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Acte XIV des gilets jaunes : la routine malsaine est installée

Les restes des gilets jaunes ont désormais atteint leur maturité. Alors qu’il y a une semaine avait lieu leur pathétique tentative d’un 6 février 1934, quatre-vingt cinq ans après, ils sont désormais installés dans la routine : celle du populisme haineux, de l’aigreur coriace et de la rancœur néfaste.

Le grand symbole du quatorzième samedi des gilets jaunes, c’est bien entendu la série d’invectives plébéiennes contre le philosophe Alain Finkielkraut, avec des propos évocateurs des arrières-pensées : « sale sioniste », « la France elle est à nous », etc.

Il faut voir les images, où on a des gens qui se forcent à jouer la haine, qui en-dehors de tout raisonnement se précipitent dans la mise en scène de l’aigreur, de la rancœur. Voilà le visage du fascisme, voilà ce qui est le contraire du socialisme. L’agressivité barbare contre un vieil homme, contre un penseur… ne peut être porté que par la lie de l’humanité.

On a maintenant un même et unique schéma, improductif, totalement limité sur le plan politique. Des déambulations plus ou moins inorganisées en début d’après midi dégénèrent et se transforment en relative pagaille en fin d’après-midi, avec des gens très hostiles.

Les chiffres du ministère donnent toujours moins de participants, avec cette fois-ci un peu plus de 40 000 personnes dans toute la France, autour de 5 000 à Paris et à Bordeaux, à peu prêt autant à Lyon et Toulouse, 1 600 à Nantes, 110 seulement à Strasbourg, etc.

Quiconque observe ces scènes avec un petit peu d’attention voit bien que la police est cependant très sereine, qu’elle ne fait pas spécialement grand-chose pour empêcher ces gens. Tout au plus sont-ils contenus dans tel ou tel quartier, à l’aide de fumigènes, de tirs de balles en caoutchouc et de grenades de désencerclement.

Contrairement à ce que prétendent les gilets jaunes de manière hystérique, la police ne fait presque pas usage de la force. Au contraire, elle contient très bien ces foules informes, de manière minutieuse, sans quasiment aucun contact, puisque c’est la doctrine du maintien de l’ordre en France que d’éviter l’affrontement. Dans d’autres pays, ou il y a quelques dizaines d’années en France, on aurait dans de telles situations des images permanentes de gens en sang, de policiers usant énergiquement de leur matraque, avec certainement plusieurs morts déjà.

Tel n’est pas du tout le cas ici. Et s’il y a un peu de casse, des tags, quelques vitrines brisées, et des simulacres d’affrontement avec la police, avec une volonté de violence certaine de la part des manifestants les plus offensifs, cela ne représente en fait pas grand-chose. Ce spectacle de « révolution » suffit néanmoins, pour l’instant, à combler l’esprit vide et bien triste de gens s’imaginant perturber le système, alors qu’ils ne perturbent rien d’autre que le quotidien des gens présent dans ces centre-villes. Et encore, parce qu’en fait les Français vaquent à leurs occupations, occupent les terrasses des cafés en plein soleil, font les magasins, se baladent dans les parcs, mais s’écartent quand le ou les quelques milliers de gilets jaunes locaux arrivent dans le secteur.

On a là une routine terrible qui s’est installée en France, nauséabonde, extrêmement malsaine. Il ne faudrait pas croire que le problème concernerait seulement les gilets jaunes, qui pourrait facilement être contenus, ou même réorientés dans certains cas, si la société le voulait. Ce qui est le plus inquiétant, c’est cette passivité, cette lassitude du reste de la population mais qui ne s’exprime pas : elle se contente de ne pas apprécier, tout en acceptant la routine des samedis après-midi.

Il est évident que le pouvoir en place s’en satisfait, qu’Emmanuel Macron entend bien profiter pleinement de l’espace politique que cela lui offre. Sauf que cela est un jeu très dangereux.

On a en France avec les gilets jaunes quelques dizaines de milliers de gens au style fasciste, presque toujours très politisés, penchant tantôt à l’extrême-droite, tantôt à l‘ultra-gauche, qui s’acharnent encore et toujours dans le nihilisme, les raccourcis idéologiques, la faiblesse politique et la plus grande fainéantise sur le plan culturel.

Ces gens s’enfoncent dans une attitude et des pratiques qui ne mènent à rien, ce qui ne peut que contribuer à les maintenir toujours plus dans l’irrationnel, dans l’hystérie et le chaos.

La Gauche a ici une grande responsabilité. Dans leur grande majorité, les dirigeants de la Gauche française sont tellement coupés des classes populaires françaises qu‘ils n’osent pas critiquer les gilets jaunes, de peur de critiquer le cœur prolétarien de la France. C’est là une terrible erreur, une grossière erreur, qui aura malheureusement des conséquences désastreuses avec ces répétitions de samedis malsains.