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La drogue et l’alcool, ce conformisme de la jeunesse

Aujourd’hui en France, on se procure de la drogue comme on veut. Dans n’importe quelle soirée électro branchée, les gens, parfois des filles très jeunes, n’hésitent pas à demander des ecstasys à n’importe-qui. En teuf, c’est-à-dire en rave-party à la campagne, lors des plus gros événements on a même des rangées de dealers qui se postent à l’entrée du site pour proposer leur marchandise, en toute tranquillité.

C’est la même chose pour le cannabis et la cocaïne, qui circulent pour ainsi dire librement, notamment depuis les cités HLM où l’on peut s’approvisionner comme au supermarché. La nouvelle tendance étant la livraison à domicile via les réseaux sociaux, uberisation de la société oblige.

Tout cela n’est pas nouveau certes, mais c’est de pire en pire. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a publié ces jours-ci son rapport 2019, cinq ans après l’éditions précédente en 2013. C’est officiellement ce qu’il y a de plus fiable comme données concernant la drogue et les addictions en général dans le pays. On y apprend que l’offre de stupéfiants explose, et qu’elle se diversifie.

Les mots de l’Observatoire dans son rapport sont très simples et très clairs (c’est nous qui soulignons) :

« Le marché des drogues illicites en France est en expansion, reflétant la forte progression des usages dans l’année et de leur intensité constatée depuis près de vingt-cinq ans dans les enquêtes en population générale, notamment pour le cannabis, la cocaïne et la MDMA/ecstasy. L’offre est portée par une diversité d’acteurs, des réseaux d’usagers-revendeurs aux organisations criminelles, dont l’enracinement sur l’ensemble du territoire est réel ».

Le principal indicateur quantitatif de l’étude est la saisie des drogues. Il est expliqué que les quantités saisies ont explosé. L’année 2017 a connu un record pour les quantités saisies d’herbe de cannabis (20,2 tonnes, contre 4,8 tonnes en 2013) et de cocaïne (17,5 tonnes contre 5,6 tonnes en 2013). Les quantités saisies de résine de cannabis ont été de 67 tonnes en 2017, alors qu’elles avaient fortement baissé après un pic en 2013 (70,9 tonnes).

Les drogues sont d’après l’Observatoire de plus en plus présentes dans la jeunesse, avec une augmentation chez les mineurs de l’expérimentation des drogues stimulantes, l’ecstasy (MDMA) et la cocaïne. En ce qui concerne les adultes, la consommation de cocaïne atteindrait en ce moment « un pic », avec 1,6 % des personnes en ayant consommé dans l’année.

Le phénomène récent le plus marquant est le développent dans les années 2010 des nouveaux produits de synthèse (NPS) qui imitent les effets des drogues illicites traditionnelles, mais avec des compositions chimiques légèrement modifiées pour contourner la législation. L’usage détourné de médicaments légaux à base d’opioïdes se développe également, avec des habitudes importées depuis les États-Unis via des clips de rap.

Cela correspond à un panorama général, dans lequel selon la note de synthèse du rapport :

« l’éventail des drogues consommées aujourd’hui – en Europe comme en France – est de plus en plus diversifié et les pratiques des usagers restent marquées par la polyconsommation. »

Cette diversification concerne également les réseaux d’approvisionnement, qui profitent de plus en plus d’internet où rien n’est contrôlé et où il est relativement facile de se procurer de la drogue, classique ou NPS.

Parallèlement, les drogues elles-mêmes sont de plus en plus efficientes, avec une optimisation de leurs principes actifs par des producteurs de plus en plus professionnels.

Il est expliqué que la teneur en THC a presque quadruplé durant les quinze dernières années en ce qui concerne la résine de cannabis et que la pureté de la cocaïne et de la teneur en MDMA des comprimés d’ecstasy ont augmenté de manière importante.

Un phénomène marquant est que les jeunes veulent de plus en plus d’herbe à la place de la résine de cannabis, qui reste cependant majoritaire. Cela illustre probablement la banalisation culturelle du cannabis, qui bénéficie d’une image « naturelle », voir de celle d’un produit sain. Il y a une approbation de plus en plus forte pour l’usage « thérapeutique » du cannabis, déjà autorisé par de nombreux États, parallèlement à d’intenses campagnes en faveur de la dépénalisation du cannabis en général.

À côté de cela, la consommation d’alcool est toujours aussi répandue, dans les mœurs, banale. 87 % des adultes entre 18 ans et 75 ans boivent au moins une fois dans l’année et 78 % des jeunes de 17 ans.

En ce qui concerne plus précisément la jeunesse, l’étude montre que neuf jeunes sur dix ont déjà bu de l’alcool à 17 ans, six sur dix ont déjà fumé une cigarette et quatre sur dix ont déjà fumé du cannabis. Seul 12 % des jeunes de 17 ans n’ont jamais consommé aucune des substances. Au contraire, 8 % des jeunes de 17 ans déclarent selon l’étude avoir consommé de l’alcool au moins dix fois durant le mois précédent et 7 % pour le cannabis.

La drogue est clairement une norme dans la jeunesse. C’est un conformisme, mais qui est vécu comme un anticonformisme parce qu’elle est illégale. L’alcool est quand à lui une valeur dominante, totalement assumée et souvent même revendiquée.

La jeunesse qui se drogue et se noie dans l’alcool se conforme au système, qui s’accommode en retour tout à fait de son enivrement, comme une sorte d’assurance contre les grands bouleversements sociaux et culturels.

Il faut dire que la jeunesse en France n’a jamais été aidée en cela par la Gauche, traditionnellement liée à la jeunesse mais qui n’a jamais véritablement critiqué ces paradis artificiels.Cela devrait pourtant faire partie des programmes et des valeurs les plus fondamentales.

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit ici d’une question de répression, car cela est secondaire. L’État connaît très bien les flux de trafics et les réseaux, au moins dans leur forme générale. Il ne faudrait pas grand-chose à un gouvernement de Gauche pour les écraser, ou en tous cas les isoler et les harceler. Seulement, cela n’est possible qu’avec une volonté de s’opposer au libéralisme, portée par des valeurs nouvelles et une volonté de véritablement changer la vie.

La jeunesse, quant à elle, ne devrait pas céder au conformisme, cette forme de vieillesse. Que vienne le moment où elle cassera massivement cette image de l’alcool et de la drogue comme étant cools, branchés, alternatifs ! La vie sur Terre a bien mieux à offrir que ces paradis artificiels, ces petites morts de sa propre existence.

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