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La fin de la « ZAD » à Notre-Dame-des-Landes

Il en est fini de la « ZAD » à Notre-Dame-des-Landes dans sa dimension prétendument rebelle et vraiment anarchiste. L’État a mené hier une opération de grande envergure visant à expulser ce qu’il reste des « zadistes » récalcitrants.

Dix-neuf escadrons de gendarmerie étaient mobilisés, ce qui représente 1 500 à 1 700 militaires. Ils accompagnaient deux huissiers chargés de mener les procédures, des agents de déminage de la sécurité civile, ainsi que des ouvriers (masqués) devant procéder au démantèlement des habitations illégales.

Les moyens mobilisés étaient importants, avec trois véhicules blindés, des véhicules tout-terrains, un hélicoptère, des drones et des tractopelles. L’officier de gendarmerie chargé de la communication a tranquillement et publiquement annoncé tôt dans la matinée les lieux devant être expulsés et détruits :

« de manière à ce qu’il n’y ait pas de surprise et pas d’inquiétude chez ceux qui ne seraient pas concernés » (c’est-à-dire les personnes ayant déposé une demande d’occupation légale des lieux).

Le ton était calme et serein, avec la volonté de montrer la toute-puissance de l’État :

« C’est un site complexe, mais qu’on va traiter de manière méthodique, comme toujours : ordre et méthode, de manière à ce que force reste à la loi. »

En pratique, l’opposition a été faible et très parcellaires, les opérations ont pu être menées facilement et rapidement par les forces de l’ordre.

La résistance des « zadistes » n’a été que symbolique, et bien inférieure à celle des précédents affrontements sur le site. La « ZAD », isolée et repliée sur elle-même, sans cause légitime à défendre, s’effondre comme un château de carte.

Le projet d’aéroport, qui n’était qu’un prétexte à une rhétorique réactionnaire anti-modernité pour la plupart des zadistes, n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Les manœuvres de division et d’encerclement ont fonctionné parfaitement, montrant la faiblesse et la vanité des prétentions anarchistes à affirmer leurs positions.

Libération pouvait citer avec un certain goût du pittoresque les propos d’un zadiste réagissant à l’intervention militaire :

« Enlevez vos armures et vos casques et venez nous voir. Ici, on peut faire des potagers, du pain, de la musique et on peut faire l’amour ! »

Les éléments les plus radicaux n’auront servi qu’à afficher une radicalité de façade, voire plutôt folklorique, à des projets agricoles expérimentaux. La « ZAD », à défaut d’avoir été une place forte de l’écologie en France, aura été une sorte de laboratoire protéiforme et rudimentaire à des projets agricoles et communautaires.

Seules les personnes acceptant l’autorité de l’État vont désormais pouvoir continuer leurs « expérimentations ». Ce « laboratoire » de la « ZAD » devrait maintenant se transformer en une sorte de pépinière servant à la modernisation de l’agriculture capitaliste.

Il ne pourra en être autrement puisque cela est directement encadré par l’État, avec le soutien de différentes autorités institutionnelles.

C’est ainsi que des personnalités avaient lancé récemment « un appel solennel au gouvernement français » pour qu’il laisse du temps aux différents projets voulant continuer légalement sur le site de Notre-Dame-des-Landes. L’idée étant à terme de former un Comité d’Accompagnement et de Conseil, ce qui avait été relayé par les « zadistes » eux-mêmes, sur leur site internet.

On trouvait parmi ces gens, cité en premier, un ancien directeur de recherche à l’INRA. Il s’agit de l’Institut National de la Recherche Agronomique, c’est-à-dire la pointe en termes d’agro-industrie capitaliste encadrée par l’État en France. Suivaient parmi les signataires, différents universitaires, pour la plupart au CNRS, mais aussi d’Agrocampus Ouest, ou alors de l’Office National des Forêts, etc.

La presse a également remarqué que l’un des signataires, Marc Dufumier, professeur émérite à AgroParis Tech, est membre du conseiller scientifique de la Fondation Nicolas Hulot, qui est comme on le sait ministre de l’Écologie.

C’est-à-dire qu’on nage ici dans les plus hautes sphères du pouvoir en France. Il s’agit pour ces gens de revitaliser le capitalisme, par en haut, par les biais de projets individuels, d’entreprises ou de petites entreprises individuelles.

On est ici à l’opposée d’une tradition de Gauche qui, s’appuyant sur le mouvement ouvrier, promeut des solutions collectives et démocratiques, avec une dimension sociale et universelle, plutôt que communautaire.

Le libéralisme communautaire de petit-entrepreneurs agricoles radicalisés va fusionner avec le libéralisme institutionnel de gens ayant fait une carrière universitaires. Voilà ce qu’il restera de la « ZAD » de Notre-Dame-des-Landes dans les années à venir.

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