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Les traditions « alsaciennes » de Noël, une source pour le folklore populaire français

L’Alsace est reconnue dans le cadre de la nation française pour ses traditions de Noël. S’il convient de les replacer dans leur juste dimension, qui n’est pas à proprement parler « alsacienne », elles ont une indéniable perspective populaire et démocratique, exprimant l’esprit de partage, la générosité et le besoin d’une vie naturelle et pacifique. Pour affirmer la dignité et la valeur de ces traditions, nous partageons à la fin de cet article une recette typiquement alsacienne de petits gâteaux appelés Bredele.

Parmi les traditions populaires qui apparaissent comme les plus typiques en Alsace, il y a donc celle des Bredele (à prononcer comme si chaque -e était accentué), qui consiste en une série de recettes de petits biscuits sucrés assortis, préparés avec des épices comme la cannelle, ou l’anis, avec des fruits secs, diverses pâtes de fruit ou confitures.

La préparation des Bredele tout au long des semaines précédents Noël, est en soi un dispositif incontournable de cette tradition, l’idée étant si possible de les réaliser collectivement, au sein de la famille ou même entre amis, en unissant les différentes générations.

Leur confection, leur cuisson, leur conditionnement dans des boîtes ou des sachets à offrir est l’occasion d’organiser un travail collectif entre proches, grands-parents, parents ou enfants. A l’approche des Fêtes, les Bredele sont ensuite offerts, à des amis, à partager au travail, entre voisins, aux professeurs des écoles ou aux animateurs qui s’occupent des enfants sur leur temps périscolaire par exemple.

Cette tradition des Bredele se retrouve dans toutes les confessions alsaciennes, chez les protestants comme chez les catholiques, y compris chez les juifs que l’on appelle en Alsace Israëlites, en particulier sous la forme du kipferl.

On trouve bien sûr tout un marché développé autour des Bredele, y compris dans le fait de pouvoir en acheter de toutes sortes dans le commerce, mais rien ne remplace le plaisir de les confectionner avec ses proches pour les offrir autour de soi. D’ailleurs, dans le passé, les Bredele constituaient même en tant que tels une des décorations du sapin de Noël, que l’on dégustait le soir de la Fête.

Le sapin de Noël justement, constitue lui aussi une autre de ces traditions « alsaciennes ». Au point que la ville de Strasbourg, se revendiquant aujourd’hui « capitale de Noël », cherche chaque année à exposer un immense sapin illuminé sur la principale place du centre-ville. Il est vrai que les plus anciennes mentions d’un sapin coupé pour le décorer sont repérables à partir de la fin du XVe siècle dans des documents du Rhin supérieur, notamment en 1546 dans un document de la ville de Sélestat, qui autorise la coupe de sapins à partir du 21 décembre, c’est-à-dire la date la plus commune du solstice d’hiver dans notre partie de l’hémisphère nord.

Il est bien entendu que cette pratique remonte à une haute antiquité, antérieure au processus de christianisation qui a accompagné la mise en place du féodalisme en Europe. D’ailleurs, il n’est pas forcément question uniquement du sapin dans ces traditions issues de l’Antiquité, mais de toutes plantes persistantes en hiver, comme le houx ou le gui. En outre, ces plantes sont fortement liées au culte rendu à cette occasion au soleil et plus généralement à la Nature hivernale, à la vie et à son triomphe. D’où tout le déploiement de lumières,  de bougies, d’illuminations, particulièrement intenses en Alsace, où les rues, les commerces, les monuments publics, les appartements ou les maisons se parent de lumières à la tombée précoce du jour.

Toutes ses traditions, et on peut y ajouter pour finir celle du Christkindel, personnage angélique et féminin accompagné du « Père fouettard » (Rubelz ou Hans Trapp dans le Nord de l’Alsace), ne sont pas fondamentalement alsaciennes toutefois. Déjà en raison du fait que si elle paraissent relativement singulières dans le cadre de la nation française, elles sont en revanche totalement partagées avec l’ensemble des pays germaniques et alpins en particulier. Ensuite, par le fait qu’elles se sont forgées très anciennement, et si elles se structurent de manière significative au XVIe siècle, donc de toute façon à des époques où l’Alsace n’existe pas encore en tant que telle, c’est avant tout dans le cadre de la Réforme, et en particulier de la Réforme luthérienne.

Il s’agissait alors de développer par la dignité accordées aux traditions populaires, une culture de Noël en mesure de renverser les traditions catholiques comme le culte de saint Nicolas, très pratiqué dans les pays rhénan.

Toutes ses traditions ont donc une incontestable dimension populaire et démocratique, elles dépassent le cadre religieux, irriguant la culture et les pratiques de sociabilité quotidienne en cette période, inspirant le folklore lié à Noël pas seulement en Alsace, mais dans tout notre pays.

Plutôt que de chercher à labelliser un pseudo-Noël « à l’Alsacienne » dans une démarche mercantile ou identitaire et réactionnaire, il y a lieu d’affirmer la dignité de ces traditions qui expriment si bien la tendance à la rencontre, à l’échange, à la fusion et le besoin de se rapprocher de la Nature, de renouer un rapport harmonieux aux saisons et à la biosphère.

Recette de Bredele :

Matériel nécessaire : un rouleau à pâtisserie, des emporte-pièces pour Bredele, un pinceau.

  • 1 banane trop mûre (liant en remplacement de l’oeuf)
  • 1 càs de cannelle
  • un peu de girofle moulue
  • 3 càs de beurre de cacahuètes
  • 100g de sucre roux
  • 5 càs d’huile végétale
  • 100g de poudre d’amandes
  • 300g de farine

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Selon ce que vous décidez de faire de cette pâte, vous aurez également besoin de sucre glace et de petites décorations en sucre, et/ou de gelée de fruits rouges.

Commencez par bien écraser la banane, jusqu’à avoir une consistance liquide. Ajoutez ensuite la cannelle, la girofle, le beurre de cacahuètes et le sucre roux. Mélangez bien pour que ce soit homogène et ajoutez les autres ingrédients progressivement : poudre d’amandes, huile végétale et farine.

Une fois que vous avez une pâte homogène dont vous avez réussi à faire une boule sans que ça colle trop aux doigts, vous pouvez commencer à former les Bredele. Étalez la pâte au rouleau sur votre plan de travail préalablement fariné et sortez vos emporte-pièces spécial Bredele en forme de cœurs, étoiles, sapins, cloches… et aussi des ronds tous simples pour faire des Bredele à la confiture.

Déposez vos Bredele sur une plaque de cuisson que vous aurez recouvert d’une feuille de papier sulfurisé.

Cuisez-les au four à 180°C pour environ 10 minutes.

Pour le glaçage, mélangez du sucre glace avec un peu d’eau et utilisez un pinceau pour déposer ce mélange sur vos Bredele. Saupoudrez de petites décorations en sucre avant que le glaçage ne sèche.

Si vous décidez d’en faire des Bredele à la confiture, n’oubliez pas de faire chauffer la confiture (10 secondes au micro ondes) avant de la répartir sur vos bases rondes. Déposez ensuite un « chapeau » de la même taille, creux, et ajoutez encore de la confiture.