Comme pour chaque été, de nombreuses associations s’engagent contre les abandons d’animaux dans notre pays. C’est que la chose prend une proportion toujours plus importante, reflétant l’individualisme toujours plus intense d’un côté et le mépris pour les animaux de l’autre. On peut prendre le problème par tous les sens, notamment celui de l’éducation, la question reste cependant culturelle.
Toute société a une culture et une fois celle-ci façonnée, il est difficile de la changer. Il faut une révolution dans les mœurs pour qu’il y ait modification. Un pays qui célèbre les chasseurs ne peut pas se réformer, il ne peut que se transformer et il en va de même pour l’abandon des animaux chaque été.
C’est un phénomène bien connu, qui existe depuis longtemps. Il est également bien connu que les refuges sont débordés et cela depuis des années. Qu’est-ce qui change pourtant ? Rien, car rien ne peut changer sans mobilisation de masses.
Il faudrait ainsi que des milliers de gens se décident à aller aider dans les refuges. Il faudrait que des milliers de gens fassent attention à leur environnement et se mettent à se préoccuper des chiens et des chats des voisins. Or, les gens n’ont ni le temps, ni l’envie. Leur intensité psychique est tournée vers leur propre vie et ils ne se sentent pas concernés par rien ni personne, à part leur propre ego.
Ne disons en effet pas que les gens s’occupent d’eux-mêmes, car ils ne le font même pas. C’est l’image d’eux-mêmes qui compte et le fait de flatter son propre ego. Tout ce qui se trouve sur la route de cela est éliminé : sens des responsabilités, devoir, reconnaissance de la vie des autres.
Si on ajoute à cela deux industries – celle des éleveurs et celle des animaux dits de compagnie, des « nouveaux amis de compagnie » – alors l’ensemble devient explosif et aboutit à la souffrance de centaines de milliers d’animaux.
Car c’est bien le chaos complet. Il ne faut pas prêter attention aux chiffres d’articles qui, tout en dénonçant les abandons, disent qu’il y a tant et tant d’abandons d’animaux. En réalité en effet, personne n’en sait rien. Les refuges ne sont pas centralisés, énormément sont dispersés, il y a bien une SPA principale (dite de Paris) mais qui est moins importante que la confédération SPA dite de Lyon.
Il n’y a donc aucune centralisation des chiffres et de toutes façons personne n’a de regard objectif sur le nombre de cochons d’Inde, de rats, de gerbilles, de furets… qui sont achetés, qui connaissent la reproduction par des gens de manière privée, qui sont abandonnés. Personne n’en sait rien, personne ne gère rien et c’est entièrement dans la nature du capitalisme.
Pour donner un exemple, les chiens et les chats doivent disposer d’une puce électronique d’identification. C’est de la taille d’un grain de riz et injecté au niveau du cou environ. Que risque-t-on si on ne le fait pas ? Strictement rien.
Comme les règles du capitalisme s’imposent, la seule chose qu’il est possible de faire dans ce cadre est de demander un « choix » meilleur. Il faut que les vendeurs soient plus responsables, que les acheteurs soient plus responsables. Il faut que les marchands et les clients aient des comportements plus rationnels, etc.
Les 240 parlementaires La République En Marche et Les Républicains qui ont signé il y a deux semaines une tribune ensemble au sujet des abandons d’animaux, dans le Journal du Dimanche, ne parviennent pas à proposer autre chose (« Un être sensible ne se jette pas »). Et c’est normal : les valeurs du capitalisme sont ce qu’elles sont. Un animal est une marchandise, le client est roi.
La seule réponse réaliste, c’est bien la transformation des mœurs, la promotion de l’amour de la nature, de la valorisation des êtres vivants. Il faut se construire une identité personnelle en rapport avec l’universel et l’universel c’est le monde autour de soi, les êtres sensibles qui apprécient de vivre, qui veulent vivre. Personne n’a envie de faire la guerre, de tuer, de faire du mal aux autres.
C’est la société, avec sa réduction des êtres humains à des consommateurs égocentriques et maniaques de leur propre individualité, qui produit des comportements abjects, destructeurs, hostiles à la vie elle-même.