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Acte XXIII des gilets jaunes, rien ne change

Numériquement toujours plus faibles, les gilets jaunes occupent toujours le terrain le samedi, avec les mêmes recettes. La France sympathise mais a depuis longtemps tourné le dos à un mouvement qui ne profite que de l’appui d’amateurs de théâtre social.

La France a connu un grand soleil pour le 23e samedi des gilets jaunes, et il n’y a donc aucune excuse possible pour que, fin avril, il n’y ait pas une réelle mobilisation de masse, si jamais les gilets jaunes devaient y parvenir. De fait, rien n’a changé et le mouvement se tasse numériquement, avec environ 30 000 personnes, dont un peu moins du tiers à Paris. Les autres rassemblements notables ont eu lieu à Toulouse, Montpellier, Toulouse, Lille, Rouen ou encore Lyon.

L’épisode le plus marquant fut indéniablement le moment où, interviewé par BFM TV, Jérôme Rodrigues, une figure des gilets jaunes (qui a perdu un œil à la suite des grenades LBD lancées par la police), a exprimé des propos typiques de l’approche nihiliste – paranoïaque des gilets jaunes :

« Lui [c’est-à-dire Emmanuel Macron] ne fait pas attention à nous, d’accord. Maintenant, stratégiquement, il devait l’annoncer [le plan de mesures] en début de semaine. Il l’a pas fait à cause d’un malheureux incendie dans une cathédrale, je trouve ça regrettable. Le monde a l’air de s’arrêter de tourner quand il y a un incendie en France. Euh je pense que c’était surtout une stratégie gouvernementale pour aller balancer un petit peu d’infos soit disant par des fuites et retravailler son discours derrière pour toujours mieux nous vendre son programme électoral. »

Entendant cela, le député LREM Jacques Marilossian qualifie ces propos de débiles, de propos de comptoirs, et finalement Jérôme Rodrigues de « débile profond ». Le choix des termes est impropre, mais il y a effectivement de quoi halluciner devant des considérations aussi lamentables. Les gilets jaunes sont un exemple de mauvais goût et de raccourcis, d’inculture et de simplisme.

Naturellement, pour beaucoup, c’est ainsi qu’est le peuple, que ce soit à Droite ou à l’ultra-gauche, mais en réalité le peuple se tient bien sûr tout à fait l’écart de ce grand fourre-tout plébéien. Tellement de bruit pour une mobilisation qui est si faible, que la France aime les psychodrames !

Comme c’est d’ailleurs de rigueur, la capitale a connu quelques magasins aux vitrines dégradées ou pillées (comme le Go Sport de la place de la République), du mobilier urbain détruit, quelques véhicules incendiés, une pluie de lacrymogènes, 227 interpellations et 20 518 contrôles préventifs, etc., dans une ambiance « supporter », bref rien de nouveau sous le soleil. Alors que, tout de même, l’idée était de « tous converger à Madeleine à 12 heures avant de partir à l’assaut de L’Élysée et des Champs ».

Pour la dimension grotesque, on aura eu le slogan « Suicidez-vous » lancé aux forces de l’ordre place de la République par quelques groupes, et pour la dimension ridicule, celui très partagé de « Révolution » lors du parcours entre Bastille et République.

Pour la dimension pathétique, il y aura également eu le mot d’ordre lancé par la préfecture de police : « désolidarisez vous des groupes violents ».

Mais quel pays !