La dénonciation de la GPA est pour ainsi dire un principe de base du féminisme. Cette marchandisation du corps d’une femme est tout simplement inacceptable, pour tout un tas de raisons. La Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution a publié un communiqué de presse, dénonçant un épisode de la série de France 3 « Plus belle la vie » qui fait ouvertement la promotion de la GPA.
Plusieurs associations féministes sont membre de cette coalition dont le collectif CoRP, qui avait saisi le CSA sur cette question. Voici le courrier envoyé à l’occasion, qui présente bien le contexte et le contenu de l’épisode dénoncé :
« Madame, Monsieur,
Le Collectif pour le Respect de la Personne vous saisit à propos de la série télévisée « Plus Belle la vie » et plus spécifiquement pour l’épisode 3847 diffusé le mardi 23 juillet à 20h20 sur FR3. Cet épisode, dont le dialogue de la séquence incriminée est reproduit ci-dessous, présente comme acceptable le recours à la maternité de substitution (dite aussi « gestation pour autrui », GPA) pourtant interdite en France et dans la plupart des pays européens.
La Coalition internationale pour l’abolition de la maternité de substitution (CIAMS) avait alerté la production de la série TV, avant la diffusion de l’épisode en attirant son attention sur les conséquences délétères de la présentation partisane de cette pratique dans une série très appréciée du grand public. Malheureusement ces courriers, auxquels se sont associées de nombreuses organisations féministes et en faveur des droits humains ainsi que des individu-e-s, sont restés sans réponse.
Voici l’analyse que nous faisons de cet épisode en relevant les éléments du scénario qui contribuent à rendre la GPA, interdite en France, acceptable :
1- le recours à une jeune femme médecin, comme caution médicale pour rendre la pratique socialement acceptable. Cette jeune femme médecin, Léa, approuve le recours à la GPA en jouant le rôle de conscience morale !! forte de son statut médical (aura de la science et de la médecine !);2- la notion d’état de fait, sélectif et fallacieux [Elle (Léa, jeune femme médecin brillante) le (Vincent) rassure en lui disant que, dans son entourage, des amis ont fait cette démarche. « La mère porteuse est restée dans le cercle familial et tout le monde est très heureux. »]. Ces propos ont pour objectif de banaliser le recours à la GPA. Ils s’appuient sur des cas individuels présentés comme positifs, masquant ainsi la situation réelle de la GPA dans le monde : un système d’exploitation des plus pauvres au profit des plus riches par le biais du tourisme procréatif.
3- l’usage abusif de la notion de don. [Quant au don, selon Léa, « c’est un geste d’amour et de partage ».] Le don, en l’occurrence, le don d’organe est là pour sauver des vies. Or, ici, il n’y a rien à sauver. De plus les personnes qui glorifient la générosité des mères porteuses [geste d’amour et de partage] sont toujours dans une situation qui les met à l’abri de devenir un jour mère porteuse.
4-la légitimation de la pratique du trafic : la jeune mère porteuse, [rencontrée en Angleterre], accouchera en France chez Céline (l’avocate qui a recours à la GPA en simulant un état de grossesse afin de faire passer l’enfant comme le sien au regard de l’état civil). La mère porteuse sera donc « importée » pour réaliser cette opération frauduleuse. Il s’agit là de trafic de femmes et d’enfant.
5- la caution juridique apportée à la pratique. Céline la mère d’intention qui a recours à la GPA est un personnage d’avocate brillante qui a toujours défendu des causes justes dans la série. Qu’elle soit ici la protagoniste principale et l’auteure d’une action interdite par la loi, est un signe fort donné au public de passer outre à la réglementation nationale pour se diriger vers la GPA transfrontière en toute impunité.
6- la diffusion de l’épisode coïncide avec le débat parlementaire sur la PMA où se manifesteront à nouveau les tentatives en faveur d’une légalisation de la GPA.
Dans son étude de 2018 sur la gestation pour autrui, la Rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, reconnaît que l’essentiel des conventions de GPA pratiquées, y compris dans les pays dits développés, ne sont rien d’autre que de la vente d’enfant, quels que soient les artifices juridiques employés.
La définition de la vente d’enfants contient trois éléments : a) « la rémunération ou tout autre avantage » (paiement) ; b) le transfert d’un enfant (transfert) ; et c) l’échange de « a » contre « b » (transfert contre paiement).
Nous demandons que la production de « Plus belle la vie » rappelle, dans les épisodes suivants, l’interdiction de la maternité de substitution et les raisons pour lesquelles elle est interdite en France.
Le Collectif pour le Respect de la Personne vous a déjà saisis, les années précédentes, pour les mêmes raisons, à savoir, une présentation exclusivement positive, notamment sur les chaînes publiques, de cette pratique sexiste et contraire aux droits humains qu’est la maternité de substitution.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de recevoir, Madame,
Monsieur, nos cordiales salutations.
Ana-Luana Stoicea-Deram
Présidente du Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP)
collectif.corp@live.fr
https://collectif-corp.com »