Chaque année, la veille du 14 juillet, le Président de la République fait un discours aux armées depuis les jardins des bureaux du ministre des Armées, l’hôtel de Brienne. Car en France, la fête nationale est entièrement accaparée par l’armée, puisque le point d’orgue est le défilé militaire.
En 2024, Emmanuel Macron revenait du sommet de l’Otan à Washington et avait prononcé un discours assumant « un ajustement de la loi de programmation militaire » pour l’année suivante.
Un an après, l’escalade militariste s’accentue considérablement. Ainsi, le 13 juillet 2025 Emmanuel Macron a-t-il eu ces propos extrêmement agressifs en désignant ouvertement la Russie comme une menace :
« La menace russe est préparée, organisée, durable. Il faudra être capable d’y faire face. Nous devons nous organiser pour faire face à cette menace et la dissuader. »
Cela fait directement suite à la mise en place le 10 juillet de l’alliance franco-britannique, avec un corps d’armée mis en place relativement à la question de l’Ukraine.
Et cela suit également un rapport commandé et présenté deux jours avant par le chef d’état-major des armées, désignant frontalement la Russie.
Le bourrage de crâne est total. En France, le régime mène une intense propagande pour justifier son engagement toujours plus fort dans la guerre mondiale, sur ordre de la superpuissance américaine.
Il en est directement appelé aux Français, pour qu’ils s’alignent sur les exigences militaristes du régime. Emmanuel Macron fait de grandes phrases, en s’imaginant avoir de l’impact :
« Pour être libre, dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. »
Et alors, il explique que cela ne peut passer que par « une meilleure prise de conscience de tous les Français », autrement dit un alignement total sur l’effort de guerre.
Aux ordres des États-Unis par le biais de l’Otan, le régime français s’est engagé au mois de juin dernier à porter son budget militaire à 5 % du PIB. En réalité, le pays en est incapable, extrêmement endetté, en plus d’être largement figé politiquement.
Mais qu’importe : le Président Emmanuel Macron annonce malgré tout une augmentation du budget de l’Armée, de 3,5 milliards d’euros l’année prochaine, avec l’objectif d’atteindre pratiquement 68 milliards d’ici à 2030.
C’est très loin des objectifs, à la fois de l’Otan, mais également de ceux fixés par le ministre des Armées. Ce dernier avait évalué un « poids de forme » à 100 milliards d’euros. La France est indiscutablement une puissance de second rang, n’ayant pas les moyens de ses ambitions.
Il ne s’agit pas ici de relativiser, bien au contraire : c’est précisément en raison de ses faiblesses que le régime en France est extrêmement agressif et dangereux.
La grande contradiction ici est qu’Emmanuel Macron était censé faire de grandes annonces ce dimanche 13 juillet 2025, alors qu’en réalité il n’a rien pu annoncer de concret, à part rabâcher l’idée qu’il faut s’armer contre la Russie.
Le Premier ministre est donc censé se débrouiller seul (et rapidement) avec ces exigences unilatérales imposées d’en haut pour proposer un budget… censé économiser 40 milliards d’euros ! Et les Parlementaires sont censés suivre docilement ce que le Président a décidé.
C’est absolument intenable, alors il n’y a que deux issues.
Soit les Français acceptent la propagande de guerre et envisagent concrètement de tout céder socialement et culturellement en faveur de l’armée, en rognant sur le niveau de vie, en laissant puiser dans les forces vives de la jeunesse pour servir la guerre, en abandonnant la moindre trace de démocratie dans le pays. Emmanuel Macron a d’ailleurs parlé d’un « nouveau cadre », pour la « jeunesse », pour l’automne prochan.
Soit il va y avoir une grande confrontation sociale avec le régime, puisque celui-ci n’a pas d’autre choix que de forcer les choses de manière antidémocratique, par en haut, afin de pouvoir avancer dans la mise en place de la guerre contre la Russie.
La bourgeoisie française bricole vraiment ! Et c’est un mauvais bricolage. L’avantage pour elle, c’est que ça passe inaperçu dans la société de consommation. Il y a toutefois immanquablement un moment de rupture, de saut qualitatif dans le bellicisme.
La bourgeoisie le sait et cherche à l’éviter à tout prix. Pour l’instant, elle y parvient. Notre rôle, c’est d’être prêt au maximum quand elle n’y parviendra plus. La guerre pour le repartage du monde est la tendance fondamentale du capitalisme français, c’est le fil conducteur de la bourgeoisie. C’est là-dessus que doit se fonder le fil rouge de la Gauche qui veut la révolution.
