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Victoire du PSOE en Espagne

Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol a connu une victoire importante lors des élections législatives ce dimanche 28 avril 2019, dans un climat extrêmement tendu alors que les forces franquistes se réaffirment parallèlement aux velléités indépendantistes catalanes.

Les élections espagnoles ont largement attiré l’attention internationale. En effet, la bourgeoisie catalane avait tenté de mettre en place son indépendance, ce qui a été repoussé par l’État central, qui en même temps ne parvenait pas à faire cesser l’instabilité gouvernementale. La balance allait-elle pencher franchement à droite ou bien la Gauche saurait stabiliser la situation ? Le franquisme allait-il se réactiver, lui qui restait tapi dans l’État profond, l’armée, la haute-bourgeoisie ?

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En ce sens, c’est une grande victoire du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, avec près de 29% des voix, accompagnées d’un un taux de participation massif (75,78 %). Cela fait 123 députés, contre 85 en 2016, et même s’il en faut 176 sur 350 pour une majorité absolue, la progression est notable et facile à interpréter.

C’est clairement une réponse populaire notamment à l’affirmation du parti d’extrême-droite VOX ces derniers temps, qui reçoit 10 % des voix alors que son orientation est néo-franquiste. Son dirigeant Santiago Abascal ne cesse de faire un travail de fond pour réactiver les fondamentaux franquistes, notamment national-catholiques (« Ce que nous défendons n’est pas moderne, ce sont les valeurs éternelles »).

Le PSOE assume de rejeter cela de manière frontale et c’est un marqueur important. Le slogan des partisans antifascistes ¡No pasarán! ( « Ils ne passeront pas ! » ) est scandé, dans un esprit de Front populaire. Tout comme la social-démocratie autrichienne qui mène un véritable travail de sape de l’alliance Droite / extrême-Droite, la social-démocratie espagnole parvient à se maintenir et à empêcher un basculement. On peut regretter son réformisme et son acceptation de la monarchie, son abandon de l’affirmation de la République, et même on doit le faire. Cependant, cela reste un frein significatif pour un basculement à droite.

Il faut comprendre pareillement le passage des libéraux de 32 à 57 députés, alors que le Parti Populaire, avec la Droite héritière du franquisme passe de 137 députés en 2016  à 66. L’Espagne résiste à une vague qui aurait pu être très brutale. La société aurait pu être fondamentalement décontenancée par tout le chaos provoqué par la possible sortie de la Catalogne. Il y aurait pu y avoir un retour général à une célébration de l’Espagne éternelle, catholique, royale, centralisée, etc. Cela n’est pas le cas, du moins seulement dans les marges de la société.

        « Nous sommes la Gauche »

Cela ne veut pas dire qu’il ne reste pas une quantité astronomique de questions et on voit mal comment la Gauche ne pourrait pas reprendre le drapeau de la République populaire et fédérale comme dans la seconde moitié des années 1930. C’est la seule sortie positive possible à une crise de l’État espagnol qui, à force de s’aggraver, ne pourra qu’aboutir à un renforcement massif des forces réactionnaires.

On notera également que si bizarrement Jean-Luc Mélenchon salue Podemos qui aurait fait une « magnifique remontada en Espagne », ce parti populiste passe en fait de 71 à 42 députés. Il a collé justement au PSOE et a perdu son aura revendicative. N’ayant pas de contenu lié à l’histoire espagnole, il s’efface. La social-démocratie, elle, avec ses solides traditions, l’emporte. Et de fait, seules les traditions de la Gauche de la période de la République espagnole peuvent tenir le choc.

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