Cela ne faisait aucun doute, mais voici malgré tout une nouvelle preuve que la France n’est qu’un pays secondaire, entièrement vassalisé par la superpuissance américaine qui entend faire la pluie et le beau temps sur la planète.
Ce qui s’est joué lundi 24 février 2025 à Washington avec la visite d’Emmanuel Macron à Donald Trump est exemplaire.
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La superpuissance américaine avait misé depuis une dizaine d’années sur l’utilisation de l’Ukraine comme proxy afin d’affronter la Russie, avec comme date marquante la « révolution » de Maïdan de février 2014.
Cela consistait en un coup d’État pour faire basculer le pays d’une vassalisation à la Russie à une autre, à celle de la superpuissance américaine.
Lorsque la Russie a fini par réagir de manière brutale en envahissant l’Ukraine en 2022, la superpuissance américaine a pu jouer à fond sa partition dans le monde occidental : guerre contre la Russie, guerre avec l’Ukraine.
Les pays européens, à commencer par la France, se sont entièrement alignés, abandonnant tout semblant de souveraineté et faisant fi au passage de toute forme de démocratie, même la plus élémentaire.
Depuis, l’escalade a été totale : d’abord avec un boycott acharné de la Russie, jusqu’à ses œuvres culturelles et ses sportifs, puis la fourniture d’armes lourdes, puis des opérations militaires directement, puis enfin l’évocation il y a un an maintenant de la possibilité d’envoyer des troupes.
La France d’Emmanuel Macron n’a cessé d’en faire toujours plus pour être la meilleure élève américaine, en concurrence avec le Royaume-Uni.
Il faut se rappeler que, directement après l’invasion de l’Ukraine, Emmanuel Macron appelait Poutine et s’imaginait avoir un rôle de médiateur de paix : il avait tout de suite été rappelé à l’ordre par les Américains.
Ce qu’il fallait, c’était uniquement l’hostilité à la Russie et l’escalade militaire.
Il y a donc eu l’hostilité et l’escalade militaire. De ce point de vue, l’opération est tout à fait réussie pour la superpuissance américaine, qui mène le monde vers la 3e guerre mondiale.
L’Europe, où l’idée même de la guerre avait disparu des esprits, fait face à une nouvelle situation. La guerre est redevenue une réalité. Les pays européens comme la France assument maintenant entièrement d’avoir une économie de guerre, avec des perspectives de conflits durs à moyen terme.
Seulement voilà. C’est maintenant Donald Trump qui est à la tête de la superpuissance américaine et il représente une ligne différente de la précédente : la Russie n’est plus une priorité, il faut se concentrer directement sur l’affrontement avec la superpuissance chinoise.
Donald Trump a été extrêmement clair et ce très rapidement, avant même le début de son mandat. Et il n’a attendu personne : on sait maintenant que les discussions avec la Russie sont très avancées.
Les États-Unis ont déjà décidé du sort de l’Ukraine et organisé son proche avenir. Il doit y avoir un dépeçage, avec un partage du gâteau avec la Russie. On apprenait par exemple dans l’après-midi du lundi 24 février 2025 qu’un plan très abouti de dépeçage des minerais ukrainiens au profit des États-Unis était près, « avec presque tous les détails clés finalisés » d’après la la vice-première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna.
Cela le jour même de la visite d’Emmanuel Macron à Washington.
Et puis il y a eu ce même jour une résolution américaine à l’ONU visant à une fin rapide du conflit, incluant une partition de l’Ukraine avec la Russie, puis la menace d’un véto à tout amendement à cette résolution (amendement qui parlerait de l’intégrité territoriale de l’Ukraine).
C’est une pression maximale. Et que voit-on ?
La France, avec à sa tête Emmanuel Macron, vil laquais des Américains, avait d’abord été très perturbée par ce revirement. On a eu droit à tout un tas de simagrées, sur le sort de l’Ukraine, sur le vilain Trump copinant avec l’horrible Poutine, etc.
Mais cela n’aura duré que quelques jours, avec une presse française scandalisée et des commentateurs appelant au renforcement de l’Union europénne.
Dans les faits, dès le lundi 24 février 2025, la France (et avec elle, l’Union européenne) est sagement rentrée dans le rang et s’est à nouveau alignée sur les exigences de la superpuissance américaine, acceptant la nouvelle donne.
Emmanuel Macron a déclaré à l’issue de la réunion avec Donald Trump :
« Notre soutien à l’Ukraine restera inébranlable. Je suis à Washington pour le rappeler et avancer avec le Président Trump et nos alliés. »
De son côté, le président américain a totalement mis de côté Emmanuel Macron, considéré comme un simple subalterne. Voici sa déclaration à l’issue de cette même réunion :
« Aujourd’hui, le président français Emmanuel Macron m’a rejoint dans le bureau ovale pour s’adresser au sommet du G7.
La réunion a été convoquée par le gouverneur du Canada, Justin Trudeau, qui préside actuellement le G7, pour célébrer le troisième anniversaire de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui n’aurait jamais commencé si j’avais été président.
Tout le monde a exprimé son souhait de voir la guerre se terminer, et j’ai souligné l’importance de l’accord vital sur les minéraux critiques et les terres rares entre les États-Unis et l’Ukraine, qui, nous l’espérons, sera signé très bientôt ! Cet accord, qui est un “partenariat économique”, permettra au peuple américain de récupérer les dizaines de milliards de dollars et les équipements militaires envoyés à l’Ukraine, tout en aidant l’économie ukrainienne à se développer à mesure que cette guerre brutale et sauvage prend fin.«
Il a même ajouté qu’il y avait des discussions « sérieuses » avec Vladimir Poutine pour des grandes transactions économiques ! C’est un revirement total, et la France s’aligne totalement, abandonnant d’un coup toutes ses prétentions, ses grands discours sur l’Ukraine.
Pire encore, le Président français Emmanuel Macron accepte même le travail de sous-traitance en acceptant d’envoyer des troupes sur place pour garantir la partition américaine en Ukraine. Et Donald Trump n’a même pas besoin de le lui demander, c’est Emmanuel Macron qui s’en vante lui-même :
« Les Européens prêts à aller jusqu’à l’envoi de troupes [pour vérifier si] la paix est bien respectée. »
D’où le paradoxe historique. La France est devenu en apparence un outil américain pour une paix qui se dessine.
En apparence, il y a une pax americana, avec l’Union européenne à son service.
La France, vassalisée, est utilisée par la superpuissance américaine, afin de stabiliser la situation.
Sauf que dorénavant, avec ses troupes en Ukraine, la France sera en première ligne pour la guerre. Car la partition de l’Ukraine n’est pas un acte de paix, c’est le début de la guerre mondiale de repartage du monde.
Car c’est la crise, et la crise renforce immanquablement la tendance à la guerre. La haute bourgeoisie française a besoin de la guerre, comme la haute bourgeoisie allemande, la haute bourgeoisie britannique.
C’est le drame historique : il y a une gestion apparente de la situation, pour ré-impulser le capitalisme. En pratique, tout va être dynamité sous la pression de la crise.
Crise, guerre, révolution : tel est le réel panorama historique, si on regarde bien au fond des choses.