Cela fait plusieurs mois qu’on savait que le mouvement d’extrême-Droite AFD allait faire un carton plein aux élections partielles dans certaines régions de l’Est de l’Allemagne. Malgré tous les efforts faits, cela n’a pas pu être empêché. C’est que la mise en place de la grande Allemagne s’accompagne de très importants problèmes internes, ce qui s’ajoute à la réaffirmation du nationalisme conquérant parallèlement à la crise du capitalisme mondial.
5,4 millions de personnes ont voté ce dimanche, dans deux régions allemandes. En Saxe, la Droite est en tête avec 32,3 % et juste derrière il y a l’AfD, avec 27,8 % soit quasiment 18 % de plus qu’en 2014.
Dans le Brandebourg, c’est le SPD c’est-à-dire l’équivalent du Parti socialiste qui est en tête avec 27,2 % des voix, l’AfD récoltant 22,8% des voix.
Cette situation est surtout une catastrophe pour le parti Die Linke (La Gauche), issue des structures de la Gauche est-allemande officielle d’avant 1989. Elle est décrédibilisée. Comme le dit Sahra Wagenknecht :
« Il est apparent que Die Linke n’est plus considérée comme une force crédible de la part de beaucoup de gens qui votaient pour elle auparavant, capable de prendre au sérieux ses intérêts et de changer leur vie pour quelque chose de meilleur. »
Il faut savoir ici que l’élite économique allemande n’est composée qu’à 2 % de gens originaires de l’Est du pays, que dans l’ancien territoire de la RDA, les gens ont un niveau de vie inférieur de grosso modo 20 % par rapport à l’Ouest. La rancœur prédomine alors que l’économie continue de se délabrer. C’est une des raisons du succès de l’AfD.
Une autre raison est que l’Allemagne devient une grande puissance, ce qui exacerbe le nationalisme conquérant. L’AfD est ainsi propulsé et propulse une multitude de regroupements nazis, le tout de manière non formelle. Jusqu’à présent, l’extrême-Droite était décapitée par les interdictions dès qu’elle passait un cap. Elle n’a jamais été en mesure de structurer un front pour se couvrir. Avec l’AfD, elle l’a enfin.
La troisième grande raison est le chaos provoqué par l’afflux de migrants et de réfugiés. L’Allemagne a dépensé 23 milliards d’euros pour accueillir plus d’un million de personnes. Cependant, cela ne suffit pas et les frictions sont très nombreuses. La perte de repère a déboussolé des personnes ayant quitté leur pays tout en emportant avec eux leurs valeurs souvent féodales, d’autant qu’ils sont bien souvent bien plus migrants économiques que réels réfugiés. Cela a, là aussi, provoqué une rancœur énorme dans la population.
La grande question en Allemagne depuis des mois est ainsi de savoir si ces élections catastrophiques absolument prévues préfigurent un renversement de tendance également à l’Ouest, ou pas.
Formellement, cela ne devrait pas être le cas à court terme, l’AfD ne disposant pas d’une dynamique suffisante. De plus, la grande dynamique allemande est surtout d’avoir l’hégémonie dans l’Union européenne, avec le moteur franco-allemand comme noyau dur.
Cependant, l’AfD est un outil bien utile pour liquider la Gauche et surtout les forces anti-guerre extrêmement puissantes en Allemagne. On peut donc bien parier sur son installation réelle dans le paysage politique.
Cela montre que l’Allemagne, comme la France, est un pays qui tangue. Dans ces deux pays, l’avenir va consister en de grandes révoltes sociales et une vraie bataille politique.