Comme cela était prévu, le mouvement des gilets jaunes s’effiloche toujours plus. De par sa nature sociale, il s’éteint, les « classes moyennes » étant incapables de porter quoi ce soit de positif par elle-même. Et forcément, ce n’est pas beau à voir : on a droit à des scènes littéralement baroques de grossièreté, de stupidité et d’arriérations intellectuelles.
Depuis la « quenelle » de Dieudonné entonnée sur les marches de la butte Montmartre à Paris au pantin représentant Emmanuel Macron dont la tête a été coupé à la hache par un « bourreau » à Angoulême, en passant par les violences stériles contre les policiers, on est dans le simplisme et la farce.
C’est un véritable cinéma qui prend fin, et il faut bien voir également qu’il y aura eu peu d’acteurs. 40 000 personnes mobilisées hier, c’est peu, et même si l’on prend le pic, avec un peu moins de 300 000 personnes le 17 novembre, c’est tout à fait comparable à une mobilisation syndicale ayant un peu de succès.
Le succès des gilets jaunes s’explique par la conjonction des opérations coup de poing sous l’égide de la petite-bourgeoisie radicalisée, des médias, de franges populistes se lançant dans la mêlée, avec également l’appui d’une partie de la bourgeoisie elle-même.
Car les gilets jaunes, c’est comme le Fascisme : c’est social, mais cela ne critique pas le bourgeois, cela n’utilise pas le terme de capitalisme mais désigne comme ennemi seulement la « banque » et « l’oligarchie ». L’état d’esprit est patriotique, la vision du monde est complotiste, la démarche communautaire, le degré de conscience politique est à zéro avec une même haine de la politique et du principe de parti.
C’est un cadeau des dieux pour la bourgeoisie, trop heureuse d’avoir affaire à un tel type de révolte, à une sorte d’anti-lutte des classes. Et le contre-coup va être énorme. L’ultra-gauche s’imaginait que les gilets jaunes portaient la révolution, en réalité ceux-ci sont une expression de crise et ils vont être un vecteur historique du Fascisme.
La vague post-gilet jaune arrivant va être terrible, elle va ébranler les fondements culturels de la société française. Ce qui a été remué, ce qui a été transporté – et notamment la convergence ultra-gauche / extrême-droite – va nous exploser à la figure.
Bien entendu si on imagine que le Socialisme ce sont des gens qui protestent en cassant des vitrines, on peut continuer de rêver. Mais si on sait que le Socialisme c’est la rationalité, l’organisation, la classe ouvrière, une réflexion intellectuelle avec une exigence de haut niveau, alors on voit bien que les gilets jaunes, c’est l’anti-Socialisme.
Quand on connaît l’histoire de France, on ne peut que voir en les gilets jaunes les ombres de Bergson et Sorel, de Proudhon et des Croix de Feu. Cette ambiance de gens qui ont « vécu », dans une logique de rudesse et de vitalisme, de négation de la politique avec une vision du « peuple » comme au-delà des classes… relève du fascisme, au mieux du proto-fascisme.
Cette expérience historique des gilets jaunes va marquer les esprits et va générer une multitude de structures relevant de cet état d’esprit. Cela est valable pour avant l’émergence des gilets jaunes, car il s’agit d’une convergence historique de toute une couche sociale. Le parallèle entre l’émergence d’une ultra-gauche glorifiant la casse pour la casse ces dernières années et celle des gilets jaunes doit être constaté avec rigueur, en en tirant les conclusions qui en découlent.
Nous vivons l’agonie de la petite-bourgeoisie, et cette agonie s’exprime par le symbolisme de la révolution, pour une contre-révolution par en bas. Cela mène tout droit au Fascisme.