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Manifeste du premier festival des idées

Un « festival des idées » avait lieu ce week-end à la Charité-sur-Loire dans la Nièvre, rassemblant beaucoup de courants de la Gauche ou issus de la Gauche, cherchant l’unité politique. 

1 500 personnes étaient présentes à l’initiative d’un ancien député PS, Guillaume Duval, soutenu par toute la presse qu’on doit qualifier de bobo de gauche, Alternative économique, Politis, L’Obs, Libération, Médiapart, Basta mag, Regards, Le vent se lève.

On a pu y voir Cécile Duflot d’EELV, Clémentine Autain, Manon Aubry ou Raquel Garrido de la France insoumise, Emmanuel Maurel, proche de la France insoumise, Guillaume Balas de Génération-s ou encore Boris Vallaud, François Lamy et Jean-Marc Germain du Parti socialiste.

Ce n’était pas un événement populaire organisé de longue date sur des bases démocratiques, mais un événement relativement confidentiel pour des gens déjà dans le petit milieu de la Gauche, qui malheureusement tourne sur lui-même, persistant à évoluer à l’écart de la société et des classes populaires.

Voici le Manifeste issu de cette première rencontre, qui annonce probablement d’autre initiatives. On notera que le ton se veut très engagé, mais qu’il ne dit en même temps pas grand chose, n’osant même pas le terme de Socialisme. On y trouvera certainement beaucoup de bonne volonté, mais en tout cas pas celle d’un retour aux fondamentaux de la Gauche historique avec la classe ouvrière comme centre de gravité.

« MANIFESTE DU PREMIER FESTIVAL DES IDÉES

Les périls montent. Nous prenons la parole, car se taire serait renoncer. Nos générations devront faire preuve d’une immense mobilisation de courage, d’imagination et de désintéressement pour faire face.

Pour la première fois dans l’histoire, l’avenir de la vie sur terre est menacé. L’extrême lenteur des décisions, le poids d’intérêts puissants qui ne sont pas ceux des peuples, la cécité et la lâcheté mettent en doute notre capacité à endiguer en Europe et dans le monde les catastrophes écologiques, sociales et démocratiques.

Au même moment, la France est prise en tenaille entre un néolibéralisme autoritaire fasciné par la toute- puissance du marché, et une extrême-droite xénophobe. L’échec de l’un prépare l’arrivée de l’autre.

C’est pourquoi nous appelons à un soulèvement des consciences et à la réunion des forces de l’alternative. La peur tétanise, les certitudes paralysent, mais les idées peuvent changer le monde, quand elles invitent au dépassement des égoïsmes et au bien commun.

CE QUI DOIT CHANGER 

La politique est en panne. Nous devons la changer. Le double langage la discrédite : dénoncer les excès du capitalisme et en même temps signer les traités de libre-échange, c’est une illustration de ce grand écart mortifère. Les classes moyennes et populaires n’y ont pas leur place.

La défiance atteint des sommets. Le mouvement des Gilets jaunes, la révolte sociale la plus large depuis un demi-siècle, n’a reçu aucune réponse à la hauteur des situations intolérables qu’il révélait. Les inégalités et les discriminations rongent notre pays. Nous refusons que ces failles ouvertes séparent sans appel plusieurs France.

Mais s’opposer ne suffit jamais, nous devons nous rassembler pour proposer.

La société doit faire le programme. C’est d’abord à la société d’inventer son futur et ses projets, et non plus aux seuls dirigeants politiques. Elle a tout pour l’écrire : les colères et les utopies concrètes, les solidarités actives et l’excellence collective, le goût de bâtir et le sens de l’intérêt général. Et d’abord l’énergie, les vies, les idées, l’expérience de millions de gens.

Il faut affirmer que l’écologie est un impératif central, le progrès humain le but et non pas une variable d’ajustement, la démocratie un préalable pour réussir les mobilisations et les transitions.

Nous voulons abolir ce pouvoir technocratique et marchand sur nos idées et sur nos vies. Nous appelons à créer un espace démocratique puissant, une communauté de citoyens agissants, pour inventer les nouvelles coordonnées de la politique.

Pour la première fois, proposons aux citoyens, à des femmes et des hommes venus de la société et des territoires, à des innovateurs du quotidien et du terrain de se retrousser les manches, ensemble. C’est en quittant le confort des institutions établies que s’inventent les projets optimistes.

Cette naissance est une promesse, celle d’un nouvel imaginaire qui se construit. Nous ne pensons pas pareil, tant mieux si le but est le même : sans nier les différences, ne cultivons pas les divisions. Sans redouter les controverses, refusons la violence des mots, bâtissons ensemble cette fédération des idées et des projets qui préparent d’autres combats.

Pour gagner cette bataille, il faut faire tomber les murs qui divisent et qui paralysent. Ces murs qui font de l’Europe une forteresse assiégée. Ces murs qui dispersent et condamnent à l’impuissance les gauches éparpillées, les écologistes, les syndicalistes, les mouvements citoyens, et les éloignent des classes populaires.

Il est urgent que cessent les guerres de chapelles. Pour être à la hauteur de la France, en 2022, il n’y aura pas de salut solitaire, mais l’ardente nécessité de se rassembler, afin de transformer l’alternative en alternance. Les partis et les citoyens engagés devront faire l’apprentissage des coalitions. C’est le seul chemin, à un moment où être de gauche, c’est être nécessairement écologiste, et où pour écologiste, il faut impérativement défendre une République sociale.

NOS ENGAGEMENTS 

Le Festival des idées est un événement, pas un mouvement. Ce festival est différent parce qu’il veut rassembler et faire dialoguer citoyens, acteurs de la société civile organisée et responsables politiques. Nous avons démontré ici la vitalité des idées et la capacité d’invention de notre peuple. Quand chacun prend la parole et trouve sa place, l’écoute des autres permet de penser mieux. C’est la représentation de tous qui permet la participation et l’adhésion de chacun.

Femmes et hommes engagés dans le mouvement associatif, des syndicats, des médias, chercheurs, artistes, actrices et acteurs d’entreprises citoyennes, des banlieues et de la ruralité, de l’accueil des migrants, des luttes de la jeunesse ou encore contre la pauvreté : un monde se lève, prêt à prendre toutes ses responsabilités. Vous êtes, nous sommes de ce monde-là.

Pour amplifier ce mouvement, nous travaillerons au cours des prochains mois à des « Idées pour demain », pour les mettre en débat lors de la seconde édition du Festival des Idées en juillet 2020. Nous engageons ce travail intense en mixant les origines, les géographies, les expériences et les savoirs.

Nous appelons à l’éclosion de Festivals des Idées partout où la volonté de faire tomber les murs et d’inventer de nouveaux horizons existe.

Rejoignez notre combat pour penser et pour agir, pour rassembler, associer, coopérer, mener les combats communs, inventer d’autres façons de vivre. Oui, l’espoir est contagieux. »

On retrouvera également la Charte sur le site du festival, permettant de relayer l’initiative dans sa région.