La chasse à courre a rouverte hier et il y a au moins une personnalité de gauche à avoir assumé quelque chose : le député La France Insoumise Bastien Lachaud était présent à Compiègne pour soutenir les opposants. Le silence de François Ruffin, qui lui assume une implantation picarde, n’en est que d’autant plus troublant.
La lutte contre la chasse à courre, commencée ces derniers temps à Compiègne, a largement essaimé, au point de disposer désormais d’une quinzaine de groupes dans tout le pays. Les réactionnaires sont fous de rage qu’on ose aller bousculer leur hégémonie complète dans des zones qu’ils voyaient comme leur bastion inexpugnable.
A ce titre, tout soutien aux revendications populaires s’exprimant à travers le refus de la chasse à courre est une bonne chose. Le passage de Bastien Lachaud, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, est un appui utile et honorable à une juste cause.
On ne peut que regretter inversement l’absence de François Ruffin silencieux depuis le début quant à la chasse à courre. Député de la Somme élu par l’union de nombreux mouvements de Gauche (LFI, PCF, EELV…) et figure amiénoise avec son journal contestataire Fakir, il devrait être aux premières loges.
Cependant, on devine qu’il refuse de remettre en cause la chasse, celle-ci étant largement valorisée dans des secteurs populaires picards, ainsi que le PCF, au nom d’une tradition « datant de la révolution », alors qu’en réalité on est là dans une position entièrement rétrograde. Quand on se dit de gauche, mais qu’on tire sur les oiseaux, c’est qu’il y a un problème !
Beaucoup de gens de Gauche du coin évitent d’ailleurs cet écueil en méprisant la chasse, tout en valorisant… la pêche, y compris dans sa variante « no kill », qui pourtant aboutit à un crochet enfoncé dans la bouche du poisson.
La reprise de la chasse à courre à Compiègne a été, en tout cas, très feutré. En raison certainement de la présence d’un député, mais également de nombreux médias locaux : Oise Hebdo, le Courrier Picard, Le Parisien, France 3… qui ont dû faire face à la véhémence des pro-chasse à courre.
Les suiveurs de la chasse à courre avaient également des chasubles orange fluo « Hauts de France – Forêts propres », sans avoir de sacs-poubelles pour autant : on était là dans une opération de communication, mais aussi d’intense flicage de la trentaine d’activistes présents qui parfois ont été suivis sur de longs trajets, jusqu’en ville.
La police était là en force, contrôlant les identités avec ferveur, le commissaire divisionnaire se vantant en même temps d’avoir maté des rassemblements illégaux et fait condamner des gens à des mois de prison. C’est que l’État est avec les réactionnaires, mais s’inquiète en même temps des grandes déchirures que toutes ces histoires peuvent provoquer dans le pays.
Le rapport de la société à ses campagnes est en effet explosif et il suffit d’une faille pour que surgisse une gigantesque dénonciation de la vie quotidienne dans une France soit pétrie d’ennui hors des villes, soit totalement aliénée dans les villes.