Après l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, l’État avait annoncé qu’il procéderait à l’expulsion des « zadistes », ainsi qu’à la réouverture d’une route départementale barricadée depuis plusieurs années.
Des moyens immenses ont été mobilisés début avril, avec quelque 2500 gendarmes mobiles, ce qui n’a pas empêché de nombreux affrontements. Parallèlement, il a été proposé aux « zadistes » de renseigner des fiches individuelles, nominatives, expliquant le projet agricole qu’ils souhaiteraient mener sur le territoire.
Quel triste spectacle aujourd’hui que ces « zadistes » à Notre-Dame-des-Landes continuant leur agitation coûte que coûte, pendant qu’une partie d’entre eux accepte la partition mise en place par l’État.
L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes aurait dû être considéré comme une victoire, permettant d’aller de l’avant dans la défense de la planète. Ce ne fut pas le cas pour une raison très simple : l’aéroport n’était qu’un prétexte. C’était une sorte de totem inversé, permettant de dérouler toute une rhétorique contre la modernité, digne de tous les esprits réactionnaires, fascistes ou semi-fascistes, des années 1930-1940 avec leurs discours sur le retour à la terre, le rôle néfaste de la technique, la valeur de la petite propriété, etc.
Les « zadistes » ne se sont jamais véritablement préoccupé d’écologie. La zone humide n’a été d’ailleurs qu’un argument trouvé très tardivement. Ce qui compta, ce fut rapidement l’agriculture artisanale et le retour à une vie en communauté restreinte.
À côté de cela, la ZAD a charrié et charrie encore toute une frange de l’ultra-gauche européenne, anarchiste et nihiliste, qui fétichise les affrontements avec la police, dans une démarche destructrice n’apportant rien de constructif.
Cela forme un panorama lamentable, qui amène la population à se demander : comment se fait-il qu’il faille mobiliser une telle force publique pour quelques agitateurs à peine armés d’ustensiles artisanaux ?
Que les quatre agriculteurs présents historiquement ayant toujours refusé leur expulsion se voient régulariser leur situation, c’est dans l’ordre des choses.
Mais comment se fait-il que des individus qui n’ont rien fait d’autre que tout casser et boire des bières volées dans les supermarchés locaux se voient attribuer « gratuitement » des terres qu’ils occupent illégalement ?
Ces questions sont inévitables. On peut être contre la propriété privée, bien sûr – mais cela ne signifie aucunement accepter que l’État attribue des terres unilatéralement pour pacifier une situation. Ce n’est pas là un partage des terres comme toute révolution en a amené, plus ou moins, ces deux derniers siècles, mais un esprit de conquête digne du Far West.
L’État et le capitalisme ont très bien compris cet aspect d’ailleurs. La Préfète de Loire-Atlantique a expliqué à propos des 28 fiches de candidatures pour l’obtention de terrain que « ce sont notamment des activités d’élevage, de maraîchage et des cultures céréalières avec transformation sur place ».
Une partie des projets sont considérés comme « structurants, cohérents et portés par des personnes tout à fait crédibles » et portent selon le Figaro sur de la culture des céréales, de plantes médicinales et aromatiques, la création de vergers, l’élevage de vaches allaitantes ou encore sur l’héliciculture, la production d’escargots.
Cela est tellement éloigné de ce qu’aurait dû être la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. On a ici un boulevard pour la réaction, avec d’un côté des projets passéistes qui servent de laboratoire réactionnaire, de l’autre un nihilisme destructeur qui ne peut que renforcer les appels à l’autorité de l’État.