La Cause animale a toujours été marginale en France, en comparaison avec l’Angleterre et l’Allemagne notamment ; en général, de toute façon, c’est lié à l’esprit cartésien français, pour qui les animaux sont des machines. Il n’y a ainsi jamais eu de remise en cause de l’expérimentation animale et les « amis des animaux » sont toujours considérés comme des doux-dingues ou des fous furieux.
Les années 2010 ont apporté un espoir pourtant, avec une réelle émergence de la question animale. C’était à la fois le reflet d’un travail de fond d’activistes (peu nombreux par ailleurs) et de la mondialisation avec la diffusion du véganisme comme conception de la vie quotidienne.

La crise sanitaire que fut la pandémie de 2020 a tout mis par terre, ce qui est étrange quand on y pense, car il aurait été bien plus logique de constater que le Covid témoignait d’un rapport destructeur avec les animaux et que tout cela se produisait dans le contexte d’une humanité somme toute déjà mondialisée.
Cela aurait impliqué, toutefois, une profonde remise en cause de la vie quotidienne telle qu’elle existe dans le cadre du capitalisme, et ça évidemment c’était impossible. Impossible pour les gens dans le tiers-monde, qui avec la mondialisation ont vu leur niveau de vie s’élever comme jamais. Impossible pour les occidentaux, tranquillement corrompus dans leur confort sans pareil au niveau mondial.

Tout cela pour dire qu’on se retrouve, cinq ans après 2020, avec une humanité qui s’est débarrassée de la Cause animale parce qu’elle préférait confiner ses égoïsmes après s’être confiné face à la pandémie. Et comme de toute manière on va à la guerre entre puissances pour se sortir du marasme économique généralisé (et qu’on appelle la crise), il n’y a pas de place pour des mentalités « faibles » au sujet des animaux.
C’est là que se pose l’alternative historique. Soit les femmes décident de se lancer et d’affirmer la Cause animale, qui va à rebours de l’anthropocentrisme produit du patriarcat, de la logique belliciste d’affrontement et de conquête, avec les mentalités de chacun pour soi du capitalisme.
Soit on est écrasé par le rouleau compresseur de l’individualisme systématique – au niveau des gens, des pays, des entreprises, des familles, des associations, des artistes, des scientifiques.
En l’état, rien ne laisse présager un engagement des femmes en ce sens. Les associations de défense animale s’effondrent dans l’indifférence, la reproduction des chats errants a atteint un tel niveau anarchique que les conséquences sont désastreuses (pour eux, mais surtout pour les oiseaux), la maltraitance des chiens ne cesse pas, bien au contraire.

Les dons connaissent un recul significatif et les jeunes ne montrent pas d’intérêt particulier pour la Cause animale non plus. À bien considérer les choses, on est plus parti pour Mad Max qu’autre chose.
Cependant, pour que quelque chose puisse naître, il faut bien qu’il n’y ait rien. Il est dans la nature des choses d’une situation révolutionnaire de se produire dans un cadre explosif. La Cause animale est une expression d’un tel cadre explosif, si elle n’est pas ce cadre explosif lui-même.
Le capitalisme a, en effet, intégré le véganisme bobo, que ce soit au niveau des restaurants ou des attitudes consuméristes des centres-villes. Une association comme L214 correspond de son côté au réformisme institutionnel, maussade et larmoyant. Quant aux associations, l’État et les urbains s’en désintéressent, les laissant aux campagnards et aux sentimentaux votant Marine Le Pen (qui eux osent se salir les mains).

Il faut, en effet, bien voir la nature de classe de la situation. Les associations de protection animale s’expriment pleinement dans la contradiction entre les villes et les campagnes, entre le travail intellectuel et le travail manuel.
On ne verra jamais un étudiant gauchiste flexitarien LGBT des centre-villes venir aider les animaux. C’est impossible, car ce qu’il représente c’est justement l’antithèse du fait de se tourner vers la Nature.
Et on ne verra jamais une femme des campagnes, pleine d’abnégation pour les animaux, se tourner vers la gauche bourgeoise qui privilégie l’artificiel coûteux et pompeux. Il y a une frontière de classe.
D’où viendra alors l’expression inévitable de la Cause animale par les femmes ? Elle proviendra d’une éruption de classe, elle s’exprimera comme rupture révolutionnaire. Cela viendra d’une déchirure interne de la société française.

Cela prendra des formes surprenantes, cela s’exprimera de manière tortueuse. Il faudra avoir l’intelligence et la profondeur d’esprit pour bien appréhender le phénomène, et le soutenir.
Mais on sait déjà que ça sera, dans les faits, l’inverse des gilets jaunes, ce mouvement plébéien né chez les artisans et commerçants des couches supérieures et repris de manière aveugle et furieuse par des gens bien moins aisés mais assumant de protester, violemment même, sans jamais, au grand jamais, toucher à la question de la propriété et du capitalisme.
La révolte des femmes pour la Cause animale ne sera pas portée par des gens vénérant le passé, l’idéalisant, le fétichisant. Ce sera le produit d’un regard vers le futur, d’une acceptation de ce que l’avenir exige : le Socialisme !