Fabien Roussel n’est pas très connu, mais depuis la fin de l’année 2018, c’est le dirigeant du PCF, c’est-à-dire son secrétaire national. À l’occasion de la campagne actuelle contre les violences mortelles contre des femmes par leurs conjoints, il a employé de manière favorable l’expression « plan Marshall ». Cela en dit très long, parce que toute l’identité du PCF est pourtant issue de l’opposition totale au plan Marshall après 1945…
Le plan Marshall fût un outil américain d’une utilité énorme pour ce pays. Les États-Unis étaient en surproduction dès avant la seconde Guerre mondiale. Le Plan Marshall consiste alors à dire : on vous prête de l’argent, car vous n’avez plus rien à cause des destructions, mais il faut acheter américain. Vous rembourserez plus tard.
On l’aura compris, c’est une vente à crédit et, forcément, les pays voulant garder leur indépendance on dit non. Les autres ont dit oui, considérant que la perte de l’indépendance, au moins relativement du moins, valait mieux que le risque communiste.
Ainsi, à part le PCF, farouchement opposé au plan Marshall, tout le monde a dit oui, socialistes y compris. Cela a même servi de détonateur à la sortie de toute une fraction de la CGT, qui donna la CGT – Force Ouvrière, qui existe encore comme on le sait et clame toujours qu’il est né comme syndicat dans le rejet du communisme et la poursuite du syndicat anti-politique, dans la tradition de la charte d’Amiens.
En rejetant le plan Marshall, le PCF et la CGT se sont isolés politiquement, ils ont assumé un haut niveau de conflit, d’ailleurs l’opposition aux Américains allait amener des batailles dures, voire très violentes en France. Fabien Roussel ne peut pas ne pas le savoir.
Son tweet réclament un plan Marshall est donc lunaire. C’est une insulte à tout ce qu’a été le PCF :
« 100 femmes assassinées par leur conjoint dps le debut de l’année. Le #PCF est avec les assos féministes pour un vrai plan Marshall de lutte ctre les violences et la création d’unités spéciales (police, justice, medecins) d’accueil des femmes ds ts les départements! #Grenelle »
Pourquoi emploie-t-il une telle expression ? Déjà, par décadence totale au sein du PCF, qui ne cesse donc de perdre ses valeurs, au point d’être totalement délavé. Mais ensuite, aussi par cynisme. Car l’emploi à tort et à travers par les médias et certains politiques des expressions « Grenelle » et « plan Marshall » n’est rien d’autre qu’une opération de communication sur le dos de la cause des femmes.
On sait que Twitter force à résumer, conceptualiser au maximum, mais là c’est l’absence de respect sans commune mesure… On prétend vouloir des « plans d’urgence », ce qui ne veut strictement rien dire, car c’est le contenu qui compte. Les accords de Grenelle issus de mai 1968 ne sont pas un plan d’urgence, mais des acquis arrachés. Quant au plan Marshall, c’est une manœuvre américaine. Quel rapport avec la mise en place réelle d’un soutien aux femmes ?
On voit que le problème, ce sont ici les réseaux sociaux, mais surtout la consommation politique. Car le mouvement « #metoo » ou « youth for climate » avec Greta Thunberg, ainsi que toutes ces choses qui ne sont que des bulles montées de toutes pièces, sont aux antipodes de l’organisation démocratique du peuple sur des valeurs. Ce qu’a pourtant été capable de réaliser la Gauche historique à une autre époque. Et ce dont nous avons besoin aujourd’hui.