Malgré une médiatisation de très haute importance et un activisme débridé, les gilets jaunes disparaissent, leur base sociale ne relevant somme toute que des classes moyennes. Cet effondrement s’accompagne d’une théâtralisation des gilets jaunes soulignant une fois de plus qu’on est là en-dehors de la lutte des classes.
Les rassemblements des gilets jaunes pour un septième samedi consécutif reflètent le fiasco général de ce mouvement. Sur le plan du nombre, on doit tourner autour du tiers par rapport à la semaine dernière, où il y avait à peu près 40 000 personnes de mobilisées.
Malgré tout le tapage médiatique, l’utilisation massive des réseaux sociaux, les multiples blocages de routes et les initiatives les plus diverses, le mouvement des gilets jaunes s’étiole, s’efface littéralement. Rien de concret ne le porte, à part la rancoeur des classes moyennes.
Sur le plan des idées, la dimension politique révèle par conséquent désormais ouvertement ce qui était déjà clair pour qui avait des yeux et osait voir, pour qui avait des oreilles et osait entendre. Les drapeaux français ont été la norme, les dénonciations de « l’oligarchie » le principe, l’appel à un référendum « citoyen » un mythe mobilisateur digne de Georges Sorel.
On a là un mouvement élémentaire, dans l’esprit de la jacquerie fiscale, le rejet de toute réflexion politique. Rien de bon ne peut en sortir et les gens ayant une conscience sociale de Gauche ont raison de craindre que ce ne soit l’extrême-droite qui tire les marrons du feu. Le mode opératoire des gilets jaunes est trop en phase d’ailleurs avec le style de l’extrême-droite pour qu’il n’en soit pas ainsi.
Le portail de la banque de France a été incendié à Rouen, le drapeau européen enlevé devant Radio France à Paris, alors que cette ville a vu également des rassemblements devant BFM TV et France Télévisions, ce qui relève d’une lecture complotiste des médias, qui « manipulerait » l’opinion, qui relèveraient simplement de quelques banquiers décidant de tout, etc.
Non pas que les médias soient « neutres », mais justement, protester contre eux en demandant pourquoi ils ne le sont pas, c’est une naïveté apolitique convergeant avec le fantasme petit-bourgeois d’un État « neutre », au-delà des bourgeois et des ouvriers. Ce n’est pas pour rien justement que les gilets jaunes ont systématiquement évité les thèmes risquant de mettre en mouvement les bourgeois et les ouvriers.
Ils ont fait comme si les bourgeois et les ouvriers n’existaient pas… Pour justifier leur existence sociale et donner de l’importance à une révolte élémentaire sans queue ni tête. Et il est effarant de voir le contraste suivant : les blocages des gilets jaunes ont été marqués par la mort de dix personnes, que 1500 manifestants ont été blessés (une cinquantaine grièvement), sans pour autant que cela aille de paire avec une véritable affirmation politique.
C’est là totalement fou ! Il y a quelque chose d’ampleur, mais en dehors de toute politique. C’est très exactement ce qui correspond au Fascisme. Et quand on voit le philosophe Michel Onfray saluer un prêtre faisant une messe de Noël avec 250 gilets jaunes, on a compris ce qui se passe : c’est l’émergence d’une révolte des classes moyennes, avec la convergence des idéalismes, la fusion du national et du social, la spontanéité primitive érigée en lutte.
Le temps des fachos et d’une extrême-droite conservatrice-nationaliste est fini, voici désormais le Fascisme qui ressurgit historiquement, comme mouvement anticapitaliste romantique par en bas. C’est un tournant dans l’histoire de notre pays.