Emmanuel Macron fait comme Donald Trump et annonce la militarisation de l’espace. L’armée de l’air sera désormais l’armée de l’air et de l’espace, ce qui est un pas de plus vers la guerre.
Si l’on regarde les films de science-fiction des années 1950 et 1960, on peut voir que les vaisseaux spatiaux sont considérés comme relevant de la marine. La raison pour cela est la mise en rapport avec la conquête spatiale, la colonisation, une certaine utopie, comme la série Star Trek originelle le reflète.
Désormais, on est dans la technique au service de la militarisation. Il ne s’agit pas de développer l’humanité ou la vie ailleurs que sur la planète, il s’agit de contrôler notamment avec les satellites, de chercher des matières premières. Il s’agit de chercher la supériorité militaire par l’espace.
La NASA a elle-même capitulé : si elle s’interdit toute militarisation, la navette Columbia est désormais automatisée et au service de l’armée américaine. En annonçant la militarisation de l’espace du côté français, Emmanuel Macron contribue à cette perspective. Voici les propos diffusés par les médias, qu’Emmanuel Macron a tenu juste à la veille du 14 juillet 2019 :
« Pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain. »
« La nouvelle doctrine spatiale et militaire qui m’a été proposée par la ministre [des Armées Florence Parly], que j’ai approuvée, permettra d’assurer notre défense de l’espace et par l’espace. »
Ces propos ont été tenus dans un cadre précis : chaque veille du 14 juillet, il y a une réception donnée au ministère des Armées, qui s’appelait avant la présidence d’Emmanuel Macron le ministère de la Défense. Et une semaine auparavant, Emmanuel Macron était à Cherbourg, pour participer au lancement se voulant triomphal du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Suffren (un monstre de 99 mètres de long pesant 5 000 tonnes, composé de 700 000 pièces), le premier d’une série de six nouveaux de ce type.
Ses propos sont d’un militarisme sans bornes :
« Plus discret, plus furtif, plus rapide, plus endurant et plus autonome, doté de missiles de croisière permettant de frapper en profondeur et capable de déployer des forces spéciales en immersion, cela fait entrer nos forces sous-marines dans une nouvelle ère : c’est cela le Suffren. »
Et qui va être le nouveau chef d’état-major de l’armée de terre (Cemat) ? Thierry Burkhard. Or, il est issu de la Légion étrangère ! Il faut remonter aux années 1950 pour voir quelqu’un issu de la Légion arriver à ce poste…
C’est tout un symbole du militarisme outrancier qui devient de plus en plus prégnant en France et dans le monde.
Une partie de l’opinion publique française trouvera cela très bien, car elle raisonne déjà en termes de compétition mondiale, voyant en la Chine et les États-Unis des concurrents, des ennemis. C’est du chauvinisme, du nationalisme. Ce poison a déjà largement investi le pays où il est malheureusement bien souvent considéré qu’il faut tirer son épingle du jeu, qu’il faut participer à cette fuite en avant qui ne mènera qu’à une chose : la guerre !
Qui ne voit pas la tendance à la guerre a perdu ses fondamentaux de gauche. Il suffit pourtant de voir comment les pays se concurrencent, comment le capitalisme a besoin de toujours plus d’espaces pour s’accumuler, comment les dérives autoritaires sont en réalité une tendance naturelle à la centralisation politique sous domination des grandes fortunes…
Ce qui est terrifiant aussi, c’est de voir qu’une partie de la Gauche – celle qui pourtant ne bascule pas dans le nationalisme comme Jean-Luc Mélenchon – a abandonné toute référence anti-guerre, en raison de l’idée simple comme quoi l’Europe serait à l’écart de l’affrontement principal entre la Chine et les États-Unis.
C’est là une illusion. D’ailleurs, le 14 juillet 2019, ce sont des forces européennes qui participent au défilé militaire. Les pays européens – l’Allemagne et la France en tête – n’échappent pas à la pression économique capitaliste. Eux aussi doivent se lancer dans la bataille pour le contrôle.
Voilà pourquoi il y a, dans le cadre du moteur franco-allemand militariste, la mise en place de prévu du système de combat aérien du futur (Scaf) et du char dit du futur.
Rappelons aussi rien que pour la France le nouveau programme Scorpion, visant à faire entrer l’armée de terre dans le futur (avec la cybernétique, l’informatisation de l’organisation des combats, etc.), le remplacement des FAMAS par des fusils d’assaut HK-416, les nouveaux avions ravitailleurs multirôles A330-MRTT Phénix (MultiRole Transport Tanker), les nouveaux véhicules blindés multirôles (VBMR) Griffon, la nouvelle frégate multimissions (Fremm) Normandie, etc.
Tout cela implique une centralisation de la modernisation, ce qui passe par une Agence de l’innovation de défense (AID), sous la tutelle de la Délégation générale de l’armement (DGA), fondée l’année dernière et qui vient de rendre son premier rapport, intitulé document d’orientation de l’innovation de défense (Doid).
Ce à quoi on assiste n’est qu’une réédition de ce qui s’est passé en 1914 et dans la seconde moitié des années 1930.
Que croit-on que Marion Maréchal représente ? Elle symbolise justement le fait qu’en France, les grandes forces capitalistes exigent un pouvoir fort, un équivalent aux Trump, Poutine, Bolsonaro, Modi, Erdogan…
Emmanuel Macron soutient cette tendance en militarisant l’espace. Il participe au mouvement général vers la guerre, par la militarisation à outrance. Il sert de marche-pied au Fascisme dont l’ombre s’avance toujours plus rapidement !