Les Jeunes Socialistes ont pris position au sujet de la proposition de service national obligatoire ; ils ont également lancé une pétition pour protester. Une initiative louable, certainement, de par l’esprit de militarisation, d’encasernement dont cela relève.
Cependant, la phrase justifiant l’absence de valeur de ce service national laisse littéralement pantois :
« Dans des associations, des mutuelles, des organisations de jeunesse politique, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques, la jeunesse française est plus engagée que jamais. »
Comment quelqu’un peut-il oser écrire cela ? Jamais les organisations de jeunesse politique n’ont été aussi clairsemées, vide de militants et de contenus. Jamais le degré d’organisation politique n’aura été aussi vide dans notre pays.
Les seules structures qui se maintiennent profitent soit du copinage et de l’amitié pour se maintenir, soit de postes à pourvoir, et beaucoup plus rarement, si elles ont du contenu, restent ultra-minoritaires.
La jeunesse vit un faux hédonisme, elle tente de « profiter de la vie » à travers toute une série d’échappatoires, s’imaginant qu’il suffit de prendre un micro pour être un rappeur, de faire quelques sons pour faire de la techno, tout étant censé s’offrir avec facilité, et de toutes façons « tu ne connais pas ma vie », personne n’aurait le droit de juger.
La jeunesse vit un gigantesque non-dit : elle est culturellement vide, elle consomme pour chercher un sens à sa vie, s’imaginant que le capitalisme permettra de trouver une voie individuelle privilégiée.
On est à l’opposé de mai 1968, de la jeunesse mobilisée, en colère, étudiant, se révoltant, s’engageant.
Quelle est donc cette histoire d’associations et de mutuelles ? Et où les Jeunes Socialistes voient-ils également des luttes écologiques ? La jeunesse devrait ruer dans les brancards en raison du réchauffement climatique : elle ne prend pas cela au sérieux. D’ailleurs, elle ne prend rien au sérieux.
Il ne faut donc pas dire que « la jeunesse française est plus engagée que jamais », mais qu’au contraire elle est une génération faillie, en échec total sur le plan des idées et de la pratique.
Est-ce à dire que cela ne va pas changer ? Bien au contraire. Néanmoins, pour cela il ne faut pas faire du populisme. Il faut être exigeant, ne pas céder sur le dur labeur intellectuel à mener, sur la pratique sur le terrain nécessaire.
Les Jeunes Socialistes ne veulent donc pas assumer cela, ils espèrent que tout cela se fera tout seul. Ils maintiennent la fiction d’une gauche qui irait bien, d’où justement la remarque sur le prétendu soutien de la jeunesse aux « réfugié.e.s », alors que ce terrain du soutien est porté par des adultes d’esprit catholique, dans le direct prolongement des incessants appels du Vatican.
Le mouvement ouvrier a déjà historiquement réglé sur le plan des idées cette question des réfugiés. Mais encore faut-il assumer le mouvement ouvrier et son histoire, et les ouvriers eux-mêmes.
Un service national obligatoire ? Emmanuel Macron vit dans le passé
La volonté du gouvernement de mettre en place un “service national” obligatoire constitue une attaque grave contre la jeunesse, ses aspirations et sa liberté. La République ne s’apprend pas dans les casernes.
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a confirmé ce mardi matin que le “service universel” voulu par Emmanuel Macron serait obligatoire. Le gouvernement fait donc le choix très conservateur d’imposer à toute une génération un encasernement forcé. Cette décision démagogique ne fait que répondre et soutenir la nostalgie réactionnaire d’un service militaire qui n’a jamais véritablement joué le rôle de mixité sociale dont on le crédite.
Dans des associations, des mutuelles, des organisations de jeunesse politique, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques, la jeunesse française est plus engagée que jamais. Elle n’a pas besoin d’une injonction au civisme de la part d’un gouvernement qui voudrait penser pour elle. La conjonction de la sélection à l’université, de la baisse des aides au logement, et de l’instauration d’un service national obligatoire révèle la nature réactionnaire d’un gouvernement qui veut mettre au pas sa jeunesse.
Plutôt que ce carcan paternaliste, le gouvernement ferait mieux de donner à la jeunesse les moyens de son autonomie. C’est à l’école que la République doit faire ses preuves : les Jeunes Socialistes appellent à investir en urgence au moins un milliard d’euros par an dans l’université et à embaucher 40 000 enseignant.e.s, prioritairement dans l’école primaire.
Pour être libres de faire nos propres choix, les Jeunes Socialistes proposent également la mise en place d’un Revenu Universel d’Existence (RUE), universel et inconditionnel, et supérieur au seuil de pauvreté. C’est la seule universalité dont la jeunesse a aujourd’hui besoin.
Le texte de la pétition.
Emmanuel Macron veut mettre en place un “service national” qui sera obligatoire pour toutes et tous les jeunes. Vingt ans après l’abrogation du service militaire, il veut remettre la jeunesse au pas. Il vit dans le passé.
Après la sélection à l’université et la baisse des aides au logement, Emmanuel Macron s’attaque une nouvelle fois à la jeunesse.
Nous ne nous laisserons pas faire ! Nous revendiquons le droit d’agir, de penser et de nous engager là où nous le souhaitons plutôt que de subir un encasernement forcé.
Non, Monsieur le Président, la République ne s’apprend pas dans les casernes !
3 raisons de s’opposer au service national obligatoire
Nous refusons ce carcan paternaliste et réactionnaire qu’est le service national obligatoire.1 – C’est cher : le cout estimé est au minimum de trois milliards d’euros ! Autant d’argent qui serait bien plus utile ailleurs.
2 – C’est inutile : d’une part, l’armée n’en a pas besoin et s’y oppose. De l’autre, la jeunesse n’a pas attendu une injonction du gouvernement pour s’engager dans des associations, des mutuelles, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques !
3 – Si c’est obligatoire, c’est un endoctrinement, pas un choix. La République ne s’apprend pas par la contrainte !
3 meilleures idées pour vraiment changer la vie des jeunes
1 – C’est à l’école que la République doit faire ses preuves : plutôt que sélectionner à l’université, il faut investir 1 milliard d’euro par an dans le supérieur et embaucher 40 000 enseignant.e.s2 – Un véritable accès des jeunes à la santé et au logement : un.e jeune sur trois renonce à des soins chaque année.
3 – Un Revenu Universel d’Existence, supérieur au seuil de pauvreté et inconditionnel, seule universalité dont la jeunesse a aujourd’hui besoin pour s’émanciper
La jeunesse a besoin de davantage de droits, non pas qu’on exige d’elle de nouveaux devoirs !