Il y a une partie de la Gauche qui considère que la situation est finalement bonne, que les gilets jaunes notamment ont exprimé une forme de révolte qui correspondrait au climat général. Partant de là, il n’y aurait qu’à pousser pour que cela marche. Les élections européennes sont vues comme un échec pour tout le monde, sauf pour eux.
On notera qu’au-delà des déclarations suivantes, la majorité de ce qu’on appelle l’ultra-gauche n’a même pas fait de communiqué à la suite des élections. Il y a eu des appels au boycott avant celle-ci, mais rien à la suite de celle-ci. Ce n’est pas considéré comme une actualité. On notera au passage que dans un autre genre, le Parti socialiste n’a lui non plus pas fait de déclaration !
De tous les communiqués qu’on peut qualifier de relativement triomphalistes à la suite des élections européennes de 2019, le plus marquant est indubitablement celui de Lutte Ouvrière. Il est d’une brutalité extrême, qui tranche étrangement totalement avec la posture précédente, caractérisée par une regard très critique quant aux gilets jaunes et à la capacité de lutte des ouvriers.
Puisant dans ses racines historiquement « gauchistes », Lutte Ouvrière se réjouit ouvertement de l’effondrement de la Gauche, qui pour elle permet l’ouverture d’un espace:
Au moment où la démocratie bourgeoise est minée par la faillite du capitalisme, par la crise économique, par la menace de guerres et de catastrophes écologiques, d’aucuns ont pour ambition de reconstruire la gauche.
La gauche, tant qu’elle avait un certain crédit parmi les travailleurs, a été un moyen d’enchainer le mouvement ouvrier au système institutionnel de la bourgeoisie. Cet instrument s’est brisé en remplissant cette tâche, et tous ceux qui veulent le réparer trompent les travailleurs alors que la société est poussée vers le précipice (…).
Les résultats de Lutte Ouvrière, pour modestes qu’ils soient, confirment la présence d’un courant politique qui maintient la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier, l’internationalisme face à la montée des nationalismes, le drapeau rouge face au drapeau tricolore de la bourgeoisie
Du côté du PRCF, la principale structure issue de la « gauche du PCF » des années 1990, le ton est assez triomphaliste également. Il est considéré que tout le monde échoue, que l’abstention témoignerait d’un rejet et qu’il y a ainsi la place pour l’alternative : le « FREXIT progressiste ».
La vie du pays ne dépend pas (seulement) des élections mais dans le contexte actuel dans les luttes populaires convergentes dont les GJ jaunes ont donné l’exemple avec le soutien de 75 % de la population, permettant au peuple de se constituer en sujet historique collectif et pas en individus isolées dans… l’isoloir… L’euro-politique antisociale et antidémocratique va se poursuivre, les résistances aussi, à nous de construire un front de luttes en le portant par la perspective du frexit progressistes…
Plus que jamais, une seule solution s’impose : FREXIT PROGRESSISTE !
Fier d’avoir porté la voix majoritaire des travailleurs de France, celle de l’abstention citoyenne, honteusement censurée par tous les médias et d’avoir mené campagne grâce à la mobilisation entière et enthousiaste de toutes et tous ses militants, le PRCF continuera de porter les idées et les propositions communistes dans un esprit d’ouverture, mais aussi de fermeté idéologique, face aux terrifiantes euro-illusions portées par les ennemis de classe. Plus que jamais, une seule solution s’impose : FREXIT PROGRESSISTE !
Le PRCF a également souligné l’importance qu’il y a selon lui du fait qu’Emmanuel Macron a mis en place un « duel » entre lui et Marine Le Pen, qu’il s’agirait d’un piège. C’est là-dessus que s’exprime surtout le PCOF, qui dit que l’extrême-droite est très loin d’avoir l’hégémonie dans les masses populaires.
La Gauche républicaine et socialiste s’est contenté d’un simple tweet :
La
@Gauche_RS prend acte de la sanction infligée à la gauche. Nous félicitons notre animateur national@emmanuelmaurel pour sa réélection, aux côtés de@ManonAubryFr. Parlementaire de combat et de gauche, son action aura pour horizon la rupture avec le néolibéralisme de l’UE !
Le Courant communiste révolutionnaire du NPA voit en les élections un simple aléa dans un vaste parcours historique de lutte.
Ce n’est donc qu’en apparence que cette dernière semaine et la séquence post-élections auront permis d’effacer les Gilets jaunes du paysage médiatique et politique. Les 7 mois de contestation historique qu’a connu le pays ne risquent pas de disparaître comme ça, et pourraient au contraire annoncer de nouveaux épisodes de luttes de classe qui n’en ont pas fini de mettre des bâtons dans les roues des projets du gouvernement et du patronat.