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Ce que l’affaire Boeing nous dit des entreprises capitalistes

On connaît la légende : seules des entreprises tournées vers le profit pourraient être efficaces, tout le reste terminant dans la bureaucratie et l’absence d’innovation. L’affaire Boeing rappelle à quel point c’est faux : les entreprises capitalistes sont bureaucratiques, leurs cadres toujours moins bons voire franchement mauvais, le travail réalisé de plus en plus bâclé, etc.

L’idée de l’efficacité des entreprises est souvent simple et par-là totalement fausse. S’il y a concurrence, alors il y a l’obligation de faire mieux que les concurrents. Ainsi, le socialisme ne pourrait qu’échouer car une entreprise socialiste ne connaît pas de concurrents : elle est obligée de devenir bureaucratique. Cela ne tient pas debout du tout et ce pour deux raisons essentielles.

La première, est que la concurrence aboutit forcément au monopole. La « bureaucratisation » apparaît donc ici comme inévitable également. La seconde, est que les entreprises s’appuient sur des travailleurs avec une certaine culture, dans le cadre d’une certaine organisation du travail. C’est cela qui est vraiment décisif.

L’affaire Boeing est un bon exemple, car c’est une entreprise d’envergure mondiale, qui n’a comme réel concurrent qu’Airbus. C’est une entreprise avec une très longue tradition, produisant des avions ce qui implique un très haut niveau technologique. On est là dans le « top du top » du capitalisme. Et pourtant toute la dernière série de ses avions est clouée au sol, parce qu’il y a vraisemblablement un souci avec le programme de la gestion de l’élévation du nez de l’avion juste après le décollage. Les deux récents crashs en seraient la conséquence directe.

Cela ne doit rien au hasard. Rien que le doute à ce sujet montre une chose simple à comprendre : les entreprises capitalistes sont débordées. Il y a à la fois les défauts du monopole et ceux de la concurrence. D’un côté il y a en effet le fait de s’asseoir sur une certaine situation, avec un confort tranquille ruinant les exigences. Appuyés ouvertement par l’État américain, Boeing est dans une situation relative de monopole et sait que ses avions seront vendus de toute façon.

Pour en vendre davantage, il faut cependant en même temps aller toujours plus loin et là on s’aperçoit que tout craque. En ajoutant toujours plus de technologies, avec un personnel toujours plus pressurisé, avec une société toujours plus décadente, les déséquilibres sont toujours plus grands. La conséquence est alors inévitable : les entreprises capitalistes trichent. Elles trichent sur les chiffres, elles trichent sur la qualité du matériel, elles trichent sur les vérifications, elles trichent sur tout.

Il n’y a même pas besoin de mentionner les récents multiples scandales, comme ces entreprises mentant sur la pollution de leurs voitures, ou encore l’affaire du glyphosate. Il faut d’ailleurs ici souligner l’importance de l’expérimentation sur les animaux, honte morale et escroquerie intellectuelle dont la seule fonction est de légitimer toutes ces tricheries. Les fabricants de cigarettes ont pendant des décennies fait fumer des chiens pour justifier que leurs produits ne donneraient pas de cancer.

Non, il suffit de regarder dans la vie quotidienne pour s’apercevoir qu’il y a un décalage énorme entre les prétentions des entreprises capitalistes et la réalité de leurs produits. C’est d’ailleurs là-dessus que joue Apple : leurs produits sont, eux, à la hauteur. En payant cher, on sort de la consommation des gens « normaux », qui eux restent dépendants du décalage entre la réalité du produit et sa mise en valeur commerciale.

La vérité est que les entreprises capitalistes s’appuient sur un mode d’organisation anti-démocratique, avec un personnel sous pression ou bien bureaucratisé, avec donc un niveau pratique inadéquat. La fumisterie et la mise en valeur personnelle, les rapports hiérarchiques abstraits, la compétition à l’intérieur de l’entreprise… poussent au mensonge, empêchent de voir les choses telles qu’elles sont.

La pourriture de la société s’insère aussi dans l’entreprise, avec des attitudes ignobles sur le plan humain. Le récent scandale frappant le média Vice – guère étonnant de par l’idéologie sordide du racolage qui en est la base – montre bien d’ailleurs que moins l’entreprise a de culture interne, plus elle reflète la société de manière directe. Et quand il y a une culture interne, elle est réactionnaire, bien souvent périmée, avec comme but la reproduction de leurs propres élites.

Que Boeing se retrouve avec des soucis avec ses avions, ce fleuron de la technologie, en dit long sur ce qu’il se passe en général. Et cela ne peut être que de pire en pire. Quiconque croit en la stabilité de l’entreprise capitaliste, en sa « justification » économique, n’a pas un regard adéquat. L’entreprise capitaliste se comporte toujours plus comme un regroupement de pirates prêt à forcer le passage pour écouler sa production, rien de plus !

2 réponses sur « Ce que l’affaire Boeing nous dit des entreprises capitalistes »

[…] Les défaillances sur ces soudures avaient été rendus publique l’année dernière, ce qui révélait un problème de conception très grave et très inquiétant. Elles s’ajoutent à de nombreuses anomalies en tous genres, détectées ou suspectées, qui montrent la folie de ce projet, qui devrait être abandonné immédiatement. Elle montre encore une fois l’instabilité des entreprises capitalistes, y compris dans les domaines censés être à la pointe, comme chez Boeing. […]

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