La Montagne d’or est un immense projet de mine d’or à ciel ouvert dans le nord-ouest de la Guyane, en pleine forêt amazonienne. Ce « monstre industriel » est dénoncé par le collectif citoyen Or de question comme étant une catastrophe écologique.
Le plan prévoit une phase de construction de 2019 à 2021, une phase d’extraction de 12 ans puis une dernière phase de fermeture du site pendant 30 ans. Le rendement espéré est de 6,7 tonnes d’or par an, pour 4 500 000 tonnes de minerai extraits chaque année en tout.
On l’aura compris, le projet est gigantesque. Avec une emprise totale de 190km2 et une fosse de 2,5km de long sur 500m de large pour 400m de profondeur, la Montagne d’or constituerai la plus grande mine de France. Ce projet est soutenu pas deux grandes entreprises du secteur, Colombus Gold (Canada) et Norgold (Royaume-Uni).
la construction de la mine
Le projet se situe en pleine forêt amazonienne, qui présente comme tout le monde le sait une très grande richesse naturelle. Cela occasionnera forcément de grands dégâts.
Il est expliqué que le mal est déjà en partie fait car l’activité minière aurait déjà façonné le site depuis 140 ans. Il est vrai que l’orpaillage illégale, c’est à dire la recherche d’or dans les rivières, est en fléau environnemental en Guyane. Cela avait d’ailleurs été largement dénoncé par la population lors du mouvement social en 2017.
Cependant, l’envergure du projet fait que l’impact sur la faune et la flore sera encore plus grand. Il est admis dans le document de synthèse de la compagnie minière que 45 % du site minier nécessitera de déboiser une partie de forêt « à caractère primaire » et la ligne électrique 30 %.
Il est bien entendu dit, conformément à la loi, que l’impact est minimisé et qu’il y aura des compensations. Ce sont des logiques absurdes ! Les animaux délogés et dont la la vie aura été plus ou moins impactée se fichent bien de savoir que des arbres seront plantés plus loin, « pour compenser ».
Une fois les dégâts faits, il n’y a pas de retour en arrière possible. Et encore moins de compensation. Cette mentalité d’ingénieur étriqué est de la folie pure.
Le déboisement n’est qu’une partie du problème. La profondeur de la mine pose aussi des questions sur des pollutions possibles de l’eau et l’impact sur les nappes phréatiques. La région est sujette à d’importantes pluies qui pourraient disséminer des éléments présents dans les roches par ruissellement.
#MontagnedOr en #Guyane : 7 Guyanais sur 10 sont opposés au projet minier ! https://t.co/e6jx6lnLrw via @YouTube
— Or de Question (@ordequestion) 20 juillet 2018
Le cyanure
L’or ne peut être extrait du minerai avec une très bonne efficacité qu’avec du cyanure. C’est une question très sensible car son utilisation n’est pas anodine et sans risque, loin de là. Les résidus de l’extraction devront être traités afin que le taux de cyanure soit inférieur à un seuil légal de 10 ppm (partie par million), et seront stockés dans un important dispositif de traitement. La crainte est celle d’un écoulement de ces résidus et donc de cyanure dans l’environnement. Ceci pourrait engendrer une véritable catastrophe écologique
Il faut se rappeler la catastrophe de Baia Mare (nord-ouest de la Roumanie) en 2000. De grandes quantités de cyanure (et de métaux lourds) se sont déversés dans la nature suite à un accident. Un barrage a cédé et l’eau contaminée s’est déversée dans l’environnement. A proximité du site, presque toute la vie a disparu. Plus au sud, en Serbie, on estime que 80% de la vie aquatique a été décimée. Cette catastrophe est souvent considérée comme la pire après Tchernobyl, en Europe de l’est. Voici donc ce qui peut se produire lorsqu’une exploitation aurifère tourne mal.
En #Guyane = mouvements de terrains et inondations ! Et c’est dans ces conditions qu’on veut nous imposer la #MontagnedOr. Au moins 25 ruptures de digues de déchets miniers en 18 ans dans le monde : ça vous parle ? https://t.co/FQwWFfrkgz
— Or de Question (@ordequestion) 26 juillet 2018
L’énergie
Aux problèmes liés à la construction de la mine, s’ajoutent ceux de son fonctionnement. La consommation électrique pour commencer, est estimée à 20MW. Cela représentera un peu moins de 10 % de la capacité de production de la Guyane en 2023, et 20 % de la consommation.
A ces chiffres bruts s’ajoutent toutes les question d’infrastructures. Comment acheminer l’énergie nécessaire au fonctionnement de ce projet en pleine forêt ? La construction de lignes électriques nécessitera de nouvelles agressions envers l’environnement. De plus, ces lignes impliquent qu’EDF soit en mesure de mettre en place les infrastructures nécessaires à temps. Dans le cas contraire, le promoteur indique qu’il faudra se tourner vers des solutions alternatives comme « des turbines ou groupes électrogènes alimentés au fuel ». Ce qui pose encore d’autres questions sur la pollution.
La compagnie Montagne d’or peut bien installer des panneaux solaires sur les toitures des bâtiments pour avoir l’air de se soucier de l’environnement : les estimations des promoteurs ne donnent une production que de 440 kW… presque 1/40e des 20MW.
Détruire l’environnement pour relancer l’économie ?
Comme toujours, la destruction de l’environnement est minimisée et l’argument fort est celui de la création d’emplois. Le projet avance la création de 750 emplois directs et 3000 indirects. La Guyane étant une région détenant le taux de chômage le plus élevé de France, l’argument économique est ici tout trouvé.
Pourtant, tous ces emplois ne dureront pas quarante ans, de la construction à la fermeture de la mine. Les chiffres avancés correspondent au nombre d’emplois créés au plus haut. Certains emplois ne seront plus nécessaires une fois la mine construite et opérationnelle au bout de deux ans. Et tous les emplois liés à l’extraction n’auront sûrement plus de raison d’être tout au long des trente années de fermeture du site.
Le but est surtout d’enrichir quelques personnes déjà riches, pas de servir l’économie locale et la population.
La population Guyanaise se mobilise contre la Montagne d’or dea l’occasion de la venue du secrétaire d’Etat S. LECORNU #Ecologie #climat #Energie
« Notre meilleure arme c’est notre détermination ! » @JAGuyane @ordequestion @tropviolans973
Cayenne le 25 Juillet 2018 pic.twitter.com/BRldSEbAHG— Yanuwana Tapoka (@YanuwanaT) 26 juillet 2018
Un projet sans vision sur le long terme
Le projet s’étend sur un peu plus de quarante ans de la construction à la fermeture de la mine. Il va nécessiter énormément d’explosifs et de cyanure. Des quantités d’eau phénoménales seront aussi nécessaire. Les boues contaminées devront être traitées dans des lieux parfaitement hermétiques. Il faudra ensuite s’assurer, une fois l’extraction terminée, que plus rien de nocif ne subsiste sur le site.
Au vu de la taille du projet, toutes ces précautions sont autant d’investissements lourds pour l’entreprise. Toutes les parties de ce projet peuvent signer autant d’accords et s’engager à respecter toutes les conventions du monde, cela ne changera rien à sa nature même. C’est une aventure capitaliste, donc destiné à faire du profit à court ou moyen termes, mais pas à servir la société à long terme.
Les entreprises ne savent raisonner qu’en terme de probabilité lorsqu’il s’agit de gestion de risque. Nous avons vu ce que ce genre de raisonnement peut donner à Fukushima…
Et quand bien même tous les intervenants de ce projet respectaient à la lettre les conventions les plus strictes dans les premières années du projet, qui nous dit que cela sera toujours vrai à la fin des douze années d’extraction ? Pendant les trente années de fermeture du site ?
Comment espérer que des entreprises capitalistes qui n’ont souvent aucun scrupule à détruire l’environnement soient exemplaires, toutes proportions gardées, durant les quarante ans du projet ?
Comment être certain que les changements de direction, les évolutions des cours des matières premières ou encore les différentes politiques locales et nationales n’influent pas sur le respect scrupuleux des normes et des consignes de sécurité ? Qui peut garantir que toutes ces entreprises seront prêtes à tous les sacrifices financiers afin d’assurer la sécurité du site ?
Les besoins en eau de #MontagnedOr seront de 470.000 litres par heure tout au long des 12 ans d’exploitation (alors que CMO prétendait travailler en circuit fermé). Pour info : une famille consomme 80.000 litres par an environ #Guyane pic.twitter.com/dHZtVub1Ys
— Or de Question (@ordequestion) 27 juillet 2018
Non à la Montagne d’or !
Le projet de la Montagne d’or est une aberration et est tout simplement indéfendable. L’enjeu ici est de savoir si des grands groupes doivent dicter leurs lois ou si nous voulons une humanité capable de prendre conscience des enjeux de son époque et des les assumer. Il ne peut et il ne doit pas y avoir de place pour la recherche du profit à tout prix, pour les calculs de risques probabilistes, pour des engagements sur des dizaines d’années avec des entités dont le seul but et d’engranger toujours plus de bénéfices. L’environnement n’est pas à vendre. La vie n’est pas une ressource dont l’on peut disposer à sa guise ou que l’on peut compenser.
Ce projet est de plus une insulte au Guyanais et aux peuples autochtones, en faisant miroiter quelques emplois à défaut d’une véritable planification économique.
Si ce projet devait avoir lieu, chaque personne qui l’a défendu devra répondre de son choix devant les générations futures qui ne pourront qu’être abasourdies par une telle folie.
Le projet de la Montagne d’or ne doit pas avoir lieu !
Pour en savoir plus sur le projet minier, consultez le site du collectif citoyen Or de question !