Qu’est-ce-que la vie ? C’est un enchevêtrement d’éléments matériels différents qui s’agrègent puis fusionnent pour aller vers des organismes toujours plus complexes. Au cœur de cette dynamique, il y a modification, changement, dépassement d’anciennes conditions vers une nouvelle condition générale.
C’est l’illustration bien connu du papillon : d’abord larve, la chrysalide se transforme pour s’émanciper progressivement vers un être vivant complexe.
En tant que produit de la rationalité, la Gauche est l’agent de cette dynamique. Alors que la Droite veut bloquer le processus à un point donné, et que l’extrême-droite souhaite revenir à l’ancien état des choses, la Gauche est porteuse de la dynamique de la vie.
Elle en est même l’accélérateur et c’est pour cela qu’il a été parlé, parfois, de « progressisme » : il faut aller de l’avant, car l’avenir est forcément radieux. Cela ne veut pas dire que le processus se fait de manière lisse, sans difficultés et sans détours houleux. Comme l’on dit « la vie est ainsi faite » : on avance, on subit des échecs, on recule puis on rebondit avec une meilleure compréhension des choses…
Or, qu’est-ce-que le Socialisme si ce n’est l’expression de la transformation du capitalisme lui-même en autre chose ? Qu’est-ce-que le Socialisme si ce n’est le reflet de l’émancipation de la classe ouvrière de son aliénation ? Mais pour voir les choses ainsi il faut avoir un rapport au travail, justement à la transformation sociale.
Karl Marx n’a t-il pas écrit :
« Les animaux et les plantes que d’habitude on considère comme des produits naturels sont, dans leurs formes actuelles, les produits non seulement du travail de l’année dernière, mais encore, d’une transformation continuée pendant des siècles sous la surveillance et par l’entremise du travail humain. »
La base c’est la transformation des choses et cela passe par le travail. On ne peut pas sortir de cela, c’est la nature de la vie humaine. On ne peut pas stopper ce phénomène, qui est une dynamique objective de la société.
Et la grande leçon de Marx c’est d’analyser comment le capitalisme est lui-même en train de se transformer en une société nouvelle, supérieure, qui est le Socialisme. C’est la fameuse formule du Manifeste du Parti communiste comme quoi « la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs ». Il n’est pas question d’une dégradation absolue des conditions de vie mais bien d’une transformation de la société bourgeoisie en une nouvelle et supérieure organisation sociale.
Cette transformation se réalise évidemment à l’intérieur d’une contradiction, la lutte des classes. À la transformation correspond donc forcément l’émancipation, celle de la classe ouvrière qui, au cœur de la transformation de la matière, se libère du capitalisme et établit une nouvelle société.
« Transformer » et « émanciper » sont les concepts clefs de la Gauche et il est assez révélateur que ces manières de voir les choses ne sont pratiquement plus mises en avant dans la Gauche actuelle. Il y a pourtant toute une tradition de la gauche dite de « transformation » ! Malheureusement, tout a été réduit une vision basée sur l’ « opposition » : on serait ainsi « antilibérale », « anticapitaliste », « antiraciste », etc. La nature de l’engagement ne serait pas un élan vers l’avant dans le Socialisme, le Communisme, le métissage, la collectivité.
La Gauche historique c’est justement cela, celle de correspondre à l’accouchement de la nouvelle société en comprenant la transformation en cours, en travaillant à l’émancipation culturelle de la classe ouvrière.