Emmanuel Macron est très présent dans les médias à l’occasion du centenaire du 11 novembre 2018 et dans une interview pour Europe 1, il est encore revenu sur ce qui est bien un leitmotiv : l’armée européenne.
Cette fois, il nomme expressément les ennemis potentiels. Et fort logiquement, on trouve les États-Unis, car Emmanuel Macron représenter la bourgeoisie pro-européenne, à l’opposé de la bourgeoisie gaulliste, qu’il appelle de son côté les « nationalistes ».
Emmanuel Macron a la même idéologique que l’UDF, cette frange libérale et moderniste (Valéry Giscard d’Estaing, Simone Veil…), et s’oppose à l’idéologie qui était celle du RPR. L’alliance RPR-UDF qui a marqué plusieurs décennies est désormais impossible, de par le contexte international.
Être de gauche et ne pas voir cela, c’est soit tomber dans le piège des modernistes – qui a fonctionné impeccablement puisque Emmanuel Macron a siphonné une large partie des socialistes – soit rater qu’il se passe quelque chose d’extrêmement important dans la société française, une rupture au sein de la bourgeoisie, de l’État lui-même.
Regardons les propos d’Emmanuel Macron, qui sont incompréhensibles pour qui n’a qu’un regard schématique :
« Ces élections vont permettre de voir quels sont les projets européens. On ne protège pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne et si on a pas une Europe qui sache protéger ses entreprises, ses travailleurs face aux géants du numérique. »
« Nous avons besoin d’une Europe plus forte, qui protège. Il s’agit d’avoir conscience de ce que nous sommes et de ce que nous vivons : la paix et la prospérité dans laquelle vit l’Europe depuis 70 ans est une parenthèse dorée dans notre histoire. »
« nous protéger à l’égard de la Chine, de la Russie et même des États-Unis d’Amérique. »
« Une colère contre une Europe ultra-libérale qui ne permet plus aux classes moyennes de bien vivre. On a besoin d’une Europe qui protège les salariés. »
Emmanuel Macron a un vrai projet. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen veulent une armée française forte et interventionniste, Emmanuel Macron veut lui une armée européenne forte, car il pense qu’il faut passer à une autre échelle.
Il profite de la question de la paix avec le 11 novembre pour prétendre défendre celle-ci, alors qu’en fait il veut la constitution d’un nouveau bloc militaire dans le repartage du monde.
Cela fait de la question du militarisme une chose essentielle, car sinon on tombe dans un camp ou dans un autre, on en revient à soutenir un militarisme ou un autre, au lieu de défendre la paix. C’est au nom du refus du militarisme allemand que les socialistes ont soutenu l’Union sacrée en 1914, ce qui était une erreur grossière.
Et cela est d’autant plus important qu’on voit bien la dramatisation qui se profile pour les prochaines élections européennes, où apparaît déjà que tournent autour de 20 % tant les modernistes d’Emmanuel Macron que les nationalistes de Marine Le Pen, tous les autres étant loin derrière.
Il y a ici un moment de tension historique.