Le mois de mai 2025 aurait dû être celui de la révolte généralisée, il n’en a rien été. C’est donc le grand basculement à droite qui se produit et il n’aura pas été nécessaire d’attendre longtemps. La victoire du Paris Saint-Germain le 31 mai 2025 a provoqué une onde de choc donnant libre cours à une vague beauf, simpliste, populiste et d’une immense ampleur.
Pourquoi ? Car le régime a joué un coup génial. L’achat du Paris Saint-Germain par le Qatar auquel il a poussé, avec Nicolas Sarkozy, a permis la mise en place d’un immense dispositif idéologique vers les banlieues, notamment la Seine-Saint-Denis.
Le soutien au Paris Saint-Germain et au Qatar n’a d’ailleurs jamais cessé depuis, et le 1er juin 2025 Emmanuel Macron s’est empressé d’accueillir les joueurs avant qu’ils ne rejoignent le Parc des Princes pour un spectacle à l’occasion de la victoire.

Avant le rachat, le Paris Saint-Germain était porté par la petite-bourgeoisie parisienne, avec une fadeur compensée par une immense culture des banderoles et des chants de la part des supporters.
C’était une sorte d’anomalie dans une ville qui n’a jamais apprécié le football et le supporters cultivaient l’entre-soi, avec une ferveur largement traversée de nationalisme et de racisme. On avait affaire à des petits-bourgeois, à la fois travailleurs mais de droite.
Le rachat par le Qatar a alors renforcé une tendance déjà présente : d’une part, celle de l’ouverture toujours plus grande à l’Ouest parisien, de l’autre celle de l’utilisation massive de la ferveur de la jeunesse liée à l’immigration africaine, un continent où le football est très apprécié.
Le Paris Saint-Germain passe alors d’un îlot féodal à une entité commerciale d’envergure mondiale.
C’est bien sûr l’achat de joueurs très connus et des opérations marketings, accouplé à cette utilisation de la jeunesse comme public captif, qui a permis ce saut au turbocapitalisme.

D’un côté, c’est sympathique, car tout le monde peut s’y retrouver, de l’autre cela n’a aucun sens historique et aucune liaison avec la culture. On est dans la société de consommation, pure et dure.
D’où le propos génial de la ministre des sports Marie Barsacq. C’est un personnage ignoble, une propagandiste infâme toujours en train de sourire, qui fait tout pour cajoler l’opinion publique (« c’est un moment fort pour les Français », c’est une « première historique », ce qui n’est pas vrai puisque Marseille avait gagné en 1993).
Mais dans son ignominie, elle démasque la situation avec naïveté : « le PSG s’exporte très bien dans tout le pays ».
Que dire de plus ? C’est admirablement bien dit. On peut apprécier un club de football lointain pour son style de jeu, son style, son histoire particulière, etc. Mais si cela devient un phénomène de masse, c’est une abstraction et c’est pourquoi les grands clubs de football sont des abstractions.
Ils sont abstraits pour l’argent et par l’argent, et naturellement à travers l’argent. Sans cet argent et les victoires permises par cet argent, l’engouement ne serait pas là. Un engouement à la fois vrai et émouvant, faux et artificiel.
Un engouement populaire, c’est vrai, mais porté par le capitalisme. Une telle situation est un admirable exemple de comment le capitalisme arrive à rester en place et à fonctionner.
Un autre aspect est, en revanche, la dimension décadente de la bourgeoisie elle-même. Normalement, un tel engouement populaire est réservé au « bas-peuple ». Or, dans le cas du Paris Saint-Germain, la bourgeoisie de l’Ouest parisien joue un grand rôle.
Ce processus de décadence est tellement présent qu’il a même atteint Roland-Garros : cette année, à chaque fois qu’un Français jouait, le public n’a eu de cesse de chanter, d’hurler, de crier, etc.

Des comportements normalement inadmissibles de par la culture historique du lieu, mais désormais accepté. D’ailleurs, le speaker de Roland-Garros a même annoncé la victoire du Paris Saint-Germain !
Du pain et des jeux, pour tout le monde. La France capitaliste de 2025 est du même type que la Rome impériale finissante : décadente, malgré son hyper-puissance !