Le congrès d’Issy-les-Moulineaux du Parti socialiste marquait une renaissance après une première constitution deux mois auparavant, marqué entre-temps par un échec électoral complet. Il renaîtra encore une fois avec l’intégration en 1971 de François Mitterrand.
Le 11 juillet 1969, il y a cinquante ans, commençait le congrès d’Issy-les-Moulineaux constitutif du Parti socialiste. Le PS se voulant le continuateur du Parti socialiste SFIO (devenu entre temps surtout « SFIO »), il est considéré comme le 57e congrès, et se déroula jusqu’au 13 juillet, à Issy-les-Moulineaux en banlieue parisienne.
En fait, ce congrès constitutif en est un sans en être un. Car formellement, il est la réalisation du congrès précédent, tenue deux mois auparavant, le 4 mai, à Alfortville en banlieue parisienne. Le symbole du poing et de la rose vient de là, et le nom officiel est « Nouveau Parti Socialiste ».
Entre les deux congrès, Gaston Defferre avait fait 5 % aux présidentielles, première source de crise, d’où le second congrès, et même bientôt encore un autre, le fameux congrès d’Epinay, en banlieue parisienne, marquant en 1971 l’intronisation à sa tête de François Mitterrand, resté à l’écart jusque-là.
Ce n’est pas clair, mais cela ne dérange pas les socialistes alors, car ils sont pragmatiques. Il y a bien entendu des conflits d’idées, de tendances. Cela a toujours été secondaire cependant par rapport au critère fondamental des socialistes français : l’appareil électoral. C’est lui qui compte et peu importe son nom. Le Parti socialiste a ainsi pratiquement trois actes fondateurs, voire un quatrième si on prend la SFIO.
À l’arrière-plan, on retrouve tout un mal français. Les socialistes font les élections politiques, la CGT les luttes syndicales et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est cela, l’origine de la faillite historique de la Gauche en France.
Déjà, parce qu’il n’y a pas la primauté de la politique, contrairement à ce qui s’est passé dans les pays ayant connue une véritable social-démocratie, comme mouvement politique de masse. Il faut ici penser à l’Allemagne, l’Autriche, la Tchéquie, etc. Ensuite, parce que l’horizon est électoral et qu’il n’y a aucune volonté d’organiser à la base. Il faudra attendre le PCF des années 1960-1980 pour voir un parti de Gauche atteindre une réelle base de masses profondément ancrée.
Quand on voit cela, on comprend pourquoi le Parti socialiste existe encore : ses membres espèrent un redémarrage conçu comme inévitable historiquement. La soumission à la candidature de Place publique pour les Européennes n’était clairement comprise que comme un petit passe-temps tactique et même une grande partie du PS le regrettait. L’idée, c’est qu’on a toujours besoin d’un PS, avec des technocrates capables de gouverner sans se définir comme de droite et qu’il n’y a que cela de réaliste à gauche en France.
Naturellement, le Parti socialiste de 1969 ne disait pas cela : il voulait la rupture avec le capitalisme. Il affirmait possible une voie socialiste différente de celle du PCF, mais les deux finiront par s’unir, pour finalement ne même plus vouloir le Socialisme.
Il ne faut pas s’étonner quand on voit cela si on n’y comprend plus rien : trois congrès socialistes, pour finalement s’allier avec le PCF, tout cela pour abandonner le principe de l’établissement d’une société socialiste… En politique, on se dit : tout cela pour cela ? Et on passe son chemin…
Pour cette raison, une reconstruction de la Gauche implique la réaffirmation des valeurs de la Gauche historique, ce qui implique de comprendre comment la France n’a pas réussi à produire une social-démocratie historique à la fin du 19e siècle. Tout est une question de matrice politico-culturelle.