La fédération de parents d’élèves FCPE, largement liée à la Gauche, a publié une tribune sur le jdd.fr dénonçant le SNU comme une réintroduction en douce du service militaire.
La tribune est signée par Rodrigo Arenas et Carla Dugault, coprésidents de la FCPE :
« « Une expérience qu’on peut rapprocher de la préparation militaire, mais sans maniement des armes. » Qui tient de tels propos ? Le ministre de la Défense ? Non, mais plus curieusement, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, qui a ainsi révélé le vrai visage du service national universel (SNU).
De qui parle-t-il ? Des 2.000 volontaires de l’édition 2019 du SNU qui jouent un peu partout en France les apprentis bidasses. Si le ministère a l’air plutôt satisfait de l’expérience, les parents de la FCPE n’ont pour leur part aucune envie de voir leurs enfants suivre des entraînements de commandos !
Même si les jeunes ont accepté de se « prêter au jeu », doit-on pour autant leur faire subir tout et n’importe quoi ? Est-il normal que, pour être punis d’avoir gardé les mains dans leurs poches, certains d’entre eux soient obligés de faire des pompes ? Est-ce acceptable que, pour une raison inconnue, on laisse ces jeunes en uniforme immobiles sous un soleil de plomb avant qu’une vingtaine d’entre eux tournent de l’oeil ? En sommes-nous encore là en matière de relation éducative ? Pourtant, l’éducation, ce n’est pas l’apprentissage de la soumission ni la banalisation des rapports de domination.
Si, parmi ces volontaires, certains adolescents envisagent de suivre une carrière dans l’armée, c’est au ministère de la Défense de les former. Quant au ministère de l’Education nationale, même par le biais de son secrétariat d’Etat de rattachement, il ferait mieux d’investir dans d’autres domaines pour favoriser le vivre-ensemble. La FCPE peut lui donner quelques idées, surtout quand l’addition pour ce nouveau service national se chiffre à 1,5 milliard d’euros, à comparer aux seuls 20 millions débloqués pour les cantines à 1 euro…
Avec 1,5 milliard, c’est beaucoup plus que ces quelque 2.000 jeunes que l’on aurait pu nourrir gratuitement à la cantine. Autour d’une table, ils auraient d’ailleurs pu apprendre d’autres valeurs, nouer d’autres liens que ceux qu’ils n’ont pu créer en s’alignant en rang d’oignons lors d’une cérémonie d’inauguration. Pour faire connaître la vie en collectivité et ses règles, les valeurs de la République, le civisme, nul besoin de passer par les codes militaires ou l’aboiement de pseudo-caporaux-chefs en mal d’autoritarisme. On peut par exemple inscrire nos enfants dans des colonies de vacances, malheureusement inaccessibles aux familles les plus en difficulté en raison de tarifs souvent prohibitifs. Cette manne financière aurait aussi pu permettre la prise en charge des voyages scolaires, plutôt que de compter sur les parents qui passent des après-midi à faire des gâteaux et à les vendre aux sorties d’école pour alléger la facture des plus démunis.
Au lieu du service militaire « light », la FCPE propose que chaque enfant puisse bénéficier gratuitement, comme c’est le cas pour le SNU, d’une classe de découverte ou d’une colonie de vacances.
Mais nous avons bien compris que l’entêtement du gouvernement rendait difficile le retour en arrière sur ce service national très bien financé à défaut d’être très bien pensé pour l’intérêt des jeunes. Le SNU est la réintroduction au pas de l’oie et à grand renfort de communication du service militaire. Se pose donc la question essentielle, dans le cadre républicain, de l’objection de conscience. Car, alors qu’à 16 ans les jeunes commencent à prendre leurs propres décisions, ils seront dès l’année prochaine 40.000 à se retrouver coincés dans des bootcamps pour jouer à la guerre et satisfaire celles et ceux qui gardent le film Les Choristes en guise de madeleine de Proust éducative. »