Le 20 février 2025 est une journée noire, elle exprime une tendance massive à la guerre en France, et cela dans l’indifférence la plus complète. Les médias se sont empressés de placer toute la thématique en bruit de fond, réduisant la question ukrainienne à une sorte d’anecdote toujours présente.
Nous allons à la guerre, c’est absolument évident.
Concrètement, Emmanuel Macron a réuni les chefs des groupes parlementaires et de partis le matin, et en fin d’après-midi il a lancé un jeu de questions-réponses sur les réseaux sociaux.

Le public qu’il vise, ce sont les gens utilisant Youtube, TikTok, Instagram. C’est le public qui ne lit pas, qui consomme des informations en masse, qui cherche des tendances, qui est incapable d’assimiler des catégories et des concepts.
C’est le public du 24 heures sur 24 du capitalisme. C’est la cible de toute la narration calculée commencée le 26 février 2024.
Qu’est-ce qu’Emmanuel Macron a dit aux internautes, en feignant de répondre spontanément ?
Que la Russie était
« armée jusqu’aux dents et à nos frontières ».
Elle
« pourrait aller plus loin et serait inarrêtable ».
L’ennemi est là et il nous menace :
« Au-delà du théâtre ukrainien, la Russie est une menace pour les européens si elle continue à être aussi prédatrice. »
Pour résumer :
« La Russie est une puissance militaire dangereuse et impérialiste. »
On n’est officiellement pas dans l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine pour participer au conflit, l’idée est « plutôt » pour après le conflit…
« Je n’ai pas décidé demain d’envoyer des troupes en Ukraine, non. Ce qu’on envisage plutôt, c’est d’envoyer des forces pour garantir la paix une fois qu’elle sera négociée. »
Le but secret d’Emmanuel Macron étant très clairement de parvenir à devenir le premier président européen, il appelle à une unification militaire.
« Nous, Européens, on doit augmenter notre effort de guerre. »
Seuls des naïfs peuvent ne pas voir ce qui se met en place, de manière toujours plus nette. On va vers l’envoi de troupes françaises en Ukraine. Tout est mis en place pour présenter cette intervention comme « malheureusement incontournable ».
Cela peut faire peur dans les pays occidentaux habitués à la tranquillité, alors naturellement, il faut rassurer le public consommateur. Voici comment Le Parisien donne un exemple de ça.
On remarquera comment est insinué l’idée que le pire à venir est tout à fait possible. C’est exactement cela, la narration qui installe la guerre.
Répondant à un commentaire d’internaute évoquant la rumeur d’une mobilisation de tous les Français de 25 à 75 ans en cas de guerre, Emmanuel Macron a précisé qu’il s’agissait d’une « fake news ».
« C’est faux », a-t-il réagi. « Si le pire était à venir, ce n’est pas ce qui se passerait », a-t-il répondu, rappelant que la France dispose déjà d’une « armée de métier, des femmes et hommes entraînés, aguerris », et, surtout, de la « dissuasion nucléaire »
Emmanuel Macron a également exposé qu’il fallait passer de 2,1% à 5% du PIB les dépenses militaires de la France.
Bien sûr, on en est France, alors c’est dit sans le dire. C’est une hypocrisie typiquement française, le pays où on trompe son conjoint mais pas vraiment, où on est de gauche mais on rêve d’être propriétaire, etc.
« Je ne sais pas si 5 % c’est le bon chiffre pour la France, mais en tout cas, il va falloir monter. »
Il a souligné qu’il fallait que les Français s’engagent, dans la réserve militaire ou bien en proposant leur épargne dans les investissements militaires, une chose qu’il compte mettre en place.
On est dans l’escalade. Voici l’image de l’appel qu’il a réalisé sur les réseaux sociaux afin de convaincre les gens de s’intéresser à ces propos.
C’est très important, car on est dans le story telling, on est dans une construction, il est impératif de le comprendre

Qu’a-t-il dit également aux représentants des groupes parlementaires et aux chefs des partis politiques ?
On parle ici de Manuel Bompard (LFI), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (Écologistes), Olivier Faure (PS) et Guillaume Lacroix (Parti radical de gauche), Louis Aliot (Rassemblement national), Gabriel Attal (Renaissance) et Marc Fesneau (MoDem).
Il y avait également le chef d’Etat major de l’armée française et le directeur général adjoint de la DGSE (les renseignements extérieurs).
Tout n’a pas filtré, mais il suffit de savoir que la Russie a été présentée comme une « menace existentielle ». Et certains propos qui ont filtré en disent long.
Le député LR Cédric Perrin l’a soutenu, en rappelant que la France était en train de perdre sa place dans la domination mondiale.
« Le monde est devenu plus dangereux. Les sphères d’influence ont changé. On est un peu les chassés. Il faut que chacun en ait conscience. On vit un moment historique. C’est l’avenir de l’Europe et de nos enfants qui est en jeu. »
Marine Tondelier, des Ecologistes, un parti farouchement pro-Otan, a également appuyé Emmanuel Macron.
« On voit bien qu’après l’Ukraine, ce sera les Pays Baltes, et c’est tout le continent qui peut s’embraser. »
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a eu le courage de dire la vérité et d’expliquer que l’option de l’intervention militaire en Ukraine était clairement sur la table.
« Il [Emmanuel Macron] a dit qu’il fallait éventuellement se préparer à continuer à soutenir l’Ukraine et être aux côtés de l’Ukraine militairement, si l’Ukraine voulait poursuivre la guerre, ce qui suscite chez moi des inquiétudes. »
Manuel Bompard, de La France Insoumise, prétend le contraire :
« La question de troupes n’a été évoquée que comme ne pouvant l’être qu’à l’issue de la conclusion d’un accord de paix. »
Manuel Bompard est stupide ou bien il ment. Le même jour, la presse britannique avec The Guardian, The Times… expliquait en effet qu’il y aurait un partenariat approfondi franco-britannique, afin de former un contingent militaire pour aller en Ukraine.
On parle d’un peu moins de 30 000 soldats.
Et c’est la raison pour laquelle Emmanuel Macron ne va pas seul rendre visite à Donald Trump dans quelques jours : il y va avec le premier ministre britannique Keir Starmer.
Par contre, attention ici, il y a un point très important !
Manuel Bompard de La France Insoumise, Fabien Roussel du PCF, Marine Tondelier des Ecologistes… sont des sociaux-impérialistes. Ils se permettent maintenant de dénoncer les Etats-Unis en raison de Donald Trump, mais c’est pour mieux valoriser la France, qui serait forcément « pour la paix ».
Là est le piège de la situation : il est évident que la superpuissance américaine pousse les pays européens à affronter la Russie, parce que ça l’arrange. En apparence pourtant, cela donne l’image d’une Europe s’opposant aux Etats-Unis.
Voilà comment la démagogie chauvine, le nationalisme, le social-impérialisme trouve sa voie. Oui, il faudrait critiquer les Etats-Unis… et donc soutenir le principe d’une intervention militaire en Ukraine !
Quel changement ! Emmanuel Macron, les socialistes, les Ecologistes… qui hier étaient les premiers à se placer en valets de la superpuissance américaine, sont désormais les premiers à la critiquer pour mener exactement la politique de conquête qu’elle a mené au préalable.
Les sociaux-impérialistes français critiquent désormais les Etats-Unis afin de prendre sa place pour le repartage de l’Ukraine.
C’est très subtil : cela « annule » en apparence la dénonciation de la superpuissance américaine, puisque la dénoncer ce serait désormais s’aligner sur Emmanuel Macron !
Quel piège terrible. Mais on saura l’éviter. Heureusement que nous avons compris la situation six mois avant le début du conflit, que nous avons bien suivi le événements. C’est ça, la politique : cette lente accumulation qui permet, par des analyses justes, d’exprimer le point de vue correct à travers les zigs-zags de l’Histoire.
Suivons le mot d’ordre : face à la crise, contre la guerre, pour la révolution !
Deux petits rappels d’articles tout à fait annonciateurs.
Celui du 12 novembre 2024.
Celui du 30 novembre 2024.