Les gens de Gauche se tournant vers le nationalisme sont un poison et il est terriblement difficile de trouver un contre-poison efficace. Comment combattre ce qui se prétend social et profite de « l’élan » national ? François Ruffin, en reprenant la Marseillaise, est un exemple terrible d’une telle démarche néfaste. Il est en pole position pour se retrouver sur la même ligne que le fasciste Benito Mussolini.
« Je considère que c’est un symbole qu’on ne doit pas laisser au RN. Je l’ai donc adapté pour en faire un chant de lutte pour aujourd’hui. »
Tel est l’argument de François Ruffin pour reprendre la Marseillaise, en modifiant le texte afin de correspondre à une sorte de nationalisme plébéien. C’est une puissante contribution à la naissance en France d’un mouvement fasciste, c’est-à-dire réfutant la lutte de classes pour prétendre qu’il y aurait une lutte nationale contre une minorité parasitaire.
François Ruffin est à ce titre de plus en plus un petit Benito, car comme Mussolini il vient de la Gauche pour rejoindre le terrain du nationalisme, au nom du « peuple ». À ce rythme-là, d’ici les prochaines présidentielles il aura fondé un nouveau mouvement plébéien, totalement opposé à la Gauche historique et convergeant entièrement avec l’extrême-Droite.
Il n’est guère étonnant que d’ailleurs il ait repris la Marseillaise avec un groupe pseudo punk engagé, « La horde », car on est là dans un esprit correspondant à la petite-bourgeoisie et au lumpenproletariat en même temps. Ce sont même ces faux punks qui ont fait la proposition à François Ruffin de reprendre l’hymne national à l’occasion du 14 juillet !
François Ruffin se trompe d’ailleurs au sujet de l’hymne national. Il dit en effet, en bon populiste :
« En plus, le 14 juillet approche, et j’ai noté un truc, comme élu : ce jour férié est vidé de tout son contenu révolutionnaire. La Bastille et 1789 ne sont pas évoqués lors des cérémonies officielles. Sans doute parce que ce spectre fait encore trembler les bourgeois… »
François Ruffin ne sait donc pas que la fête nationale du 14 juillet ne célèbre pas la prise de la Bastille de 1789. On ne peut pas tout savoir, mais lorsqu’on commence à parler de quelque chose, autant se mettre à niveau…
Il est vrai que François Ruffin se moque de l’histoire et que tout ce qui l’intéresse, c’est une dénonciation démagogique. La chanson utilise tous les poncifs de l’extrême-droite : « Entendez-vous à l’Assemblée, Ces ministres, ces députés », « Les voyez-vous à la télé, Ces milliardaires, ces PDG »…
Naturellement, cette démagogie s’associe aux petits oiseaux et au ciel bleu (« Plus d’hirondelles, plus de moineaux, Plus de sauterelles, et plus d’oiseaux ». Intéressant, cet infantilisme, de la part de quelqu’un qui vient de Picardie et qui n’a jamais pourtant osé dénoncer les chasseurs.
Car s’il y a bien une chose qui démasque François Ruffin, c’est son refus de se confronter aux chasseurs, et donc :
– aux notables ;
– à l’influence culturelle des notables sur la population ;
– aux traditions rétrogrades.
François Ruffin est un plébéien ; il n’est pas quelqu’un qui élève le niveau, qui voit les choses de manière historique. C’est un idéaliste et un populiste, qui prétend aider les gens, alors qu’il les enfonce dans la mesquinerie sur le plan de l’esprit, qu’il les empêche de se discipliner et de se confronter aux véritables problèmes.
La Marseillaise en dénonçant les députés et les riches, en en appelant aux petits oiseaux ? En 2019 ? Certainement pas !