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Gilets jaunes : la capitulation de la Gauche devant le spontanéisme

Le mouvement ouvrier a toujours exigé la primauté de la conscience et de l’organisation. La croyance en le spontanéisme et en un vitalisme populaire n’a jamais abouti qu’au fascisme. Aussi, le populisme d’une partie de la Gauche pour les Gilets jaunes est littéralement suicidaire.

Gilets jaunes

Que l’ultra-gauche ait participé ici et là aux initiatives des Gilets jaunes, c’est dans l’ordre des choses. La croyance en une sorte de vitalité populaire spontanée amène à soutenir tout ce qui bouge, sans être trop regardant.

Que le regroupement d’extrême-droite Bastion social parvienne à largement s’y impliquer à Lyon, avec notamment le mot d’ordre « à bas les voleurs ! », c’est tout autant dans l’ordre des choses. Le fascisme se veut un mouvement de contestation par la base, au-delà des classes, contre les parasites. La jacquerie anti-taxe des Gilets jaunes est parfaitement adéquate pour cela.

Mais qu’une large partie de la Gauche capitule de même devant les Gilets jaunes, c’est inacceptable. Que l’on soutienne le mouvement n’est pas ici la question, car c’est une lutte. Mais il y a une différence entre soutenir pour apporter des valeurs et combattre les tendances négatives, et soutenir de manière unilatérale.

C’est bien la peine que Lutte Ouvrière souligne de manière régulière – et à juste titre –  l’importance des ouvriers, pour se précipiter dans le soutien aux Gilets jaunes, sans en critiquer aucune des modalités d’expression, résolument petit-bourgeois et non liés à aucune question de la production dans le capitalisme.

Pareillement, quel intérêt a le Nouveau Parti Anticapitaliste, si ce n’est la volonté de surfer sur la vague, de trouver cela très bien de manière unilatérale, de considérer les Gilets jaunes comme un mouvement social tout à fait comme il faut, etc. ? Les Gilets jaunes représentent tout sauf un « mouvement social » traditionnel et d’ailleurs cela n’a aucun sens d’appeler à ce que les associations et les syndicats suivent le mouvement. L’ancêtre du NPA, la Ligue Communiste Révolutionnaire, faisait des mouvements sociaux la base de son activité, mais désormais tout est différent.

Ces deux exemples sont très importants, même si Lutte Ouvrière et le NPA sont depuis longtemps bien plus d’ultra-gauche que de Gauche. Car ils montrent que des gens sérieux, tournés vers les ouvriers ou vers les « mouvements sociaux », sont dépassés par les Gilets jaunes. Ils ne comprennent pas la nature de ce mouvement, ils n’ont aucune clef pour l’interpréter.

Et la raison pour cela est qu’ils ne comprennent pas ce qu’est le fascisme. Ce que dit Jean-Luc Mélenchon sur son blog est d’ailleurs absolument terrifiant, le type ne comprend rien au fascisme, il soutient ouvertement la démarche fasciste sans même s’en apercevoir.

Ses explications suite à la manifestation parisienne de samedi, où il y voit un show sur les Champs-Élysées mis en place par le gouvernement, en arrivent à trouver tout à fait juste le pire des populismes.

« Tout ce qui se passe est hors norme. C’est pourquoi la réplique manipulatoire traditionnelle est complètement décalée par rapport au niveau de conscience populaire. C’est donc pour nous un important succès car des millions de gens ont été une fois de plus instruits en masse des stratégies médiatico-politiques du régime macroniste. L’identification du parti médiatique se fait à échelle de masse. Le mépris et le dégoût qui vont avec de même.

L’autre succès est naturellement le niveau de mobilisation et l’élévation du niveau de conscience qui s’est exprimé partout dans les mots d’ordre et les propos tenus face caméra ou dans les meetings improvisés. Les commentateurs n’attachent pas d’importance au fait que le mot d’ordre « Macron démission » soit un refrain partout. C’est pourtant un slogan qui est très rare dans l’histoire des mouvements sociaux du pays. À vrai dire, je ne crois pas qu’il ait de précédent. Même Hollande y échappa. Rien ne décrit mieux l’isolement du pouvoir actuel et sa perte de légitimité que ce slogan omniprésent. »

Voir en le slogan « Macron démission » quelque chose de positif, c’est tomber au niveau de l’ultra-gauche ou du fascisme. C’est réfuter la primauté de la théorie, avec le principe des valeurs positives, d’un projet rationnel, d’une organisation méthodique. C’est s’imaginer que « tout ce qui bouge est rouge », alors qu’à une époque de dépression du capitalisme, comme on peut le voir partout, l’agitation sociale est plus que poreuse au corporatisme, au populisme, au social-impérialisme.

Les Gilets jaunes révèlent ici de grandes faiblesses concernant la compréhension de ce qu’est le fascisme !