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Aufstehen et la reconquête en Allemagne du peuple passé à l’extrême-droite

L’un des objectifs de la Gauche est de reconquérir les secteurs populaires qui sont passées à l’extrême-droite, en considérant non pas que ces gens sont « débiles », mais qu’ils expriment quelque chose qui a été dévié dans une mauvaise direction.

Sahra Wagenknecht

Les événements de Chemnitz à l’est de l’Allemagne ont rappelé le caractère vital de cette question. La mort d’une personne tuée par un migrant à coup de couteau a provoqué des rassemblements en série à l’appel de l’AFD, avec une forte présence de nazis et une série d’incidents, d’agressions racistes. Des milliers de personnes ont participé à ces rassemblements, happés par la dénonciation populiste, tendanciellement pogromiste.

Sahra Wagenknecht n’a pas participé au rassemblement de 65 000 personnes à Chemnitz contre les initiatives nazies, considérant que l’objectif n’est pas de marquer le coup, mais bien de reconquérir la base populaire. Voici comment dans une interview au média Watson, elle explique la démarche de son mouvement Aufstehen à ce sujet.

« Je ne pense également pas qu’on renforce sa position contre le radicalisme de droite et le néo-fascisme en étant dans une ville particulière, un jour précis (…). Des initiateurs d’Aufstehen étaient à Chemnitz [au rassemblement anti-nazi] (…).

Il ne s’agit pas de la question des nazis, qui font le salut hitlérien dans la rue et traquent les gens ayant l’air différent. Ils concernent l’État de droit. Il en va de beaucoup de gens qui votent AFD aujourd’hui et vont en partie également aux manifestations organisées par l’entourage de l’AFD.

Qui les catalogue comme nazis se rend la vie trop facile, car beaucoup d’entre eux votaient encore il y a quelques années SPD ou Die Linke (…). Je veux qu’on reconquiert la rue à Pegida et aux gens de droite. Actuellement, le gouvernement est en permanence soumis à une pression de droite. Nous avons besoin d’avoir enfin de nouveau un mouvement avec des revendications sociales dans les rues (…).

Je veux empêcher que par colère et mécontentement, des gens se fassent piéger par les droites. C’est un développement qui fait peur lorsqu’une manifestation à laquelle participent des nazis parvient à regrouper 7000 personnes. Il n’y avait pas cela auparavant et je ne veux pas accepter une telle évolution (…).

Quand je vois qu’une majorité en Allemagne veut une politique plus sociale, alors je trouve cela très encourageant. Cela montre que l’esprit de l’époque n’est pas de droite. Que nous avons une majorité qui soutient ce qui était de par le passé une politique classique de gauche.

Le souci est que malgré ce rapport, cette majorité, nous avons dans les parlements [national et régionaux] toujours des droites toujours plus fortes. L’AFD n’a aucunement l’intention de s’impliquer pour davantage de justice en Allemagne. Ce n’est pas du tout dans son agenda. C’est pourquoi il faut faire face à cette tendance (…).

Nous défendons le droit d’asile, et ce sans conditions, qui est pourchassé doit recevoir une protection. Pour le reste, l’immigration doit être régulé et limité. Pour la migration économique, il faut faire attention à ce que cela n’aboutisse pas au dumping des salaires (…).

Il n’y a pas seulement comme alternative des frontières totalement ouvertes ou une fermeture totale. Une position raisonnable se tient naturellement entre les deux. Et nous devons toujours avoir en tête les conséquences de notre politique dans les pays d’origine.

Pour le moment, il se passe que nous engageons les couches moyennes qualifiées des pays pauvres, que nous amenons par exemple ici leurs médecins, comme s’il n’y avait là-bas pas de malades.

Nous renversons les frais de formation vers les pays pauvres. C’est quelque chose sans aucune responsabilité et cela n’a rien à voir avec l’internationalisme (…).

Les plus pauvres de ce monde n’obtiennent rien de frontières ouvertes. Qui crie famine au Yémen, qui crie famine au Sahel, n’a aucune chance d’arriver en Europe. Au lieu de cela, ce sont les couches moyennes qui viennent. Cela rend ces pays encore plus pauvres. Et cela permet à l’économie ici de faire des économies sur les formations et de comprimer les salaires. »

Die Linke

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