En raison de la deuxième vague de chaleur du mois de juin, beaucoup d’oiseaux sont en souffrance, mais les centres de soin sont très peu nombreux et saturés. Il n’y a plus de place et les bénévoles ne peuvent même plus répondre aux appels téléphoniques.

La nichée des oiseaux se déroule habituellement entre avril et septembre. Les couples formés durant le printemps font un nid, pondent puis font grandir les petits après éclosion, et les canicules perturbent grandement ce processus.
Certains oiseaux produisent normalement deux couvées ou plus entre la fin du printemps et l’été ; c’est le cas, par exemple, de l’Alouette des champs, de la Mésange charbonnière, du Rouge-gorge, ou encore du Merle noir et de l’Hirondelle rustique. La première ponte intervient à la fin du printemps, et la deuxième jusqu’en août selon l’espèce. Les espèces qui normalement font deux couvées réduisent leur reproduction à cause des fortes chaleurs en ne faisant pas la deuxième.
Quant aux espèces qui ne pondent qu’une fois, elles rencontrent les mêmes problèmes que les autres durant leur unique nichée.
À cause de la sécheresse, les oiseaux trouvent moins d’insectes pour se nourrir et ont du mal à se rafraîchir ; cela engendre du stress et une baisse des capacités reproductives.
Lorsque les oisillons sont nés, cela perturbe leur nourrissage, donc leur croissance. Et plus dramatique, les petits oiseaux, dont le nid est parfois placé dans des îlots de chaleur comme des toits ou des murs en pierre, vont tomber fréquemment du nid en cherchant un peu de fraîcheur. C’est soit cela, soit ils meurent de chaud et de déshydratation. Les martinets sont particulièrement touchés car ils nichent en zone urbaine, dans les cavités de murs ou sous les toits.
Plus les vagues de chaleur sont précoces, comme actuellement, plus ce phénomène est important, car les couvées sont très récentes, voire encore en incubation.
Pour ces raisons, les centres de soins pour oiseaux sont surchargés et ne peuvent plus prendre en charge les animaux en détresse. D’autres personnes, nombreuses, les contactent, car elles ont besoin d’aide et tous donnent des conseils sur comment aider les oiseaux en cette période et comment les secourir sans empirer la situation. On devine les situations ingérables dans ces associations souvent portées à bout de bras par des personnes dévouées.
Voici un panorama de différents appels par des associations de sauvegarde. Cela est évidemment non exhaustif en raison de l’ampleur du problème. Nous conseillons vivement de se rapprocher d’une association près de chez soi grâce à cette carte interactive et de se tenir informé des besoins.

Le centre de sauvegarde de la faune en Lorraine n’est pas (encore) saturé, mais informe justement sur la question des chutes des petits martinets de leurs nids :
« Sous les toits, les nids peuvent atteindre jusqu’à 70 °C, forçant les oisillons à se percher dangereusement en quête de fraîcheur — souvent à la pointe du nid — puis à tomber au sol, sans pouvoir se relever.
Une fois au sol, leurs ailes et leurs pattes inadaptées les empêchent de regagner leur nid. »
Il est conseillé, dans le cas où l’on trouve un jeune martinet :
« Ramenez-le en zone fraîche (boîte ouverte avec trous, linge doux à l’intérieur).
Prenez une photo et envoyez un mail à contact@csfl.fr ou à tout centre de faune sauvage proche de chez vous.
Ne jamais tenter de le réintroduire en hauteur : leurs parents ne nourrissent jamais hors du nid, et cela requiert une expertise professionnelle. »
En Isère, le centre Tichodrome cherche des éco-volontaires pour leur « équipe martinets ». Situé à Le Gua, il est possible d’avoir des conseils hébergement en les contactant via tichoecovol@gmail.com.
En Camargue, le centre de soins de Pont de Gau doit arrêter l’accueil des oiseaux en raison du manque de bénévoles ou de personnel habilité et de place. L’association annonce avoir 120 martinets en soins, dont 40 accueillis la seule journée de dimanche ! Il y a en tout 200 oiseaux qui demandent des soins quotidiens.
Pour cette raison, le centre de Saintes-Maries-de-la-mer fait un appel à bénévoles pour une durée d’au moins 4 jours afin d’effectuer des soins et du nourrissage. À contacter à association@parcornithologique.com.
De son côté, la LPO Occitanie informe de la saturation de ses deux centres : celui du Tarn n’a plus de place, celui de l’Hérault conserve ses dernières capacités pour les chauves-souris, tortues, rapaces et oiseaux adultes (sauf les martinets et les goélands). La LPO PACA est dans la même situation :
« C’est avec le cœur lourd que nous vous annonçons l’arrêt momentané de la prise en charge de nouveaux martinets, pies et hérissons au centre de sauvegarde de la LPO PACA.
À cause de la canicule, nos 2 soigneuses viennent d’accueillir 198 animaux sauvages en détresse ce samedi 21 juin 2025, dont 116 martinets noirs.
Nos structures ont atteint leur capacité maximale également pour les pies et les hérissons, nous ne sommes donc plus dans la possibilité d’accueillir ces 3 espèces dans de bonnes conditions. »

En Bretagne, le centre Trisk’ailes fait le même constat et énumère nombre d’obstacles au soin des animaux au-delà même des périodes de saturation.
« Néanmoins, ce sont des journées entre 100 et 130 appels par jour, soit entre 12 et 15 sollicitations par heure, qui sont reçues par l’équipe. »
Le centre déplore également le manque de structures :
« En Bretagne, il n’existe que 3 centres de soins multi-spécifiques complétés par un centre à Nantes et deux centres de soins monospécifiques. » Autrement dit, il n’y a pas assez de structures pour prendre en charge les animaux des +15 000 sollicitations reçues (source : SOS Faune Sauvage Bretagne, 2024) ».
Il est également expliqué la difficulté d’implanter de nouveaux centres de soins :
« Pour qu’un centre de soins faune sauvage voie le jour, il faut au moins un·e soigneur·e capacitaire, un terrain et une structure aux normes légales, un vétérinaire référent, l’accord de la préfecture et surtout, il faut beaucoup d’argent.
Trisk’ailes a la plupart de ces ingrédients, mais aujourd’hui ce qui bloque, c’est la lenteur administrative (demande de permis de construire à Lanester), le soutien massif des pouvoirs publics (département, région, voire l’État) et le financement : au moins 300 K€. »
L’association rappelle donc que les dons sont utiles et elle propose des formations aux bons gestes envers les oiseaux en difficulté. La prochaine session en ligne est le 20 juillet. Elle rappelle aussi l’existence d’une plate-forme unique pour la Bretagne avec une plateforme d’appel: le SOS Faune Sauvage Bretagne, au 02 57 63 13 13.

L’été est un bon moment pour donner du temps aux animaux via des associations comme ci-dessus ou bien en mettant à disposition de l’eau chez soi, sur son balcon ou dans son jardin. Cela passe aussi par penser son jardin aussi en fonction des oiseaux et autres animaux qui peuvent y vivre ou y passer. Laisser pousser les plantes, planter des arbres, ou encore prévoir des patios fermés pour les sorties des chats, qui sont dévastateurs.
Il va de soi qu’avec la multiplication des épisodes de chaleur, les choses vont devoir être prises en charge politiquement afin d’améliorer les moyens des centres de soins. Aussi pour en créer suffisamment sur tout le territoire et surtout pour adapter le mode de vie humain en amont des problèmes rencontrés par les animaux.
Ce qui pose la question de fond du rapport des Français aux animaux, qui est un désastre absolu. Les Français sont indifférents aux animaux, car ils sont indifférents en général. Ils se veulent tellement rationalistes que, pour eux, soutenir les animaux est « étrange ».
Et si jamais une situation se produit pourtant où ils apportent un soutien à un animal, ils s’étonnent ensuite qu’il n’y a ait aucune structure. C’est une passivité révoltante, à laquelle il faut mettre fin. Le Socialisme imposera un rapport différent par nature même aux animaux !