement le régime ukrainien, et en même temps ne pas être braquée contre la Russie. Ce genre de propos est uniquement destiné à une opinion publique s’assumant stupide, qui ne veut pas croire en la guerre, qui s’accommode très bien des prétentions pacifistes de l’Otan, car au fond il est surtout espéré que le mode de vie consommateur soit préservé.

Et si c’est la Russie qui doit payer pour cela, alors tant mieux, pensent-ils ! Les gens assumeront d’ailleurs bientôt la guerre. La présence d’Emmanuel Macron à la Conférence de Munich sur la sécurité allait directement dans ce sens d’une avancée inexorable à la guerre assumée et soutenue par la population occidentale.

Il faut donc, a souligné Emmanuel Macron, « réinvestir massivement » dans la défense européenne. Cela passerait évidemment par le nucléaire français. Il a été en ce sens question à Munich d’organiser prochainement à Paris une « conférence sur la défense aérienne de l’Europe ». Il doit ouvertement y être question de la dissuasion nucléaire.

Près d’un après le début de la guerre, la France s’aligne ainsi parfaitement sur les intérêts américains en soutenant la colonie américaine qu’est devenue l’Ukraine, contre la Russie.

En apparence, la diplomatie française est présentée comme constructive. C’est cependant uniquement fait pour sauver les apparences. La France est un simple rouage dans la mécanique militaire américaine.

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Politique

En cas de blocage d’accès du site

Notre position pour cette éventualité.

Notre site est très lu par les « cadres » de la Gauche, mais ceux-ci ne veulent pas le reconnaître. Quant aux gens, ils sont KO debout. Notre site a ainsi une vraie surface et en même temps, pas du tout.

Cela ne nous dérange pas en soi, car nous attendons qu’il se produise une rupture et nous ne voulons pas nous trimballer ce qui relève du passé. Le milieu militant nous est odieux, le syndicalisme nous est insupportable. Nous voulons le Socialisme et une vie humaine fondée sur des valeurs alternatives, le reste est une partie du problème, pas de la solution.

Cela produit un isolement dont nous sommes assez fiers, mais qui rend d’autant plus fort le risque de blocage du site en raison du conflit armé en Ukraine.

L’Union européenne est en effet en mesure de décider d’un blocage de contenus sans avoir aucun compte à rendre. On parle ici d’une décision administrative, qui s’impose aux États européens qui sont de de toutes façons très contents de la chose.

Nous ne pensons pas que l’État français nous interdira de son côté ; cela ne le lui rapportera rien, c’est à ses yeux trop insignifiant. Nous pouvons toutefois faire partie d’un gros pack d’interdictions de médias, blogs, comptes Twitter présentés, à tort ou à raison, comme « pro-Russie » par l’Union européenne.

Il suffit de regarder l’interdiction, illégale et pourtant mise en place, de RT France. On parle ici de la variante française et indépendante du média russe RT.

Lors du début du conflit, en février 2022, l’Union européenne a dit aux opérateurs de stopper la diffusion de tout ce qui est russe, et ce

« y compris par transmission ou distribution par tout moyen tel que le câble, le satellite, la télévision sur IP, les fournisseurs de services internet, les plateformes ou applications de partage de vidéos sur l’internet. »

C’est là assumer une censure de guerre. RT France a protesté en disant que c’était de la discrimination, une atteinte à la liberté d’entreprendre, une censure, etc. Mais la réponse de la part de l’Union européenne, de la part de son tribunal, a été directement politique :

« Dès lors que la propagande et les campagnes de désinformation sont de nature à remettre en cause les fondements des sociétés démocratiques et font partie intégrante de l’arsenal de guerre moderne, les mesures restrictives en cause s’inscrivent également dans le cadre de la poursuite, par l’Union, des objectifs qui lui ont été assignés. »

Autrement dit, un média peut être censuré pour être considéré comme « convergent » avec l’ennemi. L’Union européenne n’est officiellement pas en guerre, et c’est pourtant une censure de guerre.

RT France a continué son activité, car c’est la diffusion qui est bloquée, pas la production. Au moyen d’un VPN contournant l’accès à internet depuis l’Union européenne, il était possible de suivre ce que faisait RT France.

Et, en décembre 2022, il y a eu un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, amenant indirectement le gel des avoirs bancaires de RT France par le Trésor public, laissant 123 journalistes sur le carreau (dont 77 avec des cartes de presse). Cela a coulé RT France, qui a décidé de fermer en janvier 2023.

Tout cela est illégal au regard du droit français, mais par l’intermédiaire l’Union européenne est appliquée un droit de la guerre qui ne s’assume pas.

Possiblement, agauche.org ne sera donc pas interdit, mais verra « simplement » son accès bloqué dans l’Union européenne.

Des Français pourront écrire pour agauche.org, qui n’est donc pas interdit en soi. Des Français pourront le lire, légalement, avec un VPN pour aller sur internet. Les gens n’utilisant pas un VPN ne pourront cependant pas y accéder.

Il faut alors choisir de former un autre média, ou de continuer agauche.org en considérant que sans VPN, ce sera inaccessible. Au moins au départ, nous choisirons cette seconde option. Nous voulions le préciser tout de suite, pour une éventualité purement hypothétique encore, mais politiquement possible.

Nous pensons que dans une telle éventualité, la continuité est la chose qui a le plus de signification. C’est la meilleure parade à la volonté militariste de désorienter !

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Guerre

Le Monde appelle à l’escalade totale contre la Russie

Ils veulent la guerre à tout prix !

Le Monde a publié le 10 février 2023 un éditorial appelant à la mobilisation générale en faveur de la guerre. « Guerre en Ukraine : pour l’Europe, adapter le discours à la réalité » demande à intensifier la production d’armements et la propagande de guerre.

La bourgeoisie française continue de chercher à endormir les gens en prétendant que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, tout en mettant en place l’escalade afin de placer devant le fait accompli.

Le Monde, un quotidien fondamental pour l’aile libérale-démocrate de la bourgeoisie et ce depuis plusieurs décennies, souligne ainsi la dimension stratégique de la guerre à la Russie :

« Si la guerre russe a commencé comme une menace existentielle pour l’Ukraine, elle est devenue, au bout d’un an, existentielle aussi pour l’Europe.

Laisser aujourd’hui la Russie gagner la guerre qu’elle a lancée serait récompenser l’agresseur, placer ses voisins à la merci permanente d’une autre attaque, anéantir définitivement tout ordre européen, renier les valeurs du monde démocratique, renforcer la Chine… Les conséquences sont incalculables. »

C’est un appel à la victoire de l’Otan et au triomphe de l’Occident – le contraire de ce que nous, nous voulons : la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident.

Le Monde exige par conséquent que les efforts soient systématiquement mis en place :

« M. Macron ne parle plus aujourd’hui de « ne pas humilier la Russie » ni de lui trouver des « garanties de sécurité ». Le 31 décembre 2022, il avait promis d’aider l’Ukraine « sans faillir, jusqu’à la victoire ».

S’il ne prononce pas encore le mot « défaite » pour la Russie, il admet qu’on ne peut pas la laisser gagner.

Si les mots ont un sens, celui-ci est lourd.

Empêcher la Russie de « l’emporter » impliquera un engagement financier et militaire plus important que celui fourni jusqu’ici.

Cela implique une industrie d’armement qui tourne à plein régime, des sanctions plus sévères encore, des sacrifices sur d’autres postes budgétaires, une société résiliente et solidaire.

Cela veut dire, comme l’avait plaidé Emmanuel Macron, le 19 août 2022, « payer le prix de la liberté ». C’était il y a six mois.

Le moment est venu d’adapter le discours public à la réalité et de préparer, avec le reste des institutions, l’opinion à la gravité de la situation.

Par « société résiliente et solidaire », il faut entendre que les contradictions internes doivent être neutralisées au maximum dans le pays pour la mobilisation contre la Russie.

Par « préparer l’opinion » et le « reste des institutions », il faut comprendre qu’il faut commencer à présenter l’affrontement direct avec la Russie comme « inéluctable ».

C’est un éditorial de grande importance, appelant à aller dans le sens de la guerre totale. Il montre que la bourgeoisie française est soudée dans son ensemble, qu’elle est prête à y aller.

La seule opposition historique est donc de répondre : guerre à la guerre, pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

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Guerre

Zelensky à Londres puis Paris pour la guerre totale

Un tour de chauffe pour l’escalade.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé à Paris dans la soirée du mercredi 8 février 2023, après avoir passé la journée au Royaume-Uni. Le président ukrainien s’est en effet initalement déplacé en personne à Londres, pour rencontrer le roi Charles III et le premier ministre Rishi Sunak (qui l’a pris dans les bras à l’aéroport).

Il est allé d’abord au 10 Downing Street, ensuite au Parlement et au Palais de Buckingham. Comme Volodymyr Zelensky demande des avions de chasse, il a notamment eu ce petit mot : « Le roi est un pilote de l’armée de l’air. En Ukraine aujourd’hui, chaque pilote de l’armée de l’air est un roi ». Excellent story-telling.

Puis, donc, en soirée, il a été à Paris. Il a été reçu sur le tarmac de l’aéroport par le ministre français des Armées Sébastien Lecornu,ce qui bien sûr en dit long sur la nature de sa visite. Puis, il a fait une conférence de presse au Palais de l’Élysée avec le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.

Volodymyr Zelensky a demandé à Paris des armes lourdes.

« Plus tôt l’Ukraine obtient de l’armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe, et nous pourrions revenir à la paix en Europe. »

Les avions avaient déjà été un thème essentiel lors de sa prise de parole devant le Parlement britannique :

« Je vous demande, à vous et au monde, des mots simples mais pourtant très importants: des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté. »

Le Royaume-Uni compte aller en ce sens, en tant que premier de la classe des serviteurs de la superpuissance américaine, en tant que fournisseur militaire pour l’Ukraine contre la Russie. Des militaires ukrainiens y sont déjà formés en masse, comme l’a rappelé le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak lors de la visite de Zelensky :

« Les équipes ukrainiennes arrivées la semaine dernière [au Royaume-Uni] utiliseront les chars Challenger 2 pour défendre la souveraineté territoriale de l’Ukraine le mois prochain. »

Forcément, la Russie est obligée de réagir de manière forte. L’ambassade russe en Grande-Bretagne a immédiatement annoncé à propos de ces futurs envoi d’avions de guerre :

« Je voudrais rappeler aux responsables à Londres: dans un tel scénario, la moisson sanglante du prochain cycle d’escalade sera sur votre conscience, ainsi que les conséquences militaires et politiques pour le continent européen et le monde entier. La Russie trouvera une réponse à toute mesure hostile. »

Les choses sont donc très claires, si tant est qu’elles ne l’étaient pas auparavant. Il n’y aura aucune paix et la guerre va se finir par une terrible défaite, d’un côté ou de l’autre. Pour l’instant, c’est surtout l’Ukraine qui est défaite sur le terrain et qui craint une grande offensive russe dans les prochains jours. Alors le président ukrainien s’active pour forcer les choses et impliquer au maximum les pays européens membres de l’Otan.

En arrière plan, il y a la superpuissance américaine qui dicte la ligne de conduite et exige que soit faite la surenchère contre la Russie.

Le régime ukrainien est ici la marionette idéale, sur une ligne fanatique. Avant son départ pour Londres, Zelensky a par exemple accordé un long entretien au Figaro et au journal allemand Der Spiegel. Il y compare Vladimir Poutine à Hitler, et ce à plusieurs reprises, d’abord implicitement, puis de manière on ne peut plus explicite :

« Honnêtement, je savais par les livres que ce genre d’atrocités et de meurtres de masse existait. Mais je ne pouvais pas imaginer que cela puisse se reproduire dans le monde d’aujourd’hui. »

« Notre peuple n’oubliera jamais. Quand Hitler perdait la guerre, il continuait à bombarder Londres et d’autres villes. C’est pareil avec Poutine. Ce sont les mêmes créatures. Elles ne peuvent pas s’arrêter. »

« J’ai la conviction qu’il ne peut pas arrêter cette guerre. Si l’Ukraine tombe, il poursuivra ses attaques parce que son pouvoir est lié à l’invasion du pays. Le monde a déjà fait l’expérience de ce type d’événement pendant la Seconde Guerre mondiale. Hitler n’était pas seul. D’autres Hitler ont existé dans d’autres pays et à d’autres époques. On ne peut pas stopper ces dragons qui ont besoin de se nourrir. Tu peux leur donner un pays ou un bout de pays pour satisfaire leur appétit mais ils en réclament d’autres. Les radicaux russes demanderont à Poutine de continuer. Ce type de dragon ne peut pas être arrêté par les frontières ou par les Océans. »

Ces propos sont d’autant plus odieux que c’est lui, le président ukrainien, qui est à la tête d’un régime aux valeurs ultra-nationaliste, qui réécrit entièrement l’Histoire dans un sens anti-russe délirant, qui fait systématiquement la promotion du nazi Stepan Bandera…

Mais ce qui compte ici n’est pas la réalité. On est dans le story-telling à l’américaine, avec un discours général politique et diplomatique d’un vide absolu, pas même digne des poubelles que sont réseaux sociaux.

Il faut bien se rendre compte ici que Zelensky est capable de raconter au Figaro et à Der Spiegel que… les Russes « enterrent des gens vivants ». C’est du grand n’importe quoi, mais c’est tout à fait conforme à la guerre psychologique mise en place par la superpuissance américaine qui prépare la 3e guerre mondiale pour bloquer la superpuissance chinoise.

Zelensky est un agent américain, il leur a vendu l’Ukraine et il vient demander aux Britanniques, aux Français, aux Allemands et à tous les Européens de contribuer à la guerre américaine.

La France étant un satellite américain, elle s’aligne. Le Sénat a appelé à ce que l’Ukraine se voit livrée massivement des armes, Emmanuel Macron contribue au militarisme. Dans l’interview au Figaro et au Spiegel, Volodymyr Zelesnky le félicite d’avoir été le premier à mettre en place la livraison de chars à l’Ukraine :

« C’est lui qui a ouvert la porte aux livraisons de chars. Il a aussi soutenu la candidature de l’Ukraine à l’UE. Je crois que c’était un vrai signal. »

Le signal de la soumission à la guerre, au capitalisme nous précipitant dans la destruction. Il faut absolument se mobiliser contre la superpuissance américaine et ses sinistres desseins !

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Ukraine : le Sénat appelle à l’escalade

Militarisme à 100%.

Le Sénat a voté une résolution accusant la Russie d’être la cause de tous les problèmes mondiaux actuels, pour lesquels elle doit payer, et demandant à ce que le régime ukrainien se voie livré bien davantage d’armes.

Un texte militariste à 100%, voté par tout le Sénat à part par une mini-opposition portée par le PCF qui se dit… d’accord avec le texte, mais demande aussi un appel à la paix (voir plus bas).

« Texte adopté par le Sénat le 7 février 2023

Résolution exprimant le soutien du Sénat à l’Ukraine, condamnant la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie et appelant au renforcement de l’aide fournie à l’Ukraine

Le Sénat,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution,

Vu le chapitre XVI du Règlement du Sénat,

Vu la Charte des Nations unies, la Convention des Nations unies du 9 décembre 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide et la quatrième convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre,

Vu le Statut de Rome de la Cour pénale internationale,

Vu l’ordonnance de la Cour internationale de justice du 16 mars 2022 sur les allégations de génocide au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide,

Vu la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 14 novembre 2022 qui recommande la création d’un registre pour documenter les dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine,

Vu l’article 21 du traité sur l’Union européenne,

Vu l’article 196 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne,

Vu le règlement (CE) n° 2580/2001 concernant l’adoption de mesures restrictives spécifiques à l’encontre de certaines personnes et entités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,

Vu les conclusions du Sommet de Versailles des 10 et 11 mars 2022,

Considérant la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022 ;

Considérant l’ordonnance du 16 mars 2022 de la Cour internationale de justice, appelant la Fédération de Russie à suspendre immédiatement ses opérations militaires contre l’Ukraine ;

Considérant que la Fédération de Russie continue de violer obstinément les principes de la Charte des Nations unies par ses actes d’agression contre la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de violer de manière flagrante et grossière le droit humanitaire international, notamment en prenant délibérément pour cibles des personnes et des biens de caractère civil qui ne devraient pas faire l’objet d’attaques, conformément à l’article 52, paragraphe 1, du protocole additionnel I de 1977 aux Conventions de Genève de 1949 ; que ces crimes sont le reflet du mépris le plus total des règles et des lois de la guerre, comme on a pu le voir, notamment, dans le traitement inhumain des prisonniers de guerre, le recours généralisé à la torture à l’encontre des prisonniers de guerre ukrainiens ou les exécutions sommaires de ceux‑ci, ainsi que le refus de tout accès pour des organisations humanitaires internationales, telles que le Comité international de la Croix‑Rouge ;

Considérant que, depuis octobre 2022, la Fédération de Russie s’attaque délibérément aux infrastructures essentielles de l’Ukraine dans tout le pays dans le but de terroriser la population et de la priver de l’accès au gaz, à l’électricité, à l’eau, à l’internet et à d’autres biens et services de première nécessité, avec des effets catastrophiques ; que l’objectif de ces attaques est de terroriser la population ukrainienne, de saper sa résistance et sa détermination à continuer de défendre son pays, de forcer les Ukrainiens à accepter la puissance occupante et sa tentative illégale d’annexer plusieurs parties de l’Ukraine ;

Considérant que la Fédération de Russie est responsable de la crise mondiale de sécurité alimentaire, du fait de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine et du blocus des ports maritimes ukrainiens qu’elle impose ; que la Fédération de Russie utilise l’alimentation et la faim comme des armes depuis le début de la guerre ; que les actions délibérées de la Fédération de Russie, notamment la destruction de stocks, la perturbation de la production et l’imposition de quotas sur ses propres exportations de denrées alimentaires et d’engrais ont exacerbé la crise mondiale de la sécurité alimentaire ;

Considérant que la guerre en Ukraine a des conséquences mondiales et appelle une réponse coordonnée à l’échelle européenne et internationale ;

Considérant que les agissements de la Fédération de Russie constituent en outre une menace pour l’ensemble de l’Europe et rendent encore plus nécessaire l’achèvement de l’autonomie stratégique européenne ;

Réaffirme son plein soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières reconnues au niveau international par le mémorandum de Budapest de 1994, confirmé par la Fédération de Russie en 2009 ;

Condamne la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine ;

Condamne l’utilisation répétée et irresponsable de la menace du recours à l’arme nucléaire par la Fédération de Russie dans la guerre menée contre l’Ukraine et l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia par les forces russes, qui met en péril la sécurité de l’ensemble de la région ;

Condamne l’appui, y compris militaire, donné par les autorités biélorusses à l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie, ainsi que la livraison de drones et autres armements par le régime iranien aux forces russes ;

Condamne les simulacres de référendums qui ont conduit à la tentative d’annexion illégitime et illégale par la Fédération de Russie des territoires ukrainiens situés dans les oblasts de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, ainsi que de la Crimée et la ville de Sébastopol ;

Condamne les attaques et les atrocités perpétrées délibérément par la Fédération de Russie contre la population civile ukrainienne, la destruction de villes et d’infrastructures civiles et d’autres violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire international qui constituent des actes de terreur contre la population ukrainienne et des crimes de guerre ;

Dénonce les actes de torture, les viols, les enlèvements d’enfants, les déplacements forcés, les exécutions et les autres crimes perpétrés par la Fédération de Russie dans le cadre de cette guerre ;

Apporte son soutien plein et entier à l’enquête engagée par le procureur de la Cour pénale internationale sur la guerre menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, aux travaux de la commission d’enquête relevant du Haut‑Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme ainsi qu’aux organisations indépendantes de la société civile qui s’efforcent de recueillir et de conserver les preuves des crimes de guerre perpétrés par la Fédération de Russie ;

Exige que la Fédération de Russie et les forces qui agissent pour son compte cessent sans délai toutes leurs actions militaires, en particulier les attaques contre des zones résidentielles et des infrastructures civiles, et que la Fédération de Russie retire sans condition la totalité des forces militaires, des forces agissant pour son compte et des équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien internationalement reconnu et mette fin à ses exactions et à ses actes visant à terroriser la population ;

Invite le Gouvernement et l’Union européenne à favoriser toute initiative destinée à élucider et à juger les faits susceptibles de constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par la Fédération de Russie afin que l’impunité ne puisse en aucun cas prévaloir ;

Invite le Gouvernement à œuvrer à la mise en place par l’Union européenne et les États membres d’un mécanisme international d’indemnisation et de réparation par la Fédération de Russie, assorti d’un registre international des dommages aux victimes et aux biens, et à collaborer activement avec les autorités ukrainiennes à cet égard ;

Invite le Gouvernement, à titre bilatéral et en lien avec ses partenaires européens, à poursuivre et à renforcer, de manière significative, son soutien politique, économique, militaire, technique et humanitaire afin d’aider l’Ukraine à se défendre contre la guerre d’agression russe et contre les tentatives menées par la Fédération de Russie pour déstabiliser les institutions de l’État ukrainien, miner la stabilité macroéconomique du pays et détruire les infrastructures stratégiques dans les domaines de l’énergie, des communications, de l’eau et des transports, ainsi que les infrastructures civiles dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la culture ;

Invite le Gouvernement, en lien avec ses partenaires européens, à poursuivre et à renforcer en particulier les livraisons d’armes à l’Ukraine, dans les domaines identifiés comme les plus nécessaires par les autorités ukrainiennes, si besoin en augmentant le montant des crédits dévolus à la Facilité européenne pour la paix ;

Souligne à quel point il importe de concrétiser rapidement tous les engagements pris, en matière d’assistance militaire et humanitaire notamment ;

Invite le Gouvernement à œuvrer, au sein de l’Union européenne et de la communauté internationale, à renforcer le régime des sanctions à l’encontre de la Fédération de Russie, en identifiant de façon ciblée les domaines dans lesquels elles sont les plus efficaces, et à l’encontre des États biélorusse et iranien qui apportent leur soutien opérationnel à l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie ;

Invite le Gouvernement, en relation avec ses partenaires de l’Union européenne, à prévenir, à instruire, à poursuivre ou à répliquer, par les moyens appropriés, y compris diplomatiques, à tout contournement des sanctions ;

Invite le Gouvernement et ses partenaires de l’Union européenne à étendre la liste des personnes visées par les sanctions, en la complétant et en l’élargissant à l’ensemble des personnes, groupes et entités impliqués de quelque façon que ce soit dans l’agression de l’Ukraine ;

Invite le Gouvernement à inciter l’Union européenne et les États membres à prendre toute initiative destinée à obtenir l’inscription du groupe Wagner, du 141e régiment spécial motorisé russe (« Kadyrovites ») et de leurs membres sur la liste établie en application de l’article 2, paragraphe 3, du règlement (CE) n° 2580/2001 concernant l’adoption de mesures restrictives spécifiques à l’encontre de certaines personnes et entités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ;

Invite le Gouvernement, avec ses partenaires de l’Union européenne, à renforcer les corridors de solidarité permettant de faciliter l’exportation de denrées en provenance de l’Ukraine et à lutter contre la désinformation et la propagande russes en Europe et dans les pays tiers, en mettant en exergue la responsabilité de la Fédération de Russie dans les conséquences de la guerre ;

Invite le Gouvernement, avec les institutions de l’Union européenne et ses partenaires européens, en lien avec les autorités ukrainiennes, à élaborer sans tarder un plan européen pour la reconstruction de l’Ukraine, assorti des moyens adéquats ;

Invite le Gouvernement à œuvrer au maintien de l’unité de tous les États membres de l’Union européenne dans la réponse qu’ils opposent à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et à user de son influence pour que les pays candidats à l’adhésion à l’Union s’alignent sur la politique de sanctions de l’Union.

On est là dans une soumission totale à la superpuissance américaine. Le Sénat ferait mieux de hisser le drapeau américain à la place du drapeau français. Mais ce n’est pas tout.

Non seulement le Sénat appelle à l’escalade militaire totale en Ukraine, mais en plus le capitalisme français se permet même le luxe d’avoir une mini pseudo opposition militariste.

Les 15 sénateurs du « Groupe communiste républicain citoyen et écologiste » ont voté contre la résolution du Sénat, non pas parce qu’ils sont en désaccord avec le contenu, mais parce qu’il faudrait également parallèlement proposer un appel à la paix.

Les propos du sénateur Pierre Laurent du PCF, qui est d’ailleurs vice-président du Sénat (ce qui en dit long sur son « opposition » au régime), sont limpides :

« Chers collègues, affirmer notre soutien à l’Ukraine contre l’agression militaire de la Fédération de Russie, dénoncer les crimes de Vladimir Poutine, exiger le retrait des troupes russes et le respect de la souveraineté de l’Ukraine, aider militairement et humanitairement l’Ukraine à se défendre et à protéger sa population, c’est indispensable comme nous le disons depuis le premier jour de la guerre.

Mais cela doit aller de pair avec l’impératif de prévenir une guerre généralisée et avec une mobilisation internationale de tous les instants pour stopper le conflit, pour explorer toutes les voies capables de remettre les belligérants à la table des négociations en vue du retour à la paix et à la sécurité mutuelle.

Abandonner l’objectif de la paix au seul profit de l’escalade militaire, c’est abdiquer devant la perspective d’une guerre longue et durable,  toujours plus destructrice, une guerre aux limites inconnues, chaque jour plus proche d’un basculement aux conséquences incalculables.

Ce travail est urgentissime, chers collègues. Ne voyons-nous pas s’accumuler les vents mauvais d’une guerre toujours plus large ? »

C’est là une servitude totale à la guerre. C’est se donner une apparence de gauche pour en réalité épauler le militarisme. Et c’est faire de la démagogie.

Urgentissime, en effet, comme le dit Pierre Laurent? Le site du « Groupe communiste républicain citoyen et écologiste » au Sénat n’aborde même pas la question du vote.

Ni le PCF d’ailleurs en général, et pareil pour La France insoumise. Ils ne parlent pas de la guerre, personne ne parle de la guerre à part agauche.org.

Tous convergent avec le capitalisme, son mode de vie, et donc l’escalade, qui est là devant nos yeux : à quoi cela sert-il de dire qu’on la craint, alors qu’on est en plein dedans?

On est déjà dans la troisième guerre mondiale pour le repartage du monde !

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Ukraine : la tentative américaine de négocier avec la Russie

La question chinoise est à l’arrière-plan.

Les médias ont beaucoup parlé ces dernières 24 heures d’une information marquante. Le directeur de la CIA Williams Burns se serait secrètement rendu à Moscou à la mi-janvier afin de négocier une sortie de crise.

On parle ici du moment où s’est posée la question des chars occidentaux à envoyer à l’armée ukrainienne.

Williams Burns aurait proposé, dit-on, 20% du territoire ukrainien en échange de la paix. La Russie aurait refusé, considérant qu’elle allait l’emporter ; de toute façon, le régime ukrainien entend de son côté aller jusqu’au bout et se débarrasser de la « Moscovie ».

La Maison Blanche a catégoriquement démenti. Le souci est que l’information vient d’un article du Neue Zürcher Zeitung. On parle là d’un quotidien suisse ultra-conservateur qui profite d’une aura majeure dans les pays germanophones. C’est un journal extrêmement bien informé, à destination des élites.

La « NZZ » explique également avoir deux sources différentes jouant un rôle politique significatif en Allemagne. Et, surtout, ce n’est pas une information lâchée au détour d’une brève, il y a tout un panorama de présenté.

Le journal dit les choses suivantes :

– le conseiller à la sécurité Jake Sullivan et le chef de la CIA Williams Burns veulent mettre vite fin à la guerre pour se concentrer sur la Chine (on se rappelle ici que c’était la ligne de Donald Trump) ;

– cet avis est également exprimé par la RAND corporation, un think tank majeur aux Etats-Unis, mis en place par le complexe militaro-industriel en 1948 et disposant de 300 millions de dollars de budget ;

– à l’inverse, le responsable des Affaires étrangères Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin considèrent qu’il est possible de régler son compte à la Russie et qu’il faut mettre le paquet.

– cela montre qu’il y a des dissensions au sein de la tête des Etats-Unis ;

– le chancelier allemand Olaf Scholz pensait que la ligne Sullivan-Burn l’emporterait, et il voulait éviter donc de donner le moindre tank au régime ukrainien, d’où le fait que, officiellement, le gouvernement allemand… ne sait toujours pas combien l’armée allemande dispose de tanks en état de marche ;

– Olaf Scholz est ici en dissension avec la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qu’il a court-circuité dans l’affaire des tanks pour le régime ukrainien ;

– Olaf Scholz s’est fait avoir car l’Allemagne va livrer des chars Leopard qui risquent de se faire détruire alors que les 31 chars américains Abrams proviennent de dépôts et ne seront livrés que dans un an après rafistolage !

On l’aura compris, l’article fait passer Olaf Scholz pour un incapable agissant de manière désordonnée, et c’est le but. La « NZZ » joue ici un rôle pour l’Allemagne qui est le strict équivalent de celui du Canard enchaîné en France. Il s’agit d’informer par la bande pour une remise à plat.

La différence étant bien entendu que le Canard enchaîné prétend être satirique, alors que la « NZZ » représente le maximum du sérieux bourgeois (pour ce qu’il en reste).

Cependant, ce qui compte surtout c’est que la « NZZ » dit ouvertement qu’il y a une dissension stratégique à la tête de superpuissance américaine. La mention de la position de la RAND corporation ajoute un poids majeur à ça.

En l’occurrence, il y a l’étude de 32 pages intitulée Avoiding a long war – Eviter une longue guerre. Rien que la présentation dit tout :

« Une mise en garde importante : cette perspective se concentre sur les intérêts américains, qui s’alignent souvent sur les intérêts ukrainiens mais ne sont pas synonymes de ceux-ci.

Nous reconnaissons que les Ukrainiens ont été ceux qui se sont battus et sont morts pour protéger leur pays contre une invasion russe non provoquée, illégale et moralement répugnante.

Leurs villes ont été rasées ; leur économie a été décimée ; ils ont été victimes des crimes de guerre de l’armée russe.

Cependant, le gouvernement américain a néanmoins l’obligation envers ses citoyens de déterminer comment différentes trajectoires de guerre affecteraient les intérêts américains et d’explorer les options pour influencer le cours de la guerre afin de promouvoir ces intérêts. »

Que dit l’article ? Tout d’abord, que pour la Russie le conflit en Ukraine est existentiel et que s’il le fallait, elle appuierait sur le bouton rouge de l’arme atomique. Les conséquences seraient incalculables et risquent de précipiter les États-Unis dans un emploi forcé de l’arme atomique.

Ensuite, que de toute façon la Russie a ouvert la boîte de Pandore de l’instabilité mondiale et que ce ne sont pas des km2 qui comptent. Si on pouvait geler la situation, ce n’est pas plus mal car l’Ukraine telle qu’elle est actuellement est utilisable, mais pas si elle cède encore du terrain.

Une Ukraine l’emportant totalement, par contre, aboutit à un risque d’engrenage, surtout en raison de la Crimée… Alors que de toute façon, la Russie est affaiblie.

Les États-Unis ont donc tout à gagner de faire en sorte qu’il y ait une armistice, plutôt que tout cela dure, coûte cher et soit risqué. L’article conclut en disant que passer de l’armistice à un accord sera très difficile, mais c’est toujours mieux que de faire durer les choses. Il trouve dommage que le président Joe Biden n’ait laissé aucun espace pour prévoir l’armistice et l’accord à trouver.

Tout cela est fort rationnel. Cependant, objectivement, ce que dit la RAND Corporation a six mois de retard. Désormais, la Russie est obligée de prendre Odessa. Elle ne peut pas se permettre d’avoir confiance en l’Occident et en le régime ukrainien. Elle avait demandé des garanties pendant des semaines avant le début de « l’opération spéciale », elle n’en a jamais eu.

Il ne peut donc pas y avoir de paix. Et, de toute façon, le vrai fond de tout ce qui se passe, c’est la bataille pour le repartage du monde. L’article de la RAND corporation ne le dit pas mais la vraie question c’est la Chine. Celle-ci n’est pratiquement jamais mentionné dans l’article… à part pour dire au passage :

« Au-delà du potentiel de gains russes et des conséquences économiques pour l’Ukraine, l’Europe et le monde, une longue guerre aurait également des conséquences sur la politique étrangère américaine.

La capacité des États-Unis à se concentrer sur ses autres priorités mondiales, notamment la compétition avec la Chine, restera limitée tant que la guerre absorbe le temps des décideurs politiques et les ressources militaires américaines. »

C’est là la ligne de Donald Trump. En fait, c’est une critique de la ligne de Joe Biden, en disant : il fallait maintenir tout cela gelé pour s’occuper uniquement de la Chine, là on se disperse et c’est très mauvais.

Cela reflète une intense bataille dans la haute bourgeoisie américaine, entre deux factions : celle « républicaine » visant la Chine d’abord et surtout voire uniquement, celle « démocrate » voulant d’abord liquider la Russie, voire l’Iran, avant de s’occuper de la Chine.

C’est cela qui explique le voyage à Moscou de Williams Burns. Il s’agissait d’une tentative de calmer la faction « la Chine seulement » en lui donnant un gage, en montrant que l’écrasement de la Russie est la seule voie possible en ce moment.

Cela tangue à la tête de la superpuissance américaine ! Mais quelle que soit la faction qui triomphera, ce sera de toute façon la guerre pour l’hégémonie mondiale.

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L’Union européenne à Kiev pour le compte de l’Otan

Main dans la main contre la Russie.

Le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky

L’Union européenne n’est plus qu’une succursale politique de l’Otan, l’alliance militaire de la superpuissance américaine. Fini le pseudo-pacifisme et le pseudo-humanisme européen, tout est balancé par la fenêtre pour prêter allégeance aux États-Unis. Et tant pis pour le long héritage politique et culturel commun avec la Russie.

L’Union européenne est en première ligne dans le soutien au régime ukrainien qui livre une guerre fanatique à la Russie pour le compte des États-Unis. C’est pourquoi ses dirigeants se sont rendus à Kiev vendredi 3 février 2023. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, y ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour ce qui était un sommet entre l’Union européenne et l’Ukraine.

On n’est plus ici dans le simple soutien, mais bien dans la prise de partie directe dans le conflit ; l’Union européenne est ouvertement en guerre contre la Russie. C’est pour cela qu’elle a livré 3,6 milliards d’euros à l’Ukraine depuis février 2022. C’est par exemple plus que le programme « Europe créative», doté 2,44 milliards d’euros (sur 6 ans !), qui est présenté comme le « programme phare de la Commission européenne visant à soutenir les secteurs de la culture et de l’audiovisuel ».

La guerre à la Russie compte bien plus pour l’Union européenne que ne compte la culture européenne. Cela pour la simple raison que l’autorité de tutelle américaine a décidé que l’Union européenne devait supporter le boulet ukrainien. La superpuissance américaine compte récolter les fruits du contrôle de l’Ukraine, mais sans en avoir la charge.

Dociles, les dirigeants européens sont donc venus à Kiev pour faire leurs devoirs. Il s’agissait de discuter des sujets suivants :

  • la trajectoire européenne de l’Ukraine et le processus d’adhésion à l’UE ;
  • la réponse de l’UE à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ;
  • les initiatives de l’Ukraine en faveur d’une paix juste et visant à ce que les responsables répondent de leurs actes ;
  • la coopération sur les questions de reconstruction et d’aide et dans les domaines de l’énergie et de la connectivité ;
  • la sécurité alimentaire mondiale.

Ces échanges ont été l’occasion de rappeler le gigantesque effort européen de soutien à l’Ukraine. Car, en effet, en plus des 3,6 milliards d’euros évoqués précédemment, il faut compter en tout 12 milliards d’euros d’après l’Union européenne, en prenant en compte l’aide militaire fournie par les États membres.

Mais cela, ce n’est que ce qui a déjà été dépensé. Pour l’instant, d’après les informations officielles de ce sommet Union européenne – Ukraine :

« Globalement, l’aide promise à l’Ukraine au niveau de l’UE et au niveau des États membres s’élève à ce jour à près de 50 milliards d’euros. »

Pour donner un ordre de grandeur et aider à la comparaison, le déficit du système de retraite français censé justifier la réforme des retraites est de 1,8 milliard d’euros.

On l’aura compris, l’Ukraine compte plus que tout pour l’Union européenne, succursale politique de l’Otan. Alors elle doit vite intégrer l’Union. Voici ce qui est dit dans la déclaration officielle suite au sommet :

« L’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre la guerre d’agression menée par la Russie aussi longtemps qu’il le faudra. Nous avons souligné l’importance historique de la décision du Conseil européen du 23 juin 2022 de reconnaître la perspective européenne et d’accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine.

Nous avons réaffirmé que l’avenir de l’Ukraine et de ses citoyens se situe au sein de l’Union européenne. Nous partageons des valeurs communes de démocratie, d’État de droit, de respect du droit international et des droits de l’homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités, ainsi que de l’égalité des sexes.

L’UE a réitéré son soutien et son attachement indéfectibles à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »

En d’autres termes, il est question ici de faire en sorte d’arracher l’Ukraine à l’orient, pour l’intégrer totalement à l’occident. C’est ce qui à gauche est généralement appelé de l’impérialisme. Et ici, c’est même de la sous-traitance d’impérialisme, puisque la maison-mère, ce sont les États-Unis.

Tout cela va finir en guerre mondiale, c’est inévitable, alors que dans le même temps les tensions entre les États-Unis et la Chine ne vont que grandir, etqu’il s’agit là de la principale contradiction au niveau mondial. L’Ukraine et l’Union européenne ne sont ici que des pions, face à la Russie qui n’est qu’un obstacle ; ce qui compte en arrière plan est l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Qui n’a pas compris que c’était là la principale actualité, que là se joue le sort du monde, n’a rien compris à l’Histoire.

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Bilan du sommet de l’OTAN de janvier 2023 à Ramstein

La guerre frontale ou pas, telle fut la question posée.

La base aérienne de Ramstein en Allemagne est une importante composante du dispositif militaire américain ; elle fut à ce titre la cible d’une attaque à l’explosif par la Fraction Armée Rouge en 1981. C’est sa dimension logistique qui prime et c’est à ce titre que les ministres de la Défense de 54 Etats s’y sont réunis le 20 janvier 2023 à l’initiative de l’OTAN, pour décider de quoi fournir à l’armée ukrainienne.

On parle ici de sommes colossales et d’une masse énorme d’armement. Rien qu’en janvier 2023, la superpuissance américaine a fourni 5,3 milliards de dollars à l’armée ukrainienne – autant que 90% du budget militaire de celle-ci en 2021.

Le Danemark, qui possède 19 canons automoteurs Caesar, a décidé de tous les donner à l’armée ukrainienne. La Suède fournira 12 canons automoteurs Archer.

La superpuissance américaine va contribuer avec une centaine de blindés de transport de troupes Stryker et cinquante-neuf véhicules de combat Bradley. 300 000 obus de 155 mm américains stockés en Israël vont également être envoyés en Ukraine.

Le Canada va envoyer deux-cents véhicules Senator APC, le Royaume-Uni 14 chars Challenger 2 ainsi qu’une une trentaine d’obusiers automoteurs AS-90. Les Pays-Bas sont prêts à fournir des avions F-16.

Cependant, ce dernier point est exemplaire du problème. Pour que l’armée ukrainienne puisse se servir de F-16, il faut des soldats capables de les utiliser, de s’en occuper. La logistique est qui plus est très importante.

C’est pour cela que la superpuissance américaine a dit qu’envoyer des chars Abrams ne servait à rien. En l’occurrence, le turbomoteur de ces chars consomme du kérosène spécial dénommé JP-8. L’armée ukrainienne n’en dispose pas et si elle le remplace par un autre carburant, cela multiplie le nombre de litres nécessaires (2000 au lieu de 600 pour 500 km) en réduisant massivement sa puissance.

Cependant, c’est vrai en fait de tout le matériel perfectionné dont disposent les pays occidentaux : la logistique nécessaire est affreusement complexe. Il faudrait un an pour tout mettre en place.

Or, l’armée ukrainienne n’a pas un an. Il est considéré de manière ouverte que l’armée russe va mener une grande offensive.

La situation à la fin janvier 2023 va dans le sens d’une amélioration générale de l’initiative russe

Le directeur de la CIA William Burns s’est rendu en Ukraine secrètement les 14-15 janvier 2023 pour informer le régime ukrainien de cette évaluation américaine. Le chef d’État-Major des armées des États-Unis Mark Milley dit ouvertement que le but est une position de force ukrainienne pour négocier avec la Russie.

Il faut donc mettre le paquet maintenant ou jamais du point de vue occidental. Et pour cela il n’y a qu’une seule possibilité : que l’Allemagne accepte que des chars Leopard 2 vendus à 13 pays européens à autour de 2 000 exemplaires soient fournis à l’armée ukrainienne.

Or, elle tergiverse. La victoire sur la Russie n’est pas garantie et elle considère que les pertes ukrainiennes ont été particulièrement massives ces dernières semaines. En cas d’échec du régime ukrainien face à la Russie, elle serait la première à payer les pots cassés.

Inversement, le Royaume-Uni qui n’a rien à perdre pousse à fond pour la guerre frontale. Son ministre des affaires étrangères James Cleverley prône l’envoi massif d’armement pour que l’Ukraine « finisse le travail ».

On est là, de manière inévitable, dans les contradictions entre puissances. Le bloc occidental n’est pas unifié – il ne peut pas l’être.

Le sommet du 20 janvier 2023 reflète de manière intéressante ces contradictions. Et ce n’est qu’un début : l’approfondissement de ce type de contradictions va toujours plus prévaloir.

Dans l’état actuel des choses, la situation est la suivante.

L’Allemagne dit qu’elle accepte l’envoi de chars Leopard 2 en Ukraine… si les Etats-Unis envoient leurs chars Abrams et que la France est de la partie. La Pologne est prête à se contenter d’une initiative franco-allemande. La superpuissance américaine pousse les pays d’Europe continentale à y aller seuls.

Le temps presse et il faudra bien qu’une décision soit prise. Dans tous les cas, elle sera aux dépens de la nation ukrainienne, martyre du repartage du monde entre grandes puissances.

Son existence même va être en fait historiquement remise en cause. De par la position allemande actuelle, le découpage en trois zones semble devenir inévitable.