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La Gauche et les européennes de 2019 : les déclarations critiques

La Gauche a réagi très différemment aux résultats des élections européennes de 2019. On peut distinguer deux tendances : il y a ceux pour qui la situation est catastrophique et pour qui un travail de fond est à mener d’urgence. Il y a ceux pour qui au contraire la situation est porteuse d’une situation de rupture. Voici la position des premiers.

Le PCF s’est exprimé par l’intermédiaire de Ian Brossat et de Fabien Roussel. Une partie de la déclaration s’adresse aux membres du PCF, appelant à ce qu’ils ne se démobilisent pas. Une autre partie s’adresse à la Gauche en général et tient somme toute le même discours qu’on peut lire sur Agauche.org : l’extrême-droite en tête c’est une catastrophe, la Gauche est à reconstruire entièrement.

Première leçon. L’extrême-droite arrive en tête de ce scrutin. Rappelons-nous, il y a encore 10 ans, la liste du Front National ne dépassait pas les 6% (…).

Deuxième leçon. La gauche a également sa part de responsabilités. Je prends ma part de responsabilité, il ne s’agit pas de se dédouaner. Ce soir, la gauche est affaiblie, tout est à reconstruire.

J’ai l’intime conviction que l’avenir passe par l’humilité, le travail collectif, le respect mutuel, le refus de la tentation hégémonique. Ecoutons-nous, respectons-nous, travaillons ensemble.

Cette gauche, cette gauche que nous devons reconstruire, que nous allons reconstruire, doit placer au coeur de son projet la justice sociale et l’urgence écologique.

Et soyons clairs: cette reconquête des coeurs et des esprits ne sera possible que dans la rupture avec le libéralisme.

Génération-s a le même positionnement : l’extrême-droite est en première place, la Gauche à reconstruire, cela va être un travail de longue haleine.

Nous n’avons jamais ignoré que notre combat prendrait du temps, exigerait de la constance dans les idées et beaucoup de travail sur le terrain. Nous poursuivrons cet engagement, au service de notre projet d’une société du partage, de la reconstruction et de l’unité de la gauche et des écologistes que le résultat de ce scrutin appelle intensément.

Le NPA tient un discours similaire. L’extrême-droite a un succès qui sonne comme un avertissement, il faut se retrousser les manches.

Plus que jamais, l’heure est à la construction des résistances, à travailler à leur convergence. Les votes ne nous protègent pas des injustices sociales, de la casse des services publics, du racisme et de la xénophobie, du réchauffement climatique, nous en avons encore la preuve ce soir.

Sur les lieux de travail et d’étude, sur les ronds-points, nous devons nous organiser, débattre de comment, ensemble, notre camp social peut reprendre la main et remporter des victoires sur nos revendications. Les résultats de ce soir, s’ils sonnent comme un avertissement, ne font pas disparaître les luttes de ces derniers mois qui doivent continuer.

Ces derniers mots sont une allusion aux gilets jaunes, considérés comme grosso modo quelque chose plus positif qu’autre chose. Ce n’est pas le cas du PCF (mlm), qui voit en eux l’expression d’un apolitisme généralisé, voyant en l’extrême-droite l’affirmation justement du rejet total de la politique.

Pour la grande masse des gens, la vie consiste uniquement à sa propre vie, entre famille et emploi, consommation de divertissement et vacances, avec l’écran de télévision, d’ordinateur ou de smartphone comme nœud central permettant de disposer d’une liaison censée être objective avec la réalité (…).

La passivité politique est la règle, et cela jusqu’à l’apolitisme. L’abstentionnisme n’est même plus un mépris, c’est simplement un dédain, et ceux qui se mobilisent consistent surtout en ceux qui justement affirment l’amertume de ne pouvoir satisfaire leur parfaite intégration dans la consommation et le style de vie capitaliste. Les gilets jaunes sont représentatifs de cette partie de la petite-bourgeoisie qui compte bien perpétuer son existence sociale (…).

Les élections européennes de 2019 sont un autre exemple de victoire du dédain et du populisme, avec la grande abstention, le succès de l’extrême-droite, l’apathie générale à ce sujet (…).

Le capitalisme est ébranlé et en même temps se renforce comme jamais en profitant de ses gigantesques vagues successives d’accumulation de capital et de marchandises. Ce n’est pas un paradoxe, c’est une contradiction et cela est propre au développement non harmonieux du capitalisme lui-même.

Cela en est au point où la notion même de société se voit étouffée. Apolitisme et populisme sont, dans les faits, indissociablement liés. Ils sont le produit du 24 heures sur 24 de la vie sous le capitalisme, tout comme de l’effondrement du niveau culturel de la bourgeoisie, qui elle-même se confond toujours plus avec les possibilités de valoriser le capital.

La position du Parti Révolutionnaire Communistes n’est pas très claire. Il s’est présenté aux élections, sans aucun résultat patent. Cependant, il voit cela comme une avancée dans un contexte interprété comme mauvais.

Le Parti Révolutionnaire Communistes remercie les électrices et électeurs qui ont voté pour la seule liste ouvrant une perspective claire : abolir le capital, l’empêcher de nuire, lui enlever tout pouvoir économique et politique pour confier au peuple la gestion de la société pour le progrès social et humain.

Malgré tous les obstacles rencontrés, liés en premier lieu au financement de la campagne électorale, l’impossibilité d’imprimer les bulletins de vote et les circulaires, les directives de quelques préfectures demandant à retirer les bulletins remis aux maires des communes, malgré l’obstruction des médias, des bulletins du Parti Révolutionnaire Communistes ont été utilisés dans plus de 60 départements confirmant ainsi notre ancrage national (…).

La « gauche » et ses nombreuses ramifications sont en échec total, la recomposition politique se poursuit visant à centrer le combat pour le pouvoir politique entre l’équipe dirigeante et l’extrême droite, phénomène déjà observé dans d’autres pays d’Europe.

Cette recomposition politique vise à marginaliser les partis traditionnels, on voit à quel point l’action des « gilets jaunes » a été utilisée pour servir les objectifs politiques des serviteurs du capital (…).

Il n’y a que les luttes pour freiner et stopper le capital, c’est le seul outil dont disposent les travailleurs pour y parvenir. L’amplification, la convergence des luttes qui n’ont pas cessé doit devenir l’objectif urgent et essentiel de la classe ouvrière pour satisfaire les revendications, augmenter les salaires, les pensions et allocations sociales… (…) Il n’y a pas de temps à perdre.

Enfin, le ton est relativement similaire à la France Insoumise (qui n’est habituellement pas considéré comme de gauche par Agauche.org). Citons ici la déclaration de Jean-Luc Mélenchon :

« Ce n’est pas une soirée heureuse que celle-ci. Pour la seconde fois en France, l’extrême-droite gagne l’élection européenne. Ainsi se confirme que la France prend une pente que nous continuerons à combattre par tous les moyens dont nous disposons.

Monsieur Macron semble avoir perdu le match qu’il avait voulu installer de façon si irresponsable. De fait, la victoire de l’extrême-droite, l’effondrement du pouvoir dans le match qu’il avait engagé et le niveau de l’abstention qui reste considérablement élevée montrent que notre pays s’enfonce dans une crise profonde.

Nul n’en aperçoit à cette heure d’issue positive. Cela restera notre responsabilité de tâcher de l’ouvrir. De continuer à tracer le chemin que nous avions d’abord inauguré si vaillamment.

Dans ce contexte, notre résultat est très décevant. Il n’est pas à la hauteur de nos espérances, cela va de soi, et encore moins de nos efforts. Mais je veux saleur Manon Aubry et ses colistières et colistiers qui ont, dans cette bataille, jeté toute leur force de conviction et d’espérance (…).

La pente qui est prise est mauvaise. Il est possible de l’inverser. Mais cela reste impossible si chacun, en conscience, ne prend pas pour lui même ses responsabilités.

C’est l’heure des combats et des caractères. La France en a toujours disposé en abondance. Je forme le vœux qu’elle sache se manifester et se rassembler pour parvenir aux objectifs qu’elle doit se donner : libérer une bonne fois le pays, le système de notre pays, de la pesanteur économique anti-écologique qui pèsent sur lui et des ombres que projette sur son destin l’extrême-droite.

Vive la République, vive la France.»