Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a remis aux « décideurs politiques » le résumé d’un rapport de 400 pages, afin de présenter la perspective de limiter le réchauffement climatique à une augmentation de 1,5°C par rapport au niveau pré-industriel. Ses constats alarmistes tranchent toujours davantage avec son positionnement élitiste et bien entendu le refus de changer le mode de production.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été formé à l’initiative de l’ONU, il se veut objectif et utile à toute l’humanité. Son résumé du rapport n’existe donc pourtant que pour les décideurs politiques, même s’il est accessible en ligne, et par ailleurs uniquement en anglais.
Cela correspond à une lecture élitiste, propre à l’organisation des États et au mode de production capitaliste, où seulement une poignée de gens décident. D’ailleurs, le document de 400 pages était déjà prêt en juin : si le résumé a tardé, c’est qu’il vient d’être rédigé en Corée du Sud, par des experts soucieux de trouver un compromis dans la présentation.
Le réchauffement climatique n’est pourtant pas un problème dont la solution ne peut être porté que par quelques uns, ni même par quelques mesures, aussi importantes soient-elles. Ou bien le modèle change entièrement, et on raisonne en termes de système-Terre où tout est relié, tout demande une analyse par rapport à l’ensemble, ou bien d’une manière ou d’une autre, le dérèglement climatique empirera.
Comment veut-on sinon, comme le demande le GIEC pour limiter le réchauffement à 1,5°C, qu’on supprime de 45 % les émissions de Co2 en 2030 et qu’on atteigne la neutralité en 2050 ?
Surtout que l’augmentation de 1,5°C par rapport au niveau pré-industriel se produira entre 2030 et 2052. Chaque année passée a été un luxe terrible, en contradiction avec ce qu’il fallait faire. Et le fait de ne rien faire a renforcé la pesanteur, la passivité…
Ce que doit faire la Gauche, c’est souligner que tout est une question de mode de vie, d’organisation de la production et donc de planification, tant pour la vie quotidienne que pour la production. Or, une humanité divisée n’a pas les moyens de mettre en place quelque chose de concret, tout comme des valeurs sociales libérales empêchent des mesures claires et nettes. D’ailleurs, ne pas avoir une vue d’ensemble, à l’échelle planétaire, à l’échelle de l’humanité, condamne à la base tout projet, quel qu’il soit.
Il faut donc une humanité unifiée, planifiant ses mesures économiques, rationalisant son économie, modifiant radicalement les villes et son mode de vie, rompant avec le tourisme de masse, la surconsommation de biens inutiles, l’esclavage des animaux, la nature bétonnée des villes, l’esprit de concurrence, l’engloutissement agro-industriel des campagnes, etc. etc. etc.
Soit on remet tout à plat et on en discute démocratiquement, en prenant les mesures qui s’imposent en s’y tenant. Soit on laisse décider les entreprises, la concurrence entre celles-ci, entre les pays, la consommation aliénée de masse. Et alors il n’y aura rien de décidé, car le capitalisme ne décide rien, et il n’agit même pas selon ses intérêts : il n’agit que par l’intérêt, à court terme.