Des avions de chasse de l’Armée française ont frappé depuis dimanche à plusieurs reprises sur le sol tchadien. Ils visaient une colonne d’une cinquantaine de pick-up armés d’un groupe d’opposition au pouvoir en place, montrant l’ingérence de la France dans les affaires locales.
Conformément à la Constitution, le Premier ministre Édouard Philippe a informé hier les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat que des frappes aériennes ont été menées au Nord du Tchad les 3, 5 et 6 février, « contre des groupes armés venus de Libye ». Celles-ci sont pourtant menées en toute confidentialité, cachées à la population française, pour masquer le fait que le pays agit toujours de manière coloniale en Afrique.
L’état-major français a expliqué dans un communiqué que « l’action des Mirage 2000, engagés depuis la base de N’Djamena, appuyés par un drone Reaper, a permis au total de mettre hors de combat une vingtaine de pick-up ».
Il est précisé que « ces interventions, menées à la demande des autorités tchadiennes, ont été conduites de façon proportionnée, graduée et précise », ne précisant pas qu’elles ont fait, logiquement, de nombreux morts. Quiconque à Gauche n’a aucune illusion sur la prétendue souveraineté de cette « demande » tchadienne, tant on sait que les pays de l’Afrique sont largement sous la domination des grandes puissances mondiales. Les régimes sont constitués d’élites corrompues, formées souvent dans les grandes universités françaises, anglaises, américaines et aimant les grandes avenues parisiennes ou les quartiers chics de Londres ou Manhattan.
Que l’Armée française ait une base à N’Djamena est déjà en soit une offense à l’indépendance nationale Tchadienne, une survivance du colonialisme. C’est pour cela que les partis d’opposition tchadiens sont obligé de critiquer cette intervention militaire en déclarant à l’AFP qu’elle est « inappropriée » et qu’elle « viole le droit international ».
Il s’agit effectivement ici de l’ingérence de la France dans les affaires tchadiennes. Les véhicules et troupes frappées étaient de l’Union des forces de la résistance (UFR), un groupe armé ayant tenté de prendre le pouvoir en 2008, mais qui fut stoppé par l’intervention française. Le porte-parole en exil de l’UFR avait déclaré plus tôt dans la semaine que leur colonne avançait vers la frontière du Soudan, dans l’Ennedi, mais l’état-major français a considéré que « le raid de cette colonne armée dans la profondeur du territoire tchadien était de nature à déstabiliser ce pays ».
Ce groupe dont l’ambition affichée est de former « un gouvernement de transition réunissant toutes les forces vives du pays » et « d’organiser des élections », considère évidemment que « le peuple tchadien répondra, [que] cela peut passer par manifester une hostilité à l’encontre des Français » et que « Paris est devenue une force hostile au peuple tchadien ».
On a là, on l’aura compris, un pays profondément déchiré, déstabilisé, avec un chef de l’État Idriss Déby quasiment mis en place directement par la France en 1990, qui est opposé à son propre neveu, Timane Erdimi, membre de la même ethnie des Zaghawa, originaire du nord-est du pays.
Les grandes puissances comme la France ont directement intérêt à diviser les pays d’Afrique, les maintenir dans la guerre, l’émigration et le sous-développement. La Gauche en France ne peut pas accepter cela et elle se renie elle-même en fermant les yeux sur ces interventions, ces ingérences relevant d’une forme moderne de colonialisme.