Les femmes ne sont pas présentes partout. Soit parce qu’elles sont exclues, soit parce qu’elles décident de ne pas être présentes. Prenons la chasse à courre. Le site venerie.org décrit la participation de la femme à la chasse comme un « apport chaleureux dans les équipages ».
Les femmes représentent 20% des veneurs. Les seules femmes participant à la chasse à courre sont issues des milieux grands-bourgeois le plus souvent parisiens. Pourtant, c’est d’une pratique féodale dont il s’agit ici. Les rôles de chacun durant la chasse sont immuables, tout est ritualisé, codifié, hiérarchisé à la manière des castes : le maître d’équipe, noble le plus souvent, les piqueurs, hommes influents triés sur le volet et les suiveurs appartenant aux classes populaires.
Il n’y a pas de suiveuses. Chacun doit tenir sa place dans ce qui est la traque d’un animal, sans relâche et à mort. Le spectacle est sanguinaire. Le système de valeurs est réactionnaire.
Les femmes refusent la violence gratuite. C’est pour cela qu’elles sont aussi rarement présentes dans les tribunes des supporters ultras de football. Pourtant, les femmes aiment le football. Elles pratiquent le jeu, mais rejettent le côté beauf « apéro-barbecue » d’avant match !
Voilà un exemple de la clairvoyance des femmes et de leur aptitude à trancher. Contrairement aux hommes qui se laissent entraîner, par faiblesse morale, de la tribune à la bière et de l’insulte à la ratonnade, les femmes coupent court. Dans le fatras de la culture foot, elles prennent le sport, le spectacle éventuellement, mais elles rejettent massivement le hooliganisme et la culture beauf.
D’ailleurs ce côté beauf, elles le fuient également dans les milieux syndicaux et leurs cortèges bières-merguez. Les femmes ne sont présentes qu’à hauteur de 7,5% dans les syndicats français.
Ces derniers prétendent négocier l’égalité entre hommes et femmes. Ils ne s’intéressent qu’aux salaires. C’est bien, mais cela ne remet pas du tout en cause la base sociale ! Les syndicats ont brillé par leur absence dans le mouvement #balancetonporc, qu’ils n’ont pas compris, alors qu’il concernait en premier lieu les violences sexistes au travail.
Un grand nombre de femmes s’est emparé de ce hashtag, et au-delà des réseaux sociaux, un véritable élan s’est amorcé pour dénoncer ce qu’elles subissent au quotidien, au boulot ou dans la rue. Ce n’est pas grâce aux syndicats si la peur a, partiellement et pour un temps seulement, changé de camp.
La barbarie est omniprésente. Et moins les femmes s’expriment et moins les femmes sont là, et plus la barbarie s’affirme. La société entretient les lieux de la barbarie et étouffe la voix des femmes, la voix sensible.
Prenons les relations sentimentales. Soit elles n’existent pas et les rapports entre les individus sont voués à la brutalité, soit elles sont d’une pauvreté lamentable. Même s’il n’y a pas toujours violence physique, la violence émotionnelle est bien là. Du fait d’un isolement causé par le mode de vie, une solitude qui détruit moralement se répand. Les rencontres se réduisent alors aux coups d’un soir, la drague à Tinder et l’amoureux n’est qu’un sexfriend. C’est toute notre sentimentalité qui se trouve ratatinée à la mode 50 nuances…
Cela la bourgeoisie semble ne pas l’avoir perçu.
Son indignité est à l’image d’Aurore Bergé, député La République en Marche, qui s’est illustrée dernièrement à la télévision. Elle s’est présentée dans un talk-show dans une toilette qui a fait polémique.
Il est évident que, vu de gauche, le problème n’est pas de savoir si une femme peut apparaître dénudée en public. La femme doit pouvoir se vêtir comme elle le souhaite, y compris en public, sans subir aucune violence quelle qu’elle soit. Mais les gens qui font de la politique à ce niveau savent que leur carrière est en partie déterminée par leur popularité. Aurore Bergé a choisi son image en conscience, pour « se vendre ». Elle a tout raté.
Car le corps des femmes est engagé politiquement. Pour les sentiments véritables, pour la dignité, contre la violence gratuite, les femmes veulent changer la vie parce qu’elles en connaissent la valeur.
Les femmes du 8 mars 2018, ce sont ces femmes de l’Oise qui comptent parmi les opposants à la chasse à courre. Après la journée de travail, leur corps se fait barricade, elles s’unissent par conviction à des actions, parfois violentes, afin de protéger un autre être, de la violence barbare. Ces femmes doivent gagner le pouvoir politique.