Donald Trump a annoncé que les États-Unis annulaient le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. C’est un pas de plus vers une situation de crise militaire mondiale, avec en arrière-plan la compétition américaine avec la Chine, afin d’empêcher un repartage du monde.
Les années 1980 ont été extrêmement difficiles sur le plan psychologique pour les populations européennes, car la menace d’une guerre était omniprésente, d’autant plus que des missiles atomiques étaient disposés de part et d’autres des deux camps en présence. L’URSS avait à l’est disposé des missiles SS-20, tandis que les États-Unis plaçaient à l’ouest des missiles Pershing ainsi que des camions porteurs de missiles, les BGM-109G Gryphon.
De très nombreux films, notamment de science-fiction, reflètent cette angoisse apocalyptique (2010 le premier contact, Abyss, Wargames…), alors que de nombreux pays connaissaient de très nombreux mouvements d’opposition. L’Angleterre notamment a connu un énorme mouvement anti-armes atomiques et l’Allemagne un énorme mouvement anti-guerre, alors qu’également des attentats anti-OTAN ou anti-guerre se multipliaient en Belgique, en Allemagne, en Italie, en France, etc.
La situation a connu une rupture totale avec le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui mit de côté ces missiles à partir de 1988. Cela correspondait à l’effondrement de l’URSS sous le poids économique monstrueux de son gigantesque complexe militaro-industriel ; le nombre de têtes atomiques soviétiques dépassait largement celui des États-Unis, par exemple.
En supprimant les missiles dont la portée était entre entre 500 et 5 500 km, on sortait de la confrontation violente offensive, pour en revenir à une ligne de friction et de menace nucléaire générale en cas de conflit ouvert. Cet équilibre de la terreur empêchait une confrontation franche, mais non totale.
En annonçant la fin de ce traité, Donald Trump retourne à la position offensive, visant de manière implicite la Chine. Celle-ci n’a jamais signé le traité, n’étant à l’époque pas du tout concerné. Comme l’affrontement américano-chinois est à l’ordre du jour, les États-Unis prennent l’initiative, même s’ils prennent comme prétexte que la Russie n’obéirait plus au traité.
D’ailleurs, on ne s’y est pas trompé il y a déjà un peu plus d’un mois, lors de l’université d’été de la défense. La ministre des armées Florence Parly a donné le ton lors du discours de clôture, à l’École militaire, résumant la question stratégique :
« Le doute s’est installé : pourrons-nous toujours compter, en tous lieux et en toutes circonstances, sur un soutien américain ? »
Car les États-Unis ont une obsession : empêcher l’émergence de la Chine, qui compte remplacer les États-Unis comme puissance dominante du capitalisme mondial. Les États-Unis veulent conserver leur hégémonie, la Chine veut un repartage du monde. C’est la guerre qui se profile.
Les capitalistes d’Europe s’inquiètent donc de tout cela. Le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, a qualifié d’urgent et de clair l’objectif d’une « autonomie stratégique européenne » ; la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, présente à l’ouverture, a appuyé cette exigence d’une « Europe souveraine ».
En arrière-plan, il y a l’idée de former un troisième bloc, capable d’avoir bien plus de puissance que des pays seuls. Tout dépend ici du « couple franco-allemand », dont Emmanuel Macron est un partisan absolu, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen étant les représentants de la ligne du « cavalier seul ».
La seule position de Gauche possible ici ne peut être que l’affirmation du refus catégorique de la guerre et du militarisme, des valeurs guerrières et de l’esprit expansionniste, depuis les jouets sous la forme d’armes au budget de l’armée. Les peuples du monde veulent la paix, le capitalisme amène la guerre : il faut choisir son camp.