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Société

Couple, vie quotidienne et réaction

Les couples avancent, tiennent plus ou moins et sombrent dans une vie tout ce qu’il y a de plus acceptable. Les gens se posent et veulent profiter. Leurs couples deviennent de petits îlots, à la fois acceptation et rejet du monde qui les entourent. Les sorties se font en couples, les voyages en couples, la maison change et chacun prend son petit rôle.

Les couples avancent, tiennent plus ou moins et sombrent dans une vie tout ce qu’il y a de plus acceptable. Les gens se posent et veulent profiter. Leurs couples deviennent de petits îlots, à la fois acceptation et rejet du monde qui les entourent. Les sorties se font en couples, les voyages en couples, la maison change et chacun prend son petit rôle.

à bout de souffle

Arrive le premier enfant, voire le deuxième et tout est relativisé, les gens deviennent raisonnables et sont obligés de penser à l’avenir de leurs progénitures. Ils n’ont « pas le temps », ou plutôt font en sorte de ne plus l’avoir. L’avenir de l’enfant est déjà planifié, les principes s’effritent et la santé, le bien-être de l’enfant sont les premiers et éternels prétextes avancés : personne n’est prêt à reconnaître qu’il a renié ses idéaux et sa jeunesse.

Certains fuyaient la société, sa morale et une vie quotidienne aliénante ; le temps aura suffi à remettre ces personnes sur le droit chemin. Un minimum de reconnaissance, voire un très vague prestige social, un couple, un foyer, un enfant et tout est oublié : la réconciliation a lieu. Toutes les parties sont satisfaites : la machine continue de tourner, malgré quelques errements de jeunesse. Ne dit-on pas qu’il faut que « jeunesse se fasse » ? À l’image de ces hommes friands de relations éphémères et qui finissent par se caser : il faut profiter de sa jeunesse, faire des expériences…

Soyons de véritables révolutionnaires

Au final, ceux qui se renient pour un peu de reconnaissance ont adopté le même schéma : leur jeunesse n’est devenue qu’une anecdote, une manière de se caractériser, d’être unique. La sincérité et toute la dignité de ces années de jeunesse ont été transformées en marchandises, en identité. Il y a l’ancien teuffeur, l’ancien punk, l’ancienne gothique… Et les nouveaux pères et mères de familles, de nouvelles personnes respectables et dorénavant acceptées dans leurs familles et belles-familles.

Trop contents d’avoir des petits-enfants, les parents viennent détruire le peu de dignité qu’il restait. Un minimum d’argent dans la famille et la corruption morale détruit tout : les plus intègres font des compromis, les autres plongent avec le sourire, trop contents d’avoir la possibilité d’ajouter quelques mètres carrés pour le petit qui va arriver.

Les couples cimentent alors leur relation avec un enfant. Les hommes se laissent porter et les femmes arrivent à leurs fins. Les hommes échangent ce projet contre une situation confortable, un foyer tenu par leur compagne. Chacun accepte son rôle et le foyer devient un lieu qui prépare la venu sur le marché de nouveaux individus, de nouveaux consommateurs, de personnes prêtes à accepter les horreurs d’un mode de production en perdition.

Le petit appartement des habitants des grandes villes n’est plus suffisant, il faut impérativement une pièce en plus avant même l’arrivée du premier. Les plus pragmatiques s’éloigneront du centre ville et iront dans une banlieue plus ou moins proches. Les autres auront plus petit et s’engageront sur des prêts toujours plus lourds.

L’enfant fait tout oublier. On oublie les mensonges et les tromperies d’une relation. La naissance est un moyen de réécrire une histoire qui de toute façon était déjà réécrite sans cesse fasse à l’entourage : on s’imagine quelque chose de vrai à défaut de l’avoir vécu.

Et le même scénario recommence : des couples davantage démocratiques et modernes se détachent ; mais qui arrive à tenir face au poids des années et de la vie quotidienne ? Qui arrive à ne pas trouver le premier prétexte pour parler systématiquement de son enfant à la pause déjeuner ? Qui arrive à ne pas tomber dans la logique des vacances et du néant culturel, voire intellectuel dans de nombreux cas, qui vont avec ?

Les personnes raisonnables à vingt ans ont au moins la dignité de ne pas avoir jeté par la fenêtre toute une partie de leur vie. Elles sont déjà vieilles, intégrées avant que les études, le travail et les divers crédits n’aient à faire quoi que ce soit. Elles sont efficaces et productives dans cette production éternelle, en apparence, de nouveaux consommateurs, de nouveaux individus. Elles sont ces personnes fières de faire des heures supplémentaires, fières de faire avancer leurs entreprises quoi qu’il arrive.

Ces personnes savent-elles que tout le monde finit par se faire broyer tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre ? Ont-elles fait le choix de ne pas faire de détour en espérant que la chute sera moins douloureuse ? Voire même plaisante ?

Heureusement, on finit par trouver des exceptions, des personnes, des couples qui tiennent face à la tempête. Combien tiendront ? Combien ne se feront pas démolir ?